16/06/2011
retour des clivages
(par François MARTIN du Midi Libre)
Il était temps! Gauche et droite face à face. Un camp contre l’autre. Projet contre projet. Le mariage des homosexuels. La politique fiscale. La stratégie énergétique. La lutte contre l’insécurité... La campagne présidentielle a enfin démarré. Elle apporte un vent frais dans le tumulte des petites phrases anodines, des guerres picrocholines... Bien sûr, surgit également la pratique des boules puantes. Celle des chausse-trappes. Des vrais faux scandales. Le cas Luc Ferry, l’exemple de Jack Lang, le dérapage contrôlé de Chirac... Néanmoins, les débats et l’affrontement des idées sont revenus. Regardez la loi sur le mariage homosexuel. La droite revendique ses valeurs. Défend des positions conservatrices. Comme à l’époque du Pacs... La gauche prend le contre-pied en s’engageant pour demain. Tandis que l’extrême droite plonge dans l’outrance. Ouvrez le dossier fiscal ou celui du nucléaire. Là aussi, les avis divergent, évoluent ou se tranchent à la hache. Il était de bon ton de renvoyer dos à dos droite et gauche. De les mettre dans le même panier de crabes. Les populistes de tout poil et les déclinologues patentés en seront pour leur frais. Le retour des clivages est une excellente nouvelle. Avant tout pour la démocratie. »
Ha, ha ! j’adore ce genre d’édito grotesque. Pauvre françois Martin, je te prédis une brillante carrière journalistique et une belle pelure de lemming ! Mais afin de mieux saisir l’ampleur de ton dérisoire « retour des clivages » tu pourrais jeter un œil à la liste des habitués du Siécle ou bien à la façon dont votent nos députés de « gauche » et de « droite » au parlement européen…ça donne une bonne idée de cette « démocratie » en forme de cage d’acier que tu portes au pinacle, petit pitre.
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« Mariage homosexuel : "pourquoi pas la polygamie !", demande Marine Le Pen
Parmi "les règles de notre société", "le mariage s’effectue entre un homme et une femme", a déclaré Mme Le Pen sur France Inter. (...) "Je ne pense pas qu’il soit positif de changer cette règle, parce que si on part de ce principe, on peut aller à la limite très loin dans la modification de notre civilisation", a-t-elle jugé. (...) "Pourquoi pas l’autorisation de la polygamie !", a-t-elle poursuivi. "Il existe des familles polygames, pourquoi est-ce que demain un certain nombre de groupes politico-religieux ne demanderaient pas que la polygamie, sous prétexte d’égalité des droits, soit inscrite dans le code civil français ?", a-t-elle ajouté. "Et bien, c’est une autre civilisation", a-t-elle estimé.
(...) "On peut décider pourquoi n’a-t-on le droit de se marier qu’avec un homme, et pas avec plusieurs ? Et vous aurez des gens qui le demanderont", a-t-elle assuré. Mme Le Pen a également réaffirmé qu’elle était "contre le droit d’adoption" pour les homosexuels. »
MLP, qu’il est de bon ton de faire passer pour une débile profonde ou une FAF pointe là un point clef de nos sociétés modernes nommées « démocraties libérales » (point évidement soigneusement écarté par nos modernes au profit de l'incontournable LUTTE CONTRE TOUTES LES DISCRIMINATIONS): à savoir que dés lors que nos sociétés ne sont plus régies par aucune morale religieuse, philosophique ou politique commune hormis la toute-puissance du marché (ce « doux commerce ») et le droit procédural (sorte de code de la route censé, non pas dire le Bien mais le Juste, c'est-à-dire éviter aux individus de trop se cogner entre eux), ABSOLUMENT RIEN n’est plus là pour borner l’extension infinie de nouveaux droits (des « combats » ou une « résistance à l’ordre moral » dirait un journaliste de Midi Libre ou de Télérama), par nature transgressifs et opposables, matière à une judiciarisation sans fin de nos sociétés (la « guerre de tous contre tous » disait Hobbes, l’«envie du pénal » pour Murray). L’ajustement se faisant au gré des campagnes d’opinions, des sondages ou de la puissance relative de lobbys souvent aussi minoritaires qu’agressifs et, donc, médiatisés… (ACT UP, INDIVISIBLES, INDIGENES, etc.).
Médiatisation encore bien obscure pour certains :
« Dans une interview au quotidien d’Edouard de Rothschild (Libération, 10 février 2007), l’inimitable Eric Fassin s’extasie devant l’enthousiasme dont les maigres troupes du « réseau éducation sans frontières » sont devenues l’objet, et en un temps record, de la part des médias officiels (et donc également des stars du show biz) : « Dans un contexte de dérive droitière –écrit-il- qui aurait imaginé le succès de RESF ? » Soit. Admettons que notre brillant universitaire n’ait pas beaucoup d’imagination (il lui en avait fallu, pourtant pour avancer son célébrissime « On ne naît pas noir, on le devient ! »). Mais dans ce cas précis, c’est tout de même inquiétant : il suffisait, en effet, à Eric Fassin de savoir lier logiquement ses deux affirmations : c’est précisément parce que le libéralisme économique est devenu tout puissant que le réseau est aussi médiatisé. » (Jean Claude Michéa, La double pensée, 2008)
Id est, lorsque les néo-français d’origine africaine et/ou de culture/religion musulmane seront non pas 5 ou 7 millions mais 10, 15 ou 25, rien n’interdira au législateur de se pencher sur la question de la polygamie, de l’institution de tribunaux communautaires islamiques, de la légalisation de pratiques rituelles ancestrales comme l’infibulation ou la lapidation de femmes adultères, voire un moratoire sur les crimes d’honneurs (ou une mission de réflexion).
J’évoque la question de l’islam parce qu’elle nous touche directement mais je ne vois pas en quoi le débarquement de plusieurs millions d’Ossètes ou de Thaïs ne produirait pas le même effet destabilisant: la question centrale reste, non pas la nature intrinsèque de l’islam et sa « compatibilité » avec nos sociétés laïques mais le NOMBRE d’allogènes et la rapidité du phénomène migratoire (un millions de musulmans ne posent pas problème, cinq ou quinze oui).
Sur le fond la question incontournable reste de savoir ce qui rend possible la vie en communauté et limite le risque de guerre civile idéologique: à mon humble avis, des "valeurs civilisationnelles communes" (Aristote), ce que ne sont ni le marché ni le droit, à l'évidence.
23:13 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : aristote, michéa, le pen, midi libre, fassin
23/04/2007
L'imposture "anti fasciste".
Ces deux courts extraits, l’un du quotidien « de référence », l’autre de la presse communiste orthodoxe illustrent assez bien la persistance du mythe de la lutte anti fasciste par une grande partie de la gauche Française.
Il fut un temps, avant guerre, dans une Europe qui inventa le fascisme (Italien) et la national socialisme (Allemand), ou la lutte anti fasciste fut légitime et représentait un mouvement ,authentique car anti totalitaire, de démocrates versus des régimes révolutionnaires autoritaires. Le malheur est que ce mouvement fut rapidement et habilement récupéré puis instrumentalisé avec succès par la mouvance communiste, au premier plan de laquelle, le parti communiste Soviétique (PCUS), qui part le biais du Komintern organisa efficacement un combat idéologique contre tout ennemi de la révolution Bolchevique. L’imposture de ce positionnement anti fasciste éclata au grand jour quelques mois avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale avec la signature des pactes nazi- soviétique (Molotov- Ribbentrop) qui scellaient l’alliance tactique des deux totalitarismes. Cet événement dramatique et totalement stupéfiant au regard de la prétendue « lutte anti fasciste » de l’internationale communiste, permit à quelques « idiots utiles » d’ouvrir les yeux (tardivement) sur le caractère totalitaire de cette idéologie qui comptait déjà plusieurs millions de morts criminelles à son actif. Secondairement, après 1945, alors même qu’elle aurait du s‘éteindre avec la mort des fascismes Européens (fascisme « normal » et fascisme « radical » selon la distinction d’Ernst Nolte), cette « lutte anti fasciste » fut constamment réactivée et instrumentalisée par l’Union Soviétique, seule puissance totalitaire parmi les vainqueurs de la seconde guerre mondiale.
L’imposture réside précisément dans le fait que ce prétendu « front anti fasciste » ne fut qu’ « anti fasciste » mais jamais antitotalitaire. « Ce progressisme de combat, instrumentalisé par les maîtres de la propagande communiste va se transformer, après la disparition du régime nazi et de ses alliés, en idéologie politique de substitution. » (3)
Commence alors l’histoire de l’anti fascisme sans fascisme…, ou l’objet de ce combat va être remplacé par une chasse au Mal politique, incarné par les « puissants », les « dominants », les « bourgeois », « capitalistes », « contre révolutionnaires », « conservateurs », etc., tous réactionnaires. Ces visages supposés de « la réaction » sont dénoncés par les milieux « progressistes » comme « fascistes » ou « d’extrême droite », alors même qu’ils ne le sont la plupart du temps nullement. Cette diabolisation extrême de tout ce qui n’appartient pas au camp « progressiste », c’est à dire le camp du Bien, de la Raison, du Progrès et de la Révolution, figurant une « menace fasciste » largement imaginaire va devenir le moteur du « progressisme » dans la période post nazie, fonctionnant comme un moyen de chantage permanent. L’instrumentalisation réussie de cette imposture idéologique par le totalitarisme communiste constitue ainsi une doctrine de haine doublée d’un permis de haïr avec bonne conscience, bref, une machine à fabriquer des ennemis absolus.
Or si en démocratie et en temps de paix cette ostracisation de l’ennemi pouvait ne conduire qu’à l’élimination politique ou la mort sociale des mal-pensants, l’histoire du totalitarisme communiste est là pour nous rappeler ce qu’il advint de millions d’ennemis de la révolution durant le XX éme siècle. Cette conviction dogmatique de posséder la vérité et d’appartenir au « camp du Bien », versus le « camp du Mal » incarné en 2007, par l’extrême droite nationaliste de Jean marie Le Pen, et par son « avatar » Nicolas Sarkosy, leader de la droite républicaine, légitime la haine des premiers à l’égard des seconds.Hormis Sternhell et BH Levy qui considèrent ,de façon rapide, qu’il existe bien une tradition fasciste en France, remontant même avant l’émergence des fascismes Européens (une sorte de préfascisme, de protofascsime) , incarnée par les mouvances d’extrême droite avant guerre (ligues diverses, Action Française, Croix de feu, etc), puis la révolution nationale Pétainiste, l’OAS et le Front National, une majorité d’ historiens de premier plan (Rémond, Furet, Besançon, Renzo de Felice, etc.) s’accordent à penser que la France n’a jamais connu de mouvance fasciste organisée et durable. Emilio Gentile, universitaire italien considéré comme un des meilleurs spécialiste du fascisme italien le définissait ainsi : « Le fascisme est un phénomène politique moderne, nationaliste et révolutionnaire,antilibéral et antimarxiste,organisé en un parti milice, avec une conception totalitaire de la politique et de l’Etat, avec une idéologie à fondement mythique, viril et anti-hédoniste, sacralisée comme religion laïque, qui affirme la primauté absolue de la nation, entendue comme communauté organique, ethniquement homogène, hiérarchiquement organisée dans un état corporatif, avec une vocation belliqueuse, une politique de grandeur, de puissance et de conquête, visant à la création d’un ordre nouveau et d’une nouvelle civilisation. » (5)
Amalgamer aujourd’hui au fascisme la droite républicaine libérale du leader de l’UMP (ou pluraliste et libérale, dite "orléaniste" selon René Rémond) ou la droite nationale populiste du FN (ou Bonapartiste, selon le même historien) est donc évidemment une imposture communément admise à gauche, par ignorance mais surtout par calcul politique. Quand l’ennemi ne peu décemment plus prendre la figure du nazisme, il est alors facile de le réinventer sur la base de quelques caractérisations négatives en puisant dans un stock d’épithètes (« archaïque », «rétrograde », « passéiste », «réactionnaire », « de droite », « d’extrême droite », « populiste », « xénophobe », « raciste », « fasciste », « libéral », « ultra libéral », « impérialiste », « atlantiste », « pro américain », « sioniste », etc.). Si les réactionnaires n’avaient pas existé, les progressistes les auraient inventés… Sans illusion, il faut donc dire et redire à ces esprits bétonnés et Robespierristes en perte de magistère moral et répétant « Le fascisme ne passera pas ! », que le fascisme est bel et bien passé, et qu’il est depuis longtemps un phénomène du passé. Cette vulgate antifasciste fait partie du vaste système d'idées reçues et de mots-slogans tenant lieu de pensée politique à la gauche et à l'extrême gauche, aprés l'échec reconnu du communisme et l'épuisement du modèle social-démocrate.
« L’opium « néo-antifasciste » permet aux « intellectuels de gauche » les plus invertébrés, désertés par la pensée et le courage, de se supporter eux-mêmes. Leur ressentiment se fixe sur ceux qui sauvent l’honneur de la réflexion libre, dont l’existence même leur porte ombrage. (…) Un utopisme de carte postale tient lieu de pensée prospective. Le culte des bons sentiments et l’épuration magique remplacent les projets ; l’intellectuel délateur reprend du service. » (4)
Si l'antifascsime démocratique fut admirable et le pseudo antifascisme stalinien effroyable, ce néo-antifascisme est pitoyable et peut être considérée à la fois comme un indice de survie d’une culture de combat désuète et comme un révélateur de la situation dans laquelle se trouve la gauche, divisée en profondeur, privée de perspectives d’avenir (car toujours ambiguë quant à sa relation au capitalisme en particulier) et concurrencée par une extrême gauche non moins démagogique s’efforçant de relancer la mobilisation communiste sur la base de l’anti mondialisation.
"La postérité s'étonnera sans doute que les démocraties aient inventé tant de fascismes et de menaces fascistes aprés que les fascismes ont été vaincus. C'est que, si la démocratie tient dans l'antifascisme, il lui faut vaincre un ennemi sans cesse renaissant." (François Furet, Le Débat n°89, p176)
"On ne saura jamais ce que la peur de ne pas paraitre suffisamment à gauche aura fait commettre de lâchetés à nos Français." (Charles Peguy, cité par E Brunet, Etre de droite, un tabou Français, p9)
(1) http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-30507544@7-354,0.html
(2) http://www.lescommunistes.net/~infos/docus1/paysreel2005.html
(3) PA Taguieff, Les contre réactionnaires, Denoel 2007, p17.
(4) PA Taguieff, op cit, p.71.
(5) E Gentile, Fascisme, histoire et interprétation. Gallimard 2002.
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