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05/01/2007

Lumières et totalitarisme.

Récemment , à l'occasion d'un post sur l'état culturel, titre du livre de Marc Fumaroli et prétexte de ma part à une digression sur la politique culturelle Française, un lecteur érudit de ce blog réfuta l'opposition entre les idéaux des lumières et la geste totalitaire, arguant au contraire d'une filiation entre l'esprit des Lumières et les différentes formes de totalitarisme.

Ma première réaction fut, tout en admettant l'idée d'une filiation entre ces idéaux et le radicalisme jacobin durant la Révolution Française par exemple, de refuser pareille proximité idéologique, arguant à mon tour que le mouvement totalitaire, par essence négation de l'individu, était contraire à l'idéal individualiste des Lumières.

Mais le ver était dans le fruit et le simple fait d'admettre sans peine la parenté entre la radicalité jacobine (de 1793) et cette philosophie du XVIIIeme siècle, m'amena à reconsidérer la possibilité d'une telle filiation, en apparence iconoclaste.

Les Lumières furent un mouvement de renouveau intellectuel, culturel construit sur des idées de liberté (de penser, d'agir, de croire), d'égalité, de rationalisme scientifique, d'individualisme, de scepticisme, de tolérance et porté par des hommes d'horizons très divers comme Voltaire, Diderot, Rousseau, Condorcet, David Hume, Spinoza ou Montesquieu. Tous les secteurs de la société ont alors tendance à se débarrasser des anciennes tutelles. Pour autant elles ne forment pas une école de pensée unique; sur le plan politique, de fortes différences distinguent Montesquieu et son libéralisme démocratique, Voltaire et son despotisme éclairé ou Rousseau et son contrat démocratique. Les philosophes vantent la capacité de l'individu à se servir de sa raison. Au moment ou règne Louis XV, la pensée des philosophes aboutit à remettre en cause tous les principes religieux et politiques qui constituaient les fondements de la société: contre la croyance, le doute; contre l'autorité, le libre arbitre; contre la communauté, l'individu. Les Lumières imposent l'idée que la religion ne constitue qu'une opinion, dissociant ainsi société et foi.

Cet esprit dit "des Lumières" exerce aujourd’hui et depuis cette époque une influence déterminante au moins en occident et se veut universel. Or c'est bien au nom de cet esprit que des hommes ont commis les pires atrocités. Pourquoi?

1- Philosophie des Lumières et dignité de l'homme.

Contrairement à l'historiquement correct, il semble que les philosophes des Lumières ne croient pas en l'existence d'une nature humaine. Dénué de tout caractère spirituel, l'homme n'est que pure matière, totalement déterminé par les corps extérieurs. Ainsi, selon le baron d'Holbach, l'homme "est dans chaque instant de sa vie un instrument passif entre les mains de la nécessité".(1) Pour l'ensemble des philosophes, l'homme n'est qu'une "machine", une "horloge", un "clavecin sensible et animé" (2), subissant les mouvements imposés de l'extérieur.

L'homme étant déterminé, il s'ensuit que le libre arbitre n'existe pas. Ainsi dit Spinoza, les hommes "se trompent en ce qu'ils pensent être libres; et cette opinion consiste uniquement pour eux à être conscient de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés" (3). "La liberté, telle que plusieurs scolastiques l'entendent, écrit Voltaire, est en effet une chimère absolue" (4).

Les rares êtres éclairés, c'est à dire les philosophes, se voient chargés d'établir les meilleures règles sociales et politiques pour l'ensemble du genre humain, qui lui, doit rester dans l'ignorance. "Le vulgaire ne mérite pas qu'on songe à s'éclairer" écrit Voltaire (5). "La vérité, dit-il encore, n'est pas faite pour tout le monde. Le gros du genre humain en est indigne" (6). Les historiens se montrent d'une étonnate discrétion quant à l'immense mépris des classes populaires exprimé par certaines figures du XVIIème siècle: dans ses "Vues patriotiques sur l'éducation du peuple", Philipon de la Madeleine, autre philosophe, exprime le voeu que l'usage de l'écriture soit interdit aux enfants du peuple...(19) Le peuple des Lumières, le peuple idéal, c'est le peuple sans le peuple.

Plus encore, la diversité des individus que les philosophes et les naturalistes observent les conduit à douter de l'unité du genre humain. "Il n'est permis qu'à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Américains ne soient des races entièrement différentes", écrit Voltaire (7).

Racisme et antisémitisme abondent dans la prose de nos philosophes éclairés. "Comment se peut-il, écrit Voltaire, qu' Adam qui était roux et qui avait des cheveux, soit le père des nègres qui sont noirs comme de l'encreet qui ont de la laine noire sur la tête ? " (8). Voltaire poursuit: "leur yeux ronds, leur nez épaté, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. " (7) Les juifs ne sont pas mieux lotis, toujours chez Voltaire : "Vous ne trouverez en eux qu'un peuple ignorant, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent". (7)

L'abbé Grégoire, illustre révolutionnaire, dresse lui aussi en portrait peu flatteur du peuple juif: "La plupart des physionomies juives sont rarement ornées des coloris de la santé et des traits de la beauté (...). Ils ont le visage blafard, le nez crochu, les yeux enfoncés, le menton proéminent; Ils sont cacochymes, et très sujets aux maladies, et exhalent constamment une mauvaise odeur". (9) Pour Léon Poliakov, le rationalisme scientifique des Lumières constitue une des sources du racisme nazi (20).

En tout état de cause, cette détermination de l’homme se fait toujours, au plus profond de lui même, à son insu. Nos pensées, écrit le baron d’Holbach, «  se sont à notre insu et malgré nous, arrangées dans notre cerveau, lequel n’est que l’esclave de causes qui malgré lui et à son insu agissent continuellement sur lui. » (1)

L’homme n’étant que pure matière, une machine que l’on peut régler, sans que son consentement intervienne, l’intention des « Lumières », réalisée par la révolution de 1789, est de former des citoyens nouveaux qu’il s’agit d’éduquer conformément aux souhaits des philosophes ; Pour G ; Gusdorf (10), «  ce remodelage procédant du dehors au dedans suscitera l’homme nouveau selon les voies et les moyens d’une pédagogie totalitaire, dont on retrouve les linéaments dans les traités de Condorcet, d’Holbach, et dans l’œuvre réformatrice des législateurs révolutionnaires ».

Il s’agit donc bien pour l’état de régénérer l’homme, et partant, la société, en formant en série des citoyens coulés dans le même moule.

2- La réalisation politique de cette philosophie sous la Révolution.

Pour régénérer l’homme, il convient donc d’agir sur la société, et tout spécialement sur l’organisation politique. La République, investie d’une mission éducative, exclura de son sein les réfractaires à l’ordre nouveau. La République a pour but de changer l’homme. C’est le but avoué des révolutionnaires : « Le peuple Français, écrit Fouché, ne veut pas plus d’une demi-instruction que d’une demi-liberté ; il veut être régénéré tout entier, comme un nouvel être sorti des mains de la nature ». (11)

Le conventionnel Rabaut Saint-Etienne est tout aussi explicite : « il faut faire des Français un peuple nouveau, lui donner des mœurs en harmonie avec ses lois ». (12)

Il faut comprendre ici que pour ces hommes, imprégnés de l’esprit des Lumières, l’état n’a plus pour but d’assurer le bien commun, mais d’éduquer les Français à la République !

Ainsi crée-t-on en 1794 l’Ecole Normale qui, comme son nom l’indique, est destinée à dicter la norme. Selon les propres termes des créateurs de cette école, son but est de former « un très grand nombre d’instituteurs capables d’être les exécuteurs d’un plan qui a pour but de régénérer l’entendement humain dans une république de 25 millions d’hommes que la démocratie rend tous égaux. » (13) Restructurer l’intelligence à des fins exprimées d’uniformisation et de conditionnement…

De multiples fêtes laïques sont ainsi crées pour déshabituer les Français aux fêtes religieuses. La culture devient aussi l’enjeu de la conquête de l’esprit public :un arrêté du Directoire précise ainsi que « tous les directeurs et propriétaires de spectacles seront tenus sous leur responsabilité individuelle de faire jouer chaque jour, par leur orchestre, avant la levée de la toile et dans l’intervalle entre deux pièces, les airs chéris des républicains ou quelque autre chant patriotique. » (13)

Or cette « éducation » républicaine n’est pas facultative ; Elle doit pénétrer jusqu’au plus profond de l’être. Aucune intériorité individuelle ne doit résister à l’empreinte des idées nouvelles, comme le dit JJ Rousseau : « S’il est bon de savoir employer les hommes tels qu’ils sont, il vaut mieux encore les rendre tels qu’on a besoin qu’ils soient, l’autorité la plus absolue est celle qui pénêtre  jusqu’à l’intérieur de l’homme, et ne s’exerce pas moins sur la volonté que sur les actions. » (14)

Plus encore, afin de ne pas gêner cette endoctrinement citoyen la famille doit être écartée ; L’abbé Grégoire expose ainsi à la veille de la révolution , que  « les enfants si l’on sait les soustraire à l’éducation parentale recueilleront, même sans le vouloir, des idées saines qui seront le contrepoison des absurdités dont on voudrait les repaître au sein de leur famille. » (15)

 

3- Tous égaux ?

 

Si la république peut façonner à sa guise les jeunes générations, que faire des adultes marqués par les habitudes de l’ancien régime, c’est çà dire corrompus ? Rabaut Saint Etienne à la solution : « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière. » (15) Seuls les véritables républicains ont droit à la protection des lois et bénéficie des droits de l’homme et du citoyen. Les Vendéens, cet « ennemi intérieur » dont le caractère populaire de la révolte mettait à mal la légitimité « populaire » du nouveau régime est une bonne illustration de cette distinction. L’animalisation du Vendéen, sa déshumanisation, (« race abominable », « monstres fanatiques affamés de sang », « tigres affamés du sang des Français », « horde d’esclaves », etc..) vise à faire perdre à ces hommes refusant la citoyenneté républicaine, leur dignité d’hommes, et partant légitime leur éradication. Ce qui fut fait et bien fait. (cf un de mes posts précédents).

« Le gouvernement révolutionnaire doit aux bons citoyens toute la protection nationale ; il ne doit aux ennemis du peuple que la mort » dit Robespierre. (16) Cette phrase est symptomatique : les ennemis du peuple, c’est à dire de la révolution, ne sont pas des citoyens (Guevara, Kieu sanpan, Pol Pot, Mao, Lénine ou Trotski auraient pu prononcer cette phrase, mot pour mot).

Ou l’on comprend que la qualité de citoyen ne découle plus de l’appartenance à une cité, mais de l’acceptation des principes philosophiques et moraux défendus par la République ; La république est par conséquent religieuse car elle veut conquérir l’intériorité humaine, par l’intermédiaire de fêtes païennes imposées aux Français, de l’enseignement public obligatoire,  et de la pratique des institutions républicaines qui créeront des habitudes de vie façonnant l’être nouveau (ce constat n’est il pas toujours d’actualité ?).

« Si donc lors du contrat social il s’y trouve des opposants, leur opposition n’invalide pas le contrat, elle empêche seulement qu’ils y soient compris ; ce sont des étrangers parmi les citoyens.» dit JJ Rousseau ; (17)

Le régime démocratique, tels que l’entendent les républicains n’a plus rien de commun avec l’acception classique c’est à dire antique ou chrétienne. Il s’agit d’un système coercitif destiné à façonner l’homme nouveau, contre son gré si nécessaire (et pour son bien, à son insu).

4- Alors ?

Le contrôle de l’activité et de la pensée des hommes, la coercition physique et psychique, le mythe de l'"homme nouveau" et de la "régénération" de la société, l’endoctrinement systématique et à grande échelle, la destruction des structures sociales existantes, la négation de l’homme en tant qu’individu, la valorisation des masses ou du groupe, l’animalisation de l’ennemi, le meurtre de masse sont les caractéristiques habituelles d’un régime totalitaire.

Force est de reconnaître qu’ils sont constitutifs, consubstantiels, non seulement d' une partie de la geste révolutionnaire (et non pas seulement d' un certain Jacobinisme), mais aussi de la pensée d’un grand nombre de ces « philosophes des  Lumières » et donc de l’esprit des Lumières.

Est-ce à dire que la philosophie des Lumières se réduit à cette "tentation totalitaire"? Non , bien sûr, c'était un parti pris de ma part d'explorer ce coté obscur de cette période de notre histoire révolutionnaire. Parce qu'il existe et qu'il est systématiquement occulté pour ne pas faire d'ombre à la légende dorée des manuels d'histoire..

"Les idées et les valeurs des Lumières interviennent comme référence permanente dans les conflits idéologiques et politiques de la période révolutionnaire. Mais sur les chemins, combien sinueux, de la révolution s'opère aussi leur transmutation: le cosmopolitisme se transmue en nationalisme conquérant, le pacifisme en militarisme, la tolérance en fanatisme, la liberté en Terreur. Les idées héritées, la révolution les soumet à ses propres contraintes, les amalgame avec ses propres mythes, les moule sur ses propres formes." (18)

(1) Nature humaine et Révolution Française, Xavier Martin, Editions DMM, p. 16.

(2) idem, p. 17

(3) idem, p. 18

(4) Correspondance, tome 1, p. 251.

(5) Correspondance, tome 3, p. 710.

(6) Correspondance tome 7, P. 877.

(7) Essai sur les moeurs ed 1878, p. 5, cité par Jean de Viguerie dans un article intitulé "Les lumières et les peuples"; Revue historique, juillet-septembre 1993.

(8) Dictionnaire philosophique, article Adam, cité par Jean de Viguerie, op cit.

(9) Cité par Jean de Viguerie, dans "Essai sur la régénération physique morale et politique des juifs", op cit.

(10) G Gusdorf, « L’homme romantique », Les sciences humaines et la pensée occidentale , tome 11, p.27, 1984 Paris.

(11) Réflexions sur l’instruction publique » mai 1793, cité par X Martin, p. 117.

(12) Archives parlementaires, 1/55/346/2 cité par X Martin, p112.

(13) Arrêtés des 18 et 27 nivôse an IV, cité par X Martin.

(14) Discours sur l’économie politique, Œuvres complètes, tome 3, p. 251.

(15) Archives parlementaires, 1/55/346/2, cité par X Martin, p.110-111.

(16) Discours de Robespierre du 25 décembre 1793.

(17) Contrat social, livre 4, chapitre 2, p. 440, Pléiade, tome 11

(18) Bronislaw Brackzo, chapitre "Lumières", dictionnaire critique de la révolution Française. Furet Ozouf, Flammarion, p. 290.

(19) cité par J Sévillia dans "Historiquement correct", Perrin, p. 162.

(20) Le mythe aryen, Complexe, 1987.

Commentaires

Je vois que vous vous ralliez à cette thèse (qui n'est pas la mienne mais j'en suis l'un des défenseurs)
Vous avez oublié ce texte terrible sur les Juifs:
"Les Palestiniens qui vivent parmi nous ont la réputation fort justifiée d'être des escrocs, à cause de l'esprit d'usure qui règne parmi la majeure partie d'entre eux. Il est vrai qu'il est étrange de se représenter une nation d'escrocs; mais il est tout étrange de se représenter une nation de commerçants, dont la partie de loin la la plus importante, reliés par une ancienne superstition, reconnue par l'Etat où ils vivent, ne recherchent pas l'honneur bourgeois, et veulent compenser cette défaillance par l'avantage de tromper le peuple qui leur accorde sa protection ou même de se tromper les uns les autres. Mais une nation qui n'est composée que de commerçants, c'est-à-dire de membres non productifs de la société (par exemple les Juifs de Pologne), ne peut être autre chose que cela; en sorte que son antique constitution, reconnue par nous (qui avons en commun avec eux certains livres saints), même si le principe suprême de sa morale, dans le commerce avec nous, est "acheteur, ouvre bien tes yeux!", ne peut être abolie sans inconséquences."

Je vous en laisse découvrir l'auteur. Et si vous ne trouvez pas, j'éclairerai votre lanterne.

Écrit par : Cadichon | 05/01/2007

tout d'abord merci car c'est bien grâce à vous que j'ai pu découvrir cet aspect passionant (et sombre) de la philosophie des Lumières
je crois de plus en plus que la révolution Française a été un moment crucial et fondateur (pour le meilleur et pour le pire)de l'histoire de l'humanité et qu'elle est consubstantielle, non seulement de la terreur comme le dit Furet, mais aussi (et donc) de la philosophie du 17 et du 18eme siecle
pas d'idée par contre sur l'auteur de votre intéressante citation!

Écrit par : hoplite | 06/01/2007

je vous recommande la lecture de Joseph de Maistre. Si ce n'est déjà fait, peut-être.

Écrit par : shere khan | 06/01/2007

Oui mais si Joseph de Maistre tire à boulets rouges sur la révolution française dans "Considérations sur la France", il a été rousseauiste dans sa jeunesse. Le rejet de la Révolution va lui faire détester Rousseau tout en conservant certaines de ses idées (contre le nombre excessif de lois notamment).
Peut-être faut-il lire plutôt "Les soirées de Saint-Petersburg" ou l'ouvrage de Cioran sur de Maistre "Essai sur la pensée réactionnaire".

Écrit par : Cadichon | 07/01/2007

Bien vu! Cette analyse partielle et partiale de l'esprit révolutionnaire français peut être reçue pour ce qu'elle vaut.

le temps "totalitaire" de la révolution, destinée à façonner l'homme nouveau en lui niant son libre arbitre est celui de la terreur. Les écrits de Condorcet concernant l'éducation nationale ne trouveront aucun écho avant la troisième république, et Thiers. Entre temps, il se sera écoulé le temps de la réflexion, et les philosophes seront restés à leur place, hors de la sphère des décideurs.

Je suis aussi un peu réticent à assembler les textes concordant sur la finalité d'une démonstration, laissant les autres de côté.
Si je prends certains textes de 1789 écrits par Fouché contre la propriété individuelle, je pourrais les associer à d'autres pour démontrer que la révolution est collectiviste... On sait comment a fini Fouché... Et la révolution!

J'ai dans l'idée d'opposer (dans un film) la pensée de Meslier, vraiment révolutionnaire, et celle de Voltaire, qui maniait certes mieux la langue française, mais qui méprise singulièrement le peuple et ne lui reconnaît aucun avenir dans l'action politique.
Il est encore difficile de se procurer le texte original du "testament" de Meslier que Voltaire a pillé, pour sa publicité personnelle, en caviardant copieusement tout ce qui lui semblait s'attaquer aux prérogatives des nantis.

Écrit par : le pamplemousse | 07/01/2007

Mr pamplemousse, vous avez raison, l'analyse est partielle et partiale car le postulat était de revisiter ce coté obscur, cette tentation totalitaire de l'esprit des Lumières et de la geste révolutionnaire.

Écrit par : hoplite | 08/01/2007

Il est utile de souligner que si la République est établie fin 1791, les révolutionnaires étaient majoritairement monarchistes tout comme d'ailleurs la plupart des philosophes des Lumières.

Écrit par : Artemus | 20/01/2007

l'exemple des Jacobins, députés du tiers état, d'abord des bretons puis d'autres patriotes d'origine géographique diverse, se réunissant dans la bibliothèque du couvent des Jacobins pour se concerter avant les séances de l'assemblée est intéressant à ce sujet. La plupart d'entre eux est effectivement légitimiste à l'origine même s'ils sont adeptes d'une monarchie constitutionnelle; trois ans plus tard ils incarnent la fraction révolutionnaire la plus radicale.

Écrit par : hoplite | 20/01/2007

Je me suis toujours demandé à quoi servait ces "lectures" de l'histoire, qu'elles soient féministes, politiques, de droite ou de gauche. Je pourrais écrire un article diamétralement opposé à celui de Hoplite, à l'aide de Condorcet, Beccaria, Servan, bien d'autres et même Voltaire, lequel n'était pas à une contradiction près.

Je remarque que Hoplite fait plusieurs fois référence aux ouvrages de Xavier Martin. Le professeur Martin est d'une remarquable érudition, mais n'aurait-il pas un compte à régler avec le dix-huitième siècle?

Quand on lit, la conclusion de "L'homme et les droits de l'homme", on reste rêveur : Cet "humanisme" (des Lumières), drastiquement réduit l'humain à l'animal, à l'organique, au mécanique ou à la brute, et ne l'imagine heureux socialement que manipulé; quitte à transmuer sans état d'âme cette réduction en promotion au seul motif répertorié nous emble-t-il, qu'elle bat en brêche le thème biblique de l'être humain à l'image de Dieu."

Si l'auteur n'a vu que cela dans les Lumières, il a encore quelques lectures à faire. Les Lumières ne sont pas monolithiques; elles sont multiples, comme les travaux de Jonathan Israel et d'autres le montrent fort bien.

En tout cas, mes réserves pour cet article en particulier, ne diminue en rien mon intérêt et admiration pour un site fort bien fait.

Écrit par Magda 8 août 2007.

Écrit par : Magda | 08/08/2007

merci magda pour votre visite et ce commentaire éruit. En relisant ce post écrit il y a qques mois, je me trouve effectivement trés critique, et je le redis, c'était un parti pris, provocateur. sur le fond l'ambivalence des valeurs humanistes des lumieres reste et les dérives précoces commes tardives (totalitarismes, humanisme athée destructeur) bien réelles.
je vous rejoins, les lumieres ne sont pas monolithiques.
à+

Écrit par : hoplite | 08/08/2007

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