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21/01/2007

Héros.

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« Nous sommes aujourd’hui le 8 mai 1995, cinquante ans après cet armistice qui arriva enfin sur une Europe ruinée. (...)

Je regarde nos ministres avec notre président se presser dans la tribune d’honneur pour célébrer notre victoire ; Ces hommes sont les héritiers de ceux qui avaient lâchés sur la France les chiens du désastre en 1940 et dont la philosophie politique n’a pas changé. Je pense à ce que fut cette époque qui nous a mené à la guerre, et pour beaucoup de mes amis et camarades des FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres), à la mort. Le misérabilisme des chansons populaires, les ouvriers qui travaillaient trente heures de moins que les Allemands par semaine, et surtout la nationalisation à un bien mauvais moment de notre industrie aéronautique. (...)

L’atmosphère générale de grèves, de désordre moral industriel et politique n’améliorait pas les affaires de la France. Quand je regarde aujourd’hui les photos des ministres et présidents du Conseil qui se succédaient alors sur le perron de l’Elysée, j’ai un haut le cœur devant ces personnages médiocres aux costumes fripés, souvent mal rasés, l’éternelle gauloise qui était devenue un emblème national collée au coin de la lèvre inférieure, leur feutre avachi…Doux Jésus, c’était cela mon pays qui allait affronter l’Allemagne ! Quand on voit les images d’outre Rhin dans les films de Leni Riefenstahl, les JO de 1936, les congrès de Nuremberg, de cette jeunesse sportive fanatisée qui allait former une armée musclée en chemise et en short qui allait dévaler chez nous … Mon Dieu !… Ces pauvres types qui nous gouvernaient, devant ces images, devaient bien savoir que nous ne serions défendus que par des mobilisés ou des réservistes rétifs engoncés dans des uniformes de 1918, avec bandes molletières, sac à dos, couverture roulée, casque, fusil et baïonnettes archaïques…étaient aveugles. Ils préféraient faire de la petite politique, du social au mauvais moment qui allait mener deux millions de Français à de longs congés payés derrière les barbelés Allemands.(…)

J’écoute les discours des politiques qui se bousculent devant les micros et les caméras pour commenter l’événement ; Ou étaient-ils quand nous mourions ? A Washington, à Alger sur les plages ou bien à Vichy rédigeant des petites fiches sur les gaullistes et les communistes ? »

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Pierre Clostermann, engagé volontaire dans la France Libre à 19 ans ; Héros de la seconde guerre mondiale il survivra à 420 missions de guerre comme pilote de chasse dans les FAFL.

Le Grand Cirque, J’ai Lu, p 608.