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15/06/2010

le silence des agneaux

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Qu'est-ce qui fait que le même journal -par le truchement d'un de ses petits flics de la pensée les plus insignifiants (Orwell aurait parlé de « gramophone de la pensée »)- puisse d'une main célébrer la Chorba pour tous et de l'autre, dans une reductio ad hitlerum réjouissante dont nos lemmings progressistes ont le secret, présenter un apéro saucisson-pinard bien innocent comme le retour des HLPSDNH (les heures les plus sombres de notre histoireTM) ?

Qu'est-ce qui fait que le cuistre Delanoë, célèbre clown invertébré à roulettes, tolère la fermeture hebdomadaire à la circulation d'une rue Parisienne pour cause de culte musulman et s'inquiète d'éventuels « débordements identitaires » alors même qu'il les cautionne chaque vendredi ?

Qu'est-ce qui fait qu'un philosophe français, professeur à l'Ecole Normale Supérieure puisse déclarer: "Que les étrangers nous apprennent au moins à devenir étranger à nous-mêmes, à nous projeter hors de nous-mêmes, assez pour ne plus être captifs de cette longue histoire occidentale et blanche qui s'achève, et dont nous n'avons plus rien à attendre que la stérilité et la guerre. Contre cette attente catastrophique, sécuritaire et nihiliste, saluons l'étrangeté du matin." (Alain Badiou, De quoi Sarkosy est-il le nom ? Lignes, 2007)

Réponse : une même pathologie du Moi européen oscillant entre ethno-masochisme et oubli de soi; comme le fait remarquer Finkielkraut, bon nombre d'Européens -et en premier leurs « élites » politiques, intellectuelles et médiatiques- ont intégré le commandement qui leur est fait de n'être plus rien. D'abandonner toute préoccupation culturelle, identitaire, d'oublier toute verticalité historique, philosophique ou civilisationnelle, pour s'effacer devant l'Autre, se désencombrer de soi, se « désoriginer », dans un éther indifférencié, un rêve d'indistinction mortifère. Oublier tout ce qu'il y a de singulier, de spécifique, de saillant, de violent même, en eux pour devenir cette cire molle sur laquelle ce nouveau clergé progressiste imprime jours après jours cette religion victimaire des droits de l'homme et de l'antiracisme dogmatique : « Tel est le secret de l'Europe. Nous ne sommes rien »

Or paradoxalement, l'Europe est sans doute une des aires civilisationnelles qui accueille le plus d'étrangers (« migrants » dans la novlangue moderne) sur son sol et qui se montre la plus accueillante et généreuse pour ceux qui choisissent d'y vivre, mais ça n'est pas le terme de xénophilie qui est sur toutes les lèvres mais celui de xénophobie ! Nombre de contempteurs d'une europe occidentale soi disant xénophobe faisant d'ailleurs souvent référence au terme d'Europe citadelle, sous entendant une volonté et une politique de fermeture inconditionnelle de nos territoires aux étrangers.

Pour le meilleur comme pour le pire, les Européens et l'Europe -au sens civilisationnel- se distinguent au contraire par une ouverture, une curiosité sans pareille vis-à-vis de l'altérité, de l'étranger ; d'Hérodote visitant le monde barbare ou les Jardins de Babylone, à Neil Armstrong et son « petit pas pour l'homme » en passant par Marco Polo et Colomb. En bon lecteur de Jared Diamond, j'ai -aussi- tendance à considérer que plus une civilisation est riche et puissante, plus elle a tendance à produire des hommes aventureux, des bateaux pour naviguer loin et des armes pour asseoir leur domination...Il n'empêche, c'est le destin, le fatum, des occidentaux.

Si le cuistre Marcelle était un peu moins haineux de lui-même, il pourrait saisir, ne serait-ce qu'en relisant Lévi-Strauss que, pour survivre, c'est-à-dire se conserver dans le changement, une culture a toujours recours à une certaine xénophobie, tout au moins un certain ethnocentrisme.

« (...) Nulle inconséquence, pourtant, ne saurait être reprochée à Lévi-Strauss. On ne voit pas par quel enchantement des hommes enfoncés chacun dans sa culture seraient saisis d'une passion spontanée pour les genres de vie ou les formes de pensées éloignées de leur tradition. Si, d'autre part, la richesse de l'humanité réside exclusivement dans la multiplicité de ses modes d'existence, si l'honneur d'avoir crée les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie, ainsi que l'écrit Lévi-Strauss et comme le disent en d'autres termes les grandes professions de foi de l'UNESCO, alors la mutuelle hostilité des cultures est non seulement normale mais indispensable. Elle représente le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leurs propres fonds, les ressources nécessaires à leur renouvellement. » (La défaite de la pensée, A Finkielkraut, 1987.).

Comment les européens ont-ils oublié cela ?

Pierre Bérard et Julien Freund voient dans cette xénophilie européenne alliée à un certain ethno masochisme, le propre d'un ethno centrisme dévoyé, d'une croyance irrationnelle en la singularité -la supériorité- de la culture occidentale Européenne; je m'explique : pétris d'universalisme, les européens sont sans doute les seuls au monde à considérer que mettre sa propre culture en retrait et survaloriser celle de l'étranger est la meilleur façon de transmettre (si cela est encore possible) et de faire vivre une tradition culturelle millénaire. Ils sont sans doute seuls au monde à considérer que faire venir sur leur sol des millions d'étrangers en leur enjoignant de ne point abandonner leur culture et de « vivre chez nous comme chez eux » et que, dans le même mouvement, stigmatiser toute manifestation d'une culture autochtone européenne, tout enracinement européen, puisse se terminer autrement qu'en nouvelle Babel. Mais peut-être est-ce une ruse de l'Histoire:

« C'est Nietzsche qui écrit dans La volonté de puissance que l'Europe malade trouve un soulagement dans la calomnie. Mais il se pourrait bien que le masochisme européen ne soit qu'une ruse de l'orgueil occidental. Blâmer sa propre histoire, fustiger son identité, c'est encore affirmer sa supériorité dans le Bien. Jadis l'occidental assurait sa superbe au nom de son dieu ou au nom du progrès. Aujourd'hui il veut faire honte aux autres de leur fermeture, de leur intégrisme, de leur enracinement coupable et il exhibe sa contrition insolente comme preuve de sa bonne foi. Ce ne serait pas seulement la fatigue d'être soi que trahirait ce nihilisme contempteur mais plus certainement la volonté de demeurer le précepteur de l'humanité en payant d'abord de sa personne. Demeurer toujours exemplaire, s'affirmer comme l'unique producteur des normes, tel est son atavisme. Cette mélodie du métissage qu'il entonne incessamment, ce ne serait pas tant une complainte exténuée qu'un péan héroïque. La preuve ultime de sa supériorité quand, en effet, partout ailleurs, les autres érigent des barrières et renforcent les clôtures. L'occidental, lui, s'ouvre, se mélange, s'hybride dans l'euphorie et en tire l'argument de son règne sur ceux qui restent rivés à l'idolâtrie des origines. Ce ne serait ni par abnégation, ni même par résignation qu'il précipiterait sa propre déchéance mais pour se confondre enfin intégralement avec ce concept d'humanité qui a toujours été le motif privilégié de sa domination... Il y a beaucoup de cabotinage dans cet altruisme dévergondé et dominateur et c'est pourquoi le monde du spectacle y tient le premier rôle... » (Pierre Bérard, entretien avec Julien Freund)

Pointons au passage la contradiction consistant à promouvoir un universalisme des droits de l'homme et du genre humain, cette idéologie du Même, et, dans le même temps, un droit à la différence et l'idéologie multiculturelle.

« Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! » (Julien Freund, ibid)

«L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! »...

Sans doute peut-on retrouver dans cette idéologie égalitaire du Même et cette xénophilie inconditionnelle la trace de l'eschatologie chrétienne sécularisée, devenue religion laïque. En ce sens nombreux sont ceux qui, « attachés dans leur Eglise à tout ce dont celle-ci ne veut plus entendre parler, auront du mal à faire croire que le meilleur moyen d'endiguer la « subversion » est de batailler dans une croyance qui les a déjà abandonnés pour passer à l'ennemi. ». Le christianisme en effet, « après avoir été, nolens volens, la religion de l'Occident, après avoir été portée par un esprit, une culture, un dynamisme européens, qui l'avaient précédé de quelques millénaires, le christianisme, opérant un retour aux sources, redécouvre aujourd'hui ses origines. Pour assumer sa vocation universaliste et devenir la religion du monde entier, il entend se « désoccidentaliser ». (...) Nulle idée n'est plus odieuse aux chrétiens que l'idée de patrie : comment pourrait-on servir à la fois la terre des pères et le Père des cieux ? Ce n'est pas de la naissance, ni de l'appartenance à la cité, ni de l'ancienneté de la lignée, que dépend le salut, mais de la seule conformité aux dogmes. Dés lors, il n'y a plus à distinguer que les croyants des incroyants, les autres frontières doivent disparaître. Hermas, qui jouit à Rome d'une grande autorité, condamne les convertis à être partout en exil : « Vous, les serviteurs de Dieu, vous habitez sur une terre étrangère. Votre cité est loin de cette cité. »» (Alain de Benoist, Droite, l'ancienne et la nouvelle, 1979)

Une contrition pathologique secondaire pour Finkielkraut et Venner aux "horreurs du XXième siècle" :

« Nous ne sommes rien ; en effet, aux horreurs du XXième siècle, nos démocraties ont répondu par la religion de l'humanité, c'est-à-dire par l'universalisation de l'idée du semblable et la condamnation de tout ce qui divise ou sépare les hommes. (...) Cela signifiait que, pour ne plus exclure qui que ce soit, l'Europe devait se défaire d'elle-même, se « désoriginer », ne garder de son héritage que l'universalisme des droits de l'homme. Tel est le secret de l'Europe. Nous ne sommes rien. » (Alain Finkielkraut, entretien au Monde des 11 et 12/11/2007)

« Et le lecteur méditatif songera que la tentation est forte, pour l'Européen lucide de se réfugier dans la posture de l'anarque. Ayant été privé de son rôle d'acteur historique, il s'est replié sur la position du spectateur froid et distancié. L'allégorie est limpide. L'immense catastrophe des deux guerres mondiales a rejeté les Européens hors de l'histoire pour plusieurs générations. Les excès de la brutalité les ont brisés pour longtemps. Comme les Achéens après la guerre de Troie, un certain nihilisme de la volonté, grandeur et malédiction des Européens, les a fait entrer en dormition. A la façon d'Ulysse, il leur faudra longtemps naviguer, souffrir et beaucoup apprendre avant de reconquérir leur patrie perdue, celle de leur âme et de leur tradition. » (Dominique Venner, Ernst Jünger, Un autre destin européen, 2009).

Il est peut-être temps de dire merde à ce petit clergé bien-pensant et haineux. Il est peut-être temps de s'émanciper de ces mythes incapacitants (colonisation, affaire Dreyfus, Vichy, Shoah, totalitarismes, islamophobie, etc.) savamment instrumentalisés pour réduire les européens au silence et à la contrition. Il est peut-être encore temps -pour certains- de redevenir des hommes.

Voilà, je voulais faire festif et ça dérape, bordel!

Commentaires

"L'immense catastrophe des deux guerres mondiales a rejeté les Européens hors de l'histoire pour plusieurs générations. Les excès de la brutalité les ont brisés pour longtemps. Comme les Achéens après la guerre de Troie, un certain nihilisme de la volonté, grandeur et malédiction des Européens, les a fait entrer en dormition. A la façon d'Ulysse, il leur faudra longtemps naviguer, souffrir et beaucoup apprendre avant de reconquérir leur patrie perdue, celle de leur âme et de leur tradition. »

Wow! Je pense que c'est exactement ça.
Quand l'Europe s'éveillera...
merci à toi, cher Hoplite :)

Écrit par : Carine | 15/06/2010

Le paradoxe ultime de l'universalité conçue par l'esprit humain singulier* est que le chemin vers son accomplissement détruit, dissout nécessairement son initiateur bien avant que son objectif soit atteint ; cet universalisme non accompli n'étant à ce stade toujours qu'un concept relatif en concurrence avec d'autres, meurt avec la disparition son porteur.

J'admets que c'est très abscons, mais l'idée, bien que limpide dans mon esprit, est foutrement difficile à formuler pour l'autodidacte que je suis. Je serai d''ailleurs très heureux si quelqu'un réussissait à l'exprimer clairement.

* selon moi, la finitude ontologique de raison et de la connaissance humaine lui interdit par nature d'imaginer quelque concept que ce soit qui puisse avoir une portée universelle.

Écrit par : snake | 15/06/2010

Ca me donne envie de lire le bouquin de Venner.
Au fait existe-il un seul livre sur Junger que vous n'ayez pas lu, cher Hoplite ?

Écrit par : robespierre | 15/06/2010

Alain de Benoist, comme souvent, malgré ses qualités, caricature la position chrétienne, particulièrement la religion catholique ; étant entendu qu'il y a catholique et catholique...
Entre Mgr Gaillot et L'association Renaissance catholique, il y un abîme ; et comme par hasard le père Gaillot aurait fini sur le bûcher pour ses élucubrations pseudo-catholiques. Un Jean Madiran n'a cessé de rappeler la pitié filiale qu'un catholique doit à sa patrie. Mais là encore il y a patrie et patrie...
Cf le livre de Jean de Viguerie "les deux patries".
Le texte de Pierre Bérard est un chef-d'oeuvre ; il a paru la première fois dans le Liber amicorum Alain de benoist. Il reste des exemplaires, avis aux amateurs...

Écrit par : Pascal | 15/06/2010

@carine,
c'est ça: quand les européens s'éveilleront...souhaitons qu'il ne soit pas trop tard!

@snake, vous êtes un peu gonflé...d'ou sortez vous ce concept d'auto-destruction du porteur de projet universel? intéressant mais je vous laisse le soin de creuser...

@robespierre, oui je n'ai pas lu le 1/4 des livres écrits par Junger...j'essaie d'y aller doucement (c'est ma drogue..). et le dernier livre de Venner sur Junger est passionnant, vraiment.

@pascal, je suis d'accord avec vous sur le côté "caricatural" de la posture d'Alain de Benoist. Reconnaissons lui quand même le mérite de dégager un des fils rouges de l'église catholique contemporaine.
et puis quel est le poids de "renaissance catholique" versus la masse des catholiques européens fidèles à la doxa universaliste et "desoccidentophile"?

Écrit par : hoplite | 16/06/2010

Merci pour ce beau billet Hoplite.

Oui,"le monde est plein d’ idées chrétiennes devenues folles » ( Chesterton )

J'adhère à votre conclusion en forme d' appel " il est peut-être temps de dire (...)".

En effet, le temps presse."It's too late to be late again" chante David Bowie ( Station to station ).

Écrit par : misckha | 16/06/2010

@ snake
" la finitude ontologique de raison et de la connaissance humaine lui interdit par nature d'imaginer quelque concept que ce soit qui puisse avoir une portée universelle"
c'est contradictoire comme affirmation, désolé mais c'est exactement le sophisme qui fonde notre décadence et le relativisme dogmatique qui la sous-tend.
Lisez Aristote, c'est comme dire "la vérité n'existe pas"
=> c'est ABSURDE et donc FAUX

@ hoplite bravissimo !
sur les catholiques (disons dans la version traditionnelle) = ils sont, à mon sens, la seule minorité active capable de former à terme ces isolats dont parle Raspail
le problème des païens et autres nationaux-révolutionnaires c'est que souvent ils partagent les moeurs dépravés de leurs adversaires (en clair : que les valeurs familiales qui sont la base de toute société leur font défaut : même Ivane le déplore)
cf. sociologie et description du pélé de" Chartres par Polydamas il y a un an.
Sur leur poids dans l'Eglise, il ne faut vraiment pas le négliger.

Voilà, sinon il y a longtemps (un an ? ), vous aviez écrit un truc sur la religion ds l'Antiquité romaine
On avait parlé laïcité rapidement, juste pour vous dire que la conclusion de la Cité antique de Fustel de Coulanges exprime bien le message que j'avais voulu vous faire passer à l'époque (j'avais parlé de Marcel De Corte).



Ah, et puis : continuez, we need you!

Écrit par : Julien | 16/06/2010

Très bon. Et jolie choix pour la phrase de Finkielkraut de 2007.
Surtout dans la dénonciation de la statôlatrie. Si le clergé bien-pensant a tant de pouvoir c'est bien à cause du pouvoir de l'Etat républicain, ses institutions, ses préfets, sa justice, ses moyens de coercition. Des fictions juridiques qui doivent tomber.

Écrit par : Rorschach | 16/06/2010

Dormition ne me semble pas le terme adéquat.
Sinon, je ne suis pas certain que le mal soit spécifiquement Européen, ni même Occidental d'ailleurs.
La Crise que le monde traverse est mondiale et correspond à une forme d'abolition des frontières et du sens dans une sorte de grand marché mondial et universel.
Tout est à vendre ou à acheter. Les seules valeurs ne sont plus que celles du marché.

Écrit par : zozo | 16/06/2010

Sur le phénomène de l'indifférenciation, Jean Borella a écrit, à propos des féministes :
"La révolte féministe (qui n’est pas l’apanage des femmes) ignore tout simplement cette loi : elle voudrait que tout soit n’importe quoi, ce qui équivaut à ne rien vouloir ; mais ne rien vouloir, c’est vouloir le rien, autrement dit : la destruction de tout." De la femme et du sacerdoce.
Marcel De Corte a écrit un livre magnifique qui s'intitule "L'intelligence en péril de mort" où il montre que la crise de l'occident est une crise anthropologique qui repose sur l'incapacité à comprendre la distinction qu'il y a faire entre l'intellect et disons l'agilité mentale. Jacques Attali doit avoir un quotient intellectuel très élevé (major de polytechnique) mais tout comme Badiou, il est incapable de comprendre des choses relativement simples et vitales. Clemenceau disait à propos de Poincaré "il sait tout et ne comprend rien". Il me semble que Michéa à la suite D'Orwell a compris cela ; Il y a donc à côté effectivement d'une patholoqie du moi, un autre problème...

Écrit par : Pascal | 16/06/2010

Hoplite en très grande forme :-)
D'où vient la photo ?

Écrit par : Aphrodite | 16/06/2010

Au risque de passer pour un immonde bolchévique, l'idée que ces intellectuels soient sujets à des pathologies mentales ne me semble pas si ridicule que cela.

En effet recourir à la psychiatrie pour essayer de comprendre cette puissante haine de soi ne parait pas si absurde.

D'un autre côté je suis de plus en plus persuadé que nous subissons aujourd'hui les conséquences d'une puissante guerre de propagande menée par les soviétiques il y a plus de 30 ans (cf Bezmenov, ce qu'il raconte est tellement adapté à notre situation que la coïncidence me parait trop belle pour être vraie).

L'URSS n'existant plus aujourd'hui, personne n'est là pour récolter les fruits de cette guerre de propagande, et la France se désagrège désormais pour rien, comme un fruit trop mûr qui pourrit.

PS: La conférence de Bezmenov :
http://www.youtube.com/watch?v=cj0Id3BLFco

(Il y a moyen de mettre les sous-titres en français.)

Écrit par : Jean-Pierre | 16/06/2010

"une crise anthropologique qui repose sur l'incapacité à comprendre la distinction qu'il y a faire entre l'intellect et disons l'agilité mentale.", cette dernière étant souvent prise pour l'intellect, et valorisée comme telle. C'est le créneau (lucratif) de tous nos comiques troupiers actuels, de nos animateurs et debaters télé, de nos zompolitiques (et dames) à qui la facilité de répartie, le tac au tac, tient lieu d'écoute et de compréhension de celui qui est en face. Le dialogue de sourds est généralisé, on nage dans le flou. Ca vaut mieux pour ceux qui tiennent les rênes.

Écrit par : Carine | 16/06/2010

La doxa "desoccidentophile" de la masse des catholiques européens... Qu'avez-vous voulu dire?

Écrit par : Inès | 16/06/2010

@Julien
" la finitude ontologique de raison et de la connaissance humaine lui interdit par nature d'imaginer quelque concept que ce soit qui puisse avoir une portée universelle"
c'est contradictoire comme affirmation"

Contradictoire ? Je ne vois pas où se situe la contradiction. Cela me parait même être frappé au coin du bon sens. Bon, cela dit, je suis très loin d'être un expert en philo ...

Écrit par : snake | 17/06/2010

@ snake
contradictoire parce que votre affirmation a une portée universelle et que vous voulez accorder au concept de relativité qui le sous-tend une portée absolue.
Celui qui dit "Tout est relatif" prétend dans le même temps à l'absoluité de son affirmation. Si vous allez au bout de votre propos il s'annihile lui-même.
Or pp de contradiction d'Aristote (la Métaphysique livre Gamma) : une chose ne peut pas être et n'être pas en même temps et sous le même angle.
C'est la base.

C'est pour ça que je vous ramène à "la vérité n'existe pas" (qui est le fond de ce que vous dites, en trois question on y est), dire ça c'est prétendre affirmer une vérité.
Pas vrai ?



Cdlt

Écrit par : Julien | 17/06/2010

@Julien
Ah oui, nom de dieu, vous avez raison!

Écrit par : snake | 17/06/2010

Ma première leçon de philo! :-)

Écrit par : snake | 17/06/2010

"C'est pour ça que je vous ramène à "la vérité n'existe pas" (qui est le fond de ce que vous dites, en trois question on y est), dire ça c'est prétendre affirmer une vérité.
Pas vrai ? "


Ben non, justement.

Écrit par : Olipien | 17/06/2010

Arg!

Écrit par : snake | 17/06/2010

Hoplite,
tu peux nous en dire plus sur la photo?Chacun peut en faire son interprétation.
Moi, j'y vois les derniers instants d'un jeune homo qu'ils ont enterré dans du ciment...

Écrit par : Carine | 17/06/2010

à tous: suis un peu à la bourre pour vous répondre...le prenez pas mal (guigoz est mon maître du moment...)

@mischka, merci pour la citation de Chesterton, à laquelle je pensais en relisant ADB...

@julien,
"sur les catholiques (disons dans la version traditionnelle) = ils sont, à mon sens, la seule minorité active capable de former à terme ces isolats dont parle Raspail
le problème des païens et autres nationaux-révolutionnaires c'est que souvent ils partagent les moeurs dépravés de leurs adversaires (en clair : que les valeurs familiales qui sont la base de toute société leur font défaut : même Ivane le déplore)
cf. sociologie et description du pélé de" Chartres par Polydamas il y a un an.
Sur leur poids dans l'Eglise, il ne faut vraiment pas le négliger."

peut-être avez-vous raison..anyway, il n'est pas temps de faire le difficile sur les forces disponibles..
je me rappelle notre discussion au sujet de ce "bolchevisme de l'antiquité"...

@rorschach,

"Surtout dans la dénonciation de la statôlatrie. Si le clergé bien-pensant a tant de pouvoir c'est bien à cause du pouvoir de l'Etat républicain, ses institutions, ses préfets, sa justice, ses moyens de coercition. Des fictions juridiques qui doivent tomber."

je le pense aussi mais en voyant l'état plutôt comme un instrument neutre susceptible de servir le politiquement correct du moment, ie ce sont les idées qui mènent le monde (suis assez Gramscien,là dessus). une bonne propagande apte à subjuguer les foules passionnelles et irrationnelles, quelques relais d'opinion cardinaux et quelques nervis violents pour les bobos récalcitrants et la partie est gagnée! si!


@zozo,
"Tout est à vendre ou à acheter. Les seules valeurs ne sont plus que celles du marché."

oui. vous rejoignez la weltanschauung de MIchéa: des sociétés modernes comme des sphères gouvernées par les lois du marché et enveloppées d'une enveloppe juridique mouvante au gré des sondages et des lobbys du moment...versus des sociétés traditionnelles en butte à la violence de notre modernité festive.
je ne crois pas une seconde que les idéaux occidentaux soit disant "universels" le soient réellement.

@pascal,

merci pour la référence à Decorte, que je ne connaissais pas; la supériorité de Michéa, d'Orwell ou de Lasch est d'avoir su mener une critique de l'idéal progressiste, vu de gauche, en montrant qu'une certaine tradition est indispensable à la survie de cultures et de conditions de vie acceptables (contrairement à l'idéal bourgeois progressiste)

@aphrodite,

de mon stock d'images choc!

@les autres, à tout à l'heure!

Écrit par : hoplite | 17/06/2010

@carine,

ceux-là par exemple?

"Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, Time Magazine et d'autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions [groupe Bildeberg]et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer nos plans pour le monde si nous avions été assujettis à l'exposition publique durant toutes ces années. Mais le monde est maintenant plus sophistiqué et préparé à entrer dans un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d'une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l'autodétermination nationale pratiquée dans les siècles passés." David Rockefeller (Président et fondateur du Groupe de Bilderberg et de la Commission Trilatérale. Président du CFR (, Council on Foreign Relations). Propos tenus à la rénion du Groupe de Bilderberg à Baden Baden en 1991.)

@Inès,

"La doxa "desoccidentophile" de la masse des catholiques européens... Qu'avez-vous voulu dire?"

oui, c'était pas trés clair...je veux dire par là, dans le sillage d'Alain de Benoist, que l'église catholique contemporaine ne ma parait pas un allié sûr pour lutter contre l'anomie galopante de nos contemporains et leur détestation de tout fierté identitaire européenne...

@snake et julien,

peux pas vous suivre ce soir...müde++

@carine,

aucune idée..trouvée sans légende sur le web. mais bonne illustration du post, j'ai trouvé!

Écrit par : hoplite | 17/06/2010

@ snake
:-)

@ Olipien
"Ben non, justement."

Ben si. On peut pas se passer des catégories absolues du vrai et du faux pour penser.
D'ailleurs, me dire non, c'est me dire "c'est pas vrai".

Au fond c'est simple : il suffit d'être rigoureux en vérifiant si la théorie relativiste peut s'appliquer à elle-même.
Cdlt

Écrit par : Julien | 18/06/2010

Mais alors (et quitte à passer pour un imbécile, hum) en partant du principe qu'un raisonnement doit pouvoir s'appliquer à lui-même, la seule et unique affirmation tenable serait "Tout est Vérité", non?
Étrangement, une telle affirmation résonne comme une note pure dans l'esprit et fait percevoir la réalité d'une manière tout-à-fait inouïe!

Écrit par : snake | 18/06/2010

Vous n'êtes pas censé ignorer que l'ontologie est une vérité. Aristote a essayé de dévoiler le recours universel et non pas absolu qui régit la multiplicité de l'étant. Pour définir un recours, il faut utiliser le principe de raison qui régit la notion de vérité ( le faux est une vérité, le faux étant le modal différé de la détermination de la vérité mais reste sur le même plan phénoménal). Le principe de raison permet de fixer le définit des mots, les principes de vérité universels ne sont la que pour vérifié la validité du référent raisonnable.

Le définit demande la calcul et la teckné, tout deux hostiles à la pensé. Les catégories absolues du vrai et du faux sont faites pour réfléchir et non penser, ce qui doit être la justification majeur qui a permit de créer des diplômes de philosophie. Heureusement pour moi et Malheureusement pour les Chrétiens, Aristote cet enculé de païens faisait la distinction. Aristote développe une branche de la philosophie qui ne régit pas la philosophie. Snake s'est affreusement mal exprimé et a eut la politesse de le préciser. Sa démonstration est fausse par mésuage du référent raisonnable, et pour avoir utilisé une discipline qui ne se prête pas à sa démonstration. Ca ne va dire selon vos critères de mongols qu'il se trompe.

Snake dit une chose simple, de manière affreuse.

"* selon moi, la finitude ontologique de raison et de la connaissance humaine lui interdit par nature d'imaginer quelque concept que ce soit qui puisse avoir une portée universelle." L'ontologie de la raison permet d'imaginer ( mot bien choisi) des concepts universels, l'ontologie de la connaissance humaine ramène ce concept à la réalité, ce ,qui révèle sa relativité. La vérité est relative puisqu'elle se définit relativement. Vous ne voulez pas de relativisme, passez par la Fusiv, mais la il faudra penser, et y' a pas de diplôme.

Vous n'êtes as rigoureux, et le tautologique n'est pas une preuve.

"Mais alors (et quitte à passer pour un imbécile, hum) en partant du principe qu'un raisonnement doit pouvoir s'appliquer à lui-même, la seule et unique affirmation tenable serait "Tout est Vérité", non?
Étrangement, une telle affirmation résonne comme une note pure dans l'esprit et fait percevoir la réalité d'une manière tout-à-fait inouïe!"

Écrit par : Olipien | 18/06/2010

Ouch, je crois que je mérite une bonne bière ... ^^

Écrit par : snake | 18/06/2010

Toutefois, c'est passionnant !!

Écrit par : snake | 18/06/2010

Et sinon, j'ai une question concernant la photo d'illustration. Pouvez-vous nous éclairer sur sa provenance ? C'est un supplice tchétchène ? Une performance de plasticien berlinois ?

Écrit par : fromageplus | 18/06/2010

@snake, je crois aussi.

@fromage, comme je l'ai dit à carine, pas de légende, hélas!

Écrit par : hoplite | 18/06/2010

@ olipien

Ok sur la nuance universel/absolu
+ « la vérité est relative » = ok, mais seulement en ce qu’elle est adequatio rei et intellectus
C’est d’ailleurs ce qui fait qu’on peut vérifier la véracité d’une affirmation (vous parlez de validité).

Vous-même avez la prétention de prononcer un discours vrai qui doit confondre la fausseté du mien car si j’ai des critères de mongol c’est que j’ai tout faux sachant que dans votre esprit je dois aussi avoir tout vrai puisque :

« Le faux est une vérité, le faux étant le modal différé de la détermination de la vérité mais reste sur le même plan phénoménal »
Ben non, le faux est une fausseté.
Et pour la deuxième partie de la phrase, désolé comprend pas… Mais dans votre optique phénoménologique puisque toute connaissance ne se situe jamais qu’au plan phénoménal comment pouvez-vous jamais faire un quelconque saut qualitatif vers l’universel ? Comment expliquez-vous qu’on puisse seulement discuter ?

« Snake dit une chose simple, de manière affreuse. »
C’est plutôt l’inverse, et il est meilleur que vous à ce jeu là semble-t-il ;-)

@ snake
« Tout est Vérité » si c'est dire « tout est vrai » alors vous dites que l’affirmation qui conteste que « tout est vrai » est vrai ce qui ne se peut…

Écrit par : Julien | 18/06/2010

"Ok sur la nuance universel/absolu
+ « la vérité est relative » = ok, mais seulement en ce qu’elle est adequatio rei et intellectus
C’est d’ailleurs ce qui fait qu’on peut vérifier la véracité d’une affirmation (vous parlez de validité)."

Je n'ai pas parlé de la nuance, universel/absolu. "Adequatio rei et intellectus" n'a rien à faire ici, la vérité à besoin du paramétein , point barre.

"
« Le faux est une vérité, le faux étant le modal différé de la détermination de la vérité mais reste sur le même plan phénoménal »
Ben non, le faux est une fausseté." Le faux est ce que j'en ai dit, vérité et fausseté sont deux byron qui agisse sur le même plan phénoménal.

"Mais dans votre optique phénoménologique puisque toute connaissance ne se situe jamais qu’au plan phénoménal comment pouvez-vous jamais faire un quelconque saut qualitatif vers l’universel ? Comment expliquez-vous qu’on puisse seulement discuter ? " Je n'ai pas parlé d'une quelconque connaissance qui hypothétiquement n'adviendrait qu'au plan phénoménal. Au demeurant vous ne savais pas ce qu'est le phénoménal.


"« Snake dit une chose simple, de manière affreuse. »
C’est plutôt l’inverse, et il est meilleur que vous à ce jeu là semble-t-il ;-)" Contre-sens.


"
@ snake
« Tout est Vérité » si c'est dire « tout est vrai » alors vous dites que l’affirmation qui conteste que « tout est vrai » est vrai ce qui ne se peut…" Pour que faux ait son ontologie, il doit exister, il est vrai.

Écrit par : Olipien | 18/06/2010

"Pour que faux ait son ontologie, il doit exister, il est vrai."

C'est effectivement ce que j'entendais par "tout est vérité", le juste et le faux n'étant que deux modalités relatives incluses dans la première affirmation.
(je précise en passant que j'ouvre ma quatrième bière ...)

Écrit par : snake | 18/06/2010

""Pour que faux ait son ontologie, il doit exister, il est vrai."

C'est effectivement ce que j'entendais par "tout est vérité", le juste et le faux n'étant que deux modalités relatives incluses dans la première affirmation.
(je précise en passant que j'ouvre ma quatrième bière ...)" Je sais ce que vous avez voulu dire c'est exacte. Le faux est un différé de la vérité. Sans ça, les différents temps de la grammaire n'existerai pas. Mais il ne veut pas comprendre. Voyez snake juste besoin d'un pas forcement de grosse connaissance °).

Écrit par : Olipien | 18/06/2010

suis pas sûr de pas vouloir comprendre, c'est plutôt que vous avez déplacé la question

Écrit par : Julien | 18/06/2010

ben non, justement, elle a pas bougée...

Écrit par : Olipien | 18/06/2010

@Hopitre
Toujours la même soupe que sur le forum du GRECE à ce que je vois

Écrit par : Mézigue | 26/08/2013

@Mézigue,

Toujours aussi con à ce que je vois.

Écrit par : Jean-Pierre | 27/08/2013

@ Jean-Pierre
Je ne crois pas qu'on se soit jamais connus l'un l'autre (Ce qui est le cas Hoplite et moi) et vous n'êtes, de toute façon, pas obligé d'être grossier et vulgaire ... Si ?

Écrit par : Mézigue | 27/08/2013

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