18/04/2011
mythes
" (...) La colonisation fut le péché majeur de l’Occident. Toutefois, dans le rapport de la vitalité et de la pluralité des cultures, je ne vois pas qu’avec sa disparition on ait fait un grand bond en avant ", affirme Lévi-Strauss dans De prés et de loin. Votre appréciation ?
L’assertion est historiquement fausse. Les Grecs, les Romains, les Arabes ont tous entrepris et réussi des opérations immenses de colonisation. Plus que cela, ils ont assimilé ou converti –de gré ou de force- les peuples conquis. Les Arabes se présentent maintenant comme les éternelles victimes de l’Occident. C’est une mythologie grotesque. Les Arabes ont été, depuis Mahomet, une nation conquérante, qui s’est étendue en Asie, en Afrique et en Europe (Espagne, Sicile, Crète) en arabisant les populations conquises. Combien d’ »Arabes » y avait-il en Egypte au début du VIIème siècle ? L’extension actuelle des Arabes (et de l’Islam) est le produit de la conquête et de la conversion, plus ou moins forcée, à l’islam des populations soumises. Puis ils ont été à leur tour dominés par les Turcs pendant plus de quatre siècles. La semi-colonisation occidentale n’a duré, dans le pire des cas (Algérie), que cent trente ans, dans les autres beaucoup moins. Et ceux qui ont introduit les premiers la traite des Noirs en Afrique, trois siècles avant les Européens, ont été les Arabes.
Tout cela ne diminue pas le poids des crimes coloniaux des Occidentaux. Mais il ne faut pas escamoter une différence essentielle. Très tôt, depuis Montaigne, a commencé en Occident une critique interne du colonialisme qui a abouti déjà au XIXème siècle à l’abolition de l’esclavage (lequel en fait continue d’exister dans certains pays musulmans), et , au XXième siècle, au refus des populations européennes et américaines (Vietnam) de sa battre pour conserver les colonies. Je n’ai jamais vu un Arabe ou un musulman quelconque faire son « autocritique », la critique de sa culture, à son point de vue. Au contraire, regardez le Soudan ou la Mauritanie. (...)
Cornélius Castoriadis, Une société à la dérive, Essais, 2005.
21:39 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : castoriadis, montaigne, islam
Commentaires
" Je n’ai jamais vu un Arabe ou un musulman quelconque faire son « autocritique » "
C'est peut être eux qui ont raison en fin de compte, non ?
Écrit par : Jean-Pierre | 18/04/2011
@ Jean-Pierre : Non du tout, c'est un train majeur de l'Occident et c'est ce qui lui permet de constamment en remettre en question et s'améliorer. A distinguer de la haine de soi et la volonté de destruction qui va avec.
Écrit par : daredevil | 18/04/2011
"Se" remettre en question, pardon.
Écrit par : daredevil | 18/04/2011
Pour développer sa thèse, celle de l'autarcie des grands espaces et la séparation de la planète en zones économiques étanches, viables, où chacun se développerait à son rythme et en fonction de son génie propre, Guillaume Faye évoque le cas de la colonisation de l'Algérie, comme une erreur du colonialisme passé.
" On se rend compte maintenant à quel point la France eut tort de coloniser l'Algérie et, généralement, l'Afrique du Nord. Nous subissons le retour de bâton de cette erreur puisque mendiants agressifs, éternelles fausses victimes, ils nous colonisent et nous ponctionnent.
Il n'y a rien à faire. On se trouve là en face d'un poids, d'un atavisme majeur; une population, depuis près de dix siècles, rigoureusement inapte à s'organiser en société de type occidental contraire à son génie propre, malgré les ressources naturelles considérables dont elle bénéficie. Il fallait simplement canonner les pirates barbaresques mais certainement pas tenter d'"occidentaliser" ces peuples ni s'installer chez eux. Il s'agit très certainement d'une mauvaise alchimie bio-culturelle qu'il sera rigoureusement impossible de corriger. Quelle erreur d'avoir coloniser ces populations hétéroclites.
Le drame de la France a été de se lier à cette population d'Afrique du Nord sans aucun intérêt pour nous, d'une mentalité, d'une religion, d'une culture, totalement contraires aux nôtres, alors que pendant le même temps nous ne pensions qu'à guerroyer contre d'autres Européens...
(...)
Le colonialisme européen ne nous aura amené que des ennuis. Il fut bien sûr motivé par des raisons géopolitiques et commerciales, mais aussi humanitaires, chrétiennes et universalistes : convertir des peuples dits "arriérés" à notre civilisation. Mais ce faisant, nous leur avons donné les moyens de se développer (très mal) et, au final, de venir nous concurrencer et nous coloniser. Et aussi, en abaissant le taux de mortalité sans réduire en proportion la natalité, le colonialisme a été l'amorce du catastrophique boom démographique du tiers-monde et des peuples de couleur. "
Guillaume Faye, Extrait du livre Avant-Guerre.
Écrit par : Danny | 19/04/2011
"Le drame de la France a été de se lier à cette population d'Afrique du Nord sans aucun intérêt pour nous, d'une mentalité, d'une religion, d'une culture, totalement contraires aux nôtres, alors que pendant le même temps nous ne pensions qu'à guerroyer contre d'autres Européens... "
Ces "erreurs" ne sont pas notre fait, à nous, les peuples. Elles ont été faites en notre nom, pour des intérêts qui nous dépassent, que nous avons chèrement payés (nous payons l'extraction de la source d'énergie+le transport+ transformation+les taxes+les marées noires+ la sécu et le chômage de nos CPF+notre disparition).
Et que nous continuons à payer dans tous les sens du terme.
Il y a des voitures et des avions en Norvège et en Suède. Et, à ma connaissance, ces pays ne sont pas pieds et poings liés à dépendre des sources d'énergie africaines et à leur lécher les godasses (j'allais dire les "pompes" mais c'était ambigü). Pourtant, ils connaissent la même invasion.
Si nous n'avions jamais fait de forages dans le Sahara et les autres pays d'Afrique du Nord, auraient-ils trouvé le pétrole qui fait qu'ils nous chient dessus ? Pareil pour l'uranium.
Donc, fallait ptet pas forer effectivement, et on aurait sûrement dû les laisser dans leurs tentes, chez eux. Et Khadafi n'aurait jamais planté la sienne dans les jardins de l'Elysée.
On aurait fait comment? On aurait fait AUTREMENT. Et les grosses compagnies se seraient enrichies de la même façon. Et nous serions en train de payer. Mais au moins, on aurait pas le Sahara (je schématise) sur le dos.
Quant aux guerres contre d'autres européens, elles n'ont servi qu'à détourner notre regard des vrais questions qui n'ont pas manqué de s'imposer à nous une décennie après la fin de la WW 2.
Écrit par : Carine | 19/04/2011
On connaît la xénophilie, cet amour et cette survalorisation de l'étranger, cette psychopathie collective des Européens qui se répand comme un cancer en Norvège et en Suède, pays tolérants et ouverts à l'Autre à un point que l'on n'imagine même pas en France, déjà pourtant bien contaminée. L'Etat providence de ces pays, à faible population, risque de transformer les pays scandinaves, auxquels je suis lié par toute une histoire, en cloaque du Tiers-Monde, comme le restant de l'Europe... à moins d'un sursaut, non pas xénophobe ce qui serait d'une stupidité crasse, mais par l'affirmation de son ethnocentrisme, l'affirmation de soi comme appartenant à un peuple... breton, basque, alsacien... à une commune, surtout lorsque celles-ci restent de taille raisonnable et peu diverse... Je ne parle volontairement pas de l'ex-France, déjà morte pour moi.
" le seul avenir pour l'humanité, au XXI siècle, comme je l'ai déjà exprimé(...), ce serait, au terme d'un chaos guerrier, de remettre chaque aire de civilisation sur son espace autocentré propre, chacun à son rythme. Ce qui suppose la fin du modèle occidental de la modernité ou de la mondialisation, et une vision archéofuturiste du monde. Car le mélange, dans l'onirisme d'une civilisation planétaire, de nations de races, d cultures, de religions totalement différentes est une impossibilité historique. Ce modèle est voué à un effondrement prochain. La recomposition de l'humanité ne pourra s'accomplir, au terme d'une crise terrifiante et salubre, que verra le XXIe siècle, que par la juxtaposition d'"aires" civilisationnelles et ethniques, relativement cloisonnées. Une utopie? non, la loi naturelle, qui se rétablira après la petite parenthèse entamée au XVIIIe siècle par l'idéologie des Lumières - celles qui attirent les mouches. "
Guillaume Faye, ouvrage déjà cité.
En ce qui nous concerne, " tuer 1789, pour retrouver la Gaule ", comme une métaphore de la tâche à accomplir.
Tous les signes du chaos annoncé sont déjà sous nos yeux, il suffit d'ouvrir les yeux et de ne pas se laisser surprendre, tendre le plus possible vers l'autodéfense, l'autonomie et l'autarcie.
Cela étant dit en toute amitié, virtuelle.
Écrit par : Danny | 19/04/2011
je trouve le raisonnement de Faye assez proche de celui de Juvin, qui prophétise le retour du refoulé identitaire (non pas forcément violent mais puissant) au contraire de la babel planétaire chère à nos attalinoides..
Écrit par : hoplite | 19/04/2011
Oui Juvin est très intéressant, très fin dans ses analyses mais se dit socialiste !
Le patron de ce blog pourrait-il m'expliquer cette apparente contradiction ?
Écrit par : Rogemi | 20/04/2011
@rogémi, j'ignorais que Juvin se diasit "socialiste"...en fait tout dépends de ce que l'on entend par socialiste: si l'on entend julien dray ou DSk ou bien Sorel ou Orwell...
je ne suis pas sûr, au fond, que socialisme (celui auquel je pense) rime avec internationalisme et le barnum compassionnel que nous servent ad nauséam nos modernes...
cher rogémi, il faudrait le lui demander. mais j'ai trouvé son livre Le renversement du monde, remarquable.
Écrit par : hoplite | 20/04/2011
Cher Hoplite,
Allez voir la première partie de la conférence dont vous aviez mis la deuxième partie en ligne. Ci-dessous le lien:
http://www.dailymotion.com/video/xdcsz3_l-ideologie-face-aux-realites-du-xx_news
Il parle de l'idée du socialisme la fille bien née de l'Europe et semble regretter les difficultés de l'Euro, etc...
Apparemment en venant à Bruxelles il répondait à l'invitation d'une organisation socialiste mais je n'en suis pas sûr à 100 %.
Quoiqu'il en soit ses analyses sont trés fines et ses réflexions sur l'Etat remarquables.
Écrit par : Rogemi | 20/04/2011
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