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02/10/2010

trop tard?

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« (…) La situation est de toute façon bouchée. C’est insoluble. Que voulez-vous faire ? Les caïds des banlieues font tout pour chasser les insoumis de leurs territoires. Médecins, supérettes, policiers, pompiers, tout est mis en œuvre pour que naissent des enclaves autonomes, et pour que ces enclaves puissent vivre le plus lointainement possible de la France, et de tout ce qui ressemble à la France. La diversité est un concept qui ne les intéressera jamais puisqu’ils souhaitent vivre le plus possible au cœur du Même. Être différent, sortir de la ligne, c’est s’exposer à la vengeance collective de la tribu. On intimide, on menace, puis on lapide, on brûle, on égorge. « Chaque jour, les services de police enregistrent plus d’une vingtaine de plaintes pour des actes de délinquance similaires » nous apprend Arte.

Il n’y a pas de remède à cette situation. C’est trop tard. Tout est joué. La seule question qui reste est celle-ci : combien de temps les Français tolèreront-ils sur leur territoire ces enclaves tribales structurées par l’archaïsme mental et la haine comme art de vivre ? »

Je fais écho au billet de l’excellent Fromage sur son blogue.

Le constat de l'existence d’enclaves africaines sous la coupe de truands et d’imams est une réalité mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est dans le combat idéologique, culturel, qui façonne les esprits et permet à une classe politique, porteuse d’une certaine vision du monde, d’accéder au pouvoir, de s’y maintenir et de transformer notre environnement selon cette vision du monde.

C’est d’abord un combat idéologique. L’hégémonie culturelle et politique (Gramsci) imposée par des élites (politiques, économiques, enseignantes, universitaires, journalistiques, religieuses, syndicales, etc.) massivement ralliée à la doxa libérale (que j’évoque dans le post précédent), dans sa variante « de gauche », c’est-à-dire « culturelle » ou « progressiste » ou dans sa variante « de droite », c’est-à-dire « économique » ou « réactionnaire » est telle qu’elle a réussi a assécher toute critique de cette société spectaculaire et marchande (basée sur le Droit procédural et le Marché) d’où qu’elle vienne.

La solution ne réside donc pas d’abord dans la reprise en main d’enclaves étrangères sur nos territoires mais dans la reprise en main des idées qui font le mainstream culturel. De la transformation du paysage idéologique/ culturel découle la transformation du paysage  politique.

Un exemple parmi d’autres : Geert Wilders, bête noire du système aux Pays-Bas est en train de gagner son pari en légitimant des interrogations pressantes sur l’immigration de masse, l’islam en europe et la simple possibilité de sociétés multiraciales, tout libéral et atlantiste qu’il soit. Or cette accession au pouvoir d’un ennemi du système n’a été possible que grâce à la transformation de la perception de leur société que percoivent les Hollandais -malgré le brouillage médiatique bien-pensant-  via, notamment, une immigration massive, une violence accrue, une islamisation du pays bref la déconstruction progressive -et "progressiste"- de leur environnement culturel, social, économique et ethnique.

L’accession au pouvoir d’un homme tel que Wilders est donc le signe d’une faillite partielle du système à imposer sa représentation du monde. Je reviens souvent à Vilfredo Pareto qui avait expliqué que derrière tout pouvoir, quelles que soient les justifications qu’il se donne, il y a une minorité dominante qui en tient les rênes, une oligarchie. Tant que cette oligarchie donne une image du monde compatible à la réalité visible et tant que cette élite est prête à la défendre, le pouvoir connaît une période de stabilité. Dés l’instant où ces conditions font défaut, on est en situation prérévolutionnaire.

Or la réalité visible aujourd’hui, pour beaucoup d’Européens ne correspond plus du tout à l’image du monde irénique qu’imposent nos élites via des média massivement convertis ou achetés : la réalité c’est :

-la paupérisation et la disparition des classes moyennes dans une mise en concurrence globale faussée et imposée,

-un remplacement démographique massif sur un temps très court par des peuples entiers dont l’acculturation est impossible et qui manifestent même souvent une hostilité franche aux codes civilisationnels européens,

-la constitution partout en Europe d’enclaves étrangères en sécession des peuples autochtones,

-une dissolution des social-démocraties européennes (faites de compromis entre protections sociales et exigences du capital globalisé) au profit de sociétés polarisées parfaitement décrites par Christopher Lasch dans sa Révolte des élites, marquées par la violence, la sécession, la prédation de quelques-uns au détriment du plus grand nombre, le multiculturalisme et le relativisme général, la discrimination positive et la communautarisation, la décivilisation générale, l’anomie, le chaos,

-la dissolution de la démocratie dans un pseudo-bipartisme libéral (tendance Sarkosy) - libéral (tendance Strausskhan), organisé pour verrouiller l’accès à toute doxa hérétique et pour dépouiller les peuples de toute souveraineté politique (cf TCE et votation anti-minarets, par exemple) (ce qui peut conduire même à s'interroger sur l'accession au pouvoir de Wilders...),

-enfin la soumission des politiques diplomatiques et militaires européennes aux lobbys atlantistes et leur bras armé, l’OTAN (création en vingt ans, manu militari, de deux états musulmans en Europe, le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine),

La question est donc de savoir jusqu’à quel point cette oligarchie, cette hyperclasse libérale, est prête à défendre sa vision du monde. J’ai l’impression que la botte souveraine de la réalité (dont parlait Trotski) est en train, partout en Europe, de dessiller les yeux de nombreux croyants.

Après, remettre de l’ordre, manu militari, dans quelques banlieues occupées et tenus par quelques dizaines de zeks divers à capuche, c’est un amusement dés lors que la violence légitime de l’Etat peut s’exercer normalement, sous l’audit civil, à l’encontre des malfaisants…

RIEN n’est écrit.


podcast
(The Kills, Fuck the people...ça s'imposait)

«  La botte souveraine de la réalité, disait le vieux Léon. Les censeurs, les idéologues, les inquisiteurs de la pensée libre travestissent la réalité, la badigeonnent de leurs mensonges, traînent en justice ceux qui osent égratigner les façades peinturlurées. Et puis un jour, on entend un bruit de plus en plus proche, un fracas puissant qu'on ne parvient plus à étouffer, géante, irrésistible, « la botte souveraine de la réalité » vient, s'impose. Le contreplaqué de mensonges s'écroule, le glapissement des folliculaires stipendiés s'étrangle, les mots prostitués retrouvent leur sens. La réalité se dresse devant nous, irréfutable. Bien vu, camarade Trotski ! »

(Andrei Makine, Cette France qu'on oublie d'aimer, 2006)

28/08/2009

aveuglement

sanspapiers_800_1.jpg« Il va sans dire que la vieille droite qui, dans son ensemble n’a lu ni Marx ni Lénine, n’est pas prés de lire Gramsci. On se demande d’ailleurs ce qu’elle peut lire en dehors de journaux satyriques et des magazines littéraires quand on s’aperçoit qu’au cours de ces dernières années, aucuns des ouvrages fondamentaux dont elle aurait pu tirer argument, dans un sens ou dans l’autre, ne semble avoir retenu son attention.

La paresse intellectuelle de la vieille droite ne s’explique pas seulement par sa méfiance instinctive vis-à-vis des idées pures. Pendant longtemps, les Saintes Ecritures lui ont servi de doctrine. Tout étant censé avoir été dit, il apparaissait inutile de vouloir constituer une autre Summa autre que celle de Thomas d’Aquin. Cette conviction prévaut encore aujourd’hui dans un certain nombre de cénacles. Mais pour combien de temps ? Après avoir été, nolens volens, la religion de l’Occident, après avoir été portée par un esprit, une culture, un dynamisme européens, qui l’avaient précédé de quelques millénaires, le christianisme, opérant un retour aux sources, redécouvre aujourd’hui ses origines. Pour assumer sa vocation universaliste et devenir la religion du monde entier, il entend se « désoccidentaliser ».

Dans l’immédiat, il développe une stratégie qui revient à se demander si elle ne revient pas à lâcher la proie pour l’ombre. Le christianisme sociologique est entrain de disparaître, laissant la place au militantisme évangélico-politique. L’impulsion vient de la tête. La hiérarchie accélère le mouvement. Les traditionalistes, attachés dans leur Eglise à tout ce dont celle-ci ne veut plus entendre parler, auront du mal à faire croire que le meilleur moyen d’endiguer la « subversion » est de batailler dans une croyance qui les a déjà abandonnés pour passer à l’ennemi. »

Alain de Benoist, Droite, l’ancienne et la nouvelle, 1979.

18/07/2008

Droite

« La droite a été la grande vaincue de l’histoire, puisqu’elle a pratiquement perdu tous les combats dans lesquels elle s’est engagée. L’histoire des deux derniers siècles est celle de ses défaites successives. Une telle succession d’échecs donne à penser que la supériorité de ses adversaires s’est surtout nourrie de ses faiblesses. A l’origine, qu’est-ce que la droite possédait en propre de meilleur ? Je dirai, pour faire bref, un système de pensée anti-individualiste et anti-utilitariste, doublée d’une éthique de l’honneur, héritée de l’Ancien Régime. Elle s’opposait par là frontalement à l’idéologie des Lumières, dont le moteur était l’individualisme, le rationalisme, l’axiomatique de l’intérêt et la croyance au progrès. Les valeurs dont elle se réclamait étaient à la fois des valeurs aristocratiques et des valeurs populaires. Sa mission historique était de réaliser l’union naturelle de l’aristocratie et du peuple contre leur ennemi commun : la bourgeoisie, dont les valeurs de classe trouvaient précisément leur légitimation dans la pensée des Lumières. Mais cette union ne s’est réalisée que pendant de très brèves périodes, par exemple au lendemain de la Commune de Paris, jusqu’au moment où les délires antidreyfusards vinrent mettre un terme aux espoirs qu’avait fait naître le boulangisme à ses débuts.
La droite tient que l’homme est naturellement social. Cependant, elle n’a jamais développé une théorie cohérente de la communauté ou du lien social. Elle n’a jamais exploré sérieusement l’opposition entre les idéaltypes du soi-propriétaire (l’homme défini par le droit de jouissance de ce dont il est propriétaire, tel que le pose l’individualisme libéral) et le soi lié-à-autrui. Elle n’a jamais été capable non plus de formuler une doctrine économique véritablement alternative du système de la marchandise.
Jean-Pierre Maxence parlait aussi, très justement, de « défaut de contacts populaires » : « On se proclamait “homme du peuple” mais on pensait, plus on sentait, en petit-bourgeois ».


Au lieu de soutenir le mouvement ouvrier et le socialisme naissant, qui représentait une saine réaction contre l’individualisme qu’elle critiquait elle-même, la droite n’a que trop souvent défendu les exploitations humaines les plus affreuses et les inégalités les plus politiquement insupportables. Elle s’est rangée du côté des classes possédantes, participant objectivement de la lutte de la bourgeoisie contre les « partageux » et les « classes dangereuses ». Il y a eu des exceptions, mais rares. Et les théoriciens n’ont que trop souvent été à la remorque de leur public (qu’on pense aux écrits du jeune Maurras en faveur du socialisme et du fédéralisme et à la dérive conservatrice de l’Action française). Défendant la nation, la droite a rarement compris que la nation, c’est avant tout le peuple. Elle a oublié la complémentarité naturelle des valeurs aristocratiques et des valeurs populaires. Au moment du Front populaire, on l’a vu tonner contre la « culture des congés payés ». Elle a toujours préféré l’ordre à la justice, sans comprendre que l’injustice est un suprême désordre, et que l’ordre n’est lui-même bien souvent qu’un désordre établi.
Elle aurait pu, comme Herder, développer une philosophie de l’histoire fondée sur la diversité des cultures et la nécessité d’en reconnaître la valeur universelle, ce qui l’aurait amenée à soutenir les luttes en faveur de l’autonomie et de la liberté des peuples, à commencer par les peuples du Tiers-monde, premières victimes de l’idéologie du progrès. Au lieu de cela, elle a défendu le colonialisme, qu’elle avait pourtant à juste titre condamné dans un premier temps (ce qui ne l’empêche pas de se plaindre à l’occasion d’être « envahie » ou « colonisée » à son tour).


La droite a oublié que son seul véritable ennemi est l’argent, et qu’elle devait de ce fait s’éprouver comme l’alliée objective de tout ce qui conteste le système de l’argent. Elle est passée par paliers du côté de ce système. Elle était mieux placée que quiconque pour défendre, en les reformulant, des valeurs anti-utilitaristes de gratuité et de désintéressement. Peu à peu, elle s’est convertie à l’axiomatique de l’intérêt et à la défense du marché. Parallèlement, elle est tombée dans l’ordre moral, le militarisme, le nationalisme, qui n’est qu’un individualisme collectif que les premiers contre-révolutionnaires avaient condamné comme tel. Le nationalisme l’a fait tomber dans la métaphysique de la subjectivité, maladie de l’esprit systématisée par les modernes, lui faisant du même coup perdre de vue la notion de vérité.
Elle aurait dû être le parti de la générosité, de la « common decency », des communautés organiques ; elle n’est que trop souvent devenue le parti de l’exclusion, de l’égoïsme collectif et du ressentiment. Bref, la droite s’est trahie elle-même quand elle a commencé à accepter
l’individualisme, le mode de vie bourgeois, la logique de l’argent, le modèle du marché. »

 
Alain de Benoist, Entretien sur les droites françaises, ici.

27/12/2006

La colonisation, une idée de gauche.

Cela ne vous a pas échappé : le passé colonial de ce pays est devenu un élément à charge constant dans le procès permanent en infamie fait à la France par nos amis progressistes…

Pour autant, nul ne s’étend sur les idéaux qui ont porté l’entreprise coloniale et permis l’érection de l’Empire colonial Français. Et pour cause.

 

Sous l’influence de deux républicains et hommes de gauche, Léon Gambetta et Jules Ferry, la France de la troisième république s’engagea dans la voie de la création d’un empire colonial. Si Jules Ferry fut le père de la colonisation républicaine Française, il ne fit en réalité que mettre en pratique l’engouement que la gauche Française nourrissait alors pour l’expansion coloniale.

En 1879, avec une rare emphase, Victor Hugo avait ainsi prononcé un discours archétypique de la pensée coloniale de gauche :  « (…) Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie, déserte c’est la sauvagerie ! (…) Allez peuples, emparez vous de cette terre ; Prenez-là ! A qui ? A personne !. Prenez cette terre à Dieu ; Dieu donne l’Afrique à l’Europe ! Prenez-là, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille mais pour l’industrie (applaudissements prolongés). Versez votre trop plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes ! Croissez, cultivez, colonisez, multipliez, et que sur cette terre de plus en plus dégagée des prêtres et des princes, l’Esprit divin s’affirme par la paix et l’Esprit humain par la liberté (applaudissements enthousiastes..) ». Discours prononcé le 18 mai 1879 au banquet commémoratif de l’abolition de l’esclavage, en présence de Victor Schoelcher ! (1)

Ou encore, le même jour : « Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie à son histoire, l’Amérique à son histoire, (…) l’Afrique n’a pas d’histoire .»

Aujourd’hui une telle arrogance, un tel mépris à l’égard de l’Afrique fermeraient à Victor Hugo les portes du Panthéon et le rangerait dans le camp des infréquentables…

Jules Ferry, ministre de l’Instruction Publique en 1879, puis Président du conseil fut un des principaux artisans de cette politique coloniale.

Sa doctrine coloniale reposait sur trois points:

-         économique : l’Empire devait offrir un débouché à l’industrie Française ; la lecture des ouvrages de référence sur cette question économique (2) permet de mesurer l’ampleur de l’erreur d’appréciation,

-         philosophique : la France, patrie des Lumières, se devait de faire connaître aux peuples qui l’ignoraient encore ce message universaliste. Dans la réflexion de la gauche Française, la dimension idéologique morale et universaliste tient une part considérable. On trouve chez Jules Ferry la notion de colonisation émancipatrice et cet homme de la gauche coloniale utilise alors des arguments qui choquent aujourd’hui : « Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un doit vis à vis des races inférieures ; mais parce qu’il y a aussi un devoir. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. » ! (discours à la chambre du 28 juillet 1885)

-         politique : créer à la France de nouvelles conditions de rayonnement d’une grande puissance.

Dans la justification de sa politique coloniale, la gauche républicaine Française eut alors recours à des références qui aujourd’hui tomberaient sous le coup de la loi. Clemenceau, alors opposant à cette politique coloniale, répondit à Ferry en ces termes : « Vous nous dites « nous avons des droits sur les races inférieures » [interruption du député Bonapartiste Paul de Cassagnac : « c’est la théorie des négriers ! » !], c’est bientôt dit ! Race inférieure les Hindous ! Avec cette grande religion bouddhiste qui a quitté l’Inde pour la Chine ? Avec cette grande efflorescence d’art dont nous voyons encore les magnifiques vestiges ? Race inférieure les Chinois ? Inférieur Confucius ? » (discours à la chambre du 30 juillet 1885.

Ecoutons aussi Jean Jaurès, grand icône républicaine dans son discours devant la Chambre en 1903 (3) : « La civilisation [que représente la France] en Afrique auprès des indigènes, est certainement supérieure à l’état présent du régime Marocain. »

Ou Léon Blum le 9 juillet 1925 devant les députés : « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler au progrès réalisées grâce aux efforts de la science et de l’Industrie »…

Portée par son postulat philosophique, la gauche coloniale Française enjambait allégrement les contradictions. Ainsi la Société des Amis des Noirs, crée en 1788 pour lutter contre l’esclavage, changea-t-elle de nom au début du XIX ème siècle pour devenir la Société des Amis des Noirs et des Colonies. Quant à Victor Schoelcher, le célèbre abolitionniste, aujourd’hui quasiment déifié, il fut secrétaire d’état aux colonies et coprésida en 1889 le congrès colonial international aux cotés du Général Faidherbe, conquérant du Sénégal…

Des républicains, des hommes de gauche, des laïcs militants furent donc des initiateurs de la colonisation, alors que toute la philosophie qui les animait reposait pourtant sur le contrat social. Pourquoi ?

La réponse est claire : parce que la France républicaine avait un devoir, celui d’un aîné devant guider son cadet non encore parvenu à l’éclairage des Lumières.

 

Jusque dans les années 1890, la position de la droite nationaliste fut claire : la France devait choisir entre la « revanche » envers l’Allemagne, un impératif patriotique, et l’expansion coloniale, chimère détournant les Français de la ligne bleue des Vosges. Dés lors toute aventure coloniale était considérée comme une trahison. Cet anti colonialisme de droite fut bien incarné par Paul Déroulède et Maurice Barrès. Pour le premier, la cause était entendue : jamais les colonies ne pourraient offrir une compensation à la perte des provinces occupées par l’Allemagne et c’est dans ce sens qu’il déclara à Jules Ferry : « J’ai perdu deux sœurs et vous m’offrez vingt domestiques » !(3)

Face à la cohérence philosophique de la gauche coloniale, la droite Française était plus divisée : il s’agissait d’un choix entre les priorités d’action. Charles Maurras à résumé cette attitude : « Les Français ont été autrefois très divisés sur la politique coloniale. Après 1870, dominait le parti du Recueillement et de la Revanche ; Il groupait des hommes aussi différents que le Duc de Broglie et Clemenceau. Ils disaient, ils savaient que les Empires coloniaux, s’ils ne se gagnent pas sur les champs de bataille de l’Europe, ne se perdent à coup sur que là. Il voulaient donc d’abord reprendre Metz et Strasbourg. Après, mais après seulement, on serait parti à la conquête de l’univers. » (4)

 

Ceci étant, en dehors de certains milieux d’affaires minoritaires, qui avait adhéré à la doctrine de Jules Ferry, en pensant comme lui (et à tort) que les colonies allaient être une bonne affaire la droite était initialement généralement anti coloniale quand la gauche était majoritairement ralliée au mouvement d’expansion coloniale.

Secondairement seulement la droite Française se rallia majoritairement au « credo colonial », sous la pression entre autres de l’humanitaire (rôle décisif dans la lutte contre l'esclavage) et du religieux  (évangélisation des Africains).

Jacques Marseille a bien résumé cet unanimisme : « (…) le mot d’ordre commun est de civiliser ; Il s’agit pour les républicains de conquérir des débouchés indispensables à l’économe et en même temps d’apporter les Lumières au monde et faire rayonner la civilisation Française ; Pour les missionnaires, il s’agit de diffuser la religion catholique et de convertir ceux que l’on nomme alors des « primitifs ». L’unanimité habite alors les deux camps de la gauche à la droite. » (5)

 

Ou l’on voit que la droite en 2006, ne devrait pas avoir de complexes vis à vis de la politique coloniale Française. La gauche aujourhui a totalement oublié (ou feint d'avoir oublié) cette page de sa propre histoire. Mais le terrorisme intellectuel de la propagande progressiste est puissant et l’inculture historique de nos hommes politiques abyssale…

 

 

(1)   Lugan ; Pour en finir avec la colonisation. Ed du Rocher 2006.

(2)   Jacques Marseille, Empire colonial et capitalisme français  - Histoire d'un divorce. 01/2005 ; Daniel Lefeuvre. Pour en finir avec la repentance coloniale  Flammarion ; 09/2006

(3)     Raoul Girardet, L’idée coloniale en France de 1871 à 1962. Paris 1978.

(4)   L’Action Française, 26 juin 1939.

(5)   Entretien donné à « Enquête sur l’histoire », numéro spécial L’aventure coloniale, automne 1993, p.16.