31/03/2015
ethnocentrisme
"Israël Shahak est un des nombreux «rescapés de l'Holocauste». Né à Varsovie en 1933, il passe son enfance au camp de Bergen-Belsen. En 1945, il émigre en Israël et sert dans l'armée juive Tsahal. Militant des droits de l'homme, il collabore au journal Haaretz et s'attaque à l'obscurantisme religieux juif et à son influence dans la vie politique de l'Etat colonial d'Israël. Juif et «israëlien», il est donc ethniquement irréprochable et politiquement correct.
Tout commence en 1965, lorsque Shahak est témoin d'un incident qui le marquera profondément. Dans un quartier de Jérusalem un non-juif (goy) s'effondre brusquement, victime semble-t-il d'une crise cardiaque. Prié de mettre son téléphone à disposition pour appeler une ambulance, un juif religieux refuse, en invoquant la Halakha qui lui interdit de sauver un non-juif le jour du Sabbat. Shahak interroge peu après les membres de la Cour rabbinique de Jérusalem; ces membres sont nommés par l'Etat d'Israël. Ceux-ci répondent que la personne qui a refusé l'usage de son téléphone a agi conformément aux lois religieuses et ils se réfèrent à l'abrégé des lois talmudiques. Finalement les autorités rabbiniques tant en Israël que dans la diaspora n'ont jamais fait machine arrière et ont toujours refusé de modifier ou de supprimer la moindre prescription sabbatique. Il est donc interdit à un juif de profaner le jour du Sabbat pour sauver un non-juif. Par contre la violation du Sabbat est permise pour sauver un juif. Dérouté et scandalisé par cette discrimination raciste, Shahak se met à étudier les lois talmudiques. Il nous livre le fruit de trente ans de recherches et d'un demi-siècle de vie dans la Terre promise.
De la Déclaration Balfour qui promettait aux sionistes «l'établissement d'un foyer national juif sans porter préjudice aux droits civils et religieux des communautés non-juives établies en Palestine» -- donc un état pluraliste -- on en est arrivé à la consolidation d'un Etat dont les lois et règlements sont fortement imprégnés de l'idéologie des rabbins orthodoxes, expansionniste (le Grand Israël) et pratiquant l'apartheid et la xénophobie. Shahak découvre qu'il y a deux catégories de citoyens: les juifs et les non-juifs (Druzes et Arabes), ces derniers ne jouissant ni du droit de résidence, ni du droit au travail, ni de l'égalité devant la loi. Le lecteur français remarquera que les représentants du peuple élu qui se plaignent d'avoir eu leurs papiers estampillés de la mention «juif» sous Vichy et en Union soviétique imposent à présent en Israël des cartes d'identité où ne figure jamais la nationalité israélienne mais la mention soit «Juif», soit «Arabe», soit «Druze». Le critère est donc racial ou ethnique. «Toutes les requêtes introduites auprès du ministère de l'intérieur en Israël pour supprimer ces mentions discriminatoires et y substituer l'indication de la nationalité israélienne ont été vaines». En Israël, les juifs constituent donc bien une catégorie de citoyens privilégiés et la source de ces dispositions juridiques en est le Talmud, qui imprègne la vie sociale et même les relations diplomatiques.
Il y a quelques années déjà, Alfred Lilienthal, juif non sioniste, qui partage les mêmes convictions humanistes de Shahak, reprenait les déclarations de la Haute Cour de l'Etat d'Israël de janvier 1972: «Il n'y a pas de nation israélienne distincte du peuple juif résidant en Israël et dans la diaspora». Selon cette loi commentait-il, «un juif peut devenir citoyen d'Israël en une minute dès qu'il a pris pied sur le sol du pays, mais ce statut peut être enlevé à tout moment à un Arabe même s'il est né dans le pays habité par ses ancêtres depuis plus de mille ans». Depuis 1948, les expropriations et expulsions de centaines de milliers de Palestiniens se sont succédé sans relâche. Tsahal fait sauter les maisons et raser les villages pendant que les habitants sont aux champs. Israël n'est donc une démocratie que pour les juifs. Pour les autres, c'est un Etat totalitaire et xénophobe pratiquant l'apartheid. L'écrivain Yoram Bar Porath déclarait en 1972: «Les dirigeants israéliens ont le devoir d'expliquer clairement au public un certain nombre de faits tombés progressivement dans l'oubli: qu'il n'y a ni sionisme, ni installation du peuple juif sans éviction des Arabes et expropriation de leurs terres».
En 1948 et 1949, Israël a adopté l' «Emergency Defense Regulations» de l'armée britannique qui donnent l'autorisation d'entrer dans n'importe quelle maison quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit; de détruire une maison «suspecte», de confisquer les propriétés privées et d'expulser ses habitants hors du territoire. Ces dispositions sans égales dans les pays civilisés ont permis l'expropriation et la déportation de centaines de milliers d'Arabes qui vivaient chez eux. Pendant ce temps le lobby sioniste aux Etats-Unis faisait croire que les Palestiniens se réjouissaient des bienfaits apportés par la démocratie israélienne qui, soulignons-le, n'aurait jamais subsisté sans les milliards de dollars alloués annuellement par les Etats-Unis sans parler des réparations allemandes.(...)" suite/source
photo: Tsahal girl by Rachel Papo.
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26/03/2015
some fresh air
23:27 | Lien permanent | Commentaires (6)
25/03/2015
populisme nauséabond
« Pour ne prendre qu’un seul exemple, il y a bien peu de chances que le mot d’ordre « Volem viure al païs », qui fut, comme on l’a peut-être oublié, l’étendard des paysans du Larzac, soit désormais perçu par un jeune téléspectateur autrement que comme un appel Poujadiste à rejoindre la bête immonde. Pour comprendre comment on a pu en arriver là, il est donc nécessaire de rappeler quelques faits. C’est en 1983-1984 –comme on le sait- que la Gauche française dut officiellement renoncer (car, dans la pratique, ce renoncement lui était, depuis longtemps, consubstantiel) à présenter la rupture avec le capitalisme comme l’axe fondamental de son programme politique. C’est donc à la même époque qu’elle se retrouva dans la difficile obligation intellectuelle d’inventer, à l’usage des électeurs, et tout particulièrement de la jeunesse, un idéal de substitution à la fois plausible et compatible avec la mondialisation, maintenant célébrée, du libre-échange. Ce sera, on le sait, la célèbre lutte « contre le racisme, l’intolérance et toutes les formes d’exclusion », lutte nécéssitant, bien sûr, parallèlement à la création sur ordre de diverses organisations antiracistes, la construction méthodique des conditions politiques (par exemple, l’institution, le temps d’un scrutin, du système proportionnel) destinées à permettre l’indispensable installation d’un « Front National » dans le nouveau paysage politique. C’est donc précisément dans cette période très trouble et très curieuse –pour tout dire très Mitterrandienne- que les médias officiels furent amenés progressivement à donner au mot de populisme- qui appartenait jusque là à une tradition révolutionnaire estimable- le sens qui est désormais le sien sous le règne de la pensée unique. »
(JC Michéa, L’enseignement de l’ignorance, Climats 2000, p.49)« Elue par la mondialisation, une Nouvelle Classe politique médiatique s'est mise en place, qui associe dans un même élitisme de la richesse et du paraître, dirigeants politiques, hommes d'affaires et représentants des médias, tous intimement liés les uns aux autres (hors caméra, ils se tutoient et s'appellent par leurs prénoms) tous convaincus de la « dangerosité » des aspirations populaires. Alexandre Zinoviev, pour désigner cette Nouvelle Classe parlait de « supra-société ». Confrontée à un peuple qu'elle redoute et qu'elle méprise à la fois, elle constitue une autorité oligarchique qui s'emploie avant tout à préserver ses privilèges et à réserver l'accès du pouvoir à ceux qui émanent de ses rangs. Ce mépris du peuple s'alimente bien entendu de la critique d'un « populisme » assimilé désormais à n'importe quelle forme de démagogie ou d' « irrationalisme » de masse. Qui parle aujourd'hui du peuple s'expose par là même au reproche de « populisme ». Devenu une injure politique, le populisme est présenté comme une sorte de perpétuelle « maladie infantile » de la démocratie, dans une perspective à la fois péjorative et disqualifiante. Le recours au « populisme » fournit ainsi à la mise à l'écart du peuple une justification théorique, sinon savante. »
(Alain de Benoist, Krisis 2008)
« Il faut toujours rappeler qu'il y a peu de temps encore, le terme de « populisme » était employé de façon tout à fait positive pour désigner certains mouvements révolutionnaires issus des traditions russes et américaines de la deuxième moitié du XIXème siècle. Ce n'est que depuis quelques années que Le Monde et les autres médias officiels se sont employés, avec beaucoup de cynisme, à conférer à ce terme (en lui-même irréprochable pour un démocrate) le sens infâmant qui est maintenant le sien) ; cela à seule fin, bien sûr, de pouvoir diaboliser comme « fasciste » ou « réactionnaire » toute inquiétude ou perplexité du peuple à l'endroit des décisions qui modifient sa vie, et que prend l'oligarchie régnante dans le silence de ses bureaux, après consultation de ses prétendus « experts ».
(Jean Claude Michéa, Les intellectuels, le peuple et le ballon rond, Climats 1998)
« (…) La meilleure façon de comprendre les conflits culturels qui ont bouleversé l’Amérique depuis les années 60 est d’y voir une forme de guerre des classes, dans laquelle une élite éclairée (telle est l’idée qu’elle se fait d’elle-même) entreprend moins d’imposer ses valeurs à la majorité (majorité qu’elle perçoit comme incorrigiblement raciste, sexiste, provinciale et xénophobe), encore moins de persuader la majorité au moyen d’un débat public rationnel, que de créer des institutions parallèles ou « alternatives »dans lesquelles elle ne sera plus du tout obligée d’affronter face à face les masses ignorantes. »
« (…) De nos jours, la croyance est largement répandue, du moins chez les membres de la classe charitable [éprise de l’idéologie de la compassion] que les normes sont, par essence, oppressive, que, bien loin d’être impersonnelles, elles exercent une discrimination contre les femmes, les Noirs et les minorités en général. On nous dit que les normes reflètent l’hégémonie culturelle des DWEM (dead white european males/ hommes européens blancs et morts). La compassion nous oblige à reconnaître l’injustice qu’il y a à les imposer à tous les autres. Quand l’idéologie de la compassion mène à ce type d’absurdité, il est temps de la remettre en cause. La compassion est devenue le visage humain du mépris. Autrefois la démocratie sous-entendait l’opposition à toutes formes de normes inégales. Aujourd’hui nous acceptons les normes inégales –comme toujours elles anticipent la citoyenneté à deux vitesses- au nom du souci humanitaire. Comme nous avons renoncé à l’effort d’élever le niveau général de compétence, -ce qui était la signification ancienne de la démocratie- nous nous satisfaisons de l’institutionnalisation de la compétence dans la classe charitable, qui s’arroge la tâche de s’occuper de tous les autres.
Dans l’idée que je m’en fais, le populisme souscrit sans équivoque au principe du respect. C’est entre autres pour cette raison que l’on doit préférer le populisme au communautarisme, trop prompt au compromis avec l’Etat providence et à adhérer à son idéologie de la compassion. Le populisme a toujours rejeté une politique fondée sur la déférence aussi bien que sur la pitié. Il est attaché à des manières simples et à un discours simple et direct. Les titres et autres symboles d’un rang social éminent de l’impressionnent pas, pas plus que les revendications de supériorité morale formulées au nom des opprimés. Il rejette une « option préférentielle pour les pauvres » si cela signifie traiter les pauvres comme les victimes impuissantes des circonstances, les exempter de toute possibilité d’être tenus pour responsables, ou bien excuser leur faiblesse au motif que la pauvreté porte avec elle une présomption d’innocence. Le populisme est la voix authentique de la démocratie. Il postule que les individus ont droit au respect tant qu’ils ne s’en montrent pas indignes, mais ils doivent assumer la responsabilité d’eux-mêmes et de leurs actes. Il est réticent à faire des exceptions ou à suspendre son jugement au motif que « c’est la faute à la société ». Le populisme est enclin aux jugements moraux, ce qui, de nos jours, semble en soi péjoratif, marque suffisante de l’affaiblissement de notre capacité à juger de manière discriminante par le climat moral de « souci » humanitaire. »
Christopher Lasch, La révolte des élites, 1995.
22:55 | Lien permanent | Commentaires (38) | Tags : populisme, alain de benoist, michéa
classfront
"Ouvriers :
49 % des ouvriers ont voté Front National
15 % des ouvriers ont voté Parti Socialiste
13 % des ouvriers ont voté UMP – UDI – Modem
7 % des ouvriers ont voté Front de Gauche
Professions libérales, cadres supérieurs :
33 % des professions libérales, cadres supérieurs ont voté UMP – UDI – Modem
28 % ont voté Parti Socialiste
13 % ont voté Front National
8 % ont voté Divers Gauche."
22:09 | Lien permanent | Commentaires (4)
22/03/2015
cantonales
23:19 | Lien permanent | Commentaires (13)
du rien et de la tradition
« Nous ne sommes rien ; en effet, aux horreurs du XXième siècle, nos démocraties ont répondu par la religion de l'humanité, c'est-à-dire par l'universalisation de l'idée du semblable et la condamnation de tout ce qui divise ou sépare les hommes. (...) Cela signifiait que, pour ne plus exclure qui que ce soit, l'Europe devait se défaire d'elle-même, se « désoriginer », ne garder de son héritage que l'universalisme des droits de l'homme. Tel est le secret de l'Europe. Nous ne sommes rien. »
Alain Finkielkraut, entretien au Monde des 11 et 12/11/2007, cité par D Venner dans la NRH de février 2008.
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En septembre 1966, Martin Heidegger accorda un long entretien au Spiegel. Il fut publié dix ans plus tard au lendemain de la mort du philosophe. Alors qu'Heidegger évoquait les rapports entre les hommes et l'« être de la technique », ses interlocuteurs lui demandèrent :
Spiegel : « On pourrait vous opposer tout à fait naïvement ceci : qu'est-ce qu'il s'agit de maîtriser ici ? Car enfin tout fonctionne. On construit toujours davantage de centrales électriques. La production va son train ; Les hommes, dans la partie du monde ou la technique connaît un haut développement, ont leurs besoins bien pourvus. Nous vivons dans l'aisance. Qu'est-ce qu'il manque ici finalement ? »
Martin Heidegger : « Tout fonctionne, c'est bien cela l'inquiétant, que ça fonctionne, et que le fonctionnement entraîne toujours un nouveau fonctionnement, et que la technique arrache toujours davantage d'hommes à la Terre, l'en déracine ; Je ne sais pas si cela vous effraye ; moi, en tous cas, je suis effrayé de voir maintenant les photos envoyées de la lune sur la Terre. Nous n'avons plus besoin de bombe atomique ; Le déracinement de l'homme est déjà là. Nous ne vivons plus que des conditions purement techniques, ce n'est plus une Terre sur laquelle l'homme vit aujourd'hui... »
Spiegel : « Qui sait si c'est la destination de l'homme d'être sur cette Terre ? »
MH : « D'après notre expérience et notre histoire humaines, pour autant que je sois au courant, je sais que toute chose essentielle et grande a pu seulement naître du fait que l'homme avait une patrie et qu'il était enraciné dans une tradition... »
Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique, Mercure de France, 1988.
18:05 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : dominique venner, martin heidegger, alain finkielkraut
18/03/2015
kidboxing
00:18 | Lien permanent | Commentaires (3)
16/03/2015
voir kumkale et mourir
J'ai déjà parlé ici de ce vieux paysan corrèzien, salopette en drap bleu, casquette, sabots, chemise à carreau et lunettes le soir pour les nouvelles (la gueule de Gicquel au travers des zébrures du poste), chez qui j’allais chercher le lait les soirs d’hiver. Et parfois traire dans l’étable avec son fils, au cul des vaches, dans l’odeur de foin qu’on faisait tomber de l’étage et de bouse fraîche…Un brave homme, simple, une force de la nature, avec lequel j’échangeais quelques banalités, manière de causer (le propre du citadin à la campagne: le silence des paysans est inconfortable, dérangeant). Il était marié à la femme-debout: une femme que je n'ai jamais vue assise avec les hommes. Toujours debout pour servir les hommes à table; pour l'apéro (ratafia et biscuits secs) ou pour le repas des vendanges.
J’imaginais assez bien que cet homme n’avait jamais dépassé les limites du canton et ne connaissait du monde que ce qu’il en lisait dans les journaux ou regardait à la télé. Un soir d’hiver, il y a plus de 20 ans, peu avant qu’il ne meure à l’hospice local, et alors que je partais à l’armée, cet homme m’avait raconté qu’il avait fait la guerre de 14 dans le corps expéditionnaire des Dardanelles, qu’il avait débarqué à Kumkale puis combattu à Gallipoli, avant d’être évacué devant le désastre de la campagne. Ce paysan Corrézien avait vu et vécu des choses incroyables : des centaines d'hommes mourir devant lui, atrocement mutilés, des cuirassiers coulés par les mines, des hommes mourir de dysenterie et mangés par les rats, l’horreur de la guerre, la misère de l’homme qui meurt loin des siens. Puis il avait passé quelques mois prés d’Arras, dans les tranchées, avant d’être blessé et réformé. Retour à la ferme et aux travaux des champs. Une parenthèse extraordinaire et terrifiante. Ce paysan à casquette derrière ses bestiaux s’était métamorphosé définitivement dans mon esprit en soldat de Marmara. Désormais assis prés de la fenêtre, dans son fauteuil contre le radiateur et prés du feu (été comme hiver), charentaises aux pieds, la Dépèche dans les mains, se levant et enlevant sa casquette pour saluer le gamin que j’étais. Il est mort rapidement, 48h après avoir quitté ses vaches, sa ferme, ses champs, les siens, ses chiens, sans doute apaisé, l'ordre des choses, hein?
Je pensais à lui tantôt - à sa mort en fait- en allant voir une malade dans une maison de retraite prés de chez moi: un établissement plutôt réputé mais aux allures de mouroir select...un long couloir avec des dizaines de chambres/ cellules s'ouvrant à droite et à gauche, souvent fermées, parfois ouvertes avec un vieux ou une vieille assis(e) guettant le visiteur improbable ou le soignant, plusieurs alarmes clignotants à droite et à gauche et auxquelles personne ne semble répondre. Un salon avec la télé ouverte sur une série US des années 80 et quelques débris genre walking dead en fauteuil roulant ou écroulés sur des canapés, hypnotisés littéralement par le spectacle débile. Ma patiente -largement déconnectée depuis des années- gisait en travers de son lit, la sonnette à la main, la couche pleine de merde. Au mur une vieille carte postale de Saint-Malo, une salle de bain dégueulasse et, au sol, des cachets pas pris et qu'on écrase en se frayant un chemin dans ces 10m2 de misère. Voilà, c'est là qu'elle va mourir, seule, abandonnée des siens, de tous en fait. Je l'ai arrangée au mieux, examinée, on a causé un peu, de vieux trucs genre Saint Malo, seuls souvenirs disponibles. Suis allé voir l'IDE de l'étage, tout au bout du couloir, petit bureau avec une pharmacie attenante, un tableau d'alarme où ça clignotait sévère. Calme et pro malgré le chaos ordinaire. J'avais connu cette femme plus jeune, m'ouvrant la porte de son appartement bourgeois pour une soirée de la bonne société locale, j'étais ado avec un costard trop grand, mon frère pareil, ça draguait bien, ça picolait dans les coins, pas plus. Trente ans plus tard, démente et grabataire, seule et misérable.
Kumkale puis la Corrèze, c'était pas si mal, finalement.
11:39 | Lien permanent | Commentaires (8)
sunday morning
"Je n'ai jamais eu un train de vie compatible avec des revenus de journaliste, fut-il parisien. C'est pourquoi j'ai choisi une deuxième vie, celle de "mercenaire" pour les services secrets (...). Mon initiation a débuté au cours de l'été 1989, à bord d'un yacht rempli de très joli filles, au large de Saint Tropez. Les yachts, c'est toujours plein de jolies filles. J'étais invité à bord par un riche homme d'affaires français (...) Dés cette époque, j'ai noué des rapports très étroits avec Israël. Je m'y rends très souvent car j'y ai un double intérêt. Israël possède des services secrets très efficaces. C'est en outre un appui important dans mon métier (NDA on aimerait comprendre le sens exact de cette phrase) (...) Je n'ai pas été qu'un journaliste, j'ai été rémunéré par les services secrets israéliens (...) J'ai également travaillé pour les français. Les français payaient moins bien que les israéliens." Incroyable aveu qui en dit long sur le degré de pénétration israélien dans les médias français, de Roger Auque, dans Au service secret de la république (Fayard). Faits et Documents, 15-31/03/2015.
NB: "Dans ses Mémoires posthumes entamés quelques mois avant sa mort, Au service secret de la République (chez Fayard), il déclare notamment : « J'ai été rémunéré par les services secrets israéliens pour effectuer des opérations en Syrie, sous couvert de reportage ». Il a également offert ses services à la DGSE française, avant de devenir un objet d'intérêt pour la CIA[17]. Il est le père de Vladimir Auque, né de Rosaria Spika, et de Carla Auque. En 2013, le magazine L'Express révèle qu'il est le père biologique de la députée Marion Maréchal-Le Pen, née en 1989, qu'il a eu avec Yann Le Pen, fille de l'homme politique Jean-Marie Le Pen. Marion a été reconnue après sa naissance par le conjoint de Yann Le Pen, Samuel Maréchal" (Fiche Wikipédia)
11:39 | Lien permanent | Commentaires (2)
15/03/2015
A million miles away
Hier j'ai revu un de mes patients fétiches. Un de ceux qui me transportent à mille miles de ma routine de bureaucrate en blouse blanche...Celui-là a fait la guerre d'Indochine, la RC4 avec Hélie de Saint Marc puis quatre ans de guerre d'Algérie comme pilote d'hélico. Chaque fois, voyant que je l'écoute, il me livre un peu de son histoire. La dernière fois c'était les Viets/ Hmongs ralliés aux Français abandonnés dans les derniers mois, désarmés et promis à la mort rouge, avec femmes et enfants...Cette fois-ci c'était les missions de récupération de commandos étrillés au sommet de quelque colline, revenir avec la carlingue trouée, le treillis trempé par la peur et l'excitation, les balles traçantes, les cris, l'odeur du sang, les gamins qui meurent en chialant, les fermiers torturés, les représailles, la spirale infernale de la violence...une vie d'homme, quoi.
Aujourdhui, c'est un vieillard qui peine à marcher droit.
Mais qui connait encore l'histoire de la RC4?
Quand je vois le barnum biterrois du moment concernant l'hommage rendu à ce grand homme que fut Hélie Denoix de Saint Marc, j'ai la gerbe, ce pays est mort. Pas de méprise, j'emmerde Ménard et les sections de pieds-noirs qui pleurnichent sur l'Algérie française. On parle d'un homme que les hommes d'aujourd'hui ne peuvent simplement plus comprendre. Ces hordes de cafards gauchistes* du NPA et du FDG qui viennent cracher sur ce mec debout qu'était Denoix de Saint Marc, c'est juste tragique.
Faut regarder en face cette haine et cette incompréhension radicale.
10:27 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : hélie de saint marc, algérie, indochine
14/03/2015
what else?
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bon, c'est le week-end..
11:00 | Lien permanent | Commentaires (14)
08/03/2015
aliénation
Sharia4Belgium ouvre un "tribunal islamique" à Anvers
« Belga | 10 Septembre 2011 10h30
L'organisation islamiste Sharia4Belgium est à l'initiative de l'ouverture, à Anvers, d'un "tribunal" chargé de régler, selon la justice islamique, des différends matrimoniaux et des questions d'héritage, rapporte samedi Het Laatste Nieuws samedi.
Selon son site internet, ce "Centre de Services Islamiques" traitera, en accord avec la charia, tous les cas de divorces, d'annulation de mariage, de réconciliation ou de différends conjugaux et remettra un certificat si nécessaire". L'échevine anversoise de la diversité, Monica De Cononck (sp.a), dont les services tiennent à l'oeil Sharia4Belgium, estime que l'initiative n'est pas une mauvaise chose si elle se limite à de la médiation. Il n'est pas question, précise-t-elle, d'un tribunal prononçant et exécutant des peines. (AHO) »
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« Le conseil général de Seine-Saint-Denis étudie très discrètement un projet de référendum pour changer le nom du département, celui-ci étant « discriminatoire » vis-à-vis des populations musulmanes. » Faits et Documents 1-15/07/2011.
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« Mon analyse de l’effacement du marxisme et du socialisme traditionnel au bénéfice d’une gauche multiculturelle repose sur l’observation de la gauche et de sa pratique aux Etats-Unis et en Europe. Le remplacement des analyses économiques traditionnelles par l’holocaustomanie et le multiculturalisme s’est produit avant la chute de l’URSS. Au cours des années 1960-1970, les marqueurs politiques ont commencé à changer. Les désaccords sur les questions économiques ont cédé la place à des différends sur les questions culturelles et de société. Les deux « establishments », celui de gauche comme celui de droite, ont coopéré au recentrage du débat politique : la gauche s’est débarrassée de ses projets vraiment socialistes et la droite a accepté l’Etat protecteur et l’essentiel des programmes féministes, homosexuels et multiculturalistes.
(…) La religion civique américaine, comme sa devancière française, repose sur la religion post-chrétienne des droits de l’homme. La droite religieuse américaine est trop stupide pour se rendre compte que cette idéologie des droits de l’homme, ou multiculturaliste, est un parasite de la civilisation chrétienne. L’une remplace l’autre. Le succédané extrait la moelle de la culture la plus ancienne et pourrit sa substance. Aux Etats-Unis, le pays est majoritairement protestant, et la psychologie du multiculturalisme se retrouve dans le courant dominant du protestantisme américain tout au long de la seconde moitié du XXième siècle. Bien sûr, d’autres groupes, et en particulier des intellectuels et des journalistes juifs, ont contribué à cette transformation culturelle, mais ils n’ont pu le faire que parce que le groupe majoritaire acceptait le changement et trouvait des raisons morales de le soutenir. Nietzsche avait raison de décrire les Juifs à demi-assimilés comme la classe sacerdotale qui met à profit le sentiment de culpabilité de la nation hôte. Mais cette stratégie ne peut jouer en faveur des Juifs ou de tout autre outsider que lorsque la majorité se vautre dans la culpabilité.
(…) C’est une hypocrisie scandaleuse, une tartuferie révoltante, que de refuser à d’autres peuples (disons aux Allemands et aux Français) le droit à leur identité historique et ethnique pour ensuite traiter les Juifs comme un cas particulier, parce qu’ils ont connus des souffrances injustes qui les autoriseraient à conserver leurs caractères distinctifs.
(…) Je ne doute pas un instant que si la tendance actuelle se poursuit, les non-blancs ou les anti-chrétiens non occidentaux (musulmans) finiront par occuper les pays d’Occident. Ils remettront en cause les droits de l’homme, l’idéologie multiculturaliste et la mentalité qui les domine aujourd’hui. Les nations-hôtes (qui ne sont d’ailleurs plus des nations) sont de moins en moins capables d’assimiler ce que le romancier Jean Raspail appelle "un déluge d’envahisseurs"). En fait, l’idéologie des droits de l’homme n’impressionne vraiment que les chrétiens égarés, les Juifs et les autres minorités qui ont peur de vivre dans une société traditionnelle. Pour ma part, je doute que l’idéologie ou le patriotisme civique de type allemand puisse plaire au sous-prolétariat musulman qui arrive en Europe. Cette idéologie ne risque pas non plus d’avoir la moindre résonance sur les Latino-Américains illettrés qui se déversent sur les Etats-Unis. Dans le cas où les minorités revendicatrices deviendraient un jour le groupe majoritaire, une fois les immigrés parvenus au pouvoir, il y a bien peu de chances pour qu’ils s’obstinent à imposer les mêmes doctrines multiculturalistes. A quoi leur serviraient-elles ? »
(Paul Gottfried, NRH 09-10/2011, écrivain, professeur de lettres classiques et modernes à l’Elisabeth College, collaborateur d’une trentaine de revues américaines et européennes, né dans une famille juive de Budapest émigrée aux Etats-Unis dans les années 1930, conservateur (et non néo conservateur), proche de Pat Buchanan, candidat malheureux face à Georges Bush père en 1992))
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Voilà le genre de lectures qui m’occupaient l’esprit ce matin en lisant l’édition du jour du quotidien des Rothschild avec en première page cette interrogation très symptomatique du désordre intellectuel de nos modernes :
« Dix ans après les attentats de NY et Washington, le printemps arabe peut-il clore une décennie de guerres et de terrorisme ? »
Clap, clap ! Plus débile on meurt. Il faudrait un Colombani pour venir couiner encore une fois que nous sommes tous des américains. Pour notre malheur.
Il faut attendre après plusieurs pages navrantes de commémoration lacrymales des « attentats du 11/09 » pour lire dans le journal d’un écrivain américain, Richard Ford, l’ébauche d’une interrogation au sujet de la comique version de l’administration US sur les attentats du 11/09…sinon rien. Ou plutôt si, tout le barnum néo-con sur la « lutte contre le terrorisme » et l’espoir d’ un « printemps arabe » dont on sait aujourd’hui qu’il était sans doute aussi spontané que les révolutions oranges en Europe de l’Est, subventionnées par l’inquiétant Soros et organisées en sous-main par les satrapes de l’Empire.
Il me semble que les deux premiers paragraphes illustrent assez bien l’aveuglement inouï des européens que décrit Gottfried. Et leur enfermement dramatique dans ces quelques mythes incapacitants dont la sécularisation de l’universalisme chrétien.
Bon WE.
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04/03/2015
before we leave
21:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
copeaux
Arnaud Viviant est un cuistre, mais on le savait. Je vous engage à lire l'ensemble de son article tellement il abonde en contresens, en contre vérités et en mauvaise conscience pathologique.
Par cet édit qui mit fin aux guerres de religion, le roi de France, Henri IV protestant converti au catholicisme pour accéder au trône, reconnaissait la liberté de culte aux protestants en leur concédant un nombre important de places de sûreté (environ 150) et une indemnité annuelle à verser par les finances royales. La France d'alors était catholique, comme son roi, et, à ce titre, attachée à l'homogénéité religieuse et culturelle du royaume.
Quel rapport avec la situation actuelle ? Vivons nous en guerre ? Non, pas encore. Les musulmans vivant en France sont-ils dépourvus de liberté de culte ? Non. Quel rapport avec la situation des protestants de France à la fin du XVIème siècle et la France d'aujourd'hui ?Aucun.
La France d'aujourd'hui est laïque et tolérante et de culture chrétienne, contrairement à la très grande majorité des pays d'origine des musulmans de France. La France se voile, certes, et ça n'est pas une bonne nouvelle : l'arbre spectaculaire de la burka cachant la forêt de l'islamisation rapide de ce continent qui n'est elle-même que la conséquence d'une immigration de masse voulue et organisée par Bouygues et ses copains idiots utiles de RESF, tous libéraux, tous cons.
Viviant sait tout cela mais fait l'amalgame entre deux populations -musulmans et protestants- n'ayant rien en commun. Le même genre de procédé qu'utilise Colombe Schneck pour assimiler juifs d'hier sous l'occupation et musulmans d'aujourd'hui en France*. C'est évidemment une imposture relativement insignifiante mais révélatrice de ce regard pathologique que portent désormais les occidentaux (les européens) sur eux-mêmes et sur l'Autre; en deux mots, les Européens ne se sentent plus le droit de désigner des ennemis, pensent que l'ennemi n'existe pas dés lors que l'on ne l'a pas désigné comme tel alors que c'est l'ennemi qui vous désigne comme tel (Julien Freund), quelles que soient vos bonnes intentions...La figure de l'Autre, en l'occurrence les musulmans européens, incarnant la figure de l'opprimé, du dominé dans la rhétorique de la domination habituelle de nos modernes qui fait de tout européen un oppresseur, coupable par essence, juste bon à expier ses crimes ; à cet égard la différence de traitement entre islam et catholicisme dans la prose inepte de Viviant est hautement significative : l'islam modère sa pureté et le catholicisme modère ses impuretés ! Très significatif de cet ethno-masochisme de basse intensité qui tient lieu de colonne vertébrale à ces hordes de lemmings progressistes, festifs et multiculturels.
S'il n'y aura pas d'Edit de Nantes parce que les musulmans d'aujourd'hui ne sont pas les protestants d'hier, la probabilité d'une Saint-Barthélemy n'est en revanche pas à exclure.
Ces « fruits de la croissance » dont nos progressistes nous rebattent les oreilles depuis des lustres se sont transformés sous leur férule experte en fruit pourris de la récession et du chaos. Et pour longtemps. La fête est finie et beaucoup ne le savent pas encore. Ce que les occidentaux vont se partager ce sont des montagnes de dettes, une remise à niveau sévère en forme de paupérisation massive dont le gosplan néolibéral Hellène est une belle illustration. « Finies les vacances au Crotois, fini le tiercé ! » comme dit Bernard Blier.
Dans Tout passe, de Vassili Grossman, il y a un dialogue entre deux détenus au goulag. Le premier, bolchevique sincère, veut toujours croire à la révolution malgré son effroyable destin : « Quand on abat la forêt, les copeaux volent mais la vérité du Parti reste la vérité, elle est au dessus de mes malheurs » et, se désignant lui-même, il ajoute : « Je suis un de ces copeaux ».
Viviant est à l'image de ce bolchevique sincère, il reste fidèle, malgré tout, au codex progressiste de l'utopie multiculturelle, mais sans voir qu'il est lui aussi un copeau. Et qu'il va voler.
Ce coup de rabot économique monstrueux dans un contexte de réveil d'identités communautaires -notamment musulmane- allogènes versus cet ethno-masochisme indigène occidental** va déboucher sur un séparatisme à grande échelle basé -entre autres- sur des considérations ethniques et religieuses, dés lors que la dimension nationale -ou continentale- n'est plus/pas opérante. Rien n'exclut le surgissement de conflits intérieurs, de guerres civiles dans un avenir proche. Sortes de saint barthélémy modernes. Nous y sommes.
* « l'affaire Liès Hebbadj , polygame présumé, a rappelé à la journaliste Colombe Schneck l'histoire de ses arrières grands-parents, menacés de dénaturalisation parce qu'ils étaient juifs ».
cool!
12:36 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : arnaud viviant, colombe schneck