22/09/2010
coupable
Je vois venir avec le film de Bouchareb, une nouvelle vague de culpabilisation collective et d’autoflagellation nationale comme la France et les européens en chrétiens sécularisés mais encore sensibles au culte du martyr qu’ils sont, en ont le secret.
Au fond, c’est quoi l'Algérie?
Une partie du Maghreb, ce "couchant", une région peuplée dans l'antiquité de berbères berbérophones, successivement colonisés par des phéniciens (Carthage) puis des romains, puis des Vandales, puis des arabo-musulmans depuis le début du VII ème siècle après JC et, enfin, depuis le début du XV ème siècle une régence ottomane jusqu'à l'arrivée de Bugeaud et la chute de la smala d'Abd el kader. Autant dire que l'Algérie, en tant que nation, n'existe que depuis la colonisation française...Or la colonisation européenne a duré 130 ans, la régence Turque a duré plus de 3 siècles, la colonisation arabo musulmane dure depuis 14 siècles...
Pourquoi, après tout, se focaliser ainsi sur une période aussi courte de l'histoire de nos deux pays? Pourquoi ne faire grief qu'à la France de sa geste coloniale? Pourquoi ne pas parler de la geste coloniale arabo-musulmane ou Turque en Méditerranée? (Pour ne parler que des plus récentes) Pourquoi Bouchareb trouve-t-il autant de soutiens, de relais autochtones à son entreprise anhistorique de mise au pilori de ce pays ?
"(...) On est capable en Occident, du moins certains d'entre nous, de dénoncer le totalitarisme, le colonialisme, la traite des Noirs ou l'extermination des Indiens d'Amérique. Mais je n'ai pas vu les descendants des Aztèques, les Hindous ou les Chinois, faire une autocritique analogue, et je vois encore aujourd'hui les Japonais nier les atrocités qu'ils ont commises pendant la Seconde guerre mondiale. La colonisation de certains pays arabes par les Européens a duré, dans le pire des cas, 130 ans: c'est le cas de l'Algérie, de 1830 à 1962. Mais ces mêmes Arabes ont été réduits à l'esclavage et colonisés par les Turcs pendant cinq siècles. La domination turque sur le Proche et le Moyen-Orient commence au XVe siècle et se termine en 1918. Il se trouve que les Turcs étaient musulmans - donc les Arabes n'en parlent pas. L'épanouissement de la culture arabe s'est arrêté vers le XIe, au plus le XIIe siècle, huit siècles avant qu'il soit question d'une conquête par l'Occident. Et cette même culture arabe s'était bâtie sur la conquête, l'extermination et/ou la conversion plus ou moins forcée des populations conquises. En Egypte, en 550 de notre ère, il n'y avait pas d'Arabes - pas plus qu'en Libye, en Algérie, au Maroc ou en Irak. Ils sont là comme des descendants des conquérants venus coloniser ces pays et convertir, de gré ou de force, les populations locales. Mais je ne vois aucune critique de ces faits dans le cercle civilisationnel arabe. De même, on parle de la traite des Noirs par les Européens à partir du XVIe siècle, mais on ne dit jamais que la traite et la réduction systématique des Noirs en esclavage a été introduite en Afrique par les marchands arabes à partir des XI-XIIe siècles (avec, comme toujours, la participation complice des rois et chefs de tribus noirs), que l'esclavage n'a jamais été aboli spontanément en pays islamique et qu'il subsiste toujours dans certains d'entre eux." (1)
"(...) Je ne dis pas que tout cela efface les crimes commis par les Occidentaux, je dis seulement ceci: que la spécificité de la civilisation occidentale est cette capacité de se mettre en question et de s'autocritiquer. Il y a dans l'histoire occidentale, comme dans toutes les autres, des atrocités et des horreurs, mais il n'y a que l'Occident qui a créé cette capacité de contestation interne, de mise en cause de ses propres institutions et de ses propres idées, au nom d'une discussion raisonnable entre êtres humains qui reste indéfiniment ouverte et ne connaît pas de dogme ultime."
"(...) L'écrasante majorité de la planète ne vit pas l'"égalisation des conditions", mais la misère et la tyrannie. Et, contrairement à ce que croyaient aussi bien les libéraux que les marxistes, elle n'est nullement en train de se préparer pour accueillir le modèle occidental de la république capitaliste libérale. Tout ce qu'elle cherche dans le modèle occidental, ce sont des armes et des objets de consommation - ni le habeas corpus, ni la séparation des pouvoirs. C'est éclatant pour les pays musulmans - un milliard d'habitants -, pour l'Inde - presque un autre milliard -, dans la plupart des pays du Sud-Est asiatique et d'Amérique latine. La situation mondiale, extrêmement grave, rend ridicules aussi bien l'idée d'une "fin de l'histoire" que d'un triomphe universel du "modèle démocratique" à l'occidentale. Et ce "modèle" se vide de sa substance-même dans ses pays d'origine."(2)
(1) Cornélius Castoriadis, http://www.republique-des-lettres.fr/232-cornelius-castoriadis.php
(2) C Castoriadis, La montée de l'insignifiance, (Les carrefours du labyrinthe IV), Seuil.
Donc :
-il ne faut pas voir dans ma prose inepte une quelconque défense de la colonisation française de l'Algérie mais une mise en perspective du fait colonial et la volonté de pointer la mahonnêteté intellectuelle de nombreux protagonistes dans cette affaire (aussi bien algériens que français): aprés tout, les algériens sont dans leur (mauvais) rôle lorsqu'ils accablent l'ancienne puissance coloniale,
-les dirigeants algériens, pour l'essentiel une clique d'apparatchiks du FLN corrompus et d'assassins arrogants, affidés du lobby militaro-industriel, savent parfaitement que la colonisation française au Maghreb s'inscrit dans cette constante anthropologique qui fait qu'une civilisation forte (par sa démographie, son économie, son génie propre, sa puissance guerrière, sa létalité particulière, etc...) tend à coloniser ses voisins. Si les algériens parlent –aussi- l’arabe et prient cinq fois par jour c’est parce qu’ils furent colonisés par des arabes qui éradiquèrent le christianisme antérieurement implanté,
- il est permis de voir dans cette agressivité constante à l’égard de notre vieille nation coloniale exagérément repentante une tentative un peu désespérée de maintenir un semblant de cohésion nationale dans un pays déchiré entre la vieille garde nationaliste issue des mouvements de libération nationale (produits de la guerre froide et souvent d’obédience marxiste) et en perte d’influence et la radicalisation d’un islam sunnite dont le GSPC et l’AQMI sont les fers de lance au Maghreb,
-nos dirigeants, pour l’essentiel des pleutres imbéciles sans la moindre profondeur historique et travaillés jusqu’à la moelle par la critique de la domination, un ethno-masochisme (Faye) débridé (genre les pitres Kouchner, Morin ou BHL) et la peur de voir se tarir le robinet énergétique, seraient bien inspiré de demander des comptes aux dirigeants corrompus et pitoyables de ce pays richissime (rente gazière et pétrolière stratosphérique) qui organise, jour après jour, la misère et l’exil de son peuple sous la bannière de l’islam et la haine de l’Occident. L’ordure Bouteflika, qui ne rechigne pas à se faire soigner dans nos hôpitaux, notamment.
-au fond, le mieux serait sans doute de réorienter notre politique énergétique vers la Russie/ le Caucase (25 % des réserves de gaz planétaires prouvées et 6% des réserves de pétrole sur un territoire encore largement inexploré), de limiter strictement notre dépendance énergétique à l’égard du Maghreb et de tarir l’immigration maghrébine et sub-saharienne en la réorientant vers des populations aux valeurs civilisationnelles plus proches des nôtres donc moins susceptibles d’aggraver la sécession à l’œuvre depuis 40 ans en Europe,
-il suffirait d’un peu de courage politique pour mettre fin à ce marché de dupes (pétrole contre immigration, progressisme maghrébin versus repentance européenne…). Courage et politique, deux concepts malheureusement étrangers à nos modernes ilotes festifs. Dommage.
18:13 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : castoriadis, algérie, arabes, repentance
06/06/2007
Six jours de désinformation.
L’avantage avec Radio France, c’est que l’on est rarement déçu ; le quarantième anniversaire de la guerre des Six jours qui opposa Israël à une coalition de pays arabes fut l’occasion, une fois de plus, d’illustrer le manque d’objectivité, voire la volonté de désinformer de la rédaction de France Inter. (1) « Une guerre qui n’a rien réglé », « une victoire qui n’en est pas une », etc., nous disent Mr Demorand et ses épigones, avant de nous révéler pieusement la déclaration fort irénique de Marouane Barghouti, (leader historique du Fatah condamné à perpétuité par la justice Israélienne pour plusieurs meurtres), sur « son espoir de vivre un jour en paix avec nos voisins ». Chaque intervention du sieur Demorand était sous-tendue par le principe de la culpabilité inconditionnelle d’Israël.
- coupable d’avoir déclenché les opérations militaires. Peu importe si la coalition arabe, bien plus puissante, était à la veille d’envahir l’état juif (la fermeture du détroit de Tiran -ainsi que le retrait des casques bleus et la militarisation du Sinaï - pouvant être considérée comme un acte de guerre, ce qui invalide le concept de « guerre préventive »), lui faisant courir un risque vital.
- coupable d’avoir gagné cette guerre de façon écrasante et inattendue, au regard des forces en présence. Ce qui n’est pas poli. Nulle interrogation sur ce qui serait advenu des israéliens (tout au moins des israéliens juifs) si la coalition arabe l’avait emporté. Il suffit de relire les déclarations des leaders arabes de l’époque pour saisir la menace réelle d’un nouvel holocauste au Proche-Orient. « J'ai demandé à des familles aux Etats-Unis de me montrer les lettres que leur envoyaient à l'époque leurs proches vivant en Israël. J'en ai lu près de 500. Presque toutes, en 1966 et 1967, mentionnent la crainte d'un nouvel holocauste. C'est la grande peur, une panique sincère de la destruction imminente, qui s'infiltre dans tous les recoins de la société. » (2)
- coupable d’avoir occupé les territoires conquis lors de cette guerre, comme s’il n’y avait aucun précédent de cette nature dans l’histoire de l’humanité, et pas seulement au Proche-Orient, comme si nos propres frontières étaient restées immuables depuis deux millénaires, malgré les guerres et les occupations successives…
- coupable finalement d’exister ? Sachant que l’antisionisme militant d’une bonne partie de nos progressistes n’est bien souvent que l’habit neuf d’un bon vieil antisémitisme peu avouable. Le fameux axe rouge-vert-brun décrit par Alexandre Delvalle.
François Furet avait coutume de dire que certaines questions historiques sensibles , la Révolution Française par exemple, nécessitent un permis d’étudier, une sorte de licence délivrée par les gardiens du dogme, sans lesquels il n’est pas question de prendre part au débat. Montrer patte blanche, en quelque sorte. C’est le cas d’Israël et des guerres Israélo-arabes : il n’est d’agresseur qu’ Israël et de victimes que « les palestiniens », dit la doxa. Et pour que les choses soient claires, il faut donc préciser que je ne suis ni juif, ni Israélien, ni sioniste, mais seulement sensible au manque d’objectivité habituel de nos média.
Contexte.
Dans les années précédant la guerre la situation du jeune état juif est difficile : régression économique et solde migratoire négatif. L’âge d’or d’Israël, après deux guerres victorieuses (1948 et 1956), et une période marquée par le dynamisme démographique, scientifique et économique, est bien terminé. Du coté arabe, l’existence même d’Israël est un casus belli permanent depuis 1948 et la totalité des dirigeants des pays arabes ne font pas mystère de leur volonté (déjà) de rayer Israël de la carte ; pas de meilleur exemple du sentiment général de la rue arabe et des dirigeants arabes que cette déclaration faite à Radio Damas, le 28 mai 1967 : « L’existence d’Israël est une erreur qu’il faut rectifier ; Voici enfin l’occasion d’effacer la honte qui s’est abattue sur nous depuis 1948 : notre objectif est clair :rayer Israël de la carte » (3) Même la suave chanteuse égyptienne Oum Kalsoum chauffait alors les masses du Caire avec un hymne dont le refrain était « Adbah » (« égorge ! »). Ou encore le président égyptien Nasser : « notre objectif sera la destruction d'Israël. Le peuple arabe veut se battre. »
La guerre des six jours est le résultat d’une succession d’erreurs de la part des grandes puissances, de fausses rumeurs entretenues par les Soviétiques, de leur menace d’intervention directe contre Israël, de l’abandon d’Israël par la France qui imposa un embargo sur les armes au moment le plus critique pour lui, des tergiversations craintives des Européens et de l'ONU ainsi que des déclarations génocidaires d’une multitude de dirigeants du monde arabe. Les Soviétiques, en faisant accroire aux Syriens de la réalité d’une concentration de troupes israéliennes à leurs frontières, précipitent la mobilisation de l’Egypte, allié des Syriens, qui obtient du secrétaire général de l’ ONU, U Thant, le retrait des casques bleus de la frontière avec Israël. "La diplomatie française commit la même erreur que celle de la Yougoslavie et de l'Inde: les délégués de ces deux pays aux Nations Unies poussèrent U Thant à donner le plus vite possible satisfaction au président Nasser, c'est-à-dire à retirer les casques bleus et, du même coup, à mettre en mouvement la machine infernale." (4)
La remilitarisation du Sinaï et le retrait de la force d'interposition de l'ONU contreviennent directement aux arrangements prévus lors du réglement de la crise de Suez en 1956.
Mais c’est bien la fermeture du détroit de Tiran (accès au seul port israélien sur la mer Rouge –Eilat- duquel dépendait l’approvisionnement en pétrole d’Israël), donc la fin de la liberté de circulation dans le golfe d'Aqaba, qui constitue le casus belli en contrevenant au droit international en vigueur. Dans cette stratégie de tension, volontairement entretenue par l’URSS, pour renforcer sa position anti-impérialiste acquise auprès des pays arabes après l’affaire de Suez en 1956, Israël fait donc face à une coalition arabe regroupant l’Egypte, la Syrie, le Liban, l’Algérie, le Maroc, le Koweït, l’Arabie Saoudite, le Jordanie, le Soudan et l’Irak, qui, tous, proposent d’envoyer des troupes et du matériel militaire. Pour certains (5), ce sont les installations nucléaires israëliennes de Dimona (et la possibilité pour l'Etat juif de disposer de l'arme nucléaire) qui seraient à l'origine de cette guerre, l'URSS ayant maneuvré pour provoquer un conflit entre Israël, l'Egypte et la Syrie à l'occasion duquel l'aviation russe aurait détruit le potentiel nucléaire israëlien.
Les armées de cent millions d’arabes contre un état de trois millions d’habitants.
Les forces en présence sont les suivantes : 840 avions arabes contre 280 israéliens, 1650 blindés contre 800, 285.000 hommes (plus 120.000 réservistes) contre 71.000 hommes (et 275.000 réservistes). C’est à ce moment là que la France et l’Angleterre (après la défection de l’ONU et la réserve des USA engagés en Asie) choisissent pour faire savoir aux israéliens qu’ils considèrent comme caduque la déclaration franco anglo-américaine de 1950 garantissant le statut frontalier au Proche-Orient…
Fait important, ces actions belliqueuses furent entreprises alors qu’Israël n’occupe encore aucun territoire appelé aujourd’hui occupé: ni au Golan (Syrien), ni en Cisjordanie (Jordanienne), ni au Sinaï (Egyptien), ni à Gaza (Egyptien), ni à Jérusalem Est (Jordanien) : le conflit ne pris donc pas naissance à cause d’une quelconque occupation, mais bien d’un rejet de l’idée même de l’existence d’un état juif au Proche-Orient. Il faut donc insister sur le fait qu’avant 1967, l’Egypte ne pensait nullement rendre Gaza qu’elle occupait et dont nul « peuple palestinien » ne pensait alors à revendiquer la possession, de même que la Jordanie ne pensait pas davantage à rendre la Cisjordanie que personne curieusement ne qualifiait « d’occupée ». Ces terres devenaient palestiniennes du seul fait d’être passées entre des mains israéliennes. Le monde arabo-musulman faisant ainsi de « la cause palestinienne » le fer de lance ou l’emblème de son refus d’Israël, en tant que souveraineté juive. Autrement dit, une terre devenue islamique (par conquête) peut elle supporter de retrouver (par conquête) sa souveraineté juive antérieure ? Ecoutons Raymond Aron dans le Figaro du 4 juin 1967 : « Que le président Nasser veuille détruire ouvertement un Etat membre des Nations Unies ne trouble pas la conscience délicate de madame Nehru.(…) Si les grandes puissances, selon le calcul froid de leurs intérêts, laissent détruire ce petit état qui n’est pas le mien, ce crime, modeste à l’échelle du nombre, m’enlèverais la force de vivre et je crois que des millions et des millions d’hommes auraient honte de l’humanité. »
Blietzkrieg.
La suite, on la connaît ; le 4 juin 1967, les pleins pouvoirs furent attribués à Moshé Dayan, alias le diable borgne, qui déclencha l’offensive le 5 juin au matin, anéantissant en quelques heures toutes les armées arabes qui encerclaient Israël, occupant le Sinaï jusqu’au canal de Suez, Charm el Cheikh, la bande de Gaza, les hauteurs du Golan et la Cisjordanie avec Jérusalem Est. La guerre dura six jours, fit 275 morts et 800 blessés israëliens contre plus de 10.000 morts pour la seule armée égyptienne. On retrouve un différentiel de pertes proche des chiffres affichés par les historiens de l'antiquité à propos des guerres médiques (Salamine en particulier). (6)
Remarques.
- la victoire écrasante d’Israël transforma son image de petit état vulnérable face à une gigantesque coalition en celle d’une armée invincible, et corollairement fit jouer aux arabes le rôle de David, auparavant dévolu à l’état juif. Cette victoire éclair, mettant de facto un million d’arabes sous l’administration du vainqueur, suscita un sentiment d’unité nationale qui n’existait pas auparavant et qui permit à Yasser Arafat, leader du Fatah, la principale faction de l’OLP, de lancer une guerre de libération nationale sous forme d’une campagne terroriste. Ce que la plupart des gens présument être la cause du conflit israélo-arabe, soit l’occupation israélienne du Golan, de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem Est, est en fait la conséquence de ce bref et intense conflit.
- terrorisme et colonisation.
Les Arabes Palestiniens ont été les témoins privilégiés du terrorisme juif, lorsque les sionistes de l’Irgoun firent sauter le 22 juillet 1946 à Jérusalem une aile entière de l’hôpital du roi David dans laquelle était installée le quartier général des forces Britanniques et faisant 110 victimes Anglaises. Ou lorsque les sionistes du groupe Stern assassinèrent le 17 septembre 1948 le comte Folke Bernadotte, médiateur de l’ONU, et l’un de ses collaborateurs, le Français André Sérot. Camions piégés, bombes camouflées sur un marché ou à un arrêt d’autobus : les terroristes juifs avaient déjà tout inventé, sauf l’attentat suicide qui sera, à partir du milieu des années 1990, une innovation et une exclusivité islamiste.
Dés le lendemain de la guerre, en septembre 1967, les Israéliens implantent leurs premières colonies sur les territoires conquis: la Cisjordanie, le Golan, la bande de Gaza et Jérusalem Est. Commencée pour des raisons avant tout sécuritaires, la colonisation s'intensifie en 1977 avec l'arrivée au pouvoir de la droite, le Likoud. Elle est alors légitimée par une interprétation religieuse du sionisme, notamment en Cisjordanie, désignée comme la Judée-Samarie biblique. Malgré la signature des accords d'Oslo en 1993 (qui prévoyaient le gel de nouvelles implantations), la colonisation de cesse de s'intensifier: entre 1993 et 200, le nombre de colons passe de 248.000 à 390.000 dans les territoires "palestiniens". Toutefois le désengagement décidé par Sharon en 2005 à liquidé la présence Juive dans la bande de Gaza.
- qui croire?
Sur les origines du conflit, le travailliste Ytzhak Rabin, à l'époque chef d'état-major de l'armée, a démenti la version officielle de l'armée: "Je ne pense pas, a-t-il dit, que Nasser voulait la guerre; Les deux divisions qu'il envoya dans le Sinaï, le 14 mai, n'auraient pas suffi pour lancer une offensive contre Israël. Il le savait et nous le savions." Même son de cloche de la part dugénéral Matiyahou Peled: "La thèse selon laquelle le génocide était suspendu sur nos têtes en juin 1967, et qu'Israël combattait pour son existence physique, n'était qu'un bluff!" Enfin, de la bouche même du premier ministre d'alors, Lévi Eshkol: "Le déploiement militaire Egyptien dans le Sinaï, à la veille de la guerre, était d'ordre défensif." (2)
- fin du panarabisme et essor du radicalisme islamique.
Nombre d’historiens considèrent pourtant que cette guerre était inévitable, Israël étant trop vulnérable pour ne pas attaquer « préventivement » . L’erreur fut sans doute, après avoir vaincu le danger principal (l’Egypte et son aviation en particulier), d’envahir et d’occuper durablement la rive ouest du Jourdain et Jérusalem-Est, alors même que le roi Hussein de Jordanie semblait prêt à une paix durable contre la rétrocession de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Au quatrième jour de guerre, l’Egypte, la Jordanie et la Syrie acceptèrent un cessez-le-feu, qu’Israël rejeta, dans l’euphorie de la victoire, envahissant le Golan Syrien. Et ce malgré l’opposition de Moshé Dayan qui craignait une intervention militaire de l’URSS. Cette victoire, par le sentiment de toute puissance qui anime alors le pays, offre sans doute un second souffle au sionisme ; Et longtemps, jusqu’à la grande claque de la guerre du Kippour (octobre 1973), les israéliens se répétaient cette boutade : « Qu’est-ce qu’on fait à midi ?- On envahit le Caire !- D’accord, mais qu’est-ce qu’on fait dans l’après-midi ? » (8) Paradoxalement, la guerre des Six jours à contribué à l’isolement de ce pays, à substituer aux racines européennes (notamment Françaises) et à l’ouverture antérieure au monde un lien exclusif avec les USA.
L'islamisme est l'autre vainqueur de la guerre ses Six Jours : le conflit de juin 1967 n'a pas seulement été marqué par la victoire de l'armée israélienne sur les forces militaires égypto syro jordaniennes. Il a provoqué la chute de l'arabisme au profit de l'islamisme au Proche-Orient. Ce nationalisme arabe était fondé sur l'idée de nation, l'unité de langue et de civilisation étant le ciment de l'union des peuples arabes, remplaçant ainsi l'unité de religion. Pour le monde arabe, la défaite de juin 1967 a ainsi signifié la fin du Nassérisme, c'est-à-dire de l'alliance du nationalisme panarabe et du progressisme tiers-mondiste pro-soviétique, la fin de ce courant nationaliste laïc et modernisateur. Le seul projet unificateur de l'oumma est désormais l'islam radical. Ainsi discrédité, l'arabisme sombre avec les armées arabes ; bientôt, l'islamisme, le pétrole et la résistance palestinienne seront le moteur du monde arabe.
(1) http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septneuftrente/index.php?id=56535
(2) Tom Segev, Six jours qui ont changé le monde, Denoël 2007, p 25.
(3) David Kimche, Dan Bowly, Israel face aux arabes. Hier, demain, aujourd'hui, Artaud 1968, p56.
(4) Raymond Aron, De Gaulle, Israel et les Juifs, Plon 1968, p.44.
(5) http://fr.danielpipes.org/article/4595
(6) Lire en particulier le récit de cette blitzkrieg par Pierre Hazan: La guerre des Six jours, la victoire empoisonnée; Editions complexe, 1989.
(7) Jacques Derogy, Israel, la mort en face, Robert Laffont 1975, p.191.
(8) Gilles William Goldnadel, Le nouveau bréviaire de la haine, Ramsay 2001.
21:10 | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : guerre des six jours, juifs, arabes, sionisme, terrorisme, blitzkrieg