28/08/2009
aveuglement
« Il va sans dire que la vieille droite qui, dans son ensemble n’a lu ni Marx ni Lénine, n’est pas prés de lire Gramsci. On se demande d’ailleurs ce qu’elle peut lire en dehors de journaux satyriques et des magazines littéraires quand on s’aperçoit qu’au cours de ces dernières années, aucuns des ouvrages fondamentaux dont elle aurait pu tirer argument, dans un sens ou dans l’autre, ne semble avoir retenu son attention.
La paresse intellectuelle de la vieille droite ne s’explique pas seulement par sa méfiance instinctive vis-à-vis des idées pures. Pendant longtemps, les Saintes Ecritures lui ont servi de doctrine. Tout étant censé avoir été dit, il apparaissait inutile de vouloir constituer une autre Summa autre que celle de Thomas d’Aquin. Cette conviction prévaut encore aujourd’hui dans un certain nombre de cénacles. Mais pour combien de temps ? Après avoir été, nolens volens, la religion de l’Occident, après avoir été portée par un esprit, une culture, un dynamisme européens, qui l’avaient précédé de quelques millénaires, le christianisme, opérant un retour aux sources, redécouvre aujourd’hui ses origines. Pour assumer sa vocation universaliste et devenir la religion du monde entier, il entend se « désoccidentaliser ».
Dans l’immédiat, il développe une stratégie qui revient à se demander si elle ne revient pas à lâcher la proie pour l’ombre. Le christianisme sociologique est entrain de disparaître, laissant la place au militantisme évangélico-politique. L’impulsion vient de la tête. La hiérarchie accélère le mouvement. Les traditionalistes, attachés dans leur Eglise à tout ce dont celle-ci ne veut plus entendre parler, auront du mal à faire croire que le meilleur moyen d’endiguer la « subversion » est de batailler dans une croyance qui les a déjà abandonnés pour passer à l’ennemi. »
Alain de Benoist, Droite, l’ancienne et la nouvelle, 1979.
21:18 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : droite, christianisme, marx, lénine, église
Commentaires
Qui donc fait partir de cette nouvelle droite ?
Écrit par : Eric | 28/08/2009
actuellement trés peu de monde. aucun leader politique d'envergure.
la "nouvelle droite" fut le nom donné au mouvement métapolitique et philosophique que créa Alain de Benoist à la fin des années 70. sans descendance.
pour en savoir plus: http://www.alaindebenoist.com/pages/quiestadb.php
Écrit par : hoplite | 28/08/2009
Alain de Benoist a créé son mouvement à la pire époque qui soit. Il a été traité de tous les noms et regardé comme un nouvel Hitler. Je l'ai moi-même vu comme ça... avant de le lire... un peu... et de découvrir des choses très sensées. Mais l'intellectualisme du mouvement m'emmerde. Marre des penseurs ! Il faut des jambes et des bras, des hommes d'action et de terrain. Sinon nous ne sortirons pas de la déploration élégante.
Écrit par : Yanka | 30/08/2009
je ne pense pas du tout qu'adb soit le moins du monde dans la déploration élégante. Au contraire, sa façon de penser la droite, si elle reste conservatrice et anti égalitaire, n'est pas réactionnaire.
des bras et des jambes pour voter le pen ou lire rivarol, ça ne mène pas trés loin...
cela dit, tu as raison sur la nécessité de joindre l'action politique aux idées 'qui me semble être le préalable à toute action)
"Mais l'intellectualisme du mouvement m'emmerde" ton surmoi fascisant, sans doute. hu hu!
tcho
Écrit par : hoplite | 30/08/2009
En même temps, AdB, il hait trop le complot judéo-maçonnique pour détester l'islamisme, non?
Écrit par : Arann | 01/09/2009
arann, je ne sais pas tout d'adb, mais je crois que ce genre de concept de "complot judeo maçonnique" le ferait marrer. moi aussi d'ailleurs. Autant que je sache, c'est à dire peu, adb est ethno differentialiste et accorde à l'Islam le respect du à une grande civilisation. Ce qui n'empêche nullement, à mon sens, de considérer l'islam en europe comme un danger (comme il l'a toujours été, du reste).
Écrit par : hoplite | 01/09/2009
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