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30/08/2012

des européens

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« Dans un entretien roboratif accordé à Flash, aujourd’hui disparu, Aymeric Chauprade n’hésite pas à proclamer : « Maintenant, ce qui fait sens, c’est distinguer les États-Unis de l’Europe. L’Europe est une vieille civilisation aujourd’hui asservie par la géopolitique américaine. Les signes de notre libération sont là. Nous avons deux grandes révoltes à mener : contre les États-Unis et contre l’immigration de peuplement qui est en train de submerger nos vieux peuples (2) ». Il y oublie une troisième révolte à fomenter contre les banques et les financiers rapaces de l’hyper-classe. »

«  (...) Aymeric Chauprade ne verse pas dans le pessimisme. Pour lui, « l’affirmation islamique en terre d’islam comme à l’intérieur de l’Europe (immigration massive) pourrait néanmoins conduire de plus en plus d’Européens à considérer que l’enjeu identitaire est l’enjeu vital du XXIe siècle (p. 29) ». Il ne cache pas que « ce combat est essentiel ; pour que l’Europe ne devienne jamais la périphérie soumise d’une Asie hyperpuissance ou que les filles de France n’aient pas à craindre demain la rigueur d’une police “ du vice et de la vertu »  source

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« L’Union européenne est donc entrée, en profondeur, dans un processus qui, à l’issue de ce siècle, aura abouti au remplacement de sa population d’origine par des populations non européennes, africaines et asiatiques. L’Europe ne sera plus européenne à la fin du XXI e siècle. Mais ce que connaît notre civilisation européenne, héritière de Rome et des cathédrales du Moyen-âge, est à différencier de la situation nord-américaine, des Etats-Unis en particulier. Le dernier livre de l’universitaire américaine Samuel Huntington montre en effet que si l’Amérique tend à perdre sa dominante « blanche » et anglo-saxonne, elle reste néanmoins culturellement chrétienne; plus que cela, les guerres dans lesquelles elle est entrée contribuent, au-delà des fractures communautaristes, à refonder la nation américaine autour d’une religiosité commune. Les Etats-Unis continuent donc, à partir de plusieurs races, à fabriquer des Américains. Au contraire, il y a peu d’espoir que l’Union européenne, à partir de populations ethniquement extra-européennes, ne parvienne à fabriquer des Européens de culture. D’abord parce qu’à la différence des Etats-Unis (qui absorbe une majorité de chrétiens et parvient encore à convertir une proportion significative de ceux qui ne l’étaient pas), l’immense majorité des migrants vers l’Europe n’est pas de religion chrétienne; ensuite, parce que la volonté de « convertir » ces migrants, si ce n’est à la religion des Européens, du moins aux valeurs qui en découlent, a disparu. Non seulement la construction européenne telle qu’elle est envisagée aujourd’hui contribue à éradiquer les identités nationales, mais aucune identité européenne de substitution n’est proposée en lieu et place de celles-ci. En conséquence, l’immigré extra-européen est accueilli par un ensemble économique progressivement vidé de ses contenus identitaires et dans lequel il n’a aucune chance de s’assimiler puisqu’il n’a plus rien à assimiler. Plus les années passeront, moins les écoles européennes seront en mesure d’assimiler les petits enfants d’origine extra-européenne. Regardons à ce propos les chiffres en France et notamment celui des effectifs des enfants d’immigrés d’origine extra-européennes (âgés de moins de 15 ans) : ils constituent déjà 13 % des enfants dans les classes. En 2030, ce chiffre sera passé à 25 % mais dans les grands centres urbains (Paris, Marseille, Strasbourg...) cette proportion pourra être de 50 voire 75 %. On voit bien que l’idée même d’assimilation n’a déjà plus de sens.

Ma conclusion est donc radicale ou sombre. Ou bien l’Union européenne lance dans les prochaines années à venir une sorte de « Plan Marshall » de relance de la natalité et de réduction de l’immigration extra-européenne (politique d’immigration sélective, abolition du regroupement familial, encouragement au retour par limitation drastique des prestations sociales...) ou bien la civilisation européenne aura disparu à la sortie de ce siècle. »  Aymeric Chauprade source

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Voilà, l’essentiel est dit. Entre les flux migratoires européens et leurs particularités ethnico-culturelles, l’évolution propre de la démographie des peuples européens de souche, la disparition programmée des cultures autochtones avec la complicité (l’enthousiasme même) des nomenklaturas locales, l’avenir est bien sombre et la possibilité d’être de « bons européens » comme disait Nietsche ou de « mauvais bourgeois » comme disait Jünger, de plus en plus réduite.

« « Il y a deux types de communautés, déclarait Bernard-Henri Lévy au Quotidien de Paris (16 janvier 1981). Les communautés de fait, d'abord. C'est-à-dire de « race », de »terre », de « terroir », de « région », de nation, que sais-je encore, toutes ces communautés incarnées (...) dont l'horizon me parait toujours être l'enfermement, la violence et finalement la barbarie. Et puis il y a les autres. Les communautés de verbe, de loi, de papier, d'idée, d'idéal. Des communautés sans ancrage, des rassemblements sans frontières, des identités cosmopolites et toujours transgressives ». Pour nous qui, contrairement à l'Ezéchiel de drugstore, n'avons pas choisi les « communautés de papier », la France constitue l'une de ces communautés « incarnées » dans lesquelles s'enracine notre vue-du-monde et sans lesquelles les idées que nous nous efforçons de promouvoir ne serait plus que des mots vides de sens. » (Alain de Benoist, Eléments printemps 1981)

Le weltgeist s’incarne hélas dans le triste BHL : des « identités cosmopolites transgressives» et des « rassemblements sans frontières »…au moins pour les européens, sommés d’oublier qui ils sont et d’où ils viennent et de s’effacer au profit d’autres (appellés, eux, à exalter leurs culture d'origine), nombreux, peu désireux de s’assimiler sinon de s’intégrer, largement hostiles aux cultures autochtones car encore enracinés dans des cultures traditionnelles/ holistes valorisant la communauté au détriment de l’individu, cette créature moderne. Ou comment la modernité occidentale et son anthropologie individualiste/nominaliste à l’origine du courant philosophique libéral et incapable de réduire le fait communautaire propres aux populations immigrées (au gap civilisationnel infranchissable au plus grand nombre) en vient à s’accommoder d’un modèle multiculturaliste qui se signale partout par sa faillite à établir les conditions de la paix civile. Et bute sur une constante anthropologique établie depuis bien longtemps :

« L'absence de communauté nationale est facteur de guerre civile, tant que les citoyens ne partagent pas les mêmes valeurs de civilisation. Une cité ne se forme pas à partir de gens pris au hasard, et elle a besoin de temps pour se coaguler. C'est pourquoi, parmi ceux qui ont accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux, et pour les intégrer à la cité, la plupart ont connu des guerres civiles. Par exemple, les tyrans de Syracuse, en ayant naturalisé les immigrés, ont dû subir des révoltes. Citoyens et étrangers en sont venus à se combattre. » (Aristote, Politique, Livre V)

« Sans doute nous berçons-nous du rêve que l’égalité et la fraternité règneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité. Mais si l’humanité ne se résigne pas à devenir la consommatrice stérile des seules valeurs qu’elle a su créer dans le passé, capable seulement de donner le jour à des ouvrages bâtards, à des inventions grossières et puériles, elle devra réapprendre que toute création véritable implique une certaine surdité à l’appel d’autres valeurs, pouvant aller jusqu’à leur refus sinon même à leur négation. Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l’autre, s’identifier à lui, et se maintenir différent. Pleinement réussie, la communication intégrale avec l’autre condamne, à plus ou moins brève échéance, l’originalité de sa et de ma création. » (Claude Lévi-Strauss, Race et culture, 1971)

Ou comment le rêve babélien et rose des idéologues du métissage culturel mais aussi d’une finance globalisée avide de marchés et hostiles à toutes les barrières culturelles/identitaires, obstacles naturels à la propagation de sa logique marchande se fracasse, jour après jour, sur la botte souveraine et anthropologique de la réalité.

Car parallèlement à l’effondrement démographique et culturel européen, force est de constater –aussi- celui du sentiment communautaire et avant tout à cause de cette anthropologie individualiste héritée des Lumières et du courant philosophique libéral ; je veux dire par là, et encore une fois, que cela ne signifie pas qu’un libéral ne puisse pas défendre des identités collectives mais qu’il le fait alors en contradiction avec les principes dont il se réclame…Les fils et filles de Constant, Hume ou Tocqueville sont des hommes et des femmes seuls (« désassociés ») livrés à eux-mêmes, certes « émancipés » mais seuls, libérés mais malheureux, dépourvus de toutes ces appartenances, enracinements, liens, filiations, de toutes ces structures d’existences organiques héritées ou construites qui assuraient la permanence d’un lien social communautaire, rendant ainsi nécessaire un interventionnisme étatique toujours plus tentaculaire à la mesure de la dissolution généralisée du lien social (le genre de chose que refusent de voir tous les Marchenoir de la terre : l’interventionnisme étatique est, aussi, directement lié à l’essor du courant philosophique libéral fondé sur cette anthropologie individualiste : plus de liberté amène plus d’Etat, ce Leviathan ! Et oui)

Si nous voulons survivre en tant qu’héritiers (ce mot honni de nos modernes) d’une culture européenne singulière et brillante (ayant sa part d’ombre comme les autres), il faudra commencer par :

-retrouver foi en nous et un sentiment identitaire et communautaire, (lire le livre de D Venner, « Européens, 30 000 ans d’histoire » par exemple), et ne pas se résigner à l’épuisement apparent du sens et du regard de notre culture et de la parenthèse nihiliste que nous vivons,

-nommer nos meilleurs ennemis (ceux que désigne Chauprade en début de post) : l’impérialisme US et son Amérique monde de G men multikulti et de rappeurs multicolores, ce cauchemar climatisé, l’immigration de peuplement, l’épuisement des architectures de sens noyées sous l’hédonisme et le matérialisme libéral ou marxiste,

-décoloniser notre imaginaire de tous ces mythes incapacitants (pseudo-culpabilité ontologique liée au fait colonial, à deux guerres mondiales, à l’extermination des juifs d’Europe, à Vichy,  etc.) propagés par une hyperclasse arrogante et cosmopolite, mieux, comme le dit Soljénitsyne de ses bourreaux de la Kolyma, les ignorer et se reconstruire à côté.

-et faire des gamins..

23/08/2012

Syrie riot

 

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"Alors que l’affaire Pussy Riot n’en finit pas de faire parler d’elle, la condamnation des 3 anarchistes masquées éclipserait presque la terrible guerre civile qui est en train de se jouer en Syrie. Alors que le printemps arabe de 2011 frappe nombre de pays au proche et moyen orient, la Syrie n’est pas non plus épargnée. Dès le début 2011, comme en Tunisie, un jeune Syrien du nom d’Hasan Ali Akleh s’immole par le feu.

Dès le mois d’avril 2011, la situation se complique sensiblement, des clashs violents opposent les manifestants à l’armée Syrienne. Malgré de nombreux gestes et mesures de l’état Syrien à cette période pour tenter de résorber les tensions sociales (baisse des taxes sur les produits alimentaires, embauche de fonctionnaires, non instauration de la TVA ou encore création de fonds sociaux pour aider les plus démunis…), la tension continue d’augmenter et les manifestations gagnent en intensité dans tout le pays. La Syrie connait durant ce printemps 2011 son printemps arabe.

Dès l’été 2011 des soldats démissionnaires créent l’Armée Syrienne Libre (ASL), et les affrontements avec l’armée Syrienne deviennent meurtriers. A cette époque se crée également une hypothétique structure d’opposition : les comités locaux de coordination pour l'avenir politique de la Syrie, qui aboutiront à la création en octobre 2011 en Turquie du Conseil National Syrien (CNS), majoritairement sous domination des frères musulmans.

Le conseil National Syrien deviendra rapidement (dès novembre 2011) la branche politique de l’ASL, et il installe sa base en Turquie. Dès le début de l’année 2012 Le CNS propose aux occidentaux de lancer une campagne de frappes aériennes préventives et verse des salaires aux combattants Syriens qui affrontent l’armée régulière Syrienne. 2012 marquera une intensification des violences et le début d’une guerre civile et politique en Syrie. En avril 2012, l’ONU met en place une mission destinée à faire cesser les hostilités, le plan Annan, qui n’aboutira pas. Dans le même temps sur le plan diplomatique et depuis le début de la contestation en Syrie, la Russie et la Chine ont, chacune, opposé trois vétos aux tentatives de l’ONU de faire pression sur Damas. Bien sur le Main-Stream médiatique ne retient que le veto Russe, suspectant la Russie de soutenir encore une fois un dictateur, comme ce fut le cas en Libye. En réalité la position diplomatique russe est beaucoup plus subtile que cela et surtout elle semble prendre en compte certains équilibres géostratégiques régionaux essentiels.

Les Russes et les Chinois forment au sein des BRICS une sorte de tandem diplomatique. Ils opposent à une vision interventionniste dans les affaires du monde, leur vision, basée sur la non ingérence et la souveraineté nationale. Il s’agit d’un affrontement entre deux conceptions du monde : l’une unipolaire et l’autre multipolaire. Pour la Chine, et la Russie, les expériences Afghanes, Irakiennes et Libyennes sont loin d’être des réussites, au contraire, les interventions militaires occidentales n’ont fait que contribuer à la destruction des états visés. C’est le cas de l’Afghanistan (absolument pas pacifié), de l’Irak (scindé de facto en trois) et de la Libye, désormais sous contrôle d’islamistes radicaux dont les supplétifs affluent pour se battre en Syrie, déstabilisant un état voisin.

En outre ni Russes ni Chinois ne souhaitent voir se réitérer l’option Libyenne ou leur non opposition aux sanctions contre le régime Libyen a abouti à une intervention militaire, non pas cantonnée à empêcher un massacre a Benghazi, mais à une guerre ouverte pour renverser Kadhafi. Comme le précise Pascal Boniface : " à ce moment Russes et Chinois mais également les autres grandes nations du Sud ont estimé qu'ils avaient été trahis d'où la persistance de leur refus d'une nouvelle décision du Conseil de sécurité".

La Syrie Baasiste de Bashar-El-Assad est un état musulman laïc et autoritaire. Contestable comme beaucoup d’autres dans la région, ce régime politique présente néanmoins d’indéniables points forts. La minorité Chiite Alaouite à laquelle appartient le président a su jusqu’à présent imposer une cohabitation pacifique entre toutes les religions en réprimant d’une main de fer les extrémistes islamiques, et protégeant les nombreuses minorités présentes dans le pays, à savoir 30 à 35% de la population. Les 65 ou 70% restants sont des musulmans sunnites au sein desquels existe une minorité extrémiste des frères musulmans, qui a pris le contrôle politique de la résistance Syrienne. Cette tendance ne représente pourtant pas la majorité des sunnites, ni même celle des opposants au régime Assad.

Dès lors on peut se demander pourquoi cette ASL bénéficie d’un tel soutien à l’étranger et d’une telle complaisance médiatique malgré des scènes abominables d’égorgements, de tortures et de massacres de partisans (civils ou militaires) de l’état Syrien qui ont fait le tour de la planète. On sait désormais parfaitement que la Syrie est devenue la terre sainte des Djihadistes du monde entier (voir ici) et que ces groupes armés d’opposition sont majoritairement financés et aidés par la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite d’une part, et par des états occidentaux (Angleterre, Allemagne, Amérique) d’autre part.

Par conséquent la Syrie est actuellement victime d’une agression de l’étranger, organisée par une bien étrange coalition de dictatures Islamistes, de pays occidentaux et du principal allié de l’Otan dans le monde musulman, la Turquie. Curieusement (?) ces états ne semblent pas du tout concernés par la situation au Bahreïn, ou une minorité Sunnite qui détient le pouvoir est fortement contestée par la majorité Chiite, et ou le pouvoir n’hésite pas à faire ouvrir le feu sur la foule désarmée, ce qui n’est à ce jour jamais arrivée en Syrie. (...) source/suite

Alexandre Latsa, 2012.

photo: pas de rapport, trouvé ça joli.

22/08/2012

redressement productif

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« (…) Avertissement : ce que je suis sur le point de dire est peut-être déplaisant, mais j'aimerais me débarrasser de la question. La plupart des progrès technologiques du XXe siècle ont résulté en un plus haut niveau de confort physique. Oui, c'est pour cela que nous avons causé le réchauffement global, un trou dans la couche d'ozone et une extinction massive des plantes, poissons, oiseaux et mammifères : pour être quelque peu plus confortables pendant un petit moment.

Nous comptons tous sur le chauffage et l'air-conditionné, l'eau chaude et froide, l'électricité fiable, le transport personnel, les routes bitumées, les rues et les parcs de stationnement illuminés, peut-être même l'internet à haut débit. Et si vous deviez laisser tomber tout cela ? Ou, plutôt, que ferez-vous quand vous devrez abandonner tout cela ?

La plupart de nos ancêtres s'accommodaient d'un niveau d'inconfort que nous trouverions scandaleux : pas d'eau chaude courante, une cabane au lieu de toilettes à chasse d'eau, pas de chauffage central, et ses propres pieds, ou un cheval, comme principal moyen de se déplacer. Et pourtant ils ont réussi à produire une civilisation et une culture que nous parvenons à peine à imiter et à préserver.

Il n'y a pas besoin d'une crise pour faire vaciller les services publics, mais une crise aide certainement. N'importe quelle crise fera l'affaire : économique, financière, ou même politique. Considérons le gouverneur de Primorie*, une région à l'extrémité de la Sibérie, qui a simplement volé tout l'argent qui était censé payer le charbon pour l'hiver. Le Primorie a gelé. Avec des températures hivernales autour de quarante degrés sous zéro, c'est un émerveillement qu'il y ait encore quelqu'un de vivant là-bas. C'est un témoignage de la persévérance humaine. Tandis que la situation économique dégénère, les événements semblent se dérouler en une certaine séquence, indépendamment du lieu. Ils semblent toujours mener au même résultat : des conditions insalubres. Mais une crise énergétique semble pour moi de loin la manière la plus efficace de priver quelqu'un de ses chers services publics.

En premier, l'électricité commence à clignoter. Finalement, cela prend un rythme. Des pays tels que la Géorgie, la Bulgarie et la Roumanie, ainsi que certaines régions périphériques de la Russie, ont dû s'accommoder de quelques heures d'électricité par jour, quelquefois pendant plusieurs années. La Corée du Nord est peut-être le meilleur élève soviétique que nous ayons, survivant sans beaucoup d'électricité depuis des années. La lumière s'allume en tremblotant quand le soleil se couche. Les générateurs luttent pendant quelques heures, alimentant les ampoules, les postes de télévision et les radios. Quand il est l'heure d'aller au lit, les lumières s'éteignent à nouveau.

À la seconde place, le chauffage. Chaque année, il s'allume plus tard et s'éteint plus tôt. Les gens regardent la télévision ou écoutent la radio, quand il y a de l'électricité, ou s'assoient simplement sous des piles de couvertures. Partager la chaleur corporelle est l'une des techniques de survie favorites des êtres humains depuis les ères glaciaires. Les gens s'habituent à avoir moins de chaleur, et finalement cessent de se plaindre. Même en ces temps relativement prospères, il y a des blocs d'appartements à Saint-Pétersbourg qui sont chauffés un jour sur deux, même durant les périodes les plus froides de l'hiver. Des pulls épais et de grands édredons sont utilisés à la place des seaux de charbon manquants.

À la troisième place, l'eau chaude : la douche coule froide. À moins que vous ayez été privé d'une douche froide, vous ne pourrez pas l'apprécier pour le luxe qu'elle offre. Au cas où vous seriez curieux, c'est une douche rapide. Mouillez-vous, savonnez, rincez, essuyez, habillez-vous et grelottez, sous plusieurs couches de couvertures, et n'oublions pas la chaleur corporelle partagée. Une approche moins radicale est de se laver debout dans un baquet d'eau chaude — chauffée sur le poêle. Mouillez-vous, savonnez, rincez. Et n'oubliez pas de grelotter.

Ensuite, la pression d'eau chute complètement. Les gens apprennent à se laver avec encore moins d'eau. On court beaucoup avec des seaux et des cruches en plastique. Le pire de cela n'est pas le manque d'eau courante ; c'est que les chasses d'eau des toilettes ne fonctionnent plus. Si la population est éclairée et disciplinée, elle réalisera ce qu'elle doit faire : collecter ses excréments dans des seaux et les porter manuellement jusqu'à une bouche d'égout. Les gens super-éclairés ont construit des cabanes et fabriqué des toilettes à compostage, et en utilisent le produit pour fertiliser leur jardin.

Sous cet ensemble combiné de circonstances, il y a trois causes de mortalité à éviter. La première est simplement d'éviter de mourir de froid. Il faut une certaine préparation pour être capable d'aller camper en hiver. Mais c'est de loin le problème le plus facile. La suivante est d'éviter les pires compagnons des humains au cours des âges : les punaises, les puces et les poux. Ceux-là ne manquent jamais de faire leur apparition partout où des gens sales se pressent les uns contre les autres, et répandent des maladies telles que la typhoïde, qui a pris des millions de vies. Un bain chaud et un changement complet de vêtements peuvent sauver la vie. Le style sans-cheveux devient à la mode. Passer au four les vêtements tue les poux et leurs œufs. La dernière est d'éviter le choléra et d'autres maladies répandues par les fèces en faisant bouillir toute l'eau potable.

Il semble peu risqué de postuler que le confort matériel auquel nous sommes accoutumés sera rare et sporadique. Mais si nous voulons bien supporter les petites indignités de la lecture à la chandelle, s'emmitoufler durant les mois froids, s'activer avec des seaux d'eau, grelotter debout dans un baquet d'eau tiède, et transporter notre caca dans un seau, alors rien de tout cela ne suffira à nous empêcher de maintenir un niveau de civilisation digne de nos ancêtres, qui ont probablement vécu pire que nous ne vivrons jamais. Ils en étaient déprimés ou joyeux, conformément à leur disposition personnelle et au caractère national, mais apparemment ils ont survécu, ou vous ne seriez pas en train de lire ceci. (...)»

Dmitry Orlov, 2005.

* Le Primorie est une région administrative à la frontière de la Chine et de la Corée du nord.

21/08/2012

politrouks


« La condamnation des trois punkettes, étudiantes brillantes et mères de familles, se voulait une démonstration de force du Kremlin, adossé à une justice aux ordres et à une église orthodoxe plus que complaisante. Mais à l’heure d’internet et du village global, elle résonne comme un singulier aveu de faiblesse, autant que de stupidité : elle donne un nouveau souffle à l’opposition, qui en manquait cruellement ces derniers temps. Une fois de plus, le Kremlin vient de se tirer une balle dans le pied. » Le Monde, 20/08/2012.

Sur la forme, il est bien clair que sur un plan simplement sémantique, le nom de « pussy riot », sorte de concentré de transgression ordinaire en bois à connotation sexuelle et de rebellion de pacotille ne pouvait qu’exciter toutes les Josyane Savigneau et autres cohortes de clowns  invertébrés multicolores lecteurs fidèles des Inrocks et « mutins de panurge élevés dans les zones de stabulation de la pensée unique » (aurait dit Muray) ; je propose « fucking partizans » ou « christian devils » pour les prochains épisodes.

Sur le fond, il se trouve que le pouvoir judiciaire russe considère que cette vidéo est une offense faite à l’église orthodoxe et aux chrétiens russes, plus généralement une injure à une des rares stuctures de sens qui subsistent en Russie avec le patriotisme, l’alcoolisme et l’anti-sémitisme. On peut penser sans trop d’effort  que Poutine se serve de la religion à des fins politiciennes, on peut aussi penser qu’il soit sincèrement choqué et qu’une majorité de russes le soit, peu importe, après tout c’est leur droit: « charbonnier est maître chez lui » , aurait dit le philosophe Goebbels.

Je me demande quelle tête ferait Erik Izraelewicz et ses politrouks* du Monde si une vidéo, en Occident, figurait un concert punk subversif lors d’un repas du CRIF ou sur la plage de Gorée ou encore dans les locaux d’Act-up ! Une sale gueule assurément ! J’imagine très bien un édito intitulé « Nuit et brouillard » ou bien « le retour des heures les plus sombres », je lis d’ici le « J’accuse ! » de notre BHV national appellant à mettre à mort l’hydre de l’anti-sémitisme, du racisme ou de l’homophobie toujours –et naturellement- renaissants dans ce pays maudit qui est le nôtre (la thèse de son livre « L’idéologie française), mais aussi à mettre en œuvre d’urgence des campagnes de sensibilisation à l’antiracisme dés la maternité ou des voyages organisés à Maidanek dès la grande section. Le rappel en urgence de tous les curés du moment, de tous les torquemadas de l’inquisition anti-raciste, les Simone Weil, les Pierre Bergé, les Thuram et autres imposteurs stipendiés pour contrer l’hérésie et ramener les masses dans le credo occidental de l’anti-racisme, de la lutte contre l’anti-sémitisme et l’homophobie. Et combattre d’ardeur pour criminaliser les auteurs de pareils forfaits…

« Elections falsifiées, persécutions des opposants, résurgence du mythe de la « forteresse assiégée » : à l’évidence, la Russie s’éloigne à grands pas des valeurs occidentales auxquelles elle a pourtant souscrit en adhérant en 1998 à la convention européenne des droits de l’homme… »

Au fond, le politburo du Monde n’est qu’une chapelle, et Izraelevitcz un curé du prêt à penser occidental (oligarchie libérale, sociétés de marché, droits de l’homme, anti-racisme et culte de la shoah) stigmatisant les infidèles au culte et le crimpensée. Des « valeurs occidentales » au nom desquelles les mêmes imprécateurs (qui ne sont pas sans rappeler les pères blancs et leur vraie foi ou la gauche républicaine coloniale et sa vraie civilisation…) n’hésiteront pas à soutenir cette véritable « légion arabe de la CIA » qu’est cette comique « armée syrienne libre », conglomérat de mercenaires qataris (excellents démocrates) et saoudiens, cornaqués par quelques commandos anglo-saxons et juifs et par les terroristes sunnites d’AQMI (adeptes des droits de l'homme)…Mais quand on a des principes et des « valeurs », on ne transige pas au Monde.

Le dernier mot à Orwell citée par Simon Leys : « Vous devez faire partie de l’intelligentsia pour écrire des choses pareilles ; nul homme ordinaire ne saurait être aussi stupide. »

Il se peut même que l'écrasante majorité des russes se foutent totalement de ces trois pitoyables connes et de leur pseudo combat féministe et libertaire et qu'il s'agisse uniquement d'un nouveau gadget de la propagande occidentale anti-russe. Y-at-il un russe pour confirmer?

*commissaire politique encadrant les militaires soviétiques durant la seconde guerre mondiale.

NB: illustration/ bande de sophistes talmudiques, le politrouk BHL en tête!

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Hasard ou providence, Fromage+ a commis lui aussi un billet sur le traitement de l'affaire "pussy riot" par le journal du milliardaire israelien Rotshild. mon commentaire:

"Sans doute peut-on voir aussi dans cette comique une de libé l'évolution politique des élites culturelles et journalistiques françaises d'un gauchisme libertaire teinté d'internationalisme trotskiste dans les années 60 à un certain libéralisme libertaire permettant à cette génération de babyboomers, désormais aux commandes, de chausser le discours d'un BHO ou d'un GWB sur l'axe du mal (de la Serbie à la Syrie en passant par l'Irak et la Libye), de manifester se haine du nationalisme russe ou arabe, sa défense inconditionnelle d’Israël, des mercenaires d'AQMI ou de pétromonarchies bien corrompues et son amour inconditionnel des migrants (cette armée de réserve du capital); pour s'en convaincre, on peut suivre les trajectoires exemplaires d'un BHL ("Des avions pour Alep", sa dernière tribune dans le monde) ou d'un Alexandre Adler."

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Pour atténuer l'ennui profond que l'on ressent à la lecture du Monde, je vous fait partager ma lecture du moment, les carnets de guerre de Grossman, lors de la bataille de Stalingrad fin 1942; la 6eme armée allemande de Von Paulus est sur le point de se faire encercler dans Stalingrad sur la rive occidentale de la Volga aprés la destruction des deux armées roumaines supplétives de peu de valeur...des miliers de soldats roumains se rendant aux cris de "Antonescu kaputt!" furent abbatus sur le champ, le tournant de la guerre.

« Les troupes sont en marche. L'humeur est plus gaie. « Eh, si seulement on allait jusqu'à Kiev. » Un autre : « Eh, j'irais bien jusqu'à Berlin. » Pris sur le vif : un point d'appui défensif mis sens dessus dessous par un char. Un Roumain sur lequel et passé un char, aplati. Son visage est comme un bas-relief. A côté de lui, deux Allemands écrasés. Au même endroit, l'un des nôtres gît dans la tranchée, à demi écrasé.

Des boites de conserve, des grenades, des « citrons » (grenades à main), une couverture tachée de sang, des pages de magazines allemands. Nos soldats sont assis là, au milieu des cadavres, ils font bouillir dans un chaudron des morceaux de viande découpés sur un cheval tué et tendent vers le feu leurs mains gelées.

Sur le champ de bataille, côte à côte, un Roumain tué et un des nôtres, également mort. Le Roumain a sur lui une feuille de papier et un dessin d'enfant : un petit lapin et un bateau. Le nôtre a une lettre : « Bonjour et peut-être bonsoir. Coucou petit papa... » Et la fin de la lettre : « Revenez mon petit papa, parce que sans vous on rentre à la maison comme si c'était une autre maison. Sans vous je m'ennuie ferme. Venez, que je puisse vous voir, ne serait-ce qu'une heure. J'écris et mes larmes coulent à flots. (...) Signé : votre fille, Nina. » »

Vassili Grossman, Carnets de guerre, Stalingrad, novembre 1942

17/08/2012

vassaux

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"L’Europe est la tête de pont géostratégique fondamentale de l’Amérique. Pour l’Amérique, les enjeux géostratégiques sur le continent eurasien sont énormes. Plus précieuse encore que la relation avec l’archipel japonais, l’Alliance atlantique lui permet d’exercer une influence politique et d’avoir un poids militaire directement sur le continent. Au point où nous en sommes des relations américano-européennes, les nations européennes alliées dépendent des Etats-Unis pour leur sécurité. Si l’Europe s’élargissait, cela accroîtrait automatiquement l’influence directe des Etats-Unis. A l’inverse, si les liens transatlantiques se distendaient, c’en serait fini de la primauté de l’Amérique en Eurasie. Sa maîtrise de l’océan atlantique, sa capacité à pénétrer en profondeur sur le continent se trouveraient alors très limitées. (…) Pour le dire sans détour, l’Europe de l’Ouest reste dans une large mesure un protectorat américain et ses Etats rappellent ce qu’étaient jadis les vassaux et les tributaires des anciens empires."

Zbigniew BRZEZINSKI, Le grand échiquier (1997) via THATRUM BELLI

Encore une fois, livre très curieux (car c'est inhabituel qu'un membre aussi éminent de l'état profond US livre sa pensée aussi clairement) et à lire impérativement pour comprendre le vrai dessous des cartes des politiques US en Europe et ailleurs.

retour aux vaches

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Pas de panique, j’ai juste pris quelques jours de repos en phalange, loin de la foule et de la chaleur…comme chaque année, d’ailleurs.

Petite course matinale au pied du Charvet, seul et heureux, au milieu des torrents, des prairies d’alpages, des gentianes et des saponaires, des biquettes à cornes regardant en l’air et des clarines le museau en bas, sifflements des marmottes à mon approche, sommets déchiquetés accrochés par les nuages, souffrance physique modérée (rien de commun avec celle d’un Kröger dans son village oublié), petite pause sur un éperon rocheux au pied d’un buron (toujours le même) prés duquel je passe l’hiver à ski, le bruit en bas du torrent, la paix enfin. Pas vu mon berger avalin lecteur de Marc-Aurèle dont j’ai déjà parlé ici, ses vaches mais pas lui. Me rappelait un guide des Bossons que j’avais suivi quelques étés, jeune et beau, physiquement assez prés de l’Apollon du belvédère^^ et en lequel j’avais une confiance aveugle (à raison, j’avais 16 ans) : le genre de mec capable de me faire retrouver le sourire dans une paroi merdique et gazeuse sur une ou deux petites arrêtes rocheuses et « assuré » par un ou deux spits auto-bloqueurs qui ne me rassuraient qu’à moitié. Un jour on avait fait une voie facile partant de la vallée blanche et montant à l’aiguille du Midi (voie des Cosmiques pour les connaisseurs), facile mais impressionnante car exposée et débouchant sur la plate-forme d’arrivée du téléphérique (avec le spectacle habituel des touristes asiatiques qui te shootent à l’arrivée alors que tu fais une école d’escalade lambda…ça fait du bien à l’ego, ha ha). Bref, on avait fini par devenir potes et il m’avait invité à boire une mousse chez lui dans sa ferme aménagée (sorte de grange retapée avec du bois partout, des cordes d’escalade au plafond, des posters d’Alpirando avec Edlinger aux murs, un vieux frigo –genre frigidaire- rempli de packs de kro…une vie tranquille avec sa copine, une espèce de bombasse aux yeux verts et cheveux noirs, à mon avis experte dans toutes les techniques de verrouillage pelvien et que je ne quittais pas des yeux (au risque de souiller mon 501). Aucune chance de pouvoir se prévaloir d’une quelconque éthique de la virginité, celle-là. Ouais, ils étaient beaux tous les deux et devaient le savoir ; j’ai souvent remarqué que les gens beaux –et conscients de l’être- étaient gentils, un peu comme s’ils voulaient se faire pardonner cet excès de considération divine ? Mouais.

Revu Jeannette, ma voisine Corrézienne (qui vit passer les maudits de Das Reich en 44), dans sa ferme, au milieu de ses poules, de ses lapins et de son potager luxuriant : la même blouse bleu hors-d’âge reprisée mille fois, le visage tanné par le soleil et marqué de grosses rides, les mêmes verres Duralex, la même toile cirée fixée par des petits clous à la table, la même grosse boite de biscuits, les potins du canton, des nouvelles de son petit (mais terriblement efficace car simple) monde champêtre. Le genre de parenthèse hors du monde qui me permet de recentrer mon jugement et d’affronter le démon quotidiennement, et ses figures grimaçantes à la BHL. Toujours vivant l’apôtre! Et si terriblement nuisible.

« Constamment, comme je marche dans les rues, je ne peux m’empêcher de lever les yeux vers les fenêtres pour repérer celles dont on pourrait faire de bonds nids de mitrailleuses. »

G Orwell cité par Simon Leys (Le studio de l’inutilité, 2012)

Cher, cher Eric Blair, je pensais être le seul à me faire régulièrement ce genre de réflexion (quitte à m’interroger sur ma santé mentale, entouré que je suis de festivus progressistes persuadés de ne point avoir d’ennemis, dès lors qu’ils ne s’en désignent pas -comme le dit si bien Freund- et consternés de me voir de temps à autres nettoyer consciencieusement mes armes ou aller au stand de tir), et bien non. Bon, le Londres des années 40 (où la perspective d’une invasion allemande était bien réelle) n’est pas la France de François Normal mais ce genre de préoccupation singulière me parait bien naturelle dès lors que l’on ne perd pas de vue cet horizon de la guerre (dont parle Venner) que seuls les occidentaux ont oublié, au moins depuis 45.

Le bruit des cloches et des torrents ne m’empêche pas d’entendre la petite musique habituelle des guerres impériales servilement relayée par la diplomatie française et ses sayanims fidèles (BHV ou Fabius (dont le patronyme fut emprunté à un général romain par un de ses ancêtres), par exemple mais pas seulement). Serbie, Irak, Kosovo, Libye, Afghanistan, maintenant la Syrie, sans doute demain l’Iran : derrière la propagande en forme de « protection des populations civiles » ou de « promotion des droits de l’homme » ou de la « démocratie » s’avancent sans trop se cacher les VRP d’Halliburton et les mercenaires de Blackwater…toujours le même scénario et la même volonté inflexible de garder l'hegemon. Ordo ab chaos?

A suivre.


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