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04/11/2010

what's up?

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Sortie de crise…

« Une nouvelle étude de l’agence de notation mondiale Standard & Poors, Global aging 2010 : An irreversible truth, fait froid dans le dos. Elle estime qu’en 2050, la quasi-totalité des pays occidentaux ainsi que l’Amérique du nord seront en faillite, avec une dette d’Etat assimilée pour chacun de ces pays aux « junk bonds », les « actifs pourris ». Cette dette représentera en effet, en moyenne, 245% du PIB national (et 415% pour les USA). La raison principale de cet effondrement est la démographie. La population de plus en plus âgée nécessitera de plus en plus de retraites, d’assistanat et de soins de santé. La « cohésion sociale » (comprendre une révolte des classes actives) sera mise en cause avec une plausible révolte de la population à la fois active et paupérisée par une fiscalité écrasante. Les états, bénéficiant d’une notation catastrophique, ne pourront plus emprunter à l’étranger et seront donc incapables de payer à la fois les fonctionnaires et de continuer à pratiquer une redistribution sociale. L’union européenne aura éclaté, chacun faisant cavalier seul. Aucune réforme ne parait possible pour l’agence de notation, la montée en puissance des retraités donnant aux plus de 60/65 ans le contrôle des élections. »

(Faits et Documents, 1-15/11/2010)

En même temps, cette agence notait Lehman brothers AAA (note maximale) trois jours avant sa chute (la plupart des « junks bonds étant notés –eux aussi- AAA…). De quoi relativiser un peu  ce genre d’oracle. Me fait penser à TF1 ou Anal plus médiatisant RESF ou  le peintre Besancenot…Quand l’ennemi de classe te médiatise, demande-toi pourquoi ! (j’aime bien parler comme les marxistes)

 

Et le sort tragique des chrétiens d’Orient…

"CARCASSONNE Des fidèles caillassés pendant la messe

Une soixantaine de fidèles qui assistaient, mardi soir, à la messe des défunts dans l'église Saint-Jacques du quartier du Viguier à Carcassonne ont été la cible de caillassages qui ont également endommagé une statue de la vierge située à l'entrée de l'édifice.

Deux jeunes de 13 ou 14 ans sont entrés en pleine messe et ont jeté des pierres et des pignes de pin sur l'assistance, avant d'être mis en fuite par un fidèle qui les a poursuivis mais n'a pas pu les rattraper. "C'est grave, c'est une véritable profanation", estime l'abbé Garrouste, desservant de la paroisse, qui célébrait la messe ce soir-là. Une plainte a été déposée ce matin au commissariat de Carcassonne." source

Quelle résilience, ces chrétiens! ça force l'admiration...

Heureusement, Christophe Barbier, cuistre en chef de l'Express a la solution pour apaiser l'ire bien compréhensible des coreligionnaires du prophète pédophile:

"Sur Canal plus, il a proposé que le Sacré Coeur de Paris serve de mosquée aux heures creuses: "pourquoi, dans un geste oeucuménique, on ne partagerait pas le sacré-Coeur qui n'est pas loin [de Barbès] et où, à certaines heures, notamment le vendredi après-midi, dans le culte catholique, il ne se passe pas grand-chose?""

(Faits et documents, 1-15/11/2010)

Petit dhimmi, va!

03/07/2008

Tempérer la démocratie?

Gaston s’interroge ici sur la pertinence de la démocratie sous nos latitudes.

Athenesdemocratie.jpg Il est vrai que les projections démographiques décrites sont inquiétantes du fait de la forte probabilité d’apparition à court terme de majorités d’origine extra européenne dans certaines villes, voire dans certains pays européens.

Il est vrai aussi qu’un régime politique qui se résume pour le citoyen à un choix entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy pour la magistrature suprême ne peut faire l’économie d’une réflexion sur sa capacité à sélectionner une élite politique.

Il est vrai enfin qu’une Union Européenne qui dénie aux peuples qui la composent le droit de s’exprimer et qui, lorsque cela se produit quand même par accident ou particularité constitutionnelle de tel ou tel pays, bafoue ce droit pourtant élémentaire en niant la souveraineté populaire assimilée à du populisme ou en affirmant un méprisable besoin de pédagogie peut prêter à sourire. Ou à tout casser. Pour reconstruire.

 

 Alors ? Monarchie, aristocratie ou démocratie ?

Au sortir du Moyen-Âge, durant la Renaissance, la cité antique était à la mode et considérée comme un modèle indépassable ; il était bien vu de prôner un retour aux temps –supposés héroïques- de Sparte ou de Rome, de tout subordonner au bien de la cité.

Nos philosophes des Lumières ™, Rousseau, Voltaire ou Montesquieu mettaient par-dessus tout la lecture des historiens Romains, comme Plutarque, ou Grecs, comme Thucydide.

« D’un homme qui se désintéresse des choses de la Cité, nous ne disons pas qu’il se consacre tranquillement à ses propres affaires, nous sommes les seuls à penser qu’il ne sert à rien. » (1)

Par cette brutale admonestation, rapportée par Thucydide, Périclès -alias tête d'oignon- exprime l’idéal social des cités antiques. Ce n’est que dans la citoyenneté que s’épanouit l’homme libre. Hors de la cité, l’homme ne sert à rien. Il n’existe pas de société civile, tout est politique.

 

C’est aussi le point de vue de Platon, disciple et biographe de Socrate, qui exerça –et exerce toujours- une durable influence sur la pensée occidentale. La cité idéale de Platon est une caserne communiste ou la vie privée n’existe pas. Là ou les philosophes sont rois, chacun doit obéir à leurs décrets sans appel. La société n’est pas distincte de l’Etat.

Célibataire endurci, Platon (contrairement à son maître qui aima de prés le bel Alcibiade) était convaincu que la famille, la propriété et les autres institutions de la vie privée développent les intérêts particuliers, au détriment de la cité. Ainsi, afin de ne pas former de liens particuliers, les soldats gardiens de la cité, doivent ne pas avoir de biens propres, ni de famille. Ils doivent prendre leurs repas en commun, comme c’était le cas à Sparte, et se consacrer à plein temps à la défense de la patrie.

 

Aristote, qui fut vingt ans élève de Platon avant d'être, quelques années durant, le précepteur du futur Alexandre de Macédoine, partage son mépris du travail, du commerce et de l’activité économique en général ; car les gains des uns ne peuvent se faire qu’aux dépens d’autres hommes, explique-t-il dans son traité intitulé Politique. Dés les premières lignes, il annonce que les affaires de la cité doivent passer avant toutes les autres, puisqu’il existe « une société particulière qui domine et inclut toutes les autres, et tend donc vers le plus important de tous les biens. Cette société qui domine et englobe le plus est la cité (polis), comme on l’appelle, ou société politique. »

C’est là la société par excellence qui peut, selon Aristote, être gouvernée de trois manières : par un roi, les grands ou le peuple. Ces trois formes de gouvernement, monarchie, aristocratie ou démocratie, peuvent chacune apporter le bonheur, but de la politique, mais elles peuvent aussi dégénérer respectivement en tyrannie, oligarchie et démagogie. La meilleure constitution doit mélanger ce qu’il y a de meilleur dans la monarchie, l’aristocratie et la démocratie. Après Aristote, toute l’antiquité rêvera de trouver la formule magique d’une idéale constitution mixte.

L’Occident a longtemps vécu sur cet idéal antique d’une constitution mixte. C’est aussi ce que souhaite Montesquieu, et certains pensent encore aujourd’hui qu’il faut tempérer les excès, toujours possibles, de la démocratie. C’est pourquoi ont si longtemps subsisté en France les dispositions de la constitution de 1875, fixant à sept ans le mandat du président de la république et à neuf ans celui des sénateurs.

C’est aussi pourquoi beaucoup se sont opposés à l’élection du président de la république au suffrage universel. C’est encore pourquoi le général de Gaulle voulait que le sénat, cette aristocratie, fasse place à des syndicalistes et à d’autres forces vives de la nation, à coté des élus du peuple. Sa tentative de tempérer la démocratie fut, on le sait, désavouée par le référendum populaire de 1969.

Plus tard, Saint Augustin, partageant le pessimisme et la méfiance envers la politique des Grecs et des Romains va bouleverser cette quête du régime politique idéal en imposant l’idée –révolutionnaire- que l’histoire est faite de deux cités qui coexistent, celle du Diable et celle de Dieu. Sans le Christ, l’histoire n’est que vol et rapine. Il en donne pour exemple l’anecdote ou Alexandre le Grand demande à un pirate prisonnier pourquoi il estime avoir le droit de s’approprier le bien d’autrui. Ce dernier lui répond : « Pourquoi donc t’empares-tu de toute la terre ? Parce que je vole au moyen d’un petit bateau, on m’appelle pirate ; mais toi qui a une grande flotte, on t’appelle empereur ! » (2) Pour Saint Augustin, seule la grâce divine peut libérer l’homme des horreurs de l’histoire car, même quand le monde est gouverné par des princes chrétiens, selon des lois chrétiennes, rien ne peut être mené à bien sans la grâce. Hors du Christ, il n’y a pas de société civile…

Cette recherche d’équilibre entre pouvoir spirituel et temporel, l’un modérant l’autre, est l’invention originale et capitale de la chrétienté latine.

 
Voilà qui complique la recherche d’un régime politique tempéré…Ou bien qui la simplifie …

 

(1) Périclès, Brulé, Gallimard 1994, p155.

(2) Saint Augustin, Oeuvres, Lucien Jerphagnon, Gallimard, p.72. 

21/03/2007

Tartufe au Darfour.

« Oh, c'est bien, tout le monde se met à signer !" Mi ironique, mi-ravi, Bernard Kouchner salue, depuis la tribune de la Mutualité, à Paris, le dernier miracle en date de la présidentielle : François Bayrou, Dominique Voynet et Ségolène Royal font tribune commune lors du meeting organisé, mardi 20 mars, par le collectif Urgence Darfour. Ils se succèdent pour assurer de leur détermination à stopper les massacres dans cette région de l'ouest du Soudan, qui ont fait quelque 200 000 morts depuis 2003. » Le Monde, 21/03/07.

Vingt ans de guerre civile dans cette province du Soudan,

Vingt ans de massacres interethniques, de viols, de meurtres, de déportations, de réduction en esclavage,

Vingt ans d’antagonisme culturel et surtout religieux entre un sud soudan majoritairement noir et animiste ou chrétien et un nord soudan musulman,

En vingt ans, ce ne sont pas 200 000 morts mais sans doute plus de deux millions de victimes, dans l’indifférence générale, voire la complicité de tous.

Un peu d’histoire.

Le Soudan est le plus grand pays en superficie du continent Africain. Il correspond en grande partie à l’ancienne Nubie. Il fut toujours le champ naturel d’expansion de l’Égypte (colonie Egyptienne en 1821). Après la conquête (1896), et les défaites des armées mahdistes (dirigées par le chef religieux Muhammad Ahmed Ibn Abdallâh dit al-Mahdi, littéralement « le bien guidé par dieu ») puis la colonisation Britannique, le pays devint un condominium Anglo-Egyptien (1899). La partition ethnique, culturelle et religieuse du Soudan n’est pas récente : depuis 1922, le sud Soudan (trois provinces) était placé par les Britanniques sous un régime spécial (« closed districts »), destiné à protéger les populations sudistes de l’islamisation en interdisant l’usage de la langue arabe, le port de la djellaba et la présence de commerçants arabes. Tout déplacement de populations entre le nord et le sud mais aussi du sud vers le nord était interdit. Ces mesures étaient un héritage de la période précoloniale quand la traite des esclaves organisée depuis le nord musulman dévastait les populations noires du Soudan méridional. L’indépendance du Soudan, en 1956,  fut le fait de la détermination Britannique à l’encontre de l’Egypte qui souhaitait une annexion pure et simple.

La colonisation Britannique, à l’opposé de la colonisation Française assimilatrice de la troisième république, reposait sur une politique originale de respect des coutumes et des langues locales (un peu à l’images des « bureaux arabes » du début de la geste coloniale en Algérie, ou de la politique de Lyautey au Maroc) : les territoires étaient administrés bien souvent par l’intermédiaire de leurs chefs traditionnels, sous le contrôle des autorités Britanniques. Cela permit aux populations du sud Soudan de vivre selon leurs coutumes originales, profondément différentes de celles du nord Soudan musulman. La parenthèse coloniale refermée, les esclavagistes  musulmans venus du nord puisent à nouveau dans le vivier humain des tribus noires du sud : en effet, pour les Arabes et les islamisés du nord, les noirs animistes du sud (notamment les Dinkas et les Chillouks regroupés au sein de l’APLS /Armée Populaire de Libération du sud Soudan, œuvre du colonel John Garang), sont des êtres inférieurs, justes bons à faire des esclaves ; Au XIX éme siècle, ils étaient acheminés jusqu’aux marchés du nord en suivant la vallée du Nil ; cette traite Arabe organisée fut amplifiée sous la domination Egypto Ottomane et seule la colonisation y mit un coup d’arrêt (provisoire donc). Il a donc toujours existé au Soudan un clivage entre, un Nord arabo-musulman et un Sud noir, animiste et chrétien, héritage de plus d’un millénaire de pénétration de l’islam et de domination des Arabes allochtones sur les Noirs autochtones. Une opposition consolidée par l’administration britannique, qui s’est substituée à la domination égypto ottomane, et qui a soumis le Soudan a garder ce clivage en combattant le brassage des populations arabes et noires

Il s’agit donc depuis l’indépendance d’une véritable guerre civile opposant des milices arabes armées par le gouvernement de Khartoum (avec l’aide militaire active des chinois et des pays musulmans) qui souhaite premièrement l’uniformisation religieuse du pays et l’imposition à tous de la charia, notamment aux trois provinces du sud Soudan, dont les Dinkas, qui refusent de se laisser convertir à l’islam, constituent la base ethnique, deuxiémement prendre le controle de territoires riches en pétrole... La famine organisée, les déportations à grande échelle (4 millions d’habitants du sud déplacés), le viol comme arme de guerre et surtout la réduction en esclavage de femmes et d’enfants (les hommes sont tués le plus souvent) constituent l’ordinaire de ces populations sudistes, elles mêmes divisées en de multiples ethnies (Fours, Nuers, Baggaras, Mundaris, etc.) passant parfois des alliances tactiques avec les arabes pour régler quelque compte ethnique avec l’ethnie Dinka dominante… Que cette véritable traire esclavagiste arabe se fasse sous le couvert de la guerre civile entre arabisés et noirs , musulmans et chrétiens ou païens ne change rien au fait incontestable que les arabes ont recommencé à vendre des noirs. En 2005, un accord de paix signé à Nairobi et une nouvelle constitution permirent la formation d’un gouvernement d’union nationale qui vola en éclats lors de la mort (accidentelle ?) de John Garang dans un accident d’hélicoptère.

Cette guerre oubliée a fait au moins deux millions de morts depuis plus de vingt ans (de 1955 à l'indépendance de 1973, on estime que 1,5 million de Soudanais chrétiens ont été éliminés par le gouvernement de Khartoum et que de 1983 jusqu'au récent traité de paix, 2 millions d'êtres humains du Sud Soudan ont perdu la vie dans ce que le même régime a appelé "une guerre sainte contre les infidèles"), et non pas deux cent mille, comme le prétendent quelques bobos tiers mondistes mal informés comme il se doit par quelques dépêches politiquement correctes de l’AFP.

03/02/2007

Réconquista, le mythe Al Andalus.

Al Andalus désigne l’ensemble des territoires Ibériques soumis à la domination musulmane; correspondant à la majeure partie de la péninsule au lendemain de la conquête arabo-musulmane, il se réduit régulièrement au point de se limiter, à partir de la seconde moitié du XIII éme siècle, au seul royaume nasride de Grenade.

Selon le credo progressiste, qui fait le politiquement -et l’historiquement- correct, Al Andalus symbolise une Espagne musulmane raffinée (le véritable Islam), dynamique et tolérante, que l’on oppose à des états chrétiens fauteurs de croisades, d’inquisition, d’obscurantisme et d’intolérance.

Cette vision sommaire et engagée n’a malheureusement rien à voir avec ce que fut réellement la lutte qui opposa pendant neuf siècles (si l’on admet qu’elle se termina avec l’expulsion de 300 000 morisques (musulmans convertis au christianisme en apparence) vers le Maghreb en 1614) deux sociétés résolument antagonistes.

Deux mondes se sont affrontés de manière permanente, des siècles durant, nonobstant des périodes de trêve fragiles, des alliances ponctuelles et tactiques entre princes chrétiens et musulmans et des conflits entre chrétiens.

Mais la donnée fondamentale demeure la guerre entre deux civilisations incompatibles.

 

Conquista, Reconquista

 

Cette lutte va connaître trois phases successives.

 

1- Du VIII éme au XI éme siècle, la supériorité musulmane apparaît écrasante et les chrétiens ,repliés sur les réduits montagnards du pays Basque et des régions Cantabriques et Asturiennes négligées par l'envahisseur en raison de leur accés difficile et de faibles espérances de butin, sont condamnés à la défensive. En 711 donc, les musulmans (pour l’essentiel des berbères arabisés) débarquent d’Afrique du Nord. Les Wisigoths, dont le royaume semble connaitre une crise profonde, battus, la péninsule est occupée dans sa presque totalité. C'est l'âge d'or du califat Ommeyade.

Les envahisseurs franchissent les Pyrénées mais sont arrêtés en 732 sur la route de Poitiers; refluant vers le Sud, ils se fixent en Espagne. Un peu plus de vingt ans suffiront aux Carolingiens pour refouler les arabo-musulmans au dela des Pyrénnées et, dés le début du IX éme siècle, l'établissement de la Marche d'Espagne, future Catalogne, permet d'installer l'une des bases de départ de la future Reconquista.

2- La décomposition du califat ommeyade de Cordoue ouvre des perspectives nouvelles notamment à la Castille, dont le roi Alphonse VI réussit à s’emparer de Tolède en 1085 ; Au Nord, les royaumes chrétiens s’organisent contre une vingtaine de principautés ("reinos de taifas", de l'arabe tawa'if/ factions) érigées sur les ruines du califat.

A ce moment, l’irruption de nouveaux envahisseurs, des Almoravides, suivie un demi siècle plus tard, par celle des Almohades, issus, les uns de Mauritanie, les autres de l’Atlas, rétablissent pendant un temps, au profit du camp musulman, un équilibre qui paraissait menacé.

3- Mais les empires berbères ne durent pas et l’Islam ibérique ne peut arrêter au XIII éme siècle , la grande reconquête chrétienne qui scelle le sort de Cordoue, Séville et Valence.

Dernier témoin d’Al Andalus, le petit royaume de Grenade profite des divisions et des crises du camp chrétien au XIV éme et XV éme siècles pour survivre jusqu’en 1492, ou la capitulation du roi Boabdil devant Ferdinand le catholique signe la restauration de l’unité territoriale Ibérique.

 

Quelques réflexions.

 

- Le statut des non musulmans en terre d'Islam.

Jusqu'au X éme siècle, les chrétiens "mozarabes" (qui parlent vivent et s'habillent à la manière des musulmans) demeurent majoritaires dans l'ensemble d'Al Andalus et la minorité dominante issue des conquérants leur accorde une certaine "tolérance" soumise à toute une série de discriminations et à des charges fiscales particulières.

Il est de bon ton d’ évoquer une société ouverte et tolérante lorsque l’on parle d’Al Andalus. Or si les chrétiens et les juifs, considérés comme des « protégés » ou « dhimmis », en territoire musulman conservaient effectivement un certain nombre de droits (autonomie civile et religieuse, organisation du culte, liberté de circulation), ils restent soumis à l’autorité musulmane : impôt (capitation dont le défaut de paiement est puni d’esclavage ou de mort), distinctions vestimentaires, interdiction de frôler un musulman, interdiction de port d’une arme, obligation d’accorder l’hospitalité à tout voyageur musulman, interdiction de monter à cheval, obligation de se lever, s’ils sont assis, au passage de musulmans, interdiction de construire une maison plus haute que celle d’un voisin musulman, humiliations fréquentes à la remise de la capitation, interdiction de construire de nouvelles églises, son des cloches toléré mais le plus discret possible…, processions interdites, cimetières séparés, peines différentes pour un crime identique, etc.

Pour Philippe Conrad (1), « la situation qui est faite aux chrétiens a pour but d’affaiblir leur communauté et d’encourager les conversions ».

Cette situation persistant pendant plusieurs siècles sera à l’origine de nombreuses insurrections et révoltes auxquelles répondront exécutions et déportations. La fuite, l’émigration est aussi un recours : de nombreux chrétiens fuient vers les royaumes chrétiens du nord soutenus par les Carolingiens, contribuant à développer l’idéal d’une reconquête conte l’Islam.

En fait la trés relative "tolérance" dont avaient bénéficié les chrétiens mozarabes et les juifs à l'époque Ommeyade ne dure guère au dela du XI éme siècle car c'est un Islam de combat, étranger aux raffinements de la civilisation andalouse, qu'imposent à partir de cette époque les nouveaux envahisseurs Almoravides et Almohades surgis du désert Mauritanien et des montagnes de l'Atlas.

Neuf siècles ont été nécessaires pour effacer la présence musulmane en Espagne. Neuf siècles d’affrontements quasi permanents, qui s’ils ne peuvent faire oublier les contacts fructueux entre les deux civilisations, n’en dominent pas moins l’histoire médiévale de ce pays.

Cette coexistence tumultueuse n’avait pas grand chose à voir avec « l’harmonie pluri culturelle » rêvée, au moins promue, par certains de nos contemporains. L’Espagne d’Al Andalus a été fortement islamisée et arabisée et fait pleinement partie pendant huit siècles du monde de l’Islam. Quand elle se retrouve sur la défensive face à la montée en puissance des royaumes chrétiens, elle fait régulièrement appel aux musulmans d’Afrique du Nord et, au fur et à mesure que la reconquête s’effectue, c’est par milliers que les mahométans choisissent l’exil vers le royaume de Grenade ou vers l’Afrique du Nord. Malgré tous les efforts des souverains chrétiens qui espèrent les assimiler, les morisques maintiendront envers et contre tout, dans une semi clandestinité, leur foi religieuse et leur identité culturelle.

 

- Le statut des musulmans en terre chrétienne.

De même que les communautés chrétiennes mozarabes avaient survécu pendant plusieurs siécles sous la domination musulmane, de nombreux musulmans étaient demeurés dans des régions reconquises et avaient continué à pratiquer leur religion. Vainqueurs du royaume de Grenade, Ferdinand et Isabelle se sont engagés à respecter les croyances et les coutumes de leur nouveaux sujets. Dans un premier temps les rois catholiques et l'Eglise pensent possible l'assimilation, c'est à dire la conversion, de cette minorité musulmane; il est même réalisé une grammaire et un dictionnaire du dialecte Grenadin pour faciliter la tâche des prédicteurs auprés d'une population qui ignore le castillan.

Secondairement, devant le peu d'empressement des arabo-musulmans à la conversion et à l'adoption des us et coutumes des chrétiens, mais aussi sous l'influence grandissante de l'inquisiteur général Thomas de Torquemada et encouragée par le pape Clément VII, la politique de conversion va se radicaliser dans l'objectif de l'unification religieuse-catholique- du royaume Ibérique. Nombre de mosquées sont transformées en églises. Cependant un délai de quarante ans est accordé à la population musulmane pour s'assimiler complètement aux populations chrétiennes. Mais, dans une Espagne qui compte environ huit millions d'habitants, les trois cent mille morisques forment une communauté hérmétique, hostile pour l'essentiel à toute assimilation. Et ce à un moment ou la menace Ottomane et barbaresque ne fait qu'accroitre la méfiance et la haine des chrétiens contre ceux qu'ils percoivent comme des "ennemis de l'intérieur".

Toute conversion sincère s' avérant impossible et l'unité du royaume se trouvant mise en question, l'expulsion des morisques est décidée par Philippe III en aout 1609 et durera jusqu'en 1614.

 

- Tolérance?

Al Andalus est une période clef dans l'histoire médiévale de l'Espagne. L'apport culturel, artistique, architectural des civilisations arabo-musulmanes surtout Ommeyade mais aussi Almoravides et Almohades est indéniable.

A certaines périodes dans cette Espagne supposée pacifique, sous les Almoravides puis sous les Almohades, le fanatisme a été extremement violent contre les non-musulmans. A d'autres périodes, des gouvernements islamiques plus prudents, ne voulant pas pousser à la révolte leur nombreux sujets non-musulmans, et à l'intervention les royaumes du Nord, ont appliqué de manière laxiste les lois de la charia, notamment celles qui concernent les non-musulmans.

Il ne s'agit pas d'une tolérance foncière de l'Islam, mais d'une tactique prudente, employée à certaines époques, et non à d'autres. L'Andalousie Maure n'a pas été un royaume de paix et de tolérance, comme une certaine légende tend à le faire croire, mais a alterné entre des périodes fanatiques et d'autres plus calmes.

Aussi, faire de cette longue confrontation un modéle de multiculturalité et de tolérance me parait être une imposture. Ce mot n'avait pas de sens pour le guerrier Almoravide ou le chrétien Arragonnais, tout au moins pas celui que nous lui donnons aujourd'hui, convaincus qu'ils étaient de la supériorité de leur propre religion ou de leur culture.

 

- Culpabilité?

Nos élites progressistes promptes à stigmatiser la geste coloniale Européenne semblent curieusement tétanisées par celle des peuples non européens, dont celle des Arabo-musulmans qui eux ne regrettent pas, au contraire, d’avoir conquis et colonisé le Maghreb, l’Andalousie ou les Balkans.

Y aurait-il de bons et de mauvais colonisateurs? La réponse est non évidemment. Par ailleurs, juger le fait colonial à l'aune de nos citères moraux reléve simplement de l'anachronisme et n'a pas de sens.

Dans son "Livre noir du colonialisme" (3), Marc Ferro, fait un rapprochement- à mon avis coupable (le colonialisme n'est pas un totalitarisme)- avec "Le livre noir du communisme" de Furet et Courtois, et décrit des phénomènes qui s'étalent du XV éme au XX éme siècle sur plusieurs continents.

La constante de cet ouvrage est la culpabilité de l'Occident, et uniquement de l'Occident. Ce sont toujours des nations occidentales ou de culture chrétienne qui sont stigmatisées. Pourquoi? Et que penser des conquétes d'autres civilisations (Arabes, Perses, Mongoles, Puniques, etc) qui sont une constante de l'histoire de l'humanité?

Pascal Bruckner a la réponse: "Nous autres européens avont été élevés dans la haine de nous-mêmes, dans la certitude qu'au sein de notre culture un mal essentiel exigeait pénitence. Ce mal tient en deux mots: colonialisme et impérialisme." (4)

 

Marxisme, tiers-mondisme, haine du capitalisme et de la civilisation occidentale constituent le fond culturel de notre intelligentsia politique et culturelle depuis quarante ans.

Tous vivent dans la terreur d’être traités de racistes (variante "islamophobe"). Cette hantise les paralyse et leur interdit de formuler la moindre réserve sur l’islam, les musulmans, les Arabes et jusque sur le sujet de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. On accuse d’islamophobie quiconque ose poser un regard critique sur cette religion, alors même qu’on peut librement s’en prendre aux crétiens et aux juifs (sous couvert d'anti-sionisme, trés en vogue dans les milieux progressistes). On comprend mieux alors le silence des élites sur la geste coloniale arabo-musulmane. Ils sont victimes par définition, même en tant que colonisateurs, et la Reconquista est mise au passif de l'occident chrétien.

 

 

« Il faut renoncer à une idée reçue, celle d’une Espagne dans laquelle les trois religions du Livre –chrétiens, musulmans et juifs- auraient vécu en bonne intelligence pendant les premiers siècles de la domination musulmane, puis dans l’Espagne chrétienne des XII éme et XIII éme sièclesLa tolérance suppose l’absence de discrimination à l’égard des minorités. Ce n’est pas le cas dans l’Espagne musulmane, ni plus tard de l’Espagne reconquérante. Les maîtres du pays ont toujours été convaincus de la supériorité de leur foi. Juifs et mozarabes n’ont jamais été que des sujets de seconde catégorie.»

 

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(1)   Philippe Conrad, Histoire de la reconquista, Que sais-je . PUF, p25.

(2) Joseph Perez, Histoire de l'Espagne, 1996, p 46.

(3) Marc Ferro, Le livre noir du colonialisme, Robert Laffon 2003.

(4) Pascal Bruckner, Le sanglot de l'homme blanc, Seuil 1983, p 88.