14/12/2008
Reconnaissance
Lettre d’Albert Camus à son instituteur d’antan, Monsieur Germain, le 19 novembre 1957, après avoir appris que le Prix Nobel de littérature lui avait été décerné :
Cher Monsieur Germain,
J’ai laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’en ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève.
Je vous embrasse de toutes mes forces.
ben ouais. Terrible.
15:40 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : albert camus
13/12/2008
hips
21:58 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : hoplite bourré toujours comme ça
Aporie
M. Sarkozy vante une France pionnière en écologie
Le président a suivi les conclusions souvent ambitieuses du Grenelle. Il a promis de renouveler l'exercice de la négociation à cinq (Etat, collectivités, ONG, syndicats, patronat) pour tous les grands projets publics, afin d'arbitrer en tenant compte de leur coût pour le climat et la biodiversité.
A la veille d'un conseil des ministres décentralisé à Strasbourg, le chef de l'Etat confie aux Dernières Nouvelles d'Alsace sa détermination à amplifier la réforme du marché du travail pour aller "chercher" la croissance si celle-ci n'était pas au rendez-vous. "La croissance, je ne l'attendrai pas, j'irai la chercher", déclare le président de la République dans une interview publiée jeudi dans les Dernières nouvelles d'Alsace.
Bossuet disait : « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets tout en continuant à en chérir les causes »…
Comment peut-on en effet déclarer vouloir aller chercher la croissance c’est-à-dire amplifier un modèle de développement productiviste et consumériste directement responsable de l’essentiel des maux de notre planète et, dans le même temps, déclarer se sentir concerné et vouloir œuvrer à corriger les effets de ce modèle économique et anthropologique de développement ?
On ne peut pas. Raisonnablement. Sauf si l’on a rien compris à la logique propre du système dominant actuel. Sauf à vouloir faire rire Dieu…
Mon anti communisme viscéral me porte à considérer avec bienveillance l’argument selon lequel l’économie administrée peut provoquer des ravages écologiques aussi catastrophiques sinon pires que ceux inhérents au modèle de développement occidental…(les chats n'aiment pas le progrès) Je réponds à cette critique judicieuse que ce modèle centralisé, planificateur -également matérialiste- n’est plus que marginal à ce jour, et tant mieux.
Le pitre Sarkozy, comme la plupart des leaders occidentaux actuels adeptes de ce modèle progressiste et libre échangiste, productiviste et consumériste qui consacre le primat de l’économie et la recherche effrénée de points de croissance supplémentaire, quels qu’en soient le prix -notamment environnemental- sur toute autre considération, est donc devant une contradiction fondamentale.
Le propre de l’idéologie progressiste qui anime nos élites auto proclamées est justement de considérer que le génie de l’homme fournira toujours les solutions aux problèmes apparemment insolubles que produit à jet continu ce modèle anthropologique utilitariste ou l’homme est désormais au service de l’économie, simple variable d’ajustement que l’on déplace (le joli mot de délocalisation) au gré des intérêts supérieurs du capitalisme globalisé.
Tant que j’y pense, critiquer ce capitalisme globalisé et ravageur n’équivaut pas dans mon esprit, ceux qui me lisent de temps en temps savent, à jeter icelui avec l’eau du bain. Le capitalisme reste un système pertinent et incontournable pour la production de biens et de services. Mais nous vivons aujourd’hui dans un monde entièrement gagné par ce modèle économique, une conversion anthropologique inédite. Marx, qu’il m’arrive de lire, tout anti communiste que je sois (je sais ça désarçonne facilement les âmes simples..) disait fort justement combien la Forme capital (Alain de Benoist) aboutit à la réification du monde, la chosification du monde (pour les victimes du niveaumontisme qui n’ont pu faire de latin au collège...)
Or, toute séduisante que soit cette idéologie du Progrès, cette religion même comme disait Marcel Gauchet, force est de constater que les solutions de nos modernes paraissent de moins en moins convaincantes, abstraction faite de la contradiction fondamentale constatée plus haut. Dire cela ne veut pas dire qu’il est souhaitable de remonter dans arbres ou d’organiser la décroissance. Dire cela c’est d’abord penser un nouveau modèle de développement, avant tout sur le plan anthropologique, domaine on l’a vu particulièrement colonisé par l’imaginaire utilitariste.
Dire cela c’est comprendre également que ce modèle de développement (démonie de l’économie, réification du monde, libre échangisme dogmatique avec sa façade vertueuse faite de religion des droits de l’homme et de "démocratie" libérale), avatar de l’impérialisme occidental pour le meilleur comme pour le pire et que se hâtent d’imiter des pays émergents à la démographie incontrôlée est simplement condamné. Et ma critique de l'impérialisme occidental s'arrète à l'ethnomasochisme, bien porté par nos modernes...
Repenser le développement est un vaste sujet…
Le terme de développement lui-même est sujet à caution dans mon esprit, tout empreint qu’il est de cet hubris, cette démesure, propre aux hommes et aux Titans, que détestaient les anciens et les Dieux, dans leur grande sagesse.
Je préfère des concepts comme approfondir, harmoniser, organiser les sociétés humaines. Repenser la place de l’homme, non plus au service de l’économie ou d’intérêts financiers prédateurs mais disposant de ceux-ci pour organiser son environnement humain et environnemental.
Repenser la place de l’homme dans une perspective plus large, cosmique, comme le faisaient nos ancêtres. L’ordre du monde, les cycles des saisons et du temps ; Hésiode et ses travaux, bref une vision non linéaire, non progressiste des choses.
Considérer la possibilité d’un Au delà, cesser de considérer notre planète comme simplement livrée à l’arraisonnement de l’homme. A sa démesure sans limite.
Païen Hoplite? ! Peut-être, dans ma grande méfiance des monothéismes, quels qu’ils soient (religieux ou profanes).
Bon ça suffit pour aujourd’hui.
Bon we.
Musik bordel! (piqué chez le grand charles. Dave me gonfle..)
12:09 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bossuet, sarkosy, alain de benoist, hésiode, reification du monde, croissance, anti communisme
12/12/2008
Mort de Pierre
Piccoli la clope au bec, costard noir et voix envoutante, évocation des femmes de sa vie (léa massari, romy schneider..), les cigarettes qui volent dans l'alpha, derniers instants d'une vie ordinaire et tragique...toute une époque insouciante et belle. Et merde!
21:21 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : les choses de la vie, sautet, piccoli
09/12/2008
Djeunz
"Je me demande ce qui a bien pu se passer à un moment donné, quelle espèce de maléfice a pu frapper notre génération pour que, soudainement, on ait commencé à regarder les jeunes comme les messagers de je ne sais quelle vérité absolue. Les jeunes...les jeunes...les jeunes...On eût dit qu'ils venaient d'arriver dans leurs vaisseaux spatiaux.Ce qui s'est passé entre 50 et 70 est fascinant et terrible, quand les générations qui savaient ont cédé le pouvoir à ceux qui venaient juste de quitter leurs jeux d'enfants. Seul un délire collectif peut nous faire considérer comme des maîtres dépositaires de toutes les vérités des garçons de quize ans."
Federico Fellini , Fellini par Fellini, éditions Calman Levy
Alors quoi?
- une société narcissique ou nombre de gamins n’ont plus de figure du père, symbole d’autorité et de mise en contact avec le réel. D’où une déconnection renforcée par la disparition de structures ou de communautés de médiation entre le monde protecteur et clos/ maternel de la famille et la froide réalité du monde réel (service militaire, corporations, etc.). Explication du sentiment d'immédiateté du désir et de la revendication agressive lorsque celui-ci n'est pas satisfait.
- valorisation inconditionnelle des jeunes, quoi qu’ils fassent, qu’ils disent ou qu’ils soient : les jeunes sont ontologiquement supérieurs. De la même façon, les adultes sont ontologiquement coupables et ne peuvent qu’expier, comme l’Occident est coupable au regard du reste du monde, ou l’homme blanc vis-à-vis du métis, nouvelle figure Christique.
- parallèle avec le désastre éducatif moderne, certes multifactoriel (prolétarisation des enseignants et des élèves, massification, nivellement par le bas sous couvert du refus de l’élitisme « bourgeois », disparition de toute autorité et de tout respect de la figure du professeur, etc.), mais aggravé par les théories pédagogistes modernes mettant le maître à l’école de l’élève, sommé de construire seul son savoir, l’enseignant désormais inutile car l’élève en est l’égal. L’enfant au centre du système scolaire, pas la connaissance ni la transmission d’un patrimoine culturel (horreur).
- m’évoque aussi ce culte du soi-même (Renaud Camus) consistant à encourager les enfants à n’être qu’eux-mêmes, à haïr toute distanciation par rapport à soi-même, à sa culture ou son environnement. Rendant bien sûr presque impossible toute érudition. Albert Camus, dans ses chroniques Algériennes racontant ses années d’enseignement à de petits kabyles du bled illustre parfaitement l’importance de cette aliénation positive en rapportant l‘intérêt et la curiosité de ses petits élèves pour les histoires d’hiver froid, de neige, de marche en sabots… Rester soi-même, c’est se condamner à l’immobilité, à la déculturation, à la violence.
- l’éclatement moderne, bien sûr loué par nos vigies progressistes, de la famille nucléaire et la toute puissance des enfants au sein de familles recomposées dont les « référents adultes » ne disposent plus d’une autorité significative va dans le même sens et contribue à affermir le sentiment chez les plus jeunes, bien avant le moindre contact avec le monde professionnel et l’autonomie financière et intellectuelle, qu’ils ne doivent plus rien à personne et surtout pas aux plus âgés.
- tendance anthropologique admirablement récupérée par le capitalisme globalisé qui sous couvert de « rébellion » en bois et de culture « alternative » TM, maximise ses profits et uniformise un peu plus –en l’asservissant- une jeunesse inculte et revendicatrice aux mots d’ordres formatés par des marketeux bourrés de coke.
Bref, s’il fut un temps ou la société, les parents et la communauté avaient des droits sur l’enfant (éduquer, instruire, apprentissage des valeurs communes, respect des aînés, etc.) aujourd’hui c’est l’inverse : la société est devenue le débiteur inconditionnel des jeunes : ceux-ci n’ont que des droits, qu’ils font valoir, logiquement.
21:00 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : fellini, jeunisme, parents, renaud camus, albert camus
08/12/2008
Puisqu'on est entre nous
21:58 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : joy division, ian curtis




