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03/02/2011

chaos

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"Camden, cité américaine en faillite et livrée au crime.

Pour combler son déficit budgétaire, la deuxième ville la plus criminogène des États-Unis vient de licencier 45% de ses forces de police. 

Pour faire face à des déficits budgétaires abyssaux, les municipalités américaines prennent des mesures de plus en plus drastiques. Mais aucune n'a autant défié la logique que Camden, considérée comme la deuxième ville la plus dangereuse des États-Unis. La cité de 79.000 habitants, située dans le New Jersey (Est), n'a pas trouvé de meilleure solution pour combler son découvert de 26 millions de dollars que de licencier près de la moitié de ses policiers le 18 janvier dernier: 168 sur 363 en tout, ainsi que 67 pompiers et 100 autres employés administratifs.

Depuis, la police a décidé de ne plus se déplacer pour des accidents de voiture sans blessés, des vols sans violence ou des actes de vandalisme. Dans une ville ravagée par la criminalité, les résidents se demandent si les choses peuvent encore empirer. Carlotta Mendez n'en doute pas. Cela faisait plus d'une décennie que cette femme officier de police patrouillait les rues avant de se retrouver au chômage le 18 janvier. Comme ses camarades, elle a rendu son insigne et son Smith & Wesson calibre 40 le cœur lourd. «C'est la vie de nos résidents que la Mairie a mise en jeu en nous licenciant. Les criminels vont en profiter pour reprendre le contrôle de la rue», lance-t-elle en colère. Carlotta accepte volontiers de montrer au visiteur les quartiers malfamés de Camden pour mieux prendre la mesure de la situation. À ses côtés, on découvre la face cachée de cette ville d'apparence très ordinaire. «Cette maison orange, au numéro 440, est infestée de dealers», dit-elle en fusillant du regard depuis sa voiture trois types postés devant. L'un d'eux la reconnaît et ordonne illico aux autres de déguerpir. (...)" source

 

Camden, la ville de Walt Whitman, le magnifique poète américain du 19eme siècle, est aujourd'hui un cimetière industriel accroché en face de Philadelphie sur le grand fleuve Delaware.

C’est aussi le laboratoire de l’Amérique du XXIème siècle, celle que célèbrent jours après jours nos modernes ébaubis par son leader métis Obama malgré le désastre politique, financier, social, géostratégique et militaire dont il est directement responsable. Avant tout pour avoir fait montre d’une soumission servile à tous les lobbys qui font et défont les élections dans ce pays –militaro-industriel, juif et financier en particulier. Camden, jadis petite ville tranquille de la banlieue de Philadelphie est aujourd’hui une des –sinon la- ville la plus dangereuse des USA. Désindustrialisation, désinvestissement scolaire et social, criminalité, gangs, trafics divers, etc.

Avant même la crise de 2008, cette ville était archétypale de l’anomie violente produite par l’anthropologie libérale célébrée par nos modernes festivistes, quelle que soit leur couleur politique, qu’ils lisent le Monde ou la Figaro…L’effondrement de l’Empire auquel nous assistons actuellement n’est qu’un accélérateur de cette crise du modèle américain basé sur l’individualisme, la recherche de son meilleur intérêt, la toute puissance du marché et  la réduction de l'Etat au rôle de veilleur de nuit, la destruction de toute vision holiste de la nation au profit de ces « commercial society » composées d’individus contractants, communiants dans l’amour de Dieu et de l’argent, censés jouir de droits individuels inaliénables pour le meilleur, en fait, une gigantesque juxtaposition de monades anomiques en lutte contre tous pour leur simple survie…et le pire.

La Cité sur la colline, celle des pères fondateurs, censée montrer le chemin au reste du monde plongé dans la barbarie, l’oppression ou la tyrannie (au choix) est en ruine. La mort programmée du dollar, la faillite des banksters de Wallstreet, la misère de 40 millions d’américains survivant grâce à des bons alimentaires dessinent l’horizon proche et le dilemme posé aux américains conscients du désastre contemporain: guerre civile, chaos ou refondation de ce pays. Nul doute que le chaos soit la solution retenue par les Obama, Bernanke, Geithner ou Biden, ces puissants du moment.

Cet avenir, en forme de dislocation sociale, de déréliction générale, de guerre de tous contre tous, de tribalisme violent, de barbarie ordinaire, c’est celui de nos cités européennes. C’est Paris, Nantes, Montpellier, Barcelone, Florence, Manchester dans quelques générations, quelques années peut-être, l’avatar d’un monde anglo-saxon qui sombre dans la célébration insupportable d’un vivre-ensemble imaginaire.

Frappant de constater à quel point la mécanique implacable à l'oeuvre dans ce monde anglo-saxon se rapproche du scénario d'effondrement décrit par Orlov.

 

Commentaires

Merci Hoplite pour ces bonnes nouvelles qui m’aident à vieillir ; tout beigne.
De plus il fait beau sur Paris en ce moment comme si la beauté du climat social en Amérique influait sur le notre et dissipait ainsi les nuages gris qui accablaient le ciel parisien depuis une semaine.
Comme disait un américain que j’admire (Gore Vidal) : « Depuis des décennies l’Amérique se comporte sans respecter aucune des lois internationales ; ni même la plus élémentaire des lois physique qui implique que chaque action provoque une réaction logiquement égale ».
Je cite de mémoire mais c’est à peu près ça en substance ; l’Amérique sème le crime, prédation et injustice depuis trop longtemps ; les victimes et le malheur dont son appareil politico-militaire est responsable ne le lui rendent pas mais le ciel ne saura pas faillir à cette loi physique.

Écrit par : Nuestro | 02/02/2011

C'est déjà à peu près cette situation dans nos campagnes, et ça empire avec la fermeture des postes de police et des gendarmeries (sans parler du reste, les postes, les écoles, les maternités etc... mais là, on parle de sécurité).
Si tu as un problème, mieux vaut avoir ce problème à l'intérieur de la bonne fourchette horaire, sinon, on te répond que la gendarmerie est à 50 kms et le temps d'arriver...
Les CRS en grève ont réussi à sauver leur boulot.
Mais je me demande si ça se déplace un CRS en cas d'intrusion d'un gangster (ou plutôt de 5 ou 6, parce qu'ils ne marchent jamais seuls) chez toi.
En tout cas, je n'ai jamais essayé.
Qui a testé?

Écrit par : Carine | 02/02/2011

"Merci Hoplite pour ces bonnes nouvelles qui m’aident à vieillir ; tout beigne."

^^ de rien, nuestro. c'est le chablis, ça me rend lucide.

carine, ce genre de scénario, appelé à se généraliser partout mais avec le plus de violence dans le monde anglo-saxon, me rappelle de plus en plus celui que décrit vladimir Orlov. à la différence majeure que l'implosion du monde soviétique a concerné des populations déjà habituées à la pénurie, la violence, le froid et la survie...rien de tel en occident dont les populations vont tomber rapidement de trés haut.

Écrit par : hoplite | 02/02/2011

Très bon : l' Etat veilleur de nuit " .....

Écrit par : chris | 04/02/2011

on dirait blade runner... j 'aimais bien le film et le jeu vidéo. j 'aime moins en vrai.

Écrit par : dxdiag | 04/02/2011

"Très bon : l' Etat veilleur de nuit " ....."

le rêve de tout libéral

"on dirait blade runner"

hmm, il y a de ça..

Écrit par : hoplite | 06/02/2011

"Depuis, la police a décidé de ne plus se déplacer pour des accidents de voiture sans blessés."

Cela fait très, très longtemps qu'un policier m'a affirmé que telle était la règle en vigueur en France. C'était peut-être même sous Saint François Ier, dit Mitterrand. Donc leulibéralisme, hein...

Écrit par : Robert Marchenoir | 16/02/2011

robert, Mitterrand, ce vieux briscard de droite s'est converti, en bon opportuniste qu'il était, au libéralisme économique (pas culturel) en 1983 devant la faillite de son programme économique d'union de la gauche.

Écrit par : hoplite | 17/02/2011

Hoplite, votre raisonement ne tient pas. Je passe sur la notion ridicule que Mitterrand, allié aux communistes, Mitterrand sous lequel le recrutement des fonctionnaires a explosé, aurait été un libéral. Restons-en aux Etats-Unis, sujet de votre article.

Vous nous dites que si à Camden les flics ne se dérangent désormais plus pour un accident de la route sans blessés, c'est la faute à leulibéralisme.

Mais votre texte contient sa propre contradiction. Si, dans Camden, ville sinistrée, etc, les flics ne se dérangent plus, c'est bien qu'avant, ils se dérangeaient, non ?

Donc, avant, dans Camden, les flics se dérangeaient bien pour un accident sans blessés (et ce, probablement, à une époque où dans la France présumée par vous ultra-libérale, ils ne se dérangeaient pas).

Mais à cette époque bénie, où les flics avaient encore quelque vertu à vos yeux, les Etats-Unis étaient quoi ? communistes ? royalistes ? soraliens ? musulmans ?

Ils étaient libéraux. Ils l'étaient beaucoup plus qu'aujourd'hui, puisque la part de dépenses publiques dans le PIB était beaucoup plus faible qu'aujourd'hui.

Quand New York a fait disparaître son problème de criminalité, ce qui passait par envoyer les flics quand un type éternuait de travers, New York était quoi ? communiste ? gaulliste ? nazie ? dirigée par un roi nègre ?

Le libéralisme n'est nullement incompatible avec l'ordre public ; bien au contraire. La Suisse est l'un des pays les plus libéraux du monde. C'est (encore) l'un des pays les plus sûrs du monde (c'est en train de changer à cause de l'immigration, pas à cause du leulibéralisme).

Écrit par : Robert Marchenoir | 17/02/2011

"Vous nous dites que si à Camden les flics ne se dérangent désormais plus pour un accident de la route sans blessés, c'est la faute à leulibéralisme."

c'est effectivement, à mon sens, la logique libérale: l'etat "veilleur de nuit" réduit au moins disant afin de ne pas entraver l'auto-régulation de la soiété par le "libre-marché", le "doux commerce" à l'exclusion de tout autre principe autre que le droit procédural, fluctuant en fonction des "checks and balances" (des poids politiques, communautaires, partisans de groupes de pressions).

"Ils étaient libéraux. Ils l'étaient beaucoup plus qu'aujourd'hui, puisque la part de dépenses publiques dans le PIB était beaucoup plus faible qu'aujourd'hui."

ils l'étaient effectivement mais l'utopie "néo-libérale" progressiste est une course en avant, comme je viens de le dire. Il faudra que nous prenions le temps de nous entendre sur ce terme de "libéralisme", robert. sinon, dialogue de sourds!

"Le libéralisme n'est nullement incompatible avec l'ordre public ; bien au contraire."

tout dépend de ce que l'on entend par "ordre public", en fait.

"Le libéralisme n'est nullement incompatible avec l'ordre public ; bien au contraire. La Suisse est l'un des pays les plus libéraux du monde. C'est (encore) l'un des pays les plus sûrs du monde (c'est en train de changer à cause de l'immigration, pas à cause du leulibéralisme)."

à mon sens, le libéralisme pré-suppose la libre-circulation -sans entraves- des hommes, capitaux et marchandises; l'immigration sans restriction pour le meilleur intêret des puissances économiques régnantes est une des premières revendications des lobbys du genre MEDEF. En ce sens la Suisse est en train de découvrir un versant destructeur du monde selon Friedman duquel elle avait su se protéger jusque-là en refusant de confier au simple marché la régulation des flux migratoires...

à vous lire.

Écrit par : hoplite | 18/02/2011

Exactement, Hoplite : beaucoup de querelles sur le libéralisme viennent de ce que le sens donné à ce mot par les uns et les autres est différent.

Pour les anti-libéraux de 2011, libéralisme signifie mondialisation, pouvoir absolu du marché, effacement des frontières et des nations, immigrationnisme.

Or, on n'est pas libre de donner au mot libéralisme le sens que l'on souhaite. Libéralisme ne signifie pas "tout ce qui va mal dans le monde actuel". Le libéralisme est une théorie politique multiséculaire, échafaudée par des dizaines de penseurs (qui présentent d'ailleurs des différences notables entre eux), et dont les idées ont été appliquées depuis plusieurs siècles, à différentes époques, dans différents pays.

"Les lobbys du genre MEDEF" ne représentent pas le libéralisme. Ils ne s'en revendiquent d'ailleurs pas particulièrement. Les lobbys genre MEDEF représenteraient plutôt le stato-capitalisme incestueux typique du colbertisme français, c'est à dire l'exact opposé du libéralisme.

Si certains penseurs contemporains se réclamant du libéralisme appellent à l'immigration libre, d'autres au contraire ont expliqué pourquoi, au nom même des principes libéraux, l'immigration devait être l'exception et non la règle.

Contrairement à une idée reçue tenace, le libéralisme n'est pas l'abolition de l'Etat, sauf pour des penseurs très marginaux, dont une partie reconnaît d'ailleurs que ses thèses ne sont pas destinées à être mises en pratique, mais simplement à servir d'aiguillon intellectuel.

Pour les libéraux, l'Etat doit se concentrer sur ses missions fondamentales. La défense nationale, la protection de la souveraineté, la protection des frontières, et donc la maîtrise de l'immigration éventuelle font à l'évidence partie de ces missions fondamentales.

Enfin le libéralisme en actes est affaire de conviction des peuples, et à ce titre, aucune évaluation honnête du libéralisme ne saurait être complète sans étude des peuples libéraux convaincus.

Deux de ces peuples sont, sans conteste, les Américains et les Suisses. Pour être honnête, toute évaluation des Etats-Unis et de la Suisse doit prendre en compte les périodes où ces pays ont connu davantage de succès que les autres. Durant ces périodes, ces deux peuples ont été des libéraux de conviction. Durant ces périodes, ces deux pays ont strictement contrôlé leur immigration, et se sont montrés particulièrement nationalistes.

En définitive, il y a deux conflits différents. L'un oppose libéraux et anti-libéraux. L'autre oppose les classes qui ont intérêt à la mondialisation, à l'immigration et à l'effacement des frontières à celles qui n'y ont pas intérêt. Ils ne se confondent pas.

Le libéralisme ne suppose nullement l'immigration. Bien au contraire. La liberté de circulation des capitaux est précisément un moyen d'éviter la libre circulation des personnes. Si vous pouvez investir en Chine, alors vous pouvez y créer une activité économique sans y expatrier la moitié des Français. Si vous pouvez accueillir les capitaux américains, alors vous pouvez profiter de leurs entreprises sans accepter l'immigration de millions d'Américains.

L'immigration de masse ne provient pas, en général, de pays exportateurs (ni importateurs) de capitaux. L'immigration de masse est dûe avant tout, non pas au libéralisme, mais à l'étatisme.

Si les patrons français sont tentés d'employer des immigrés africains, c'est parce que le code du travail est trop épais, qu'il y a un salaire minimum en France, que les entreprises sont obligées de payer des salariés à, non seulement ne rien faire, mais à saboter leur activité (comités d'entreprise, délégués syndicaux).

En Suisse, il n'y a pas de salaire minimum. Résultat : les Français se pressent aux portes de la Suisse pour bénéficier de salaires deux fois plus élevés que chez eux, pour le plus grand bénéfice des Suisses qui profitent d'une immigration respectueuse de la loi, qualifiée et culturellement homogène avec eux.

L'immigration de masse est aussi dûe à la mondialisation, au fait que les habitants de n'importe quel trou du cul du monde voient à la télévision les richesses de l'Occident, au voyage aérien bon marché, et à l'ethnomasochisme des Occidentaux.

Je ne vois pas ce que le libéralisme a à voir avec l'ethnomasochisme. Je serais curieux qu'on me montre les appels à la repentance anti-coloniale, à l'immigration libre et à l'anti-racisme chez Bastiat ou Tocqueville.

L'immigration est aussi dûe à l'étatisme et à l'Etat-providence. Ce sont les allocations sociales qui permettent à des incapables de vivre sans travailler en Occident, et qui les y attirent de l'autre bout du monde.

On le voit bien aux Etats-Unis. C'est bien la Californie, l'un des Etats les plus anti-libéraux, les plus socialistes de l'Union, qui attire le plus d'immigrés, grâce à sa généreuse "politique sociale".

Evidemment, on peut, comme le Front national, dire : les prestations sociales doivent être réservées aux nationaux. C'est en effet nécessaire. Cela tombe sous le sens.

Mais ce que Marine le Pen oublie, c'est que ce qui importe, ce ne sont pas seulement les lois ; ce sont les mentalités. Or, la mentalité française, et celle qu'encourage Marine le Pen, c'est l'assistanat, l'Etat-providence, les droits à, les drouâzacquis.

Quand un peuple se vautre dans la lâcheté des drouâzacquis, eh bien il crée les conditions pour que ces drouâzacquis bénéficient aussi aux zimmigrés. La logique politique de l'assistanat crée une classe parasitaire de fonctionnaires et d'hommes politiques qui a intérêt à importer en masse une clientèle d'immigrés, pour justifier et maintenir leurs postes, leurs émoluments et les votes qui les garantissent.

Elle crée une mentalité qui estime normal de procurer, sur fonds étatiques, logement, médecins, école, nourriture, gaz, électricité, transports publics, eau, téléphone, Internet, télévision numérique, cinéma, théâtre, vacances, avortement et changement de sexe, gratuitement ou à prix subventionnés, à ceux qui sont "trop pauvres" pour les payer du fruit de leur travail.

Comment voulez-vous, dans un tel climat, expliquer aux zimigris que ce n'est pas pour eux ?

Le responsable de l'immigration de masse parasitaire, ce n'est pas le grand patronat du CAC 40 (comme le croient les lecteurs de F.desouche sur la foi de dix secondes de vidéo en noir et blanc de M. Bouygues sur You Tube). C'est la mentalité française de l'irresponsabilité, du ressentiment, de la jalousie sociale et de "l'entitlement". Autrement dit, le socialisme.

Quand on méprise l'hygiène, il ne faut pas s'étonner d'être envahi de poux et de microbes. Même si on ne les a pas invités. Qui se ressemble s'assemble.

Quand les Américains avaient une éthique du travail et de la responsabilité, leurs règles d'immigration étaient impitoyables, et seuls restaient ceux qui parvenaient à survivre. Depuis que l'Etat-providence y a fait les progrès que l'on sait, les Etats-Unis importent délibérément des Somaliens, l'un des peuples les plus inutiles et les plus nocifs de la terre, avec les conséquences qui ne se font pas attendre.

Si vous aviez dit aux Américains, en 1890, que Washington ferait des lois pour convaincre des Somaliens d'immigrer, et leur permettre de le faire de façon prioritaire par rapport à des Anglais, ils auraient renversé leur gouvernement.

La crise financière actuelle est une crise de l'endettement étatique, c'est à dire une crise provoquée par l'excès de dépense publique. Autrement dit, le contraire de ce que prescrit le libéralisme.

C'est pourquoi il faut distinguer le libéralisme... et leulibéralisme.

Écrit par : Robert Marchenoir | 18/02/2011

merci pour votre réponse argumentée, robert. ne peux pas y répondre ce soir. à demain, donc.

Écrit par : hoplite | 18/02/2011

Robert, sur le fond, voilà mon sentiment : je vois le libéralisme avant tout comme une doctrine économique, qui tend à faire du modèle du marché autorégulateur le
paradigme de tous les faits sociaux : ce qu'on appelle le libéralisme politique
n'est qu'une manière d'appliquer à la vie politique des principes déduits de
cette doctrine économique, laquelle tend précisément à limiter le plus possible
la part du politique. (C'est en ce sens que l'on a pu dire qu'une « politique
libérale » était une contradiction dans les termes).

D'autre part, le libéralisme est une doctrine qui se fonde sur une anthropologie de type individualiste, c'est-à-dire qu'elle repose sur une conception de l'homme comme être non
fondamentalement social. Or, dans la mesure où il se fonde sur l'individualisme, le
libéralisme tend à briser tous les liens sociaux qui vont au-delà de l'individu.

Quant au fonctionnement optimal du marché, il implique que rien n'entrave la libre circulation des hommes et des marchandises, c'est-à-dire que les frontières soient tenues pour inexistantes, ce qui contribue encore à la dissolution des structures et des valeurs partagées. Cela ne signifie pas, bien entendu, que des libéraux n'aient jamais pu défendre des identités collectives. Mais cela signifie qu'ils n'ont pu le faire qu'en contradiction avec les principes
dont ils se réclamaient. Passant ainsi de la communauté (des valeurs partagées crée un lien social) à la société d’individus contractants aux intérêts antagonistes par nature.

La montée de l'individualisme libéral se traduit d'abord par une dislocation progressive des structures d'existence organiques caractéristiques des sociétés holistes, ensuite par une
désagrégation généralisée du lien social, et enfin par une situation de relative anomie sociale, où les individus se retrouvent à la fois de plus en plus étrangers les uns aux autres et potentiellement de plus en plus ennemis les uns des autres, puisque pris tous ensemble dans cette forme moderne de « lutte de tous contre tous » qu'est la concurrence généralisée.

Robert, vous parliez de Tocqueville, c’est bien la société qu’il décrit, dont chaque membre, « retiré à l'écart, est comme étranger à tous les autres »…

De cette vision du monde, largement hégémonique dans nos sociétés modernes découlent nombre de traits caractéristiques contemporains :

« Pour les anti-libéraux de 2011, libéralisme signifie mondialisation, pouvoir absolu du marché, effacement des frontières et des nations, immigrationnisme. »

Le « laissez faire, laissez passer » de l’Intendant Gournay traduit bien le credo « néo-libéral » (versus libéralisme historique de Constant, Locke ou Tocqueville) de libre-circulation absolue des biens, marchandises et hommes autour de la planète de nos modernes.

« Contrairement à une idée reçue tenace, le libéralisme n'est pas l'abolition de l'Etat, sauf pour des penseurs très marginaux, dont une partie reconnaît d'ailleurs que ses thèses ne sont pas destinées à être mises en pratique, mais simplement à servir d'aiguillon intellectuel. »

non, certes mais il tend à faire de celui-ci un simple outil –axiologiquement neutre- de surveillance à minima des libres conditions d’exercice du marché auto-régulé en tant qu’institution structurante de la société, en l’absence désormais d’autres valeurs partagées.

« l'Etat doit se concentrer sur ses missions fondamentales. La défense nationale, la protection de la souveraineté, la protection des frontières, et donc la maîtrise de l'immigration éventuelle font à l'évidence partie de ces missions fondamentales. »

nous sommes d’accord là-dessus, mais il ne me semble pas que cela soit un axe programmatique clair de l’hubris néo-libérale, bien plus encline à déréguler, décloisonner, détruire les frontières et les enracinements et les peuples, bref toute forme de différenciation au profit du même globalisé communiant dans Google Chrome ou Coke...

« En définitive, il y a deux conflits différents. L'un oppose libéraux et anti-libéraux. L'autre oppose les classes qui ont intérêt à la mondialisation, à l'immigration et à l'effacement des frontières à celles qui n'y ont pas intérêt. Ils ne se confondent pas. »

je comprend votre point de vue (qui était le mien il y a quelques années lorsque Rand ou Revel occupaient mon esprit…) mais je crains que cette évolution délétère que vous décrivez soit directement secondaire à cette anthropologie libérale que je décris plus haut : l’homme libéral, cette monade autonome non fondamentalement sociale, mais pourvu de droits inaliénables garantis par l’Etat, parcourant le monde à la recherche de son meilleur intérêt dans une logique contractante, sans enracinement affirmé produit le type de société anomique (hors la loi du marché et celles du Droit procédural fluctuant en fonction des lobbys) et déstructurée que l’Occident exporte sur la planète.

« Je ne vois pas ce que le libéralisme a à voir avec l'ethnomasochisme. »

oui, logiquement, tout bon libéral n’a pas d’appartenance réelle autre que ses droits et la recherche de son meilleur intérêt…Cela ne veut pas dire, encore une fois, qu’il ne puisse pas défendre d’identités collectives mais qu’il le fait en contradiction avec la logique qui l’anime.

« L'immigration est aussi dûe à l'étatisme et à l'Etat-providence. »

c’est vrai en partie, mais l’essor de cet Etat providence dans nos sociétés modernes est également directement lié/secondaire à la dissolution des appartenances sociales, communautaires bref de tout lien social par la logique individualiste qui porte la geste libérale. On peut même penser que l’anomie libérale induit la progression symétrique de l’Etat-providence comme moyen de remédier à la faillite des solidarités naturelles.

« Elle crée une mentalité qui estime normal de procurer, sur fonds étatiques, logement, médecins, école, nourriture, gaz, électricité, transports publics, eau, téléphone, Internet, télévision numérique, cinéma, théâtre, vacances, avortement et changement de sexe, gratuitement ou à prix subventionnés, à ceux qui sont "trop pauvres" pour les payer du fruit de leur travail. »

Le projet moderne d’autonomie (chrétienne, cartésienne, renaissance…) qui porte cette anthropologie libérale est à ce prix, peut-être…des individus autonomes (au sens de délégitimation de toute hétéronomie) mais seuls, perdus, obligés de recourir à ce tiers instituant qu’est l’Etat pour survivre avec les dérives que l’on sait. Nulle évolution de ce type dans la plupart des sociétés traditionnelles –donc holistes- de ce monde.

« La crise financière actuelle est une crise de l'endettement étatique, c'est à dire une crise provoquée par l'excès de dépense publique. Autrement dit, le contraire de ce que prescrit le libéralisme. »

oui, en partie. C’est aussi la crise d’un modèle de société fondé exclusivement sur le marché en tant qu’institution structurante et censée apaiser les mœurs, que ce capitalisme soit étatique ou non (et de fait les deux vont de paire). Des sociétés modernes réduites au seul échange marchand, comme le disait Adam Smith comprenant la nation comme un marché, excluant le politique vu comme une entrave au développement des libertés individuelles et à l’autonomie de chacun. L’idée d’une société fondée sur le marché, ce « jeu qui augmente les chances de tous les joueurs » (selon Hayek) me parait être avant tout une utopie.

A suivre. Et à vous lire.

Écrit par : hoplite | 19/02/2011

Hoplite,

Je ne comprends rien à ce que vous dites. De quoi parlez-vous exactement ?

De la doctrine libérale ? De ce que vous pensez être les conséquences de l'application de la doctrine libérale dans la réalité ? De la ville de Camden aux Etats-Unis ?

Si vous parlez de la doctrine libérale, elle n'est pas ce que vous dites. C'est tout simplement faux. La doctrine libérale n'est pas ce qu'en disent les anti-libéraux ; c'est, par définition, ce qu'en disent les libéraux.

Après, vous pouvez estimer qu'elle est injuste, dangereuse, inefficace ou tout ce que vous voulez, mais si vous voulez parler de la doctrine, vous devez commencer par vous en référer à ceux qui l'ont établie.

La doctrine libérale n'est pas une doctrine économique. C'est une doctrine politique. A la rigueur, si vous voulez, d'économie politique. Les anti-libéraux s'obstinent à couper le libéralisme en deux, et à séparer l'économie et la politique. Où avez-vous trouvé cela ? Chez quel théoricien libéral ? Le libéralisme n'est pas plus une doctrine économique que le marxisme. L'aspect économique et l'aspect politique sont indissolublement liés, chez l'un comme chez l'autre.

Vous dites que la doctrine libérale serait caractérisée par l'anomie, c'est à dire une absence de lois. Il est difficile de faire un contresens plus radical. Le droit est fondamental dans le libéralisme. Le respect des lois est fondamental dans le libéralisme. Le respect des contrats est fondamental dans le libéralisme.

Vous dites que selon la doctrine libérale, le fonctionnement du marché implique que les frontières disparaissent. Vous devez alors indiquer quel penseur libéral a écrit cela. A ma connaissance, aucun.

Vous dites que le libéralisme considère que l'homme n'est pas un être social. C'est parfaitement faux. C'est un contresens total. Dites-moi chez quel penseur libéral vous avez trouvé cela. Le libéralisme est, bien au contraire, fondé sur l'observation des relations sociales, puis sur l'élaboration de règles qui formalisent et respectent les relations sociales spontanément établies par les hommes. C'est pourquoi il fonctionne, au contraire du socialisme, qui est une pure construction mentale, déconnectée de la réalité.

Peut-être n'est-ce pas de la doctrine que vous parlez ? Peut-être parlez-vous des conséquences que vous lui supposez ? Alors il vous appartient, après avoir correctement identifié la doctrine telle qu'elle est (et non telle que les anti-libéraux la reconstruisent frauduleusement dans leur coin), de démontrer que telle réalité que vous estimez nocive (encore faudra-t-il en démontrer la nocivité), découle de l'application de la doctrine libérale.

Toute cette discussion part tout de même de la réalité supposée catastrophique d'une ville américaine dénommée Camden.

Le Figaro, journal de gauche anti-libéral comme 99 % des médias français, nous fait faire le tour de la ville au bras d'une policière hispanique pleurnicheuse qui se lamente du "manque de moyens", comme n'importe quel cégétiste français.

Ce que Carlotta Mendez ne vous dit pas, c'est que si elle est licenciée, avec un paquet de ses collègues, c'est que la ville est perclue de dettes. Et ce qu'elle ne vous dit pas, c'est que si la ville est perclue de dettes, c'est qu'elle est tenue aux couilles par des syndicats mafieux de la fonction publique, qui ont imposé, comme dans un grand nombre de villes et d'Etat américains, des salaires et des conditions de travail absolument délirants pour leurs adhérents, inimaginables même pour un fonctionnaire français, et de très loin.

Le Figaro lâche d'ailleurs -- mais sans s'appesantir sur le scandale que cela représente - qu'un flic de Camden (on parle des flics de base, là, pas des chefs) coûte 217 000 euros par an aux contribuables de Camden. Près d'un million et demi de francs par tête de pipe !

Le City Journal, trimestriel libéral qui vient de consacrer un article à Camden, cite le chiffre nettement plus bas de 140 000 dollars par an. Je suppose que cela correspond au salaire net de cotisations d'assurance-maladie. Prenons ce chiffre. Il correspond à 8 525 euros par mois, soit 55 916 francs. Cinquante-six mille balles par mois pour un flic de base ! On hallucine !

Les autres employés municipaux jouissent probablement de rentes tout aussi délirantes. C'est le cas dans différentes villes américaines pour des emplois aussi modestes que les pompiers ou les gardiens de prison.

Et ce n'est probablement pas tout ! Il y a des villes américaines où non seulement les fonctionnaires partent à la retraite à 55 ans, avec des pensions plantureuses, mais en plus, ils ont le droit de repostuler au même poste juste après avoir pris leur retraite... tout en cumulant leur salaire et leur pension !

La municipalité (lourdement endettée, rappelons-le, nous sommes au milieu d'une crise économique majeure, le chômage explose aux Etats-Unis, les employés de niveau comparable dans le secteur privé ont des salaires immensément plus bas), la municipalité, donc, fait la seule chose responsable : elle propose une diminution de salaire au syndicat des flics en échange du maintien de l'emploi.

Et le syndicat dit quoi ? Il refuse ! Donc Madame Mendez est virée, avec un paquet de ses collègues, et elle va chouiner sur l'épaule du journaliste français gauchiste du Figaro, en faisant mine de s'inquiéter de la criminalité à venir. C'est une pôv' victime !... Elle n'y est pour rien !...

Je dis : de qui se moque-t-on ? C'est la faute à leulibéralisme, ça ? C'est la faute au socialisme, oui !

C'est la faute de syndicats monopolistiques, qui ont imposé, pendant des années, une administration obèse et dispendieuse à leurs concitoyens, dans le seul but de s'engraisser sur leur dos, et qui, maintenant qu'il y a un coup dur, refusent obstinément de lâcher l'énorme nonosse en or massif qu'ils ont dans la gueule depuis perpète !

Et je vais plus loin. On nous dit : rhôlàlà, la criminalité à Camden, c'est énorme. Tiens donc. Il y a un autre truc que Madame Mendez, flic hispanique socialiste américain, ne vous dira pas : c'est que la criminalité aux Etats-Unis est directement corrélée à la composition ethnique des localités (comme chez nous...).

L'article le dit entre les lignes (et c'est très facile à vérifier), mais si Camden connaît une criminalité d'enfer, c'est, très probablement, qu'elle est noyée de Noirs et... d'Hispaniques. Dont les statistiques ethniques officielles montrent l'indiscutable sur-criminalité.

Donc, sur cet exemple qui est au coeur de votre billet de tête, les méfaits que vous attribuez au libéralisme sont dûs a) au socialisme (c'est à dire au contraire du libéralisme), b) à la race des populations impliquées.

J'ajoute que la mise en cause du libéralisme est tout aussi incohérente sur l'aspect purement économique de la situation de Camden.

Vous nous dites, en substance : les immondes ultra-libéraux ont désindustrialisé Camden, et voilà le résultat.

Mais, attendez... si vous déplorez la désindustrialisation... c'est que vous regrettez l'industrialisation... et le plein emploi... du temps où Camden était, supposément, bourrée d'usines... tenues par des tripotées de sales capitalistes... biberonnés à l'immonde doctrine libérale...

Il faudrait savoir.

Cébien, ou cépabien, d'avoir des patrons gros et gras, bouffis d'hubris ultra-libérale, qui bâtissent des kilomètres d'usines et créent des emplois ?

Et si le libéralisme, c'est à ce point répugnant, que mettriez-vous à la place ? Si tant est que, dans tel ou tel endroit du globe, règne le libéralisme ?

Écrit par : Robert Marchenoir | 20/02/2011

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