08/03/2012
spectacle, arnaques et cultures
"Le président-candidat a annoncé mardi soir que le durcissement de la législation sur les étrangers lors de son premier mandat allait se poursuivre en cas de réélection.
Immigrationet sécurité. Les sujets sur lesquels le chef de l'État a longtemps été jugé le plus crédible aux yeux des Français devaient revenir sur le devant de la scène mardi soir, lors de son intervention sur France 2.
D'emblée, abordant la question de l'immigration, le chef de l'État a tenu à réaffirmer que la France est «le pays le plus généreux d'Europe. Et l'on voudrait complexer la France?», interrogeait-il, faisant référence à la politique de fermeté qu'il défend. Il ajoutait: «Allez donc essayer de rentrer aux États-Unis, si vous n'avez pas un emploi!»" source
Ce qu’il y a de bien avec les grosses ficelles de nos cacocrates, c’est que ça marche toujours; plus le mensonge est gros, mieux il passe, répétait le socialiste Goebbels. Notre conducator à talonnettes et ses sarko boys nous font le coup régulièrement, dés que le temps se couvre, en fait. Forum de l’identité nationale, gestion des mineurs délinquants, couvre feu inapplicable dans des quartiers désertés par tous les acteurs étatiques, show aérien des reconduites d’Afghans ou de Roms, etc. Tous les marronniers sécuritaires sont de sortie dés qu’approche quelque scrutin d’importance et que croit la terrible menace à moustache d’un vote populiste !
Ou comment tondre l’électorat libéral de droite justement préoccupé de questions sécuritaires ou identitaires (et l’électorat de gauche à roulettes qui s’est fait claquer la gueule à la Techno-mix-parade™ se réappropriant ainsi le réel). Je n’évoque même pas nos « socialistes » ou libéraux de gauche, pour lesquels toute préoccupation identitaire/ sécuritaire ne peut relever que de la nostalgie vichyste et du retour nauséabond aux funestes HLPSDNH. Sorte de rhétorique antifasciste psittaciste usée jusqu’à la corde mais –semble-t-il- encore rentable. Pour résumer, d’un côté, un discours sécuritaire inopérant (et conçu comme tel, le pitre sarko etant aux affaires depuis des années sans que la situation n’ait changé d’un iota pour les malheureux exposés aux menées de ce nouveau lumpen prolétariat métissé et généreux), de l’autre, un discours soft et transgressif, déculpabilisant pour les uns (les pépites) et culpabilisant pour les autres (les souchiens), prônant un vivre ensemble utopique et incapacitant.
A ce spectacle sécuritaire récurrent et parfaitement scénarisé, répond le spectacle identitaire du moment. Ce questionnement identitaire est évidemment fondamental pour tout homme, famille ou communauté (nationale ou supra nationale). Je ne m’attarderai pas la dessus ni sur le déni de son importance par nos libéraux de gauche; même réflexe débile –au sens propre- de réductio ad Hitlerum que pour les questions de sécurité et délinquance.
Pourquoi un spectacle, me dira-t-on ?
Pour plusieurs raisons :
-la première est liée à la forme que prennent nos sociétés libérales et là-dessus, je suis l’excellent Michéa, démystificateur de la modernité : nos sociétés aujourd’hui n’ont plus de démocratiques que le nom et sont en fait constituées, à l’intérieur, par le marché, et à l’extérieur par le droit (celui des individus). Mais l’état moderne est fondamentalement et axiologiquement neutre, ou tend à l’être. Ce qui signifie que nos sociétés ne sont plus ancrées dans un ensemble de valeurs partagées (langue, culture, histoire) et déterminant une structure identitaire (un nomos) se projetant dans une vision du monde, une fin (télos) communes. Le propre de la mondialisation libérale me semble être l’essor de sociétés anomiques (hors le nomos du Marché et celui du Droit), axées essentiellement sur l’individu, son meilleur intérêt, ses fins propres, ses droits illimités et sa propension naturelle à essayer de les étendre; sorte de guerre de tous contre tous validée par un état prompt à délégitimer tout valeur morale commune, toute quête identitaire. Il n'y a d'identité nationale que lorsque existe une conscience communautaire et le sentiment d'une appartenance, d'un destin commun, de raçines communes, c'est-à-dire précisément tout ce qu'haïssent nos modernes spectaculaires...
-la deuxième est l’irruption sur le continent européen de groupes communautaires entiers (sortes de nouvelles invasions barbares) au moment même ou l’homme européen, l’individu psychologique de Lasch –an historique et séparé-, pétri de culpabilité et doutant par essence, a cessé d’imposer aux immigrants sa culture propre, autochtone, et va même, de façon pathologique, jusqu’à se renier, et encourager les nouveaux venus à rester ce qu’ils sont, c'est-à-dire des étrangers. L’acculturation est un crime, à dit Erdogan ! Et au fond, je suis d’accord. Mais ce qui me différencie de nos modernes clercs metissophiles, vivrensemblesques et apôtres du multiculturalisme c’est la certitude que cette idéologie, qui se traduit dans des politiques ineptes, ne peut que se terminer en guerre de tous contre tous, main invisible du marché et doux commerce ou pas. Pour le contrôle du territoire et l’imposition de sa propre weltanschauung. Et non pas dans ce grand mall festif, climatisé et multiculturel que je vois s’édifier autour de moi et qui serait naturellement pacifié par les vertus du marché.
-la troisième est la dissolution du sentiment identitaire européen. J'y reviendrai.
Le triomphe consenti de la racaille.
Il y a quelques mois je m’étais interrogé sur la longévité exceptionnelle de ces centaines de ghettos extra européens désertés par les souchiens (comme dit l’allochtone -et non pas indigène- et gentille Houria, si aimée de nos média). Ces quelques zones de non droits gangrenées par ce lumpen prolétariat hostile et violent ne me semblent pas être un obstacle bien significatif à l’autorité Etatique (qui sait faire mal quand elle le souhaite) et tout me porte à croire que cette longévité n’est pas fortuite et que les puissants du moment -ces global leaders- s’accommodent très bien de cette lèpre moderne. Mais pourquoi maintenir un taux de délinquance élevé ?
- Eventuellement parce que ce sont des consommateurs absolus (fringues, portables, entertainment de masse (tittytainment), bouffe abjecte, etc.) et de précieux soutiens à la croissance (reconstruction d’écoles ou de bibliothèques, renouvellement du parc automobile, subventions diverses, etc.). De parfaits abrutis décérébrés par quelques années de gardiennage et d’ensauvagement au sein de l’EN et répondant servilement aux campagnes publicitaires en forme de rebellitude que le système produit à jet continu. Tout cela pour un investissement quasi nul : des gamins perdus d’admiration pour Tony Montana, pour le fric facile, la satisfaction immédiate du moindre désir, sortes de générations spontanées de consommateurs compulsifs et violents…quelques points de PIB, quoi,
- Parce qu’ils sont un instrument redoutable de transformation du paysage social de nos contrées : en détruisant chaque jour un peu plus ces lieux de sociabilité ordinaire et populaire qu’étaient banlieues, villages et campagnes (bientôt), empreints de tradition (on dirait populisme de nos jours) et de cette common decency dont parle Orwell et facteurs de résistance naturels à l’emprise de ce grand marché globalisé, ce nouvel ordre globalitaire du Même,
- Parce qu’ils sont un alibi permanent (le décor) au spectacle sécuritaire ordinaire décrit plus haut, déclinable à l’infini aux cohortes de crédules, sorte d'instrument efficace de contrôle social,
- Mais surtout peut-être parce qu’ils constituent l’avant-garde du décor humain de ce projet Babel prévoyant, notamment pour l’Europe vieillissante et culpabilisée à outrance au nom de l’« accueil inconditionnel de l’autre » et d’un relativisme culturel débridé, un remplacement démographique à grande échelle, ce « grand remplacement » auquel fait référence Renaud Camus et qui pourrait simplement aboutir à la quasi-disparition des européens de souche et de leur culture millénaire. Mais quelle importance pour nos technocrates hors-sol et nomades ? L’Europe, telle que nous la connaissons (peuples, langues et cultures) est en danger de disparaître. Les Barroso (trotskyste recruté par la CIA), Cameron, Sarkosy, Strauss-Kahn ou Obama voient d’un très bon œil la perspective d’une accélération massive d’une immigration Africaine et Proche Orientale et, pourquoi pas, à terme, l’intégration à la zone euro du Maghreb, de la Turquie et d’Israël…Les moins crétins de nos dirigeants, ceux qui ont gardé un minimum de bon sens, savent pertinemment qu’on ne mélange pas impunément des peuples aussi différents, que des cultures aussi antagonistes et irréductibles ne peuvent vivre en paix sur le même territoire et que la violence de tous contre tous (ce cauchemar de Hobbes), la guerre civile propre à toutes les sociétés multiculturelles est l’avenir de ce continent. Sans doute une explication au déluge de propagande festive et vivrensemblesque que produisent nos think tanks libéraux-libertaires, dans une tentative (Spectacle également ?) dérisoire de recréer un minimum de lien social alors même qu’ils en sapent quotidiennement les conditions. Qu’importe le chaos s’il est festif? Et que la croissance est là ? Et que festivus peut continuer à recycler ses yaourts bios achetés à son nouveau Carrefour Market™ tout en bookant sa semaine *** à Marrakch ? Hmm ?
A mon humble avis, la responsabilité première de ce désastre incombe aux peuples européens eux-mêmes qui semblent avoir besoin de quelques pseudo élites nomades et anomiques attalinoïdes pour leur dire qui ils sont et ce qu’ils doivent faire. Ou peut-être (hypothèse favorable) savent-ils trés bien, consciemment ou pas, ce qui les différencie des autres peuples du monde (sans que cela comporte le sentiment quelconque d’une supériorité, d’ailleurs) mais n’ont pas leur mot à dire (je rappelle sans cesse, pour les étourdis, le 54/92 du TCE en France, meilleure illustration de la non représentation absolue de notre pseudo démocratie représentative…) et semblent, par leur comportement passif, accréditer l’idée que les cultures européennes seraient les seules au monde à pouvoir –à devoir- sans dommage accepter sur leur sol des communautés entières, étrangères voire hostiles à leur tradition et à leur esprit, à devoir se fondre joyeusement dans une pseudo civilisation universelle régie par ces idéaux de substitution bankables que sont la tolérance™, les droits de l’homme™ et l’anti racisme™. Nulle culture n’est immortelle.
« (…) Nulle inconséquence, pourtant, ne saurait être reprochée à Lévi-Strauss. On ne voit pas par quel enchantement des hommes enfoncés chacun dans sa culture seraient saisis d’une passion spontanée pour les genres de vie ou les formes de pensées éloignées de leur tradition. Si, d’autre part, la richesse de l’humanité réside exclusivement dans la multiplicité de ses modes d’existence, si l’honneur d’avoir crée les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie, ainsi que l’écrit Lévi-Strauss et comme le disent en d’autres termes les grandes professions de foi de l’UNESCO, alors la mutuelle hostilité des cultures est non seulement normale mais indispensable. Elle représente le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leurs propres fonds, les ressources nécessaires à leur renouvellement. » (La défaite de la pensée, A Finkielkraut, 1987)
« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation. » Debord, La société du spectacle, 1967.
Au début de notre histoire, il y a la colère et la violence, celle d'Achille à l'encontre d'Agamemnon qui lui ravit sa captive, la belle Briséis...et la mesure, celle de Parmenion devant l'hubris conquérante du grand roi Macédonien.
Souhaitons que les Européens sachent retrouver en eux ce qui fit leur force et leur grandeur. Sinon des générations d'hilotes de Carrefour Market™ militant dans des comités anti-lapidations de quartiers partout en Europe en 2100...sorte d'ataraxie spectaculaire et crépusculaire.
photo: c'est la journée de la femme!
NB: en me relisant je me rends compte que je suis encore loin de l'anarque de Jünger. encore trop anarchiste. mon côté chrétien sans doute: il m'importe encore de changer le monde...ça passera.
réponse: on ment et on veut pas savoir! merci jfk^^
22:21 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : finkielkraut, debord, hoplite, cultures, spectacle, attali
09/01/2010
saga africa
J'aime bien ce mot d'Allais : « J'ai souvent remarqué, pour ma part, que les cocus épousaient de préférence des femmes adultères.»
J'y pensais tantôt en lisant dans le JDD, torchon bien-pensant s'il en est (comme l'essentiel de la presse hexagonale), le classement des personnalités préférées des français :
-n°1, l'imputrescible Noah, (père Camerounais, résident américain) intérimaire du tennis, chanteur sinistré et porte-drapeau d'une génération de lemmings cools, festifs, « anti-racistes » et apôtres du nouvel ordre Babélien. Le genre qui collectionne les trophées de la bien-pensance, les postures « citoyennes » avantageuses (WWF, restos du cœur, Téléthon, enfants de la terre, enfoirés, etc) et un engagement politique à haut risque (anti-sarkosysme, ségolène machin, fête de l'huma et cie). Auteur célèbre (malheureusement encore de ce monde), après l'accession au pouvoir du pitre à talonnettes, de la phrase : « « Déçu pour moi, pour tous les travailleurs immigrés et pour tous les gens qui sont obligés au quotidien de prouver qu'ils sont français même pour ceux qui, comme moi, sont nés en France. Je ne pars pas. Il faut résister. J'opte pour la résistance ».
Voilà. Ca situe assez bien le personnage. Flaubert, au travers du personnage misérable de monsieur Homais fit un portrait mémorable de la bonne conscience sotte, bornée, médiocre et arrogante de la petite bourgeoisie du milieu du XIXème siècle. Noah est sans doute, à son corps défendant, l'incarnation de cette classe haïssable de bourgeois bohèmes contemporains, friqués et nomades, multipliant appartenances et allégeances pour finir par n'en avoir aucune. Attali l'a rêvé, Noah et ses clones utiles l'ont fait.
-n°2, Boon (père kabyle, résident américain), « ch'ti », mime millionnaire depuis le chef d'œuvre « Bienvenue chez les ch'tis »,
-n°3, Zidane (père kabyle, résident ibèrique), icône de la France Black-blanc-beur et premier supporter de l'équipe Algérienne.
-chanteurs, peoples, vedettes télé, DSK, Arthur, Elie tout seul, Gad Elmaleh, Sardou, Pernault, Benguigui (alias Bruel), etc...ad lib.
Ne cherchez pas des écrivains, des philosophes, des penseurs, des aventuriers, des chercheurs, des héros, des (vrais) rebelles, etc...Il n'y en a pas. Simplement. Le Spectacle circonscrit et promeut certains et certains seulement. Et légitime, par ce genre de sondage rituel, ses clowns stipendiés, kapos efficaces et intouchables du nouvel ordre.
Quelle différence entre Sarkozy et Noah ? Aucune: culte du fric, de la représentation sociale, instinct de transgression, cosmopolitisme, anti-racisme dogmatique, détestation de tout enracinement, anomie culturelle, intolérance sectaire à toute pensée hétérodoxe, haine de la démocratie, repli communautaire, exonération de toute appartenance populaire et de toute obligation sociale (ghettos leucodermes, écoles privées, protection privée, institutionalisation du copinage), etc. Cohorte vomitive de "bien-pensants", traîtres à la démocratie, traîtres à la société, alors même qu'ils s'en réclament, détournant tous pouvoirs à leur seuls profits, sous couvert d'une posture rebelle factice vs l'hydre réactionnaire et conservatrice agonisante.
Quel point commun à tous ces pitres ? L'exposition médiatique et une pensée unique, libérale-libertaire.
Les français plébiscitent ces quelques zeks en vogue ! Bien. Zemmour se demandait récemment si cet amour était réciproque...si ces Zidane, Noah, Boon avaient quelque sentiment à l'égard de ce peuple, supposé raciste, mais singulièrement ouvert...Rien n'est moins sûr, à mon avis. Rien n'illustre mieux la thèse de Lasch sur la Révolte des élites que cette brochette de parvenus blindés cosmopolites aux postures avantageuses et prompts à stigmatiser le « populisme » de leurs concitoyens. Qui le leur rendent bien mal.
Augustine nous dira que tout cela est évidemment bidonné et participe à la vaste entreprise de rééducation citoyenne (grand bond en avant) du projet Babel et aura sans doute raison...et c'est encore le plus rassurant. Que les français ne se projettent pas dans ce corpus de clowns invertébrés et arrogants.
Noah, Zidane, Boon et cie, ces nouvelles vigies citoyennes hybrides de Tartufe et de Homais, « vivent leur enfermement dans le monde humainement rétréci de l'Economie comme une noble aventure, 'cosmopolite', alors que chaque jour devient plus manifeste leur incapacité dramatique à comprendre ceux qui ne leur ressemblent pas : en premier lieu, les gens ordinaires de leur propre pays ». (Lasch)
D'ailleurs, ils n'ont pas de pays.
Bon maintenant, rions un peu avec notre ami Cuistre Ier:
00:32 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : spectacle, élites, people, noah, boon, zidane
03/01/2010
Spectacle
« Le spectacle ne peut être compris comme l'abus d'un mode de la vision, le produit des techniques de diffusion massive des images. Il est bien plutôt une Weltanschauung devenue effective, matériellement traduite. C'est une vision du monde qui s'est objectivée. » (Guy Debord, La société du spectacle)
Application
-Washington veut "anéantir" al-Qaida au Yémen,
-Grippe A (H1N1) : la France peine à écouler ses vaccins,
-À Wall Street, des bonus sous condition,
-Yannick Noah, le préféré des Français ,
-Sarkosy : "Je ne suis pas un homme qui renonce à la première difficulté",
-Les colonnes de Buren rénovées,
-Government renames Islamic terrorism as "anti-Islamic activity" to woo Muslims,
-ad lib.
21:22 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : spectacle, guy debord
13/12/2009
Spectacle contemporain et éloge de la transgression
"Thucydide, au livre VIII, chapitre 66, de La Guerre du Péloponnèse dit, à propos des opérations d’une autre conspiration oligarchique, quelque chose qui a beaucoup de parenté avec la situation où nous nous trouvons : « Qui plus est, ceux qui y prenaient la parole étaient du complot et les discours qu’ils prononçaient avaient été soumis au préalable à l’examen de leurs amis. Aucune opposition ne se manifestait parmi le reste des citoyens, qu’effrayait le nombre des conjurés. Lorsque quelqu’un essayait malgré tout de les contredire, on trouvait aussitôt un moyen commode de le faire mourir. Les meurtriers n’étaient pas recherchés et aucune poursuite n’était engagée contre ceux qu’on soupçonnait. Le peuple ne réagissait pas et les gens étaient tellement terrorisés qu’ils s’estimaient heureux, même en restant muets, d’échapper aux violences. Croyant les conjurés bien plus nombreux qu’ils n’étaient, ils avaient le sentiment d’une impuissance complète. La ville était trop grande et ils ne se connaissaient pas assez les uns les autres, pour qu’il leur fût possible de découvrir ce qu’il en était vraiment. Dans ces conditions, si indigné qu’on fût, on ne pouvait confier ses griefs à personne. On devait donc renoncer à engager une action contre les coupables, car il eût fallu pour cela s’adresser soit à un inconnu, soit à une personne de connaissance en qui on n’avait pas confiance. Dans le parti démocratique, les relations personnelles étaient partout empreintes de méfiance et l’on se demandait toujours si celui auquel on avait affaire n’était pas de connivence avec les conjurés. Il y avait en effet parmi ces derniers des hommes dont on n’aurait jamais cru qu’ils se rallieraient à l’oligarchie.» Si l’histoire doit nous revenir après cette éclipse, ce qui dépend de facteurs encore en lutte et donc d’un aboutissement que nul ne saurait exclure avec certitude, ces Commentaires pourront servir à écrire un jour l’histoire du spectacle ; sans doute le plus important événement qui se soit produit dans ce siècle ; et aussi celui que l’on s’est le moins aventuré à expliquer. En des circonstances différentes, je crois que j’aurais pu me considérer comme grandement satisfait de mon premier travail sur ce sujet, et laisser à d’autres le soin de regarder la suite. Mais, dans le moment où nous sommes, il m’a semblé que personne d’autre ne le ferait."
(Guy Debord, Commentaires sur la Société du Spectacle, 1988)
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De passage à Valencia, tantôt, déambulant le nez en l’air parmi le chaos architectural fait de palais baroques, de façades romanes et de constructions ultra-modernes, je tombais sur un petit attroupement sur un trottoir du quartier hype de la vieille ville ; des passants écartés, tonfa à la main, par quelques flics cernant deux bonhommes, genre retraités SNCF, qui avaient disposé sur une table de camping une dizaine de livres à la gloire de Primo de Rivera et de la Phalange…La disproportion entre l’étalage insignifiant de ces deux vieillards nostalgiques d’un ordre révolu et la présence fébrile de policiers, garants du nouvel ordre, était évidement risible. La démocratie en danger, à n’en point douter.
(photo: "Jouissez sans entrave" dit le Duce)
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Et, décidément, rien ne me sera épargné. En rentrant hier soir, je croise en ma bonne ville une sorte d’exposition pitoyable intitulée « Divers Cité »…Bon, faut que je développe un minimum : quinze crétins (blacks à casquette de baseball, rebeus en survets lacoste immaculés parlant fort et agitant les mains au décibels d'une cacophonie infecte propre à réjouir les suppots de Diam's, façon rapeur de sous district ethnique, et jeunes caucasiens à dreadlocks, fringues ethniques et T-shirts à la gloire du Carnicerito de la Cabana, etc..) occupés à distribuer quelques tracts ineptes appellant au sempiternel projet Babélien, vivrensemblesque et métissé, modèle anthropologique dont la faillite historique ne semble nullement constituer un obstacle ("il n’ya pas de pire menteur qu’un témoin oculaire", disaient les disciples de Béria) à la marche radieuse de l’entreprise Progressiste…Secondairement, en rentrant ma berline autrichienne (hors d’âge) dans mon garage, je me demandais ce qui pouvait expliquer l’attrait mystérieux de ces clowns invertébrés à dreadlocks, sans doute excellent lecteurs de Libé, des Inrocks et, pour les plus malins, du courrier des Lecteurs de Télérama, pour la racaille ordinaire, cette fraction la mieux visible du lumpenprolétariat * urbain moderne (prompte au travers de diverses thérapies de bolossage festif de toubabs, à leur montrer sa reconnaissance...).
Au-delà de la récupération évidente de ces abrutis décérébrés par l’industrie du Spectacle (Debord) labellisée « rebel attitude », il faut sans doute y voir cet amour inconditionnel de la transgression, propre à toute la clique progressiste (de « droite » comme de « gauche »), et qui commande la destruction méthodique de toute valeur, tout ordre symbolique et de toute tradition établie. (Au nom, bien sur de la lutte héroïque -de la résistance, mieux, de la rebellion- contre l'oppression patriarcale, cléricale et militaire contemporaine, dont chacun peut mesurer les ravages quotidiens...)
C’est ça : ce que partagent les sociologues d’état ("doctorants en sciences sociales" et autres "enseignants" à l'EHESS) des pages rebonds de Libé, si emblématiques de la « gauche » contemporaine, et ce lumpen prolétariat dérisoire fringué ethnik™ et rebel™, voire ékitabl™, c’est cette culture de la transgression, masque de la désacralisation de tout et de tous sponsorisée par quelques firmes globalisées. Cool.
(le rock désacralisé par Iggy, archéopunk s'il en est! il reste des transgressions aimables... hé hé)
* « Le lumpenprolétariat (terme emprunté de l’allemand où le mot « Lumpen » veut dire « haillons »), éléments déclassés, voyous, mendiants, voleurs, etc. Le lumpenprolétariat est incapable de mener une lutte politique organisée ; son instabilité morale, son penchant pour l’aventure permettent à la bourgeoisie d’utiliser ses représentants comme briseurs de grève, membres des bandes de pogrom, etc. » ( in Manifeste du Parti Communiste, Engels)
19:20 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : debord, spectacle