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07/09/2013

anatomie du chaos (n+1)

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(...) Cependant, durant la guerre contre la Libye, j’avais sous-estimé la possibilité des États-Unis de violer toutes les règles, y compris celles de l’Otan. Alors que, me basant sur des documents de l’Alliance atlantique, j’insistais sur la longue capacité de résistance de la Jamahiriya face à son opposition armée, j’ignorai la tenue d’une réunion secrète sur la base Otan de Naples, dans le dos du Conseil atlantique. À l’époque, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Danemark et la Turquie, ainsi qu’Israël, le Qatar et la Jordanie planifiaient en secret l’usage des moyens de l’Alliance pour bombarder Tripoli [1]. Ne faisant pas confiance à leurs alliés, qu’ils savaient opposés à une attaque si coûteuse en vies humaines, ils ne les avaient pas prévenus. L’Alliance atlantique n’était plus une Alliance proprement dite, mais une Coalition ad hoc. En quelques jours, la prise de Tripoli fit au moins 40 000 morts, selon les rapports internes de la Croix-Rouge. Un tel dispositif est peut-être en cours d’organisation : les chefs d’état-major d’à peu près les mêmes États, plus l’Arabie saoudite et le Canada, sont réunis depuis dimanche et jusqu’à ce soir à Amman, sous la présidence du commandeur du CentCom, le général Lloyd J. Austin III. Ils envisagent cinq options possibles (fournitures d’armes aux Contras ; bombardements ciblés ; création d’une zone de non-survol ; mise en place de zones tampons ; et invasion terrestre).

La presse atlantiste appelle à la guerre. Le Times de Londres l’annonce. Le président Barack Obama pourrait ainsi suivre le plan de guerre établi par son prédécesseur George W. Bush, le 15 septembre 2001, qui prévoyait, outre les attaques de l’Afghanistan et de l’Irak, celles de la Libye et de la Syrie, ainsi que l’a révélé l’ancien commandeur de l’Otan, le général Wesley Clark [2]. Sauf que, pour la première fois, la cible dispose d’alliances sérieuses. Toutefois, la nouvelle rhétorique US contredit l’ensemble des efforts de l’administration Obama depuis un an qui s’est appliquée à éliminer les obstacles à la tenue de la conférence de Genève 2 : démission du général David Petraeus et des partisans de la guerre secrète ; non-renouvellement du mandat d’Hillary Clinton et des ultra-sionistes ; mise en examen des opposants irréductibles à une alliance avec la Russie, notamment au sein de l’Otan et du Bouclier antimissiles. Il contredit également les efforts de John Brennan de provoquer des affrontements au sein de l’opposition armée syrienne ; d’exiger l’abdication de l’émir de Qatar ; et de menacer l’Arabie saoudite. Côté syrien, on se prépare autant que se peut à toute éventualité, y compris un bombardement par l’Otan contre les centres de commandement et les ministères coordonné à un assaut des jihadistes contre la capitale. Cependant, l’option la plus probable n’est pas le déclenchement d’une guerre régionale qui déborderait les puissances occidentales. C’est une attaque, à l’automne, supervisée par l’Arabie saoudite, et endossée par les combattants qu’elle recrute actuellement. Éventuellement, cette opération pourrait être soutenue par la Ligue arabe.

[1] Le relevé des décisions de cette réunion comprend une longue liste de cibles et les moyens qui leurs sont attribués. Un alinéa prévoyait d’envoyer un commando m’éliminer à l’hôtel Radisson où je résidais. Cependant, lors de l’attaque, je me trouvais au Centre de presse de l’hôtel Rixos.

[2] Ce plan prévoit de détruire également le Liban, puis le Soudan et la Somalie et de finir avec l’Iran.

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(...) Comme citoyen d’un État-nation (multiconfessionnel et parlant quatre langues nationales) souverain, pratiquant la démocratie directe de proximité et neutre, je ne puis que m’alarmer de l’avancée, sur un schéma d’ailleurs répétitif, de l’Empire culturel et financier américain. Celui-ci, sous le masque du « Bien » et du « Progrès », veut imposer par le « haut » (par exemple le groupe du Bilderberg d’influence supranationale et de réseau non-démocratique) le modèle mondialisé de société multiculturelle, de nomadisme, de grand remplacement des populations, de pseudo-démocratie par la loi du Marché et la domination massive de grandes sociétés transnationales qui accaparent les ressources que l’État-nation souverain rechigne à mettre à disposition.

Après l’Afghanistan, réduit au chaos et à la domination de chefs de guerre locaux et mafieux par la sainte alliance entre les islamistes et les compagnies multinationales, après le démantèlement de l’État yougoslave qui a créé de nombreux États faillis et sous tutelle, la guerre civile chronique, terroriste déclenchée en Irak en recourant à des mensonges grossiers (c’est pour le triomphe du « Bien », on ne va quand même pas chipoter sur la vérité), l’anarchie imposée à l’État libyen avec l’aide d’authentiques démocraties comme le Qatar et l’Arabie Saoudite, voici venir l’agression, planifiée de longue date, de l’État-nation souverain syrien.

Ce type de conflit est à observer avec soin, comme matrice de toutes les futures agressions contre les entités (États, nations) encore souveraines, non-endettées, qui constituent un contrepoids multipolaire à l’Empire du « Bien » et ses alliés. L’usage de media-mensonges, le monopole de la propagande par l’image (hollywoodisme), le recours aux guerres civiles dynamisées par des groupes islamistes importés de toute la région et même d’au-delà, l’envoi de « contras » et de forces spéciales de pays limitrophes pour semer peur et chaos sont effrayants. Or, l’État-nation syrien a plutôt bien résisté aux vagues d’assaut de ses ennemis et ce dernier veut punir le régime qui bénéficie du soutien passif ou actif de 70 % de la population. Minorités chrétiennes, alaouites, laïcs, nationalistes panarabes, chiites, Kurdes craignent la fin de la coexistence au sein de l’État-nation et son remplacement par des zones communautaristes, des règlements de compte, l’imposition rigide de lois religieuses. Si la Syrie s’effondre, c’est le reste du monde multipolaire qui va suivre (Iran, Russie, Chine, Venezuela, etc…). Il est tragique que ce soit la gauche américaine, avec son « Messie » Obama, et la gauche française, de posture moraliste, qui donnent le ton dans cette escalade guerrière en restant sourdes au bons sens populaire, qui n’en veut pas.(...) Dominique Baettig/ E et R