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10/03/2009

Dude's bowling tape

petits salauds

koons.jpgTrès instructif le détail de la « vente du siècle », la collection d’art Bergé –Yves Saint-Laurent…

Indépendamment de ces deux bronzes chinois volés par les franco-britanniques lors du sac du palais d’été de Pékin en 1860, on aura pu reconnaître des œuvres de Picasso, Matisse, de James Ensor, de Géricault, un Gainsborough, un Franz Hals,etc., pour un total de 400 millions d’euros.

On remarquera que parmi ces 730 œuvres d’art, qui témoignent d’un goût sûr en matière artistique, ne figurent pas le moindre homard ni le moindre chien rose signé Jeff Koons…Qu’est-ce à dire ? Auraient-ils planqué un lapin rose trop précieux pour être vendu à la plèbe ?

Ou est-ce juste le foutage de gueule et la tartuferie habituels de nos élites bien pensantes c’est-à-dire citoyennes, festives et antiracistes.

Genre je prône la « mixité sociale» mais j’habite dans le 7-5 un ghetto sécurisé surveillé 24h/24h par une milice privée, trés loin de la Seine Saint Denis…. Le « vivre ensemble » et le « métissage » me tirent des larmes devant les caméras, mais je mets mes gamins à l’école Alsacienne, avec les fils de mes copains journalistes et politiciens, tous leucodermes et bien loin « des pépites de la nation » vantées par ces jeunes connards invertébrés de l’UMP.

J’encense la culture de masse (qui ne se confond pas avec la culture populaire) et Darrieussecq ou Buren mais je lis Chateaubriand et j’aime le Louvre plus que tout…

Je porte le trader Koons au pinacle mais je collectionne Picasso ou Matisse…etc.

 

Lasch a décrit ça trés bien il y a quelques années dans La révolte des élites. Toujours d'actualité. Les blattes ont la vie dure.

Enfoirés.

09/03/2009

there's a place

élite mon amour

georges_freche_cr_languedoc-4ed68.jpg« On s’en fout des agriculteurs, on s’en fout (…) Quand je fais une campagne je ne la fais jamais pour des gens intelligents (…) Je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse. Dans deux ans, pour être de nouveau élu, je ferai campagne sur des conneries populaires, pas sur des trucs intelligents que j’aurai fait (…) Si je distribue des boites de chocolats à Noël à tous les petits vieux de Montpellier, je ramasse un gros paquet de voix (…) Les cons sont majoritaires et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue parce que je sais comment les engrener, j’engrène les cons avec ma bonne tête, avec des histoires de cul, etc. Ca a un succès fou ! Les cons sont de plus en plus cons et en plus, ils sont bien dans leur connerie (…) Là, les Catalans me font chier, mais je leur tape dessus parce qu’ils m’emmerdent, mais, dans deux ans, je vais me mettre à les aimer, je vais y revenir, je vais leur dire « mon dieu, je me suis trompé, je vous demande pardon ! », et ils me diront : « Qu’il est intelligent ! », ils me pardonneront et ils en reprendront pour six ans. »

Georges Frêche, président du Conseil Régional du Languedoc Roussillon, lors d’un cours aux étudiants en droit de Perpignan. Faits et seguela_president_jury.jpgdocuments 1-15/03/09.

 

« Si à cinquante ans, on n'a pas une Rolex, c'est qu'on a quand même raté sa vie

Jacques Séguéla, 2009, fils de pub.

 

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« Je peux faire avocat, je peux gagner de l'argent. (...) d'abord je fais président, puis je fais avocat. Alors moi en 2012, j'aurai 57 ans, je me représente pas. Et quand je vois les milliards que gagne Clinton, moi, j'm'en mets plein les poches! Je fais ça pendant cinq ans et ensuite je pars faire du fric comme Clinton. Cent cinquante mille euros la conférence! »

"sarko off" Le Point, paris, 03/07/08

08/03/2009

Deux minutes de l'endive: le jour du Zek

Endive_JDL_7mars07.jpgEn référence à ces deux minutes de la haine, moment rituel de la journée des habitants d'Océania.

L'obsession hygiéniste de nos modernes est en passe d'atteindre des sommets. De ridicule.

Habilement récupérée par monsieur Bonduelle, gentil marchand préoccupé par ma santé.

J'aime ce monde pré totalitaire qui s'ignore et ses gentils citoyens modèles, ilotes et fiers de l'être.


kids aren't allright..

 



Bourgeoisie mon amour

« La bourgeoisie…partout ou elle a conquis le pouvoir, a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissaient l’homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du paiement au comptant. Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité naïve dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange ; elle a substituée aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce. La bourgeoisie a dépouillée de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque là pour vénérables et qu’on considérait avec un sain respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré un voile de sentimentalité qui recouvrait les situations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent…

[…] La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les conditions de la production, c’est-à-dire tous les rapports sociaux ; Tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de conceptions et d’idées antiques et vénérables, se dissolvent ; ceux qui les remplacent vieillissent avant d’avoir pu s’ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés, enfin, d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations ; Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale, Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore tous les jours.

Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production : elle les force à introduire chez elles ce qu’elle appelle civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image. La bourgeoisie supprime de plus en plus l’émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé la production, et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence fatale de ces changements a été la centralisation politique. Des provinces indépendantes, tout justes fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier… »

(Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, 1848.)

 

En fait, Marx n’explicite pas vraiment ce qu’il appelle « la classe bourgeoise », sinon pour dire qu’elle est la classe détentrice du capital. Sur ses origines historiques et sociologique, il est pratiquement muet. C’est qu’il ne voit pas que le bourgeois est d’abord l’homme économique. Or dans la mesure ou il accorde lui-même à l’économie une importance déterminante, il ne peut critiquer la bourgeoisie que sous un horizon qui ne cesse jamais d’être le sien. Son économisme, en d’autres termes, l’empêche de faire une critique radicale des valeurs bourgeoises. On voit bien, d’ailleurs, que celles-ci le fascinent. La bourgeoisie après tout n’a-t-elle pas été la première à vouloir changer le monde, au lieu de se borner à le comprendre ? Tout en appellant à mettre fin à l’exploitation dont la bourgeoisie est responsable, il reste donc très en retrait par rapport aux valeurs bourgeoises : la société sans classes, à bien des égards, c’est la bourgeoisie pour tout le monde.

Alain de Benoist, Critiques théoriques.

 

Exemple d'humour bourgeois: « Si à cinquante ans, on n'a pas une Rolex, c'est qu'on a quand même raté sa vie !» Jacques Séguéla, 2009.

Meet the Bellrays


Et merde, sortez le Jack

07/03/2009

Saturday night: Shadowplay again bordel, Iggy stoned, miss brody and black flag: turn it UP!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

ancilangue et crimepensée

 

"Quelques-uns des mots B avaient de fines subtilités de sens à peine intelligibles à ceux qui n’étaient pas familiarisés avec l’ensemble de la langue. Considérons, par exemple, cette phrase typique d’un article de fond du Times : Ancipenseur nesentventre Angsoc. La traduction la plus courte que l’on puisse donner de cette phrase en ancilangue est : « Ceux dont les idées furent formées avant la Révolution ne peuvent avoir une compréhension pleinement sentie des principes du Socialisme anglais. »

Mais cela n’est pas une traduction exacte. Pour commencer, pour saisir dans son entier le sens de la phrase novlangue citée plus haut, il fallait avoir une idée claire de ce que signifiait angsoc. De plus, seule une personne possédant à fond l’angsoc pouvait apprécier toute la force du mot : sentventre (sentir par les entrailles) qui impliquait une acceptation aveugle, enthousiaste, difficile à imaginer aujourd’hui ; ou du mot ancipensée (pensée ancienne), qui était inextricablement mêlé à l’idée de perversité et de décadence.

Mais la fonction spéciale de certains mots novlangue comme ancipensée, n’était pas tellement d’exprimer des idées que d’en détruire. On avait étendu le sens de ces mots, nécessairement peu nombreux, jusqu’à ce qu’ils embrassent des séries entières de mots qui, leur sens étant suffisamment rendu par un seul terme compréhensible, pouvaient alors être effacés et oubliés. La plus grande difficulté à laquelle eurent à faire face les compilateurs du dictionnaire novlangue, ne fut pas d’inventer des mots nouveaux mais, les ayant inventés, de bien s’assurer de leur sens, c’est-à-dire de chercher quelles séries de mots ils supprimaient par leur existence.

Comme nous l’avons vu pour le mot libre, des mots qui avaient un sens hérétique étaient parfois conservés pour la commodité qu’ils présentaient, mais ils étaient épurés de toute signification indésirable.

D’innombrables mots comme : honneur, justice, moralité, internationalisme, démocratie, science, religion, avaient simplement cessé d’exister. Quelques mots-couvertures les englobaient et, en les englobant, les supprimaient.

Ainsi tous les mots groupés autour des concepts de liberté et d’égalité étaient contenus dans le seul mot penséecrime, tandis que tous les mots groupés autour des concepts d’objectivité et de rationalisme étaient contenus dans le seul mot ancipensée. Une plus grande précision était dangereuse. Ce qu’on demandait aux membres du Parti, c’était une vue analogue à celle des anciens Hébreux qui savaient – et ne savaient pas grand-chose d’autre – que toutes les nations autres que la leur adoraient de « faux dieux ». Ils n’avaient pas besoin de savoir que ces dieux s’appelaient Baal, Osiris, Moloch, Ashtaroh et ainsi de suite... Moins ils les connaissaient, mieux cela valait pour leur orthodoxie. Ils connaissaient Jéhovah et les commandements de Jéhovah. Ils savaient, par conséquent, que tous les dieux qui avaient d’autres noms et d’autres attributs étaient de faux dieux.

En quelque sorte de la même façon, les membres du Parti savaient ce qui constituait une bonne conduite et, en des termes excessivement vagues et généraux, ils savaient quelles sortes d’écarts étaient possibles. Leur vie sexuelle, par exemple, était minutieusement réglée par les deux mots novlangue : crimesex (immoralité sexuelle) et biensex (chasteté).

Il n’y avait pas de mot, dans le vocabulaire B, qui fût idéologiquement neutre. Un grand nombre d’entre eux étaient des euphémismes. Des mots comme, par exemple : joiecamp (camp de travaux forcés) ou minipax (ministère de la Paix, c’est-à-dire ministère de la Guerre) signifiaient exactement le contraire de ce qu’ils paraissaient vouloir dire.

Il était rarement possible en novlangue de suivre une pensée non orthodoxe plus loin que la perception qu’elle était non orthodoxe. Au-delà de ce point, les mots n’existaient pas.

Le fait que le choix des mots fût très restreint y aidait aussi. Comparé au nôtre, le vocabulaire novlangue était minuscule. On imaginait constamment de nouveaux moyens de le réduire. Il différait, en vérité, de presque tous les autres en ceci qu’il s’appauvrissait chaque année au lieu de s’enrichir. Chaque réduction était un gain puisque, moins le choix est étendu, moindre est la tentation de réfléchir.

Prenons comme exemple un passage bien connu de la Déclaration de l’Indépendance :

« Nous tenons pour naturellement évidentes les vérités suivantes : Tous les hommes naissent égaux. Ils reçoivent du Créateur certains droits inaliénables, parmi lesquels sont le droit à la vie, le droit à la liberté et le droit à la recherche du bonheur. Pour préserver ces droits, des gouvernements sont constitués qui tiennent leur pouvoir du consentement des gouvernés. Lorsqu’une forme de gouvernement s’oppose à ces fins, le peuple a le droit de changer ce gouvernement ou de l’abolir et d’en instituer un nouveau. »

Il aurait été absolument impossible de rendre ce passage en novlangue tout en conservant le sens originel. Pour arriver aussi près que possible de ce sens, il faudrait embrasser tout le passage d’un seul mot : crimepensée."

Appendice à 1984, Les principes du  Novlangue, Orwell, 1948.

 

(Application: relever dans le discours des enflures ci-dessous tout ce qui s'apparente à la novlangue et notamment au crimepensée.)

05/03/2009

Bororo mon amour

seriebororosvrj0.jpg"Les mêmes qui nous expliquent, non sans raison, qu’en brisant les habitudes mentales, les structures sociales et traditionnelles des pays du Tiers-monde, la colonisation les a souvent stérilisés, se font, en Europe, les adeptes de la pire néophilie, sacrifient tous les jours au mythe du « Progrès » et invitent nos contemporains à rompre avec les « vieilleries » du passé. D’un côté on nous dit que les Indiens et les Esquimaux ne peuvent pas résister à l’agression que représente le contact avec la civilisation Occidentale. De l’autre on affirme que le mélange des peuples et des cultures est, pour les Européens, chose excellente et facteur de progrès. Il faudrait donc savoir s’il y a deux poids et deux mesures –ou si, pour citer Orwell, tous les peuples sont égaux…sauf ceux qui sont plus égaux que les autres ! Pour ma part, je ne vois pas pourquoi ce qui est excellent pour les Bororos ou les Guayaquis, ne se révèlerait pas au moins aussi bon pour nous. Ou bien alors, il faudrait admettre que certaines races sont plus douées que d’autres du point de vue des capacités d’adaptation. Mais ce serait alors de la « discrimination ». « Si l’on dénonce à bon droit les ethnocides des primitifs par les Européens, écrit Raymond Ruyer, il ne faut pas interdire aux Européens de préserver leurs propres ethnies ». De leur côté, les dirigeants des communautés Juives ne cessent de répéter que deux périls les ont toujours guettés au cours de l’histoire : les pogroms et l’assimilation. Leur mise en garde vaut la peine d’être écoutée. Réaffirmons donc le droit des peuples à être eux-mêmes, le droit qu’ont tous les peuples à tenter d’atteindre leur plénitude, contre tout universalisme et contre tous les racismes."

 

Alain de Benoist, Les idées à l’endroit, 1979.

03/03/2009

Crisis, what crisis?

Ici

fretless



Jaco Pastorius. Any comment jo? (hé, hé)

02/03/2009

Propaganda staffel

4_2b.jpgDiscrimination

 

Ce nom, bien qu’il soit moderne, même modernissime, est emprunté au latin. En latin, discriminatio était en usage dans la grammaire et dans la rhétorique où il signifie « séparation ». Le nom français discrimination est attesté pour la première fois chez le psychologue Ribot dans la seconde moitié du XIXe siècle : Littré le relève dans le supplément (1877) de son Dictionnaire de la Langue française. En revanche, le mot anglais discrimination, lui aussi emprunté au latin, est plus ancien, puisqu’il est attesté en 1646 dans le New English Dictionary.

Selon Littré, c’est un terme de psychologie qui désigne une des plus hautes facultés humaines, celle-là même qui définit l’intelligence : la « faculté de discerner, de distinguer », écrit Littré, qui cite Robot : « ce changement d’état par lequel la conscience passe d’une modification à une autre, c’est la discrimination, et c’est le fondement de notre intelligence ». Ce nom est relevé dans la huitième édition du Dictionnaire de l’Académie française (1932-35) avec le seul sens de « action de distinguer avec précision ». Le sens est positif, comme cela apparaît dans les exemples : « faire la discrimination de telles ou telles choses mêlées », « il y a là une discrimination difficile à opérer ».

Un second sens se développe dans les années 1960 sous l’influence du nom anglais discrimination et du verbe anglais to discriminate qui ont l’un et l’autre deux sens, l’un positif, l’autre négatif (between good and bad books : make a difference between good and bad books ; against someone : treat differently somebody). Ce sens défavorable est étranger à l’histoire et à la civilisation de la France. Cela n’a pas dissuadé les Académiciens de le relever dans la neuvième édition (en cours de publication) du Dictionnaire de l’Académie. A « action de distinguer deux ou plusieurs éléments d’après les caractères distinctifs » (« discrimination entre le vrai et le faux »), ils ont ajouté « action de distinguer une personne, une catégorie de personnes ou un groupe humain en vue d’un traitement différent d’après des critères variables ». Le premier exemple reformule l’article 2 de la Constitution (« la loi s’applique à tous sans discrimination ») ; les deux autres exemples sont, le premier, métaphorique (« la discrimination sociale »), le second, propre aux Etats-Unis ou à l’Afrique du Sud ou à tout pays régi par l’apartheid (« la discrimination raciale »).

Dans le Trésor de la Langue française (1972-1994), ce qui discrimine (id est distingue) les deux sens, c’est l’absence ou la présence d’un « traitement inégal ». S’il n’y a pas de « traitement inégal », le sens est positif, comme dans « il est nécessaire de faire une discrimination entre des documents de valeur inégale » ; sinon, il est défavorable, quand des personnes en sont la cible : « souvent péjoratif : traitement différencié, inégalitaire, appliqué à des personnes sur la base de critères variables », comme dans les exemples « on a pu reprocher aux syndicats d’exercer à leur tour une discrimination devant les demandes du personnel, selon qu’il est syndiqué ou non » et « le gouvernement australien établit une discrimination raciale en n’acceptant que des blancs ». Les auteurs de ce Trésor n’ont pas trouvé dans la loi d’exemples qui pourraient illustrer ce sens : seulement au sujet de l’Australie ou des habitudes un peu mafieuses des syndicats. Le succès de ce nom en France, pays où les discriminations n’ont pas d’existence et où discrimination devrait avoir conservé le seul sens qu’il avait en 1877, tient à l’extension de termes de droit (ce qu’est en anglais une discrimination) à des « faits » - c’est-à-dire à des constructions sociologiques a posteriori dont la seule vertu est de diaboliser ce sur quoi elles s’appliquent.

 

Source.

 

Sud

traindorothealange1937bs2.jpg« Le Sud est un vaste domaine dont on pourrait parler indéfiniment. Je n’en ai pas dit grand-chose et pourtant le Sud –et le Sud-ouest qui est un monde totalement différent- sont deux régions de l’Amérique qui me touchent profondément. Le vieux Sud est plein de champ de batailles, c’est une des premières choses qui vous y frappent. Le Sud ne s’est jamais remis de sa défaite. C’était une défaite purement militaire, les plus dures à supporter. L’homme du Sud a un rythme à lui, une attitude à lui devant la vie. Rien ne le convaincra qu’il avait tort ; au fond, il a un souverain mépris pour l’homme du Nord. Il a son propre panthéon d’idoles, guerriers, hommes d’Etat, écrivains, dont nulle défaite n’a affaiblit la gloire ni la renommée. Sur tous les plans, le Sud demeure solidement hostile au Nord. Il mène un combat sans espoir, très semblable à celui que l’Irlandais mène contre l’Angleterre.

Si vous êtes du Nord, cette atmosphère vous affecte étrangement. Vous ne pourrez vivre longtemps dans le Sud sans finir par être miné. Le climat, les paysages, les mœurs, les coutumes, le doux parler dégagent un charme auquel il est difficile de résister. Ce monde du Sud est plus proche que tout le reste des Etats-Unis de la vie de rêve dont parlent les poêtes. Peu à peu ce monde de rêve est envahi et contaminé par l’esprit du Nord. Le Sud croule sous les pas du conquérant. De Rome à Savannah, au long des vieilles pistes, on peut retracer la marche de Sherman vers la mer. C’est la route du vandale, la route du soldat qui a dit que la guerre était un enfer et qui l’a démontré par le fer et par le feu. Le Sud ne pardonnera jamais à Sherman, jamais.

 

(…) Dans le Mississipi, prés des rives du grand fleuve, j’ai vu les ruines de Windsor. Il ne reste plus rien maintenant de cette grande demeure que les hautes colonnes grecques couvertes de vigne vierge. On voit tant de ruines élégantes et mystérieuses dans le Sud, tant d’images de mort et de désolation, tant de spectacles fantomatiques. Et toujours dans les coins les plus beaux, comme si l’envahisseur, visant les centres vitaux, avait voulu frapper aussi l’orgueil et l’espoir de sa victime. On ne peut s’empêcher de rêver à ce qu’aurait pu être cette terre bénie si les ravages de la guerre lui avaient été épargnés, car dans nos Etats du Sud, ce qu’on appelle la « culture esclavagiste » n’avait donné encore que ses toutes premières fleurs. Nous savons ce que les cultures esclavagistes de l’Inde, de Rome, de l’Egypte et de la Grèce ont légué au monde. Nous leurs sommes reconnaissants de cet héritage ; nous ne le repoussons pas sous prétexte qu’il a été bâti sur l’injustice. Qui donc a le courage devant ces merveilles du passé, de s’écrier : « Il aurait mieux valu que rien de tout cela n’eut été si pour créer ces chefs-d’œuvre il a fallu priver un seul être humain de sa liberté ! » Qui sait quelles splendeurs auraient pu s’épanouir dans des foyers de culture comme Charleston, Savannah, New Orléans !

 

(…) Il est des milliers de lieux de rêve dans le vieux Sud. On peut s’asseoir sur un banc dans un minuscule jardin confédéré, ou s’allonger sur les rives d’un canal ou se poster sur un remblai dominant une réserve Indienne : l’air est doux, lourd encore de parfums, le monde semble endormi, mais l’atmosphère est chargée de noms magiques, d’événements historiques, d’inventions, d’explorations, de découvertes. Riz, tabac, coton : à partir de ces trois éléments, seul le Sud a composé une grande symphonie d’activité humaine.

Tout cela est fini maintenant. Un nouveau Sud est né. On a retourné le sol du vieux Sud. Mais les cendres en sont encore tièdes. »

 

Henry Miller, Le cauchemar climatisé, 1945.