21/12/2008
Musique des dieux-des fous?
Cette musique est d'une élévation telle qu'elle confine au mystique, pour ne pas dire à la possession (confer le "psalm" de l'album du Trane, "a love suprême").
Pas étonnant que quelques années plus tard un illuminé comme christian Vander- "noyé" dans Coltrane comme il le dit lui-même- s'empare de cet héritage pour fonder Magma...
Alors musique des dieux-des fous ?
Jo
14:35 | Lien permanent | Commentaires (7)
Cedant arma togae
Cedant arma togae dit Cicéron (Des devoirs, I, 22)
Que les armes cèdent à la toge…
Je crois que ce devrait être la devise de l’Union européenne.
Europe. Un territoire (péninsule du continent asiatique disait Valéry), des peuples, une histoire pluri millénaire bien antérieure aux influences classiques –et déterminantes également- d’Athènes et Rome puis de Jérusalem…celle des peuples « barbares » celtes des forêts qu’il est de bon ton d’oublier ou de mépriser.
Depuis la nuit des temps sur ce bout de continent singulier et comme partout ailleurs, l’identité, la paix, la survie de ces peuples ont tenu aussi à la capacité de combattre. La paix, qui n’est qu’une entre deux guerres, était la résultante d’un équilibre des puissances diplomatique et militaire au sein de peuples belliqueux, puis d’empires, de coalitions puis d’états nations souverains et respectant les mêmes règles. Ce monde européen multipolaire et équilibré a expiré dans les conflits mondiaux qui ont déchiré le XXème siècle. Au profit de peuples exsangues gouvernés –selon le mot célèbre de Churchill- à l’Est par des commissaires soviétiques et à l’ouest par des sénateurs américains…
L’effondrement de l’impérialisme communiste a comme on le sait laissé le champ libre à l’autre puissance impérialiste en Europe, les USA, qui ont pu croire selon le mot de Francis Fukuyama à une fin de l’histoire et à l’avènement d’un monde globalisé et enfin apaisé dans la communion de l’économie de marché, de la démocratie libérale et des droits de l’homme, valeurs présentées comme universelles mais éminemment occidentales. Valeurs dont il est vite devenu évident qu’elles ne l’étaient nullement, universelles.
Ma vision de l’europe est évidemment aux antipodes de celles de nos élites progressistes et technocratiques Bruxelloises, zone géographique incertaine aux frontières perpétuellement mouvantes (la notion même de frontière étant suspecte car exclusive par essence), structurée par ce modèle anthropologique utilitariste matérialiste dont la seule transcendance réside dans le culte obsessionnel des droits de l’homme et de l’antiracisme psittaciste. Quant à la démocratie libérale et représentative qui tient lieu de corpus politique à nos élites, la simple notion de représentativité et la non reconnaissance des votes libres des peuples Français, Hollandais et Irlandais suffisent à montrer le caractère précisément non démocratique de cette usine à gaz prométhéenne.
Le visage de cette europe vassalisée est celui de la peur. Peur de ses peuples, peur de se reconnaître une identité, projection de cette histoire millénaire et singulière bien antérieure à l’avènement du christianisme et de 1789…Peur de se fixer des frontières, car il faudrait les défendre et surtout les justifier, peur de reconstituer une puissance militaire crédible à l’échelle communautaire, peur de contrarier l’allié Américain, peur de nommer les choses (les soldats ne font plus la guerre mais des « opérations de maintien de la paix »), peur de ses nouveaux immigrés à la culture si différente, peur de reconstituer ce hard power, complément indispensable de toute dimension diplomatique.
Robert Kagan, diplomate américain conservateur avait écrit récemment que les Etats-Unis d’Amérique étaient de mars et l’europe de vénus. Pour caricatural que soit le propos, il y a du vrai. L’affrontement, le combat, la perspective de l’horizon de la guerre –cher à Jünger- sont devenus inconcevables à nos élites. Les armes n’ont plus droit de cité en europe. Celle-ci s’est réfugiée dans les « valeurs », la négociation, le compromis, valeurs éminemment respectables à certains égards, mais qui me semblent masquer surtout l’impuissance dramatique de l’union européenne à se constituer en entité politique et donc militaire. Le soft power comme recours des vassaux, des puissances secondaires. Plus encore cette posture avantageuse et nécessairement progressiste me parait dangereuse, car reposant sur l’irénisme d’un monde ou la négociation permet de régler tous les problèmes.
Julien Freund, ce grand philosophe français injustement ignoré, répondait fort justement à Jean Hyppolite -un de ses directeurs de thèse –je le citais encore récemment : « Comme tous les pacifistes, vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi. Or c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitié, du moment qu’il veut que vous soyez l’ennemi, vous l’êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin! »
J’allais recommander à nos élites auto proclamées (je sais qu'ils me lisent) de ne pas l’oublier mais au fond de moi-même je reste persuadé que même dans la pire des situations, le pire des dangers, celles-ci seront prêtes à tous les accommodements, toutes les compromissions, toutes les veuleries plutôt qu’à reprendre les armes et défendre ce qui fait la singularité et la beauté de notre civilisation. Charge alors aux peuples européens, s’ils en trouvent la ressource en eux-mêmes, de secouer le joug et de retrouver leur liberté.
Amen..
12:04 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : europe, robert kagan, élites technocratiques, athénes, rome, jérusalem, 1789
20/12/2008
Freund
(…) Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie !
(…) Comme je l'ai souligné dans ma Sociologie du conflit, il y a deux conditions pour qu'une crise dégénère en conflit. D'abord que s'affirme une bipolarisation radicale ; enfin, que le tiers s'efface. Tant que le tiers subsiste et parvient à affirmer son autorité, il n'y a guère de risque que la crise ne débouche sur un affrontement. Dans la société, la crise est une occurrence banale tant qu'il y a inclusion du tiers ; le conflit n'intervient qu'avec son exclusion. C'est cette exclusion qui est polémogène. Dans la situation présente du pays, le tiers est constitué par l'Etat et les différentes institutions qu'il patronne, comme l'école par exemple dont nous avons parlé, or non seulement l'Etat est frappé par la déshérence du politique, ce qui signifie qu'il se déleste de sa fonction cardinale qui est de pourvoir à la sûreté de chacun, mais les institutions subissent une sorte de pourrissement qui les rend de plus en plus inaptes à manifester leur vocation spécifique... Une distance culturelle qu'on ne parvient pas à combler entre l'immigration musulmane et le milieu d'accueil avec un danger de surchauffe violente, et un tiers en voie de dissolution ; cela, voyez-vous, me fait craindre le pire pour les années à venir.
(…) Le seul communiste que j'ai connu dans la Résistance ; ce fut après mon évasion de la forteresse de Sisteron. Il dirigeait un maquis F.T.P. de la Drome. C'était un alcoolique doublé d'un assassin. A Nyons, il a flanché dans les combats contre les S.S. et je me suis retrouvé seul au feu avec quelques Italiens. Il fut néanmoins décoré d'abondance, et c'est pourquoi j'ai refusé toutes les médailles... à l'exception d'une médaille allemande !
(…) Il y a une confusion fallacieuse entre capitalisme et libéralisme. Une confusion récente, puisque à la fin du XIXème siècle encore, Leroy-Beaulieu s'élevait contre cet amalgame. Je réfléchis à cela pour mon prochain livre sur l'essence de l'économique.Je vous ai souvent cité ces passages de Marx dans lesquels il glorifie les capacités révolutionnaires du développement capitaliste...la profanation du vieux monde à laquelle il se livre. La logique du capitalisme est en effet destructrice et créatrice. Comme Marx le souligne toujours, il bouscule les structures sociales et les mentalités qui font obstacle à son déploiement. Marx se réjouissait de ce maelström continuel, car il y voyait les prémisses de la révolution à venir, mais il ne soupçonnait pas l'aptitude du système à triompher de ses contradictions en se renouvelant au gré des oppositions rencontrées. Cette aptitude à la régénération plaide d'ailleurs pour lui ; mieux que les systèmes rivaux, il a su capter certaines constantes de la nature humaine afin de s'en fortifier. Ceci étant dit, on voit bien que l'économie, aujourd'hui, excède sa vocation et tend à annexer ou à dissoudre des activités dont l'existence et l'autonomie sont nécessaires à l'équilibre de la cité. De toute évidence, les soubassements de la vie collective, à commencer par l'identité culturelle, sont mis en péril par les tourbillons que provoque son déchaînement contemporain. Il y a là une violence économique qui infirme le préjugé de Montesquieu et de sa descendance libérale sur les vertus pacifiantes du doux commerce.
22:12 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : julien freund
Mépris
Montfermeil: Amara critique Besson
AFP
19/12/2008
La secrétaire d'Etat à la Ville Fadela Amara a estimé aujourd'hui sur France Info que le cinéaste Luc Besson avait manqué de discrétion à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) où il avait initialement choisi de tourner un film avec John Travolta avant de finalement tourner à Poissy (Yvelines).
En octobre, Luc Besson avait interrompu le tournage de "From Paris with love" produit par sa société Europacorp à Montfermeil après l'incendie volontaire de dix voitures de la production.
Selon la secrétaire d'Etat, si Luc Besson est parti dans une autre banlieue, "ce n'est pas qu'elle est plus calme, c'est surtout qu'il est pas arrivé en disant "Voila j'ai des gros sous, j'arrive".
"Il faut faire attention à la manière dont on arrive dans certains quartiers, il y a des choses qu'il ne faut pas faire (...) il a bien fait de choisir la discrétion (à Poissy) et de faire (le tournage) tranquillement et sereinement et pas à grands coups de caméra comme il l'a fait à Montfermeil"."C'est ça, la réalité et les jeunes de Montfermeil, une partie, ont vraiment voulu axer la discussion et le rapport de force avec Luc Besson sur les questions d'argent. Ca a donné le résultat que ça a donné, c'est à dire qu'au bout d'un moment, comme ils n'obtenaient pas ce qu'ils voulaient, ils ont cramé, ce qui est un scandale par ailleurs" a-t-elle dit.
Chère fadela,
Je vous ai écouté avec intérêt hier matin sur France info et ne puis qu’abonder dans votre sens.
J’ai été, comme vous, stupéfaite par les propos et le comportement de Luc Besson.
Comment ce monsieur, tout enflé de la suffisance habituelle des bobos parvenus, s’arroge-t-il le droit de tourner un film dans notre quartier tranquille de Montfermeil, chantre de la diversité heureuse, au mépris de tous les usages. J’ai ainsi appris que lui et son équipe n’avaient pas daigné demander une autorisation de tournage aux autorités compétentes c’est-à-dire l’assemblée des grands frères dirigée par le grand caïd et l’imam I***, autorité spirituelle incontestée de notre communauté.
Il semblerait également que ce grossier personnage n’ait accordé à la jeunesse studieuse de Montfermeil qu’un dédommagement risible au regard à la gène occasionnée part ce tournage, qui plus est, d’un film impie.
Comment s’étonner alors de la réaction un peu vive mais bien naturelle de ces jeunes méritants et bien souvent objets de pareilles discriminations ?
La moindre des choses eut été de se présenter de façon modeste aux chefs de notre communauté en apportant les présents d’usage. Mais non, ce Mr Besson ne porte manifestement aucune considération aux usages habituels d’un visiteur. Serait-ce un manque de respect, voire du racisme ? Je pose la question simplement, sans animosité.
Plus encore, il m’eut paru naturel que ce film fut tourné entièrement par des hommes et des femmes de notre communauté, tout au moins issus de la diversité. Comment ce kafir de Besson peut-il imaginer une seconde saisir l’atmosphère de tolérance chaleureuse intercommunautaire qui règne ici ?
Comment s’étonner alors du ressentiment légitime de notre jeunesse déjà stigmatisée et victime d’une violence symbolique omniprésente dans nos quartiers. Quelques incivilités ou voitures endommagées ne sont rien au regard du mépris teinté de colonialisme arrogant que ressentirent mes coreligionnaires lors de l’irruption grossière de ces messieurs au sein de notre communauté paisible.
Chère Fadela, vous avez bien raison de reprendre ce monsieur arrogant et indélicat.
Merci également pour ce langage fleuri et direct qui fait tant pour régénérer une langue archaïque et sclérosée, oppressive à bien des égards envers la diversité, comme le soulignait récemment Mr Alain Rey.
Je reste à votre entière disposition pour toute démarche utile vis-à-vis de la HALDE qui pourrait bien percevoir dans cette affaire une discrimination supplémentaire à l’égard de nos frères et sœurs de Montfermeil. Ou tout au moins pour obtenir de ce grossier personnage qui porte si mal la barbe de notre prophète, de plates excuses et la promesse d’un dédommagement substantiel.
Croyez, Fadela, à mes meilleurs sentiments.
S*** R***.
Médiatrice sociale.
11:14 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : fadela amara, luc besson, from paris with love, travolta
18/12/2008
Zeks
Inspiration en berne ces derniers jours..
Pourtant les sujets ne manquent pas pour le hoplite moyen, veilleur solitaire et anarque apprenti...
Je ne voulais pas partir ces quelques jours dans mon fief corrézien aux forêts sombres et aux causses givrés sur Say NO! (and FUCK the pedagogy), ce trait d’humeur bien compréhensible…
L’odieux marchandage de bureaucrates bruxellois avec le gouvernement Irlandais pour contourner le verdict populaire de la douce Eire (après celui des Français et des Hollandais)…l’abjecte rhétorique de ces ronds de cuir au nez jaune pétant de trouille dans leur costard Boss à 6000 euros…le silence généralisé et éloquent de nos « élites » politiques progressistes et droits-de-l’hommistes par ailleurs promptes à célébrer je ne sais quel dissident chinois (sans doute valeureux) alors même qu’ils étouffent la voix d’un peuple libre…tout ça pue la mort et exsude la peur…une europe de consommateurs incultes, festifs, intolérants et violents, voilà l’avenir de ce continent. Un monde de Zeks qui s’ignorent...Je n’en serai pas, donc. Faut-il le préciser. L’horreur de la politique, disait Orwell au milieu de ses biquettes…et de ses légumes. Oui la nausée devant pareille étalage de forfaiture et de saloperie intellectuelle.
Allez savoir pourquoi, je ne supporte plus les mots suivants : diversité, égalité des chances, vivre ensemble, tolérance, discrimination, multiculturalisme, quartiers, droits de l'homme…Propagande ordinaire d’un anti-racisme totalitaire et d'un communautarisme à la française profondément inégalitaire malgré les apparences et la propagande sucrée et généreuse, qui fera qu’un gamin européen de Lodève ou Quimper sera écarté au profit d’un gamin du même âge issu de minorités, c'est-à-dire maghrébin ou noir. Critères sociaux mon cul ! Couleur de la peau, oui. Salauds. « Trois années n’étaient pas écoulées dans le millénaire que, à travers le monde entier, et plus particulièrement en Italie et en Gaule, on commença à reconstruire les églises, bien que pour la plus grande part celles qui existaient aient été bien construites et tout à fait convenables. Il semblait que chaque communauté chrétienne cherchait à surpasser les autres par la splendeur de ses constructions. C’était comme si le monde entier se libérait, rejetant le poids du passé et se revêtait d’un blanc manteau d’églises. Presque toutes les églises épiscopales et celles de monastères dédiées aux divers saints, mais aussi les petits oratoires des villages étaient rebâtis mieux qu’avant par les fidèles. » Ainsi parle, vers 1040, le moine Raoul Glaber. Aujourdhui, c'est un vert manteau de mosquées qui couvre notre continent. Certains, qui n'ont que Al Andalous et Islam tolérant à la bouche, voient cela avec bienveillance. Je pense moi que l'implantation durable en europe de ce corpus doctrinal total qu'est l'Islam constitue une menace sans précedent pour ce continent et sa civilisation singulière construite sur le doute critique. Que hait l'Islam. J'espère me tromper. Mais aprés tout la politique c'est ça: envisager le pire.
La médiocrité lassante du « débat politique », si l’on peut encore qualifier de débat cette production régulière de monologues et d’anathèmes stériles comme le constatait Raymond Aron il y a vingt ans. Déjà. Cette confusion constante entre morale et politique. Julien Freund, disciple de Carl Schmitt, dont le directeur de thèse fut Raymond Aron, parlait d’impolitique pour désigner ceux qui veulent faire de la politique ou prétendent en parler sans savoir ce qu’elle est…Je ne résiste pas à citer cet échange entre Freund et Jean Hyppolite, vieille baderne progressiste et pacifiste, lors de la soutenance de sa thèse de doctorat à la Sorbonne. Freund soutenait qu’il n’y a de politique que là où il y a un ennemi. Hyppolite : « Si vous avez vraiment raison, il ne me reste qu’à cultiver mon jardin ! » A quoi Freund répondit : « Comme tous les pacifistes, vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi. Or c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitié, du moment qu’il veut que vous soyez l’ennemi, vous l’êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin! »
Revu deux vieux patients aujourd’hui. Madame Francesca T, 81ans née en Algérie, à l’œil vif et la répartie facile : « Tut tut, gueule pas si fort, tu vas te faire péter une corde », qu’elle m’assène alors que je m’emportais pour je ne sais plus quoi…Oui, elle me tutoie. Faut dire qu’elle a tenu un bordel à la fin des années cinquante dans la banlieue d’Alger…de quoi perdre beaucoup d’illusions et quelques préventions...Faudra que je vous raconte, un jour. Hé, Hé. Et puis Mr Robert P, dont je vous ai déjà parlé, octogénaire érudit, industriel à la base mais surdiplômé, devenu diplomate et conseiller politique et économique incontournable, sillonnant la planète tutoyant tous les chefs d’état du moment. Pas la langue de bois non plus. A vu nicolas S hier, vibrionnant comme à son habitude de gnome, pascal L, ci devant président socialiste de l’OMC (pourquoi pas un développement durable ?) avant-hier et dominique S, président socialiste du FMI et archétype du bourgeois enflé (cette aporie, pourquoi pas des fonds éthiques. Mdr). Monsieur P a une confiance absolue en votre serviteur. Ce qui n’est pas le cas des demi-soldes politiciens, technocrates et experts Bruxellois qu’il côtoie à longueur de journée et de commissions savantes. Peut-être parce que j’aime évoquer Alexandre, Austerlitz ou Camus avec lui. Deux autodidactes qui se rencontrent en fait.
A tous je souhaite un joyeux noël (un joyeux solstice d’hiver pour mes lecteurs païens..) de la joie et de l’espérance dans les cœurs.
21:13 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : hoplite, europe, zek, orwell, julien freund, carl schmitt, raymond aron
16/12/2008
Say NO! (and FUCK the pedagogy)
Le « non » irlandais (Alain de Benoist, 14 juin 2008, Junge Freiheit)
En 1987, un citoyen irlandais nommé Raymond Crotty avait fait valoir devant la Cour
suprême de son pays qu’étant donné que toute modification des traités européens exigeait un
amendement à la Constitution irlandaise, et que tout amendement à cette Constitution devait
être approuvé par référendum, il en résultait nécessairement que tout changement d’un traité
européen devait être lui aussi être approuvé par référendum. La Cour suprême lui avait donné
raison. C’est donc grâce à Raymond Crotty que les Irlandais ont pu, le 12 juin, se prononcer
sur le traité de Lisbonne. Avec le résultat que l’on connaît : 53,8 % pour le « non ».
L’histoire retiendra donc que le seul peuple qui a pu s’exprimer directement sur le traité de
Lisbonne a dit « non ». Mais elle retiendra surtout que les autres peuples s’en sont vu dénier la
possibilité, alors que les sondages ont révélé que 75 % des Européens auraient voulu pouvoir
le faire.
Les causes du refus que les Irlandais ont opposé à un texte jugé « incompréhensible » sont
évidemment multiples. Les préoccupations liées à l’immigration ont joué un rôle, tout comme
celles concernant l’agriculture, le chômage ou l’avenir des services publics. Les Irlandais
tiennent en outre beaucoup à la neutralité de leur pays, effective depuis la proclamation de la
République en 1937 (ils ne sont pas membres de l’OTAN) et craignent une obligation
d’augmenter les dépenses militaires dans le cadre européen et de participer éventuellement à
des guerres lointaines, comme celle qui se déroule aujourd’hui en Afghanistan. C’est
d’ailleurs la raison pour laquelle, afin de ne pas conforter les Irlandais dans leurs craintes, le
Livre blanc sur la défense et la sécurité définissant les grandes orientations stratégiques de la
France pour les quinze prochaines années n’a pas été rendu public avant le 12 juin !
« C’est une immense déception », a déclaré le Taoiseach (Premier ministre) irlandais Brian
Cowen, qui n’en a pas moins reconnu que « le peuple s’est prononcé ». « Les peuples refusent
de se laisser dissoudre dans une Europe à la fois technocratique et antisociale », a constaté,
plus réaliste, l’ancien ministre français de la Défense Jean-Pierre Chevènement.
Que va-t-il se passer maintenant ? Nous l’avons déjà dit (JF, 6 juin) : tout va être fait pour
ne pas tenir compte du vote des Irlandais, dont on assure déjà un peu partout qu’il n’est pas un
obstacle « insurmontable ». Au Parlement européen, dès février dernier, 499 députés avaient
déjà voté contre une motion promettant simplement de tenir compte du référendum irlandais !
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, dans une déclaration conjointe, ont donc tout
naturellement appelé à poursuivre le processus de ratification. On leur dit d’arrêter, donc ils
continuent ! Simultanément, certains pensent déjà à négocier avec l’Irlande des dérogations
(opt-out) sur certains points – comme on l’avait fait avec le Danemark lorsque celui-ci avait
en 1992 rejeté le traité de Maestricht – avec l’intention avouée de faire repasser les Irlandais
aux urnes sur la base d’un texte « aménagé ». Mais qui garantit que les Irlandais accepteront
de revoter et, s’ils le font, qu’ils modifieront leur vote comme ils l’avaient fait en octobre
2002 à propos du traité de Nice ? Que se passerait-il s’ils disaient à nouveau « non » ?
Dans l’immédiat, il est clair que l’Union européenne se trouvé en réalité confrontée à une
nouvelle crise de grande ampleur, et que celle-ci va peser lourdement sur la présidence
française, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet et apparaît d’ores et déjà comme la première
victime du vote irlandais. Le Luxembourg a été le premier à dire que le traité de Lisbonne ne
pourra pas entrer en vigueur au 1er janvier prochain. La République tchèque, présidée par
l’eurosceptique Vaclav Klaus, pense même qu’il est mort-né.
Le Français Nicolas Dupont-Aignan n’a pas eu tort de déclarer que « les Irlandais
aujourd’hui, comme les Français et les Néerlandais en 2005, ne sont pas hostiles à l’Europe ».
L’opposition au traité de Lisbonne n’est pas en effet seulement le fait des « souverainistes »,
hostiles à toute forme de supranationalité. Elle provient aussi de ceux qui ont beaucoup espéré
de l’Europe, et qui croient même toujours à la nécessité d’une Europe politiquement unifiée,
mais qui constatent que l’Union européenne, présentée comme une solution pendant des
décennies, est aujourd’hui devenue un problème.
Ces derniers veulent une Europe qui soit à la fois une puissance autonome et un creuset de
culture et de civilisation capable de jouer un rôle de régulation par rapport au processus de
globalisation dans un monde resté multipolaire. Ils constatent que l’Union européenne,
soumise à une idéologie purement fonctionnaliste, ne s’est dotée d’aucune souveraineté
politique, économique ou militaire, qu’elle est incapable de mettre en oeuvre une politique
indépendante et qu’elle se pose de plus en plus en simple zone de libre-échange alignée sur
Washington. Ils veulent une Europe qui soit à l’écoute des peuples et qui les protège. Ils ont
une Union européenne sans légitimité démocratique, qui interdit aux peuples de s’exprimer,
les rend plus vulnérables et adhère sans aucune esprit critique à un système néolibéral qui les
réduit à l’état de marchandises.
Le grand enseignement du vote irlandais est qu’il révèle une fois de plus l’ampleur
significative du fossé qui sépare le peuple de la classe politico-médiatique toutes tendances
confondues. Comme en France en mai 2005, non seulement le gouvernement de Brian
Cowen, mais tous les grands partis de droite et de gauche, ainsi que tous les grands syndicats
liés aux partis, s’étaient prononcés en Irlande pour le « oui ». Et pourtant, ce sont les partisans
du « non » qui l’ont emporté.
Mais il y a aussi d’autres leçons à en tirer. La première tient dans le constat que le vote
d’un petit peuple de quatre millions d’habitants (moins de 1 % de la population européenne) a
suffi à bloquer l’imposante machine bruxelloise. Il est vrai que le peuple irlandais a résisté
pendant sept siècles à la puissance anglaise ! C’est la métaphore du grain de sable. L’autre
leçon, c’est qu’en Irlande voici quelque jours, toujours comme en France en 2005, un « non
de droite » n’aurait pas été plus capable de l’emporter à lui seul qu’un « non de gauche ». La
victoire du « non » n’a été rendue possible que par l’addition des refus de droite et des refus
de gauche. C’est une consécration supplémentaire des nouveaux clivages transversaux qui
tendent aujourd’hui, sur un nombre croissant de problèmes, à se substituer au vieux clivage
droite-gauche.
17:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : irlande, vote no, tce, enculés de bureaucrates
drain the blood
17:51 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : the distillers, punk rock
15/12/2008
populisme, anti parlementarisme et manque de pédagogie..
Le mois dernier, il est apparu que le budget du parlement européen serait en surplus de 22 millions d'euros en 2008. Que fit le parlement, selon le Guardian ? Il décida d'en rendre 14 millions aux Etats contributeurs (jusque-là, tout va bien) et d'en répartir 6 millions... aux 7 groupes du PE, à condition de dépenser l'argent avant la fin de l'année.
Pourquoi se priver ?
Mais pourquoi n'en parle-t-on pas en France?
(source via bruges europe)
20:48 | Lien permanent | Commentaires (5)

