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06/02/2010

Auschwitz 105- Ukraine zéro

J'écoutais ce matin d'une oreille distraite (Gros plan ou Muscadet bordel ?) la fin de Répliques, au moment où Finkielkraut s'interroge avec ses invités sur l'asymétrie dans la mémoire des deux totalitarisme du XXième siècle. Discussion éminemment intéressante mais trop courte..

Alain Besançon avait eu la curiosité, il y a quelques années de consulter le service de documentation du journal de révérence « Le Monde » et de calculer le nombre de références aux crimes Nazis et communistes entre 1990 et 1997 ; le thème du nazisme revint 480 fois, celui du « stalinisme », sept fois...Auschwitz faisait l'objet de 105 références, le génocide par la famine organisée en Ukraine (environ 6 millions de morts en 1933) zéro référence.

« Le nazisme, bien que disparu complètement depuis plus d'un demi-siècle, est à juste titre l'objet d'une exécration que le temps n'affaiblit nullement. Le communisme, en revanche, bien que tout frais et tout récemment déchu, bénéficie d'une amnésie et d'une amnistie qui recueille le consentement presque unanime, non seulement de ses partisans, mais de ses ennemis les plus déterminés et même de ses victimes. Ni les uns ni les autres ne trouvent séant de la tirer de l'oubli. » (1)

Relu récemment, et successivement, « Le malheur du siècle », « Le livre noir du communisme » (2), puis « Du passé, faisons table rase » (3).

Ce qui frappe le plus, comme le souligne Besançon, au delà de l'horreur des crimes commis au nom de cette idéologie totalitaire, c'est ce "contraste entre l'amnésie du communisme et l'hypermnésie du nazisme"(6), cette organisation de la non repentance, après celle de la dissimulation des crimes commis par tous les régimes communistes durant le XX ème siècle. Ce négationnisme communiste.

famineposter1.jpgIl faut se rappeler, lors de la sortie du « Livre noir du communisme », les injures et les menaces de la presse communiste en France, le travail de sape du Monde (des commissaires politiques Colombani et Plenel) pour discréditer les auteurs de cette somme inédite et pour atténuer l'onde de choc auprès d'un public encore largement ignorant de l'horreur collectiviste, la sortie pitoyable de Jospin à l'assemblée tentant de sauver le soldat communiste et dissociant (à dessein ?) stalinisme et communisme afin d'épargner ses amis trotskystes. Il faut revoir ce « bouillon de culture » historique ou Stéphane Courtois fut confronté à deux apparatchiks communistes (Roger Martelli et Roland Leroy).

La première synthèse historique de la dimension criminelle du communisme ne devait pas être connue ; Outre la recension des crimes de masses commis, les auteurs détaillaient également les méthodes utilisées pour assassiner des millions de personnes, notamment la famine organisée. La question de la nature totalitaire du communisme et sa comparaison avec le nazisme était également reprise par les auteurs, à la suite d' Ernst Nolte, François Furet ou Renzo de Felice.

Si le monstre est mort comme phénomène politique, il demeure bien vivant comme phénomène culturel : il faut admettre que décrire le communisme dans sa réalité (sa praxis), reste un délit d'opinion. Le négationnisme, définit comme un délit quand il porte sur le nazisme, ne l'est pas quand il dissimule les crimes communistes.

Soulignant la motivation idéologique des crimes nazis, le procureur général Français à Nuremberg, François de Menthon, disait : « Nous ne nous trouvons pas devant une criminalité accidentelle, occasionnelle, nous trouvons devant une criminalité systématique découlant directement et nécessairement d'une doctrine. » (4)

Cette description du totalitarisme brun s'applique mot pour mot au totalitarisme rouge...

Et pour s'en convaincre, il faut relire les premiers écrits de Lénine (Le Programme Militaire de la Révolution Prolétarienne, notamment (1916)) appellant à l'élimination physique, à grande échelle, de tous les ennemis du peuple, « poux », « insectes nuisibles », tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, sont censés constituer un obstacle à l'érection de la dictature du prolétariat.

De même que « lui convient parfaitement la définition du nouveau code pénal Français, adopté en 1992, selon laquelle, le crime contre l'humanité inclut la déportation, la réduction en esclavage, la pratique massive et systématique d'exactions sommaires, d'enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture, d'actes inhumains inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux, et organisés en exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un groupe de population civile. » (5)

Or, les massacres et déportations systématiques de groupes sociaux ou ethniques en raison de ce qu'ils sont et non de ce qu'ils font, jalonnent toute l'histoire du communisme.

Il est donc sans doute légitime de conclure à une nature intrinsèquement criminogène du communisme, tant il a produit de copies conformes dans les circonstances les plus diverses, sous toutes les latitudes et dans les sociétés culturellement les plus différentes (Cuba, Ethiopie, Angola, Afghanistan, Mozambique, Laos, Cambodge, Chine, Russie,...)

Devant pareil constat, pareille horreur, le front négationniste procommuniste, puissamment relayé par des média complaisants voire serviles et perdant une sérieuse occasion de faire un aggiornamento, ressasse l'éternel antienne : « le communisme se voulait dans son principe une doctrine de libération par la dictature du prolétariat, alors que le nazisme annonçait dés sa naissance un programme d'extermination... » ou bien « l'anéantissement de l'homme exprime non l'essence de cette doctrine de libération, mais sa perversion ..» (distinguo Léninisme/ Stalinisme).

Il est alors particulièrement étonnant que cette doctrine de libération n'ai jamais nulle part mis en œuvre autre chose que sa propre perversion.

Un aspect non moins important de ces ouvrages est d'établir le fait que Lénine et Trotky furent les initiateurs de ce système et aussi de la terreur organisée, et ce dés 1917 (premiers camps de concentration, premier rapport alarmant de la Ligue des Droits de l'Homme). Staline n'en fut que le continuateur appliqué et méthodique doublé d'un stratège militaire sans pareil, surclassant largement son alter ego Hitler, et les Churchill et Roosevelt.

Pourquoi, se demande alors Alain Besançon, une telle différence de traitement entre ces deux formes de totalitarisme (« ces deux jumeaux hétérozygotes » selon Pierre Chaunu) ?

Dans la plupart des pays sortis du communisme, il n'a pas été question de châtier les responsables qui avaient tué, privé de liberté, ruiné, abruti leurs sujets et cela pendant deux ou trois générations. Sauf en Allemagne de l'Est et en république Tchèque, les communistes ont été autorisés à rester dans le jeu politique, ce qui leur a permis de reprendre ça et la le pouvoir. En Russie et dans d'autres républiques, le personnel diplomatique et policier est resté en place. En Occident, cette amnistie de fait a été jugée favorablement. On a comparé la confirmation de la nomenklatura à l'évolution thermidorienne des anciens Jacobins. Depuis peu, nos média reparlent même de « l'épopée du communisme » et le passé kominternien du PCF ne l'empêche nullement, avec ses avatars alter mondialistes anti libéraux et autres, d'être accepté dans le sein de la démocratie Française (on peut même voir un ministre de l'intérieur ferrailler pour faire admettre dans le jeu politique une faction communiste ouvertement révolutionnaire et anti démocratique par nature...)

Besançon avance plusieurs explications :

- « le nazisme est mieux connu que le communisme, parce que le placard aux cadavres à été ouvert par les troupes alliées » et que plusieurs peuples européens en ont eu une expérience directe. Le crime nazi est repérable, flagrant, contrairement au goulag ou au laogaï qui restent enveloppés de brouillard et demeurent indirectement connus.

- « le peuple juif a pris en charge la mémoire de la shoah. C'était à la fois une obligation morale et religieuse. » Nul équivalent concernant les crimes communistes compte tenu, notamment , de la multitude de peuples victimes de l'idéologie communiste.

- « La guerre, en nouant une alliance militaire entre les démocraties et l'URSS, a affaibli les défenses immunitaires occidentales contre l'idée communiste, pourtant très fortes au moment du pacte Hitler Staline, et provoqué une sorte de blocage intellectuel. » L'héroïsme militaire soviétique prenait le pas sur l'idéologie communiste, mise en réserve. Plus encore, les soviétiques firent partie des vainqueurs et, à ce titre, figurèrent parmi les juges à Nuremberg. Et, à la différence de l'Europe orientale, l'Europe occidentale n'a pas eu l'expérience directe de l'arrivée de l'arrivée rouge, qui fut considérée comme libératrice au même titre que les autres armées alliées, ce que ne ressentaient bien sur ni les Baltes, ni les Polonais...

- « un des grands succès du régime soviétique est d'avoir diffusé et imposé sa propre classification idéologique des régimes politiques modernes : Lénine les ramenait à l'opposition entre socialisme et capitalisme. Encore actuellement dans les livres d'histoire scolaire, on trouve le classement suivant : régime soviétique, démocraties libérales, fascismes (nazisme, fascisme italien stricto sensu  et franquisme), distinct du classement correct développé par Anna Arendt dés 1951, c'est à dire : ensembles, les deux seuls régimes totalitaires (communisme et nazisme), les régimes libéraux, les régimes autoritaires (Italie, Espagne, Hongrie, Amérique latine) qui relèvent des catégories classiques de la dictature et de la tyrannie, répertoriées depuis Aristote. »

- "la faiblesse des groupes capables de conserver la mémoire du communisme : le nazisme à duré douze ans, le communisme européen, selon les pays entre 50 et 70 ans. La durée ayant un effet auto amnistiant. Durant ce temps immense, la société civile a été atomisée, les élites ont été successivement détruites en profondeur, remplacées, rééduquées. La plupart de ceux qui auraient été en mesure de penser, et donc de dresser le bilan de cette expérience tragique, ont été privés de connaître leur histoire et ont perdu leurs capacités d'analyse. « Rien n'est si problématique, après la dissolution d'un régime totalitaire, que la reconstitution dans le peuple d'une conscience morale et d'une capacité intellectuelle normale. » (7)

(1)   Alain Besançon, Le malheur du siècle, Fayard 1998, p.10.

(2)   Stéphane courtois, Robert Laffont, 1997.

(3)   Stéphane Courtois, Robert Laffont, 2002.

(4)   François de Fontette, Le procès de Nuremberg, coll. « Que sais-je ? », PUF, 1996, p.48

(5)  Jean François Revel, Le siècle des ombres, Fayard 199, p.602.

(6) Alain Besançon, Le malheur du siècle, p.9.

(7) ibid.

26/02/2008

L’affaire Fleury ou le regard hémiplégique du milieu enseignant.

Université de Poitiers : tollé contre l'arrivée d'un ex-dirigeant du GUD.

Des étudiants de l'université de Poitiers, soutenus par la présidence, par des enseignants et des élus locaux, se mobilisent pour refuser l'affectation d'un professeur, Benoît Fleury, en raison de son passé au sein du mouvement d'extrême droite GUD (Groupe union droit). Une pétition a été lancée et a recueilli plus de 250 signatures, dont celles de trois députés socialistes de la Vienne et du doyen de l'UFR de sciences humaines et arts. Reçu major à l'agrégation d'histoire du droit, M. Fleury a pu choisir l'université où il voulait enseigner et son choix s'est porté sur Poitiers. Selon le président de l'université, Jean-Pierre Gesson, "les affectations ne posent pas de problème la plupart du temps", mais la venue de M. Fleury "est une source de trouble". Dans un communiqué publié lundi 25 février, le conseil d'administration de l'université "prend acte avec la plus vive inquiétude de l'éventuelle nomination de Benoît Fleury et regrette que la procédure d'affectation des agrégés du supérieur ne laisse aucun droit aux instances de l'université, ni à son président, de s'opposer au recrutement d'un ancien dirigeant d'un groupuscule violent d'extrême droite". Le conseil demande au président de la République de ne pas procéder à la nomination à Poitiers de M. Fleury. De leur côté, des étudiants de l'université ont annoncé leur intention de perturber ses cours s'il était nommé et de "lui rappeler à chaque fois son passé". M. Fleury a présidé le GUD de 1995 à 2000. "Il incarne, dit la pétition hostile à sa venue, une droite extrême et nauséabonde." Dans un entretien à L'Echo des Savanes paru en mars 1999, M. Fleury, surnommé "Lord", déclarait notamment : "Nous, partout où il peut y avoir de la baston, on y va." Il se réclamait du national-socialiste belge Léon Degrelle, et estimait qu'il "faut rayer de la carte Israël".

(Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/02/26/universi...)

Quel est le problème exactement ?

Que ce juriste brillant ait eu un engagement politique militant à l’extrême droite et non à l’extrême gauche ou simplement à gauche…

Quel rapport avec sa compétence professionnelle et la qualité de son enseignement de l’histoire du droit ?  Aucune…

Que les choses soient claires : je ne prends pas ici la défense de cet homme que je ne connais pas et dont les opinions antisémites et l’apologie du national-socialisme, si elles sont avérées, me répugnent.

Ce qui m’insupporte dans cette affaire, c’est la tartuferie habituelle des milieux enseignants, qui sous le masque de la tolérance et de la vertu se montrent les plus sectaires qui soient.

Cette affaire en rappelle une autre : l’affaire Boudarel. Cet enseignant catholique Français et marxiste en poste à Sai¨gon, qui déserte l’armée Française pendant la guerre d’Indochine, trahit son pays en devenant commissaire politique d’un camp de prisonnier Français, le camp 113, ou les conditions de détention, la torture physique et psychologique, et la mortalité sont dramatiques. Boudarel est chargé de la rééducation politique de ses compatriotes, à la différence des camps nazis ou du goulag soviétique ou les détenus n’avaient pas à subir ce lavage de cerveau. Inculpé de trahison, Boudarel est condamné à mort par contumace en juin 1953. En 1970, après la loi d’amnistie couvrant les crimes commis en Algérie ou enn Indochine, votée par les communistes et les Gaullistes, Boudarel rentre en France, intégre le CNRS et l’Université de Paris VII comme maître-assistant d’histoire, spécialiste du Viêt-Nam…En 1991 éclate l’affaire Boudarel lorsque celui-ci est reconnu et dénoncé publiquement, lors d’un colloque organisé au Sénat, par un ancien détenu du Vietminh Jean-jacques Beucler, alors secrétaire d'État aux Anciens combattants. Une association d’anciens combattants et anciens prisonniers/ rescapés du camp 113 essaie alors de faire condamner cet homme pour crime contre l’humanité, les crimes de guerre étant amnistiés. Ils sont déboutés en 1993 par la cour de cassation qui fait valoir que seuls les crimes nazis relèvent de crimes contre l’humanité…

Ou encore l'affaire Pascal Salin: comment un économiste libéral de renom nommé à la tête du jury d'agrégation d'économie 2004 a du afronter une fronde des milieux enseignants, SNESUP en tête et autres syndicats d'extrême gauche, relayés par les commissaires politiques (illustration ci-dessous de Thomas Piketty en grand uniforme) de Libération, du Monde et de France culture... Pourquoi un tel scandale?

1830418110.jpgParceque depuis des lustres, ce même jury d'agrégation était trusté par des économistes au mieux Keynésiens au pire marxistes, sans que cela trouble le moins du monde nos belles âmes vigilantes...Ou le sectarisme ordinaire du camp progressiste maniant à la perfection la réduction ad Hitlerum, chère à Léo Strauss: libéral = fasciste. La vie est tellement simple quand on appartient au camp du Bien.

Plusieurs remarques.

-Boudarel, traître, déserteur et criminel, a donc pu enseigner pendant plus de vingt ans au sein de l’université Française sans que cela pose le moindre scrupule à la communauté enseignante. On comprend effectivement que la récupération par l'université Française, en tant qu'enseignant, d'un tortionnaire condamné à mort par contumace par la justice Française ne puisse pas "être cause de troubles" au sein du corps professoral et estudiantin...

-Contrairement à Fleury, il ne s’agit pas seulement dans l’affaire Boudarel d’engagement politique, d’idées, aussi condamnables soient-elles, mais de désertion devant l’ennemi, de trahison et de complicité de crime de guerre ou de crimes contre l’humanité, excusez du peu ! A-t-on entendu à cette époque la moindre réticence de la communauté enseignante ? Non. Pourquoi ?

-Faire le procès de Boudarel, c’eut été instruire le procès du communisme, cet autre totalitarisme, coupable de plus de cent millions de mort durant le XXIème siècle, la plus vaste entreprise de terreur organisée, d’esclavage et de misère de masse. C’eut été se poser la question de la complaisance coupable de ces milieux enseignants qui hurlent à l’ogre fasciste dés qu’un enseignant promu ne fait pas partie du sérail collectiviste, mais qui ne voient pas ou ne dénonce pas l’engagement radical, totalitaire, à gauche d'une majorité du corps enseignant Français…C’eut été faire le procès de toute une intelligentsia complaisante à l’égard du communisme et que dénonçait Aron dans L’opium des intellectuels.

23/04/2007

L'imposture "anti fasciste".

« Il faudra faire un front contre Nicolas Sarkozy" entre les deux tours de la présidentielle, a déclaré vendredi à Toulouse Dominique Strauss-Kahn, appelant les électeurs de François Bayrou à voter pour Ségolène Royal si elle en lice contre le candidat UMP au second tour. » (1) « Sarkozy est extrêmement compétent. Il porte en lui les meilleures, c'est-à-dire les pires traditions de la bourgeoisie. Ceux qui en doutaient encore peuvent étudier ses dernières déclarations. Elles font très clairement référence à la tradition fasciste française.» (2)

Ces deux courts extraits, l’un du quotidien « de référence », l’autre de la presse communiste orthodoxe illustrent assez bien la persistance du mythe de la lutte anti fasciste par une grande partie de la gauche Française.

Il fut un temps, avant guerre, dans une Europe qui inventa le fascisme (Italien) et la national socialisme (Allemand), ou la lutte anti fasciste fut légitime et représentait un mouvement ,authentique car anti totalitaire, de démocrates versus des régimes révolutionnaires autoritaires. Le malheur est que ce mouvement fut rapidement et habilement récupéré puis instrumentalisé avec succès par la mouvance communiste, au premier plan de laquelle, le parti communiste Soviétique (PCUS), qui part le biais du Komintern organisa efficacement un combat idéologique contre tout ennemi de la révolution Bolchevique. L’imposture de ce positionnement anti fasciste éclata au grand jour quelques mois avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale avec la signature des pactes nazi- soviétique (Molotov- Ribbentrop) qui scellaient l’alliance tactique des deux totalitarismes. Cet événement dramatique et totalement stupéfiant au regard de la prétendue « lutte anti fasciste » de l’internationale communiste, permit à quelques «  idiots utiles » d’ouvrir les yeux (tardivement) sur le caractère totalitaire de cette idéologie qui comptait déjà plusieurs millions de morts criminelles à son actif. Secondairement, après 1945, alors même qu’elle aurait du s‘éteindre avec la mort des fascismes Européens (fascisme « normal » et fascisme « radical » selon la distinction d’Ernst Nolte), cette « lutte anti fasciste » fut constamment réactivée et instrumentalisée par l’Union Soviétique, seule puissance totalitaire parmi les vainqueurs de la seconde guerre mondiale.

L’imposture réside précisément dans le fait que ce prétendu « front anti fasciste » ne fut qu’ « anti fasciste » mais jamais antitotalitaire. « Ce progressisme de combat, instrumentalisé par les maîtres de la propagande communiste va se transformer, après la disparition du régime nazi et de ses alliés, en idéologie politique de substitution. » (3)

Commence alors l’histoire de l’anti fascisme sans fascisme…, ou l’objet de ce combat va être remplacé par une chasse au Mal politique, incarné par les  « puissants », les « dominants », les  « bourgeois », « capitalistes », « contre révolutionnaires », « conservateurs », etc., tous réactionnaires. Ces visages supposés de  « la réaction » sont dénoncés par les milieux « progressistes » comme « fascistes » ou « d’extrême droite », alors même qu’ils ne le sont la plupart du temps nullement. Cette diabolisation extrême de tout ce qui n’appartient pas au camp « progressiste », c’est à dire le camp du Bien, de la Raison, du Progrès et de la Révolution, figurant une « menace fasciste » largement imaginaire va devenir le moteur du  « progressisme » dans la période post nazie, fonctionnant comme un moyen de chantage permanent. L’instrumentalisation réussie de cette imposture idéologique par le totalitarisme communiste  constitue ainsi une doctrine de haine doublée d’un permis de haïr avec bonne conscience, bref, une machine à fabriquer des ennemis absolus.

Or si en démocratie et en temps de paix cette ostracisation de l’ennemi pouvait ne conduire qu’à l’élimination politique ou la mort sociale des mal-pensants, l’histoire du totalitarisme communiste est là pour nous rappeler ce qu’il advint de millions d’ennemis de la révolution durant le XX éme siècle. Cette conviction dogmatique de posséder la vérité et d’appartenir au « camp du Bien », versus le « camp du Mal » incarné en 2007, par l’extrême droite nationaliste de Jean marie Le Pen, et par son « avatar » Nicolas Sarkosy, leader de la droite républicaine, légitime la haine des premiers à l’égard des seconds.

Hormis Sternhell et BH Levy qui considèrent ,de façon rapide, qu’il existe bien une tradition fasciste en France, remontant même avant l’émergence des fascismes Européens (une sorte de préfascisme, de protofascsime) , incarnée par les mouvances d’extrême droite avant guerre (ligues diverses, Action Française, Croix de feu, etc), puis la révolution nationale Pétainiste, l’OAS et le Front National, une majorité d’ historiens de premier plan (Rémond, Furet, Besançon, Renzo de Felice, etc.) s’accordent à penser que la France n’a jamais connu de mouvance fasciste organisée et durable. Emilio Gentile, universitaire italien considéré comme un des meilleurs spécialiste du fascisme italien le définissait ainsi : « Le fascisme est un phénomène politique moderne, nationaliste et révolutionnaire,antilibéral et antimarxiste,organisé en un parti milice, avec une conception totalitaire de la politique et de l’Etat, avec une idéologie à fondement mythique, viril et anti-hédoniste, sacralisée comme religion laïque, qui affirme la primauté absolue de la nation, entendue comme communauté organique, ethniquement homogène, hiérarchiquement organisée dans un état corporatif, avec une vocation belliqueuse, une politique de grandeur, de puissance et de conquête, visant à la création d’un ordre nouveau et d’une nouvelle civilisation. » (5)

Amalgamer aujourd’hui au fascisme la droite républicaine libérale du leader de l’UMP (ou pluraliste et libérale, dite "orléaniste" selon René Rémond) ou la droite nationale populiste du FN (ou Bonapartiste, selon le même historien) est donc évidemment une imposture communément admise à gauche, par ignorance mais surtout par calcul politique. Quand l’ennemi ne peu décemment plus prendre la figure du nazisme, il est alors facile de le réinventer sur la base de quelques caractérisations négatives en puisant dans un stock d’épithètes (« archaïque »,  «rétrograde », « passéiste », «réactionnaire », « de droite », « d’extrême droite », « populiste », « xénophobe », « raciste », « fasciste »,  « libéral », « ultra libéral », « impérialiste »,  « atlantiste », « pro américain », « sioniste », etc.). Si les réactionnaires n’avaient pas existé, les progressistes les auraient inventés… Sans illusion, il faut donc dire et redire à ces esprits bétonnés et Robespierristes en perte de magistère moral et répétant « Le fascisme ne passera pas ! », que le fascisme est bel et bien passé, et qu’il est depuis longtemps un phénomène du passé. Cette vulgate antifasciste fait partie du vaste système d'idées reçues et de mots-slogans tenant lieu de pensée politique à la gauche et à l'extrême gauche, aprés l'échec reconnu du communisme et l'épuisement du modèle social-démocrate.

« L’opium « néo-antifasciste » permet aux « intellectuels de gauche »  les plus invertébrés, désertés par la pensée et le courage, de se supporter eux-mêmes. Leur ressentiment se fixe sur ceux qui sauvent l’honneur de la réflexion libre, dont l’existence même leur porte ombrage. (…) Un utopisme de carte postale tient lieu de pensée prospective. Le culte des bons sentiments et l’épuration magique remplacent les projets ; l’intellectuel délateur reprend du service. » (4)

Si l'antifascsime démocratique fut admirable et le pseudo antifascisme stalinien effroyable, ce néo-antifascisme est pitoyable et peut être considérée à la fois comme un indice de survie d’une culture de combat désuète et comme un révélateur de la situation dans laquelle se trouve la gauche, divisée en profondeur, privée de perspectives d’avenir (car toujours ambiguë quant à sa relation au capitalisme en particulier) et concurrencée par une extrême gauche non moins démagogique s’efforçant de relancer la mobilisation communiste sur la base de l’anti mondialisation.

"La postérité s'étonnera sans doute que les démocraties aient inventé tant de fascismes et de menaces fascistes aprés que les fascismes ont été vaincus. C'est que, si la démocratie tient dans l'antifascisme, il lui faut vaincre un ennemi sans cesse renaissant."  (François Furet, Le Débat n°89, p176)

"On ne saura jamais ce que la peur de ne pas paraitre suffisamment à gauche aura fait commettre de lâchetés à nos Français."  (Charles Peguy, cité par E Brunet, Etre de droite, un tabou Français, p9)

(1) http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-30507544@7-354,0.html

(2) http://www.lescommunistes.net/~infos/docus1/paysreel2005.html

(3) PA Taguieff, Les contre réactionnaires, Denoel 2007, p17.

(4) PA Taguieff, op cit, p.71.

(5) E Gentile, Fascisme, histoire et interprétation. Gallimard 2002.

 

 

01/03/2007

Auschwitz 105- Ukraine zéro.

Alain Besançon avait eu la curiosité, il y a quelques années de consulter le service de documentation du journal de révérence « Le Monde » et de calculer le nombre de références aux crimes Nazis et communistes entre 1990 et 1997 ; le thème du nazisme revint 480 fois, celui du « stalinisme », sept fois…Auschwitz faisait l’objet de 105 références, le génocide par la famine organisée en Ukraine (environ 6 millions de morts en 1933) zéro référence.

« Le nazisme, bien que disparu complètement depuis plus d’un demi-siècle, est à juste titre l’objet d’une exécration que le temps n’affaiblit nullement. Le communisme, en revanche, bien que tout frais et tout récemment déchu, bénéficie d’une amnésie et d’une amnistie qui recueille le consentement presque unanime, non seulement de ses partisans, mais de ses ennemis les plus déterminés et même de ses victimes. Ni les uns ni les autres ne trouvent séant de la tirer de l’oubli. » (1)

J’ai relu récemment, et successivement, « Le malheur du siècle », « Le livre noir du communisme » (2), puis « Du passé, faisons table rase » (3).

On ne sort pas intact de ce genre de lecture, aussi averti que l’on puisse l’être auparavant.

Mais ce qui frappe le plus, comme le souligne Besançon, au delà de l’horreur des crimes commis au nom de cette idéologie totalitaire, c’est ce "contraste entre l'amnésie du communisme et l'hypermnésie du nazisme"(6), cette organisation de la non repentance, après celle de la dissimulation des crimes commis par tous les régimes communistes durant le XX ème siècle. Ce négationnisme communiste.

Il faut se rappeler, lors de la sortie du « Livre noir du communisme », les injures et les menaces de la presse communiste en France, le travail de sape du Monde (des commissaires politiques Colombani et Plenel) pour discréditer les auteurs de cette somme inédite et pour atténuer l’onde de choc auprès d’un public encore largement ignorant de l’horreur collectiviste, la sortie pitoyable de Jospin à l’assemblée tentant de sauver le soldat communiste et dissociant (à dessein ?) stalinisme et communisme afin d’épargner ses amis trotskystes. Il faut revoir ce « bouillon de culture » historique ou Stéphane Courtois fut confronté à deux apparatchiks communistes (Roger Martelli et Roland Leroy).

La première synthèse historique de la dimension criminelle du communisme ne devait pas être connue ; Outre la recension des crimes de masses commis, les auteurs détaillaient également les méthodes utilisées pour assassiner des millions de personnes, notamment la famine organisée. La question de la nature totalitaire du communisme et sa comparaison avec le nazisme était également reprise par les auteurs, à la suite d’ Ernst Nolte, François Furet ou Renzo de Felice.

Si le monstre est mort comme phénomène politique, il demeure bien vivant comme phénomène culturel : il faut admettre que décrire le communisme dans sa réalité (sa praxis), reste un délit d’opinion. Le négationnisme, définit comme un délit quand il porte sur le nazisme, ne l’est pas quand il dissimule les crimes communistes.

Soulignant la motivation idéologique des crimes nazis, le procureur général Français à Nuremberg, François de Menthon, disait : « Nous ne nous trouvons pas devant une criminalité accidentelle, occasionnelle, nous trouvons devant une criminalité systématique découlant directement et nécessairement d’une doctrine. » (4)

Cette description de la criminalité brune s’applique mot pour mot à la criminalité rouge…

De même que « lui convient parfaitement la définition du nouveau code pénal Français, adopté en 1992, selon laquelle, le crime contre l’humanité inclut la déportation, la réduction en esclavage, la pratique massive et systématique d’exactions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture, d’actes inhumains inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux, et organisés en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile. » (5)

Or, les massacres et déportations systématiques de groupes sociaux ou ethniques en raison de ce qu’ils sont et non de ce qu’ils font, jalonnent toute l’histoire du communisme.

Il est donc sans doute légitime de conclure à une nature intrinsèquement criminogène du communisme, tant il a produit de copies conformes dans les circonstances les plus diverses, sous toutes les latitudes et dans les sociétés culturellement les plus différentes (Cuba, Ethiopie, Angola, Afghanistan, Mozambique, Laos, Cambodge, Chine, Russie,…)

Devant pareil constat, pareille horreur, le front négationniste procommuniste, puissamment relayé par des média complaisants voire serviles et perdant une sérieuse occasion de faire un aggiornamento, ressasse l’éternel antienne : « le communisme se voulait dans son principe une doctrine de libération par la dictature du prolétariat, alors que le nazisme annonçait dés sa naissance un programme d’extermination... » ou bien « l’anéantissement de l’homme exprime non l’essence de cette doctrine de libération, mais sa perversion ..» (distinguo Léninisme/ Stalinisme).

Il est alors particulièrement étonnant que cette doctrine de libération n’ai jamais nulle part mis en œuvre autre chose que sa propre perversion.

Un aspect non moins important de ces ouvrages est d’établir le fait que Lénine et Trotky furent les initiateurs de ce système et aussi de la terreur organisée, et ce dés 1917 (premiers camps de concentration, premier rapport alarmant de la Ligue des Droits de l’Homme). Staline n’en fut que le continuateur appliqué et méthodique doublé d’un stratège militaire sans pareil, surclassant largement son alter ego Hitler, et les Churchill et Roosevelt.

Reconnaître ceci c’est reconnaître la nature totalitaire et criminelle de l’idéologie véhiculée encore en 2007 par une bonne partie de la gauche radicale/ révolutionnaire Européenne, notamment Française.

Qu’ils le veuillent ou non, Trotskystes, communistes " orthodoxes ", "alter mondialistes" et autres "collectifs anti liberaux", sont les héritiers des plus grands criminels du XX ème siècle.

 

(1)   Alain Besançon, Le malheur du siècle, Fayard 1998, p.10.

(2)   Stéphane courtois, Robert Laffont, 1997.

(3)   Stéphane Courtois, Robert Laffont, 2002.

(4)   François de Fontette, Le procès de Nuremberg, coll. « Que sais-je ? », PUF, 1996, p.48

(5)   Jean François Revel, Le siècle des ombres, Fayard 199, p.602.

(6) Alain Besançon, Le malheur du siècle, p.9.

02/01/2007

Communisme et lassitude.

Par hasard, j’ai écouté ce jour la fin d’une émission de France Culture, « Du grain à moudre », souvent intéressante d’ailleurs, et consacrée –oh miracle- à JF Revel récemment disparu, à travers le livre hommage qu’ a écrit Pierre Boncenne (Pour JF Revel, Plon. 2006).

J’ai suivi avec plaisir la discussion entre Besançon, Sirinelli et Boncenne, malheureusement parasitée par les péroraisons de Julliard. Revel, présenté à tort par la clique gauchiste médiatico-intellectuelle comme anticommuniste primaire, était un érudit et un intellectuel de premier plan dont la constance de l’engagement antitotalitaire, dans la lignée de Raymond Aron, mérite le respect.

J’ai repensé à ce petit livre indispensable retraçant la correspondance entre Furet et Nolte (Fascisme et communisme, Plon. 1997) au sujet de la proximité idéologique des deux phénomènes totalitaires. Cette proximité, défendue par Revel dans nombre de ses ouvrages, mais aussi par Alain Besançon (Le malheur du siècle, Fayard) constitue toujours un tabou en France et explique sans doute en partie la haine tenace et l’ostracisme dont il fut l’objet, sa vie durant et même après sa mort.

Et c’est sans doute parce qu’il existe un négationnisme procommuniste beaucoup plus hypocrite, plus efficace et plus diffus que le négationnisme pronazi, sommaire et groupusculaire, mais dont le comité de vigilance citoyen anti fasciste nous rebat les oreilles à longueur de journée, la danger étant bien sur majeur.

L’organisation de la non repentance à l’égard du communisme aura été la principale activité politique de l’ultime décennie du siècle, comme l’organisation de sa non connaissance aura été celle des sept décennies antérieures.

Le succès périodique du négationnisme procommuniste donne à tout nouveau livre rétablissant certaines vérités, et en particulier esquissant le parallèle sacrilège entre communisme et nazisme, l’apparence de la découverte (Qu’on se rappelle le tollé de la gauche, y compris la gauche non communiste, après la sortie du « Livre noir du Communisme » et la sortie grotesque de Jospin à l’Assemblée...). Or on n’en finirait pas d’aligner les citations dés 1918 pour l’appréciation exacte du bolchevisme, et dés 1933 pour la comparaison entre les totalitarismes, ou figurent déjà des constats et des arguments sans appels, mais aussi sans grands résultats sur la reconnaissance des crimes communistes.

Dans son « Passé d’une illusion » (Robert Laffon, 1995), François Furet (ancien communiste lui même) consacre un long passage à l’historien Allemand Ernst Nolte, qui avait fait l’objet avant lui d’une condamnation sommaire en Allemagne et en Occident pour avoir théorisé cette comparaison interdite.

On se rappelle pourtant d’André Gide, écrivant dans son retentissant « Retour de l’URSS » : « Je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fut-ce l’Allemagne de Hitler, l’esprit sois moins libre, plus courbé, plus craintif, terrorisé qu ‘en URSS». Et le doyen respecté des historiens du fascisme, Renzo de Felice (plutôt de sensibilité socialiste d’ailleurs), déclarant en 1988 comparant Hitlérisme et communisme : « La vérité en conclusion est qu’il s’agit de phénomènes identiques ; Le totalitarisme caractérise et définit le Nazisme comme le communisme, sans aucune différence réelle ; peut-être l’ais-je dis avec brutalité, mais j’estime que le moment est venu de s’en tenir aux faits et de briser les mythes faux et inutiles. » (Actes du colloque « Le stalinisme dans la gauche Italienne », mars 1988)

Furet et Nolte évoquaient à la fin de leur correspondance la thèse de « l’inutilité du vrai », dont s’était déjà emparé Revel dans « La connaissance inutile » (Grasset, 1988). Alain Besançon dans son « Malheur du siècle », en s’interrogeant à son tour sur les raisons de « l’amnésie du communisme et de l’hypermnésie du nazisme », et s’il reconnaissait le caractère unique et incomparable de la Shoah, concluait que les différences entre les deux totalitarismes sont dans la nature des motivations et non dans le degré du mal.

Pour Revel, « Ce qui distingue le communisme du Nazisme, ce n’est pas le système du pouvoir, il est identique dans les deux cas. C’est que le premier est une utopie et non le second ; Lorsqu’ Hitler supprime la démocratie et crée des camps d’extermination, il réalise ses idées et tient ses promesses. Lorsque c’est Lénine qui le fait, il réalise le contraire de ses idées et trahit ses promesses. Mais il le nie au nom de l’avenir qu’il prétend radieux. L’utopie rend légitime la déconnexion entre les intentions et les actes » (Fin du siècle des ombres, Fayard)

C’est la le paradoxe de l’après communisme : pourquoi y a-t-il encore tant de « compagnons de route », alors qu’il n’y a plus de route ?

19/11/2006

fasciste!

Y a t il un danger fasciste en France ?

Cette question, instrumentalisée avec ferveur par la gauche dans son ensemble, en digne héritière du Komintern a certains égards, est récurrente dans ce pays.

Chacun court le risque, à un moment ou un autre, de se faire qualifier de tel, et à propos de n’importe quoi : immigration, patriotisme, valeurs, éducation, régime parlementaire...

 

- Mais qu’est ce que , ou plutôt, qu’était le fascisme ?

Emilio Gentile, universitaire italien considéré comme un des meilleurs spécialiste de la question répond ainsi : « Le fascisme est un phénomène politique moderne, nationaliste et révolutionnaire,antilibéral et antimarxiste,organisé en un parti milice, avec une conception totalitaire de la politique et de l’Etat, avec une idéologie à fondement mythique, viril et anti-hédoniste, sacralisée comme religion laïque, qui affirme la primauté absolue de la nation, entendue comme communauté organique, ethniquement homogène, hiérarchiquement organisée dans un état corporatif, avec une vocation belliqueuse, une politique de grandeur, de puissance et de conquête, visant à la création d’un ordre nouveau et d’une nouvelle civilisation. » (E Gentile, Fascisme, histoire et interprétation. Gallimard 2002)

E. Gentile définit ensuite l’idéologie fasciste comme une « idéologie anti idéologique » , en raison de son activisme et de son aversion pour les élaborations intellectuelles et idéologiques.

Le mouvement fasciste est propre à l’Italie des années 20 comme le mouvement national-socialiste à l’Allemagne des années 30 ou le mouvement phalangiste espagnol à la même époque. Pourquoi dater ainsi ce mouvement intellectuel ? Parce qu’il est né au point de rencontre d’événements sans précédents et qui ne se retrouverons plus : en effet, le fascisme est né des traumatismes de la première guerre mondiale au sein de la jeune génération du front, qui connut l’horreur, mais aussi la camaraderie et la solidarité dans l’action. Il est né de la situation de détresse subie par des nations comme l’Italie ou l’Allemagne. Il est né aussi d’une réaction contre la menace bolchevique en Europe (bien réelle, il est de bon ton de l’oublier ou de la sous-estimer). Pourtant, comme le regretté F. Furet l’avait noté, « le fascisme n’est pas né seulement pour vaincre le bolchevisme, mais pour briser à jamais la division du monde bourgeois » (Furet, Le passé d’une illusion, Laffont, 1996).

Cette société libérale bourgeoise en crise au sortir des années 20 semble si obsolète face aux défis multiples de la modernité et des crises économiques, que les régimes autoritaires se répandent comme une épidémie en Europe : la Hongrie bascule des 1919, l’Espagne une première fois en 1923, la Pologne en 1926, , la Yougoslavie en 1929, le Portugal en 1932, l’Allemagne en 33, la Grèce et l’Espagne-une nouvelle fois- en 36, la Roumanie en 38, la France en 1940.

Tous sont établis sur le modèle classique des dictatures militaires conservatrices, mais sont distincts du fascisme Italien.

Le fascisme, alors n’est il qu’Italien ? Non répond encore E. Gentile (La voie Italienne du Totalitarisme, Le Rocher .2004), bien qu’il soit hostile à l’usage générique et aveugle du concept de fascisme en dehors de tout contexte temporel ou géographique. Le fascisme Italien a un fondement idéologique plus clair que le national-socialisme Allemand, reposant sur le mythe de la race supérieure. Il aurait-toujours d'après E. Gentile-une  structure idéologique plus complexe: celle de l'état totalitaire, solution unique pour toutes les nations civilisées d'Occident, contrairement au mythe de la race qui ne s'adresse qu'aux Allemands. Il est par ailleurs possible de considerer le fascisme, le nazisme et le bolchevisme comme trois arbres differents ayant des similitudes et non pas comme trois branches d'un même arbre.

Plus largement, le fascisme peut sans doute s’intégrer dans l’idéologie totalitaire, entendue au sens de mouvement révolutionnaire extrémiste aspirant au monopole du pouvoir. Le qualificatif "totalitaire" est original et apparait en Italie dans les années 1923-1925 pour désigner l'imposition du monopole du pouvoir politique par le parti fasciste qui se mettait alors en place. Le concept et le mot "totalitaire" s'appliquent donc historiquement seulement au fascisme Italien, alors qu'il recouvre actuellement des réalités differentes: fasisme, bolchevisme ou nazisme, faisant disparaitre les spécificités de chacun de ces phénomènes et pouvant par extension représenter tout ce qui s'oppose à la démocratie libérale (théocraties musulmanes, tyrannies exotiques, etc.); Le point commun entre les trois phénomènes étant peut-être la négation de l'individu, avec des distinctions: pour le marxisme, héritier de la table rase des Lumières, l'individu est sans racines autres que sociales (homo oeconomicus, semblable à celui du libéralisme), pour le fascisme, l'individu est porteur d'un héritage complexe qui se confond avec celui de la nation; Deux conceptions antagonistes donc, qui fondent des projets politiques et sociaux radicalements differents.

On voit donc qu’il est bien difficile de cerner une définition précise du mot « fasciste ». Et qu’aujourd’hui cela recouvre à peu prés tout et n’importe quoi .

 

- Quid en France, alors?

Y a-t-il une mouvance fasciste comme semblent le craindre nos amis progressistes? Le front national, Poujadiste, nationaliste et antisémite de Le Pen peut il être assimilé à un parti fasciste ? Au regard de l’acception d’E Gentile, on peut répondre facilement non, compte tenu de l’absence de caractère révolutionnaire ou totalitaire de son programme, somme toute légaliste et républicain, des valeurs de patriotisme, d’autorité, d'ordre, de préférence nationale n’étant certainement pas suffisantes pour définir une idéologie fasciste.

Mais il est intéressant de constater aussi que la gauche radicale actuelle (front anti libéral, PC, trotskystes, etc.) emprunte à l’idéologie fasciste certaine de ses caractéristiques, comme la haine du libéralisme ou de l’ordre bourgeois, l’athéisme militant, l’intolérance la plus sectaire, sous des postures naturellement généreuses dites "progressistes".

Contrairement à BH Levy et Zeev Sternhell qui soutiennent la thèse d’un fascisme idéologiquement élaboré sous une forme accomplie, en France notamment, et qui aurait existé avant même la naissance du fascisme italien, Renzo de Felice et Emilio Gentile constatent que la France n’a jamais vu l’émergence d’une mouvance fasciste organisée, sans pouvoir l’expliquer de façon évidente (rôle d’une tradition démocratique et républicaine plus ancienne et mieux ancrée, conditions économiques distinctes notamment au lendemain de la 1ere guerre mondiale, ou bien que ruinée, la France appartenait au camp des vainqueurs et pu se reconstruire plus rapidement grâce au traité de Versailles et à l’aide alliée).

 

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