Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/02/2011

krisis

tumblr_l844anwjzu1qzev8do1_500.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« (…) Il importe donc, quand on parle de la « crise de la représentation », de bien saisir qu’au départ la représentation a surtout été un moyen d’empêcher le peuple de s’exprimer directement, et que la « crise » en question résulte apparemment de ce que le peuple commence à s’en apercevoir. C’est ce que constate Jacques Rancière quand il écrit : « La représentation n’a jamais été un système inventé pour pallier l’accroissement des populations. Elle n’est pas une forme d’adaptation de la démocratie aux temps modernes et aux vastes espaces. Elle est, de plein droit, une forme oligarchique, une représentation des minorités qui ont titre à s’occuper des affaires communes […] L’évidence qui assimile la démocratie à la forme du gouvernement représentatif, issu de l’élection, est toute récente dans l’histoire. La représentation est dans son origine l’exact opposé de la démocratie. Nul ne l’ignore au temps des révolutions américaine et française. Les Pères fondateurs et nombre de leurs émules français y voient justement le moyen pour l’élite d’exercer en fait, au nom du peuple, le pouvoir qu’elle est obligée de lui reconnaître, mais qu’il ne saurait exercer sans ruiner le principe même du gouvernement […] La “démocratie représentative” peut sembler aujourd’hui un pléonasme. Mais cela a d’abord été un oxymore ».

Parallèlement au ralliement d’une grande partie de la gauche à l’économie de marché, sinon au réformisme libéral, la montée d’une culture de gauche d’inspiration hédoniste-libertaire (dite « bo-bo ») est l’un des facteurs qui ont le plus contribué à couper les partis de gauche des couches populaires, lesquelles ont assisté avec stupéfaction à l’émergence, puis à l’installation médiatique d’une gauche mondaine et arrogante plus portée à défendre l’« homoparentalité », les sans-papiers, l’« art contemporain », les droits des minorités, le discours sur les « genres », le « politiquement correct », les phobies corporelles et la surveillance permanente du comportement d’autrui, qu’à renouveler le langage de la classe ouvrière en se plongeant si nécessaire les mains dans le cambouis28. Ayant laissé aux libéraux le champ libre dans l’ordre économique et social, la « gauche caviar », c’est-à-dire la grande bourgeoisie libérale de gauche, d’autant plus permissive en matière de moeurs qu’elle est indifférente en matière sociale, se tient à distance de milieux populaires dans lesquels elle ne se reconnaît plus. « La gauche caviar, géographiquement, vivait éloignée des classes pauvres, écrit Laurent Joffrin. Par un étrange processus, elle décida, de surcroît, de s’en couper politiquement. Et cela à travers une opération culturelle et idéologique d’une tragique frivolité : l’escamotage du peuple ».

Les « people » ont ainsi remplacé le peuple. Elue par la mondialisation, une Nouvelle Classe politique-médiatique s’est mise en place, qui associe dans un même élitisme de la richesse et du paraître dirigeants politiques, hommes d’affaires et représentant des médias, tous intimement liés les uns aux autres (hors caméra, ils se tutoient et s’appellent par leurs prénoms), tous convaincus de la « dangerosité » des aspirations populaires. Alexandre Zinoviev, pour désigner cette Nouvelle Classe, parlait de « supra société ». Confrontée à un peuple qu’elle redoute et qu’elle méprise à la fois, elle constitue une autorité oligarchique qui s’emploie avant tout à préserver ses privilèges et à réserver l’accès du pouvoir à ceux qui émanent de ses rangs.

Ce mépris du peuple s’alimente bien entendu de la critique d’un « populisme » assimilé désormais à n’importe quelle forme de démagogie ou d’« irrationalisme » de masse. Qui parle aujourd’hui du peuple s’expose par là même au reproche de « populisme ». Devenu une injure politique, le populisme est présenté comme une sorte de perpétuelle « maladie infantile » de la démocratie, dans une perspective à la fois péjorative et disqualifiante. Le recours au « populisme » fournit ainsi à la mise à l’écart du peuple une justification théorique, sinon savante.

Le ralliement au Front national d’une large partie de l’ancienne classe ouvrière a joué à cet égard un rôle décisif. Il a en effet permis à une large partie de la gauche de répudier le peuple au prétexte qu’il « pensait mal », tandis qu’un antiracisme convenu, mais affiché hautement, lui permettait de masquer ses propres dérives idéologiques. L’antilepénisme s’est ainsi substitué à l’anticapitalisme, précieux alibi qui justifiait qu’on relègue à l’arrière-plan la question sociale au moment même où celle-ci resurgissait avec une force perdue depuis l’époque des « Trente glorieuses ». (…) »

Alain de Benoist, Krisis, 2008.



Alain Soral dans ce soir ou jamais 17 janvier 2011
envoyé par ERTV. - L'info internationale vidéo.

Commentaires

Le pire sera l'insulte suprême, le poujadisme, stade suprême du populisme ^^
Les commerçants regardent de plus en plus vers MLP, en même temps que vers leur vitrine et leur caméra de surveillance.
Leur vote sera important. Mais il leur faudra avoir le cuir solide. Qu'est-ce qu'ils ne vont pas entendre !

Excellent choix de texte, Hop. Merci ! Il n'y a rien à jeter, à mon sens.

Écrit par : Carine | 08/02/2011

"La “démocratie représentative” peut sembler aujourd’hui un pléonasme. Mais cela a d’abord été un oxymore"

Ça me fait penser à ce que disait Jean Robin à radio courtoisie tout récemment. Il disait qu'il pense que l'oligarchie est l'évolution naturelle de la démocratie représentative tout comme le stalinisme est l'évolution naturelle du communisme, et aussi l'islamisme celle de l'islam.

Point de vue fort intéressant.

Quelque part vers la fin içi (à 1h20 environ): http://www.lecri.fr/2011/02/04/yves-marie-laulan-recoit-jean-robin-et-roman-bernard/21783

Écrit par : Jean-Pierre | 09/02/2011

Ha ha Johnny Cash.

De Benoist se tient sur les situations presnetes sinon....

Écrit par : JÖ | 09/02/2011

"Mais il leur faudra avoir le cuir solide."

oui, une bonne préparation aux troubles civils graves qui sont devant nous. cool

merci pour le lien, jean-pierre. connais pas trop ROBIN. l'écouterai ce soir.

"sinon...."

what about ADB, JÖ?

Écrit par : hoplite | 09/02/2011

Génial ce texte!

L'insulte en vigueur ces derniers temps "populiste", il faut passer outre. La personne est peut-être grillée dans ce milieu oligarchique, mais la populace se fout de ce genre de qualificatif. J'espère qu'elle notera (la populace) les revirements "populistes" à l'approche des présidentielles, et qu'elle ne tombera pas dans le panneau.

Écrit par : M. Nice Guy | 09/02/2011

Je voulais dire (Mais mon clavier a fourché) que De Benoist se tient très bien sur le discours que vous avez posté.

Idem chez Taddei je l'ai trouvé assez explicite et sans excès.

(Pas comme l'autre roquet de Soral)

Écrit par : JÖ | 09/02/2011

Robin fait des interview interessantes parfois.
(sur son site "enquete et debats")

Écrit par : JÖ | 09/02/2011

Lire également sur ce sujet le livre de l'économiste Alain Cotta "Le règne des oligarchies".

Écrit par : Pascal | 09/02/2011

Entendu ce soir, 20h15, au JT de TF1:
Un député UMP: "un ministre, c'est pas Dupont-Lajoie" en vacances."
Vous avez dit caste ? Mépris ?
Ils sont condamnés à passer leurs vacances en France pendant quelques temps.
Je trouve qu'ils devraient réserver dans un Formule 1 en banlieue. Ou dans une pension de centre ville, puisque maintenant, les gangs s'affrontent en centre ville.
Ils vont leur apprendre la vie ^^

Écrit par : Carine | 09/02/2011

Entendu également à l'instant:
"l'Allemagne a besoin de main-d'oeuvre, elle va ouvrir ses frontières et faire venir 200 000 émigrés par an."
On vit un cauchemar…

Écrit par : Carine | 09/02/2011

concernant la main d'œuvre, je pense qu'il va être de + en + dur pour nos élites de faire croire aux gens que l'Europe qui connait un chômage structurel massif ait besoin de toujours + de main d'œuvre étrangère. la logique du capital globalisé commence a être plus qu'apparente aux yeux du plus grand nombre.

quant au mépris de ces élites qui passent leurs we et leurs vacances dans quelques ryads maghrébins, genre l'atroce mam, ADB a tout dit.

Écrit par : hoplite | 09/02/2011

"Ils sont condamnés à passer leurs vacances en France pendant quelques temps".
Je disais ça plus haut, à propos de nos politiques.

Piqué sur un blog:
"Dans Sud-Ouest, Bruno Dive adopte plutôt le ton ironique: "pour savoir où va éclater la révolution, il suffira désormais de regarder où les membres du gouvernement vont passer leurs vacances "

Quand on vous le disait, que ça va péter en France !

Écrit par : Carine | 09/02/2011

Zemmour a aussi fait une chronique très acide sur le sujet....

http://www.rtl.fr/emission/z-comme-zemmour/voir/z-comme-zemmour-du-10-fevrier-2011-7658882074

Une elite tellement imbue d'elle meme et médiocre qu'elle oublie certains fondamentaux du pouvoir...

Écrit par : JÖ | 10/02/2011

"qu'elle oublie certains fondamentaux du pouvoir..."
mais encore, cher JÖ?

Écrit par : hoplite | 10/02/2011

L'hypocrisie...

Écrit par : JÖ | 10/02/2011

Les commentaires sont fermés.