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21/08/2012

politrouks


« La condamnation des trois punkettes, étudiantes brillantes et mères de familles, se voulait une démonstration de force du Kremlin, adossé à une justice aux ordres et à une église orthodoxe plus que complaisante. Mais à l’heure d’internet et du village global, elle résonne comme un singulier aveu de faiblesse, autant que de stupidité : elle donne un nouveau souffle à l’opposition, qui en manquait cruellement ces derniers temps. Une fois de plus, le Kremlin vient de se tirer une balle dans le pied. » Le Monde, 20/08/2012.

Sur la forme, il est bien clair que sur un plan simplement sémantique, le nom de « pussy riot », sorte de concentré de transgression ordinaire en bois à connotation sexuelle et de rebellion de pacotille ne pouvait qu’exciter toutes les Josyane Savigneau et autres cohortes de clowns  invertébrés multicolores lecteurs fidèles des Inrocks et « mutins de panurge élevés dans les zones de stabulation de la pensée unique » (aurait dit Muray) ; je propose « fucking partizans » ou « christian devils » pour les prochains épisodes.

Sur le fond, il se trouve que le pouvoir judiciaire russe considère que cette vidéo est une offense faite à l’église orthodoxe et aux chrétiens russes, plus généralement une injure à une des rares stuctures de sens qui subsistent en Russie avec le patriotisme, l’alcoolisme et l’anti-sémitisme. On peut penser sans trop d’effort  que Poutine se serve de la religion à des fins politiciennes, on peut aussi penser qu’il soit sincèrement choqué et qu’une majorité de russes le soit, peu importe, après tout c’est leur droit: « charbonnier est maître chez lui » , aurait dit le philosophe Goebbels.

Je me demande quelle tête ferait Erik Izraelewicz et ses politrouks* du Monde si une vidéo, en Occident, figurait un concert punk subversif lors d’un repas du CRIF ou sur la plage de Gorée ou encore dans les locaux d’Act-up ! Une sale gueule assurément ! J’imagine très bien un édito intitulé « Nuit et brouillard » ou bien « le retour des heures les plus sombres », je lis d’ici le « J’accuse ! » de notre BHV national appellant à mettre à mort l’hydre de l’anti-sémitisme, du racisme ou de l’homophobie toujours –et naturellement- renaissants dans ce pays maudit qui est le nôtre (la thèse de son livre « L’idéologie française), mais aussi à mettre en œuvre d’urgence des campagnes de sensibilisation à l’antiracisme dés la maternité ou des voyages organisés à Maidanek dès la grande section. Le rappel en urgence de tous les curés du moment, de tous les torquemadas de l’inquisition anti-raciste, les Simone Weil, les Pierre Bergé, les Thuram et autres imposteurs stipendiés pour contrer l’hérésie et ramener les masses dans le credo occidental de l’anti-racisme, de la lutte contre l’anti-sémitisme et l’homophobie. Et combattre d’ardeur pour criminaliser les auteurs de pareils forfaits…

« Elections falsifiées, persécutions des opposants, résurgence du mythe de la « forteresse assiégée » : à l’évidence, la Russie s’éloigne à grands pas des valeurs occidentales auxquelles elle a pourtant souscrit en adhérant en 1998 à la convention européenne des droits de l’homme… »

Au fond, le politburo du Monde n’est qu’une chapelle, et Izraelevitcz un curé du prêt à penser occidental (oligarchie libérale, sociétés de marché, droits de l’homme, anti-racisme et culte de la shoah) stigmatisant les infidèles au culte et le crimpensée. Des « valeurs occidentales » au nom desquelles les mêmes imprécateurs (qui ne sont pas sans rappeler les pères blancs et leur vraie foi ou la gauche républicaine coloniale et sa vraie civilisation…) n’hésiteront pas à soutenir cette véritable « légion arabe de la CIA » qu’est cette comique « armée syrienne libre », conglomérat de mercenaires qataris (excellents démocrates) et saoudiens, cornaqués par quelques commandos anglo-saxons et juifs et par les terroristes sunnites d’AQMI (adeptes des droits de l'homme)…Mais quand on a des principes et des « valeurs », on ne transige pas au Monde.

Le dernier mot à Orwell citée par Simon Leys : « Vous devez faire partie de l’intelligentsia pour écrire des choses pareilles ; nul homme ordinaire ne saurait être aussi stupide. »

Il se peut même que l'écrasante majorité des russes se foutent totalement de ces trois pitoyables connes et de leur pseudo combat féministe et libertaire et qu'il s'agisse uniquement d'un nouveau gadget de la propagande occidentale anti-russe. Y-at-il un russe pour confirmer?

*commissaire politique encadrant les militaires soviétiques durant la seconde guerre mondiale.

NB: illustration/ bande de sophistes talmudiques, le politrouk BHL en tête!

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Hasard ou providence, Fromage+ a commis lui aussi un billet sur le traitement de l'affaire "pussy riot" par le journal du milliardaire israelien Rotshild. mon commentaire:

"Sans doute peut-on voir aussi dans cette comique une de libé l'évolution politique des élites culturelles et journalistiques françaises d'un gauchisme libertaire teinté d'internationalisme trotskiste dans les années 60 à un certain libéralisme libertaire permettant à cette génération de babyboomers, désormais aux commandes, de chausser le discours d'un BHO ou d'un GWB sur l'axe du mal (de la Serbie à la Syrie en passant par l'Irak et la Libye), de manifester se haine du nationalisme russe ou arabe, sa défense inconditionnelle d’Israël, des mercenaires d'AQMI ou de pétromonarchies bien corrompues et son amour inconditionnel des migrants (cette armée de réserve du capital); pour s'en convaincre, on peut suivre les trajectoires exemplaires d'un BHL ("Des avions pour Alep", sa dernière tribune dans le monde) ou d'un Alexandre Adler."

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Pour atténuer l'ennui profond que l'on ressent à la lecture du Monde, je vous fait partager ma lecture du moment, les carnets de guerre de Grossman, lors de la bataille de Stalingrad fin 1942; la 6eme armée allemande de Von Paulus est sur le point de se faire encercler dans Stalingrad sur la rive occidentale de la Volga aprés la destruction des deux armées roumaines supplétives de peu de valeur...des miliers de soldats roumains se rendant aux cris de "Antonescu kaputt!" furent abbatus sur le champ, le tournant de la guerre.

« Les troupes sont en marche. L'humeur est plus gaie. « Eh, si seulement on allait jusqu'à Kiev. » Un autre : « Eh, j'irais bien jusqu'à Berlin. » Pris sur le vif : un point d'appui défensif mis sens dessus dessous par un char. Un Roumain sur lequel et passé un char, aplati. Son visage est comme un bas-relief. A côté de lui, deux Allemands écrasés. Au même endroit, l'un des nôtres gît dans la tranchée, à demi écrasé.

Des boites de conserve, des grenades, des « citrons » (grenades à main), une couverture tachée de sang, des pages de magazines allemands. Nos soldats sont assis là, au milieu des cadavres, ils font bouillir dans un chaudron des morceaux de viande découpés sur un cheval tué et tendent vers le feu leurs mains gelées.

Sur le champ de bataille, côte à côte, un Roumain tué et un des nôtres, également mort. Le Roumain a sur lui une feuille de papier et un dessin d'enfant : un petit lapin et un bateau. Le nôtre a une lettre : « Bonjour et peut-être bonsoir. Coucou petit papa... » Et la fin de la lettre : « Revenez mon petit papa, parce que sans vous on rentre à la maison comme si c'était une autre maison. Sans vous je m'ennuie ferme. Venez, que je puisse vous voir, ne serait-ce qu'une heure. J'écris et mes larmes coulent à flots. (...) Signé : votre fille, Nina. » »

Vassili Grossman, Carnets de guerre, Stalingrad, novembre 1942

Commentaires

Ah, Grossman, magnifique écrivain, et jusque dans ces carnets en effet ! Je suppose que vous connaissez déjà “Vie et Destin” ainsi que “Tout passe”…

Écrit par : Didier Goux | 20/08/2012

salut didier! oui, Vie est destin est absolument à lire: sublimation du martyr russe à Stalingrad. ce Gossmann est quand même extraordinaire: juif, non inscrit au PC, il arrive par la qualité de ses écrits et son courage physique à devenir un grand du journalisme et de la littérature. ses carnets de guerre lui auraient valu la mort ou l'exil définitif s'ils avaient été découverts. et à de multiples reprises, il est prés de se faire caprturer par les allemands qui n'auraient pas manquer de fusiller cet homme qui avait tout du politrouk juif.

Écrit par : hoplite | 20/08/2012

comme vous, je crois à "un nouveau gadget de la propagande occidentale anti-russe". Je ne suis pas russe pour autant...
pour le reste, j'avoue que je m'en tape un peu, elles prennent leurs responsabilités ces idiotes et la prochaine fois elles devraient aller à la Mecque, qu'on rigole.

Écrit par : sonia | 20/08/2012

Ce qui est fascinant avec cette affaire c'est qu'elle montre, par contraste, ce qui est sacré en occident. Notre religion.

Ou faudrait-il, ici, faire un concert punk pour que cela soit considéré comme blasphématoire ?

En gros dans une synagogue. Qui pourrait le nier ?

On peut rajouter d'autres choses : dans une mosquée, au crif, dans un local d'act-up etc. Mais le pire du pire, le sacrilège des sacrilège ce serait dans une synagogue.

Pourquoi ?

PS :fromageplus a écrit un sympathique article sur cette affaire :

http://fromageplus.wordpress.com/2012/08/18/vingt-trois-ans-apres-la-chute-du-mur-la-presse-de-gauche-denonce-enfin-le-goulag/

Écrit par : Jean-Pierre | 20/08/2012

Kiev,cette ville fondée par les Khazars.Des juifs,quoi...merde,sont partout...

Écrit par : rocardo | 20/08/2012

Les Russes s’en tapent ; cette histoire est inexistante là-bas.
C’est l’occident – aux abois – qui remet sa énième tentative de faire monter la mayonnaise : Tout est piloté à partir de Londres et Washington ; l’argent (de cette élite criminelle juive en général mais pas seulement ; là en occurrence c’est un certain Goldfarb qui finance) avec lequel ils payent à la tache ces tristes créatures ; les médias qui font mousser tout ça ; et les déclarations des rats de la diplomatie occidentale.
Ça doit être lié à la position russe sur le pbm syrien ; le roi est nu, plus que jamais ; pour qu’il trouve nécessaire d’aller commander à trois connaisses de faire une connerie… c’est qu’il est très très mal.
Et ils veulent que la mayonnaise prenne ; pas un seul œuf ; pas de moutarde ; pas de gousse d’ail ; rien à part l’habituelle merde médiatique des Israélevitch.
Mon dieu qu’ils sont tristes.
Sinon Kiev a été fondé par les Russes ; rocardo a dit une bêtise.

Écrit par : Sclavus | 21/08/2012

En fin de compte, Poutine a eu la bonne phrase "condamnation certes, mais la peine est excessive".

Tout ca n'a que peu d'interet.

Écrit par : JÖ | 21/08/2012

Oui, indignation à géométrie variable. Imaginons un instant les mêmes cruches devant le portail d'auschwitz ou devant la grande mosquée...qu'en entendrions nous pas!

Écrit par : hoplite | 21/08/2012

Vous savez bien que c'est plus "courageux et pertinent" d'attaquer la religion majoritaire, de toute evidence liée au pouvoir.

(J'ignporait d'ailleurs que Poutine etait Pope...La Russie est une théocratie...)

Écrit par : JÖ | 21/08/2012

"Pour atténuer l'ennui profond que l'on ressent à la lecture du Monde, je vous fait partager ma lecture du moment, les carnets de guerre de Grossman, lors de la bataille de Stalingrad fin 1942"

Bon choix, Hop '
Ca atténue bien !

Écrit par : Carine | 21/08/2012

merci carine
JÖ,

"Vous savez bien que c'est plus "courageux et pertinent" d'attaquer la religion majoritaire, de toute evidence liée au pouvoir."

bien sûr et c'était le sens du post: le Monde ne touchera jamais aux religions en cour (celles qu eje nomme) mais prend des postures de presse rebelle pour tirer sur des ambulances (en France, la religion catholique par exemple ou bien cette terrible oppression patriarcale, cléricale et militaire.

jamais ils ne toucheront à l'anti-racisme dogmatique ni aux totems de "la lutte contre l'homophoboie, le racisme et toutes les formes de discriminations"... qui sont devenues nos religions séculières. là serait le vrai courage!

quant à Poutine, il eszt le successeur des czars (des césars), assurant à la fois pouvoir spirituel et profane...qu'il le veuille ou non.

Écrit par : hoplite | 21/08/2012

Ce que je n'aime pas chez Muray (& consorts... Cioran, par exemple, hein !) c'est qu'il démonte tout avec la clé de la lucidité, le moulin de la vérité, mais il ne nous laisse aucun espoir. Ce que j'aime chez Muray, c'est qu'il ne nous laisse aucun espoir. Nous sommes libres enfin... Oui, c'est très "quantique" tout ça, désolé. Bien à vous.

Écrit par : Martin-Lothar | 21/08/2012

Pourquoi voulez vous que le Monde touche à ses propres totems?
Ce torche-cul en aurait trouvé de nouveaux?

Bien entendu que c'est à géométrie variable, que le "respect" invoqué pour nos divers n'est qu'une astuce pour nous affaiblir et que ce même respect est synonyme de majeur bien raide pour les ENI du monde.

Si j'étais journaliste, je prierai pour que mon système ne s'effondre pas.Mais se doutent t'il qu'ils sont au bord du gouffre?Je ne crois pas.

Écrit par : Three piglets | 21/08/2012

"désolé. Bien à vous."
^^ pas de mal! il est permis d'être désolé voire, horresco referens, nostalgique!

tripi, suis d'accord, c'est juste un petit exercice de mise en forme de la tarfuferie sans limites de tous ces cuistres bien-pensants..

quant à ces journalopes, suis pas trop inquiets, ils trouveront quelques brassards de FFI ou FTP à mettre au dernier moment..

Écrit par : hoplite | 21/08/2012

@ Hoplite : je cite "il est permis d'être dėsolé, voire nostalgique" Nostalgique, nostalgique, est-ce que j'ai une gueule de nostalgique ? Pourquoi pas romantique pendant que vous y êtes ? Tenez, prenez au hasard notre bon et brave Jünger, il était tout sauf romantique. et il n'était sûrement pas nostalgique ce type-là, hein ! Comme Giono, Vialatte, Muray, Cioran et compagnie. Non, non ces gens étaient réactionnaires, comme vous, Hoplite, ne l'oubliez pas. Ils réagissaient face à un système à la mord-moi le neuneu festif et idéal TV, c'est tout, et ce n'est pas mal. Il vaut mieux être un vieux con inventif et pionnier sur les bases, qu'un de ces jeunes et crétins matons de Panurge fluo et olympiques, comme il disait... Mais bon, je m'énerve encore à surveiller une civilisation dont tout le monde se fout, visiblement. On fait ce qu'on peut hein ? Bien à vous.

Écrit par : Martin-Lothar | 21/08/2012

"quant à Poutine, il est le successeur des czars (des césars), assurant à la fois pouvoir spirituel et profane...qu'il le veuille ou non."

Pas spirituel.

Le christianisme (Orthodove ou catholique) differencie Cesar de dieu, c'est je pense une de ces grandes qualités.

La russie retrouve ses racines orthodoxes depuis un bon moment deja, et Poutine n'a certainement rien contre ca...

Poutine ne cautionne surtout tout simplement pas la rebellocratie teleguidée d'ailleurs, comme vous le faite bien observer.

(Et puis je ne pense pas qu'il controle directement les juges dans une affaire comme ca. tempete dans un verre d'eau de toute facon, il doit avoir bien autre chose en tete...)

Écrit par : JÖ | 21/08/2012

Un excellent article :

http://blogobluj2.blogspot.fr/2012/08/pussy-riot-connasses-goulag.html

Écrit par : Boreas | 22/08/2012

Boreas
Excellent, documenté et complet ! merci pour le lien.

Écrit par : Carine | 22/08/2012

Dans le même genre un peu que Boreas il y a l'article de chez Soral :
www.egaliteetreconciliation.fr/Les-Pussy-Riot-sont-des-degenerees-13347.html

Écrit par : Jean-Pierre | 22/08/2012

Petite remarque en passant, à la lecture de l'article de Boréas.

C'est quand même FANTASTIQUE Internet ! Il y a 10 ans il aurait été quasi impossible de mettre la main sur de telles informations.

Cette ultra disponibilité de l'information est quelque chose d'inespéré. Si l'on veut savoir on peut savoir. Tout est là. Il n'y a qu'a se baisser et on trouve ce que l'on cherche.

Ca a quelque chose de magique, d'irréel. C'est comme si l'ultra-propagande actuelle secrétait d'elle même son antidote : L'ultra disponibilité de l'information, de particulier à particulier, sans aucun intermédiaire.

Écrit par : Jean-Pierre | 22/08/2012

merci pour les liens
ça confirme
1-le rebellitude en bois de ces pauvrettes, imposture totale, nihilisme assuré sous couver de "punkrock"...
2- la manipulation en sous main par Soros et cie/otpok ou autres
3-en occident, la tartuferie sans limites des "professionnels de l'indignation" à géométrie variable, genre BHL, un vrai cafard cet homme.

Écrit par : hoplite | 22/08/2012

et internet est effectivement extraordinaire, jean-pierre. une évidence.

Écrit par : hoplite | 22/08/2012

Carine (si vous repassez par là)

Comme promis, j'ai essayé de répondre à Dxdiag sur votre blog (au sujet de l'article d'Abauzit).

Impossible de publier mon commentaire (peut-être trop de liens).

Écrit par : Boreas | 23/08/2012

Boreas

Oui, j'ai rétabli votre commentaire.
JÖ en a fait un aussi, je ne sais pas ce qui se passe, il n'y a pas de modération, mais ça passe dans les indésirables.
je vais rebooter le truc.
Merci, en tout cas, à tous les deux, plus Hoplite !

Écrit par : Carine | 24/08/2012

Tout n'est pas si simple, et on n'est pas obligé de tomber dans la caricature. Je vous invite à lire la déclaration d'une des Pussy riots, Maria Alekhina, lue à son procès par son avocate. Il me semble que ça mérite un certain respect, ne serait-ce que pour son courage et son intelligence.

http://www.lesinrocks.com/2012/08/22/actualite/maria-alekhina-pussy-riot-je-nai-pas-peur-de-vous-11288149/


Ce procès est exemplaire. Le pouvoir en rougira, et pas qu’une fois, et il en aura honte. Chacune de ses étapes est la quintessence de l’arbitraire. Comment notre démarche, à l’origine une action modeste et plutôt farfelue, s’est-elle muée en cet immense malheur ? Il est évident que, dans une société saine, ce serait impossible. La Russie, en tant qu’Etat, apparaît depuis longtemps comme un organisme rongé par la maladie. Et cet organisme réagit de manière maladive dès qu’on effleure l’un de ses abcès purulents. D’abord il passe longuement cette maladie sous silence. Ensuite, il trouve une solution en dialoguant. Et voici ce qu’il appelle un dialogue. Ce tribunal n’est pas simplement une mascarade grotesque et cruelle, il est le « visage » du dialogue tel qu’il se pratique dans notre pays. Au niveau social, pour aborder un problème par le dialogue, il faut une situation – une motivation. Ce qui est intéressant, c’est que notre situation a été, dès l’origine, dépersonnalisée.
Parce que, lorsque nous parlons de Poutine, ce n’est pas Vladimir Vladimirovitch Poutine que nous avons en vue ; c’est Poutine en tant que système créé par lui-même, cette verticale du pouvoir où pratiquement toute la gestion s’effectue à la main.
Et cette verticale ne prend pas en compte, ne prend absolument pas en compte, l’opinion des masses. Et, c’est ce qui m’inquiète le plus, l’opinion des jeunes générations. Et cela dans tous les domaines.
Dans ce dernier mot, je veux dire ma propre expérience, ma propre confrontation avec ce système. L’éducation, là où commence la formation de la personne sociale, ignore ce qui constitue cette personne. Mépris de l’individu, mépris de l’éducation culturelle, philosophique, mépris des connaissances élémentaires qui font une société civile. Officiellement, toutes ces matières sont au programme. Mais elles sont enseignées sur le modèle soviétique. Résultat : la marginalisation de la culture dans l’esprit de chaque individu, la marginalisation de la réflexion philosophique, et le sexisme érigé en stéréotype. L’homme-citoyen est un idéal balancé au fond du placard.
Toutes les institutions en charge aujourd’hui de l’éducation s’efforcent avant tout d’inculquer aux enfants les principes d’une existence automatique. Sans tenir compte de leur âge et des questions propres à cet âge. Elles inoculent la cruauté et le rejet de toute idée non conformiste. Dès l’enfance, l’homme doit oublier sa liberté.
J’ai une certaine expérience de l’hôpital de jour psychiatrique pour les mineurs. Je peux affirmer que tout adolescent qui, de manière plus ou moins active, fait preuve d’anticonformisme peut être aussitôt interné. Dans ces établissements échouent nombre d’enfants qui viennent d’orphelinats. Oui, dans notre pays, il est normal de placer en hôpital psychiatrique un enfant qui a voulu fuir l’orphelinat. Et de lui administrer des tranquillisants comme l’aminazine, qui était utilisée dans les années 70 pour mater les dissidents soviétiques.
Dans ces établissements, c’est la répression qui est privilégiée et non l’accompagnement psychologique. Le système est basé exclusivement sur la peur et sur la soumission inconditionnelle. Ces enfants deviennent inévitablement des enfants cruels. Beaucoup d’entre eux sont illettrés. Et personne ne fait quoi que ce soit pour y remédier. Bien au contraire. Tout est fait pour briser, tout est fait pour étouffer la moindre aspiration, le moindre désir de progresser. Ici, l’être humain doit se fermer et perdre toute confiance dans le monde.
Voilà ce que je veux dire : une telle conception de l’homme interdit la prise de conscience des libertés individuelles, y compris religieuses, et cela touche toute la population. La conséquence de ce processus, c’est la résignation ontologique, c’est-à-dire la résignation ontique socialisée. Ce passage, ou plutôt cette fracture, est remarquable en ceci que, si on l’examine dans un contexte chrétien, on s’aperçoit que les significations et les symboles se substituent en significations et en symboles exactement inverses. Ainsi, aujourd’hui, la résignation, qui est l’une des catégories essentielles du christianisme, est entendue ontologiquement non plus comme moyen de purifier, d’affermir et de conduire à la libération définitive de l’homme mais, au contraire, comme moyen de l’asservir. On peut dire, en citant Nikolai Berdiaiev : « L’ontologie de la résignation — c’est l’ontologie des esclaves de Dieu, non des enfants de Dieu. »
En ce qui me concerne, c’est quand je me suis lancée dans la lutte écologique pour la forêt de Krasnodar que j’ai pris conscience de la liberté intérieure comme fondement de l’action. Ainsi que de l’importance, et l’importance immédiate de l’action en tant que telle.
Je ne cesse de m’étonner que dans notre pays il faille rassembler plusieurs milliers de personnes pour faire cesser l’arbitraire d’un ou d’une poignée de fonctionnaires.
La réaction de milliers de gens de par le monde à ce procès est en est la preuve éclatante. Nous sommes toutes trois innocentes. Nous sommes innocentes, le monde entier le dit. Le monde entier le dit pendant les concerts, le monde entier le dit sur Internet, le monde entier le dit dans la presse et dans les parlements.
Les premiers mots que le Premier ministre britannique a adressé à notre président n’ont pas concerné les Jeux olympiques mais il lui a demandé : « Pourquoi trois jeunes femmes innocentes sont-elles en prison ? C’est une honte. »
Mais ce qui m’étonne davantage encore, c’est que les gens ne croient pas qu’ils puissent influencer le pouvoir de quelque manière que ce soit. Alors que nous organisions piquets et meetings pour défendre la forêt de Krasnodar, alors justement que je récoltais les signatures pour les pétitions, beaucoup de gens me demandaient, et avec un étonnement tout à fait sincère, qui ça pouvait intéresser… Oui, peut-être, d’accord, c’était la dernière forêt séculaire de Russie, mais qu’est-ce que ça pouvait bien leur faire, cette forêt dans la région de Krasnodar ? Ce bout de terre paumé. C’est vrai, qu’est-ce que ça pouvait leur faire que la femme de notre Premier ministre Dmitri Medvedev ait l’intention d’y faire construire une résidence ? Et de détruire l’unique réserve de genévriers de Russie ?
Voici comment réagissent les gens… Voici encore une preuve que les gens dans notre pays ont cessé de considérer que le territoire appartenait à ses citoyens. Ils ont cessé de se considérer comme des citoyens. Ils se considèrent tout simplement comme des masses automatisées. Ils ne comprennent pas qu’une forêt leur appartient même si elle ne se trouve pas à proximité immédiate de leur domicile. J’en viens même à douter qu’ils aient conscience que leur propre maison leur appartient. Si une excavatrice s’approche de l’entrée de leur immeuble, que l’on demande aux gens d’évacuer les lieux et qu’on leur dise : « Excusez-nous, nous allons démolir votre maison pour y construire la résidence d’un fonctionnaire », ils ramassent leurs affaires, leurs sacs et ils quittent leur maison. Et ils resteront là, dans la rue, en attendant tranquillement que le pouvoir leur dise ce qu’il faut faire. Ils sont absolument amorphes, c’est très triste.
Après plus de six mois passés dans une cellule, j’ai compris que la prison, c’était la Russie en miniature. C’est la même verticale du pouvoir, où le règlement du moindre problème passe par la décision exclusive et directe du chef.
En l’absence d’une répartition horizontale des fonctions et des attributions qui faciliterait considérablement la vie de chacun. En l’absence également de toute initiative individuelle. Ici, c’est le règne de la délation. De la suspicion mutuelle. En prison, de la même façon que dans le reste du pays, tout est basé sur la dépersonnalisation et sur l’assimilation de l’individu à sa fonction. Qu’il s’agisse d’un employé ou d’un détenu. Le règlement sévère de la prison, auquel on s’habitue rapidement, ressemble au règlement de la vie qu’on impose à chacun dès sa naissance. Dans le cadre de ce règlement, les gens commencent à s’attacher aux choses insignifiantes. En prison, c’est par exemple une nappe ou de la vaisselle en plastique qu’on ne peut se procurer qu’avec la permission du chef. Dehors, l’équivalent, c’est le statut social, auquel les gens sont particulièrement attachés. Ce qui m’a toujours beaucoup étonnée.
Il y a aussi quelque chose d’important, c’est le moment où l’on prend conscience de ce régime en tant que spectacle. Qui, dans la réalité, se traduit par le chaos, mettant à nu la désorganisation et la non-optimisation de la majorité des processus. Cela ne favorise pas le bon fonctionnement politique. Au contraire, les gens sont de plus en plus désorientés, y compris dans le temps et dans l’espace. Le citoyen, où qu’il se trouve, ne sait pas où s’adresser pour régler tel ou tel problème. C’est pour ça qu’il s’adresse au chef de la prison. Hors de prison, ce chef s’appelle Poutine.
Nous sommes contre le chaos poutinien qui n’a de régime que le nom. Nous donnons une image composite de ce système où, d’après nous, presque toutes les institutions subissent une mutation, tout en gardant leur apparence extérieure. De ce système qui détruit cette société civile qui nous est si chère. Nos textes, s’ils recourent au style direct, ne réalisent rien directement. Nous considérons cela comme une forme artistique. Mais la motivation, elle, est identique. Notre motivation reste identique dans une expression directe. Cette motivation est très bien exprimée par ces mots de l’Evangile : « Car quiconque demande, reçoit; et qui cherche, trouve ; et à celui qui frappe à la porte, on ouvrira. » Et moi, et nous tous, nous croyons sincèrement qu’on nous ouvrira. Aujourd’hui, hélas, on nous a enfermées. En prison.
C’est très curieux que les autorités, en réagissant à nos actions, ne tiennent absolument pas compte de l’expérience historique passée des manifestations d’hétérodoxie, d’anticonformisme. “La simple honnêteté est perçue dans le meilleur des cas comme de l’héroïsme. Et dans le pire, comme un trouble psychique », écrivait dans les années 70 le dissident Boukovski. Il ne s’est pas écoulé beaucoup de temps et pourtant tout le monde fait comme si la Grande Terreur n’avait jamais existé, ni les tentatives de s’y opposer. Je considère que nous sommes accusées par des gens sans mémoire. Nombre d’entre eux disaient : « Il est possédé du démon, et Il a perdu le sens; pourquoi l’écoutez-vous? » Ces paroles, ce sont les juifs qui ont accusé Jésus Christ de blasphème qui les ont prononcées. Ils disaient : « Nous vous lapidons pour un blasphème » (Jean 10.33).
Il est remarquable que c’est précisément ce verset auquel fait référence l’église orthodoxe russe pour exprimer son avis sur le blasphème. Cet avis est dûment certifié sur un document versé à notre dossier criminel. En émettant cet avis, l’église orthodoxe russe se réfère à l’Evangile comme à une vérité religieuse immuable. L’Evangile n’est plus considéré comme un livre révélé, ce qu’il fut pourtant dès l’origine. L’Evangile est considéré comme un bloc de citations qu’on peut tirer et fourrer où bon vous semble. Dans n’importe quel document et à toute fin utile. Et l’église orthodoxe russe ne tient même pas compte du contexte dans lequel est employé le mot « blasphème ». En l’occurrence, il était appliqué à Jésus Christ.
Je considère que la vérité religieuse ne doit pas rester immobile. Qu’il est indispensable de saisir les voies immanentes pour l’évolution de l’esprit. Que les expériences de l’homme, ses dédoublements, ses fissurations doivent être pris en compte. Qu’il faut avoir vécu toutes ces choses pour se construire. Que c’est uniquement après avoir vécu tout cela que l’homme peut atteindre quelque chose et continuer à avancer. Que la vérité religieuse est un processus, et non un résultat définitif qu’on peut fourrer où bon vous semble. Et toutes ces choses dont j’ai parlé, ces processus, sont pensés par l’art et la philosophie. Y compris par l’art contemporain.
Une situation artistique peut, et se doit selon moi, comporter un conflit intérieur. Et je suis particulièrement irritée par toute cette « soi-disance » qui émaille les paroles de l’accusation lorsqu’elle mentionne l’art contemporain.
Je tiens à remarquer que les mêmes termes ont été employés lors du procès du poète Brodsky. Ses vers étaient désignés comme des « soi-disant » vers, mais les témoins ne les avaient pas lus. Comme une partie des témoins de notre procès, qui n’étaient pas présents lors de notre action, mais qui ont regardé le clip sur Internet. Il est probable que nos excuses soient également présentées par l’esprit généralisateur de l’accusation comme « soi-disant ». C’est une insulte. C’est un préjudice moral. C’est un traumatisme. Parce que nos excuses étaient sincères. Vous n’imaginez pas à quel point je regrette que tant de paroles aient été prononcées et que vous n’ayez toujours rien compris. Ou alors vous rusez, quand vous dites que nos excuses n’étaient pas sincères. Je ne comprends pas ce que vous voudriez encore entendre. Pour moi, c’est ce procès qui est un soi-disant procès.
Et je n’ai pas peur de vous. Je n’ai pas peur du mensonge, je n’ai pas peur de la fiction, je n’ai pas peur de cette mystification mal fagotée, je n’ai pas peur du verdict de ce soi-disant tribunal. Parce que vous ne pouvez me priver que d’une soi-disant liberté. C’est la seule qui existe sur le territoire de la Fédération de Russie. Ma liberté intérieure, personne ne pourra me l’enlever.
Elle vit dans le verbe, elle continuera à vivre quand elle parlera grâce aux milliers de gens qui l’écouteront. Cette liberté continue dans chaque personne qui n’est pas indifférente et qui nous entendent dans ce pays. Dans tous ceux qui ont trouvé en eux les éclats de ces processus, comme autrefois Franz Kafka et Guy Debord. Je crois, que c’est justement l’honnêteté et la puissance de la parole, et la soif de vérité qui nous rendront tous un peu plus libres. Cela, nous le verrons.

Maria Alekhina, 8 août 2012,
traduction Helmut Brent

Écrit par : Nordiste | 24/08/2012

Il y pleins d'allusions christiques dans ce discours.

Meme les dissidents osnt petris de refferences chretiennes...

Écrit par : JÖ | 24/08/2012

je comprends votre point de vue mais on peut faire preuve d'anti-conformisme et même de courage (l'église orthodoxe reste une forme de pouvoir en Russie) sans se comporter de façon indigne (je pense autant au show dans l'église que ces orgies avec des femmes enceintes et ces scènes de zoophilie délirantes qu'ont commis ces refuzniks).

indigne; l'anti-conformisme ne légitime pas n'importe quoi et notamment pas l'insulte. il y a sans doute d'autres moyens de faire passer leur message. d'ailleurs je visais autant les relais occidentaux mal-intentionnés à l'égard de la Russie anti-conformiste (au regard des canons atlantiques) que les pussy riot elle-mêmes.

Écrit par : hoplite | 24/08/2012

Mais il n’y a même pas de message, Hoplite ; s’il y en avait un ce serait celui d’Alex Goldfarb ; du genre : « Putain de sale race ; on les avait mis à sac dans les années 90 ; le pays était en décomposition ; l’aspirateur à or de Wall street aspiait tout le PIB de ce pays ; mes potes pédophiles allaient en week-end à St Pet se payer des orgies avec des chères têtes blondes ; c’est vrai que des thaïlandais on en avait plus que marre….
Et puis d’un coup, le ressort s’est cassé ; les plus malins se sont sauvés en Israël, USA ou en Grande Bretagne ; d’autres croupissent en taule ; et la plupart d’entre nous a du rembourser ; ; y a maldonne ; rendez moi mes jouets ; réveillez moi de ce cauchemar »
Etc ; etc.
Mais Alex Goldfarb se tait ; et en cheville avec le système de déstabilisation et de fabrication de mensonge atlantiste, il passe son temps à inventer de nouvelles astuces pour déstabiliser la Russie.
Les trois connasses ne sachant trop quoi faire entre les partouzes, larcins dans les superettes – faut leur quand même reconnaître l’idée originale de s’enfoncer le poulet dans le vagin ; indétectable – et d’autres conneries du genre étaient plus qu’heureuses d’accepter la proposition d’Alex le bienheureux.
Là, elles sont en taule ; ce n’st que normal.
Tout système judiciaire doit défendre le reste de la société de ce genre de maladie.
La société russe est une société convalescente ; ce genre de calamitées est la preuve que les forces morbides sont toujours là ; et guettent.

Écrit par : Sclavus | 25/08/2012

Interessant ce Alex Goldfarb, je ne connaissait pas, ses liens avec Sorros, etc...

Merci de l'avoir mentionné

Écrit par : JÖ | 25/08/2012

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