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09/12/2008

Djeunz

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"Je me demande ce qui a bien pu se passer à un moment donné, quelle espèce de maléfice a pu frapper notre génération pour que, soudainement, on ait commencé à regarder les jeunes comme les messagers de je ne sais quelle vérité absolue. Les jeunes...les jeunes...les jeunes...On eût dit qu'ils venaient d'arriver dans leurs vaisseaux spatiaux.Ce qui s'est passé entre 50 et 70 est fascinant et terrible, quand les générations qui savaient ont cédé le pouvoir à ceux qui venaient juste de quitter leurs jeux d'enfants. Seul un délire collectif peut nous faire considérer comme des maîtres dépositaires de toutes les vérités des garçons de quize ans."

Federico Fellini , Fellini par Fellini, éditions Calman Levy

Alors quoi?

- une société narcissique ou nombre de gamins n’ont plus de figure du père, symbole d’autorité et de mise en contact avec le réel. D’où une déconnection renforcée par la disparition de structures ou de communautés de médiation entre le monde protecteur et clos/ maternel de la famille et la froide réalité du monde réel (service militaire, corporations, etc.). Explication du sentiment d'immédiateté du désir et de la revendication agressive lorsque celui-ci n'est pas satisfait.

- valorisation inconditionnelle des jeunes, quoi qu’ils fassent, qu’ils disent ou qu’ils soient : les jeunes sont ontologiquement supérieurs. De la même façon, les adultes sont ontologiquement coupables et ne peuvent qu’expier, comme l’Occident est coupable au regard du reste du monde, ou l’homme blanc vis-à-vis du métis, nouvelle figure Christique.

- parallèle avec le désastre éducatif moderne, certes multifactoriel (prolétarisation des enseignants et des élèves, massification, nivellement par le bas sous couvert du refus de l’élitisme « bourgeois », disparition de toute autorité et de tout respect de la figure du professeur, etc.), mais aggravé par les théories pédagogistes modernes mettant le maître à l’école de l’élève, sommé de construire seul son savoir, l’enseignant désormais inutile car l’élève en est l’égal. L’enfant au centre du système scolaire, pas la connaissance ni la transmission d’un patrimoine culturel (horreur).

- m’évoque aussi ce culte du soi-même (Renaud Camus) consistant à encourager les enfants à n’être qu’eux-mêmes, à haïr  toute distanciation par rapport à soi-même, à sa culture ou son environnement. Rendant bien sûr presque impossible toute érudition. Albert Camus, dans ses chroniques Algériennes racontant ses années d’enseignement à de petits kabyles du bled illustre parfaitement l’importance de cette aliénation positive en rapportant l‘intérêt et la curiosité de ses petits élèves pour les histoires d’hiver froid, de neige, de marche en sabots… Rester soi-même, c’est se condamner à l’immobilité, à la déculturation, à la violence.

- l’éclatement moderne, bien sûr loué par nos vigies progressistes, de la famille nucléaire et la toute puissance des enfants au sein de familles recomposées dont les « référents adultes » ne disposent plus d’une autorité significative va dans le même sens et contribue à affermir le sentiment chez les plus jeunes, bien avant le moindre contact avec le monde professionnel et l’autonomie financière et intellectuelle, qu’ils ne doivent plus rien à personne et surtout pas aux plus âgés.

- tendance anthropologique admirablement récupérée par le capitalisme globalisé qui sous couvert de « rébellion » en bois et de culture « alternative » TM, maximise ses profits et uniformise un peu plus –en l’asservissant- une jeunesse inculte et revendicatrice aux mots d’ordres formatés par des marketeux bourrés de coke.

Bref, s’il fut un temps ou la société, les parents et la communauté avaient des droits sur l’enfant (éduquer, instruire, apprentissage des valeurs communes, respect des aînés, etc.) aujourd’hui c’est l’inverse : la société est devenue le débiteur inconditionnel des jeunes : ceux-ci n’ont que des droits, qu’ils font valoir, logiquement.

08/12/2008

Puisqu'on est entre nous

07/12/2008

THE irish tour

Miss hoplite 2008-2018

lima80uy.jpg"La patrie, l'honneur, la liberté, il n'y a rien : l'univers tourne autour d'une paire de fesses, c'est tout..."

JP Sartre.

 











Ah mais alors quelle surprise! (What kind of fuckery is this?)

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05/12/2008

Page, Plant, Jones, Bonham 1972

Qui, en 2008, peut synthétiser la grace, la brutalité, la virtuosité qui composent cet ultime combo?
Observez Plant: la classe de lucifer, la voix d'un ange, les burnes d'un T-rex.
Observez Page: des soli félins, des saillies lubriques, une vision du guitar hero.
Observez Bonam: rythmique aux amphets', sens de la mesure et de la déconstruction jazzy, rapidité et précision surnaturelles.
Observez Jones: PAS DE MEDIATOR, jeux au doigt, au milieu du manche, groove tellurique et connection symbiotique au batteur.
Alors qui en 2008, bordel? BB Brunes? Plasticines? Naast?
La réponse au prochain post et merde

jo

Dhimmitude ou l'avenir programmé des catholiques progressistes

Muslim prayer rooms should be opened in Catholic schools, say church leaders

By Simon Caldwell

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Muslim prayer rooms should be opened in every Roman Catholic school, church leaders have said. The Catholic bishops of England and Wales also want facilities in schools for Islamic pre-prayer washing rituals.

The demands go way beyond legal requirements on catering for religious minorities. But the bishops - who acknowledge 30 per cent of pupils at their schools hold a non-Christian faith - want to answer critics who say religious schools sow division.

Bishops want prayer rooms opened in every Roman Catholic school (file photo) The recommendations were made in a document, Catholic Schools, Children of Other Faiths and Community Cohesion.

'If practicable, a room (or rooms) might be made available for the use of pupils and staff from other faiths for prayer,' the bishops said.

'Existing toilet facilities might be adapted to accommodate individual ritual cleansing which is sometimes part of religious lifestyle and worship. 'If such space is not available on a permanent or regular basis, extra efforts might be made to address such need for major religious festivals.'

The Islamic cleansing ritual, called 'Wudhu', is carried out by Muslims before they pray. Islam teaches that Muslims are unfit for prayer if they have not performed Wudhu after breaking wind or using the toilet.

Wudhu involves washing the face, hands, arms and feet three times each, gargling the mouth three times and washing the neck and inside the nose and ears. Some Muslims also wash their private parts. Catholic schools would need to install bidets, foot spas and hoses to facilitate such extensive cleansing rituals, Muslims say.

Daphne McLeod, a former Catholic head teacher from south London, said it would be 'terribly expensive' for the country's 2,300 Catholic primary and secondary schools to provide ritual cleansing facilities. She said: 'If Muslim parents choose a Catholic school then they accept that it is going to be a Catholic school and there will not be facilities for ritual cleansing and prayer rooms.

'They do their ritual cleansing before they go to a mosque, but they are not going to a mosque. 'I don't think the bishops should go looking for problems. Where will it stop?'

But Majid Khatme, a Muslim who sent his children to a London Catholic school, said he was delighted by the gesture. 'It is very kind of the bishops if they give this facility for Muslims to pray,' he said.

'I would love to send a letter of thanks to the bishops, really. If they do this all Muslims in Britain will be thankful to the Catholic Church to have facilities to pray. It is very, very encouraging.'

The recommendations have been approved by Vincent Nichols, Archbishop of Birmingham and the favourite to succeed Cardinal Cormac Murphy-O'Connor as Catholic primate. But it would be up to governing bodies of each school to decide whether to act on the guidance.

Source via l'Amiral

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Il y a aussi de bonnes nouvelles dans nos terroirs progressistes et havres de tolérance et de multiculturalisme...

Tous les matins du monde

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" Le libéral est mécontent de tout régime; l'anarque en traverse la série, si possible sans jamais se cogner, comme il ferait d'une colonnade. C'est la  bonne recette pour qui s'intéresse à l'essence du monde plutôt qu'à ses apparences - le philosophe, l'artiste, le croyant. E Jünger, Eumeswill."

Pas facile la posture de l’anarque. Au passage, la métaphore de l’homme libre traversant la colonnade est lumineuse…

Mon dernier post au sujet de certains matins de merde en est le reflet. Je ne suis pas progressiste, pas décliniste non plus donc, c’est important de le préciser. Ca n’était pas mieux avant, et demain ne sera pas radieux, pas forcément tout au moins…

Et il n’y a pas un matin où je ne sois pas saisi –le mot est faible, plutôt pétrifié, meurtri, écoeuré- par le Spectacle de ce monde moderne haïssable par bien des aspects.

C’est dire à quel point il me reste du chemin pour atteindre ce détachement, cette vision supérieure du monde, cette weltanschauung du philosophe de l’artiste ou du croyant, au delà des apparences. Toucher à l’essence, tourner le dos à l’homo laborans et à l’homo faber, à l'hubris démocratique

" L'anarque [...] a le temps d'attendre. Il a son èthos propre, mais pas de morale. Il reconnaît le droit et non la loi; méprise les règlements. Dès que l'èthos descend au niveau des règlements et des commandements, c'est qu'il est déjà corrompu."

Comment vivre au milieu des autres, et au milieu de ruines pour qui regarde la longue durée, en n’étant pas affecté par la veulerie et la médiocrité de ce monde ?

Comment ne pas se sentir concerné? Comment passer au travers de la colonnade ? Faut-il s’en battre les couilles ? Faut-il être nostalgique ?

L’anarque est pleinement conscient du monde qui l’entoure et réagit au besoin favorablement ou pas. Il n’est pas indifférent à son milieu, il est d’une autre nature, d’une autre essence. Intouchable, à la fois proche et lointain, parce qu’il en a décidé ainsi…

L’anarque a son èthos (état d'âme) propre, indifférent à la loi commune. Comme Antigone affrontant Créon pour donner une sépulture à son frère, arguant de l’existence de lois supérieures à celles des hommes. Et finir emmurée. Je mesure ma corruption…

« La vie est trop courte et trop belle pour qu'on la sacrifie à des idées, bien qu'on puisse toujours éviter d'en être contaminé

Sûrement.

04/12/2008

Tout anarque que je sois, il y a des matins de merde.

 

Bruxelles voit déjà l'UE à 35 membres

Alors que la ratification du traité de Lisbonne est enlisée, Bruxelles planche déjà sur une Europe à 35. Les fonctionnaires de la Commission européenne ont accouché début novembre d’un rapport de 77 pages préconisant l’accélération en 2009 des discussions avec tous les pays qui frappent à la porte de l’Union européenne. Pour conjurer le coup de mou créé par la non ratification du traité de Lisbonne, il faut poursuivre «l’élan de l’intégration»...

Parmi les pays qui ont toutes les chances d’intégrer l’Europe de demain figure la Turquie. Au travers de son rapport, la Commission à l’élargissement confirme que ce poids lourd de plus de 70 millions d’habitants a vocation à trouver sa place dans le giron européen. La même promesse est formulée envers tous les pays de l’ex-Yougoslavie et envers l’Albanie. La Croatie devrait atteindre la phase finale des négociations d’adhésion d’ici la fin de 2009. Puis viendront Kosovo, Serbie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine, Macédoine, Montenegro. Pour justifier un tel appétit, Bruxelles met en avant l’argument imparable de la paix et, à ce sujet, la crise géorgienne représenterait une aubaine pour les partisans de l’élargissement. Pour ces derniers, intégrer des zones géostratégiques importantes, revient à limiter le risque de guerres périphériques.

Entre 2009 et 2011, Bruxelles compte augmenter progressivement les versements annuels à chaque candidat. L’aide à la Turquie passera ainsi de 566 millions l’an prochain à 781 millions d’euros en 2011. La Serbie touchera 202 millions d’euros contre 194 l’an prochain ; la Croatie 157 contre 151 millions, la Bosnie 108 contre 89 millions ; la Macédoine 98 millions contre 81 ; le Kosovo 68,7 contre 66 millions. Et l’Albanie va gagner de 81 à 98 millions d’euros.

(Source)

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Le site d’actualité “Le Post” est une émanation du Monde interactif, filiale du Monde et du Groupe Lagardère. Et sur “Le Post”, on n’aime pas faire de peine à la diversité™.

En conséquence, quand un dénommé Nagib Toubache, 21 ans, — à la suite d’un vol d’essence, d’un car-jacking, et après avoir foncé sur un barrage de police — reçoit une balle perdue tirée par un gendarme et décède, “Le Post” n’a qu’une idée : dissimuler le prénom du bambin multiculturel et le transformer en “David”. Sait-on jamais, des lecteurs pourraient avoir la mauvaise idée de réfléchir un peu trop et de faire un rapprochement entre immigration et criminalité…

Hélas, toutes les petites orwelleries ont leurs failles : dans l’article en question, le rédacteur (qui sera sans nul doute sanctionné par le Politburo interne) a malencontreusement laissé échapper le véritable prénom du voyou juste avant la fin. Ce qui donne :

- On ne pensait pas qu’il y aurait autant de monde à l’enterrement, confie la cousine de David* (prénom modifié) […]. Honnêtement, on ne sait pas comment David a pu se retrouver dans cette histoire.[…] David est mort […]

- Qui a vu Nagib pour la dernière fois avant sa mort ?

- Mon mari. Ils ont mangé ensemble à Creil juste avant le drame. David avait sa voiture […]

La personne n’étant pas mineure, rien ne justifie ce changement de prénom. Seule une approche “idéologique” de la question a pu présider à ce choix.

A noter que cette affaire commence à prendre de l’ampleur :

le gendarme a été mis en garde à vue pour avoir fait son travail.

le poste de police a été incendié. Des représailles apparemment normales entre bandes rivales. Car en France, aux yeux de l’allogénat outre-méditerranéen [nous aussi, nous avons passé notre certificat novlangue], la police est une bande parmi d’autres…

Des “émeutes urbaines” sont redoutées par la police qui commence à envoyer la troupe.

Lire dans l’article du Parisien (voir les sources) l’ahurissant flot de louanges pour le chérubin diversificateur qui, au dire des témoignages publiés [c'est le fait qu'ils soient publiés qui pose problème, et non l'aveuglement de la famille], mériterait presque d’être canonisé tant sont grandes ses vertus.

A noter également que la famille se plaint, et est “en colère” : «on ne nous permet pas de voir le corps comme l’exige la tradition musulmane » glapit-elle  (Courrier Picard). En NovoFrancie, les traditions musulmanes passent en effet avant les exigences médico-légales, policières et judiciaires.

Aussi : «Les parents de la victime n’auraient pas décidé du lieu d’inhumation, le Bassin creillois ou l’Algérie» (Le Parisien).

(Source)

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Mark Mardell, de la BBC : "Ma prédiction est que la semaine prochaine le gouvernement irlandais annoncera qu'il demandera au peuple irlandais de voter à nouveau sur le Traité de Lisbonne lors d'un nouveau référendum à l'automne prochain."

 

 

02/12/2008

La réponse est non car ils n'existent plus

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01/12/2008

Anarque

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L'anarque peut vivre dans la solitude; l'anarchiste est un être social, et contraint de chercher des compagnons.

Etant anarque, je suis résolu à ne me laisser captiver par rien, à ne rien prendre au sérieux, en dernière analyse... non, certes, à la manière des nihilistes, mais plutôt en enfant perdu, qui, dans le no man's land d'entre les lignes des marées, ouvre l'oeil et l'oreille.

C'est le rôle de l'anarque que de rester libre de tout engagement, mais capable de se tourner de n'importe quel côté.

Le trait propre qui fait de moi un anarque, c'est que je vis dans un monde que, "en dernière analyse", je ne prends pas au sérieux.

Pour l'anarque, les choses ne changent guère lorsqu'il se dépouille d'un uniforme qu'il considérait en partie comme une souquenille de fou, en partie comme un vêtement de camouflage. Il dissimule sa liberté intérieure, qu'il objectivera à l'occasion de tels passages. C'est ce qui le distingue de l'anarchiste qui, objectivement dépourvu de toute liberté, est pris d'une crise de folie furieuse, jusqu'au moment où on lui passe une camisole de force plus sérieuse.

Ce qui d'ailleurs me frappe, chez nos professeurs, c'est qu'ils pérorent d'abondance contre l'Etat et l'ordre, pour briller devant les étudiants, tout en attendant du même Etat qu'il leur verse ponctuellement leur traitement, leur pension et leurs allocations familiales, et qu'à cet égard du moins ils sont encore amis de l'ordre.

Le libéral est mécontent de tout régime; l'anarque en traverse la série, si possible sans jamais se cogner, comme il ferait d'une colonnade. C'est la  bonne recette pour qui s'intéresse à l'essence du monde plutôt qu'à ses apparences - le philosophe, l'artiste, le croyant.

Quand la société oblige l'anarque à entrer dans un conflit auquel il est intérieurement indifférent, elle provoque ses contre-mesures. Il tentera de retourner le levier au moyen duquel elle le meut.

Si j'aime la liberté "par dessus tout", chaque engagement devient image, symbole. Ce qui touche à la différence entre le rebelle et le combattant pour la liberté; elle est de nature, non qualitative, mais essentielle. L'anarque est plus proche de l'être. Le partisan se meut à l'intérieur des fronts sociaux et nationaux, l'anarque se tient au-dehors. Il est vrai qu'il ne saurait se soustraire aux divisions entre partis, puisqu'il vit en société.

Je disais qu'il ne faut pas confondre rebelles et partisans; le partisan se bat en compagnie, le rebelle tout seul. D'autre part, il faut bien distinguer le rebelle de l'anarque, bien que l'un et l'autre soient parfois très semblables et à peine différents, d'un point de vue existentiel.
La distinction réside en ce que le rebelle a été banni de la société, tandis que l'anarque a banni la société de lui-même. Il est et reste son propre maître dans toutes circonstances.

Pour l'anarque [...] S'il prend ses distances à l'égard du pouvoir, celui d'un prince ou de la société, cela ne veut pas dire qu'il refuse de servir, quoiqu'il advienne. D'une manière générale, il ne sert pas plus mal que tous les autres, et parfois mieux encore, quand le jeu l'amuse. C'est seulement du serment, du sacrifice, du don suprême de soi qu'il s'abstient.

L'anarque est [...] le pendant du monarque : souverain, comme celui-ci, et plus libre, n'étant pas contraint au règne.

Le libéralisme est à la liberté ce que l'anarchisme est à l'anarchie.

L'illusion égalitaire des démagogues est encore plus dangereuse que la brutalité des traîneurs de sabres... pour l'anarque, constatation théorique,  puisqu'il les évite les uns et les autres.

L'anarque, ne reconnaissant aucun gouvernement, mais refusant aussi de se bercer, comme l'anarchiste, de songeries paradisiaques, possède, pour cette seule raison, un poste d'observateur neutre.

L'anarque pense de manière plus primitive; il ne se laisse rien prendre de son bonheur. "Rends-toi toi-même heureux", c'est son principe fondamental, et sa réplique au "Connais-toi toi-même" du temple d'Apollon, à Delphes. Les deux maximes se complètent; il nous faut connaître, et notre bonheur, et notre mesure.

Le monde est plus merveilleux que ne le représentent sciences et religions. L'art est seul à le soupçonner.

L'obligation scolaire est, en gros, un moyen de châtrer la force de la nature et d'amorcer l'exploitation. C'est tout aussi vrai du service militaire obligatoire, qui est apparu dans le même contexte. L'anarque le rejette, tout comme la vaccination obligatoire et les assurances, quelles qu'elles soient. Il prête serment, mais avec des restrictions mentales. Il n'est pas déserteur, mais réfractaire.

Qu'on lui impose le port d'une arme, il n'en sera pas plus digne de confiance, mais, tout au contraire, plus dangereux. La collectivité ne peut tirer que dans une direction, l'anarque dans tous les azimuts.

L'anarque [...] a le temps d'attendre. Il a son éthos propre, mais pas de morale. Il reconnaît le droit et non la loi; méprise les règlements. Dès que l'éthos descend au niveau des règlements et des commandements, c'est qu'il est déjà corrompu.

L'anarque n'en [la société] discerne pas seulement de prime abord l'imperfection : il en reconnaît la valeur, même avec cette réserve. L'Etat et la société lui répugnent plus ou moins, mais il peut se présenter des temps et des lieux où l'harmonie invisible transparaît dans l'harmonie visible. Ce qui se révèle avant tout dans l'oeuvre d'art. En pareil cas, on sert joyeusement.

L'égalisation et le culte des idées collectives n'excluent point le pouvoir de l'individu. Bien au contraire : c'est en lui que se concentrent les aspirations des multitudes comme au foyer d'un miroir concave.

Etant anarque, ne respectant, par conséquent, ni loi ni moeurs, je suis obligé envers moi-même de prendre les choses par leur racine. J'ai alors coutume de les scruter dans leurs contradictions, comme l'image et son reflet. L'un et l'autre sont imparfaits -en tentant de les faire coïncider, comme je m'y exerce chaque matin, j'attrape au vol un coin de réalité.

Non qu'en tant qu'anarque, je rejette à tout prix l'autorité. Bien au contraire : je suis en quête d'elle et me réserve, pour cette raison précise, le droit d'examen.
Je mentionne cette indifférence parce qu'elle éclaire la distance entre les positions : l'anarchiste, ennemi-né de l'autorité, s'y fracassera après l'avoir plus ou moins endommagée. L'anarque, au contraire, s'est approprié l'autorité; il est souverain. De ce fait, il se comporte, envers l'Etat et la société, comme une puissance neutre. Ce qui s'y passe peut lui plaire, lui déplaire, lui être indifférent. C'est là ce qui décide de sa conduite; il se garde d'investir des valeurs de sentiment. Chacun est au centre du monde, et c'est sa liberté absolue qui crée la distance où s'équilibrent le respect d'autrui et celui de soi-même.

Le bannissement se rattache à la société comme l'un des symptômes de son imperfection, dont l'anarque s'accommode tandis que l'anarchiste tente d'en venir à bout.

Nous frôlons ici une autre des dissemblances entre [l'anarque] et l'anarchiste : la relation à l'autorité, au pouvoir législateur.
L'anarchiste en est l'ennemi mortel, tandis que l'anarque n'en reconnaît pas la légitimité. Il ne cherche, ni à s'en emparer, ni à la renverser, ni à la  modifier - ses coups de butoir passent à côté de lui. C'est seulement des tourbillons provoqués par elle qu'il lui faut s'accommoder.


L'anarque n'est pas non plus un individualiste. Il ne veut s'exhiber, ni sous les oripeaux du "grand homme", ni sous ceux de l'esprit libre. Sa mesure lui suffit; la liberté n'est pas son but; elle est sa propriété. Il n'intervient ni en ennemi, ni en réformateur; dans les chaumières comme dans  les palais, on pourra s'entendre avec lui. La vie est trop courte et trop belle pour qu'on la sacrifie à des idées, bien qu'on puisse toujours éviter d'en être contaminé. Mais salut aux martyrs !

A première vue, l'anarque apparaît identique à l'anarchiste en ce qu'ils admettent, l'un comme l'autre, que l'homme est bon. La différence consiste en ceci : l'anarchiste le croit, l'anarque le concède. Donc, pour lui, c'est une hypothèse, pour l'anarchiste un axiome. Une hypothèse a besoin d'être vérifiée en chaque cas particulier; un axiome est inébranlable. Suivent alors les déceptions personnelles. C'est pourquoi l'histoire de l'anarchie est faite d'une série de scissions. Pour finir, l'individu reste seul, en désespéré.

Il n'y a pas plus à espérer de la société que de l'Etat. Le salut est dans l'individu.

L'idée fondamentale de Fourier est excellente : c'est que la création est mal fondue. Son erreur consiste à croire que ce défaut dans la coulée est réparable. Avant tout, l'anarque doit se garder de penser en progressiste. C'est la faute de l'anarchiste, en vertu de laquelle il lâche les rênes.

L'anarque peut rencontrer le monarque sans contrainte; il se sent l'égal de tous, même parmi les rois. Cette humeur fondamentale se communique au souverain; il sent qu'on le regarde sans préjugés. C'est ainsi que naît une bienveillance réciproque, favorable à l'entretien.

Le capitalisme d'Etat est plus dangereux encore que le capitalisme privé, parce qu'il est directement lié avec le pouvoir politique. Seul, l'individu peut réussir à lui échapper, mais non l'association. C'est l'une des raisons qui font échouer l'anarchiste.

Ernst JÜNGER, Eumeswill (1977)