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10/10/2010

résistance

 

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Je repense à la dernière chronique radiophonique de Morel sur Pétain et les juifs (j’aime bien écouter radiofrance le matin, la voix de la pensée unique). Un symptôme de l’obsession de nos modernes à l’égard de la seconde guerre mondiale et, notamment, de la geste collaborationniste versus la geste résistante dans ce qu’il me semble être les habits neufs de l’anti-fascisme militant. Ou comment instrumentaliser le passé (certaines périodes en particulier) pour légitimer l’ordre contemporain droitdelomiste et sans frontieriste subventionné par Carrefour.

Ce matin sur France Inter, Christine Scott-Thomas évoquant un nième film relatant l’extermination des juifs européens lors de la seconde guerre mondiale et disant (à peu prés) : « Je trouve bien que l’on commence à en parler aujourd’hui ». De la shoah. En 2010...

Il n’ya guère que Finkielkraut, désormais, pour pouvoir dire sans dommage à quel point l’omniprésence de la commémoration du génocide juif durant la seconde guerre mondial puisse être contreproductif.

La compassion, ce poison de la démocratie, comme le rappelait Lasch évoquant le populisme.

Scott-Thomas est emblématique de ces peoples (élites –cacocraties- spectaculaires promues à jet continu par les media) affectant de se situer à la marge de la société alors qu’ils sont le mainstream, alors qu’ils définissent la norme culturelle, médiatique, sociologique, historique, etc. Pas besoin d’être grand clerc pour mesurer les bénéfices secondaires (notamment en termes d’exposition médiatique et d’opportunités professionnelles) que procure ce genre de posture de « rebellion », de « résistance », de « lutte » contre un ordre moral et conservateur –voire xénophobe- fantasmé. Dans le même genre d’imposture spectaculaire, ces célébrités (le système aujourd’hui ne donne plus la parole qu’à des joueurs de foot, des acteurs, des personnels politiques, des sociologues d’Etat, des journalistes stipendiés,etc., bref des personnages parfaitement secondaires, dressés à répéter en boucle le credo du capitalisme globalisé sous couvert de Progès, de Droits de l'homme, de compassion humanitaire ou de protection de l’environnement). Les joueurs de foot offrant l’avantage, par leur vocabulaire réduit et leur inculture crasse, d'appauvrir le champ de la pensée, comme le montre Orwell dans 1984.

Parmi les mystifications contemporaines de nos sociétés spectaculaires et marchandes, figure donc la propension des partis dits « de gauche », c’est-à-dire obsessionnellement progressistes, à trahir les classes moyennes et populaires au profit des « sans-papiers » et des « exclus »…Sans doute l’abandon de toute critique radicale de ce turbocapitalisme globalisé au profit de la fameuse « lutte contre l'intolérance et toutes les formes d'exclusion» et, ce faisant, l'abandon des classes populaires occidentales au profit de cette armée de réserve du capitalisme que sont ces clandestins de tous poils, traduisant le ralliement –non dit- de nos résistants modernes à la geste « libérale » est-il un début d'explication. Comme en témoigne la surexposition médiatique de la grosse Balasko et du mérou Béard, à la moindre fermeture de quelques squatts. Les pauvrettes n’ont pas encore compris (et le simple fait d’être médiatisé à outrance par TF1 et Canal plus devraient les y aider) que, ce faisant, elles se comportent comme les idiots utiles de Vivendi et de Bouygues.

Peut-être ne faut pas chercher plus loin pour comprendre pourquoi tout est fait pour que des penseurs comme Ellul, Lasch ou Orwell, déconstructeurs méthodiques du credo progressiste et adeptes d'un certain conservatisme critique, restent inaudibles (voire démonisés comme en témoigne la campagnes de presse hostile à Orwell, il y a quelques années, accusé –à tort- de dénonciation de communistes dans l’après guerre), au profit des Bourdieu ou Foucault, bien moins dérangeants pour le nouvel ordre spectaculaire et « résistant »…

"(…) Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie !" Julien freund

maintenant écoutons le nouvel hymne du -trés progressiste- Front de gauche: "ouvrez les frontières"


podcast

29/10/2008

Bordel, bulle idéologique et obscurantisme moderne

« Quand Fillmore revint avec sa négresse, elle avait les yeux de braise. Je compris à la Noemie Lenoir 18.jpgfaçon dont Fillmore la regardait qu’elle avait dû en mettre un sacré coup, et je commençais à me sentir en appétit moi aussi. Fillmore dût se rendre compte de mes sentiments, et quelle épreuve ce devait être pour un homme de rester la, rien qu’à regarder tout le temps, car brusquement il tira un billet de cent francs de sa poche et, le faisant claquer sur la table, il dit : « Ecoute, vieux, tu as probablement plus besoin de tirer un coup que nous tous. Prends ça et choisis celle que tu veux ! » Je ne sais pourquoi ce geste me le rendit plus cher que tout ce qu’il avait jamais pu faire pour moi, et il avait fait beaucoup ! J’acceptais l’argent dans l’esprit ou il m’était donné, et je fis promptement signe à la négresse de se préparer pour une autre passe. Cela mit la princesse encore plus en rage que n’importe quoi, sembla-t-il. Elle voulait savoir s’il n’y avait personne dans ce bordel d’assez bon pour nous, hormis la négresse ! Je lui répondis brutalement : « Non » Et c’était vrai –la négresse était la reine du harem. Il suffisait de la regarder pour se mettre à bander. Ses yeux semblaient nager dans le sperme. Elle était saoule de toutes les demandes qu’on lui faisait. Elle ne pouvait plus se tenir droite, du moins me le semblait-il. En montant l’étroit petit escalier tournant derrière elle, je ne pus résister à la tentation de lui glisser ma main entre les jambes : et ainsi, nous continuâmes à monter, elle se retournant pour me regarder avec un sourire joyeux, et tortillant un peu le cul lorsque cela la chatouillait trop fort. »

 

H Miller, Tropique du cancer, 1934.



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« Cette bulle idéologique, la religion du marché tout puissant, a de grandes ressemblances avec ce que fût l’idéologie du communisme (…). Le rouleau compresseur idéologique libéral a tout balayé sur son passage. Un grand nombre de chefs d’entreprise, d’universitaires, d’éditorialistes, de responsables politiques ne juraient plus que par le souverain marché. » Les Echos, Paris, 7 octobre 2008.

Si même l’illustre éditorialiste des Echos, le sieur Favilla, nous le dit…Amen.

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Suis souvent surpris par le grand écart idéologique que font les plus fervents promoteurs des théories pédagogistes et novatrices au sein de l’Education Nationale –nos amis du désastre scolaire que Brighelli dans son blog épingle si bien, en patient entomologiste du monde scolaire

qu’il est. Il y a peu j’avais écrit –gerbé plutôt- ce que m’inspirait cet éloge absurde du film Entre les murs de l’idéologue invertébré Bégaudeau. Camille, du gang 5YL, a écrit un post qu’il faut lire également, pour entrevoir l’étendue du désastre.

Je dis grand écart idéologique car, sur le fond, il me semble que la plupart des bonnes consciences progressistes –de gauche comme de droite- ne voient pas la contradiction fondamentale qu’il y a à vomir quotidiennement le libéralisme économique d’un côté tout en adoubant, de l’autre, des théories éducatives et des principes anthropologiques qui ressortent directement de l’individualisme le plus libéral.

Je m’explique. Le contraste entre les moyens énormes mis au service de l’institution scolaire et les résultats dramatiques de la même institution montent assez bien à quel point –et contrairement à la rhétorique pavlovienne des syndicats d’enseignants sur le manque de postes et de moyens- il s’agit plus d’une crise civilisationnelle que d’une simple histoire de budget.

Au sens ou si l’école a changé, en mal, sous les coups des Lang, Meirieu, Langevin, Wallon et autres Bourdieu, adeptes de l’élitisme pour tous et de la massification de la culture, la société aussi.

La famille moyenne qui envoyait ses gamins les yeux fermés à l’école publique du quartier dans les années 50 ou 60 pour y acquérir, non pas une éducation qui était assurée par les parents, mais une instruction, n’est plus la famille d’aujourd’hui qui se décharge largement de son rôle éducatif sur l’institution qui, parallèlement, est de moins en moins à même d’assurer son devoir d’instruction.

Quels parents envoient aujourd’hui les yeux fermés leurs gamins à l’école du quartier ? Une minorité sans doute par aveuglement ou culte du métissage social…La majorité des parents n’ont plus confiance dans l’institution. Perte de légitimité et contestation du bien fondé de principes éducatifs impersonnels qui, jusqu’alors, paraissaient évidents à presque tous. Remise en cause du contenu et des méthodes. Pourquoi apprendre ? Quels savoirs ? Pour qui ? Les mêmes pour tous ? Ne faut il pas individualiser l’enseignement, mettre l’enfant au cœur du système ? L’aider à construire lui-même son savoir ? Respecter ses droits ? Rendre le savoir attractif ? Aller vers l’enfant ? Cesser de demander aux enfants de faire l’effort d’acquérir ce savoir ?

A bien considérer les choses, ce primat de l’individu –de l’élève- par rapport à la communauté, cette survalorisation de droits individuels ( apprendre, à construire son savoir, à bénéficier d’un enseignement individualisé et attractif, récusation de l’autorité, etc.) au détriment des devoirs de l'enfant (respect de l’autorité, de la figure du professeur, du savoir, humilité et reconnaissance devant ce travail d’individuation et de civilisation nécessaire voulu et organisé par la communauté), cette auto régulation des comportements (qui rappelle l'auto-régulation des marchés, la célèbre main invisible d'Adam Smith), ne sont que les manifestations les plus évidentes de cet individualisme libéral qui est aujourd’hui le credo de nos sociétés occidentales. Pour le meilleur, comme pour le pire.

Au delà de cette contradiction –féconde pour ceux qui veulent bien s’y arrêter- entre la lecture d’Alternatives économiques et le devoir de vigilance citoyen à l’égard des droits de l’élève dans l’institution scolaire, tout cela me semble traduire une confusion générale sur la nature de l’école et sur les rapports entre l’individu –enfant- et la société en tant que communauté.

Christopher Lasch dans les années soixante dix, se posant la question de la compatibilité d’une éducation de masse et du maintien d’un enseignement de qualité, avait démystifié ce chaos moderne en montrant la convergence de vue entre conservateurs partisans d’un enseignement élitiste et jugeant préjudiciable au maintien d’une excellence scolaire l’ouverture de l’école au plus grand nombre et radicaux qui justifient l’abaissement du niveau d’enseignement au nom de l’émancipation culturelle des opprimés.

Pour autant, Lasch faisait le constat d’un abaissement du niveau éducatif dans les lieux mêmes d’excellence (Yale, Princeton, Harvard), assez réfractaires par nature, au dogmes égalitaristes. Et faisait l’hypothèse que cette évolution inquiétante était propre aux sociétés industrielles avancées, celle-ci n’ayant plus nécessairement besoin d’individus brillants autonomes et critiques, mais plutôt de sujets moyens, relativement abrutis, capables d’effectuer un travail moyennement qualifié et de se comporter en bons consommateurs…Connivence des acteurs économiques et politiques pour laisser filer l’enseignement de la littérature, de l’histoire, des sciences politiques et da philosophie, peu nécessaires à l’accomplissement consumériste et festif de l’homme moderne.

Avec pour résultat que l’éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, avait fini par abrutir les privilégiés eux mêmes. On retrouve ce type d’analyse chez Renaud Camus lorsqu’il parle de la prolétarisation des classes moyennes et du corps professoral.

Ainsi, contrairement à l’esprit de l’institution qui était de former des citoyens éclairés capables de se diriger eux-mêmes, il semble que le système ne soit plus capable –hors quelques filières d’excellence soigneusement épargnées à dessein- que de produire des générations d’abrutis incultes et pour beaucoup analphabètes, tout juste aptes à obéir servilement aux campagnes promotionnelles, à opiner aux sommations d'une expertocratie auto proclamée et omni présente, et à célébrer comme il se doit l’avènement de cette société du Spectacle de masse dont parlait Debord.

Pourquoi, en effet, dans la perspective utilitariste d’efficacité et de rendement ou de retour sur investissement de nos modernes élites, perdre du temps et de l’argent à enseigner l’histoire ou la littérature à des individus massivement destinés à des emplois peu qualifiés et peu exigeants intellectuellement ? Pourquoi former de bons citoyens éclairés et autonomes lorsque des abrutis grégaires et festifs feront tourner la machine aussi bien –sinon mieux- et ferons de bons consommateurs ?

Et à cette prolétarisation globale des sociétés industrielles, la bureaucratie éducative progressiste à front de taureau répond en produisant à jet continu de nouveaux programmes scolaires (ou cycles) revus à la baisse, peu exigeants, axés sur la socialisation des enfants, les activités transversales ou extra scolaires destinées, non plus à les instruire, mais à les occuper.

Allez, stop.