08/05/2009
old time sake
18:17 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sprinsteen
en passant
« C’est Véronique qui m’a prêté ces Lettres à Casanova, et c’est également elle qui m’a apporté hier, à la piscine, le fragment d’un livre sur le maréchal de Richelieu paru en 1791, Véritable vie privée du maréchal de Richelieu, une plaquette parue au Mercure de France en 2004 et que j’ai commencé à lire ce matin.
L’auteur, anonyme, écrit à propos d’une maîtresse du duc de Richelieu : « Son amant alors était tout pour elle ; le mari qu’elle avait tant aimé avait perdu les charmes qui l’embellissaient, le temps de la séduction était passé, et l’on sait qu’il ne peut revenir. » Cette observation sur la manière dont, chez une femme, s’évanouit le désir est très fine, très juste. J’ai dès ma jeunesse été frappé par ce refroidissement sans remède qui fait qu’une femme qui, quelques semaines auparavant, se livrait dans mes bras aux plus voluptueuses folies refuse après la rupture de m’accorder ne fut-ce qu’un baiser. J’ai décrit cela dans Ivre du vin perdu, et je l’ai expérimenté des dizaines de fois. C’est une disposition spécifiquement féminine. Un homme, lui, n’agit pas de la sorte : revoyant une ex-maîtresse, même s’il ne l’aime plus, même s’il l’a oubliée, il peut, si cette femme est encore belle, éprouver pour elle une bouffée de désir, avoir envie de recoucher, ne serait-ce qu’une foi, avec elle.
Nous sommes faibles et tendres, prompts à nous enflammer, nous les hommes.
Les femmes, ce sexe dur et froid. »
Carnets noirs, Gabriel Matzneff.
15:05 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gabriel matzneff, carnets noirs
07/05/2009
pourquoi, bordel?
Etonnant les détours des commentaires...j'ai revu récemment la 317ème section qui relate l'histoire de quelques guerriers français perdus en Indochine, une époque que j'aurais aimé vivre assurément. Comme photon, j'aime particulièrement Schoendoerffer qui réussit à montrer la réalité de la guerre comme peu. et en cherchant à illustrer ce film je suis tombé sur ce rush de la 317ème section ou l'on peut voir bruno Kremer, acteur admirable et sobre, bien loin d'hollywood et très prés effectivement du Pierre Fresnay de la Grande illusion ou du Kirk Douglas des Sentiers de la gloire. une autre époque.
Concernant les liens d'Hoplite, il ne faut pas y attacher trop d'importance. Ceux qui y figurent comptent ou ont compté assurément dans mon parcours, comme Revel, celui du plaidoyer Pour l'Italie ou de Pourquoi des philosophes?, l'homme érudit et cultivé que j'ai lu passionnément avant de m'éloigner un peu de sa ligne politique. Comme le dis bien photon, certains blogs que je visite quotidiennement ne figurent pas dans cette liste. pourquoi? par paresse, mais aussi certainement plus ou moins consciemment par volonté de garder une ligne politique ou idéologique spécifique dont la cohérence saute aux yeux!!! de libération (ab inimico disce) à revel en passant par l'ami Ivane, renaud camus, maître de Plieux, le site de la "nouvelle droite" ou dernier motel sur la gauche, on voit bien qu'il s'agit plus d'une églogue (eklege, recueil, florilège) que d'une liste engagée et construite.
Cela reflète bien sûr un peu l'évolution de ma pensée politique (ho, ho), éminemment fluctuante au fil des mois et des lectures...une chose est sure, une conversation rugueuse avec un authentique fasciste comme Ivane (comme ceux de Malaparte qui se font fusiller en criant "vive Mussolini" sur les marches d'une église Florentine par des partisans communistes avant d'être balayés par le maître des lieux) ou avec une communiste engagée de mes amies ou encore un curé apôtre de vatican II que j'aime qualifier de "soldat de Dieu" à son corps défendant, m'apporte mille fois plus que n'importe quel échange avec un sarkosyste ou bayrouiste, thuriféraires d'une pensée tiède qui me hérisse. Mon côté exalté sans doute, qui aurait pu faire de moi, en d'autre temps un Malaparte (je parle de l'engagement politique, pas du talent littéraire...), un Jünger ou un Venner...sans finir par léguer mes biens à la République Populaire de Chine pour autant!
Ce monde de marchands combinards et vulgaires aux regards nuls et aux sourires atrophiés, comme dit Cioran, n'ayant que bizness à la bouche m'insupporte, m'ennuie simplement. Et voila je digresse, je digresse, bordel! et tout le monde s'en fout assurément. Je repense au Crabe tambour, à l'Indochine, à ces histoires d'hommes, de guerre, d'honneur, à ces destins tragiques...tout ça parait tellement loin. Mais quelques pages de l'Iliade ou d'Orages d'acier me suffisent à oublier cette réalité tiède et trompeuse. La vie ce n'est pas ça.
Il n'y a pas un jour ou je ne me dise qu'il est temps d'arrêter ce blog insignifiant perdu dans la blogosphère réactionnaire dans laquelle je ne me reconnais pas la plupart du temps. Et puis une lecture, une réflexion, un film et j'ai envie de faire partager, comme un gamin, le bonheur -ou la haine- que je ressens à ce moment là.
Allez, force et honneur!
21:40 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : hoplite bourré toujours comme ça
06/05/2009
libération
«Berlin m'a donné le blues. Nous avons détruit ce qui aurait pu être une bonne race, et nous sommes en train de les remplacer par des sauvages mongols. Et toute l'Europe sera communiste. On dit que la première semaine après qu'ils l'aient prise [la ville de Berlin], toutes les femmes qui couraient étaient tuées et celles qui ne couraient pas étaient violées. J'aurais pu la prendre si on m'avait laissé faire».
Général George S Patton, après une visite dans Berlin en ruines, dans une lettre à sa femme le 21 juillet 1945, cinq mois avant de disparaitre dans un accident de voiture plus que suspect.
22:31 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : berlin 1945, patton, communistes
04/05/2009
317
23:46 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : bruno cremer, schoendoerfer, 317 section
on ne sert pas deux maîtres
« Le triomphe du christianisme fut l’anéantissement de la vie civile pour mille ans. L’islamisme ne fit qu’appliquer le même principe. La mosquée, comme la synagogue et l’église, est le centre de toute vie. Le Moyen Age, règne du christianisme, de l’islamisme et du bouddhisme, est bien l’ère de la théocratie. Le coup de génie de la Renaissance a été de revenir au droit romain, qui est essentiellement le droit laïc, de revenir à la philosophie, à la science, à l’art vrai, à la raison, en dehors de toute révélation.
Ainsi, à mesure que l’Empire baisse, le christianisme s’élève. Durant le IIIème siècle, le christianisme suce comme un vampire la société antique, soutire toutes ses forces et amène cet énervement général contre lequel luttent vainement les empereurs patriotes. Le christianisme n’a pas besoin d’attaquer de vive force, il n’a qu’à se refermer dans ses églises. Il se venge en ne servant pas l’Etat, car il détient presque à lui seul, des principes sans lesquels l’Etat ne saurait prospérer. La cité et l’Etat ne s’accommoderont plus tard avec le christianisme qu’en faisant subir à celui-ci les plus profondes modifications.
Le chrétien des origines est embarrassé, incapable quant aux affaires du monde ; l’Evangile forme des fidèles, non des citoyens. Il en fut de même pour l’islamisme et le bouddhisme. L’avènement de ces grandes religions universelles mit fin à la vieille idée de patrie ; on ne fut plus Romain, Athénien ; on fut chrétien, musulman, bouddhiste ; Les hommes, désormais, vont être rangés d’après leur culte, non d’après leur patrie, ils se diviseront sur des hérésies, non sur des questions de nationalité.
Voila ce que vit parfaitement Marc Aurèle, et ce qui le rendit si peu favorable au christianisme. L’Eglise lui parut un état dans l’état. « Le camp de la piété », ce nouveau « système de patrie fondée sur le Logos divin », n’a rien à voir avec le camp romain, lequel ne prétend nullement former des sujets pour le ciel. L’Eglise, en effet, s’avoue une société complète, bien supérieure à la société civile ; le pasteur vaut mieux que le magistrat. L’Eglise est la patrie du chrétien, comme la synagogue est la patrie du juif ; le chrétien et le juif vivent dans le pays où ils se trouvent comme des étrangers. A peine, même, le chrétien a-t-il un père et une mère. Il ne doit rien à l’empire et l’empire lui doit tout.
Le plus important des devoirs civiques, le service militaire, les chrétiens ne pouvaient le remplir. Ce service impliquait, outre la nécessité de verser le sang, qui paraissait criminelle aux exaltés, des actes que les consciences timorées trouvaient idolâtriques. Il y eut sans doute plusieurs soldats chrétiens au IIème siècle ; mais bien vite l’incompatibilité des deux professions se révélait, et le soldat quittait le ceinturon ou devenait martyr. L’antipathie était absolue ; en se faisant chrétien, on quittait l’armée. « On ne sert pas deux maîtres », était le principe sans cesse répété. La représentation d’une épée ou d’un arc sur une bague était défendue. «C’est assez combattre pour l’empereur que de prier pour lui. » Le grand affaiblissement qui se remarque dans l’armée romaine à la fin du IIème siècle, et qui éclate surtout au IIIème siècle, a sa cause dans le christianisme. Celse aperçut ici le vrai avec une merveilleuse sagacité. Le courage militaire qui, selon le Germain, ouvre seul le Walhalla, n’est point par lui-même une vertu aux yeux du chrétien. S’il est employé pour une bonne cause, à la bonne heure ; sinon, il n’est que barbarie. Certes, un homme très brave à la guerre peut être un homme de médiocre moralité ; mais une société de parfaits serait si faible !
Pour avoir été trop conséquent, l’Orient chrétien a perdu toute valeur militaire. L’islam en a profité, et a donné au monde le triste spectacle de cet éternel chrétien d’Orient, partout le même malgré la différence des races, toujours battu, toujours massacré, incapable de regarder en face un homme de guerre, offrant perpétuellement son cou au sabre, victime peu intéressante car elle ne se révolte pas et ne sait pas tenir une arme, même quand on la lui met dans les mains. »
Ernest Renan, Histoire des origines du christianisme.
21:34 | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : renan, christianisme, islam, evangile