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30/08/2009

teen town, 1977

29/08/2009

guns of Brixton

 

28/08/2009

aveuglement

sanspapiers_800_1.jpg« Il va sans dire que la vieille droite qui, dans son ensemble n’a lu ni Marx ni Lénine, n’est pas prés de lire Gramsci. On se demande d’ailleurs ce qu’elle peut lire en dehors de journaux satyriques et des magazines littéraires quand on s’aperçoit qu’au cours de ces dernières années, aucuns des ouvrages fondamentaux dont elle aurait pu tirer argument, dans un sens ou dans l’autre, ne semble avoir retenu son attention.

La paresse intellectuelle de la vieille droite ne s’explique pas seulement par sa méfiance instinctive vis-à-vis des idées pures. Pendant longtemps, les Saintes Ecritures lui ont servi de doctrine. Tout étant censé avoir été dit, il apparaissait inutile de vouloir constituer une autre Summa autre que celle de Thomas d’Aquin. Cette conviction prévaut encore aujourd’hui dans un certain nombre de cénacles. Mais pour combien de temps ? Après avoir été, nolens volens, la religion de l’Occident, après avoir été portée par un esprit, une culture, un dynamisme européens, qui l’avaient précédé de quelques millénaires, le christianisme, opérant un retour aux sources, redécouvre aujourd’hui ses origines. Pour assumer sa vocation universaliste et devenir la religion du monde entier, il entend se « désoccidentaliser ».

Dans l’immédiat, il développe une stratégie qui revient à se demander si elle ne revient pas à lâcher la proie pour l’ombre. Le christianisme sociologique est entrain de disparaître, laissant la place au militantisme évangélico-politique. L’impulsion vient de la tête. La hiérarchie accélère le mouvement. Les traditionalistes, attachés dans leur Eglise à tout ce dont celle-ci ne veut plus entendre parler, auront du mal à faire croire que le meilleur moyen d’endiguer la « subversion » est de batailler dans une croyance qui les a déjà abandonnés pour passer à l’ennemi. »

Alain de Benoist, Droite, l’ancienne et la nouvelle, 1979.

27/08/2009

collision

ci136c.jpgJ’adore ce genre de collision. Ce matin, perdu dans mes pensées Conradiennes, je rêvassais au sujet de Lord Jim, ce fils de pasteur devenu marin, plein de rêves et cœur vaillant –à l’image de Conrad lui-même- qui pris le large mais qui, un jour, lors du presque naufrage de son navire se comporta comme un couard quittant le navire en abandonnant les passagers à leur sort. Jim en fut marqué à vie, fuyant ceux qui connaissaient cet épisode de sa vie et, au fond, cherchant à se racheter par quelque action héroïque du côté de Bornéo où le Don Quichotte qu’il était trouve une mort enfin à sa mesure.

Dans le RER B où je goûtais les joies de la diversité, je parcours alors par hasard un article du Figaro (organe bien pensant de la bourgeoisie libérale c’est-à-dire anti-conservateur, malgré les apparences, les ors de la Tradition, hé hé) sur Ted Kennedy, ce jeune homme brillant, ambitieux mais dont les rêves d’une carrière politique au plus haut niveau furent brisés une nuit de juin 1969 lors d'un accident de voiture sur l’île de Chappaquiddick dans lequel mourut son assistante (?) du moment, noyée, sous un pont. Kennedy abandonna –semble-t-il- l’infortunée à son sort et ne se manifesta que le lendemain. Nul ne saura jamais exactement ce qui se passa cette nuit-là mais le scandale de Chappaquiddick fut immense et l’homme fut condamné à de la prison avec sursis. Ted Kennedy fit alors une honnête carrière de sénateur mais cet épisode resurgit à chaque velléité de candidature présidentielle : le pays ne lui avait pas pardonné.

Deux frères en turpitude.

26/08/2009

tittytainment

adriana_lima_10.jpg"(…) La distraction, c’est cela. La distraction au sens pascalien : ce qui distrait en détournant du reste. Ce qui fait tout disparaître sous l’agitation des paillettes, du bruit, des lumières multicolores et des clips. Le « diversity management » que seuls de pervers blasphémateurs peuvent vouloir troubler.

En septembre 1995, 500 hommes politiques et dirigeants économiques de premier plan s’étaient réunis à San Francisco sous l’égide de la Fondation Gorbatchev pour confronter leurs vues sur le monde futur. La plupart tombèrent d’accord pour affirmer que les sociétés occidentales étaient en passe de devenir ingérables et qu’il fallait trouver un moyen de maintenir par des procédés nouveaux leur sujétion à la domination du Capital. La solution retenue fut celle proposée par Zbigniew Brzezinski sous le nom de tittytainment. Par ce terme plaisant, il fallait entendre un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. "

Alain de Benoist (6 juillet 2009)

25/08/2009

kurtz

Dans cet «opéra filmique» qu’est Apocalypse now (selon Coppola lui-même) le capitaine Willard (Martin Sheen, autrement crédible que son crétin de fils et qui remplaça Harvey Keitel après quelques jours de tournage) remonte le fleuve à la recherche du colonel Kurtz. Pour le tuer. Pour ses méthodes malsaines… Le personnage de Kurtz, directement inspiré du Cœur des ténèbres, de Joseph Conrad (il porte du reste le nom même que le romancier avait donné à son héros), échappe d’emblée à la dimension historique du récit et se revêt d’une grandeur surnaturelle, nietzschéenne.

Sa démence n’a rien à voir avec les misérables obsessions, l’hubris purple haze des autres militaires du film. Elle est chargée d’un sens positif : c’est celle d’un inspiré, d’un initié. Celle de l’ange exterminateur, du prophète. Kurtz a vu l’horreur –les petits bras coupés, les civils assassinés, abandonnés, le meurtre gratuit, la barbarie, plus encore l’horreur de l’engagement total, du don de soi qui lui fait dire que quelques centaines de ses hommes suffiraient à changer le sort du conflit- l’horreur qui est peut-être la vérité de notre époque, comme le langage de la folie est peut-être le langage même de cette vérité.

L’itinéraire du capitaine Willard est typiquement conradien, marqué d’un pessimisme qui appartient bien en propre à l’auteur de Lord Jim (et jusque dans la métaphore existentielle du bateau), et évoque cette impossibilité du retour à la pureté originelle, au travers de la remontée du fleuve, thème qui est aussi celui de Délivrance, de John Boorman, dont le scénario n’est pas sans analogie avec celui d’Apocalypse Now.

Comme chez Boorman, la remontée du fleuve est une remontée dans le temps, et l’état sauvage, l’état de nature font progressivement retour à mesure que le bateau approche du terme de sa course (flèches, javelots, peintures du visage, puis du corps entier). Mais, toujours comme dans Délivrance, c’est le visage de l’horreur qui se découvre derrière celui de la nature originelle. Et le meurtre du père dans celui de Kurtz au cours d’une scène dont la signification de mise à mort rituelle est suffisamment soulignée par le montage (sacrifice d’un buffle).

Kurtz a revêtu le costume des bonzes, il a le crâne rasé, il est devenu partie intégrante de cette réalité ancestrale, qui nous ramène à l’aube de l’humanité. Un Père pour lequel l’amour, après l’admiration, n’a cessé, à mesure qu’il le connaissait mieux, de grandir chez Willard. Celui-ci avait le devoir de tuer. Devoir d’autant plus impérieux que le Père appelait, désirait la mort de cette main filiale.

24/08/2009

hyperclasse et subtilité dialectique: fini le tiercé!!!

« On connaît la description par Jacques Attali de cette magnifique hyperclasse promise à la domination du nouveau monde sans frontières : « Ils ne posséderont ni entreprises ni terres, ni charges. Riches d’un actif nomade, ils l’utiliseront de façon nomade, pour eux-mêmes, mobilisant promptement du capital et des compétences en des ensembles changeants, pour des finalités éphémères dans lesquelles l’Etat n’aura pas de rôle. Ils n’aspireront pas à diriger les affaires publiques (la célébrité politique sera pour eux une malédiction). Ils aimeront créer, jouir, bouger. Connectés, informés, en réseau, ils ne se préoccuperont pas de léguer fortune ou pouvoir à leurs rares enfants : seulement une éducation. Riches de surcroît, ils vivront luxueusement en nomades de luxe, souvent sans payer ce qu’ils consomment. Ils porteront le meilleur et le pire d’une société volatile, insouciante égoïste et hédoniste, partagés entre le rêve et la violence. L’hyperclasse regroupera plusieurs dizaines de millions d’individus. Ils seront attachés à la liberté, aux droits des citoyens, à l’économie de marché, au libéralisme, à l’esprit démocratique. Ils voteront, créeront des associations de consommateurs, cultiveront et développeront une conscience aiguë des enjeux planétaires ; à terme ils s’intéresseront plus à la condition humaine qu’à l’avenir de leur propre progéniture. » (…)

« Il serait donc bienvenu de reprendre sous une forme adaptée à notre époque, la vieille maxime d’August Bebel : « Quand l’ennemi de classe accepte de me médiatiser, je me demande toujours quelle bourde j’ai encore bien pu commettre. » Si TF1 ou Canal Plus décident de vous envoyer trois journalistes chaque fois que votre association réunit 300 personnes, il est effectivement temps de vous interroger sur ce que vous êtes réellement en train de dire ou de faire –surtout si quelques unes des stars les plus glauques du show-biz ont jugé excellent pour leur image de parader à vos cotés. Ou quand, par exemple, Jean-pierre Foucault accepte de poser l’une de ses inimitables questions (en l’occurrence « Quel est le mot interdit au Scrabble : Zee, Zoé, Zou ou Zic ?) afin que TF1 puisse contribuer à hauteur de 72 000 euros au financement du Réseau éducation sans frontières (Qui veut gagner des millions, jeudi 3 juillet 2008). Il est sûr qu’il va falloir maintenant beaucoup de subtilité dialectique aux têtes pensantes du Réseau pour expliquer à leurs ouailles le sens d’un si beau geste, de la part de la principale chaîne de propagande d’un Etat qu’elles jugent officiellement raciste et policier. » JC Michéa, La double pensée. 2008.