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17/07/2008

Bourgeoisie, révolution et globalisation

« La bourgeoisie…partout ou elle a conquis le pouvoir, a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissaient l’homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du paiement au comptant. Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité naïve dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange ; elle a substituée aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce. La bourgeoisie a dépouillée de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque là pour vénérables et qu’on considérait avec un sain respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré un voile de sentimentalité qui recouvrait les situations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent…

 

[…] La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les conditions de la production, c’est-à-dire tous les rapports sociaux ; Tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de conceptions et d’idées antiques et vénérables, se dissolvent ; ceux qui les remplacent vieillissent avant d’avoir pu s’ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés, enfin, d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations ; Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale, Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore tous les jours.

Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production : elle les force à introduire chez elles ce qu’elle appelle civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image. La bourgeoisie supprime de plus en plus l’émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé la production, et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence fatale de ces changements a été la centralisation politique. Des provinces indépendantes, tout justes fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier… »

 

Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, 1848.

 

"La suite du livre vous plairait moins", me dit @cadichon en commentaire. Suis bien d’accord. Je me suis dit qu’une mise au point n’est peut-être pas inutile.

Non, hoplite n’est pas marxiste...

Je n’ai pas de sympathie particulière pour la lutte des classes, la dictature du prolétariat, celle-là même qui devait amener cette société sans classe ou le prolétaire, débarrassé de l’oppression des classes possédantes –du capital, recevrait une juste rémunération pour son travail…

Et l’expérience, la praxis, communiste ne m’inspire que de l’horreur, comme à tout être sain d’esprit. A cet égard la survivance d’une gauche radicale communiste qui ne dit plus son nom, notamment en France avec différentes mouvances trotskystes, ne laisse pas de m’étonner. Je repense toujours avec bonheur à la façon dont Castoriadis avait réglé son compte aux thuriféraires de la IV ème internationale : « la fraction en exil de la bureaucratie soviétique » Oh, oh, oh.

 Deux choses m’intéressent particulièrement dans ce court extrait :

-         d’abord son caractère visionnaire : Marx a anticipé le triomphe de l’économie de marché sous forme d’une globalisation planétaire, sorte d’internationalisme du capital. Peut-être l’internationalisme prolétaire de la lutte des classes répondait-il à sa pré science de la montée en puissance irrésistible de l’économie de marché ?

-         ensuite, la façon dont Marx a compris le caractère profondément révolutionnaire sinon d’une classe bourgeoise, tout au moins des valeurs bourgeoises. Marx a saisi combien bourgeoisie, modernité et capitalisme sont consubstantiels…Combien, depuis l’essor, dans le Moyen-Âge, de cette classe industrieuse de commerçants, de marchands, acquise à la rationalité, à l’économie, au culte de l’argent puis aux idéaux des Lumières, va mettre à bas le vieil ordre féodal pour prendre définitivement le pouvoir en s’affranchissant de toutes sortes de tutelles et contraintes et en imposant, partout, ses valeurs individualistes et sa conception anthropologique utilitariste.

 

16/03/2008

En passant

En passant ce matin, quelques bribes de la revue de presse d'Yvan Levaï…

-Célébration de la mémoire de Lazare Ponticelli, dernier survivant des combattants de la première guerre mondiale en France et de celle de …Guy Moquet, apparatchik, militant communiste arrêté, non pour faits de résistance comme on l’entend souvent, mais pour faits de propagande communiste à une époque ou les communistes étaient hors la loi car alliés des nazis (officiellement s’entend car objectivement ils l’ont toujours été, Cf. un de mes précédents posts) et ou le PCF était interdit en France (la belle époque) et dans le monde libre. Un peu comme si on comparait Joseph Darnand, héros de la première et de la seconde guerre mondiale (il y en a moins déjà…) et Maurice Thorez, leader historique du PCF et déserteur et traître à son pays. Quel que soit l’égarement postérieur de Darnand au nom de l’anti-bolchevisme…

-Célébration de mai 68…comme il se doit. Mais le cuistre Levaï oublie qu’au moment même ou quelques jeune bourgeois Parisiens renversaient et brûlaient quelques voitures en brandissant des drapeaux rouges et en hurlant des slogans ineptes, dans une mascarade révolutionnaire festive et sans danger, d’autres européens, des Tchèques ceux-là, luttaient réellement pour se libérer du joug totalitaire communiste et se faisaient écraser -au sens propre- par les chars soviétiques…il ne fallait évidemment pas compter sur ce petit clerc servile pour le rappeler aux jeunes générations. 1408760971.jpgRappelons ce que disait Jean-françois Revel à Enzo Bettiza en mai 1968 dans son bureau éditorial surplombant la rue révolutionnaire : « A Budapest en 1956, on a vu de jeunes prolétaires, souvent fils de communistes, affronter dans une lutte à mort l’épouvantable pouvoir communiste de la deuxième superpuissance mondiale, réclamant des droits civiques, la liberté d’expression, l’indépendance nationale. Alors qu’ici, sous cette fenêtre, que voit-on ? Une masse de jeunes bourgeois aisés et pleins d’imagination qui, mettant en scène un combat théâtral avec un pouvoir paternaliste indulgent, réclament en substance l’annulation de ces droits et libertés civils qui cependant leur permettent de fracasser des vitrines et de dresser des barricades au nom d’une révolution impossible. La démocratie libérale est en soi vulnérable, elle invite presque à l’anarchie ludique et au chaos estudiantin : un luxe que seuls les enfants de sociétés riches et permissives peuvent se permettre. »  On ne saurait mieux dire.

 

-A manqué une bonne occasion de valoriser un exemple d’intégration réussie, l’ami Levaï : Ponticelli, arrivé en France en 1906, gare de Lyon, à 9 ans sans ses parents, sans parler un mot de français, va apprendre notre langue, travailler pour gagner sa vie (vendeur de journaux, ramoneur), s’engage en 1914 dans la légion étrangère en trichant sur son âge, combat à Verdun puis dans les Dolomites, monte une entreprise après guerre, se réengage en 1939, trop vieux ! Démobilisé puis engagement dans la résistance…parcours sans faute, Yvan, et ô combien symbolique au regard de celui des dernières vagues d’immigrants extra-européens dont beaucoup haïssent ce pays et brûlent leurs écoles (les cons).

-Courageux appel au boycott des JO de Pékin, par Jack Lang, philo communiste notoire et thuriféraire de Fidel Castro et Hugo Chavez. On a la cohérence que l'on peut.

                                                                       *

M. Ihsanoglu, secrétaire général de l'OCI, évoquant l'islamo phobie, « une des préoccupations des pays musulmans abordée lors du sommet, a exprimé ses inquiétudes face aux attaques de plus en plus nombreuses en Europe contre les musulmans. »

Bon, ceux qui connaissent un peu l’Islam, tout au moins la rhétorique habituelle des leaders islamiques sont habitués à la pratique du double langage, de la takia, bref de leur tartuferie habituelle, mais là on atteint des sommets ! Quid du statut des non musulmans en terre d’Islam depuis l’Hégire ? Quid des persécutions constantes depuis 14 siècles subies par les chrétiens partout ou les musulmans sont dominants ? Quid du sort des Chrétiens dans le Maghreb, en Turquie, en Afrique sub-saharienne ou dans le sud est asiatique ? Quel rapport entre l’intolérance absolue, la haine ordinaire voire l’élimination physique des non musulmans en terre d’Islam et l’accueil somme toute respectueux et digne de millions de musulmans en Europe ?

Regarde la poutre dans ton œil, biquet.

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13/05/2007

Un monde disharmonieux?

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En septembre 1966, Martin Heidegger accorda un long entretien au Spiegel. Il fut publié dix ans plus tard au lendemain de la mort du philosophe. (1) Alors qu’Heidegger évoquait les rapports entre les hommes et l’« être de la technique », ses interlocuteurs lui demandèrent :

« Spiegel : On pourrait vous opposer tout à fait naïvement ceci : qu’est-ce qu’il s’agit de maîtriser ici ? Car enfin tout fonctionne. On construit toujours davantage de centrales électriques. La production va son train ; Les hommes, dans la partie du monde ou la technique connaît un haut développement, ont leurs besoins bien pourvus. Nous vivons dans l’aisance. Qu’est-ce qu’il manque ici finalement ?

MH : Tout fonctionne, c’est bien cela l’inquiétant, que ça fonctionne, et que le fonctionnement entraîne toujours un nouveau fonctionnement, et que la technique arrache toujours davantage d’hommes à la Terre, l’en déracine ; Je ne sais pas si cela vous effraye ; moi, en tous cas, je suis effrayé de voir maintenant les photos envoyées de la lune sur la Terre. Nous n’avons plus besoin de bombe atomique ; Le déracinement de l’homme est déjà là. Nous ne vivons plus que des conditions purement techniques, ce n’est plus une Terre sur laquelle l’homme vit aujourd’hui…

Spiegel : Qui sait si c’est la destination de l’homme d’être sur cette Terre ?

MH : D’après notre expérience et notre histoire humaines, pour autant que je sois au courant, je sais que toute chose essentielle et grande a pu seulement naître du fait que l’homme avait une patrie et qu’il était enraciné dans une tradition… »

S’il fut un temps ou le savoir scientifique et le progrès étaient, au moins en occident, considérés par presque tous comme la garantie d’un monde, d’un avenir meilleurs, il faut accepter qu’ils puissent être considérés aujourd’hui comme des motifs d’inquiétude .A l’augmentation alarmante de la démographie mondiale, s’ajoutent la crainte du développement incontrôlé de la pollution de la planète, de la prolifération nucléaire, du gaspillage des ressources naturelles et la hantise de manipulations génétiques et de biotechnologies portant sur (ou touchant directement) les hommes eux-mêmes.Sans pour autant céder à l’utopie de la « décroissance », très tendance actuellement, et abondamment instrumentalisée par la mouvance communiste/ progressiste reconvertie habilement en un anti mondialisme de façade, il est difficile d’imaginer ce qui pourrait contrarier la course en avant de cette « société technicienne » qui inquiétait Heidegger. Nombreux sont ceux qui considèrent que les Hommes ne sont pas de taille et qu’un destin Faustien ou Prométhéen leur est promis…

« Dans la théogonie d’Hésiode, Prométhée est un titan que son orgueil conduit à braver les dieux et l’ordre du monde. Ayant dérobé le feu de l’Olympe, source de puissance, il offre aux hommes ce cadeau empoisonné ; En punition, il est enchaîné à un rocher alors qu’un aigle (l’oiseau de Zeus) lui dévore le foie. » (2)

 

La métaphore est limpide et illustre l’un des fondements de l’esprit Grec qui condamne la démesure (hubris ou hybris) comme faute suprême, celle qui met en péril l’ordre de l’univers. Etablir l’harmonie entre soi et le cosmos, tel est le maître mot de la sagesse antique d’Homère à Aristote. En conséquence, la mesure règne en toutes choses ; dans la structure de la cité, dans l’architecture des temples, les proportions des statues, à défaut d’être toujours présente dans la vie des individus. Car ceux-ci portent en eux une tendance innée à la démesure qui doit être combattue par l’éducation, l’enracinement dans une cité et de justes lois reflétant elles-mêmes l’ordre du cosmos. Ainsi, aux caprices des opinions subjectives et des emportements de la passion, les philosophes (amis de la sagesse) antiques ont voulu opposer le logos, le discours objectif, la raison, reflet de l’ordre cosmique.

Les Grecs, créateurs des formes supérieures de la civilisation européenne, savaient que la perfection réside dans l’approfondissement plus que dans l’expansion, car elle est inséparable des limites, du fini. Hésiode montre ainsi que le cosmos est devenu ordre et beauté parce que des limites ont été imposées par les Dieux aux débordements destructeurs des forces vitales.

(1)   Martin Heidegger, Réponses et questions sur l’histoire et la politique, Mercure de France, 1988, p.45,47.

(2)   Dominique Venner, Le siècle de 1914, p383 ; Pygmalion 2006 ;

23/04/2007

L'imposture "anti fasciste".

« Il faudra faire un front contre Nicolas Sarkozy" entre les deux tours de la présidentielle, a déclaré vendredi à Toulouse Dominique Strauss-Kahn, appelant les électeurs de François Bayrou à voter pour Ségolène Royal si elle en lice contre le candidat UMP au second tour. » (1) « Sarkozy est extrêmement compétent. Il porte en lui les meilleures, c'est-à-dire les pires traditions de la bourgeoisie. Ceux qui en doutaient encore peuvent étudier ses dernières déclarations. Elles font très clairement référence à la tradition fasciste française.» (2)

Ces deux courts extraits, l’un du quotidien « de référence », l’autre de la presse communiste orthodoxe illustrent assez bien la persistance du mythe de la lutte anti fasciste par une grande partie de la gauche Française.

Il fut un temps, avant guerre, dans une Europe qui inventa le fascisme (Italien) et la national socialisme (Allemand), ou la lutte anti fasciste fut légitime et représentait un mouvement ,authentique car anti totalitaire, de démocrates versus des régimes révolutionnaires autoritaires. Le malheur est que ce mouvement fut rapidement et habilement récupéré puis instrumentalisé avec succès par la mouvance communiste, au premier plan de laquelle, le parti communiste Soviétique (PCUS), qui part le biais du Komintern organisa efficacement un combat idéologique contre tout ennemi de la révolution Bolchevique. L’imposture de ce positionnement anti fasciste éclata au grand jour quelques mois avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale avec la signature des pactes nazi- soviétique (Molotov- Ribbentrop) qui scellaient l’alliance tactique des deux totalitarismes. Cet événement dramatique et totalement stupéfiant au regard de la prétendue « lutte anti fasciste » de l’internationale communiste, permit à quelques «  idiots utiles » d’ouvrir les yeux (tardivement) sur le caractère totalitaire de cette idéologie qui comptait déjà plusieurs millions de morts criminelles à son actif. Secondairement, après 1945, alors même qu’elle aurait du s‘éteindre avec la mort des fascismes Européens (fascisme « normal » et fascisme « radical » selon la distinction d’Ernst Nolte), cette « lutte anti fasciste » fut constamment réactivée et instrumentalisée par l’Union Soviétique, seule puissance totalitaire parmi les vainqueurs de la seconde guerre mondiale.

L’imposture réside précisément dans le fait que ce prétendu « front anti fasciste » ne fut qu’ « anti fasciste » mais jamais antitotalitaire. « Ce progressisme de combat, instrumentalisé par les maîtres de la propagande communiste va se transformer, après la disparition du régime nazi et de ses alliés, en idéologie politique de substitution. » (3)

Commence alors l’histoire de l’anti fascisme sans fascisme…, ou l’objet de ce combat va être remplacé par une chasse au Mal politique, incarné par les  « puissants », les « dominants », les  « bourgeois », « capitalistes », « contre révolutionnaires », « conservateurs », etc., tous réactionnaires. Ces visages supposés de  « la réaction » sont dénoncés par les milieux « progressistes » comme « fascistes » ou « d’extrême droite », alors même qu’ils ne le sont la plupart du temps nullement. Cette diabolisation extrême de tout ce qui n’appartient pas au camp « progressiste », c’est à dire le camp du Bien, de la Raison, du Progrès et de la Révolution, figurant une « menace fasciste » largement imaginaire va devenir le moteur du  « progressisme » dans la période post nazie, fonctionnant comme un moyen de chantage permanent. L’instrumentalisation réussie de cette imposture idéologique par le totalitarisme communiste  constitue ainsi une doctrine de haine doublée d’un permis de haïr avec bonne conscience, bref, une machine à fabriquer des ennemis absolus.

Or si en démocratie et en temps de paix cette ostracisation de l’ennemi pouvait ne conduire qu’à l’élimination politique ou la mort sociale des mal-pensants, l’histoire du totalitarisme communiste est là pour nous rappeler ce qu’il advint de millions d’ennemis de la révolution durant le XX éme siècle. Cette conviction dogmatique de posséder la vérité et d’appartenir au « camp du Bien », versus le « camp du Mal » incarné en 2007, par l’extrême droite nationaliste de Jean marie Le Pen, et par son « avatar » Nicolas Sarkosy, leader de la droite républicaine, légitime la haine des premiers à l’égard des seconds.

Hormis Sternhell et BH Levy qui considèrent ,de façon rapide, qu’il existe bien une tradition fasciste en France, remontant même avant l’émergence des fascismes Européens (une sorte de préfascisme, de protofascsime) , incarnée par les mouvances d’extrême droite avant guerre (ligues diverses, Action Française, Croix de feu, etc), puis la révolution nationale Pétainiste, l’OAS et le Front National, une majorité d’ historiens de premier plan (Rémond, Furet, Besançon, Renzo de Felice, etc.) s’accordent à penser que la France n’a jamais connu de mouvance fasciste organisée et durable. Emilio Gentile, universitaire italien considéré comme un des meilleurs spécialiste du fascisme italien le définissait ainsi : « Le fascisme est un phénomène politique moderne, nationaliste et révolutionnaire,antilibéral et antimarxiste,organisé en un parti milice, avec une conception totalitaire de la politique et de l’Etat, avec une idéologie à fondement mythique, viril et anti-hédoniste, sacralisée comme religion laïque, qui affirme la primauté absolue de la nation, entendue comme communauté organique, ethniquement homogène, hiérarchiquement organisée dans un état corporatif, avec une vocation belliqueuse, une politique de grandeur, de puissance et de conquête, visant à la création d’un ordre nouveau et d’une nouvelle civilisation. » (5)

Amalgamer aujourd’hui au fascisme la droite républicaine libérale du leader de l’UMP (ou pluraliste et libérale, dite "orléaniste" selon René Rémond) ou la droite nationale populiste du FN (ou Bonapartiste, selon le même historien) est donc évidemment une imposture communément admise à gauche, par ignorance mais surtout par calcul politique. Quand l’ennemi ne peu décemment plus prendre la figure du nazisme, il est alors facile de le réinventer sur la base de quelques caractérisations négatives en puisant dans un stock d’épithètes (« archaïque »,  «rétrograde », « passéiste », «réactionnaire », « de droite », « d’extrême droite », « populiste », « xénophobe », « raciste », « fasciste »,  « libéral », « ultra libéral », « impérialiste »,  « atlantiste », « pro américain », « sioniste », etc.). Si les réactionnaires n’avaient pas existé, les progressistes les auraient inventés… Sans illusion, il faut donc dire et redire à ces esprits bétonnés et Robespierristes en perte de magistère moral et répétant « Le fascisme ne passera pas ! », que le fascisme est bel et bien passé, et qu’il est depuis longtemps un phénomène du passé. Cette vulgate antifasciste fait partie du vaste système d'idées reçues et de mots-slogans tenant lieu de pensée politique à la gauche et à l'extrême gauche, aprés l'échec reconnu du communisme et l'épuisement du modèle social-démocrate.

« L’opium « néo-antifasciste » permet aux « intellectuels de gauche »  les plus invertébrés, désertés par la pensée et le courage, de se supporter eux-mêmes. Leur ressentiment se fixe sur ceux qui sauvent l’honneur de la réflexion libre, dont l’existence même leur porte ombrage. (…) Un utopisme de carte postale tient lieu de pensée prospective. Le culte des bons sentiments et l’épuration magique remplacent les projets ; l’intellectuel délateur reprend du service. » (4)

Si l'antifascsime démocratique fut admirable et le pseudo antifascisme stalinien effroyable, ce néo-antifascisme est pitoyable et peut être considérée à la fois comme un indice de survie d’une culture de combat désuète et comme un révélateur de la situation dans laquelle se trouve la gauche, divisée en profondeur, privée de perspectives d’avenir (car toujours ambiguë quant à sa relation au capitalisme en particulier) et concurrencée par une extrême gauche non moins démagogique s’efforçant de relancer la mobilisation communiste sur la base de l’anti mondialisation.

"La postérité s'étonnera sans doute que les démocraties aient inventé tant de fascismes et de menaces fascistes aprés que les fascismes ont été vaincus. C'est que, si la démocratie tient dans l'antifascisme, il lui faut vaincre un ennemi sans cesse renaissant."  (François Furet, Le Débat n°89, p176)

"On ne saura jamais ce que la peur de ne pas paraitre suffisamment à gauche aura fait commettre de lâchetés à nos Français."  (Charles Peguy, cité par E Brunet, Etre de droite, un tabou Français, p9)

(1) http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-30507544@7-354,0.html

(2) http://www.lescommunistes.net/~infos/docus1/paysreel2005.html

(3) PA Taguieff, Les contre réactionnaires, Denoel 2007, p17.

(4) PA Taguieff, op cit, p.71.

(5) E Gentile, Fascisme, histoire et interprétation. Gallimard 2002.

 

 

19/12/2006

Che Guevara , l’envers du mythe (2)

Un homme complexe

Sa vie, emplie d’inquiétudes, puis de certitudes (« nous prenons le marxisme avec autant de naturel que toute chose qui n’a plus besoin d’être discutée » (1), enfin de revers sans appel, paraît à posteriori dominée par l’échec, mais il serait sans doute faux de croire qu’il l’avait cherché : l’échec est venu comme une réponse logique à sa méconnaissance du monde et à son hyper volontarisme. L’échec ne pouvait que venir, car à la différence de Castro qui ne cherchait que le pouvoir, Guevara poursuivait lui la transformation radicale du monde et la naissance d’un monde nouveau .

Il y avait bien du Netchaïev en Guevara, mais il avait aussi, ce qui le rend plus complexe, des points communs avec saint Paul : comme lui, Guevara pratiquait ce qu’un exégète appelait « une ascèse athlétique », c’est à dire « essentiellement orientée vers le fruit à porter », et non stérile.(2) Le Guevara pénétré de la misère des populations rencontrées lors de son périple en moto ou celui qui passe quelques semaines comme volontaire dans la léproserie de San Pablo, a quelque ressemblance avec ce missionnaire converti au christianisme. Il était, à un degré moindre que saint Paul certes, un alliage assez rare d’angoisse et de tension positive. Si son discours, pourtant creux et dérisoire sur l’  « homme nouveau » eut une audience, c’est qu’il le prononçait avec une espérance anxieuse : cela devenait autre chose que le discours routinier, froid et inquiétant des apparatchiks bolcheviques sur l’ « homme nouveau ». En définitive ces deux cotés- violence aveugle et quête de perfection- s’entrechoquant au moins dans la première partie de sa vie, le rendaient autrement intéressant qu’un Castro tendu vers le seul but du pouvoir, à vie.

L’échec de l’internationalisation de la guérilla  et l’impasse Bolivienne

On sait que Guevara souhaitait créer un deux, trois nouveaux VietNam..En décembre 1964, Guevara fait une tournée internationale de trois mois ou il visite la Chine, l’Egypte, l’Algérie, le Ghana, la Guinée, le Congo, la Tanzanie mais aussi l’Irlande, Prague et Paris ; De retour à Cuba, il s’entretient longuement avec Castro puis disparaît mystérieusement pendant plusieurs mois. En fait il s’embarque incognito pour la Tanzanie, afin d’intégrer l’armée de libération du Congo et de renverser le pouvoir « impérialiste e » en place. Il n’y restera que sept mois, sept mois d’échec à créer une dynamique révolutionnaire. De retour en Europe (Tchécoslovaquie), il commence à songer à la création d’un foyer de guérilla en Bolivie. Pourquoi la Bolivie ? Sans doute parce que ce pays est limitrophe de cinq pays agités de mouvements révolutionnaires (Pérou, Chili, Paraguay, Brésil et son Argentine natale), ce qui en fait une tête de pont idéale pour soulever tout le continent sud-américain. On l’a vu, l’aventure Bolivienne tourne au désastre, non seulement à cause de l’hostilité ou tout au moins de l’absence de soutien des populations locales, mais aussi largement par amateurisme : pas de médicaments (le Che est asthmatique), pas de nourriture (les guérilleros en viennent à manger leur cheval ou boire leur urine !), pas de carte précise et pas de communication radio ! L’isolement, les désertions, les trahisons font le reste malgré le renfort de Danton (Régis Debray, qui de son propre aveu « ne se sent pas mûr pour la mort »…).

Ni au Congo ni en Bolivie Guevara n’est parvenu à créer les conditions d’un foyer insurrectionnel. Reste à savoir si cet homme qui voulait créer « un homme nouveau » voulait gagner ces guerres, ou s’il lui importait d’abord de les mener. La fuite en avant est telle, notamment en Bolivie, que l’on ne peut s’empêcher de penser à une sorte de suicide conscient. Le guérillero écrit dans son dernier message d’avril 1967 : « il faut mener la guerre jusqu’ou l’ennemi la mène : chez lui, dans ses lieux d’amusement, il faut la faire totalement. » Des paroles que ceux qui prennent Guevara pour un martyr christique ont quelque peu opportunément oubliées.

Naissance d’une icône

La mort de Guevara suscita d’abord une incrédulité qui était avant tout un refus sentimental d’admettre que l’idole des révolutionnaires avait pu se faire prendre ; Régis Debray, retrouvant exactement les mots de la religiosité Stalinienne de la fin de la vie du dictateur, déclara : « Le Che n’est pas de ceux qui meurent : exemple et guide, il est à proprement parler immortel, parce qu’il vivra dans le cœur de chaque révolutionnaire. Un Che est mort. D’autres sont sur le point de naître. »(3)

Cette passion pour le révolutionnaire meurtrier qu était Guevara échappe donc au rationnel. En effet, son action décisive dans l’érection de la société communiste Cubaine avec son cortège de meurtres, d’emprisonnement, de déportations, d’exode meurtriers de centaines de milliers de Cubains depuis 1959 n’a bien sur rien d’admirable et suffirait à mettre au ban des démocraties n’importe quel homme, mais pas Guevara !

Son « visage d’archange », notamment sur cette photo célèbre d’ Albert Korda représentant Guevara vêtu d’un treillis militaire, avec béret à étoile, prise en mars 1960, est sans doute un élément de cette passion. Les circonstances de la mort (mystère, assassinat, trahison, panique des autorités, photo « christique » de sa dépouille et mise en scène du cadavre) et son jeune âge (39 ans) sont également importantes dans la naissance du mythe. Que Guevara meure avant la fin de sa vie, si l’on peut dire, encore jeune et assassiné, confortait aussi ce qu’une fraction des révolutionnaires soixante-huitards entendaient par être révolutionnaire : vivre dans l’absence de limites, d’entraves, de régulations de la vie : le révolutionnaire devait être hors norme, étranger à notre condition, fut-ce au prix de la misère d’un peuple et de la mort de nombreux innocents…

 

« La haine comme facteur de lutte ; la haine intransigeante de l’ennemi, qui pousse au delà des limites de l’être humain et en fait une efficace, violente, sélective et froide machine à tuer » (1).

(1)   Che Guevara, Textes politiques. Paris, Maspero 1968.

(2)   Claude Tresmontant. Saint Paul et le mystère du christ. Paris, Le seuil, 1956.

(3)   R Debray, Le monde, 13 octobre 1967.

12/12/2006

Salvador Allende, histoire d’un mythe.

Avec la mort du dictateur Pinochet, le rouleau compresseur du politiquement -et de l’historiquement correct- se remet en branle, exaltant la légende dorée du dirigeant socialiste, donc progressiste versus la légende noire de la dictature militaire.Il n’est bien sur pas dans mon propos de minimiser l’horreur de la dictature de Pinochet ni de passer sous silences les meurtres, exactions, tortures, etc. qu’on y vit., mais bien de préciser les conditions de la dissolution en 1973 de la démocratie Chilienne.

L’ histoire officielle est la suivante: Allende a été renversé et assassiné par un complot militaro-fasciste soutenu par les Etats-Unis, et quiconque veut établir le bilan des responsabilités du gouvernement de l’Unité Populaire se voit aussitôt accusé de complicité avec Pinochet.

JF Revel, dont l’engagement anti-totalitaire n’est plus à démontrer, avait coutume de dire que lorsque le général Pinochet avait tué la démocratie, elle était déjà morte…

Qui était Salvador Allende ?

Ce médecin père de famille d’origine bourgeoise né en 1908 à Valparaiso, franc-maçon, lecteur de Marx et Lénine mais légaliste est le fondateur du parti socialiste Chilien en 1933. Il se distingue tôt par son activisme législatif social (création d’une sécurité sociale des ouvriers en 1937). Elu et réélu sénateur pendant un quart de medium_mir.gifsiècle et accumulant les échecs électoraux, Allende se retrouve durant l’été 1970 à la tête d’une coalition de gauche (Unité Populaire) hétérogène allant du centre à l'extrême gauche révolutionnaire (trotskystes et maoistes du MIR) en passant par les communistes, face à une droite elle même divisée. Le 4 septembre 1970, il est nommé légalement à la présidence de la république par la chambre des députés avec seulement 36.30% des suffrages et avec l’appui conditionnel de la démocratie chrétienne. Situation d’emblée difficile car Allende ne dispose ni d’une majorité au parlement, ni du pouvoir judiciaire, ni du pouvoir militaire.

Quel était le programme de l’Unité Populaire ?

Il fut définit par la convention de Chillan en 1967 :

-         « L’état bourgeois au Chili ne peut servir de base au socialisme, il est nécessaire de le détruire. Pour construire le socialisme, les travailleurs Chiliens doivent dominer la classe moyenne pour s’emparer du pouvoir total et exproprier graduellement tout le capital privé : c’est ce qui s’appelle la dictature du prolétariat. »

-         « La violence révolutionnaire est inévitable et légitime ; Elle est le résultat nécessaire du caractère violent et répressif de l’état classe. Elle constitue l’unique chemin qui mène à la prise du pouvoir politique, économique et à sa défense. »

-         « Il est possible pour le gouvernement de détruire les bases du système capitaliste de production. En créant et en élargissant l’aire de propriété sociale aux dépens des entreprises capitalistes et de la bourgeoisie monopolistique, nous pourrons leur faire quitter le pouvoir économique. »

 

Nulle ambiguïté, donc : collectivisation forcée et instauration d’une dictature du prolétariat.

Le socialisme Chilien.

medium_300px-Salvador-Allende_Fidel.jpgElu, Allende entreprend de mettre en application son programme socialiste dans le cadre de cette union de la gauche (nationalisation à grande échelle, réforme du système de santé, réforme agraire, blocage des prix, impôts sur les bénéfices, moratoire sur le remboursement de la dette extérieure, etc.). Ces réformes tantôt trop modéres, tantôt trop radicales, ne feront jamais l'unanimité dans son camp, et cette radicalisation du régime vers le collectivisme va effrayer le principal partenaire démocrate chrétien, majoritaire au congrès. Cette polarisation du pays est essentielle à la compréhension du climat insurrectionnel de guerre civile qui va s’instaurer progressivement. Nombre d’observateurs civils dénoncent une cubanisation du régime, comparaison d’autant plus juste qu’Allende ne cache pas ses liens amicaux avec le dictateur Cubain, dont les services secrets (DGI) sont omniprésents sur le sol chilien dés 1970 et assurent notamment sa sécurité rapprochée.

La fin de l’expérience socialiste.

La dégradation rapide de la situation économique (500% d’inflation en 1973, chute de la production de 10% par année après les nationalisations, développement du marché noir, rationnement, etc.) alliée à la radicalisation du débat politique expliquent la victoire de l’opposition en mars 1973, mais qui avec 55% des voix ne peut accéder au pouvoir. Dans ce climat insurrectionnel entretenu par l'extrême gauche révolutionnaire, une première tentative de putsch militaire a lieu le 29 juin 1973, sans succès. Le 23 août, Allende nomme le général Augusto medium_allende_pin.jpgPinochet commandant en chef des forces armées et décide la tenue d’un referendum, espérant un plébiscite. Quelques jours plus tard, le 11 septembre, c’est le putsch réussi des militaires avec Pinochet à leur tête, la mort (suicide ? meurtre ?) d’Allende dans son palais de la Moneda à Santiago, et l’instauration de la dictature militaire d’A Pinochet. Avec la chute d' Allende, c'est la fin d'une pratique démocratique originale vieille de plusieurs décennies qui avait valu à ce pays le surnom de "Prusse de l'Amérique du sud".

Le rôle des Etats-Unis.

En 1973, les USA ont impulsé depuis plusieurs décennies une politique d’endiguement face aux visées subversives, révolutionnaires ou terroristes des mouvements marxistes en Amérique latine. La guerre froide sur ce continent sud américain, zone d’influence traditionnelle des USA, prend la forme d’infiltrations, de subversions, d’attentats, de terrorisme de masse, de guérillas, de coups d’états et de dictatures militaires.L’accession au pouvoir d’Allende rassemble les caractéristiques d’une marche vers une régime totalitaire communiste à la Cubaine. Dés 1970, les USA vont tout faire pour limiter les réformes de la coalition d’Allende, notamment les nationalisations et la réforme agraire, et faire capoter l’expérience collectiviste Chilienne.Il est acquis que les USA ont essayé de renverser Allende en 1970 (projet FUBELT), mais leur participation directe dans le coup d’état de 1973 n’est pas avérée à ce jour.L’impression d’ensemble est que les USA (la CIA et Kissinger notamment) n’ont pas eu de participation directe dans l’accession au pouvoir d’A Pinochet mais qu’ils ont créés les meilleures conditions possibles, notamment par le biais de pressions économiques et politiques constantes.

Voilà pour les faits.

Quelques remarques :

-         en 1973, la faillite économique du régime socialiste d’Allende est avérée (malgré les nombreux ré échelonnements de dette et les nouveaux crédits consentis) et résulte avant tout de causes internes (propre à toute expérience collectiviste) et non pas seulement externes (pressions économiques et politiques américaines bien réelles) ;

-         la faillite politique et démocratique est également indiscutable : décomposition de l’état, polarisation extrême du corpus politique paralysant toute coalition stable, climat insurrectionnel permanent (grève des camionneurs, des patrons, des mineurs de cuivre, manifestations populaires casseroles à la main, etc.) ; La radicalisation et la faible légitimité du régime expliquent la résistance d’une grande partie de la société civile déçue de la « chilena via al socialismo », mais aussi celle de l'armée traditionellement conservatrice, et le climat de guerre civile de l’année 1973.

-         A la veille du coup d’état, Salvador Allende ne pouvait déjà plus maintenir au pouvoir de façon démocratique l’Unité Populaire telle qu’il l’avait constituée. Il envisagea, en légaliste et c’est à son crédit, un gouvernement d’union nationale avec les démocrates chrétiens, solution qui fut repoussée par les socialistes et les communistes. Restaient possibles la guerre civile, l’instauration d’un système totalitaire de type castriste ou un putsch militaire, qui advint malheureusement.

-         La responsabilité collective de la coalition de gauche au pouvoir de 1970 à 1973 et la responsabilité personnelle d’ Allende dans la situation du pays à la veille du coup d’état sont écrasantes et ne doivent pas être masquées par le dégoût légitime du régime dictatorial issue de la faillite de l’expérience socialiste Chilienne.

-         Il est par ailleurs difficile de ne pas faire d’analogie avec la période pré insurrectionnelle que connut l’Espagne dans les années 30, avant le déclenchement de la guerre civile en 1934 (révolution des Asturies) : même radicalisation /bolchevisation de la gauche dite modérée, même polarisation extrême de la société civile et du corpus politique, même réaction autoritaire désespérée du pays conservateur devant la menace totalitaire communiste, et même instauration d’un régime dictatorial original (distinct d'un régime fasciste stricto sensu).

-         Bien que marqué par la doxa marxiste et constamment sollicité par la gauche radicale (MIR, et communistes), Salvador Allende crut jusqu’au bout, sans doute, possible une solution démocratique, légale. Quel que furent ses erreurs et son aveuglement, il ne faut pas l'oublier.