02/03/2014
stéréotypophobie
"MAUVAIS GENRE -
Je découvre avec stupéfaction les racines très concrètes de la fumeuse théorie du genre popularisée dans les années 90 aux Etats-Unis par la philosophe Judith Butler qui ne cache pas l’inscription de sa pensée dans la lignée déconstructiviste de Foucault, Deleuze-Guattari et Derrida.
En 1966, les époux Reimer consultent le docteur John Money (1921-2006), sexologue et psychologue néo-zélandais spécialiste de l’hermaphrodisme à l’université américaine Johns Hopkins. Cet homme affirme depuis 1955 que l’identité sexuelle biologique du mâle ou de la femelle ne suffit pas à constituer le genre sexuel du garçon ou de la fille – la thèse cardinale de la Théorie du Genre. Le problème des Reimer ? La circoncision de David pour des raisons médicales, un phimosis, l’un de leurs jumeaux, a raté : la cautérisation électrique a brûlé le pénis, la verge est calcinée.
Le Docteur Money saisit l’occasion pour prouver expérimentalement la validité de ses hypothèses théoriques. Il invite les parents à éduquer David comme une fille. David devient Brenda. Il subit un traitement hormonal. Quatorze mois plus tard, on lui retire les testicules. Elle est habillée en fille, traitée comme telle. A six ans, il semble devenu une fille. John Money publie des articles et des livres pour défendre la théorie du genre avec ce qui est devenu dans la littérature spécialisée « le cas John / Joan ».
Or David/Brenda grandit douloureusement. Sa voix mue à l’adolescence ; il est attiré par les filles. Le médecin veut lui imposer une vaginoplastie ; il refuse. Money contraint les deux jumeaux à simuler des relations sexuelles pour stimuler le désir de David. A treize ans, David menace de se suicider si ses parents continuent à lui imposer les visites à Money. A quinze ans, le jeune homme arrête son traitement hormonal et se fait prescrire de la testostérone. Il subit une mastectomie et deux opérations de phalloplastie. Ses problèmes identitaires le détruisent. Il boit. Il suit un traitement médical pour schizophrénie.
Devant sa détresse ses parents lui révèlent enfin la vérité. Brenda redevient ce qu’il était : David. Il épouse une femme. Mais ne trouve ni la paix, ni la sérénité. Il se suicide en 2002 par une overdose de médicaments. Son frère Brian met fin lui aussi à ses jours en 2004. Silence de Money qui avait publié Homme & Femme, Garçon & Fille en 1972 en racontant l’histoire qui prouvait selon lui la validité de ses hypothèses. Précisons qu’il défendait par ailleurs la pédophilie et stigmatisait l’hétérosexualité comme une convention à déconstruire…
En 1997, Milton Diamond, professeur d’anatomie et de biologie reproductrice de l’université de Hawaï, découvre la falsification et la dénonce. Money réplique et dénonce… une conspiration de l’extrême-droite et des mouvements anti-féministes ! Ses partisans épousent son délire : les vrais souvenirs de David sont présentés comme relevant du « syndrome des faux souvenirs »… Autrement dit : le menteur dit vrai ; l’homme qui dit vrai, ment – mais ne le sait pas ! Effet de l’inconscient… Dénégation du réel une fois de plus chez cet homme qui croyait plus juste ses délires que la réalité qui, si la raison ne l’avait pas déserté, lui prouvait pourtant la nature délirante de ses théories.
Judith Butler fait le tour du monde en défendant ces délires. La presse de la bienpensance française de gauche lui ouvre largement ses colonnes. De la même façon que le réel a montré les erreurs de Marx & de Lénine, de Freud & de Lacan, mais qu’il y a toujours des marxistes & des freudiens, le réel a montré en 2002 que la théorie du genre était une fiction dangereuse, mais quantité de gens souscrivent à cette nouvelle déraison – dont Najat Valaud-Belkacem. Un jour viendra où l’on fera le compte des ravages effectués par cette sidérante idéologie post-moderne. Quand ? Et après quels considérables dommages ?"
La chronique mensuelle de Michel Onfray | N° 106 – Mars 2014
Entretien avec Alain de Benoist sur la théorie... par kontrekulture
12:41 | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : genre, onfray, alain de benoist
Commentaires
A voir également, ce reportage norvégien sur le genre. Ou comment un VRAI journaliste, pas franchement style Manif pour tous, mène une réelle enquete sur le sujet :
http://www.youtube.com/watch?v=PfsJ5pyScPs
Il parait qu'à la suite de ce reportage, le gouvernement norvégien a stoppé toute subvention publique aux études sur le genre.
Écrit par : Dumet | 02/03/2014
"Trouble dans le genre" c'est le livre de Butler qui mets en place ces "theories" radicales, or Butler est revenue dessus ("Le jour j'etais marxiste, le soir j'allais dans les bars de transexuels...").
Donc meme Butler a renié la base de cette théorie fumeuse, mais certains continuent de la reprendre.
Totalement bidon.
Écrit par : JÖ | 02/03/2014
Je ne connaissait pas l'histoire de ce Mr Money (ça ne s'invente pas, pour ceux qui aiment fouiller la merde faudrait voire de ce coté là aussi..) On pourrait croire cette theorie du genre tellement fumeuse qu'elle est issue d'un cerveau totalement hydroponique et qu'elle n'a donc jamais dépassé le stade d'une these universitaire poussiéreuse que personne n'a jamais lue. Mais non. Elle est donc passé à la pratique, façon Frankenstein. Et le plus hallucinant, c'est qu'une autre bande de taré mental reprennent le truc 20 ans plus tard, malgré le désastre avéré, et le resserve meme pas réchauffé... Il faut vraiment etre un franc mac socialiste pour en arriver là. Ces gens là rendront des comptes.
Fascinant de voire l'emprise d'une ideologie, d'une certitude où les racines se trouvent dans l'orgueil, sur la conscience. Notre époque est si totalement dégénérée, à atteint un point si avancé du terminus de son histoire, qu'il est facile de multiplier ses exemples où l'absurde vous saute à la figure, où l'evidence vous prends au tripes mais ça ne suffit pas, ils diront encore la tete planté dans le parpaing qu'il n'y a pas de mur.
Écrit par : johny Walker | 04/03/2014
"Donc meme Butler a renié la base de cette théorie fumeuse, mais certains continuent de la reprendre.
Totalement bidon."
oui. mais nos libéraux de gauches n'ont pas suivi..
Écrit par : hoplite | 04/03/2014
JW, allez fouiller également du côté du rapport Kinsey, sommité de l'Amérique des années 70, lui aussi largement à l'origine des "gender studies" et largement bidonné par son auteur, homosexuel et SM, trés influencé par ses quelques potes pédophiles et mort les couilles arrachées...marion Sigaut en parle ici:+++
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Marion-Sigaut-sur-la-revolution-sexuelle-et-la-pedophilie-23666.html
Écrit par : hoplite | 04/03/2014
Quelques remarques :
- Le norvégien Harald Eia N'est PAS journaliste, mais acteur et scénariste. C'est la première tromperie d’une longue série de ce fameux "documentaire" repris à tort et à travers sur le net.
- Le professeur Baron-Cohen n’invoque le rôle de la testostérone fœtale que dans le cadre bien spécifique de son domaine de recherche : l’autisme, à partir du constat de la prévalence plus importante de ce trouble du développement chez les garçons que chez les filles.
- L’expérience du même Baron-Cohen sur le prétendu attrait naturel des bébés mâles pour les objets mécaniques et des bébés femelles pour les visages a été largement discutée au sein de la communauté scientifique et jamais répliquée, tandis qu’elle a reçu moult contradictions expérimentales. L’intéressé lui-même le reconnaît.
- Judith Butler est une philosophe et à ce titre, sa pensée évolue. Elle n’est pas "revenue" sur les thèses développées dans son désormais célèbre "Trouble dans le genre" (1990), elle les a expliquées et précisées. Au passage et pour répondre à Alain de Benoist, Judith Butler ne nie absolument pas les différences biologiques entre hommes et femmes, ni n’affirme que le genre se construirait "à partir de rien" (on lira fort à propos son ouvrage explicitement intitulé "Ces corps qui comptent : De la matérialité et des limites discursives du sexe", 1993), elle a en revanche l’outrecuidance de se demander comment s’élaborent les significations du corps humain pour chaque individu, bref, comment se constitue le genre – en particulier à partir de quelles normes et représentations, qui sont autant de "découpages" du corps vécu.
- Michel Onfray, lui, est le maître des reniements intellectuels, suivant l’air du temps et surtout la vitesse du vent populaire, puisqu’il objectait à un Nicolas Sarkozy alors candidat à la présidentielle (in "Philosophie magazine" du 27/03/2007) : "Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons." Najat Vallaud-Belkacem n'aurait pas dit mieux.
Écrit par : Agg | 04/03/2014
merci pour ces précisions érudites, Agg.
Que pensez-vous, donc, de la validité des travaux de Money ou Kinsey? et de la façon dont l'Occident post-moderne s'en saisit depuis 30 ans ou plus?
Écrit par : hoplite | 04/03/2014
la réponse sur votre blog, donc^^
Écrit par : hoplite | 04/03/2014
"allez fouiller également du côté du rapport Kinsey, sommité de l'Amérique des années 70, lui aussi largement à l'origine des "gender studies" et largement bidonné par son auteur, homosexuel et SM, trés influencé par ses quelques potes pédophiles et mort les couilles arrachées..." Miam..... J'ai la digestion difficile avec votre premiere histoire de Mr Money, je sais pas si je vais y courire tout de suite.
Et puis tiens! j'avais meme pas remarquer que dans l'experience meme de ce "Scientifique" Mr money, il y a une abération qui montre l'ineptie de son idéologie puisque il impose à son sujet-cobaye "un traitement hormonal lourd à base d’œstrogènes (ce qui fut fait)" (Wikipedia). Si le genre est un acquis pourquoi imposer de maniere artificiel un "inné" biologique (les hormones). Bon, je suis un plouc, j'y connais rien... Allez je retourne à mon béton.
Écrit par : johny Walker | 04/03/2014
@hoplite
>> Tout d'abord merci de m'accorder cette modeste tribune. Vos questions me semblent tout à fait pertinentes et si vous me le permettez, j'aimerais y répondre, même si j’ai en effet déjà abordé ce sujet sur mon blog.
- On peut condamner Money pour ce qu’il a fait à David Reimer sans pour autant mettre la totalité de ses travaux aux oubliettes et jeter le discrédit sur l’ensemble des études de genre. Ou alors, il faut rejeter de même et à plus forte raison les travaux de physique atomique au prétexte des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki.
- Money a commis une faute terrible en tentant d’imposer à Reimer une identité sexuée et sexuelle arbitraire, mais cela existe encore aujourd’hui, dans les cas de transsexualisme, avec des médecins qui, à l’inverse, refusent d’opérer des individus dont le genre contredit le sexe biologique. Les conséquences de ces refus ne sont pas moins tragiques pour les personnes concernées.
- Sur la question de la validité, cela mériterait un ouvrage entier, mais pour vous la faire courte, je ne vois personnellement aucun problème à ce qu'on critique les travaux de Money ou de Kinsey, dans la mesure où c'est le principe de la méthodologie scientifique et à partir du moment où on le fait loyalement. Par exemple, Money défendait une conception normative du genre qui n'est pas celle mise en évidence par les chercheurs de ce domaine depuis lors. De même, Kinsey avait un parti pris en faveur de l'homosexualité qui l'a amené à biaiser ses recherches. Ca ne veut pas dire pour autant que l'un et l'autre avaient tort sur tous les sujets qu'ils ont abordés.
- En parlant d'un "Occident post-moderne", vous faites comme si on avait affaire à un bloc monolithique, alors qu'en réalité l'Occident est aujourd'hui traversé par de nombreuses tendances concurrentes. S'il existe en effet un courant post-moderne, avec sa logique de déconstruction, il existe également un courant biologisant, avec sa logique essentialiste, qui constitue à mon humble avis une menace beaucoup plus réelle pour l'humanité : pendant que tout le monde fustige les études de genre, personne ne regarde du côté des neurosciences, dont les applications concrètes existent déjà, sans surprise au service du Marché (neuromarketing, par exemple).
@johny Walker
>> 1) On attend toujours la preuve scientifique d'un lien de causalité entre sexe biologique et genre. Les "garçons manqués", les garçons hypersensibles, les métrosexuels, les homosexuels, les lesbiennes, les travestis et autres transgenres contredisent dramatiquement cette hypothèse : un paquet d'"exceptions" à considérer pour Alain de Benoist. 2) A preuve du contraire, on parvient difficilement à faire pousser des seins par la seule force de l'esprit, d'où le traitement hormonal. Cela n'invalide en rien le concept de genre comme identité sexuée et sexuelle, comportements et rôles sociaux construits par l'individu dans le cadre de ses interactions avec l'environnement, au contraire : malgré les dosses massives d'œstrogènes injectées à Reimer, ce dernier s'est toujours senti garçon. Et à l'adolescence, il a pris de la testostérone et subi des opérations pour retrouver un corps conforme au genre qu'il éprouvait profondément.
Écrit par : Agg | 04/03/2014
" Judith Butler est une philosophe" certes qui elabore des theories...philosophiques ou scientifiques ?
Enseignées où donc ?
En philo au lycée ou a des gamins de primaire (Il y a de la philo pour les gamins de première ?)
Elle ne renie rien mais "explique", ok...
Écrit par : JÖ | 05/03/2014
"un paquet d'"exceptions" à considérer pour Alain de Benoist."
En quantité ? A partir de quand l'exception permet elle de contester la norme.
Pour d'ailleurs en etablir une autre...
Écrit par : JÖ | 05/03/2014
@JÖ
- Je ne sache pas que Judith Butler ait jamais revendiqué la scientificité de ses thèses, au sens en tout cas d’une démarche expérimentale (au passage, même la science la plus "dure" repose sur un ensemble de postulats philosophiques sans lequel elle ne pourrait s’exercer). Par ailleurs, je rappellerais qu’il est fallacieux de parler de "théorie du genre", comme si on avait affaire à quelque chose d’unitaire. Ce qui existe, ce sont des études de genre, réalisées dans différents domaines, de la philosophie à la biologie en passant par l’histoire et la psychologie. Mais je conçois que Butler, en tant que femme, intellectuelle, juive et lesbienne, constitue une cible de choix pour quelques tristes sires.
- Les thèses de Judith Butler sont enseignées dans les universités du monde entier, dans diverses disciplines. Le dispositif pédagogique proposé par le gouvernement socialiste – et initié par l’UMP en la personne de Luc Chatel – n’a pas de rapport immédiat avec les thèses de Butler, mais consiste bien modestement en une volonté d’enseigner aux nouvelles générations le principe d’égalité entre les individus indépendamment de leur sexe biologique, de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Je pense qu’on peut saluer cet effort politique sans être taxé de gauchiste, ou pire encore.
- Judith Butler explique, oui, précise, évolue dans sa pensée comme c’est l’usage en philosophie. Il ne me semble pas qu’Alain de Benoist tienne le même discours aujourd’hui qu’à la grande époque de la Nouvelle Droite.
- Encore faudrait-il définir ce que vous entendez par "norme" : c’est quoi être un homme ou une femme, pour vous ? Tout le problème est là : qu’il y ait deux sexes biologiques différents, personne ne le nie. Mais que ces deux sexes biologiques renvoient à des comportements individuels et par suite à des rôles sociaux bien distincts et gravés dans le marbre naturel, voilà qui peut légitimement être sujet à caution et mériter un examen rationnel. Evidemment, ça a parfois des conséquences fâcheuses : impossible pour moi désormais d’expliquer à ma compagne qu’elle doit faire la vaisselle parce qu’elle a un vagin. Quelle salope, cette Butler.
Écrit par : Agg | 05/03/2014
"L’expérience (...) sur le prétendu attrait naturel des bébés mâles pour les objets mécaniques et des bébés femelles pour les visages a été largement discutée au sein de la communauté scientifique"
Pour rester au niveau antropologique et vous agacer un peu, voici un article intéressant sur les primates femelles qui jouent à la poupée.
http://news.nationalgeographic.com/news/2010/09/101220-chimpanzees-play-nature-nurture-science-animals-evolution/
"Le dispositif pédagogique proposé par le gouvernement (...) consiste bien modestement en une volonté d’enseigner aux nouvelles générations le principe d’égalité entre les individus indépendamment de leur sexe biologique"
voilà un mensonge bien grossier et bien visible. Pourquoi, si c'était seulement l'égalité homme-femme qui était visée, pourquoi recommander un livre comme "papa porte une robe" ?
"(...) que ces deux sexes biologiques renvoient à des comportements individuels et par suite à des rôles sociaux bien distincts et gravés dans le marbre naturel, voilà qui peut légitimement être sujet à caution et mériter un examen rationnel. "
Le mot "naturel" vous êtes le seul à l'utiliser dans ce fil de discussion. Il y aurait donc les andouilles qui croient à la "Nature" immuable ("le marbre naturel" dites-vous) et les esprits forts (vous) qui savent que tout est possible dès lors que cela existe ou a existé dans la culture.
D'abord : Il me semble à moi qui possède un chien que la différence nature-culture n'est pas pertinente. C'est un truc du 18ème siècle. Un truc pour la Philo au Bac à la rigueur. Voyez : Je sais que ça va être super difficile à entendre mais dans un chien, dans sa "nature", son corps donc, la culture (par selection, par choix) a incorporé des habitus autrement dit a donné au chien des caractéristiques morpho-psychologiques héritées (son naturel). Quand vous voyez uen jolie femme ou un homme - au naturel - elle/il est le résultat de milliers de choix générationnels. Je glisse vite sur ce chapitre vous le comprendrez car je sais que c'est dangereux aujourd'hui.
mais ensuite :
Qu'une figure soit le résultat d'une médiation historique, l'aboutissement d'un processus culturel, plus clairement dit si vous voulez : qu'un truc soit "artificiel" et bien... ça ne suffit pas à le vouer à la nullité. Même la mortalité, la caducité, le côté passager, voire fugitif d'un truc ne lui ôte en rien son "éternité", sa valeur essentielle, sa nécessité.
Un machin comme l'opéra par exemple - vous aimez l'opéra ? - bon et bien c'est tout à fait marqué historiquement. Il faut du temps pour pouvoir écouter, aimer. Un jour ce sera probablement inaudible. Et bien, vous ne trouverez pas un seul truc "naturel" qu'un prélude de Wagner ne puisse "challenger". Et j'ai pris une oeuvre d'art mais ça marche aussi pour un beau geste, un acte de courage ou d'élégance, etc.
Admettons que la distinction homme-femme soit artificielle (j'ai dit admettons)... et bien c'est comme l'opéra donc, comme l'architecture de Rome ou comme une cantate de Bach et alors... ça vaut rien ? Artificiel et alors ?
Je garde l'artifice et je vous laisse exiger du "naturel".
enfin bon... vous nous bullshitez avec un débat sur "la nature" qui n'a pas lieu d'être, l'enjeu n'est pas là de toutes façons. Il s'agit d'évaluer et de choisir. De ne pas se faire imposer ce dont on ne veut pas. Admettons que les pingouins s'enculent. C'est naturel. Eh ! Que m'importe ! Les virus aussi c'est naturel.
"impossible pour moi désormais d’expliquer à ma compagne qu’elle doit faire la vaisselle parce qu’elle a un vagin."
Voici maintenant un procédé bien malhonnête. La vaisselle (disons l'égalité en ménage) est-ce là le seul et ultime enjeu de ce débat vraiment ? Sans même parler des enjeu psychanalytiques, ne serait-ce pas plutôt - avec la GPA-PMA - la menace d'une négation pure et simple des liens et solidarités génétiques (familiaux mais aussi maternels). La solitude absolue du sujet désormais sans lignée dans son rapport à l'Etat tout puissant ?
Mais même à en rester à ces "inégalités" (horreur, quel mot moderne !). La vaisselle est-ce là vraiment la place que la civilisation européene à depuis toujours donné à la femme ? Combien de figure d'Héroïnes, d'antigone à Lakme, Turandot, Dalila, etc ? Combien de poetesse, de reines ou d'impératrices ?
Je lisais dans un article récent, article d'une presse évidemment imbécile qu'on célébrait une femme qui cette année passait... la licence de pilote d'avion ! Enfin j'ai pensé - je suis de gauche voyez vous - en voilà une qui échappera à la vaisselle. La Baronne de Laroche ou Hanna Reitsch vont être contentes...
Écrit par : Dia | 05/03/2014
@Dia
- Je ne vois pas pourquoi votre article "anthropologique" m'agacerait. D'abord parce que, comme je l'ai expliqué plus haut, personne, pas même la terrible Judith Butler, ne nie l'existence de différences biologiques entre les sexes. Ensuite parce qu'à preuve du contraire, un chimpanzé n'a jamais écrit d'opéra bien qu'il partage 96% de nos gènes, ce qui me permet de conjecturer, sans trop prendre de risques, que que les 4% restants font une sacrée différence, en admettant bien sûr un instant le postulat selon lequel la génétique déterminerait tout chez le chimpanzé comme chez l'homme (heureusement, l'auteur de l'article réinvente la poudre en nous expliquant que la vérité se situerait dans un subtil mélange entre génétique et environnement). Enfin parce que sur ce point je rappelais seulement la réalité scientifique de cette expérience de Baron-Cohen que les réactionnaires mettent à toutes les sauces sans vérifier leurs sources.
- Le livre "Papa porte une robe" raconte l’histoire d’un père boxeur qui à la suite d’un mauvais coup range ses gants au placard et décide d’exercer le métier de danseur. Dans ce cadre, oui, il se maquille et porte une robe, oubliant parfois d’enlever sa tenue lorsqu’il rentre chez lui, ce qui ne manque pas d’engendrer des moqueries que son fils vit mal. Tout s’arrange lorsque le vilain travelo sauve un chat, devenant ainsi le héros du village, enfin accepté malgré sa "différence". Ce petit conte est une excellente manière d'introduire la notion de genre auprès des enfants : on peut se travestir et n'en être pas moins homme et père, digne de respect. Dans un autre style, vous avez "Madame Irma", de et avec Didier Bourdon, que la France entière a vu : les Inconnus, précurseurs des études de genre ? Gageons que les jeunes spectateurs ne soient pas devenus travestis, ou pire !
- Sophisme de l'homme de paille et pensée dichotomique : je n'ai jamais dit que tout était possible, j'ai même expliqué le contraire en évoquant le cas Reimer. Le genre, ce n'est justement pas ce "tout est culturel" auquel d'aucuns, généralement adeptes du biologisme, ne vous en déplaise, voudraient faire croire. Je suis ravi de constater que vous n'êtes pas une andouille, mais pourquoi ne pas répandre votre bonne parole auprès des personnes concernées ? Comme par exemple Alain de Benoist qui, si je ne m'abuse, explique clairement dans la vidéo relayée par hoplite que oui, bon, d'accord, il y a des variations culturelles, m'enfin, quand même, au final, il y a le bleu et le rose, tel que démontré par de multiples "études empiriques" - dont il se garde évidemment bien de donner les références.
- Que ne voulez-vous pas qu'on vous impose, exactement ? Si vous pouviez être plus explicite, je vous en saurais gré, parce que là, je me suis perdu dans votre étrange ménagerie où un chien bâtard aboyait au son de Wagner devant un reportage sur des pingouins devenus sodomites après contamination par une nouvelle souche de virus.
- Mon exemple de la vaisselle était un trait d'humour pour faire comprendre la différence entre sexe biologique et genre : ça ne vous a pas fait rire, tant pis. Sinon, j'aime beaucoup votre vision romantique des "liens et solidarités génétiques" : je vous invite vraiment à vous informer sur la réalité des familles de l'Antiquité jusqu'à nos jours pour constater que les liens du sang sont loin de constituer un garde-fou contre tout un tas de saloperies. Ca ne veut pas dire qu'il faut les détruire – d'ailleurs personne ne le propose – mais ça veut dire qu'il ne faut pas tout confondre, comme par exemple, puisque vous causez psychanalyse, génitalité et sexualité ou encore parenté et parentalité... Quant à la "civilisation européenne", je ne crois pas en avoir fait le procès. En revanche, j'ai beau fouiller dans mes souvenirs, je ne retrouve pas de moment où, à l'école notamment, les grandes figures féminines de l'Histoire que vous évoquez m'auraient été présentées : Alzheimer, sans doute. Quant aux inégalités salariales, aux violences conjugales, aux viols, aux mariages forcés, aux excisions, à la prostitution, tout ça relève très certainement de la "domination féminine" (© "Léon Durandal" : http://www.aimeles.net/) qui gangrène notre société.
Je ne pourrai pas répondre avant demain, alors ne vous excitez pas trop. Bonne journée tout de même !
Écrit par : Agg | 05/03/2014
@Agg
merci de votre réponse courtoise. C'est rare.
Je ne défendrait pas AdB dont je ne suis pas un grand fan.
"Que ne voulez-vous pas qu'on vous impose, exactement ?"
Je crois que la société exprime clairement ce qu'elle veut vivre et comment elle veut le vivre dans son ethique (laquelle évolue à son rythme). je ne pense pas qu'il appartient aux bureaucrates de "forcer" l'éthicité (lois, coutumes, etc). En fait je ne pense pas qu'ils en aient le droit.
"j'aime beaucoup votre vision romantique des "liens et solidarités génétiques" : je vous invite vraiment à vous informer sur la réalité des familles"
L'argument porte, il faut répondre. La familles et les solidarités "organiques" ou communautaires sont un garde-fou contre le monstre froid qu'est l'État c'est certain et ça me suffit. C'est évidemment pour cette raison que les bureaucrates utopistes s'emploient à détruire toutes les solidarités traditionnelles. Elles font une limite terriblement efficace aux délires étatistes. C'est vrai aussi de la "virilité" et les obligations d'honneur aujourd'hui ridiculisées. Ces choses même sous leurs formes pathologiques de vendetta villageoise ou d'amok me semblent des blagues potaches en comparaison du mal que l'État totalitaire sait et toujours va faire.
"Ca ne veut pas dire qu'il faut les détruire – d'ailleurs personne ne le propose"
Ah bon ? Vraiment ? personne ne le propose ?
question de sensibilité vraiment.
"mais ça veut dire qu'il ne faut pas tout confondre, comme par exemple (...) parenté et parentalité..."
je n'entends pas le mot "parentalité". En fait je crois pas que ce mot existe. À mon avis ça ne veut rien dire. Vraiment.
"Quant aux inégalités salariales, aux violences conjugales, aux viols, aux mariages forcés, aux excisions, à la prostitution"
Oh la ! On vous sent motivée là. Il y aurait beaucoup à dire. Sur les inégalités salariales par exemple. Il faudrait se livrer à un travail critique et par exemple comparer les fameuses inegalités salariales dans la fonction publique où elles ne laissent pas d'exister en dépit de grille salariale strictement égalitaire ! Pourquoi comment ?
Sur les violences conjugales, il faudrait reprendre les statistiques en GB ou au Canada ou l'on enregistre aussi les violences psychologiques vous seriez surprise de voir la proportion égale entre les deux sexes. On ajouterait le taux de suicide évidemment majoritairement masculin. L'esperance de vie comparée rapporté aux dépenses médicales, etc. Moi j'ajouterais volontiers l'hyperféminisation des métiers d'encadrement social (enseignant, juge) et la répartition entre les sexes de l'usage du Ritalin dans les pays qui l'emploient.
En fait désolé mais je crois que ... disons que ce truc des femmes victimes en occident, c'est juste du bidon. Un énième truc de cathos pour battre sa coulpe en fait. De la galanterie outrée ? Du bidon anyway.
Écrit par : Dia | 05/03/2014
" impossible pour moi désormais d’expliquer à ma compagne qu’elle doit faire la vaisselle parce qu’elle a un vagin. Quelle salope, cette Butler."
Moi ce qui m'amuse dans cette phrase c'est le "desormais".
Effectivement vous etiez peut etre atteint d'Alzheimer a l'ecole et ailleurs pour cette histoire de "grandes figures"...
"une volonté d’enseigner aux nouvelles générations le principe d’égalité-EN DROITS, je suppose...- entre les individus "
Avant de faire de la politique, il s'agirait d'apprendre a lire et a compter.
L'age a laquel on enseigne ce genre de choses est a tenir en compte.
"Quant aux inégalités salariales, aux violences conjugales, aux viols, aux mariages forcés, aux excisions, à la prostitution, tout ça relève très certainement de la "domination féminine""
Certes, donc on va apprendre le manifeste du SCUM de Valerie Solanas a l'ecole (A des gamins de 5 ans, ca sera encore mieux...), vu que tous ces problemes sont liés a la "nature masculine et a sa domination sur la societé".
("L'excision" ? Attention terrain glissant et discriminant...)
On en reste a une diversion societale de toute facon, et puis ces histoires de droits et d'egalité sont la motivation profonde de ceux qui en encouragent la promotion en sous-main.
On peut etre sur que si Microsoft ou Goldman Sachs etaient pour le "mariage pour tous", c'etait pour defendre le droit et l'egalité...
Écrit par : JÖ | 05/03/2014
L'impression que tout se contredit dans cette histoire de genre.
Le cas extrême du transsexuel souhaitant changer de corps n'est il pas la preuve que les deux sont liés ?
Comment peut on dénoncer une société normative et dans le même temps être obligé de prendre les enfants au berceau pour leur apprendre à relativiser ce qui semblait une évidence pour eux ?
Écrit par : Cotuatos | 05/03/2014
Le trait dominant du libéralisme "philosophique", c'est le refus de toute transcendance, le placement de l'individu (concept fallacieux : montrez-moi quelqu'un qui n'est pas divisé intérieurement ; la personne, étymologiquement, n'est qu'un "masque") au centre du monde conçu comme simple matière à dominer.
Dès lors, tout est permis, comme disait Dostoïevski en évoquant l'hypothèse de l'inexistence de Dieu.
Tout est permis, au point que n'importe quelle lubie doit pouvoir trouver son incarnation concrète, sans frein, sans entrave et sans limite.
Un garçon efféminé souhaite-t-il devenir physiquement la parodie d'une femme, il faut donc, impérativement, qu'on l'opère, entendez-vous ? Parce que selon la religion libérale (libertaire, mais en fait c'est une seule et même idéologie), c'est son droit, faut qu'il se réalise en forme de femme, le pauvre chaton.
Surtout ne dites pas que la réalité médicale, c'est que même si on lui gonfle les seins, il ne pourra jamais allaiter, que même si on lui coupe les parties et qu'on lui bricole une chatte, il n'aura jamais de clitoris ni d'utérus, ne pourra donc jamais ressentir de plaisir sexuel féminin ni enfanter... Intolérance que tout cela, obscurantisme, la science peut tout, entendez-vous ? Vous n'êtes donc pas un fidèle de la religion du Progrès ?
On est là à un cheveu du transhumanisme, autre volet à la mode du libéralisme "philosophique".
Et il faut que le catéchisme libéral, puisqu'il s'agit bel et bien de religion, soit enseigné dès le plus jeune âge, à l'école. Le tout étant promu par le lobby LGBT, d'ailleurs invité à venir dans les classes faire la promo de ses délires ultra-minoritaires.
Tout cela, nous disent les savants raisonneurs libéraux, c'est une affaire de droit. Droit à la nuance, à la distinction, à la fine appréciation du genre, à l'enculage de mouches avec le petit doigt du petit doigt. Droit de l'enfant à... bla bla bla. En réalité, surtout droit à l'enfant pour les homos et les pédos, oui !
Et si, en réalité, tout cela ne faisait que traduire et trahir le néant ontologique abyssal de l'idéologie (je ne peux me résoudre à dire "philosophie", désolé : étymologiquement, la philosophie, c'est l'amour de la sagesse, pas un conceptualisme négateur de la réalité), de l'idéologie libérale, dis-je, qui est à la base de tout cet invraisemblable bastringue ? Nier toute transcendance, ou déformer l'idée de Dieu pour qu'elle colle à la mentalité marchande, ou encore nier la valeur des traditions ancestrales, finit par revenir à nier la mort. Par peur de celle-ci, évidemment, mais tout de même.
Pour en revenir au "genre", qu'il y ait de multiples degrés de virilité et de féminité, c'est indéniable ; mais de là à vouloir déconstruire dès l'enfance tous les repères hétérosexuels très largement majoritaires, c'est simplement un abus de ces "études", fait par une minorité de fanatiques prosélytes de leur propre sexualité atypique, voire criminelle.
Si les "études de genre", malgré leur part de pertinence factuelle, doivent servir à cela, autant les supprimer, autant laisser souffrir de manque les petits pédés, les petites gouines, les petits "trans", les petits pédomanes en puissance, qui souffriront de toute façon quoi qu'il leur arrive parce qu'exister, c'est souffrir mais aussi, parce que les solutions que leur propose le libéralisme libertaire sont des mensonges. Rien à foutre, qu'ils s'en passent comme ils s'en sont toujours passés. C'est la loi de la vie, l'intérêt collectif et le bien commun doivent primer, point barre.
Le libéralisme "philosophique" nie toute transcendance (sauf à sa sauce matérialiste, ce qui revient au même), affirme le libre-arbitre comme un absolu, considère le monde tel une matière plastique entre les mains d'un "Homme" fantasmé comme dominant ? Eh bien, qu'il prouve la pertinence de cette foi. Qu'il transforme donc le monde, et les êtres humains, comme il croit pouvoir le faire. On voit déjà bien à quel paradis orwello-huxleyien cela nous destine.
Tout enfant (ou grand enfant, c'est pareil : http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2012/09/08/la-science-de-camille-flammarion.html ) doué d'un minimum de sensibilité et d'intelligence, perçoit aisément que l'univers qui l'entoure est une chose tellement merveilleuse, qu'il est impossible de concevoir l'homme autrement que comme un apprenti, un élève tentant jusqu'à sa mort de déchiffrer "le grand livre de la Nature" où tout est dit...
Prétendre s'élever au-dessus des lois naturelles (que, suprême cuistrerie, le libéralisme parodie en parlant d'"Ordre naturel" dans un tout autre sens), c'est se prendre pour la divinité. Divinité, que l'homme porte peut-être en lui, mais qui n'est certainement pas à chercher dans le travestissement obsessionnel de la matière périssable.
Toutes ces fadaises libérales sont donc inéluctablement vouées à l'échec. Il suffit de voir ce que les tentatives de transposition dans le réel de ces fumisteries ont fait de notre monde, même le plus forcené des anti-écologistes est forcé de le reconnaître. Reste à se demander jusqu'où l'utopie matérialisme-progrès-croissance va nous entraîner et si nous y survivrons.
Écrit par : Boreas | 05/03/2014
Ce qui m'amuse c'est surtout le "transhumanisme" vu comme un objet emancipateur.
Encore une fois le moteur n'est jamais "l'efficacité" industrielle ou militaire, quitte a bricoler la genetique, la psychologie, la norme etc...C'est toujours "liberer", "les droits individuels".
Fabriquer des supersoldats, controler les naissances, manipuler le comportement, que ce soit clairement enoncé.
(Mais là evidement, c'est autre chose que de fustiger le macho qui veut envoyer memère a la vaisselle)
Mais qu'on arrete de nous prendre pour des cons.
Écrit par : JÖ | 05/03/2014
JÖ
Oui. Orwell, "la liberté c'est l'esclavage".
Schizophrénie libérale inassumable.
Écrit par : Boreas | 05/03/2014
Boréas
"voilà un mensonge bien grossier et bien visible. Pourquoi, si c'était seulement l'égalité homme-femme qui était visée, pourquoi recommander un livre comme "papa porte une robe" ?"
Mais c'est pourtant vrai que "papa porte une robe" si ce petit livre bien innocent s'adresse à des enfants du 9-3 ou des kartchiés !
Pas de stigmatisation !
C'est juste pour valoriser la culture d'origine, on te dit.
Rien à voir avec la théorie du genre.
Écrit par : Carine | 05/03/2014
Un petit detail: " Dans ce cadre, oui, il se maquille et porte une robe, oubliant parfois d’enlever sa tenue lorsqu’il rentre chez lui"
Et bien moi j'ai connu un danseur qui n'a jamais porté de robe et etait plutot "viril" au contraire (meme si ca n'est pas vraiment la norme dans ce milieu, les danseurs hommes sont tres recherchés, et lui en grand costaud, avait un franc succès et etait tres demandé !), j'avoue que là c'est du cliché integral.
Depuis quand oun homme doit porter une robe pour faire de la danse ?
(Le maquillage encore, ca depends evidement du spectacle, mais la danse n'implique pas le travestissement !)
C'est quand meme amusant de colporter des clichés pour lutter contre les clichés !
N'importe quoi...
(Mais bon c'est un detail)
Écrit par : JÖ | 05/03/2014
@Dia
- Pour moi, la ‘société’ n’existe pas, au sens d'un tout monolithique. Ce qui existe, ce sont des individus aux aspirations, morales, coutumes, etc. diverses et variées et dont il s’agit de réguler les actes pour que les droits de chacun soient respectés. A partir du moment où vous posez l’existence d’une ‘société’ qui aurait telles ou telles modalités normatives, alors vous forcez tous les individus qui ne partagent pas ces modalités particulières à s’y conformer.
- Ce que vous appelez "solidarité traditionnelle", moi j’appelle ça du communautarisme, qui est le plus sûr moyen de fragiliser un Etat de droit, par des rivalités identitaires entre groupes d’individus, le plus souvent au prétexte de la race ou de la religion : il me semble que nous sommes en plein dedans aujourd’hui. En outre, je crains que vous n’idéalisiez grandement la prétendue solidarité au sein d’une communauté : dans mon expérience (pour compter parmi mes amis plusieurs personnes de confession musulmane), l’aide proposée constitue un moyen indirect de contrôle de l’individu, histoire de vérifier qu’il ne dévie pas de la norme implicite ou explicite fixée par le groupe. Quant au risque de totalitarisme, je crois que la meilleure manière de s’en préserver est d’augmenter, au lieu de restreindre, le pouvoir social des individus, qui commence avec le respect de leurs droits.
- Déconstruire ne signifie pas détruire, mais bien plus simplement montrer ce qui, dans notre appréhension spontanée des phénomènes, relève en réalité de représentations, de constructions, permettant de gagner en compréhension et par là, en liberté. Dans le cas des études de genre, ça ne vaut d'ailleurs pas que pour les femmes et les LGBT, mais également pour les hommes.
- Le terme de "parentalité" est un néologisme désignant la fonction parentale. Il a l’avantage – entre autres, bien que ce ne soit pas sa visée première – de ne pas confondre le fait d’être parent avec le fait d’être géniteur, réalité empirique qui ne date pas d’hier, puisque bien avant la famille nucléaire dite ‘traditionnelle’ et défendue aujourd’hui par les conservateurs, il y avait une famille élargie, où l’enfant n’était pas spécialement élevé par ses géniteurs, mais bien plutôt par l’ensemble des membres du clan... sans parler de tous les bâtards fruits de quelques turpitudes et élevés comme des enfants légitimes.
- Sur les inégalités salariales et les violences conjugales, si ça vous intéresse, j’apporte quelques éléments de réponse, études à l’appui, dans un billet que j’ai consacré à la vidéo de Yann Carrière, présumé "docteur en psychologie" qui n’a semble-t-il jamais publié le moindre article scientifique – mais je suppose qu’on a les experts qu’on mérite. Une remarque sur les violences psychologiques : pour moi, c’est un concept fortement sujet à caution car dépendant de l’interprétation des individus, subjective par définition. Même punition pour la figure psychanalytique du "pervers narcissique" qui connaît un grand succès populaire, bien qu’elle ne soit que le dévoiement d’une proposition théorique (Racamier, 1986) qui n’a elle-même jamais reçu le plus petit commencement de preuves cliniques. Enfin, je note avec quelque amusement que vous n’hésitez pas à accorder l'égalité aux femmes... quand il s'agit de celle de nuisance.
@JÖ
- Ravi que mon "desormais" vous amuse, puisque c’était le but : montrer que les relations entre les hommes et les femmes sont largement tributaires des représentations de genre qui dominent à une époque donnée, en un lieu donné.
- Sur les grandes figures féminines de l’Histoire, je n’ai fait qu’énoncer un constat : ce n’est pas à l’école que je les ai découvertes, mais par mes lectures personnelles.
- L’intégration du principe d’égalité de droits commence avec le respect de chaque individu indépendamment de ses particularismes. Si en effet on ne peut pas faire de politique au primaire, on peut en revanche éduquer les nouvelles générations dans le sens de ce respect. Ca n’empêche pas d’apprendre à lire, écrire et compter.
- Si le mariage homosexuel et l’ABCD de l’égalité constituent une "diversion sociétale", le moins qu’on puisse dire, c’est que ça marche au-delà de toute espérance du côté de ceux qui les dénoncent en tant que telle, à en juger par le nombre de publications, de vidéos, de manifestations qu’ils ont suscitées. Comme disait Lacan : les non-dupes errent.
- Au cas où vous ne l’auriez pas compris, l’objectif du livre "Papa porte une robe" est justement de faire passer l’idée que le travestissement d’un homme n’attente pas à sa ‘virilité’ : c’est donc volontairement que les auteurs, qui s’adressent à des enfants à partir de 3 ans, forcent le trait.
@Cotuatos
Le fait qu’un individu éprouve son identité sexuée et sexuelle d’une manière qui contredit la réalité de son sexe biologique n’est-il pas au contraire la preuve que les deux ne sont pas liés ? Quant à "l’évidence", outre qu'elle se donne comme justification par excellence des rapports de domination entre les individus, elle est également à l’origine de bien des troubles névrotiques chez les "enfants au berceau" devenus adolescents, puis adultes, qu’une saine éducation aurait permis d’éviter.
@Boréas
Je vous imagine déclamant votre longue diatribe avec un ton grave, le regard pénétré de mystère, tenant les Tables de La Loi à chaque bras. Y’a pas à dire, ça en jette plus que Soral monologuant dans son canapé. Bon, comme tout y passe, je me contenterais de quelques remarques (time is money, comprenez) :
- Sur la transcendance, vous touchez juste, le libéralisme la rejette… au profit de l’autonomie. Et l’autonomie, ce n’est pas faire ce qu’on veut dans un délire de toute-puissance, mais se donner à soi-même sa propre loi. Et puisqu’on parle de loi, le libéralisme entend bien la notion de loi naturelle au sens classique de commandement de la raison. Libre à chacun de considérer que ladite raison est d’origine divine ou le simple fruit d’une évolution naturelle, selon ses options philosophiques.
- Si, en suivant Dostoïevski, vous avez besoin de Dieu comme garde-fou, alors vous m'inquiétez. L'exigence morale ne vient pas d'une Loi imposée du dehors, mais d'une Loi suivie librement parce que comprise dans sa nécessité. Je m'arrête au feu rouge non pas parce que j'ai peur du gendarme, mais parce que j'en comprends l'obligation dans le cadre de la sécurité routière. Evidemment, cela demande de la maturité, qui elle-même demande temps et effort (cf. les stades de développement moral de Kohlberg).
- Un transsexuel n'est pas un "garçon efféminé", c'est un homme qui se vit comme femme. Au lieu de railler bêtement, essayez d'imaginer ce que ça fait et de comprendre l'enjeu de la réassignation sexuelle pour une telle personne (oui, parce que c'est une personne, pas un monstre de foire), même si elle sait pertinemment qu'elle ne sera jamais vraiment une femme en l'état actuel de la technique médicale.
- S'il est exact que certains militants LGBT interviennent dans les établissements scolaires, ce n'est pas pour évoquer les études de genre – comme d'aucuns voudraient le faire croire –, mais pour sensibiliser les élèves à l'homophobie. Une initiative éventuellement intéressante dans un monde où "sale pédé" reste encore une insulte et "casser du pédé" une distraction.
- Amusant que vous reconnaissiez la "pertinence factuelle" des études de genre pour aussitôt inviter à les jeter aux oubliettes au prétexte du changement social qu'elles risqueraient de provoquer : "Si les faits ne s'accordent pas à la théorie, alors tant pis pour les faits" (Hegel). Heureusement que vous dénoncez la dangereuse idéologie libérale...
- Il aurait été intéressant que vous définissiez ce que vous entendez par "loi de la vie", "intérêt collectif" et "bien commun", parce que de prime abord, ça fait furieusement penser à la tyrannie de la majorité et au droit du plus fort. Dans le même registre, qui fixe la valeur d’une tradition ancestrale, dans votre système, sinon elle-même, en tant qu’elle existe de façon pérenne et qu'importe si c’est une vraie saloperie ?
Sinon, ça ne vous dirait pas d'enlever votre masque de Cassandre cinq minutes pour respirer un bon coup ? Ne serait-ce que par superstition : vous avez déjà entendu parler des prophéties autoréalisatrices ?
@tous
Ne souhaitant pas abuser de l'hospitalité de mon hôte et n'ayant par ailleurs d'autre ambition que d'exercer un art du contre-pied, je m'en tiendrais là. A bientôt peut-être, ici ou ailleurs.
Écrit par : Agg | 06/03/2014
"je m'en tiendrais là" (sic)
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Bah, donc je ne prendrai pas la peine de vous répondre en détail, puisque vous vous tirez après avoir parlé, en précisant qu'on ne vous y prendra plus.
Juste deux confirmations.
J'avais surtout "touché juste" en visant le libéralisme, puisque c'est manifestement votre credo.
Les problèmes des homos et des "trans", je n'en ai vraiment rien à foutre. Bien qu'étant très tolérant à leur égard, tant qu'ils ne sont pas revendicatifs au plan social (et non "sociétal", mot de novlangue qui ne veut rien dire).
Écrit par : Boreas | 06/03/2014
La difference est une discrimination et une atteinte au liberalisme.
vivement qu'on fasse des competitions sportives mixtes.
On fera courrir les hommes avec des semelles de plombs parce que la nature est sexiste !
Écrit par : JÖ | 06/03/2014
"Papa te met son poing dans la gueule"
Écrit par : Three piglets | 06/03/2014
"montrer que les relations entre les hommes et les femmes sont largement tributaires des représentations de genre qui dominent à une époque donnée, en un lieu donné. "
Apres desormais c'est votre largement qui m'amuse.
L'inée vous gène definitivement.
Avec un peu de chance, vous finirez comme Roman Bernard le jour ou "une vraie saloperie " ca sera l'inceste imposé a vos gamins parce que "c'est la liberté individuelle".
J'aime aussi beaucoup "la dictature de la majorité", pleins de monarchistes seraient d'accord avec vous, comme quoi vous voyez, la tradition immonde, vous n'en etes pas loin.
On est pas d'accord sur le modèle de dictature...Ca vous fait un point commun de plus avec les antidemocrates
Vous n'etes pas le 1% mais vous l'avez toujours pas compris, c'est votre probleme...
Écrit par : JÖ | 06/03/2014
"Papa te met son poing dans la gueule"
Écrit par : Three piglets | 06/03/2014
+1
Écrit par : C2 | 06/03/2014
J'ai connu un transexuel dans un cadre professionnel.
Tout le monde était plus que tolérant, gentil avec lui. Il voulait se suicider tous les 6 mois (en général en montant sur le toit de l'immeuble du lieu de travail). Dans ces moments la, il faisait vraiment pitié, il avait une sorte de lucidité sur ce qu'était devenu sa vie qui lui faisait horreur.
Alors, je n'ai pas fait de savante étude la-dessus, mais je suis convaincu que la société ne leur rend pas service en cédant à leurs fantasmes. Un jour, une enquête sérieuse - dépassant le cliché du transexuel de service bien sous tout rapport qu'on nous présente habituellement - viendra peut-être confirmer mes dires....
Écrit par : Dumet | 10/03/2014
"la société ne leur rend pas service en cédant à leurs fantasmes."
Je ne crois pas que ce soit la societé.
Écrit par : JÖ | 11/03/2014
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