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24/06/2012

pécho!

 

« La décomposition des solidarités locales traditionnelles ne menace pas seulement les bases anthropologiques de la résistance morale et culturelle au capitalisme. En sapant également les fondements relationnels de la confiance (tels qu’ils prennent habituellement leur source dans la triple obligation de donner, recevoir et rendre) la logique libérale contribue tout autant à détruire ses propres murs porteurs, c’est-à-dire l’échange marchand et le contrat juridique. Dés que l’on se place sur le plan du simple calcul (et l’égoïste –ou l’économiste- n’en connaît pas d’autre) rien ne m’oblige plus, en effet, à tenir ma parole ou à respecter mes engagements (par exemple sur la qualité de la marchandise promise ou sur le fait que je ne me doperai pas), si j’ai acquis la certitude que nul ne s’en apercevra. A partir d’un certain seuil de désarticulation historique de l’ « esprit du don » (matrice anthropologique de toute confiance réelle) c’est donc la défiance et le soupçon qui doivent logiquement prendre le relais.

Dans ce nouveau cadre psychologique et culturel, le cynisme tend alors à devenir la stratégie humaine la plus rationnelle ; et « pas vu, pas pris », la maxime la plus sûre du libéralisme triomphant (comme le sport en administre la preuve quotidienne à mesure qu’il se professionnalise et qu’il est médiatisé). Comme souvent, c’est le sympathique Yannick Noah qui a su formuler, avec sa rigueur philosophique habituelle, les nouveaux aspects de cette question morale. Son fils, Joakim, ayant récemment commis, selon les mots de Yannick lui-même, « une petite boulette » (alcool et drogue au volant d’un véhicule sans permis avec, en prime, excès de vitesse), notre héros national a aussitôt tenu à lui rappeler publiquement que l’essentiel, en l’occurrence, aurait été « de ne pas se faire pécho » ; ajoutant au passage, que « ça fait vingt ans que je fais le con et je suis encore populaire parce que les gens pensent que je suis un mec bien. Alors Joakim peut faire la même chose. » En hommage à cette belle leçon de pédagogie paternelle, je propose donc d’appeler principe de Noah la loi qui tend à gouverner une partie croissante des échanges économiques contemporains (on sait par exemple que la contrefaçon est effectivement devenue l’une des industries les plus florissantes du capitalisme moderne).

JC Michéa, La double pensée, 2008.

15:13 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : noah

19/11/2011

principe de Noah

michéa,noah,abruti congénital

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« La décomposition des solidarités locales traditionnelles ne menace pas seulement les bases anthropologiques de la résistance morale et culturelle au capitalisme. En sapant également les fondements relationnels de la confiance (tels qu’ils prennent habituellement leur source dans la triple obligation de donner, recevoir et rendre) la logique libérale contribue tout autant à détruire ses propres murs porteurs, c’est-à-dire l’échange marchand et le contrat juridique. Dés que l’on se place sur le plan du simple calcul (et l’égoïste –ou l’économiste- n’en connaît pas d’autre) rien ne m’oblige plus, en effet, à tenir ma parole ou à respecter mes engagements (par exemple sur la qualité de la marchandise promise ou sur le fait que je ne me doperai pas), si j’ai acquis la certitude que nul ne s’en apercevra. A partir d’un certain seuil de désarticulation historique de l’ « esprit du don » (matrice anthropologique de toute confiance réelle) c’est donc la défiance et le soupçon qui doivent logiquement prendre le relais.

Dans ce nouveau cadre psychologique et culturel, le cynisme tend alors à devenir la stratégie humaine la plus rationnelle ; et « pas vu, pas pris », la maxime la plus sûre du libéralisme triomphant (comme le sport en administre la preuve quotidienne à mesure qu’il se professionnalise et qu’il est médiatisé). Comme souvent, c’est le sympathique Yannick Noah qui a su formuler, avec sa rigueur philosophique habituelle, les nouveaux aspects de cette question morale. Son fils, Joakim, ayant récemment commis, selon les mots de Yannick lui-même, « une petite boulette » (alcool et drogue au volant d’un véhicule sans permis avec, en prime, excès de vitesse), notre héros national a aussitôt tenu à lui rappeler publiquement que l’essentiel, en l’occurrence, aurait été « de ne pas se faire pécho » ; ajoutant au passage, que « ça fait vingt ans que je fais le con et je suis encore populaire parce que les gens pensent que je suis un mec bien. Alors Joakim peut faire la même chose. » En hommage à cette belle leçon de pédagogie paternelle, je propose donc d’appeler principe de Noah la loi qui tend à gouverner une partie croissante des échanges économiques contemporains (on sait par exemple que la contrefaçon est effectivement devenue l’une des industries les plus florissantes du capitalisme moderne).

JC Michéa, La double pensée, 2008.

photo: abrutis congénitaux

09/01/2010

saga africa

Noah-top-50_pics_809.jpgJ'aime bien ce mot d'Allais : « J'ai souvent remarqué, pour ma part, que les cocus épousaient de préférence des femmes adultères.»

J'y pensais tantôt en lisant dans le JDD, torchon bien-pensant s'il en est (comme l'essentiel de la presse hexagonale), le classement des personnalités préférées des français :

 

 

 

-n°1, l'imputrescible Noah, (père Camerounais, résident américain) intérimaire du tennis, chanteur sinistré et porte-drapeau d'une génération de lemmings cools, festifs, « anti-racistes » et apôtres du nouvel ordre Babélien. Le genre qui collectionne les trophées de la bien-pensance, les postures « citoyennes » avantageuses (WWF, restos du cœur, Téléthon, enfants de la terre, enfoirés, etc) et un engagement politique à haut risque (anti-sarkosysme, ségolène machin, fête de l'huma et cie). Auteur célèbre (malheureusement encore de ce monde), après l'accession au pouvoir du pitre à talonnettes, de la phrase : « « Déçu pour moi, pour tous les travailleurs immigrés et pour tous les gens qui sont obligés au quotidien de prouver qu'ils sont français même pour ceux qui, comme moi, sont nés en France. Je ne pars pas. Il faut résister. J'opte pour la résistance ».

Voilà. Ca situe assez bien le personnage. Flaubert, au travers du personnage misérable de monsieur Homais fit un portrait mémorable de la bonne conscience sotte, bornée, médiocre et arrogante de la petite bourgeoisie du milieu du XIXème siècle. Noah est sans doute, à son corps défendant, l'incarnation de cette classe haïssable de bourgeois bohèmes contemporains, friqués et nomades, multipliant appartenances et allégeances pour finir par n'en avoir aucune. Attali l'a rêvé, Noah et ses clones utiles l'ont fait.

-n°2, Boon (père kabyle, résident américain), « ch'ti », mime millionnaire depuis le chef d'œuvre « Bienvenue chez les ch'tis »,

-n°3, Zidane (père kabyle, résident ibèrique), icône de la France Black-blanc-beur et premier supporter de l'équipe Algérienne.

-chanteurs, peoples, vedettes télé, DSK, Arthur, Elie tout seul, Gad Elmaleh, Sardou, Pernault, Benguigui (alias Bruel), etc...ad lib.

Ne cherchez pas des écrivains, des philosophes, des penseurs, des aventuriers, des chercheurs, des héros, des (vrais) rebelles, etc...Il n'y en a pas. Simplement. Le Spectacle circonscrit et promeut certains et certains seulement. Et légitime, par ce genre de sondage rituel, ses clowns stipendiés, kapos efficaces et intouchables du nouvel ordre.

Quelle différence entre Sarkozy et Noah ? Aucune: culte du fric, de la représentation sociale, instinct de transgression, cosmopolitisme, anti-racisme dogmatique, détestation de tout enracinement, anomie culturelle, intolérance sectaire à toute pensée hétérodoxe, haine de la démocratie, repli communautaire, exonération de toute appartenance populaire et de toute obligation sociale (ghettos leucodermes, écoles privées, protection privée, institutionalisation du copinage), etc. Cohorte vomitive de "bien-pensants", traîtres à la démocratie, traîtres à la société, alors même qu'ils s'en réclament, détournant tous pouvoirs à leur seuls profits, sous couvert d'une posture rebelle factice vs l'hydre réactionnaire et conservatrice agonisante.

Quel point commun à tous ces pitres ? L'exposition médiatique et une pensée unique, libérale-libertaire.

Les français plébiscitent ces quelques zeks en vogue ! Bien. Zemmour se demandait récemment si cet amour était réciproque...si ces Zidane, Noah, Boon avaient quelque sentiment à l'égard de ce peuple, supposé raciste, mais singulièrement ouvert...Rien n'est moins sûr, à mon avis. Rien n'illustre mieux la thèse de Lasch sur la Révolte des élites que cette brochette de parvenus blindés cosmopolites aux postures avantageuses et prompts à stigmatiser le « populisme » de leurs concitoyens. Qui le leur rendent bien mal.

Augustine nous dira que tout cela est évidemment bidonné et participe à la vaste entreprise de rééducation citoyenne (grand bond en avant) du projet Babel et aura sans doute raison...et c'est encore le plus rassurant. Que les français ne se projettent pas dans ce corpus de clowns invertébrés et arrogants.

Noah, Zidane, Boon et cie, ces nouvelles vigies citoyennes hybrides de Tartufe et de Homais, « vivent leur enfermement dans le monde humainement rétréci de l'Economie comme une noble aventure, 'cosmopolite', alors que chaque jour devient plus manifeste leur incapacité dramatique à comprendre ceux qui ne leur ressemblent pas : en premier lieu, les gens ordinaires de leur propre pays ». (Lasch)

D'ailleurs, ils n'ont pas de pays.

 

Bon maintenant, rions un peu avec notre ami Cuistre Ier:

08/05/2007

Que faire si tu n’aimes pas Athènes ?

"Je serais profondément déçu si Nicolas Sarkozy était élu, pour moi, pour tous les travailleurs immigrés, pour tous les gens qui sont obligés au quotidien de prouver qu'ils sont Français, même pour ceux qui comme moi sont nés en France", a-t-il expliqué. Pour autant, Yannick Noah assure qu'il n'entend pas quitter la France en cas de victoire du candidat UMP. "Il faut résister. Je suis plutôt pour la résistance", a-t-il dit. Fin 2005, l'ancien vainqueur du tournoi de Roland-Garros, avait déclaré : "une chose est sûre: si jamais Sarkozy passe, je me casse". Une phrase par ailleurs coupée de l'interview qu'il avait donné à Paris-match. Il était revenu sur ses propos quelques mois plus tard affirmant : "J'ai dit ça sur le coup. En fait, je crois qu'il vaut mieux rester". (avec AP)

Plusieurs mouvements d'extrême gauche, dont la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), ont appelé à la "résistance" après l'élection de Nicolas Sarkozy, sans toutefois donner de consignes spécifiques pour les jours à venir. (Libération, 08/05/07)

Après avoir été condamné à mort, Socrate répond à ceux qui lui conseillent de fuir :

« Toi que l’on dit sage, oublies-tu que l’on doit plus de respect d’obéissance et d’amour à sa patrie qu’à son père et qu’il faut ou bien faire ce qu’elle ordonne, ou bien la persuader de changer d’avis ? Tu n’as pas le droit de désobéir aux lois : car nous qui t’avons donné la vie, l’éducation et l’instruction, nous qui t’avons procuré, ainsi qu’à tous les autres citoyens, tout le bien dont nous étions capables, nous déclarons ceci : quiconque, parmi les Athéniens, ne nous apprécie pas,  peut, quand il a eu connaissance des affaires de la cité et de ses lois, prendre ses biens et s’en aller ou il le désire. Celui d’entre vous qui reste à Athènes alors qu’il connaît la manière dont nous jugeons les procès et dont nous administrons la cité, nous affirmons que dés lors, il a pris l’engagement tacite de nous obéir. »

 

D’après Platon, Criton, 50-51.