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13/05/2010

Bourré, je respecte la diversité

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Comment y échapper ?

Festivisme grégaire

L'apéro fesse-book fait les gros titres de la presse locale.  Ecoutons Mickael D., adjoint à la « culture » : « J'irai à cet apéro. Je trouve formidable que les gens aient envie de se retrouver. Cela démentira l'idée qu'internet, c'est un truc qui détruit le lien social. Je ne crois vraiment pas que ce type de rassemblement comporte des risques. Il aura lieu de toute façon et cela se passera très probablement bien. »

Et Laurianne D., présidente des jeunes socialistes, ravie de cette « réappropriation de l'espace public par toutes les couches sociales »...On ignorait que ces dernières en furent récemment expropriées. Le mot d'ordre de la manifestation, célébré à grands renfort de tracts et d'alcool-tests restant : « Même bourré, je continue à sourire. Bourré, je ne casse rien, bourré, je respecte la diversité. Bourré, je fais attention aux voisins. » (sic !)

Justice immanente, une bonne averse a douché le festivisme grégaire de mes concitoyens dés les premiers verres. Murray raillait il y a quelques années la vindicte de nos modernes festivus à l'encontre de la montagne, coupable de tuer chaque hiver quelques surfeurs et skieurs imprudents...hier soir : «Jusqu'à ce que vilain nuage noir ne vienne définitivement doucher cette fête si bien commencée » Si même le ciel devient chafouin...

Envie du pénal

Election de miss Montpellier : conditions : âgées de 17 ans et demi à 24 ans, mesurer 1,70 m minimum et être de nationalité française.

On attend donc avec impatience les couinements des cloportes de la « lutte contre toutes les discriminations » : pourquoi pas des naines (je propose le vocable « mal-grandies), des clandestines ou des vieilles radasses? Hmm ? POURQUOI PAS ?

Dans la même presse locale du jour :

« Le Cran (Conseil représentatif des associations noires de France, sorte d'organisation ethnique voire raciste : imaginerait-on un CRAB, conseil représentatif des associations blanches ?) s'est joint hier à l'action judiciaire menée en Belgique par des Congolais contre Tintin au Congo, exigeant que l'album d'Hergé soit assorti d'un avertissement sur son caractère « raciste ».

Epuration citoyenne

Faudra qu'ils nous expliquent jusqu'où on doit épurer l'histoire, ces ordures progressistes. Doit-on brûler Voltaire ?

"Comment se peut-il, écrit Voltaire, qu' Adam qui était roux et qui avait des cheveux, soit le père des nègres qui sont noirs comme de l'encre et qui ont de la laine noire sur la tête ? ". Voltaire poursuit: "leur yeux ronds, leur nez épaté, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. " Les juifs ne sont pas mieux lotis, toujours chez Voltaire : "Vous ne trouverez en eux qu'un peuple ignorant, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent".

Antisémite, l'abbé Grégoire, illustre révolutionnaire, évoquant les juifs ?

"La plupart des physionomies juives sont rarement ornées des coloris de la santé et des traits de la beauté (...). Ils ont le visage blafard, le nez crochu, les yeux enfoncés, le menton proéminent; Ils sont cacochymes, et très sujets aux maladies, et exhalent constamment une mauvaise odeur"

Xénophobe, Aristote ?

« L'absence de communauté nationale est facteur de guerre civile,tant que les citoyens ne partagent pas les mêmes valeurs de civilisation. Une cité ne se forme pas à partir de gens pris au hasard,et elle a besoin de temps pour se coaguler.  C'est pourquoi, parmi ceux qui ont accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux, et pour les intégrer à la cité, la plupart ont connu des guerres civiles. Par exemple, les tyrans de Syracuse, en ayant naturalisé les immigrés, ont dû subir des révoltes. Citoyens et étrangers en sont venus à se combattre. »

Raciste, Jules Ferry ?

« Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un doit vis à vis des races inférieures ; mais parce qu'il y a aussi un devoir. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. » ! (Discours à la chambre du 28 juillet 1885)

...

Bref, du boulot pour nos amis pourfendeurs stipendiés du Mal et thuriféraires de ce nouvel ordre festif sinistre car totalitaire.

 

Le dernier mot au regretté Philippe Muray :

« C'est l'épopée du Pléonasme. Avec la charité généralisée, l'idéalisme obligatoire, la solidarité sans réplique, les droits de l'homme dans tous les coins et le souci hygiéniste à chaque étage, la passion de survivre est devenue plan de carrière et programme d'existence. Tout le monde se bat dans la même direction. A coups de positivité enthousiaste et de volonté de gagner. On a la haine de la haine. On fait la guerre à la guerre. C'est même là que ça devient cocasse le négatif a été si bien ratatiné dans tous les domaines qu'on ne trouve plus de débat qu'entre gens du même avis. Quand on se crêpe le chignon, c'est entre opposants à la drogue et adversaire de sa dépénalisation ; entre partisans du cosmopolitisme et adversaires de la xénophobie ; entre éradicateurs du machisme et anéantisseurs du sexisme. On s'engueule entre nuances. C'est la grande rivalité du Même. Le combat du semblable contre son sosie. La cause du Bien a si peu d'adversaires qu'il faudra, dans les années à venir, se résigner à en créer de toutes pièces, des adversaires, et les salarier, si on veut continuer à soutenir l'intérêt. On ne pourra pas éternellement compte sur les Serbes, le Front national et les intégristes à turban. Ils finiront eux aussi par se fatiguer. »

(Rejets de greffe, Exorcismes spirituels)

Happy?


podcast

01/01/2007

L'Etat culturel.

C’est le titre d’un livre de Marc Fumaroli parut il y a quelques années mais toujours d’actualité. (1) Il faut lire ou relire cet essai car il permet de démonter la propagande « culturelle » moderne.

Comment la culture synonyme jadis à la fois d’épanouissement individuel et civilisation universelle, est-elle devenue en France un moyen d’uniformiser les masses dans ce qu’elles ont de moins original et de glorifier le pouvoir dans ce qu’il a de plus personnel ?

Pourquoi depuis 1981, la France de gauche a-t-elle embrassé des méthodes d’action culturelle qui doivent fort peu en fait à la tradition culturelle de gauche, celle des Lumières et de la III ème république, et doivent beaucoup à deux techniques qu’en théorie la gauche vomit : la manipulation totalitaire des foules et la commercialisation publicitaire des loisirs ?

Pourquoi cette novlangue tentaculaire : « communication culturelle », « espace culturel  et populaire», que « dynamise » une « approche interdisciplinaire » « festive » et « citoyenne » ?

Telles sont quelques questions auxquelles répond Marc Fumaroli.

Il fut une époque ou la culture était conçue non comme l’immersion dans un torrent anonyme, mais comme la conquête d’un jugement et d’un goût personnel.Contrairement aux affirmations de l’Histoire officielle, le dirigisme culturel inauguré par André Malraux en 1959 et systématisé par Mitterrand et Lang en 1981 ne plonge pas ses racines dans les idéaux du front populaire. Les deux responsables de la culture dans le cabinet Blum étaient Jean Zay et Leo Lagrange auxquels Fumaroli rend hommage. Car leur conception de l’éducation populaire restait fidèle à l’idéal républicain du respect de l’individu et de sa liberté. Elle consistait à mettre à la medium_nuit.jpgdisposition du plus grand nombre les moyens d’accès à la culture et non à leur en imposer les thèmes. Leur but était l’éveil des vocations, non le viol des foules. Léo Lagrange disait « Il ne peut s’agir, dans un pays démocratique, de caporaliser les loisirs, les distractions et les plaisirs des masses populaires, et de transformer la joie habilement distribuée en moyen de ne pas penser » !; A placarder d’urgence lors des prides , fêtes de la musique, Nuits blanches et autres « événement festif » totalitaires que produit notre société moderne à jet continu. (comme aurait dit le regretté Philippe Muray).

Le but de la IIIeme république était de rendre les individus le plus possible capable de penser et de sentir par eux mêmes ; Le but des « animateurs culturels » d’aujourd’hui est de penser et de sentir à leur place.

Ces animateurs de cette nouvelle culture de masse, une « oligarchie démagogique » selon Fumaroli, se donnent medium_visuel_fete_de_la_musique_2_web.jpgcomme ennemi à exterminer la république libérale et l’enseignement universitaire. Pour arracher le « capital culturel » aux « privilégiés » et le redistribuer aux « défavorisés » (aujourd’hui on dirait « exclus »), le bon moyen n’est pas selon eux l’éducation et encore moins la lecture (trop « individualiste »), c’est la communication enthousiaste au moyen de fêtes collectives (au passage je mesure combien Muray était dans le vrai quand il annoçait il y a quelques années ce déferlement de festivisme « solidaire » « citoyen » obligé et continu). Le modèle s’en trouve, dans l’Allemagne Hitlérienne, l’URSS Stalinienne ou la Chine communiste…

Lorsque Malraux est nommé ministre des Affaires Culturelles, il reçoit pour mission « d’accomplir le rêve de la France » (Décret du 24 juillet 1959) ; Dés lors, plus rien ne doit échapper à ce rêve. Et Jack Lang se situe dans le droit fil de cette nouvelle religion d’état. Cette politique est esclave du spectaculaire et non du substantiel et sert avant tout la gloire de ceux qui la font. D’ou la négligence et l’indigence de ce qui ne se voit pas, des bibliothèques publiques en particulier ; L’annonce théâtrale de l’ouverture de la « plus grande bibliothèque du monde » ne saurait remplace le travail obscur mais crucial de l’éducation à la culture (autrefois nommée instruction) de la jeunesse.

Ce n’est pas à force de fonctionnariat culturel, de sinécures, de prébendes, de subventions, de clientélisme, de coups médiatiques et d’argent public dépensé sans contrôle qu’on reconstituera une civilisation cultivée. La beauté et la vérité ne se fabriquant pas dans les ministères.

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(1) Marc Fumaroli, L’Etat culturel, essai sur une religion moderne. De Fallois