01/08/2009
ami ennemi et analphabètes malfaisants
(…) Théoricien de la décision souveraine et de l’ordre concret, Carl Schmitt, qui deviendra vite l’un des plus proches amis de Julien Freund, voit dans la relation ami-ennemi un critère permettant d’identifier ce qui est politique et ce qui ne l’est pas : le politique se définit chez lui par la possibilité d’un conflit, tout conflit devenant lui-même politique dès l’instant qu’il atteint un certain degré d’intensité. Renoncer à la distinction de l’ami et de l’ennemi, dit Carl Schmitt dans La notion de politique, ce serait céder au mirage d’un « monde sans politique ».
Comme ses deux maîtres, Raymond Aron et Carl Schmitt, Julien Freund soutient donc la thèse de l’autonomie du politique. Ce n’est pas à dire que l’action politique ne doit pas tenir compte des données économiques, morales, culturelles, ethniques, esthétiques et autres, mais qu’une politique exclusivement fondée sur elles n’en est tout simplement pas une. Chaque activité humaine est en effet dotée d’une rationalité qui lui est propre. L’erreur commune du libéralisme et d’un certain marxisme est de faire de la rationalité économique le modèle de toute rationalité. « La pensée magique, dira Freund, consiste justement en la croyance que l’on pourrait réaliser l’objectif d’une activité avec les moyens propres à un autre ».
Freund insiste tout particulièrement sur la nécessité de bien distinguer la politique et la morale. D’abord, explique-t-il, parce que la première répond à une nécessité de la vie sociale alors que la seconde est de l’ordre du for intérieur privé (Aristote distinguait déjà vertu morale et vertu civique, l’homme de bien et le bon citoyen), ensuite parce que l’homme moralement bon n’est pas forcément politiquement compétent, enfin parce que la politique ne se fait pas avec de bonnes intentions morales, mais en sachant ne pas faire de choix politiquement malheureux. Agir moralement n’est pas la même chose qu’agir politiquement. C’est ce que Max Weber disait aussi en attirant l’attention sur le « paradoxe des conséquences » : l’enfer est pavé de bonnes intentions.
La politique n’en est pas pour autant « immorale ». Elle a même sa propre dimension morale, en ce sens qu’elle est ordonnée au bien commun, qui n’est nullement la somme des biens ou des intérêts particuliers, mais ce que Hobbes appelait le « bien du peuple », et Tocqueville le « bien de pays ». « Il n’y a pas de politique morale, écrit Julien Freund en 1987, dans Politique et impolitique, mais il y a une morale de la politique ». (suite)
Alain de Benoist, Julien Freund, 2008.
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(…) Julien Freund : « Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! »
Pierre Bérard : « C'est Nietzsche qui écrit dans La volonté de puissance que l'Europe malade trouve un soulagement dans la calomnie. Mais il se pourrait bien que le masochisme européen ne soit qu'une ruse de l'orgueil occidental. Blâmer sa propre histoire, fustiger son identité, c'est encore affirmer sa supériorité dans le Bien. Jadis l'occidental assurait sa superbe au nom de son dieu ou au nom du progrès. Aujourd'hui il veut faire honte aux autres de leur fermeture, de leur intégrisme, de leur enracinement coupable et il exhibe sa contrition insolente comme preuve de sa bonne foi. Ce ne serait pas seulement la fatigue d'être soi que trahirait ce nihilisme contempteur mais plus certainement la volonté de demeurer le précepteur de l'humanité en payant d'abord de sa personne. Demeurer toujours exemplaire, s'affirmer comme l'unique producteur des normes, tel est son atavisme. Cette mélodie du métissage qu'il entonne incessamment, ce ne serait pas tant une complainte exténuée qu'un péan héroïque. La preuve ultime de sa supériorité quand, en effet, partout ailleurs, les autres érigent des barrières et renforcent les clôtures. L'occidental, lui, s'ouvre, se mélange, s'hybride dans l'euphorie et en tire l'argument de son règne sur ceux qui restent rivés à l'idolâtrie des origines. Ce ne serait ni par abnégation, ni même par résignation qu'il précipiterait sa propre déchéance mais pour se confondre enfin intégralement avec ce concept d'humanité qui a toujours été le motif privilégié de sa domination... Il y a beaucoup de cabotinage dans cet altruisme dévergondé et dominateur et c'est pourquoi le monde du spectacle y tient le premier rôle... » (suite)
20:44 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : julien freund, alain de benoist, pierre bérard, grece
31/07/2009
xénophobie
« La décolonisation a été une réaction xénophobe de peuples qui ont profité d’une conjoncture favorable pour chasser l’étranger, redevenir maître chez eux et préserver avec l’indépendance politique leur identité collective. Il est contradictoire d’être en même temps un ardent partisan de la décolonisation tous azimuts et un adversaire de toute xénophobie. » (Julien Freund, Les garde-fous et le mirador)
00:27 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : julien freund, xenophobie
29/07/2009
mais si Jo! Page pleure au fond de la salle. AND Plant singing tangerine is BEAUTIFUL!
00:31 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : rory gallagher and led zep for ever und gott mit uns
bella da semana
00:11 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : adriana lima
28/07/2009
the faithfull hussar
« Une caisse, vous savez ce que c’est, une caisse, non, bordel ! »
Hoplite, plongé dans ses pensées du moment, matinées de packs de mousse et de Braudel, entortillé de Jared Diamond –je sais je suis comme ça, moi, incapable de dissocier lectures et activités profanes- ne releva point immédiatement.
C’est seulement lorsque je vis l’espèce de clown invertébré, habillé par armand thierry de pied en cap et bouc au menton, que je réalisais l’étendue du désastre. Imaginez une sorte de gros pitre grassouillet habillé comme l’as de pique, chaussé de méphistos, cravate saumon et chemise verte auréolée aux aisselles et étiqueté « chef produit » penché sur une jeune obèse suintante de peur derrière sa caisse, crevant de trouille devant cette caricature de zorglhomme moderne.
A ce moment précis, j’ai compris que c’était du flan, que cette larve ne jouait son numéro de sous chef lambda que pour le public que j'étais. Faut pas grand-chose pour saisir ça : le regard en biais qui évalue le public autour, manière de savoir si ça vaut le coup d’en remettre une couche. J’ai croisé ce regard foireux et celui de l’esclave derrière son comptoir de merde. Et, en une fraction de seconde, s’est imposé l’image de cette épicière maladroite vilipendée par son sous chef de rayon dans Un peu d’air frais, ce roman d'anticipation anti moderne et injustement méconnu d’Orwell, à la différence que le regard que je croisais n’était pas hostile. Elle ne m’en voulait pas d’assister à ce moment misérable, au contraire. Plus loin c’est cette fille misérable au bord du remblai que décrit Orwell dans Le quai de Wigan, qui m’est apparue ; la conscience claire d’un destin misérable et inéluctable de caissière de merde.
« (…) le train m’emportait à travers un monstrueux paysage de terrils, de cheminées, de tas de ferrailles, de canaux putrides, de chemins faits de boue et de cendre, tout piétinés d’empreintes de sabots. On était en mars, mais il avait fait affreusement froid, et partout élevaient encore des amoncellements de neige noircie. Comme nous traversions lentement les faubourgs de la ville, nous longeâmes d’interminables rangées parallèles de petits taudis grisâtres qui joignaient perpendiculairement le talus du chemin de fer. Derrière une de ces cahutes, une jeune femme était agenouillée sur les pavés, enfonçant un bâton dans un tuyau de plomb qui devait servir de décharge à un évier placé à l’intérieur, et qui, sans doute, s’était bouché. J’eus le temps de la détailler, avec son tablier qui pendait comme un sac, ses lourds sabots, ses bras rouges de froid. Elle leva la tête au passage du train ; un instant, je fus si prés d’elle que nous aurions presque pu nous regarder dans les yeux ; Elle avait un visage rond et pâle, le visage ordinaire et usé d’une fille grandie dans les taudis, qui a vingt-cinq ans mais en paraît quarante à force d’avortements et de travaux abrutissants, mais ce visage présentait, durant la seconde ou je l’entrevis, l’expression la plus désolée, la plus dénué d’espérance que j’ai jamais contemplée. Je saisis alors combien nous nous trompons quand nous disons : « Pour eux, ce n’est pas la même chose, ce n’est pas comme pour nous » - comme si les gens qui ont grandi dans les taudis ne pouvaient rien imaginer d’autre que des taudis ; En effet, ce que j’avais lu sur son visage, ce n’était pas la souffrance ignorante d’une bête. Elle ne savait que trop bien ce qui lui arrivait, elle comprenait aussi bien que moi quelle destinée affreuse c’était d’être ainsi agenouillée là, dans ce froid féroce, sur les pavés gluants d’une misérable arrière cour, à enfoncer un bâton dans un puant tuyau d’égout. » (Orwell, Le quai de Wigan)
« But she can sing like a bird ! und Das wahr für wahr ein treuer husar!”
Et là, sous l’emprise de la boisson, je vous refourgue cette scène mythique de Pathways of glory!!! (mon côté traîneur de sabre).
et si ça ne vous émeut pas, fuck you my friends!
Et je me plaisais à imaginer un rapide pugilat, tout pack de kro cessant, avec ce résidu de fausse couche attalinesque, ordure moderne enflée de ce petit pouvoir de marchand de merde et étiquettée chef produit de je ne sais quel surimi moisi : coup de pied dans les couilles, direct du gauche au bec, éventuellement coup de coude dans la tronche et low kick appuyé, manière de fatiguer la racaille cravatée avant de recevoir quelque vigile basané sur le rable…mais non, c’est mon côté violent et instinctif qu’il n’est pas bon de réveiller hors des salles ad hoc ! Achh, grand dommage !
oui, la phalange est fatiguée. mais debout.
23:59 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : sentiers de la gloire, george orwell
27/07/2009
des nouvelles d'Adolf! euhh de l'islam modéré
21:36 | Lien permanent | Commentaires (6)

