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12/10/2010

un tas d'ordures

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« (…) Il y a longtemps que je suis las de ce que des décennies de conditionnement médiatico-idéologique donnent pour le réel même : cette falsification, cet univers parallèle  qui a pris la place du monde réel sont indissociables du devenir américain du monde, dans son irrésistibilité historique comme dans sa dimension « culturelle » qui fait de moi un apatride dans mon refus d’acquiescer à cette universalité fallacieuse, disneylandisation démocratique, gnose anti-raciste, mythologie des droits de l’homme dont l’unique but est de servir le capitalisme yankee. »

« (…) Si je reste attaché au monde contemporain, c’est par la nécessité du combat pour ne pas m’en laisser conter, autant que par une ambivalente fascination pour la bêtise, la laideur, la décomposition de l’ordre ancien à quoi nous assistons et qui, par la force des choses est pour nous, hommes de l’aube, une chance de revivifier certaines valeurs : l’individu contre l’individualisme, l’honneur contre le juridique, l’ordre contre la veulerie, la verticalité contre l’éparpillement horizontal. » Richard Millet, Lettre aux Libanais sur la question des langues.

« (…) Oui, la guerre seule peut donner à l’écrivain sa vérité . Sans elle, que seraient Jünger, Hemingway, Faulkner, Céline, Drieu, Malaparte, Soljenitsyne, Claude Simon, pour ne pas parler d’Homère. » Richard Millet, La confession négative.

Malaparte, parlons-en :

«- Chez nous, dis-je [Malaparte], en Europe, seuls les morts comptent.

- Je suis las de vivre parmi les morts, dit Jimmy ; je suis content de rentrer chez moi, en Amérique, parmi les hommes vivants. Pourquoi ne viendrais-tu pas, toi aussi, en Amérique ? Tu es un homme vivant, l’Amérique est un pays riche et heureux.

- Je le sais, Jimmy, que l’Amérique est un pays riche et heureux. Mais je ne partirai pas, il faut que je reste ici. Je ne suis pas un lâche, Jimmy. Et puis, la misère, la peur, la faim, l’espérance sont, elles aussi, des choses merveilleuses. Plus merveilleuses que la richesse et le bonheur.

- L’Europe est un tas d’ordures, dit Jimmy, un pauvre pays vaincu. Viens avec nous, l’Amérique est un pays libre.

- Je ne peux pas abandonner mes morts, Jimmy. Vous autres, vous amenez vos morts en Amérique. Il part tous les jours pour l’Amérique des bateaux chargés de morts. Ce sont des morts riches, heureux, libres. Mais mes morts à moi ne peuvent pas se payer un billet pour l’Amérique, ils sont trop pauvres. Ils ne sauront jamais ce qu’est la richesse, le bonheur, la liberté. Ils ont toujours vécu dans l’esclavage ; ils ont toujours souffert de la faim et de la peur. Même morts, ils seront toujours esclaves, ils souffriront toujours de la faim et de la peur. C’est leur destin, Jimmy. Si tu savais que le christ gît parmi eux, parmi ces pauvres morts, est-ce que tu l’abandonnerais ?

- Tu ne voudrais pas me faire croire, dit Jimmy, que le Christ a perdu la guerre ?

- C’est une honte de gagner la guerre, dis-je à voix basse ».

(La Peau, Curzio Malaparte, 1949.)

Ce regard singulier. Du soldat américain victorieux en Europe. Ce n’est pas du mépris mais de la commisération. Pour ces jeunes hommes sains et athlétiques de New York, Cleveland ou Détroit, convaincus d’incarner le Bien et de devoir désormais montrer le chemin à ce vieux continent perclu de massacres et de guerres civiles, l’Europe est un tas d’ordures, un champ de bataille où tout est à reconstruire, en mieux. Ni plus ni moins. Malaparte montre merveilleusement combien l’âme Européenne se nourrit et vit au travers de cette misère, de ces morts, de cette peur, de la conscience de cette déchéance, que d’autres interprètent comme un avilissement consenti. Et irrémédiable.

Millet, lui, n’y croit plus. Contrairement à un Finkielkraut et peut-être comme un Renaud Camus, il ne voit que crépuscule et chaos là ou d’autre croient encore en la possibilité de l’action politique.

Ces deux personnages d’exception, Malaparte et Millet, figurent à merveille le suicide de la civilisation européenne aussi bien sur le plan de l’art, des mœurs que du langage et son remplacement par un idéal horizontal et profondément matérialiste fait d’ensauvagement festif et métissé, d’individualisme rationaliste, de consumérisme effréné, d’universalisme progressiste et arrogant, d’autonomie hédoniste et d’utilitarisme bourgeois justifiant l’arraisonnement de la planète entière sous le masque vertueux des « droits de l’homme » et de la « démocratie libérale » pour tous…

Le dernier mot à Ernst Jünger, guerrier, théoricien de la révolution conservatrice puis contemplatif : « La domination du tiers-état n’a jamais pu toucher en Allemagne à ce noyau le plus intime qui détermine la richesse, la puissance et la plénitude d’une vie. Jetant un regard rétrospectif sur plus d’un siècle d’histoire Allemande, nous pouvons avouer avec fierté que nous avons été de mauvais bourgeois. » (Le travailleur)

Un continent de petits êtres sautillants (Nietzsche) et d’épiciers en gros…

"Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes. " (Cioran, Histoire et utopie)

Non, l’Europe c’était autre chose. De plus merveilleux que le spectacle de la richesse et du bonheur chez Ikéa. Peut-être n’est il pas trop tard pour être de mauvais bourgeois.

sinon ça va?

(photo: la modernité a parfois du bon)


podcast

22/08/2009

phase terminale

Excuses de Hans-Rudolf Merz à la Libye: la presse suisse indignée.

La Suisse à genoux devant Kadhafi; la Suisse capitule; reddition; humiliation: tels sont les commentaires quasi unanimes de la presse romande, au lendemain des excuses présentées par le président de la Confédération, Hans-Rudolf Merz, à la Libye pour l'arrestation d'Hannibal Kadhafi.

"Dans cette crise, la Suisse perd plus que son honneur. Elle est sèchement renvoyée à son spectaculaire isolement. Aucun pays ami n'a volé à son secours", note "Le Temps". Un avis partagé par "Le Matin": "La Suisse semble si faible sur la scène internationale que, même quand il a raison, ce tout petit pays doit courber l'échine".

"Le bilan de l'opération Hannibal est désastreux", complète "24 Heures". De nombreux quotidiens relèvent d'ailleurs que la Suisse n'a même pas la garantie par écrit que ses deux citoyens toujours retenus à Tripoli pourront quitter la Lybie prochainement.

M. Merz a indiqué que les autorités libyennes lui avaient promis que les deux hommes d'affaires suisses retenus sur territoire libyen pourraient rentrer chez eux.

Toutes les activités consulaires et commerciales entre les deux pays vont reprendre, liaisons aériennes comprises, a indiqué le Département fédéral des finances.

Le Département précise encore que Berne et Tripoli ont décidé de mettre en place "un tribunal arbitral indépendant" pour enquêter sur les circonstances de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi à Genève.

Le premier ministre libyen a de son côté affirmé que les excuses "officielles et solennelles" de la Confédération constituaient un "premier pas" pour régler le contentieux entre les deux pays.

Le fils de Mouammar Kadhafi et sa femme Aline, alors enceinte, avaient été arrêtés en juillet 2008 dans l'hôtel où ils logeaient après avoir fait l'objet d'une plainte pour maltraitance de deux de leurs domestiques. (...) (source)

 

Megrahi sème le trouble entre Londres et Tripoli


m 1250944235.jpg(Megrahi, reçu en héros par le colonel Khadafi)

Accueilli en héros en Libye et reçu par Khadafi, Megrahi aurait été libéré en échange de contrats comerciaux avec la Grande-Bretagne, selon le fils du leader lybien, Seif al-Islam. Londres dément.

La libération d'Abdelaset al-Megrahi a-t-elle eu lieu en échange de plusieurs contrats commerciaux entre la Grande-Bretagne et la Lybie ? C'est ce qu'affirme Seïf al-Islam, le fils du colonel Khadafi, dans une interview diffusée vendredi sur sa chaîne Al-Motawassit (»La Méditerranée»).

Selon lui, le seul condamné des attentats de Lockerbie, libéré jeudi officiellement pour raisons de santé, aurait été au coeur des tractations avec Londres. «Dans tous les contrats commerciaux, de pétrole et de gaz avec la Grande-Bretagne, (M. al-Megrahi) était toujours sur la table des négociations», explique le fils du leader lybien. (...) (source)

 

« Une approche frappante de l’approche contemporaine de cette guerre de quatorze siècles a été donnée le 8 octobre 2002, par le premier ministre français de l’époque, Jean-pierre Raffarin, dans son discours sur l’Irak à l’assemblée nationale. Evoquant devant les députés la figure de Saddam Hussein, il releva qu’un des personnages historiques favoris de Saddam Hussein était son compatriote Saladin, lui aussi originaire de la ville de Tikrit. Au cas ou les députés auraient ignoré qui était Saladin, Jean-pierre Raffarin tînt à préciser qu’il fut celui « qui défit les croisés et libéra Jérusalem ». Qu’un premier ministre catholique présente la prise de Jérusalem par Saladin comme une libération de la domination des croisés, français de surcroît pour la plupart, témoigne d’un cas extrême de nouvel alignement, sinon des loyautés, du moins des perceptions des choses. » (Bernard Lewis, L’Europe et l’Islam, Le débat, mai 2008)

Bon, de bonnes vacances, globalement! De l'air frais (comme dirait Orwell), quelques sommets et névés, mon pélerinage à l'Iseran, quelques beaux visages et belles rencontres. Un berger d'Ecole, dans les Bauges, qui lisait Marc-aurèle au milieu de ses bestiaux! on va encore dire que j'affabule, mais non. Silènes et saponaires...

Finalement, rien d'étonnant à ce que les occidentaux se comportent comme des marchands de bestiaux, c'en sont. Ce ne fut pas toujours le cas. C'est toujours un peu décevant, c'est tout. Le prix de la modernité, sans doute.

"Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes. " (Cioran, Histoire et utopie)

Que les Libyens recoivent leur congénère en grande pompe est réconfortant, finalement. Eux savent  encore que le concept occidental irénique d'une fraternité universelle n'est qu'une chimère. Qu'un libyen arraché à la justice occidentale, quel qu'en soit le prix, reste une victoire. Sans doute est-ce une survivance, les derniers feux d'une weltanschauung identitaire appellée à disparaître dans un monde globalisé qui ne prône que le Même. Nul doute que dans quelques générations, ces bèrbères islamisés aprés moult autres colonisations, ne succombent aussi aux sirènes du consumérisme festif, version hallal.

Purple haze et Cioran, c'est ça le métissage coco! beware of fuzz face! hu hu!

"Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes." dit Cioran...

Surement.

J' imagine bien le désespoir d'hommes -ou de femmes- lettrés de civilisations brillantes et raffinées, Assyriens, Babyloniens, Grecs, Romains ou Vandales devant le ressac de toute déculturation, de toute décivilisation...On ne lutte pas contre ce genre de choses, tout au plus peut-on en avoir vaguement conscience et le déplorer. Depuis ma rencontre avec ce berger stoïcien, je lis aussi Marc-aurèle:

"On se cherche des retraites à la campagne. Et toi-même, tu as coutume de désirer ardemment ces lieux d'isolement. Mais tout cela est de la plus vulgaire opinion puisque tu peux, à l'heure que tu veux, te retirer en toi-même. Nulle part en effet, l'homme ne trouve de plus tranquille et de plus calme retraite que dans son âme, surtout s'il possède, dans son for intérieur,  ces notions sur lesquelles il suffit de se pencher pour acquérir aussitôt une quiétude absolue, et par quiétude, je n'entends rien autre qu'un ordre parfait.

(...) Il reste donc à te souvenir de la retraite que tu peux trouver dans ce petit champ de ton âme. Et, avant tout, ne te tourmente pas, ne te raidis pas; mais soit libre et regarde les choses en être viril, en homme, en citoyen, en mortel. Au nombre des plus proches maximes sur lesquelles tu te pencheras, compte ces deux: l'une, que les choses n'atteignent point l'âme, mais qu'elles restent confinées au dehors, et que les troubles ne naissent que de la seule opinion qu'elle s'en fait. L'autre, que toutes ces choses que tu vois seront, dans la mesure où elles ne le sont point encore, transformées et ne seront plus. Et de combien de choses les transformations t'ont déjà eu pour témoin! Songes-y constamment: le monde est changement, la vie remplacement." (Marc-aurèle (121-180 ap JC), Pensées pour moi-même)

Et Jünger depuis bien longtemps maintenant:

"Le libéral est mécontent de tout régime; l'anarque en traverse la série, si possible sans jamais se cogner, comme il ferait d'une colonnade. C'est la  bonne recette pour qui s'intéresse à l'essence du monde plutôt qu'à ses apparences - le philosophe, l'artiste, le croyant.

(...) Le trait propre qui fait de moi un anarque, c'est que je vis dans un monde que, "en dernière analyse", je ne prends pas au sérieux."

(Ernst JÜNGER, Eumeswill (1977))

16/05/2009

best of de la phalange: memento mori

cimetiere_laeken.jpgPourquoi l'Europe est condamnée.

1- parce qu’elle ne croit plus en elle, ne défend plus ses peuples, sa civilisation, sa modernité singulière faite avant tout de critique raisonnée et de curiosité envers elle-même et envers les autres ; parce qu’elle est saturée de culpabilité, de détestation de soi, de haine à l’égard de son histoire. La France en particulier : barbarie révolutionnaire, nationalisme révolutionnaire guerrier, tyrannie impériale, colonisation, décolonisation, guerre civile européenne, collaboration, totalitarismes, shoah…la nausée, l’écoeurement, l’envie d’en finir. De disparaître.

2- parce qu’avec le régicide de 1789, la révocation de Dieu, la table rase des Jacobins, leurs nouvelles religions séculières –progrès, droits de l’homme, croissance- et leur universalisme en carton, les Européens ont renoncé à toute transcendance, à toute spiritualité -même païenne- à toute espérance…le ciel est vide, les forêts aussi.

La mort est partout désormais : l’effondrement des naissances, l’avortement de masse, la promotion de l’euthanasie, la destruction de la famille, l’atomisation de la société, l’aliénation générale, la sacralisation de l’individualisme et de l’hédonisme…

L’Europe, les Européens se suicident en silence, gavés de haine d’eux-mêmes et de repentance, oubliés des leurs et vides de toute spiritualité. Indifférents, simplement.

3- parce que face à notre sortie de l’Histoire et notre déclin consenti, d’autres viennent déjà par millions de l’autre coté de la mer, ces invasions barbares. Parce qu’eux n’ont pas cette culture de mort, cette envie d’en finir enfin, de se dissoudre dans n’importe quoi d’autre, pourvu qu’il soit autre.

Parce qu’ils vont occuper naturellement l’espace, notre espace qui va devenir le leur. Parce que eux sont nombreux, sûrs d’eux, parce qu’ils font des enfants auxquels ils enseignent le crime inexpiable de l’Europe: refuser de se battre…parce qu’ils ont compris depuis longtemps notre acceptation de la dhimmitude, de l’asservissement programmé.

4- Il n’y aura pas de bataille, pas de débats ni de discours, pas de fronts ni de partis, pas de morts ni de combattants…Non, juste une mort lente faite d'acceptations, de reculades, de compromis, de concessions successives, d’accommodements raisonnables de la part de générations de plus en plus ensauvagées, incultes et festives, foules tyraniques haineuses d’elles-mêmes et inconscientes de leur destin tragique.

"Un peuple entier devant des catégories vides-et qui, des mains, esquisse une vague aspiration, dirigée vers son vide spirituel. Il lui reste l'intelligence, non greffée sur le coeur. Donc stérile. Quant à l'ironie, dépourvue du soutien de l'orgueil, elle n'a plus de sens qu'en tant qu'auto-ironie. Dans sa forme extrême, ce processus est caractéristique des intellectuels. Rien, cependant, n'est plus faux que de croire qu'eux seuls ont été atteints. Tout le peuple l'est, à des degrés variés. La crise est structurelle et mortelle." (Cioran, De la France.)

« Je remarquais un peu plus tard que la présence des sept cent Français [prisonniers de la compagnie de Jünger après la campagne éclair de mai 1940] ne m'avait pas inquiété le moins du monde, quoique je ne fusse accompagné que d'une seule sentinelle, plutôt symbolique. Combien plus terrible avait été cet unique Français, au bois Le Prêtre, en 1917, dans le brouillard matinal, qui lançait sur moi sa grenade à main. Cette réflexion me fut un enseignement et me confirma dans ma résolution de ne jamais me rendre, résolution à laquelle j'étais demeuré fidèle pendant l'autre guerre. Toute reddition des armes implique un acte irrévocable qui atteint le combattant à la source même de sa force. Je suis convaincu que la langue elle-même en est atteinte. On s'en rend surtout compte dans la guerre civile, ou la prose du parti battu perd aussitôt de sa vigueur. Je m'en tiens là-dessus au "Qu'on se fasse tuer" de Napoléon. Cela ne vaut naturellement que pour des hommes qui savent quel est notre enjeu sur cette terre. » (E Jünger, Jardins et routes, Bourgeois éditeur, 1995)

RIP.

24/11/2008

Tolérance camp

 

Race : (groupes humains). 1 (1684) Subdivision de l’espèce humaine d’après des caractères physiques héréditaires. En dépit des recherches sur l’indice céphalique, les groupes sanguins et la génétique, rien ne permet de définir la notion de race sinon des caractères physiques globaux, relatifs et partiels. La race blanche, la race jaune. Croisement entre races. Interracial, métissage. 2 Par extension (XIX), dans la théorie du racisme, Groupe naturel d’humains qui ont des caractères semblables (physiques, psychiques, culturels, etc) provenant d’un passé commun souvent classé dans une hiérarchie. Syn. Ethnie, peuple. (Le petit robert, 1993)

 

Ne peut pas m’empêcher d’évoquer cette invraisemblable affaire Zemmour, du nom de ce journaliste qui déchaîne contre lui tout ce monde autoproclamé « bien pensant » et « anti raciste »… Qu’a dit Zemmour ? Au cours d’une émission sur ARTE intitulée « Demain, tous métis », Zemmour a prononcé les mots de « race blanche » et « race noire » !!!!! Indignation affectée des professionnels de l’antiracisme. Pourquoi ?

Chacun sait aujourd’hui, notre ami Robert nous le rappelle, qu’il n’existe pas d’élément scientifique génétique pour établir des subdivisions au sein de l’espèce humaine. De ce point de vue là, la race humaine est Une. D’accord là-dessus.

Mais le mot race ne renvoie pas qu’à des caractères génétiques. Il évoque, dans son acception première du XVII ème siècle des caractères physiques héréditaires, globaux. Phénotypiques. Secondairement au XIX ème siècle, s’y ajoutent des caractères culturels. Pour le meilleur ou le pire. Le pire c’est l’usage qu’en fait Gobineau dans son « Traité sur l’inégalité des races humaines », le pire c’est la doctrine raciste Nazie. Le pire c’est cette conception hiérarchique des races humaines. Rien à voir avec le constat différentialiste -que je fais- de l’existence de différentes races, ethnies, types humains, dés lors que l’on établit pas de hiérarchie entre eux.

Mais au nom de cette acception hiérarchique scientiste des XIX et XX mes siècles, le mot race est devenu inemployable car renvoyant systématiquement à ces doctrines racialistes, réductrices. Sur le fond cela m’indiffère pas mal, tout cela n’étant que Spectacle…Je n’utilise pas ce mot car trop connoté et lui préfère celui de culture ou civilisation.

Ce qui m’amuse particulièrement dans cette affaire c’est la tartuferie stratosphérique de nos élites, toutes membres de ce Parti du Bien et de la Vertu Universelle qui depuis deux ans nous bassinent avec le NOIR Barak Obama (nouvelle figure christique et rédemptrice s’il en est) nous vantent les vertus de la discrimination positive à l’endroit de « minorités ethniques NON BLANCHES » dans les médias, nous matraquent à longueur de journée l’impérieuse nécessité de se METISSER (une société métissée étant progressiste par définition) nous disent tout le bien qu'elles pensent du Conseil Représentatif des Associations NOIRES (CRAN) (on imagine le même conseil des associations BLANCHES...) en un mot qui sont obsédées par le critère racial et la couleur de la peau, sous couvert d’anti racisme militant, et qui viennent s’offusquer de l’utilisation du mot race par un journaliste mal pensant.

De là à penser qu’il faille appartenir à ce camp du Bien pour avoir le droit d’utiliser ce vocable, il n’y a qu’un pas.

Que je.

Enfoirés.

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"Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes."

Cioran, Histoire et utopie.

"L'illusion égalitaire des démagogues est encore plus dangereuse que la brutalité des traîneurs de sabre... pour l'anarque, constatation théorique, puisqu'il les évite les uns comme les autres. Qu'on vous opprime: on peut se redresser, à condition de n'y avoir pas perdu la vie. La victime de l'égalisation est ruinée, physiquement et moralement. Quand on est autre que les autres, on n'est pas leur égal; c'est l'une des raisons pour lesquelles on s'en prend si souvent aux juifs."

Ernst Jünger, Eumeswil.

 

 

01/06/2008

Promenade

« Moi j'ai élu un président de la république, c'est la chose publique. Et je souhaite le voir en costume, et pas le voir dans sa transpiration. Et puis le jogging." "Pas simplement de dignité, c'est pas la personne privé qui m'intéresse, et surtout. Oui c'est son coté soixante-huitard. Je trouve qu'il est trop 68ard." "Non, mais voilà je vais vous dire ça. Je l'ai vu jogguer tout le temps, donc, et avec François Fillon et puis tout seul, et puis au fort de Brégançon, enfin bon. Ca m'a rappelé par anti-phrase en quelque sorte la promenade.

97526853.jpgLa merveille de la promenade, l'occident dans ce qu'il a de beau, est né de la promenade. Aristote se promenait, c'était un péripatéticien («les Chemins qui ne mènent nulle part» de Heidegger), Rimbaud vagabondait. La promenade c'est une expérience sensible, spirituelle. Le jogging c'est la gestion du corps. La gestion du corps tout le monde à le droit, mais c'est pas la peine de le montrer." "Mais c'est le triomphe définitif, si vous voulez, du calcul, de l'affairement. Voilà je gère, je gère tout, je gère même mon corps sur quelque chose qui aurait avoir avec la conversation, la méditation, la longueur de temps. Donc voilà, je veux bien que la politique change, mais j'ai pas envie de voir un président de la république qui jogge tout les jours. Les rêveries du promeneur solitaire, oui les rêveries du joggeur accompagné, j’y crois pas !»

( France 2 / Mots Croisés : Alain Finkielkraut - Sarkozy: assez de jogging ! - (21/05/07))

 

*

 

« Le phénomène capital, le désastre par excellence, est la veille ininterrompue, ce néant sans trêve. Pendant des heures et des heures, je me promenais la nuit dans des rues vides ou, parfois, dans celles que hantaient des solitaires professionnelles, compagnes idéales dans les moments de suprême désarroi. L’insomnie est une lucidité vertigineuse qui convertirait le paradis en un lieu de torture. Tout est préférable à c et éveil permanent, à cette absence criminelle de l’oubli. C’est pendant ces nuits infernales que j’ai compris l’inanité de la philosophie. Les heures de veille sont au fond un interminable rejet de la pensée par la pensée, c’est la conscience exaspérée par elle-même, une déclaration de guerre, un ultimatum infernal de l’esprit à lui-même. La marche, elle, vous empêche de tourner et retourner des interrogations sans réponse, alors qu’au lit on remâche l’insoluble jusqu’au vertige.

Voila dans quel état d’esprit j’ai conçu ce livre, qui a été pour moi une sorte de libération, d’exploration salutaire. Si je ne l’avais pas écrit, j’aurais sûrement mis un terme à mes nuits. »

(Cioran, Sur les cimes du désespoir, biblio, P8.)