15/03/2015
A million miles away
Hier j'ai revu un de mes patients fétiches. Un de ceux qui me transportent à mille miles de ma routine de bureaucrate en blouse blanche...Celui-là a fait la guerre d'Indochine, la RC4 avec Hélie de Saint Marc puis quatre ans de guerre d'Algérie comme pilote d'hélico. Chaque fois, voyant que je l'écoute, il me livre un peu de son histoire. La dernière fois c'était les Viets/ Hmongs ralliés aux Français abandonnés dans les derniers mois, désarmés et promis à la mort rouge, avec femmes et enfants...Cette fois-ci c'était les missions de récupération de commandos étrillés au sommet de quelque colline, revenir avec la carlingue trouée, le treillis trempé par la peur et l'excitation, les balles traçantes, les cris, l'odeur du sang, les gamins qui meurent en chialant, les fermiers torturés, les représailles, la spirale infernale de la violence...une vie d'homme, quoi.
Aujourdhui, c'est un vieillard qui peine à marcher droit.
Mais qui connait encore l'histoire de la RC4?
Quand je vois le barnum biterrois du moment concernant l'hommage rendu à ce grand homme que fut Hélie Denoix de Saint Marc, j'ai la gerbe, ce pays est mort. Pas de méprise, j'emmerde Ménard et les sections de pieds-noirs qui pleurnichent sur l'Algérie française. On parle d'un homme que les hommes d'aujourd'hui ne peuvent simplement plus comprendre. Ces hordes de cafards gauchistes* du NPA et du FDG qui viennent cracher sur ce mec debout qu'était Denoix de Saint Marc, c'est juste tragique.
Faut regarder en face cette haine et cette incompréhension radicale.
10:27 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : hélie de saint marc, algérie, indochine
10/12/2006
Boudarel, l’honneur de Jospin et le déshonneur de l’université Française.
Tout récemment, un ami qui eut le triste privilège de réchapper des camps de la mort du Viet minh, pendant la guerre d’Indochine, après y avoir survécu 3 ans dans des conditions atroces, me remémora la réaction courageuse et isolée de Jospin lors de l’affaire Boudarel.
Durant la guerre d’Indochine, ce militant communiste et enseignant à Saigon, passé du coté du vietminh en 1950, devint notamment le commissaire politique du camp 113 en 1953. Durant son année de « fonction », sur 320 prisonniers Français, ses compatriotes, 278 vont mourir de mauvais traitements et de torture physique et psychologique. Inculpé de trahison Georges Boudarel est condamné à mort par contumace en juin 1953.
Après les accords de Genève, Georges Boudarel de retour en France en 1966 après avoir bénéficié de la loi d'amnistie du 18 juin 1966, sera coopté au CNRS par ses amis communistes pour y préparer une thèse de troisième cycle d’histoire à l’université Paris VII Jussieu. Il devient maître de conférences à Jussieu et ses mêmes amis feront ensuite valider ses années « d’expérience » en Indochine pour favoriser sa carrière…
Le 13 février 1991, lors d'un colloque au Sénat sur le Vietnam auquel Boudarel participe, il est apostrophé par Jean-Jacques Beucler (président du Comité d'entente des anciens d'Indochine, ancien secrétaire d'État à la défense puis aux anciens combattants de 1977 à 1978, ancien officier et prisonnier du camp N° 1 au Tonkin) qui, au nom d'anciens prisonniers, exprime « son plus profond mépris » à l'historien. « Vous avez du sang sur les mains. Votre présence à cette tribune est indécente ».
Contre toute attente, articles et pétitions en faveur de Boudarel ne manquèrent pas dans le camp « progressiste » (Jean Lacouture, Pierre Vidal-Naquet, etc) et la justice rejeta l ‘accusation de crime contre l’humanité portée par une association d’anciens combattants, au motif que les faits étaient couverts par la loi d’amnistie de 1966.
Seul ou presque à gauche, Lionel Jospin, alors ministre de l’EN, sauva l’honneur de son camp en déclarant que « si le choix de l’anticolonialiste était juste », il ne lui paraissait « pas indispensable pour autant de passer du coté de l’adversaire de notre pays, quoi qu’on en pense ». Jospin ajouta que « rien ne peut justifier qu’un intellectuel, qu’un professeur devienne un kapo dans un camp de prisonnier, dans un camp de concentration dans lequel ses propres compatriotes mouraient sous la torture et les mauvais traitements. Cet homme la ne mérite pas à mon sens de comité de soutien ».
Il est sans doute intéressant de constater qu’à la même époque un jeune chercheur nommé Reynald Secher, auteur d’une thèse iconoclaste sur les guerres Vendéennes (Le génocide franco-français), vit sa carrière détruite par le même milieu universitaire endogamique, dont les efficaces méthodes Staliniennes perdurent depuis l'aprés guerre .
20:45 | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : boudarel, indochine, jospin, université, staliniennes