"Le 16 septembre 2014, en fin d’après-midi. Près de la dalle Kennedy, quartier Villejean, à Rennes, trois policiers de la brigade anticriminalité (Bac) remarquent un homme de 21 ans, avec un sac.
Selon eux, il « semble nerveux » et « presse le pas ». Les policiers décident de contrôler son identité et découvrent, dans son sac, 1,5 kg de cannabis.
L’homme était jugé ce lundi au tribunal correctionnel de Rennes. Son avocat, Me William Pineau, conteste la procédure : « Juridiquement, ce contrôle n’était pas justifié, et toute la procédure qui s’ensuit non plus, par voie de conséquence. »
Le procureur estime le contrôle justifié. Il requiert un an de prison dont 6 mois avec sursis.
Le tribunal accède aux requêtes de l’avocat et annule l’ensemble de la procédure : le prévenu est relaxé." source
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lol!
30/10/2014
nightcall
22:30 | Lien permanent | Commentaires (8)
27/10/2014
stress test
"UN AVOCAT DE LA DEUTSCHE BANK SE PEND A UN ESCALIER (PENDANT LA SEMAINE DES STRESS-TESTS)
du 27 au 31 octobre 2014 : Mr Calogero Gambino, ancien secrétaire général juridique de la Deutsche Bank, et aussi ex-avocat à charge pour le compte de la SEC, tout juste 41 ans, a été retrouvé pendu... à un escalier (!!!) dans une maison de Brooklyn à New York. Vous remarquerez qu'il n'a pas glissé dans l'escalier, il s'est pendu. Assez original... en vérité. Il était en charge, entre autres, du dossier de la grande escroquerie du Libor: "He had been closely involved in negotiating legal issues for Deutsche Bank such as a probe by regulators of banks over allegations they manipulated the Libor benchmark interest rate, as well as currency markets". Sa mort fait écho à celle de William Broeksmit, lui aussi un ex grand patron de la banque allemande, qui a été retrouvé pendu chez lui à Londres voici quelques mois. Lire ici Reuters.Ca tombe mal ces suicides, vraiment, surtout quand I-Tele vous explique que les stress-tests des banques ont donné de très bons résultats et que seules 28 sur une centaine en ont eu de mauvais. Je ne sais pas qui croit encore à ses tests, les mêmes ayant été faits voici 4 ans, et avaient classé ok des banques qui ont fait faillite depuis..." Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.jovanovic.com 2008-2014
11:41 | Lien permanent | Commentaires (9)
25/10/2014
minor threat
22:10 | Lien permanent | Commentaires (6)
24/10/2014
plugpride
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"Le président François Hollande s'est dit lundi soir "aux côtés" de l'artiste américain Paul McCarthy, dont l'oeuvre intitulée "The Tree" a été vandalisée place Vendôme à Paris.
"La France sera toujours aux côtés des artistes comme je le suis aux côtés de Paul McCarthy, qui a été finalement souillé dans son oeuvre, quel que soit le regard que l'on pouvait porter sur elle", a déclaré le chef de l'Etat, qui s'exprimait à l'occasion de l'inauguration de la Fondation Louis Vuitton aux portes de Paris. "Nous devons toujours respecter le travail des artistes", a-t-il exhorté. "La France est toujours prête à accueillir les artistes et les créateurs venant de tous les pays du monde", a encore souligné le chef de l'Etat, insistant: "La France n'est plus elle-même quand elle est recroquevillée, quand elle est tourmentée par l'ignorance, par l'intolérance."L'artiste giflé par un inconnu alors qu"il installait son oeuvre! Pour François Hollande, "le pays tomberait dans un déclin s'il renonçait à être lui-même, s'il avait peur de l'avenir, peur du monde", a-t-il encore souligné. Paul McCarthy a renoncé samedi à réinstaller son oeuvre polémique, vandalisée dans la nuit de vendredi à samedi par des inconnus qui ont débranché l'alimentation de la soufflerie servant à la gonfler. Un inconnu avait giflé l'artiste jeudi pendant qu'il installait l'oeuvre sur la prestigieuse place parisienne, avant de réussir à prendre la fuite. De l'aveu même de Paul McCarthy, 69 ans, elle pouvait autant faire penser à un "plug anal" qu'à un arbre de Noël.
Son installation, provisoire, était prévue dans le cadre de la Fiac, qui s'ouvre mercredi à Paris." source/ RTL
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Rappel (for fun):
"Une femme de ménage confond une oeuvre d’art avec une baignoire encrassée!
"Une femme de ménage trop zélée a détruit à jamais une oeuvre d’art. Elle a retiré la patine d’une baignoire en caoutchouc placée sous des planches en bois empilées, a indiqué jeudi le musée de Dortmund, dans l’ouest de l’Allemagne.
“Il n’est plus possible de remettre dans son état initial cette installation de l’artiste allemand Martin Kippenberger, aujourd’hui décédé”, a indiqué une porte-parole de la ville de Dortmund. Baptisée “Quand des gouttes d’eau commencent à tomber du plafond”, l’oeuvre était assurée pour 800.000 euros. L’incident est survenu le 21 octobre. Dans ce musée, les femmes de ménage sont censées respecter une distance d’au moins 20 centimètres entre elles et les oeuvres d’art, a indiqué la porte-parole de la ville. Elle a toutefois précisé que dans ce cas précis, il n’avait pas été encore établi si la technicienne de surface, employée par une société indépendante du musée, avait été informée de cette règle. Ce n’est pas la première fois qu’une oeuvre d’art est sacrifiée sur l’autel de la propreté en Allemagne: en 1986, “Fettecke” (littéralement “coin gras”), une motte de beurre suintante de l’artiste allemand Joseph Beuys installée dans un musée de Düsseldorf (ouest), avait été elle aussi été “nettoyée”." source
Comme quoi, il ne faut pas désespérer de la providence...
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« Il n’est pratiquement plus nécessaire, au stade ou nous en sommes arrivés, d’attaquer l’art dit contemporain et les prétendus artistes qui, par leur désoeuvrement leur nombre et leur aigreur, lui fournissent encore ce qu’ils croient être un semblant d’existence. Ceux-ci, désormais, se détruisent d’eux-mêmes en avouant leur soumission à l’ordre du néomonde, comme activité supérieure à celle d’artiste (sans doute aussi celle-là est-elle plus rentable que celle-ci) ; et ils pourraient tous, à quelque « discipline » qu’ils appartiennent, proclamer comme ce musicien d’un groupe breton : « Avant d’être des musiciens, on est des citoyens » ; Il suffit d’imaginer une phrase pareille dans la bouche de Mozart, de Rodin, de Giotto, de Haydn ou de Cézanne pour avoir de quoi rire jusqu’à l’an 3000 ; on peut très bien imaginer son équivalent, en revanche, dans la bouche d’un artiste réaliste socialiste de l’époque stalinienne. » Philippe Muray, Après l’Histoire, 2000.
merci Philippe..
12:09 | Lien permanent | Commentaires (3)
23/10/2014
saluons l'étrangeté du matin
"Que les étrangers nous apprennent au moins à devenir étranger à nous-mêmes, à nous projeter hors de nous-mêmes, assez pour ne plus être captifs de cette longue histoire occidentale et blanche qui s'achève, et dont nous n'avons plus rien à attendre que la stérilité et la guerre. Contre cette attente catastrophique, sécuritaire et nihiliste, saluons l'étrangeté du matin.(...)" Alain Badiou, De quoi Sarkosy est-il le nom ? Lignes, 2007.
"Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d'aimer ses voisins" JJ Rousseau.
"Que faire, puisque nul ne saurait renoncer à sa dignité d'homme au prix d'un acquiescement au racisme? Que faire, puisque dans le même temps, tout homme - et toute nation - a le droit sacré de préserver ses différences et son identité au nom de son avenir et au nom de son passé?" jean raspail
« En empruntant une autre image, on pourrait dire que les cultures ressemblent à des trains qui circulent plus ou moins vite, chacun sur sa voie propre et dans une direction différente. Ceux qui roulent de conserve avec le nôtre nous sont présents de la façon la plus durable ; nous pouvons à loisir observer le type des wagons, la physionomie et la mimique des voyageurs à travers les vitres de nos compartiments respectifs. Mais que, sur une autre voie oblique ou parallèle, un train passe dans l’autre sens et nous n’en apercevons qu’une image confuse et vite disparue, à peine identifiable pour ce qu’elle est, réduite le plus souvent à un brouillage momentané de notre champ visuel, qui ne nous livre aucune information sur l’évènement lui-même et nous irrite seulement parce qu’il interrompt la contemplation placide du paysage servant de toile de fond à notre rêverie. Or, tout membre d’une culture en est aussi étroitement solidaire que ce voyageur idéal l’est de son train. Dès la naissance, probablement même avant, les êtres et les choses qui nous entourent montent en chacun de nous un appareil de références complexes formant système : conduites, motivations, jugement implicites que, par la suite, l’éducation vient confirmer par la vue réflexive qu’elle nous propose du devenir historique de notre civilisation. Nous nous déplaçons littéralement avec ce système de référence, et les ensembles culturels qui se sont constitués en dehors de lui ne nous sont perceptibles qu’à travers les déformations qu’il leur imprime. Il peut même nous rendre incapable de les voir. » Claude Lévi-Strauss, Race et culture, 1971,
« Sans doute nous berçons-nous du rêve que l’égalité et la fraternité règneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité. Mais si l’humanité ne se résigne pas à devenir la consommatrice stérile des seules valeurs qu’elle a su créer dans le passé, capable seulement de donner le jour à des ouvrages bâtards, à des inventions grossières et puériles, elle devra réapprendre que toute création véritable implique une certaine surdité à l’appel d’autres valeurs, pouvant aller jusqu’à leur refus sinon même à leur négation. Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l’autre, s’identifier à lui, et se maintenir différent. Pleinement réussie, la communication intégrale avec l’autre condamne, à plus ou moins brève échéance, l’originalité de sa et de ma création. » Ibid,
« Quand le grand ethnologue allemand Kurt Unkel, mieux connu sous le nom de Nimuendaju que lui avaient conféré les Indiens du Brésil auxquels il a consacré sa vie, revenait dans les villages indigènes après un long séjour dans un centre civilisé, ses hôtes fondaient en larmes à la pensée des souffrances qu’il avait du encourir loin du seul endroit où, pensaient-ils, la vie valait la peine d’être vécue. Cette profonde indifférence aux cultures autres était, à sa manière, une garantie pour elles de pouvoir exister à leur guise et de leur côté. » Ibid,
« L'absence de communauté nationale est facteur de guerre civile, tant que les citoyens ne partagent pas les mêmes valeurs de civilisation. Une cité ne se forme pas à partir de gens pris au hasard, et elle a besoin de temps pour se coaguler. C'est pourquoi, parmi ceux qui ont accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux, et pour les intégrer à la cité, la plupart ont connu des guerres civiles. Par exemple, les tyrans de Syracuse, en ayant naturalisé les immigrés, ont dû subir des révoltes. Citoyens et étrangers en sont venus à se combattre. » (Aristote, Politique, Livre V).
photo: chaos
21:45 | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : badiou
17/10/2014
doux commerce
A partir de 1970, un changement majeur se produit, qui devient tout à fait visible dans les années 1980 : les 10 % de riches commencent à s’approprier 80 % de la richesse, et seulement 20 % de celles produites chaque année reviennent aux 90 % restants. Cette période correspond à l’hégémonie du capital financier, ce que David Harvey a appelé l’accumulation par dépossession ou pillage.
Mais quelque chose d’extraordinaire s’est produit à partir de 2001. Non seulement les plus riches raflent tout mais, depuis 2008, s’accaparent également d’une partie des biens des autres (les 90 %), comme leur épargne ou leurs biens. Comment appeler un tel mode d’accumulation ? C’est un système qui n’est plus en mesure de reproduire les rapports capitalistes, car il consiste à voler. Le capitalisme extrait de la plus-value et accumule des richesses (même par dépossession), tout en généralisant les relations capitalistes, et, pour cela, s’appuie sur le travail salarié, et non sur l’esclavagisme (je dois ces réflexions à Gustavo Esteva, qui les a formulées à l’époque de la petite école zapatiste et lors d’échanges ultérieurs).
Il est probable que nous entrons dans un système encore pire que le capitalisme, une sorte d’économie du vol, plus proche du mode de fonctionnement des cartels du narcotrafic que de celui des entreprises que nous avons connues dans la majeure partie du XXe siècle. Il est probable aussi que cela n’avait pas été prévu par la classe dirigeante et que ce n’est que le résultat de la recherche excessive de profit dans l’exercice de l’accumulation par dépossession, ce qui a donné naissance à une génération de vautours/loups incapables de produire quoi que ce soit autre que la mort et la destruction autour d’eux.
18:58 | Lien permanent | Commentaires (7)
16/10/2014
power of punk
22:48 | Lien permanent | Commentaires (3)
14/10/2014
SHTF
" (...) Il est 01:06 du matin ici. Je viens juste de prendre ma douche et ma femme et mon fils sont endormis. Alors que j’étais en train de me shampooiner, réfléchissant à ce que j’allais écrire aujourd’hui dans ce post, je me suis souvenu du moment exact où j’ai réalisé, avec plusieurs autres personnes, non seulement le SHTF (que nous connaissions tous), mais que le monde que nous connaissions n’existait plus, et que ce n’était pas un ouragan mais plutôt une période glaciaire, qui ne partirait pas si facilement.
Nous avons compris cela comme un enfant comprend la photosynthèse : parce qu’un professeur nous l’a froidement expliqué, en utilisant même des graphiques. J’ai dormi 5 heures hier, 2 heures la nuit précédente. Samedi soir je n’ai même pas dormi. Je suis déjà habitué à cela. Les échéances à l’université, les veillées jusqu’à tard dans la nuit, les dessins CAO en 3D, l’attente jusqu’à ce que les corrections soient faites… C’est un monde de compétition ici, et personne ne compatit avec ce que vous faites, ils veulent seulement que vous fassiez ce qu’ils attendent, et le standard est toujours élevé. Cela s’est produit il y a 4 ans, environ un an après la crise de décembre 2001. C’était lors d’un cours d’études sociales, et ce professeur, je ne me souviens pas si c’était un homme ou une femme, était en train de nous expliquer les différentes sortes de pyramides sociales. Seigneur ! Maintenant je me souviens mieux ! Nous avions même un livre plein de ces cruelles et satanées pyramides. La première pyramide décrivait la société de base. Une pyramide avec 2 lignes horizontales, séparant l’élite (la classe de la haute société) du milieu (la classe moyenne) et du bas de la pyramide (les pauvres, le prolétariat). Le professeur nous a expliqué que le milieu de la pyramide, la classe moyenne, agit comme un tampon entre les riches et les pauvres, prenant en charge le stress social. La deuxième pyramide avait une grosse section moyenne : c’était la pyramide représentant les pays développés, pour laquelle le bas est très mince, des flèches montrant qu’il est possible de passer de la classe la plus basse à la classe moyenne, et de la classe moyenne à l’élite. Notre professeur nous a expliqué que c’était la société démocratique capitaliste classique, et que dans les pays européens socialistes la pyramide était très similaires quoique un petit plus plate, signifiant qu’il y a une grosse classe moyenne, une petite élide et une petite classe d’en bas. Il y a peu de différences entre les 3 classes.
La troisième pyramide montrait la société communiste. Où les flèches partant du bas et de la classe moyenne essayaient d’attendre le haut mais étaient limitées par la ligne de séparation. Une petite élite et une grosse société d’en bas, séparées par une section de classe moyenne minimale de la pyramide. Ensuite nous avons tourné la page et avons vu la damnée quatrième pyramide. Celle-là avait des flèches partant de la classe moyenne et pointant vers la classe d’en bas, la classe des pauvres.
« Qu’est-ce ? » a demandé l’un de nous. Le professeur nous a regardé : « c’est nous ».
« C’est le pays en faillite, un pays qui redevient un pays du tiers monde, comme le montre la pyramide cinq où il n’y a plus de classe moyenne à proprement parler, une énorme classe populaire pauvre, et une très petite et très riche élite. »
« Quelles sont ces flèches qui partent du milieu vers le bas de la pyramide ? » demanda quelqu’un.
Vous auriez pu entendre une mouche voler. « C’est la classe moyenne en train de s’appauvrir. »
Je ne mentirai pas : personne n’a pleuré, bien que tout le monde ait fermé son visage, se soit pris la tête dans les main en retenant sa respiration.
Personne n’a pleuré, mais nous savions tous à ce moment que tout ce que nous pensions, tout ce que nous tenions comme acquis, ne se produirait jamais.
« Vous le voyez, les revenus de la classe moyenne ne sont pas suffisants pour permettre le fonctionnement de la classe moyenne. Certains en haut de la classe moyenne tombe dans la classe moyenne, mais une large majorité de la classe moyenne devient pauvre » dit le professeur.
Je ne sais pas combien de personnes dans cette pièce ont soudainement pris conscience qu’ils étaient pauvres.
Le professeur continua « Vous voyez, nous avons une classe moyenne qui devient subitement pauvre, créant une société de gens pauvres à la base, et il n’y a plus de classe moyenne pour amortir les tensions. Les gens de la classe moyenne découvrent soudainement qu’ils sont sur-qualifiés pour les emplois qu’ils peuvent trouver, et doivent se contenter de ce qu’ils peuvent obtenir, le taux de chômage atteint des sommets, trop d’offre, trop peu de demande. Vous voyez ils se préparent, étudient pour un emploi qu’ils n’obtiendront jamais. Vous les enfants, vous étudiez l’architecture parce que vous voulez simplement le faire. Seuls 3 ou 4 pour cents parmi vous trouveront en fait un emploi en relation avec l’architecture. »
Nous étions tous assis là, nous imbibant de tout cela. Après quelques mois, tout cela s’avéra vrai. Même Le nombre d’étudiants ayant quitté l’université a augmenté de 50%. Soit ils n’avaient plus d’intérêt à étudier quelque chose qui ne ferait aucune différence sur leur futur salaire, soit ils n’avaient plus d’argent pour rester à l’université, soit ils devaient travailler et soutenir leur famille." (...) FerFal, 2005, source
16:42 | Lien permanent | Commentaires (13)
une autre idée du bonheur*
(...) Une grande cassure économique française arrive. Son origine n’est pas d’ordre économique, mais bien provoqué par l’incapacité des dirigeants politiques à repenser les institutions et l’organisation économique et administrative.
Les finances publiques sont dans le rouge. La plongée de la croissance simplifie les calculs : la moitié des gains de la croissance est dédiée à la protection sociale. Si la croissance diminue comme cela est prévu à 0,4 % on a le choix de maintenir le taux des dépenses sociales au taux actuel ce qui aura pour conséquence d’accroître et de faire exploser les déficits. Dans cette situation, la France ne pourra jamais résorber son déficit et mon estimation est que la dette doublera en 25 ans.
Il existe une règle de base en économie qui explique qu’on ne sait pas gérer démocratiquement à moyen et court terme un pays sans croissance. La croissance est le moteur fondamental qui permet de supporter l’état social d’une nation. Notre situation annonce une nouvelle hausse des impôts en France malgré la limite supérieure de la courbe d’impôts déjà atteinte, c’est-à-dire la limite où le rendement est décroissant.
En ce mois de septembre 2 014, la France est devant un choix de civilisation. Le choix est le suivant : les Français acceptent de renoncer à une augmentation de leur pouvoir d’achat individuel pour redistribuer à la dépense collective (santé, protection sociale…) ou les Français refusent et les dirigeants continueront à motiver les citoyens en soutenant les augmentations de salaire. Dans ce cas, il faudra remettre en cause les grandes dépenses collectives.
Les projections pour la fin de l’année en terme de croissance économique et de déficit sont très pessimistes. Non seulement il n’y aura pas de réduction significative du déficit, mais la France ne sera pas loin du déficit de l’année dernière. Soit une année pour rien. 2 015 s’engagera avec un acquis de croissance faible et le défi à relever en terme d’économie visée sera non seulement considérable, mais dramatiquement infaisable.
La certitude est qu’il y aura davantage d’économies et moins de réductions de déficit que prévu. L’insuffisance de la demande agrégée au niveau européen fait prendre conscience aux gouvernements européens et plus particulièrement au gouvernement français de l’immense gravité de la situation.
La fin d’année 2014 sera dramatique pour la France, car de la crise sociale brûlante qui s’échafaude en ce moment naîtra une crise institutionnelle qui pousse à lancer un véritable cri d’alarme. Depuis 40 ans la France expérimente la même politique qui se résume à faire de la relance par la demande, mais cette politique creuse le déficit, augmente les impôts, concentre surtout les augmentations de l’impôt sur les entreprises accélérant la dégradation de la compétitivité donc de l’investissement et de l’emploi.
La situation est extrêmement grave. Le risque réel d’implosion fin 2014 du système économique français est sérieux. L’implosion annoncée pourrait entraîner un conflit sociétal humain source de violences physiques dans les zones urbaines où résident les Français aux ressources faibles et les classes moyennes inférieures.
Le danger est réel. Le danger est imminent. Les indicateurs sont dans le rouge. L’alarme s’est déclenchée. La fin de l’année 2 014 pourrait vraisemblablement être la fin d’une période économique et institutionnelle. " JL Ginder, Les Echos, 09/2014
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Ginder reste un économiste mainstream, libéral, dont la vision économisante et horizontale -apolitique- du monde est naturelle. Il y a bien sûr d'autres choix politiques que ceux qui nous condamnent à la faillite ou à l'alignement sur le standard Bengali -ou aux deux- mais Ginder ne peut y songer car cela le conduirait à remettre en cause les quelques totems du moment (ceux dont parlait le pauvre Attali chez Taddei, ie, mondialisation, dérégulation, nomadisme, monnaie unique, abandon des diverses formes de souveraineté, expertocratie, séparatisme élitaire, déclassement des classes moyennes, paupérisation générale, etc.) qui luiservent de colonne vertébrale...
La disparition du travail en Occident et ailleurs, le vieillissement des populations occidentales et l'explosion démographique planétaire ailleurs, la faillite générale des systèmes sociaux, la disparition du welfare state, la "libanisation ethnique" (Julliard) générale, l'anomie générale et violente, la disparition (Zemmour dirait "deconstruction") des dernières structures de sens inhérentes à l'ancien monde (pré-capitaliste) sous les lois d'airain du tsunami libéral juridico-marchand contemporain vont nous obliger à faire des choix, effectivement, mais pas ceux qu'évoquent Ginder: le choix entre la soumission des peuples à cette globalisation prédatrice et violente et la révolte. Le plus tôt sera le mieux.
Finalement, souhaitons que Ginder voie juste, ce climat d'effondrement au ralenti devient pesant. bon dimanche!
Pour le fun, faut écouter Attali vs Zemmour, c'est énorme! Quand j'y repense, je me dis deux choses: la logorrhée bien-pensante du curé attali constitue le degré zéro de la réflexion politique (le discours de Homais lors des comices agricoles dans Mme Bovary est mille fois plus chargé de sens par exemple:)) or attali est TOUT sauf un con; conclusion, Attali prend les gens pour des débiles profonds!
*j'emprunte le titre du post à inénarrable Marc Levy dont chacun des titre d'ouvrage me met en joie:)
photo: une autre idée du bonheur, pour de vrai..
NB: l'historien Alain Michel donne raison à Zemmour..
16:42 | Lien permanent | Commentaires (24)
13/10/2014
anatomie du chaos n+1
11:01 | Lien permanent | Commentaires (10)
11/10/2014
what else?
10:37 | Lien permanent | Commentaires (24)
10/10/2014
friday gun
23:37 | Lien permanent | Commentaires (4)
friday wear
18:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/10/2014
inside job
"La vérité est que les Américains furent battus par les Américains, du jour où l'opinion aux Etats-Unis se retourna, notamment parce que la conscription ne touchait plus seulement les Noirs et les chômeurs mais les classes aisées, les étudiants des campus. Et ceux qui allaient à pied la nuit gagnèrent. Encore vingt ans plus tard, j'aurai l'occasion d'une nouvelle discussion avec un Américain sur l'Indochine. Henry Kissinger est venu à Paris pour le quinzième anniversaire des accords, invité à un colloque universitaire qui se tient aux lieux mêmes de la conférence USA-Viêt-nam, avenue Kléber. Nous déjeunons ensemble. Il y a du point de vue militaire et diplomatique quelque chose qui m'a toujours surpris: la façon dont les Américains vont lâcher le Sud-Viêt-nam. L'offensive du Viêt-minh (et cette fois pas en poussant des vélos à l'abri de la jungle comme à Diên Bien Phû) déferle par Ban Methuot. De véritables colonnes, blindés et camions, contournent par l'intérieur les positions de l'armée du Sud. (En débordant par la droite, en laissant l'ennemi sur sa gauche, aurait dit le colonel du secteur. Très facile de tirer...) Pourquoi l'Amérique n'a-t-elle pas bougé ?
Kissinger. - Parce que l'Amérique était engagée dans une négociation avec Hanoi pour l'éventuelle libération d'aviateurs capturés lors des bombardements sur le Nord. Nous n'étions même pas sûrs de leur nombre, la presse américaine ne s'intéressait qu'à ce sujet, très émotionnel. La télévision montrait les photos des disparus et de leurs familles sans nouvelles.
- Alors vous n'avez rien fait ?- Alors nous n'avons rien fait. Il était très facile d'écraser avec l'aviation toutes les colonnes d'assaut du Viêt-minh. Je l'ai proposé au Président. Pour la première fois, la victoire décisive était à notre portée. Cela aurait pris moins de vingt-quatre heures. Et toute la situation basculait en faveur de nous et du Sud-Viêt-nam. Le risque était que Hanoi arrête les conversations sur les aviateurs américains prisonniers, risque que Ford ne voulait pas prendre. J'ai expliqué que le Viêt-minh serait bien obligé de les renouer après sa défaite, et dans des conditions bien meilleures pour nous... Le Président m'a dit avec un soupir :
« On voit bien, Henry, que vous n'êtes pas un élu. » Avant d'arriver avenue Kléber où je l'emmène-en voiture, Henry Kissinger me confie : « Cette conférence anniversaire m'ennuie énormément. Elle est publique, et la salle va être truffée de ces intellectuels de la gauche américaine, pacifistes et prosoviétiques, qui ont inventé l'expression "la sale guerre" et qui vont une fois de plus m'accuser d'être un nazi et un criminel. Ils me fatiguent. » Ce n'est pas ainsi que les choses vont se passer. A la tribune, un éminent représentant de la Sorbonne, historien. Je siège, invité d'honneur, à sa gauche. À sa droite des journalistes français très connus. La salle est bondée. Kissinger parle une petite demi-heure sur la conférence de l'avenue Kléber et son prix Nobel, sans rien apporter de nouveau. Le président de séance demande s'il y a des questions dans la salle. Alors se lève une Vietnamienne dont l'âge est difficile à dire, peut-être 45, 50 ans.- Je m'appelle Thu-Lin. J'ai 23 ans. Mon père., officier dans l'armée du Sud-Viêt-nam, est mort de faim et de maladie dans un camp de rééducation à régime sévère. Ma mère et mon frère ont été égorgés devant moi et jetés à la mer quand nous avons fui, boat people. J'ai été violée onze fois, et vendue à un réseau de prostitution a Bangkok. Monsieur Kissinger, quand vous vous levez le matin, quand vous vous rasez, est-ce que vous pouvez vous regarder dans la glace? Silence de mort. Le président tousse et suggère :
- Nous allons regrouper les questions, pour permettre au professeur Kissinger clé mieux répondre. Hum, hum. Y a-t-il une autre question ? Alors un Vietnamien, sans âge, se lève.
-je m'appelle NguyenThan. J'ai 60 ans. J'ai été conseiller des troupes américaines. J'ai continué à me battre avec mon unité contre les communistes encore après la chute de Saigon. Pour l'honneur. Les communistes ont tué sur place la moitié d'entre nous. Les autres ont disparu. Parce que j'étais le chef, on ne m'a pas tué, on m'a mis dans une cage comme un animal, et on m'a promené de village en village avec un écriteau « traître au peuple, traître à la patrie ». Les enfants me jetaient de la boue et des excréments. Monsieur Kissinger, prix Nobel de la paix, comment faites-vous pour réussir à dormir.
Toute la salle est pleine de Vietnamiens qui se sont organisés et vont se lever tour à tour pour dénoncer les horreurs de la répression communiste et de la misère du peuple. Le président ne sait plus quoi dire. Face a ces revenants, Kissinger est pâle comme un revenant. C'est le porte-parole de cette gauche intellectuelle et pacifiste américaine, qu'il redoutait, qui va le sauver. Un Américain se lève et dit :- Je suis le rédacteur en chef de Remparts, revue qui a joué un très grand rôle dans l'arrêt de la guerre du Viêt-nam en mobilisant l'opinion américaine contre elle. Ce n'est pas M. Kissinger qu'il faut attaquer sur les conséquences de la paix. Il n'a pas capitulé devant le Viêt-minh. Il a été battu par nous.
La séance est suspendue."
Jean-francois Deniau "Mémoires de sept vies", 1988.
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« Bien des erreurs furent commises et tout particulièrement l'expédition de Sicile. Pourtant s'il y eut faute dans cette affaire, ce fut moins parce qu'on avait sous-estimé l'adversaire auquel on s'attaquait, que parce que les hommes qui avaient fait partir cette expédition se rendaient mal compte des moyens qu'il fallait mettre à sa disposition. Tout occupés à s'entre déchirer dans la compétition engagée dans la direction du peuple, ils affaiblirent le corps expéditionnaire et provoquèrent dans la cité même les premiers troubles politiques. (...) Athènes ne succomba que lorsqu'elle se fut épuisée dans les discordes intérieures. »
Thucydide, La guerre du Péloponnèse. II, 65, 12-13.
13:05 | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : deer hunter, kissinger, deniau
anémones
« Le soir du 22 avril, nous quittâmes Prény et fîmes une marche de plus de trente kilomètres jusqu'au village d'Hattonchâtel, sans avoir un seul éclopé, malgré le poids du barda ; nous campâmes à droite de la fameuse « grande tranchée »*, en plein cœur de la forêt. Tout indiquait que nous allions être mis en ligne le lendemain. On nous distribua des paquets de pansements, une seconde ration de « singe » et des fanions de signalisations, pour l'artillerie.
Je restais longtemps assis, ce soir-là, dans cet état de songerie prémonitoire dont se souviennent les guerriers de tous les temps, sur une souche autour de laquelle foisonnaient des anémones bleuâtres, avant de regagner ma place sous la tente, en rampant par-dessus mes camarades, et j'eus dans la nuit des rêves confus, où une tête de mort jouait le rôle principal.
Priepke, à qui j'en parlais le lendemain matin, émit l'espoir qu'il se soit agi d'un crâne Français. »
(Ernst Jünger, Orages d'acier, 12 avril 1915)
Je crois que nulle part ailleurs que dans ses carnets de la première guerre mondiale (Orages d'aciers), qu'il traversera de décembre 1914 à août 1918 n'apparaît mieux la singularité de ce jeune homme qui dés les premiers jours, sous le feu, va faire montre à la fois d'un courage physique hors du commun et d'une maturité sans bornes qui éclate dans sa capacité à s'extraire de l'horreur quotidienne et traumatisante du front -en première ligne- pour évoquer Saint Simon ou Tallemant des Réaux, la beauté d'une anémone ou le détail d'un rêve prémonitoire.
On retrouve la même distance contemplative (qui va de pair avec un engagement physique total dans quelques bataillons de choc durant la première guerre mondiale), largement amplifiée par l'âge et l'érudition, dans son Jardins et routes, carnets de la campagne de France qui mêle considérations guerrières, stratégiques, botaniques et oniriques.
Un homme supérieur, à maints égards.
*ou tranchée de Calonne, route forestière courant aux pieds des Hauts de Meuse. Elle constituera l'axe de l'attaque allemande d'avril.
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04/10/2014
l'an mille
« Alexandre est sans doute le premier homme d'état a avoir pensé planétairement…Il n’aura pas pour autant réussi à helléniser la vallée du Nil, qui restera copte, la Syrie et la Mésopotamie, qui resteront araméennes, l’Iran, qui restera iranien. Ne nous laissons pas prendre à la parade hellénisante que joueront sur leurs monnaies les dynastes anatoliens ou parthes. De siècle en siècle, nous verrons ce vernis d’hellénisme s’effriter et le fond indigène paraître à nu. Loin de nous de méconnaître les résultats de la conquête macédonienne. Elle a changé la face du monde. Mais parce qu’elle correspond à la première colonisation tentée par un grand empire, elle nous rappelle que toute colonisation, à la longue, épuise son potentiel et que, tôt ou tard, (les siècles pour le philosophe importent peu), le pays colonisé, après avoir bénéficié largement de l’effort du colonisateur, se trouve lui-même avec son âme inchangée. » René Grousset, Figures de proue, 1949.
« Que peut-il se passer après la victoire de la contre-colonisation ? Peut-être bien quelque chose de semblable à ce qui s'est s'est passé dans la partie méridionale du monde méditerranéen après la conquête arabe. Dans un premier temps, les conquérants laissent les chrétiens et accessoirement les Juifs s'occuper des tâches créatives ; il en résulte, à l'époque, une apogée civilisationnelle qui ne doit pas grand-chose à l'islam mais qui n'a été possible que grâce à la paix et à l'unité que les conquérants ont restaurées. Puis le réservoir de ces populations actives et créatrices se tarit progressivement à cause des persécutions occasionnelles et surtout des conversions à l'islam permettant d'échapper à la dhimmitude et à la fiscalité qui l'accompagne. La civilisation islamique se fige assez vite et une lente et inexorable décadence commence. L'histoire s'est répétée à partir du XVe siècle dans l'Empire ottoman. Dans les deux cas, ce sont les populations autochtones conquises qui ont été le plus transformées, et de très loin, et ce malgré leur nombre resté longtemps important : Constantinople-Istamboul était encore majoritairement peuplée de chrétiens en 1914. » Marcel Meyer, gentil lecteur de ce blog.
« Il y a quelque chose qui est la spécificité, la singularité et le lourd privilège de l’Occident : cette séquence social-historique qui commence avec la Grèce et reprend, à partir du XIème siècle, en Europe occidentale, est la seule dans laquelle on voit émerger un projet de liberté, d’autonomie individuelle et collective, de critique et d’autocritique : le discours de dénonciation de l’Occident en est la plus éclatante démonstration. Car on est capable en Occident, du moins certains d’entre nous, de dénoncer le totalitarisme, le colonialisme, la traite des Noirs ou l’extermination des Indiens d’Amérique. Mais je n’ai jamais vu les descendants des Aztèques, les Hindous ou les Chinois faire une autocritique analogue, et je vois encore aujourd’hui les Japonais nier les atrocités qu’ils ont commises pendant la seconde guerre mondiale. Les Arabes dénoncent ans arrêt leur colonisation par les Européens, lui imputant tous les maux dont ils souffrent –la misère, le manque de démocratie, l’arrêt du développement de la culture arable, etc. Mais la colonisation de certains pays arabes a duré, dans le pire des cas, cent trente ans : c’est le cas de l’Algérie de 1830 à 1962. Mais ces mêmes arabes ont été réduits à l’esclavage et colonisés par les Turcs pendant cinq siècles. La domination Turque sur le Proche et le Moyen Orient commence au XVIème siècle et se termine en 1918. Il se trouve que les Turcs étaient musulmans –donc les arabes n’en parlent pas. L’épanouissement de la culture arabe s’est arrêtée vers le XIème, au plus XIIième siècle, huit siècles avant qu’il soit question d’une conquête par l’Occident. Et cette même culture arabe s’était bâtie sur la conquête, l’extermination et/ou la conversion plus ou moins forcée des populations conquises. En Egypte, en 550 de notre ère, il n’y avait pas d’arabes –pas plus qu’el Libye, en Algérie, au Maroc ou en Irak. Ils sont là comme des descendants des conquérants venus coloniser ces pays et convertir, de gré ou de force, les populations locales. Mais je ne vois aucune critique de ces faits dans le cercle civilisationnel arabe. De même, on parle de la traite des Noirs par les Européens à partir du XVIème siècle, mais on ne dit jamais que la traite et la réduction systématique des Noirs en esclavage ont été introduites en Afrique par des marchands arabes à partir du XI-XIIième siècle (avec comme toujours la participation complice des rois et chefs de tribus noirs), que l’esclavage n’a jamais été aboli spontanément en pays islamique et qu’il subsiste toujours dans certains d’entre eux. Je ne dis pas que tout cela efface les crimes commis par les Occidentaux, je dis seulement ceci : que la spécificité de la civilisation Occidentale est cette capacité de se mettre en question et de s’auto-critiquer. Il y a dans l’histoire Occidentale, comme dans toutes les autres, des atrocités et des horreurs, mais il n’y a que l’Occident qui a crée cette capacité de contestation interne, de mise en cause de ses propres institutions et de ses propres idées, au nom d’une discussion raisonnable entre êtres humains qui reste indéfiniment ouverte et ne connaît pas de dogme ultime. » Cornélius Castoriadis, La montée de l’insignifiance, 1996.
« Or, la question majeure de l'époque, c'est bel et bien la plus visible, la plus éclatante, celle dont tout le monde a peur de parler - évidemment - qu'on aborde qu'à demi-mot et à voix basse, c'est-à-dire la colonisation de peuplement que subit l'Europe de la part de peuples maghrébins, africains et asiatiques et qui se double d'une entreprise de conquête du sol européen par l'islam. Ce n'est pas une curiosité politique, c'est un événement historique tonitruant, sans aucun précédent dans l'histoire européenne, aussi loin que porte la mémoire. Il s'agit d'abord d'en prendre acte, d'éveiller les consciences à ce fait capital. Non pas pour l'admettre et “faire avec”. Mais pour le refuser et entamer le débat sur la manière de le combattre et de renverser la vapeur. Ce processus funeste vient bien entendu s'ajouter et se combiner à l'assujettissement culturel et stratégique de l'Europe aux États-Unis d'Amérique. J'essaierai de montrer dans cet essai, en accord complet avec les thèses d'Alexandre del Valle, qu'il est rigoureusement stupide de croire que l'islamisation nous préservera de l'américanisation ; les deux processus de déculturation marchent la main dans la main. De même que le chaos ethnique qui guette l'Europe sert les causes conjointes de l'islamisme et de l'américanisme. Ceux qui s'imaginent, par de subtiles contorsions intel- lectualistes, que l'islam vaut mieux que l'américanisation succombent à ce désordre mental grave qu'on appelle l'oubli de soi, le renoncement à être, l'amnésie historique. Ceux qui embrassent l'islam sous prétexte qu'il porte des valeurs “traditionnelles” et anti-américaines choisissent un ennemi pour un autre, abdiquent leur identité européenne et se montrent impuissants à trouver en eux-mêmes les ressources de la renaissance. Pourquoi aller chercher dans une religion profondément étrangère des ressources morales et des racines alors que, depuis Homère, les nôtres inondent toute la civilisation européenne ? » Guillaume Faye, La colonisation de l'Europe.
« Télémaque (car il ne croyait pas encore que ce fut son père) prit de nouveau la parole et lui dit: « Non, tu n'es pas Ulysse, mon père; mais une divinité m'abuse pour que je me lamente et m'afflige encore davantage: car un homme mortel ne saurait opérer ces prodiges par sa volonté, à moins qu'un dieu, survenant en personne, ne le rendit aisément jeune ou vieux à son gré. Tout à l'heure en effet, tu étais un vieillard, couvert de haillons; et maintenant tu ressembles aux dieux qui habitent le vaste ciel ». L'ingénieux Ulysse, prenant la parole à son tour, lui répondit: « Télémaque, il ne convient pas qu'en voyant ton père ici présent, tu sois étonné ni surpris à l'excès; car il ne viendra plus en ces lieux d'autre Ulysse ; c’est bien moi qui, après avoir souffert des maux sans nombre et erré longtemps, suis revenu au bout de vingt ans dans ma patrie. D’ailleurs, ce que tu vois est l’œuvre d’Athéna, amie du butin, qui me rend semblable, quand il lui plait (car elle en a le pouvoir), tantôt à un mendiant, tantôt aussi à un jeune homme dont le corps est couvert de beaux vêtements. Il est facile aux dieux qui habitent le vaste ciel de glorifier et d’abaisser un simple mortel ». Après avoir ainsi parlé, il s’assit ; Télémaque, tenant son noble père embrassé soupirait en versant des larmes ; et tous deux, cédant à l’envie de pleurer poussaient des cris, comme les aigles ou les vautours aux serres crochues, à qui des laboureurs ont dérobé leurs petits avant qu’ils pussent voler. C’est ainsi que des larmes d’attendrissement mouillaient leurs paupières. » L’Odyssée, XVI.
Bon WE à tous.
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