29/05/2007
La guerre civile européenne.
Dans un post précédent je faisais référence à la notion de « guerre civile Européenne » pour qualifier les deux guerres mondiales. C’est une référence qui peut effectivement paraître surprenante au premier abord ; Mais il y a un moment déjà, qu’après avoir lu Ernst Nolte et Dominique Venner, j’ai fait mien ce concept, tant il me paraît juste. Et je vais essayer de le clarifier.
« Il y avait déjà longtemps, écrit Voltaire en 1751, que l’on pouvait regarder l’Europe comme une espèce de Grande République, partagée en plusieurs états, les uns monarchiques les autres mixtes, mais tous ayant un même fond de religion, tous ayant les mêmes principes de droit public et de politique inconnus dans les autres parties du monde. Ces par ces principes que les nations Européennes ne font point esclaves les prisonniers, qu’elles respectent les ambassadeurs de leurs ennemis et qu’elles s’accordent surtout dans la sage politique de tenir entre elles une balance égale de pouvoir. » (cité par Dominique Venner, Le siècle de 1914, p ;9)
Au lendemain des deux guerres, il ne restait plus en Europe que les ruines de son ancienne civilisation, tandis que s’imposait la domination sans partage de puissances étrangères, le démocratisme libéral Anglo-saxon et le communisme Soviétique (l’Europe gouvernée ici par des sénateurs américains, là par des commissaires soviétiques, selon le mot célèbre de Raymond Aron) ; La première guerre mondiale ayant sonné le glas des trois empires (Allemand, Austro-Hongrois, Russe) et des aristocraties qui charpentaient l’Europe, la seconde celui des mouvements révolutionnaires fasciste et national-socialiste.
Voltaire lorsqu’il évoque cette « Grande République » illustre bien la conscience que des hommes éclairés avaient déjà à cette époque d’une appartenance européenne, très antérieure au concept moderne d’Europe, d’une identité commune, d’une communauté de culture grecque, celte, romaine, franque et chrétienne.
Mais c’est Ernst Nolte (La guerre civile Européenne, 1917-1945) qui développe le premier ce concept de « guerre civile Européenne », en partant du constat que la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917 en créant une situation totalement inédite (un parti/ état minoritaire animé d’une puissante idéologie prenant seul le pouvoir dans un grand pays et prêchant une guerre civile à l’échelle nationale et internationale), en exprimant l’intention, crédible, de bouleverser radicalement le monde entier, a provoqué une réaction en chaîne dont est, en partie, sorti le nazisme. Pour Nolte, c’est cette peur de la révolution communiste- perçue comme révolution antinationale- qui a provoqué l’émergence d’un vaste mouvement contre-révolutionnaire et antibolchevique, dont les nationaux-socialistes étaient un des groupes les plus radicaux. Nolte, qui fut diabolisé et ostracisé en Allemagne par une certaine gauche et extrême gauche pour cette théorie dite du « nœud causal », mais aussi parce qu’il osa comparer communisme et fascisme (normal Italien ou radical Allemand, selon sa distinction) en arguant de leur nature totalitaire commune, fut rejoint secondairement par François Furet : « ce type d’interprétation comporte une part de vérité, dans la mesure ou la peur du communisme a nourri les partis fascistes, mais à mon sens seulement une part : car elle a l’inconvénient de masquer ce que chacun des régimes fascistes a d’endogène et de particulier au bénéfice de ce qu’ils combattent en commun. » (Fascisme et communisme, commentaire/Plon, P.45)
En déclarant la guerre civile mondiale, Lénine a inauguré un processus incontrôlable, lui même induit en partie par la première guerre mondiale et le gigantesque traumatisme -ensauvagement- qu’elle a provoqué au cœur de cette société Européenne.
C’est cet enchaînement funeste –première guerre mondiale, naissance de ce parti/ état bolchevique de la guerre civile, émergence des mouvements contre révolutionnaires fascistes devenant à leur tour des partis/ états de guerre civile et internationale- qui constitue cette guerre civile Européenne qui prend fin en 1943 et 1945 avec l’écrasement du fascisme Italien et du fascisme Allemand. Cette guerre civile européenne, décrite et analysée par Nolte, est devenue après 1945, une guerre civile mondiale qui n’a pris fin qu’en 1991 avec l’implosion du système soviétique.
22:34 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : fascisme, communisme, totalitarisme, furet, nolte, bolchevique, voltaire
Commentaires
Merci d'avoir consacré une note pour essayer de m'expliquer. Mais à mon avis vous mélangez deux concepts : l'idée de E. Nolte d'une guerre civile européenne de 17 à 45 provoquée par le communisme et les 2 guerres mondiales 14-18 et 39-45. E. Nolte commence sa datation à 1917 et c'est très important puisque c'est la date de l'avénement du Communisme. Il faut prendre le titre de son livre comme une sorte de "provocation" qui pourtant se justifie dans son essai mais seulement dans le contexte de son essai. Par contre, si les mots veulent encore dirent quelque chose, les 2 conflits mondiaux sont bien des guerres au sens classique du terme. Le terme de guerre civile européenne est repris sans en connaître l'origine par de nombreux européïstes qui cherchent par là à justifier la fédéralisation croissante de l'UE.
Écrit par : Pharamond | 30/05/2007
Accessoirement, la haine des idéologies affrontées sans espoir de rémission les unes aux autres, tient de la guerre civile. Celle qui ensanglanta notre XVI siècle... Les idéologies au dessus et transcendant les nations...
La volonté de faire rendre gorge à l'ennemi, de le faire disparaître de la surface de la terre, d'en bannir à jamais la mémoire... Cet haine biblique qui se donne libre cours tient aussi de la guerre civile. Avec les deux grands qui, attendant leur heure, se régalent de nos querelles fratricides...
Écrit par : IVANE | 30/05/2007
pharamond, peut-être avez-vous raison, mais il me semble que ces deux concepts sont liés dans la thése de Nolte. La premiere guerre mondiale favorise la prise de pouvoir en Russie par les bolcheviks (naissance d'un internationalisme révolutionnaire), elle-même à l'origine d'un vaste mouvement de réaction révolutionnaire fasciste, dont le nazisme qui à l'origine du déclenchement de la seconde guerre mondiale. Ces mouvements révolutionnaire (communistes et fascistes) portent en eux les germes de la guerre civile nationale et européenne.
Écrit par : hoplite | 30/05/2007
Oui les deux phénomènes sont assurément liés, mais je maintients que s'il est juste de parler d'une (forme de)guerre civile européenne pour la lutte idéologique crée par le communiste, cela ne doit pas être confondu, à mon avis, avec les deux ocnflits qui sont deux "guerres classiques".
Écrit par : Pharamond | 30/05/2007
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