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27/10/2011

botte

makine, trotski

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Je termine ces réflexions sur la francité au moment où brûlent les banlieues, où l'on tire sur les policiers à balles réelles, au moment où les hélicoptères percent la nuit avec leurs projecteurs (la dernière fois j'ai vu ça dans le sud-ouest de l'Angola dans un conflit armé de grande échelle). Surtout au moment où calmement, banalement,  froidement on tue des innocents ! Je pourrais répéter le bon mot de Trotski*, oui, « la botte souveraine de la réalité » qui se met aujourd'hui à marteler ses réalités. Des dizaines d'années de mensonges sur la France paradis multiculturel, multiracial, multiconfessionnel, multi quoi encore ? Multi tout. Trop de mensonges et maintenant la réalité souveraine qui éclate aux yeux de tous et, tel un projecteur d'hélicoptère, éclaire la folie de ce pays réputé si cartésien : des imams qui aux cris « Allah Akbar ! », remplacent les autorités dépassées (Voltaire, réveille-toi !). Ces mêmes autorités qui se voient obligées de négocier avec les « grands frères », en fait avec le caïdat puant le trafic de drogue, de voitures volées et enrichi par le proxénétisme. Les politiciens qui scrutent le ciel et implorent l'arrivée des averses, seules capables d'arrêter la hargne incendiaire des « jeunes ». A quand les processions votives des parlementaires et les offrandes propitiatoires aux divinités de la pluie ? Ces gesticulations d'impuissants sont accompagnées par les vomissures du rap qui promet aux français : « Je baiserai la France jusqu'à ce qu'elle m'aime. » Et, à l'opposé de cette ignominie, l'abnégation digne des exploits guerriers : le chauffeur d'un bus incendié qui sauve une handicapée au risque de brûler avec elle. Des ambulanciers qui reçoivent des consignes  sur la façon de « s'extraire » des quartiers en flamme comme s'il s'agissait d'un champ de bataille. Les politiciens qui perdent leur latin. Les langues prétendument humanistes qui se délient : comment donc, nous avons arrosé ces cités de milliards d'euros et elles n'en flambent que de plus belle ! Les Français qui découvrent (il était temps !) que toute une part de la population dite française les hait et les appelle (art de vivre oblige) « fromages » ! On les hait parce qu'ils sont blancs, vaguement chrétiens, censément riches. On les hait parce qu'on les sent affaiblis, incertains de leur identité, enclins à la perpétuelle autoflagellation. On hait leur république et on siffle son hymne national. On rejette la laïcité que les Français ont conquise dans d'âpres luttes. On se moque d'eux car n'est-ce pas comique d'accueillir dans sa patrie, nourrir, loger, soigner ceux qui vous haïssent et vous méprisent ? La France est haïe car les Français l'ont laissée se vider de sa substance, se transformer en un simple territoire de peuplement, en un petit bout d'Eurasie mondialisée. Ceux qui brûlent les écoles, qu'ont-ils pu apprendre de leurs professeurs sur la beauté, la force et la richesse de la francité ? »

Andrei Makine, Cette France qu'on oublie d'aimer, 2006.

* «  La botte souveraine de la réalité, disait le vieux Léon. Les censeurs, les idéologues, les inquisiteurs de la pensée libre travestissent la réalité, la badigeonnent de leurs mensonges, traînent en justice ceux qui osent égratigner les façades peinturlurées. Et puis un jour, on entend un bruit de plus en plus proche, un fracas puissant qu'on ne parvient plus à étouffer, géante, irrésistible, « la botte souveraine de la réalité » vient, s'impose. Le contreplaqué de mensonges s'écroule, le glapissement des folliculaires stipendiés s'étrangle, les mots prostitués retrouvent leur sens. La réalité se dresse devant nous, irréfutable. Bien vu, camarade Trotski ! »

 

Qu’est-ce que cette « réalité irréfutable » ? (ou l'"éternel retour du réel" selon Lénine...ha ha!)

Celle d’un monde contradictoire et multipolaire, violent et conflictuel, composé de sociétés humaines, de civilisations millénaires, ces « courants sous-marins » (Braudel), souvent irréductibles et parvenant, parfois, à trouver les conditions de la paix, à éloigner le conflit, sans jamais en perdre l’horizon, à éviter que les pères n’enterrent leurs fils…

Une réalité totalement occultée en Occident, particulièrement en Europe, depuis 1945 et trois générations de prospérité économique et d’irénisme pacifiste. La « sortie de l’histoire » selon Murray, cet aveuglement face à la réalité, c’est ça :

-la conviction que notre civilisation est sortie de millénaires de conflits, d’affrontements, de massacres, de misère sans nom vers un monde sans extérieur, sans irrédentisme où tous, désormais, et à moins d’être mal-intentionné, pensent sérieusement vivre en paix dans un confort matériel inouï jusqu’à la fin des temps,

-la conviction inébranlable que cette sortie d’une histoire sombre, car incertaine, conflictuelle et violente, est un projet universel auquel chacun aspire aux quatre coins du monde, quel que soit son monde, son identité, sa culture : nous somme tous des européens !

La crise actuelle, quelle que soit sa forme (effondrement brutal ou paupérisation progressive), c’est la botte de la réalité au pays des jouets…Nombreux sont ceux qui vont comprendre que leur mode de vie est parfaitement intenable, que leur situation sociale est virtuelle, que la prospérité qu’ils connaissent depuis toujours (sauf les plus vieux qui ont connu l’histoire avant festivus) n’est que chimère, qu’ils ont des ennemis, que ceux-ci ont de la mémoire, sinon de la rancune, qu’ils sont cernés par des mondes qui, eux, ne sont pas sortis de l’histoire car encore composés d’hommes qui naissent, aiment,  survivent, se battent et meurent comme autrefois en Occident : loin du contreplaqué de mensonges, du glapissement des folliculaires stipendiés et de leurs mots prostitués. Dans le réel. C’est-à-dire : tensions, divisions, conflits. Loin du monde irénique rempli de bisounours métissés communiant dans l’amour –inconditionnel- de l’Autre.

Le « village global » de nos cuistres Attaliens ou Mincoïdes s’effondre sous nos yeux. (nous sommes les Symmaque du XXIème siècle..) Et avec lui tout le barnum occidental de valeurs pseudo-universelles vendu par les nouveaux curés des droitsdelhomme et du marché globalisé*. Le nomade Attalien et sa tablette de merde dans le mall climatisé qu’est devenu l’Occident, dérisoire « citoyen du monde » mais vrai paumé planétaire, sans affiliations ni identité solide, « dernier avatar de l’individualisme bourgeois » (Lasch) est en sursis. Cette réalité irréfutable dont parle Makine, c’est l’effacement de l’homo economicus (horizon commun des libéraux et des marxistes) au profit d’individus différenciés et enracinés dans une tradition, une culture, une langue, une religion, une civilisation. C’est aussi la compréhension par le plus grand nombre que la solution ne viendra pas –jamais-  d’une classe politique massivement responsable du désastre actuel et corrompue et que la rupture qui vient sera une occasion -malgré tout- pour les peuples européens de sortir de la « dormition » (Dominique Venner) et de reprendre leur destin en mains. Que libéraux/progressistes de « droite » comme de « gauche », figurants du spectacle politique joué sans fin depuis le début des années 70 pour les puissants du moment, sont le problème, non un possible début de solution.** Qu’un empire ne se résous jamais à mourir sans combattre et que l’avènement d’un monde multipolaire dans un contexte de tension démographique, économique, écologique et géopolitique a toutes les chances d’être chaotique.

*dignes héritiers des pères blancs ou des républicains français qui portèrent la geste coloniale française. Dans cette perspective, l’arrivée au pouvoir en Tunisie et en Libye de partis musulmans radicaux (de "polygames modérés" dit Lugan...) est, à la fois, un camouflet cinglant pour les idiots utiles vrp de la démocratie occidentale (et autres VRP de l’Empire BHLoïdes) et la confirmation de la grande résilience de ces civilisations…

**et les palinodies de dirigeants européens simplement pas au niveau des enjeux (Sarkosy, Merckel, Berlusconi) voire corrompus (Mario Draghi) consistant à amplifier les mécanismes à l’origine de la crise de 2008 (recapitaliser des acteurs financiers privés ayant déjà failli et faire assumer par les nations des sommes folles) sans –jamais- remettre en cause l’imaginaire global et le fonctionnement de la machinerie économique et financière occidentale est éloquent.

Bref, on attend la délivrance.. (U wana play another one? euh)

Commentaires

Quart d'heure de "sourire" avec mon "social-democrate" au compte en banque bien garni...

"Les islamistes ont gagné les elections en Tunisie ?"

(Silence crispé)

"La marche vers la democratie est un long chemin..."

"Et qui te dit qu'il en veulent et qu'elle leur convient ?"

(Mais lui n'a jamais entendu certains de ces futures "democrates", vomir l'occident, la France, etc...)

Le nombrilisme se paie...

Écrit par : JÖ | 27/10/2011

oui. cher..

Écrit par : hoplite | 27/10/2011

Bravo pour votre texte, cher hoplite! Comme toujours, vous alimentez ma réflexion personnelle même si je ne suis pas d'accord avec votre "illibéralisme" atavique ;))
On peut très bien être attaché aux libertés et ne pas être un "progressiste" échevelé ni un adepte du "laisser-faire" absolu ou trouver un intérêt certain à l'économie de marchés sans pour autant accepter ses dérives financières irresponsables...
Les libéraux sérieux qui ne vivent pas dans un monde idéalisé de bisounours sont parmi les premiers à avoir critiqué les dérives du système actuel, à avoir mis sous la lumière des projecteurs les turpitudes de nos chères élites incompétentes, sauf pour défendre leurs intérêts propres et mesuré les conséquences de toute ceci à l'avance...
Mais sur le fond, que souhaitez-vous mettre à la place du système actuel? Aspirez-vous à un retour à la monarchie absolue, au régime censitaire ou à un quelconque régime oligarchique? (questions posées sans arrière-pensées!)

Question : "dans le mall climatisé" = "dans le hall climatisé" ?

Écrit par : daredevil2007 | 27/10/2011

J'ai cliqué un peu trop, veuillez m'en excuser. Je voulais donc ajouter que j'avais apprécié votre phrase : "c’est la botte de la réalité au pays des jouets" et que je la fait mienne car bien qu'attaché aux libertés - vous l'aviez compris - j'ai pleinement conscience qu'elles ont un coût qu'il faut être prêt à supporter... ce qui n'est clairement plus le cas de nombre de gens actuellement (cf. le fameux "jouir sans entraves" et autres âneries de la Grande Révolution de 1968)qui vont jusqu'à refuser de voir la réalité en face, avec pragmatisme et refusent même de simplement concevoir que "l'autre" puissent être méchant et ne leur vouloir que du mal...
Pour reprendre une de vos réflexions antérieures : n'arrêtez surtout pas d'écrire car vos textes ont une portée... les petites rivières font les grands fleuves, n'est-il pas?

Écrit par : daredevil2007 | 27/10/2011

merci daredevil pour ces critiques constructives.
d'abord, je parle bien de mall et non de hall.;les malls, ces grandes surfaces géantes dont parle H MILLER dans son "cauchemar climatisé..

ensuite je comprends la distinction que vous établissez entre le libéralisme en tant que doctrine politique/philosophique et économique et le bordel libre-échangiste drivé par quelques banques anglosaxonnes/talmudiques planétaires et quelques firmes globalisées. Maurice Allais faisait d'ailleurs le même genre de distinction et n'était, lui qui pronait un protectionnisme raisonnable, nullement anti-libéral sur le fond, seulement critique. Or toute critique du libéralisme aujourdhui est assimilée ipso facto soit à la volonté de rouvrir le goulag soit à un colbertisme éffréné...Le genre de discussion sereine impossible à tenir avec un Marchenoir, par exemple.

je crois -et je suis Michéa sur ce point- que ce courant philosophique libéral est sous-tendu par une anthropologie foncièrement pessimiste (cf Hobbes et son Leviathan ou PASCAL et ses hommes "incapables de vrai ni de bien"), qui explique la forme de nos sociétés modernes (au sens anti-traditionnel) en Occident, c'est-à-dire des communautés qui n'en sont plus précisément parce qu’elles ne reposent plus que sur des "droidelhomme" largement fictifs et répressifs et un marché extensif devenu l'alpha et l'oméga de toute politique publique (on parle d'ailleurs maintenant de gouvernance non plus de politique). Au détriment de toutes autres "valeurs civilisationnelles communes" (Aristote) qui ont toujours fondé la vie en société et l'existence de communautés pérennes. (mais qui, pour tout bon libéral doivent être exclues du champ public car polémogènes par essence donc susceptible de faire resurgir les guerres civiles religieuses qui ensanglantèrent l'europe au 16 et 17 ème siècle; d'où ces sociétés axiologiquement neutres où toute opinion (décence ou morale commune) devient forcément "discriminatoire" voire "stigmatisante" et où le corps social n'est plus régi que par le seul marché (qui fait l'unanimité et le droit procédural mouvant au gré des lobbys et des campagnes d'opinion...)

IL est probable que CONSTANT lui-même ou Hume, voire Adam Smith en personne, (des "libéraux sérieux" et conséquents donc) seraient horrifiés par le visage de l'occident contemporain mais il est probable -aussi- que le type de sociétés qu'ils imaginaient ne pouvait qu' aboutir au chaos moderne que nous connaissons.

et dire cela ne m'empêche pas d'être libéral moi aussi, à ma manière, comme je suis cartésien sans avoir (si peu) lu Descartes...Cette philosophie libérale d'émancipation et d'autonomie est une partie de moi-même. Je n'idéalise nullement la vie dans les sociétés traditionnelles passées ou actuelles, je me borne à essayer de comprendre le monde tel que nous le voyons.

quant à mon régime politique idéal, ni monarchie, ni tyrannie, une démocratie non représentative éventuellement au sein d'une fédération de nations, pourquoi pas un empire, au bon sens du terme, pas l'empire US que nous connaissons évidemment, cohérent sur le plan civilisationnel donc géographique, ce qui revient à dire que vouloir associer des nations par le marché sans se préoccuper de la cohérence identitaire du tout est simplement voué à l'échec.

Écrit par : hoplite | 27/10/2011

Merci pour ce texte Hoplite.

Comment peut-on retrouver dans vos archives un texte récent où vous parliez de la Chine qui viendrait financièrement au secours de l'UE. Avec des proches on se demande en échange de quoi ? et je me rappelle avoir lu ici un texte à propos de la Chine visant à reconquérir cette place de n°1 et voulant sortir de l'encerclement US.

merci d'avance.

Écrit par : daredevil | 27/10/2011

Ah cette bonne et souverainr vieille botte de la réalité !
On ne s'en lasse pas.

Il restera deux expressions de ce début de siècle: la botte et "jusque là, ça va…"
Et comme par hasard, ce sont deux expressions vedettes du blog de notre ami Hoplite.
Ya pas de hasard.

Écrit par : Carine | 27/10/2011

Merci pour votre texte Hoplite, ainsi qu'à Daredevil pour son intervention.
Bonne soirée à vous deux.
Malko.

Écrit par : malko | 27/10/2011

@carine, c'est vrai que je trouve cette image particulièrement parlante...et comme tu dis, jusqu'ici tout va bien, on empile toujours plus de dettes sur un océan de créances insolvables qui peut péter à chaque instant! c'est cool. on dirait qu'ils ne comprennent strictement rien à la situation, qui est "désespérée" (Jorion), sans issue dés lors que l'on refuse de remettre en cause les prémisses de ce désastre. (concentration dramatique du capital, paupérisation et endettement des classes moyennes, évacuation du politique, toute puissance d'acteurs financiers prédateurs (mario draghi président de la BCE, goldman sachs premier donateur de la campagne d'obama...), spéculation éffrénée sur tout et n'importe quoi même maintenant des matières premières, des terres, l'eau, pourquoi pas des doudous?, etc.)

@malko, bonne soirée à vous aussi.
@daredevil, je n'ai pas souvenir d'avoir posté ce genre de chose sauf peut être via une citation d'aymeric chauprade? (essayez avec blog-it express)

Écrit par : hoplite | 27/10/2011

t'es toujours en train de chercher la preuve piège, hein ?
celle qui te représenterait en tant que perdition personalisée, me trompe ?

bise

Écrit par : jp | 27/10/2011

et toi tu cherches quoi, biquet?
un début de réflexion?
bise

(tu peux y arriver)

Écrit par : hoplite | 28/10/2011

"toute critique du libéralisme aujourdhui est assimilée ipso facto soit à la volonté de rouvrir le goulag soit à un colbertisme éffréné..."

D'autant que Colbert était tout sauf "antilibéral" (pardon pour l'anachronisme) : il suppléait (provisoirement) à la défaillance du capital privé, et faisait jouer à l'Etat son rôle dans l'économie, ce que celui-ci a fait encore avec d'excellents résultats dans les années 50/70...
D'ailleurs quelle politique ont donc des pays comme le japon, la Chine, l'Allemagne... Sinon ce bon vieux mercantilisme qui consiste à vendre aux autres plus que l'on ne leur achète?

Écrit par : Aramis | 29/10/2011

Tiens, à propos de Lénine...

Vive le populisme révolutionnaire !

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/10/29/vive-le-populisme-revolutionnaire.html

Écrit par : Boreas | 29/10/2011

Cette scene mythique de Delivrance, avec le temps, me laisse de plus en plus le sentiment de la victoire du Nord contre le Sud (pour combien de temps encore?). C'est la victoire des Yankee sur les "crétins du Sud", c'est très explicite pour avoir choisi un Mongol contre un Yankee de base. Et cette guerre Nord/sud aux US n'est pas finie, j'aurai préféré une Dixie au banjo...

Écrit par : medulle | 05/11/2011

merci pour ce regard décalé, medulle, je n'y avais pas pensé. à la réflexion c'est juste: les yankees vs les ploucs sudistes, citadins vs bouseux débiles et violents...comme le font Venner ou H Miller, on peut se plaire à imaginer ce qu'aurait pu donner cette belle civilisation aristocratique, esclavagiste et agraire!

Écrit par : hoplite | 05/11/2011

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