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07/07/2014

c'est moche

orlov

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

" (...) Comme je l'ai mentionné auparavant, les plans d'atténuation de crise à mettre en œuvre par nous, qu'ils impliquent des guerres pour l'accès aux ressources, la construction de centrales nucléaires, des fermes d'éoliennes ou des rêves d'hydrogène, sont peu susceptibles d'être réalisés, parce que cette entité nous ne sera plus fonctionnelle. Si nous ne sommes pas susceptibles de réaliser notre plan avant l'effondrement, alors quoi qu'il reste de nous sera encore moins susceptible de le faire après. Par conséquent, il y a peu de raisons de s'organiser politiquement dans le but d'essayer de bien faire. Mais si vous voulez vous préparer à tirer parti d'une mauvaise situation — et bien, c'est une autre histoire !

La politique a un grand potentiel pour faire empirer une mauvaise situation. Elle peut causer guerres, nettoyages ethniques et génocides. À chaque fois que les gens se rassemblent en organisations politiques, que ce soit volontairement ou de force, cela annonce des ennuis. J'étais à la réunion annuelle de mon jardin communautaire récemment, et parmi le groupe de jardiniers généralement placides et timides il y avait une paire de militants autoproclamés. Avant longtemps, l'un de ceux-ci soulevait la question de l'expulsion de gens. Les gens qui ne se montrent pas à la réunion annuelle et ne s'inscrivent pas pour faire le nettoyage et le compostage et ainsi de suite — pourquoi leur permet-on de garder leur parcelle ? Et bien, certains des éléments voyous mentionnés par le militant se trouvaient être de vieux Russes, qui, en raison de leur vaste expérience de telles choses durant l'époque soviétique, sont excessivement peu susceptibles d'être astreints à prendre part au travail en commun ou d'assister aux réunions avec la collectivité. Franchement, ils préféreraient la mort. Mais ils adorent aussi le jardin.

La raison pour laquelle on permet à l'élément d'exister dans ce jardin communautaire particulier est que la femme qui dirige l'endroit leur permet de garder leur parcelle. C'est sa décision : elle exerce l'autorité et elle ne participe pas à la politique. Elle fait fonctionner le jardin et permet aux militants de faire leur bruit, une fois par an, sans effet pernicieux. Mais si la situation devait changer et que le jardin potager devienne soudainement une source de nourriture plutôt qu'un loisir, combien de temps faudrait-il pour que l'élément militant commence à demander plus de pouvoir et à affirmer son autorité ?

L'autorité est certainement une qualité utile dans une crise, qui est une époque particulièrement mauvaise pour les délibérations et les débats longuets. Dans n'importe quelle situation, certaines personnes sont mieux équipées pour y faire face que d'autres et peuvent les aider en leur donnant des directives. Ils accumulent naturellement une certaine quantité de pouvoir pour eux-mêmes, et c'est bien aussi longtemps que suffisamment de gens en bénéficient, et aussi longtemps que personne n'est blessé ou opprimé. De telles personnes émergent souvent spontanément dans une crise.

Une qualité également utile dans une crise est l'apathie. Les Russes sont exceptionnellement patients : même dans les pires moments de l'après-effondrement, ils n'ont pas commis d'émeute, et il n'y a pas eu de manifestations significatives. Ils ont fait face du mieux qu'ils pouvaient. Le groupe de gens avec qui l'on est le plus en sécurité dans une crise est celui qui ne partage pas de fortes convictions idéologiques, n'est pas facilement persuadé par l'argumentation, et ne possède pas un sentiment surdéveloppé et exclusif de l'identité.

Les candides enquiquineurs qui pensent que nous devons faire quelque chose et qui peuvent être embobinés par n'importe quelle andouille démagogue sont assez nuisibles, mais le groupe le plus dangereux, et qu'on doit surveiller et fuir, est un groupe de militants politiques résolus à organiser et promouvoir un programme ou un autre. Même si le programme est bénin, et même s'il est bénéfique, l'approche politisée pour le résoudre pourrait ne pas l'être. Comme dit le proverbe, les révolutions mangent leurs enfants. Puis elles se tournent vers tous les autres. La vie de réfugié est une forme de survie ; rester et se battre contre une foule organisée n'en est généralement pas une.

Les Balkans sont le cauchemar post-effondrement avec lequel tout le monde est familiarisé. Au sein de l'ex-Union soviétique, la Géorgie est le meilleur exemple d'une politique nationaliste poursuivie jusqu'à la désintégration nationale. Après avoir gagné son indépendance, la Géorgie est passée par un paroxysme de ferveur nationaliste, résultant en un État quelque peu plus petit, légèrement moins peuplé, perpétuellement défunt, avec une pauvreté généralisée, une grande population de réfugiés, et deux anciennes provinces coincées dans des limbes politiques permanentes, parce que, apparemment, le monde a perdu sa capacité à redessiner les frontières politiques. Dans sa forme actuelle, c'est un client politique et militaire de Washington, précieux uniquement comme couloir de pipeline pour le pétrole de la mer Caspienne. Son principal partenaire commercial et fournisseur d'énergie est la Fédération de Russie.

Les États-Unis sont bien plus comme les Balkans que comme la Russie, qui est habitée par une population eurasienne assez homogène. Les États-Unis sont très compartimentés, habituellement par race, souvent par ethnicité, et toujours par niveau de revenu. Durant les périodes prospères, ils restent relativement calmes en maintenant un pourcentage de gens en prison qui a établi un record mondial absolu. Durant les périodes moins prospères, ils sont en grand risque d'explosion politique. Les sociétés multi-ehtniques sont fragiles et instables ; lorsqu'elles se désagrègent, ou explosent, tout le monde perd.

Aux États-Unis, il semble y avoir peu de manières de faire fonctionner en douceur le scénario de l'effondrement pour soi et sa famille. La totalité du lieu semble partie trop loin dans une direction insoutenable. C'est un vrai défi créatif, et nous devrions lui accorder beaucoup de réflexion sérieuse. Supposons que vous viviez dans une grande ville, dans un appartement ou une copropriété. Vous dépendez des services municipaux pour survivre. Une semaine sans électricité, ou sans chauffage, gaz, ou enlèvement des ordures entraîne un inconfort extrême. Deux à la fois est une calamité. Trois est un désastre. La nourriture vient du supermarché, avec l'aide du distributeur de billet ou de la fente pour carte bleue à la caisse. Les vêtements propres viennent de la laverie, qui nécessite de l'électricité, de l'eau et du gaz naturel. Une fois que tous les commerces ont fermé et que votre appartement est froid, sombre et sent les ordures (parce qu'elles n'ont pas été ramassées) et l'excrément (parce que les toilettes ne fonctionnent plus), il est peut-être temps d'aller camper et d'explorer la nature.

Alors considérons la campagne. Supposons que vous possédiez une maison et que vous ayez un crédit minuscule qui se ratatine jusqu'à presque rien après une bonne poussée d'inflation, ou que vous la possédiez pour de bon. Si elle est dans une subdivision périurbaine développée, il y aura encore des difficultés avec les taxes, le respect du code, des étrangers venus de l'espace vivant à côté, et d'autres scoubidous, ce qui pourrait empirer à mesure que les conditions se détériorent. Les municipalités en détresse pourraient d'abord tenter de renchérir les impôts locaux pour couvrir leurs coûts au lieu de simplement fermer boutique. Dans un effort malavisé pour sauver la valeur immobilière, elles peuvent aussi tenter de faire appliquer des codes contre des nécessités telles que les tas de compost, les toilettes extérieures, les poulaillers et les cultures plantées sur votre pelouse de façade. Gardez à l'esprit, aussi, que les pesticides et les herbicides prodigués aux pelouses et aux terrains de golf laissent des résidus toxiques. Peut-être que la meilleure chose à faire avec la banlieue et de l'abandonner tout entière.

Une petite ferme offre des possibilités quelque peu meilleures pour cultiver, mais la plupart des fermes aux États-Unis sont hypothéquées jusqu'à la garde, et la plus grande partie de la terre, qui a subi une culture intensive, a été bombardée sans pitié de fertilisants chimiques, d'herbicides et d'insecticides, ce qui en a fait un endroit malsain, habité par des hommes à tout petit décompte de spermatozoïdes. Les petites fermes ont tendance a être des lieux solitaires, et nombre d'entre elles, sans accès au gasoil ou à l'essence, deviendraient dangereusement isolées. Vous aurez besoin de voisins pour faire du troc, pour vous aider, et pour vous tenir compagnie. Même une petite ferme est probablement excessive en terme de quantité de terre agricole disponible, parce que sans la capacité d'apporter sa récolte sur un marché, ou sans une économie monétaire en fonctionnement pour la vendre, il n'y a pas de raison de cultiver un grand surplus de nourriture. Avoir des dizaines d'hectares est un gaspillage quand tout ce dont on a besoin est quelques milliers de mètres carrés. De nombreuses familles russes ont réussi à survivre avec l'aide d'une parcelle de jardin standard de un sotka, ce qui fait cent mètres carrés, ou, si vous préférez, 0,01 hectare, ou 1076,391 pieds carrés.

Ce dont on a besoin, bien sûr, c'est d'une petite ville ou d'un village : une localité relativement petite, relativement dense, avec environ quatre mille mètres carrés pour chaque trentaine de personnes, et avec une réglementation des zones conçues pour un usage juste et durable, non pour les opportunités d'investissement en capital, la croissance, la valeur immobilière, ou d'autres sortes de développement. De plus, cela devrait être un endroit où les gens se connaissent et sont prêt à s'aider les uns les autres — une vraie communauté. Il y a peut-être encore quelques centaines de communautés comme cela, dissimulées ici et là dans les cantons les plus pauvres des États-Unis, mais il n'y en a pas assez, et la plupart d'entre elles sont trop pauvres pour absorber une population significative de migrants économiques.

Souvent, lorsque les gens entendent parler de la possibilité d'un effondrement économique, ils se demandent : Supposons que l'économie américaine s'effondre bientôt. Pourquoi cela vaudrait-il seulement la peine d'y penser, si je ne peux rien y faire ? Et bien, je ne suis pas un professionnel du conseil en investissement, alors je ne risque rien en faisant quelques suggestions sur la manière de protéger son portefeuille d'investissement contre l'effondrement.

La peur du nucléaire a engendré l'archétype du survivaliste45 américain, terré dans les collines, avec un abri anti-bombardement, un nombre fantastique de boites de conserve de charcutaille, un assortiment d'armes à feu et abondance de munitions avec lesquelles repousser les voisins en contrebas, ou peut-être juste pour tirer sur des canettes de bière quand les voisins passent pour de la bière et des sandwichs à la charcutaille. Et bien sûr, un drapeau américain. Cette sorte de survie est à peu près aussi bonne que de s'enterrer vivant soi-même, je suppose.

L'idée de stocker n'est pas totalement mauvaise, cependant. Stocker de la nourriture est, bien sûr, une idée pourrie, littéralement. Mais certains articles manufacturés valent certainement d'être considérés. Supposons que vous ayez un compte d'épargne retraite, ou des fonds mutuels. Et supposons que vous vous sentiez raisonnablement certain que d'ici au moment prévu pour partir à la retraite ce ne sera pas suffisant pour acheter une tasse de café. Et supposons que vous réalisiez que vous pouvez actuellement acheter plein de bons trucs qui aient une longue durée de vie en réserve et qui seront nécessaires et précieux, loin dans le futur. Et supposons, en plus, que vous ayez un petit peu d'espace de stockage : quelques dizaines de mètres carrés. Maintenant, qu'allez-vous faire ? Attendre et regarder vos économies s'évaporer ? Ou payer le supplément d'imposition et investir dans des choses qui ne soient pas composées de vapeur ?

Une fois que les distributeurs d'argent n'auront plus d'argent, que les téléscripteurs boursiers cesseront de téléscripter, et que la chaîne de distribution se sera brisée, les gens auront toujours des besoins de base. Il y aura des marchés aux puces et des arrangements privés de troc pour alimenter ces besoins, utilisant n'importe quelle monnaie d'échange locale qui sera disponible : des rouleaux de billets de cent dollars, des bouts de chaînes en or, des paquets de cigarettes, ou n'importe quoi de ce genre. Ce n'est pas une mauvaise idée de posséder un peu de tout ce que vous aurez besoin, mais vous devriez investir dans des choses que vous pourrez échanger contre des choses dont vous aurez besoin. Pensez à des biens de consommation nécessaires qui requièrent une haute technologie et ont une longue durée de vie en réserve. Voici quelques suggestions pour commencer : des médicaments (sans et sur prescription), des lames de rasoir, des préservatifs. Les batteries rechargeables (et les chargeurs solaires) deviendront assurément des articles précieux (les NiMH sont les moins toxiques). Les articles de toilette, tels que du bon savon, seront des articles de luxe. Remplissez quelques cantines, emballez sous azote pour que rien ne rouille ou ne pourrisse, et entreposez quelque part.

Après l'effondrement soviétique, il est rapidement apparu une catégorie de marchands itinérants qui fournissaient aux gens l'accès à des produits importés. Pour se procurer leurs marchandises, ces gens devaient voyager à l'étranger, en Pologne, en Chine, en Turquie, par le train, en portant leurs produits à l'aller et au retour dans leurs bagages. Ils échangeaient une valise de montres de fabrication russe contre une valise d'autres produits de consommation plus utiles, tels que le shampooing ou les lames de rasoir. Ils devaient graisser la patte des officiels le long de leur route, et étaient souvent détroussés. Il y a eu une période ou ces gens, appelé tchelnoki, ce qui veut dire navette en russe, étaient la seule source de biens de consommation. Les produits étaient souvent des rebuts d'usine, endommagés, ou au-delà de leur date de péremption, mais cela ne les rendait pas moins précieux. En se basant sur leur exemple, il est possible de prédire quels articles seront hautement demandés et de les stocker en avance, comme une couverture contre le risque d'effondrement économique. Notez que les chelnoki avaient des économies intactes avec lesquelles commercer, accessibles en train — alors qu'il n'est pas garanti que ce soit le cas aux États-Unis.

Une réserve de cette sorte, dans un endroit accessible à pied et socialement stable, où vous connaissez tout le monde, où vous avez quelques amis proches et de la famille, où vous possédez votre toit et de la terre pour de bon, et où vous pouvez cultiver la plus grande partie de votre propre nourriture, et troquer pour obtenir le reste, devrait vous permettre de survivre à l'effondrement économique sans trop d'ennuis. Et, qui sait, peut-être trouverez-vous même le bonheur ici. (...)"

Dmitry Orlov, juin 2005.

45. Le survivalisme est un mouvement de gens préoccupés par leurs moyens de survie personnels, et dont les craintes sont extrêmement variées : désastres naturels, catastrophes industrielles, terrorisme, surpopulation, épidémie, effondrement économique, ou survenue de l'apocalypse biblique et bien d'autres encore.

pic: effondrement du taulier

10/12/2013

réussir son effondrement

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(...) L'état des infrastructures de communication aux États-Unis est un cas particulièrement intéressant. Les États-Unis sont maintenant derrière la plupart des pays développés pour l'accès à l'internet. Beaucoup de gens dans les régions rurales des États-Unis doivent dépendre de leur téléphone mobile pour l'accès à l'internet, mettant les États-Unis à égalité avec des pays tels que le Cambodge, le Vietnam, l'Indonésie et les Philippines. Cependant, les services de téléphonie mobile sont bien plus chers aux États-Unis que dans n'importe lequel de ces pays. Étant donné que la plupart des produits et des services sont maintenant disponibles principalement par l'internet, et que l'internet nécessite une alimentation continuelle en électricité, l'état du réseau électrique aux États-Unis offre un cas encore plus intéressant. C'est un réseau sévèrement surchargé, fait de lignes électriques et de postes de transformateurs vieillissants, certains datant des années 1950.

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Il y a plus de cent réacteurs nucléaires, qui deviennent vieux et dangereux, mais leur vie opérationnelle est en train d'être artificiellement étendue par certification. Il n'y a pas de plans, et pas d'argent, pour les démanteler et pour séquestrer les déchets à haut niveau radioactif dans un lieu souterrain géologiquement stable. Si elles étaient privées à la fois de l'électricité du réseau et de carburant diesel pendant un long intervalle de temps, ces centrales fondraient, à la Fukushima Daiichi25. Il vaut d'être mentionné qu'un désastre nucléaire, tel que Tchernobyl26, est un ingrédient particulièrement capable de précipiter un effondrement politique. Puisque ce qui empêche une série de tels désastres de se produire est le réseau électrique, suivi du diesel, examinons chacun tour à tour.

Les coupures de courant ont augmenté abruptement au cours de la dernière décennie.
En ce qui concerne le réseau électrique, on a récemment constaté que l'incidence des coupures d'électricité majeures doublait chaque année. Oui, nous commettons l'erreur inductive en extrapolant simplement cette tendance dans l'avenir, mais, étant donné ce qui est en jeu, n'oserions-nous pas extrapoler ? Au minimum, nous devrions entendre une très bonne raison de ne pas le faire. L'incidence des coupures d'électricité majeures ne peut doubler qu'un certain nombre de fois avant qu'il soit temps de distribuer les tablettes d'iodure de potassium27 et que le prix des perruques explose.

À moins, bien sûr, que les générateurs diesel puissent être maintenus en fonctionnement pendant les quinze ou vingt ans qu'il faudrait pour arrêter, retirer le combustible et décommissioner tous les réacteurs nucléaires et vider les piscines de stockage des déchets. Les pays auxquels manquent un réseau électrique fiable ont tendance à dépendre des générateurs diesel. Il y a actuellement beaucoup de pression sur les réserves de diesel, particulièrement depuis que le Japon à suspendu la totalité de sa capacité de production nucléaire à la suite du désastre de Fukushima Daiichi, avec des prix du diesel élevé et des pénuries ponctuelles dans de nombreux pays. Observant l'incidence croissante des coupures de courant et des flambées des prix, de nombreuses sociétés aux États-Unis ont installé des générateurs diesel d'urgence, et découvrent maintenant qu'elles les font fonctionner même quand le réseau électrique est disponible, à chaque fois que la compagnie d'électricité le leur demande.

Peu de choses continuent de fonctionner aux États-Unis une fois que le réseau électrique est en panne. Plus tôt cette année, un quartier central de Boston où je travaillais alors (Back Bay) a été plongé dans l'obscurité à cause d'une incendie de transformateur. Pendant presque une semaine entière tous les commerces du coin ont été fermées. Sans électricité, il n'y a ni chaleur ni eau chaude ; il n'y a pas d'eau courante ou, plus effrayant, plus d'évacuation des eaux usées ; il n'y a plus d'air conditionné (ce qui est fatal, par coup de chaleur, dans des endroits comme Atlanta, en Géorgie, qui ont souvent cent pour cent d'humidité couplé avec des températures estivales ambiantes au dessus de la température du corps). Les systèmes de sécurité et les systèmes de paiement cessent de fonctionner. Les téléphones mobiles et les ordinateurs portables ne peuvent être rechargés. Les tunnels autoroutiers et le métro son inondés et les ponts ne s'ouvrent pas pour laisser passer le trafic maritime — tel que les barges chargées de diesel. Pouvons-nous être sûr que le diesel continuera d'être fourni à toutes les centrales nucléaires actives alors même que tout le reste s'écroule ?

C'est habituellement le moment de mes conférences où quelqu'un dans le public intervient pour dire : Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir28, n'est-ce pas ? À quoi je réponds : Pour vous peut-être, si vous n'avez pas d'autre plan que d'attendre que tout s'arrange d'une façon ou d'une autre magiquement tout seul. Vous voyez, construire quelque chose qui fonctionne demande beaucoup de temps et d'efforts. Les choses cessent de fonctionner précipitamment, mais fabriquer un remplacement demande du temps, des ressources, et, le plus important, de la stabilité. Cela ne peut être fait que par anticipation, et le faire demande de la pratique (par quoi j'entends : apprendre de ses propres et nombreuses erreurs). Si vous attendez jusqu'à ce dernier moment quand, dans un spasme d'horreur, vous vous direz soudainement : Oh, merde ! Dmitry avait raison !, alors en effet Noir et C'est Noir seront vos charmants nouveaux camarades de chambrée. Mais si vous commencez votre effondrement tôt et que vous vous en débarrassez rapidement, alors vos chances d'y survivre excéderont très probablement zéro.

Et donc, veuillez ne pas me demander Quand ? — faites votre propre réflexion ! Je vous ai donné les outils pour aboutir à vos propres conclusions, sur la base desquelles vous pouvez être capable de commencer votre effondrement tôt et vous en débarrasser rapidement."

Dmitri Orlov, juin 2012

25. La centrale nucléaire de Fukushima, au Japon, sévèrement accidentée au cours d'un séisme en mars 2011.

26. La centrale de Tchernobyl, en Ukraine, fut le siège d'une catastrophe nucléaire majeure en 1986. À l'heure actuelle (en 2012), l'Europe finance la construction d'une nouvelle enceinte de confinement, une arche colossale de près de cent mètres de haut et deux cent cinquante mètres de large, assemblée à proximité du site et devant glisser sur des rails jusqu'à englober la totalité du bâtiment et le sarcophage de béton qui avait été improvisé par dessus le réacteur accidenté dans les mois suivant l'explosion.

27. L'iodure de potassium est (ou devrait être) utilisé en cas d'accident nucléaire afin de prévenir l'absorption d'iode radioactif par la thyroïde.

28. Dans le texte : This is all doom and gloom, isn’t it?.

14/09/2013

fin d'un monde


" (...) Alors voici les cinq stades tels que je les ai définis il y a presque un an. La petite coche à côté de l'effondrement financier est là pour nous rappeler que nous ne sommes pas ici pour ergoter ou être ambigus, car le stade 1 est très engagé. Les stades 2 et 3 — les effondrements commercial et politique — sont entraînés par l'effondrement financier, et se chevaucheront l'un l'autre. Pour l'instant, il n'est pas clair lequel est le plus engagé. D'un côté, il y a des signes que le trafic mondial ralentit, et que les grandes surfaces sont bonnes pour une très mauvaise période, avec de nombreux magasins susceptibles de fermer après une saison de Noël désastreuse. D'un autre côté, les États subissent déjà des déficits budgétaires massifs, licencient des employés d'État, réduisent les programmes, et commencent à supplier le gouvernement fédéral pour être renfloués financièrement.

Même si les différents stades de l'effondrement s'entraînent les uns les autres de façons variées, je pense que cela a un sens de les maintenir conceptuellement séparés. Ceci parce que leurs effets sur notre vie quotidienne sont tout à fait différents. N'importe quels moyens constructifs que nous pourrons trouver pour esquiver ces effets seront aussi différents. Enfin, certain stades de l'effondrement semblent inévitables, tandis que d'autres peuvent être évités si nous nous battons assez.

L'effondrement financier semble particulièrement douloureux si vous vous trouvez avoir beaucoup d'argent. D'un autre côté, je rencontre tout le temps des gens qui ont le sentiment que rien n'est encore arrivé. Ce sont surtout des gens jeunes, qui ont relativement réussi, qui n'ont pas ou peu d'économies, et ont encore des boulots bien payés, ou une assurance chômage qui n'est pas encore épuisée. Leur vie quotidienne n'est pas très affectée par la tourmente sur les marchés financiers, et ils ne croient pas que quoi que ce soit de différent soit en train de se produire en dehors des hauts et des bas économiques habituels.

L'effondrement commercial est bien plus évident, et l'observer ne nécessite pas d'ouvrir des enveloppes et d'examiner des colonnes de chiffres. C'est douloureux pour la plupart des gens, et mortellement dangereux pour certains. Quand les rayonnages des magasins sont vidés du nécessaire et restent ainsi pendant des semaines de suite, la panique s'installe. Dans la plupart des lieux, cela requiert une sorte de réaction d'urgence, pour s'assurer que les gens ne soient pas privés de nourriture, d'abris, de médicaments, et que certaines mesures de sécurité et d'ordre public soient maintenues. Les gens qui savent ce qui vient peuvent se préparer à en éviter le pire.

L'effondrement politique est encore plus douloureux, parce qu'il est mortellement dangereux pour beaucoup de gens. La rupture de l'ordre public serait particulièrement dangereuse aux États-Unis, à cause du grand nombre de problèmes sociaux qui ont été balayés sous le tapis au cours des années. Les Américains, plus que la plupart des autres peuples, ont besoin d'être défendus les uns des autres à tout moment. Je pense que je préférerais la loi martiale à l'anarchie et au chaos complet et absolu, bien que j'admette que l'un et l'autre soient de très pauvres choix.

L'effondrement social et culturel semble avoir déjà eu lieu dans plusieurs parties du pays dans une large mesure. Ce qui reste d'activité sociale semble ancrée dans des activités transitoires telles que le travail, les courses et les sports. La religion est peut-être la plus grande exception, et beaucoup de communautés sont organisées autour des églises. Mais dans les endroits ou la société et la culture demeurent intactes, je croit que l'effondrement social et culturel est évitable, et que c'est là que nous devons vraiment résister. Aussi, je pense qu'il est très important que nous apprenions à voir notre environnement pour ce qu'il est devenu. Dans beaucoup d'endroits, on a l'impression qu'il ne reste simplement pas beaucoup de choses qui vaillent d'être sauvées. Si toute la culture que nous voyons est de la culture commerciale, et si toute la société que nous voyons est la société de consommation, alors le mieux que nous ayons à faire est de nous en éloigner, et de chercher d'autres gens prêts à faire de même.(...)" Orlov

17/05/2013

réussir son effondrement

orlov

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"(...) Un élément important de la préparation à l'effondrement est de s'assurer que l'on n'a pas besoin d'une économie en fonctionnement pour garder un toit au dessus de sa tête. En Union soviétique, tous les logements appartenaient au gouvernement, qui les mettait directement à disposition des gens. Comme tous les logements étaient aussi construits par le gouvernement, ils n'étaient construits que dans des lieux que le gouvernement pouvait desservir en utilisant les transports publics. Après l'effondrement, presque tout le monde a réussi à garder son logement.

Aux États-Unis, très peu de gens possèdent leur lieu de résidence pour de bon, et même alors ils ont besoin d'un revenu pour payer les taxes foncières. Les gens sans revenu se retrouvent à la rue. Quand l'économie s'effondrera, très peu de gens continueront d'avoir un revenu, alors la clochardisation va devenir endémique. Ajoutez à cela la nature dépendante de l'automobile de la plupart des banlieues, et ce que vous obtiendrez est une migration en masse des sans-logis vers les centres urbains.

Transport
 
 URSS  USA
Public Privé, principalement des automobiles et des camions
Continue de fonctionner En panne à cause des pénuries de carburant
Villes compactes le long des lignes de chemin de fer Étalement, centre-villes morts
Infrastructure pouvant être entretenue Davantage de nids de poule que de route
Tous les passagers, en voiture ! À pied, pédalant à bicyclette, poussant des chariots de supermarché

Les transports publics soviétiques étaient plus ou moins tout ce qu'il y avait, mais il y en avait beaucoup. Il y avait aussi quelques automobiles particulières, mais si peu que le rationnement de l'essence et les pénuries étaient quasiment sans conséquence. Toutes ces infrastructures publiques étaient conçues pour être presque indéfiniment réparables, et elles ont continué de marcher alors même que le reste de l'économie s'effondrait.

La population des États-Unis est presque entièrement dépendante de l'automobile, et se fie aux marchés qui contrôlent l'importation de pétrole, le raffinement et la distribution. Elle compte aussi sur des investissements publics continus dans la construction de routes et leur réparation. Les automobiles elles-mêmes requièrent un flux continu de pièces importées, et elles ne sont pas conçues pour durer très longtemps. Quand ces systèmes tortueusement interconnectés cesseront de fonctionner, une grande partie de la population se trouvera isolée.

(...) Certains types de comportements économiques dominants ne sont pas prudents à un niveau personnel, et sont aussi contre-productifs pour combler le retard d'effondrement. N'importe quel comportement qui pourrait résulter en une croissance économique continue et de la prospérité est contre-productif : plus on saute haut, plus l'atterrissage est dur. Il est traumatisant de passer d'un gros fond de pension à pas de fond de pension à cause d'un écrasement du marché. Il est aussi traumatisant de passer d'un revenu élevé à pas de revenu. Si, par dessus cela, vous avez toujours été très occupé, et que soudainement vous n'avez plus rien à faire, alors vous serez vraiment en mauvaise forme.

L'effondrement économique est à peu près le pire moment possible pour souffrir d'une dépression nerveuse, pourtant c'est souvent ce qui arrive. Les gens qui courent le plus de risque psychologiquement sont les hommes d'âge mûr couronnés de succès. Quand leur carrière est soudainement finie, leurs économies disparues et leurs biens sans valeur, une grande part de leur estime personnelle s'en va aussi. Ils ont tendance à se saouler à mort et à se suicider en nombre disproportionné. Comme ils ont tendance à être les gens les plus expérimentés et capables, c'est une perte vertigineuse pour la société.

Si l'économie, et votre place en son sein, est vraiment importante pour vous, vous souffrirez vraiment quand elle fichera le camp. Vous pouvez cultiver une attitude d'indifférence étudiée, mais il faut que ce soit plus que de la prétention. Il faut développer le style de vie, les habitudes et l'endurance physique pour la soutenir. Il faut beaucoup de créativité et d'effort pour construire une existence épanouissante aux marges de la société. Après l'effondrement, ces marges pourraient s'avérer être certains des meilleurs endroits pour vivre."

Le programme du parti de l'effondrement

(Des choses que le gouvernement américain pourrait faire s'il décidait soudainement de se rendre utile.)

  • Remiser tous les réacteurs nucléaires (le mieux que nous puissions faire, puisque personne ne sait comment les démanteler).
  • Déplacer le combustible nucléaire utilisé des piscines de stockage des sites de réacteurs vers un endroit plus sûr.
  • Démanteler et détruire les systèmes d'armes nucléaires avant qu'ils ne tombent entre de mauvaises mains.
  • Démanteler et évacuer les bases militaires autour du monde. Rapatrier les troupes au lieu de les laisser isolées sur des terres hostiles. Dissoudre l'armée, la réorganiser en unités locales d'auto-défense.
  • Accélérer le nettoyage des sites de déchets toxiques, des mines abandonnées et des réserves nucléaires pour prévenir les catastrophes écologiques qui peuvent encore l'être.
  • Concevoir un programme complet d'amnistie des prisonniers avant que les prisons ne soient fermées par manque de fonds. Fournir aux prisonniers relâchés logement et nourriture pour prévenir une vague de criminalité.
  • Annoncer un jubilé — l'effacement de toutes les dettes, puisqu'elles ne seront en aucun cas remboursables.

Orlov


podcast

04/04/2013

my ass!

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"Affaire Cahuzac : «On ne pouvait vraiment pas savoir» ! Voilà le titre d’un article du journal… Libération.

N’accablons pas Monsieur Cahuzac. Disons-le ce qu’il a fait ce n’est pas bien. Certes. Mais certains font nettement pire. Je pense par exemple à la famille du Président chypriote en exercice qui aurait fait pour un plus de 20 millions d’euros de virements avant la faillite des banques chypriotes… alors franchement, notre Cahuzac, sans être un enfant de cœur n’est sans doute pas le plus méchant de la terre. Dans l’édition du contrarien matin du 18 février 2013 j’expliquais dans un article que la Suisse sous l’amicale pression internationale fermait les comptes (non déclarés) des non-résidents manu-militari, la dernière destination à la mode pour les fonds opaques étant Singapour… et c’est de notoriété publique. Mais comme le dit Libération… « on ne pouvait vraiment pas savoir ».

Affaire Cahuzac: l'enquête en Suisse révèle un compte à la banque Reyl et Cie

 Or un article de l’Expansion nous apprend que « l'enquête judiciaire menée en Suisse a permis d'établir l'existence d'un compte bancaire non déclaré de Jérôme Cahuzac à la suite de perquisitions au sein de la banque UBS et chez la société Reyl et Cie. » « Selon Le Canard enchaîné l'ex-ministre avait ouvert ce compte auprès d'UBS à Genève au début des années 90. Il aurait été fermé à la fin de l'année 2000 et l'argent transféré auprès de Reyl et Cie, toujours à Genève. En 2010 cet autre compte aurait été fermé à son tour et l'argent déplacé vers la succursale de Reyl et Cie à Singapour ». Et voilà notre cher (ancien) ministre du budget grand pourfendeur de la fraude fiscale céder à la mode actuelle à savoir envoyer ses sous à Singapour… mais Libération sera très certainement surpris par ces révélations car vraiment… on ne pouvait pas savoir.

La famille du Président chypriote sous les feux de la colère populaire

Je les trouve remarquablement calme nos amis chypriotes. En effet, c’est carrément la famille du Président en exercice qui est accusée d’avoir bénéficié de tuyaux privilégiés et d’avoir réussi à transférer la veille ou presque de la fermeture des banques pour plus de 20 millions d’euros de leurs avoirs, les sauvant ainsi d’une ponction qui atteindra probablement les 80% d’ici quelques semaines. 80% de 20 millions d’euros, cela fait tout de même 16 millions d’euros de sauvés !!! J’en connais plus d’un qui pour ce montant-là ne se serait pas encombré de détails « moraux »… mais je pense qu’à Chypre non plus on ne pouvait pas vraiment pas savoir… sauf certains !

On ne pouvait pas savoir…

J’avais envie de m’arrêter quelques instants sur cette expression, qui vous l’aurez compris suscite en moi un très grand agacement intellectuel. Afin d’éviter de tomber dans la loi de Godwin (la loi de Godwin provient d'un énoncé fait en 1990 par Mike Godwin relatif au réseau Usenet, et popularisée depuis sur Internet : « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1. » Dans un débat, atteindre le point Godwin revient à signifier à son interlocuteur qu'il vient de se discréditer en vérifiant la loi de Godwin), je ne m’appesantirai pas sur l’utilisation de cette expression après la seconde guerre mondiale, et j’attaquerai directement par son utilisation actuelle.

On ne pouvait pas savoir qu’il y aurait une crise. On ne pouvait pas savoir qu’il y avait une bulle immobilière. On ne pouvait pas savoir qu’il y avait une bulle boursière. On ne pouvait pas savoir qu’il y avait des problèmes avec la mondialisation. On ne pouvait pas savoir qu’il y allait avoir des problèmes d’emplois avec l’arrivée de la révolution robotique. On ne pouvait pas savoir qu’il allait y avoir des problèmes de raréfactions de ressources. On ne pouvait pas savoir qu’il allait y avoir un problème sur la dette de l’état français. On ne pouvait pas savoir qu’il allait y avoir un problème avec les dettes espagnoles, italiennes, ou portugaises et encore j’en passe et des meilleurs. On ne pouvait pas savoir que la crise n’était pas finie. On ne pouvait pas savoir que l’euro avait été mal conçu et dès le départ. On ne pouvait pas savoir que les gens avaient un problème de pouvoir d’achat. On ne pouvait pas savoir qu’il y aurait un problème de montée des « populismes »"…source/Sannat (merci TP)

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par contre, on sait trés bien ce qui va arriver:

"(...) Après tout, ce que nous allons vivre dans les vingt ans qui viennent, c’est la fin d’un monde. Alors profitons-en pour dessiner, dès à présent, ce que nous espérons pour le monde d’après. Entendons-nous bien : cette formule, « la fin d’un monde », n’est pas une « manière de parler ». C’est l’exacte réalité, nous vivons, tous ici, depuis notre naissance, dans un monde : le monde de la consommation, de la confiance en l’avenir et du crédit. Nous allons, dans les deux décennies qui viennent, basculer dans un autre monde : le monde de la rareté, de la méfiance devant l’avenir et de la menace. Nous sommes à la veille de constater la faillite du monde anglo-saxon. La dernière fois que ça s’est produit, c’était en 1343, sous le règne d’Edouard III. Cela a entraîné la chute du capitalisme médiéval, conditionné la prolongation de la guerre dite de Cent Ans, et contribué à la division par deux de la population de notre continent. Oyez, oyez, bonnes gens, grand spectacle en perspective ! On ne voit pas ça tous les jours !

Sur le plan financier, la situation actuelle de l’Occident est facile  à résumer : c’est la faillite à peu près complète d’à peu près tout le monde. Il y a, dans le système et avant de prendre en compte les produits dérivés, trois ou quatre fois plus de dettes que ce qui est soutenable au regard des taux de croissance actuels. Les évaluations des actifs monétaires sont totalement déconnectées du réel et ne renvoient plus qu’à un immense schéma de Ponzi. Les actifs immobiliers sont estimés sur la base de ce que les baby-boomers étaient prêts à payer pour préparer leur retraite, on va bientôt voir ce qu’ils vaudront quand ces mêmes baby-boomers devront les revendre aux classes démographiques creuses. Les actifs productifs eux-mêmes sont largement surévalués, puisqu’apparemment, personne n’a provisionné les implications des crises énergétiques et écologiques à venir.

En fait, tout l’Occident, c’est ENRON. Tous les occidentaux sont des salariés d’ENRON : ils croient qu’ils ont un boulot, mais en fait, ils n’ont qu’une ligne de crédit sur un compte déjà dans le rouge. En 2008, les USA et l’Europe se sont offert un répit en sauvant leur système bancaire par les comptes publics. Mais l’Etat salvateur est lui-même totalement démuni. A court terme, la faillite de certains Etats occidentaux devra forcément être constatée, d’une manière ou d’une autre. Va-t-on sauver l’Etat par la Banque, après que la Banque a été sauvée par l’Etat ? Si oui, cela passera par les super-souverains, FMI, BCE. Et après ? Et après, rien. On n’aura fait que reculer pour mieux sauter. Dans notre situation et à l'intérieur du cadre imposé par la haute finance actuellement au pouvoir, dans l'Etat profond, aux USA et en Europe, il n’y a que trois solutions : admettre qu’on ne peut pas rembourser les dettes, ce qui implique la déflation, puisque les faillites détruisent des revenus ; faire semblant de rembourser en imprimant de la monnaie à tour de bras, ce qui finit toujours par provoquer une inflation, par exemple via les prix des matières premières ou des denrées alimentaires ; ou bien gérer au fil des évènements, une politique de stop and go, pour fabriquer autant que possible une stagflation ou quelque chose qui s’en rapproche. C’est cette dernière solution que nos élites vont probablement suivre ; tout l’indique à ce stade, en tout cas. Dans les années 1970, cela avait permis de gérer l’abandon de l’étalon-or et les chocs pétroliers ; mais cette fois, la situation est bien plus grave : une stagflation étalée sur dix ans, qui se traduira probablement par une inflation réelle de l’ordre de 10/15 % par an, avec dans le même temps des salaires qui stagneront ou progresseront peu en monnaie courante, voilà le programme. La soupe à la grimace, et il y en aura pour tout le monde ; le tout venant impacter des sociétés ravagées par trente ans de dérive inégalitaire et d’appauvrissement des jeunes au profit des vieux.

Première rupture : c’est la fin de l’ère de la consommation, c’est le début d’une ère de rareté relative. Voire, si certains mécanismes s’emballent, de rareté tout court. Circonstance aggravante dans ce contexte pour le moins tendu, le système financier international est par terre. Pour l’instant, on a l’impression qu’il est toujours debout parce que tout le monde fait semblant de ne pas voir qu’il est par terre, mais il est bel et bien par terre. La zone euro sera évidemment à brève échéance contrainte à un réaménagement drastique ; ce sera peut-être une explosion pure et simple entre une zone mark et une zone franc, peut-être le passage à un euro monnaie commune mais pas unique, peut-être une assez improbable sortie de crise par l’inflation, une inflation orchestrée par la BCE – une issue assez improbable vu les positions allemandes sur la question. Mais en tout cas, ce qui est certain, c’est que la zone euro telle que nous la connaissions, c'est fini. Ça ne pouvait pas durer, de toute manière. En gros, c’était : « empruntez comme des Américains si vous êtes espagnols ou irlandais, négociez vos salaires comme des Français si vous êtes français, et profitez cependant des avantages d’une monnaie forte, à l’Allemande, si vous êtes riches. » Ce genre d’incohérence ne peut pas durer très longtemps. Surtout quand ça crée un système où il n’y a plus aucun outil de contrôle au sein d’un espace allant de Naples à Paris… Le dollar, lui, n’est plus appuyé sur rien, à part la trouille bleue que le monde entier éprouve devant l’US Army. A ce sujet, pour ceux qui se demanderaient ce que les armées occidentales vont faire en Lybie : non, il ne s’agit pas de défendre les droits de l’homme parce que BHL a prophétisé son oracle. Il s’agit d’implanter une présence militaire euro-américaine pour empêcher par les armes la progression jusque là irrésistible de la Chinafrique, et ainsi conserver les matières premières sous contrôle – la seule raison qu’il reste au monde de vouloir du dollar, c’est en effet qu’on en a besoin pour acheter du pétrole et des matières premières.

Conclusion : le système que l’Occident est en train de mettre en place, en gros, c’est le durcissement de la structure de classes en interne, et l’impérialisme à l’extérieur, pour défendre le pouvoir de la haute finance, principalement anglo-saxonne, en confisquant les matières premières et les énergies. Soit l’impérialisme pour sauver l’hypercentralisme du capital privé.(...)" Michel Drac/Scriptoblog

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par contre, on sait trés bien ce qu'il faut faire maintenant:

"L'analyste financier Pierre Laurent résume parfaitement [notre] situation lorsqu'il dit: "Aujourd'hui, la seule stratégie permettant de préserver la valeur du patrimoine consiste à investir dans l'or et l'argent physiques, les matières premières, l'énergie, les terres agricoles et tous les actifs tangibles décorrelés du dollar et basés hors des Etats-Unis."

J'ajoute que dans un futur proche, les investisseurs vont fuir les marchés pour des valeurs réelles et nous pourrons voir à tout moment un mouvement de panique vers l'or, qui reste la meilleure défense contre l'inflation. Surtout évitez les Etats-Unis et les obligations d'Etat. La finance est une industrie très bien adaptée aux périodes de création maximale de crédit et de dette qui bénéficient aux marchés d'actions, d'obligations et de l'immobilier.. Ce seront désormais les actifs réels qui seront recherchés et non plus les actifs ayant pour contrepartie toute sorte de débiteurs douteux. Evitez donc les actions en général, et celle s des banques en particulier. Evitez aussi les fonds d'investissements, les hedge funds et tout ce qui est non liquide -vous devez pouvoir sortir rapidement votre fortune si nécessaire. Je vous déconseille également les liquidités sous forme d'argent papier ou sur une compte qui pourrait être perdu lorsque la banque fera faillite. Voici quelques moyens de constituer un patrimoine sain en prévision d'un temps de crise:

-faites un maximum d'économies et remboursez vos dettes. Ne contractez pas de nouvelles dettes. Réduisez vos couts, surtout les couts fixes et essayez chaque mois de mettre le maximum de côté,

-placez vos liquidités en or physique (...), achetez régulièrement des pièces d'argent avec le surplus de liquidités de vos revenus. Ces pièces seront comme l'or, non seulement une protection  contre l'inflation, mais pourront servir de monnaie d'échange plus facilement qu'un lingot d'or,

-vendez votre maison secondaire ou de vacances si elle ne peut pas vous servir de BAD, et ce avant que son prix ne vaille plus rien à cause de la démographie (populations vieillissantes), de la crise et bientôt de l'impossibilité de prendre des vols low-cost pour vous y rendre,

-si vous pensez déménager dans deux ou trois ans, vendez maintenant et louez en attendant (...),

-développez une compétence qui ne deviendra jamais obsolète (médecine, jardinage, plomberie, électricité, etc.),

-pensez à développer un deuxième travail depuis chez vous ou à côté de votre travail principal. Ne voyez pas forcément grand, même si on ne sait jamais, mais une source de revenus additionnels peut être très utile,

-posez-vous la question: qu'est-ce que vous savez faire? En quoi êtes vous bon? Quelles compétences et connaissances avez-vous que l'on peut utiliser? Attention, il faut dix ans au moins pour devenir bon dans un métier. Envisagez des formations pour devenir installateur de panneaux solaires, de pompes, d'éoliennes, et reprenez des études de médecine ou de vétérinaire. Pensez aux métiers qui ne demandent pas de fournisseurs lointains et n'ont pas besoin de transports ni d'électricité, comme la plupart des métiers du XIXème siècle." source/Piero San Giorgio, Survivre à l'effondrement, 2011.

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enfin, écoutons Dmitri qui s'y connait en effondrement..

(...) L’effondrement financier est déjà bien engagé, et il est assuré de suivre son cours. Les renflouements peuvent faire paraître solvables les institutions insolvables pendant un moment en fournissant des liquidités, mais une chose qu’ils ne peuvent fournir est la solvabilité. Par exemple, peu importe à quel point nous renflouons les constructeurs d’automobiles, fabriquer davantage de voitures sera toujours une mauvaise idée. Similairement, peu importe combien d’argent nous donnons aux banques, leurs portefeuilles de prêts, surchargés de maisons construites dans des endroits inaccessibles sauf en voiture, finiront toujours par être sans valeur. En nationalisant continuellement les mauvaises dettes, le pays va se transformer en un débiteur risqué, et les prêteurs étrangers vont s’en aller. L’hyperinflation et la perte des importations suivront.

L’effondrement commercial est assuré de se produire. L’une des importations-clef est le pétrole, et ici la perte des importations causera l’arrêt d’une grande partie de l’économie, parce que dans ce pays rien ne bouge sans le pétrole. Mais il devrait être possible de trouver des manières nouvelles, beaucoup moins consommatrices d’énergie, de satisfaire les besoins de base.

L’effondrement politique est également garanti. À mesure que les recettes fiscales s’amenuiseront, les municipalités et les États ne pourront plus répondre aux exigences minimales d’entretien des infrastructures existantes : routes, ponts, canalisations d’eau et d’égout, et ainsi de suite. Les services municipaux, y compris la police, les pompiers, le déneigement et le ramassage des ordures, seront restreints ou éliminés. Les communautés les mieux organisées pourront trouver des façons de compenser, mais beaucoup de communautés deviendront incirculables et inhabitables, générant une vague de réfugiés intérieurs. Actuellement, la classe politique ne pourrait pas être plus éloignée de comprendre ce qui est sur le point d’arriver. J’ai prêté l’oreille à l’un des récents débats présidentiels. J’ai été frappé que les deux candidats passent la plupart du temps à discuter des façons de dépenser l’argent qu’ils n’ont pas.

L’effondrement social  est inévitable, mais pas partout. Dans beaucoup d’endroits, la tâche est de reconstituer la société avant que les trois premiers stades aient suivi leur cours, et il est peut-être déjà trop tard. Mais c’est là que nous avons besoin de résister, ne serait-ce que pour laisser le souvenir de plus que la somme totale de nos erreurs.

Enfin, l’effondrement culturel est quelque chose qui est presque trop horrible à envisager, sauf qu’à certains endroits il semble s’être déjà produit, et qu’il est masqué par les institutions variées qui existent encore, pour l’instant. Mais je crois que beaucoup de gens se réveilleront et se souviendront de leur humanité, la meilleure part de leur nature, quand des circonstances désespérées les forceront à se montrer à la hauteur. (...) source/Orlov

photo: ne pas tomber dans la dépression, une avant-guerre c'est pas tous les jours! (c'est ce que m'a dit Kate)

05/02/2013

despair?

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(...) Le gouvernement fédéral américain dépense actuellement environ trois cent milliards de dollars par mois. Pour ce faire, il emprunte environ cent milliards par mois. Le mot emprunte est entre guillemets, car la plus grande part de cette dette nouvelle est créée par le Trésor et achetée par la Réserve fédérale (6), donc, en substance, le gouvernement se fait juste un chèque de cent milliards de dollars tous les mois. Si cela continue indéfiniment, alors le dollar américain perdra sa valeur, donc une pression est nécessaire pour obtenir des banques centrales étrangères qu'elles assument aussi une partie de cette dette. Elles peuvent le faire, bien sûr, mais, voyant que le dollar est en route pour perdre sa valeur, elles se sont mises à diminuer leur détention de bonds du Trésor américain plutôt que de l'accroître. Personne ne peut dire combien de temps un tel scénario peut continuer de se dérouler, donc ce que l'on cherche dans une telle situation ce sont des signes de désespoir.

Récemment il y a eu un tourbillon d'activité autour de la Chine : la Secrétaire d'État Hillary Clinton et le Secrétaire du Trésor Timothy Geithner (7), chacun avec une grande escorte, sont allés en Chine en visite de haut niveau, durant laquelle la couverture médiatique aux États-Unis a été dominée par des reportages sur un militant chinois aveugle qui était assigné à résidence, de laquelle il s'était échappé et réfugié à l'ambassade américaine, et qui a finalement été autorisé à quitter le pays et à venir aux États-Unis. Quasiment personne en Chine ne sait qui est cette personne, et la réaction officielle chinoise aux demandes pour sa libération était, à peu près  : D'accodac (8) (Le fait que Hillary semble avoir abandonné le port de maquillage était aussi considéré comme méritant de faire l'actualité.)

Pourquoi un si puissant écran de fumée ? Que cachaient-ils ? Et bien, une paire de choses intéressantes. Premièrement, il s'avère que la Chine peut à présent monétiser la dette américaine directement. C'est vrai, la capacité d'imprimer de la monnaie américaine est à présent répartie entre les États-Unis et la Chine. Il y a une ligne privée spéciale entre Pékin et le trésor américain, et la Chine peut acheter des bons du Trésor sans passer par aucun mécanisme de marché ni rendre le prix public (9). Deuxièmement, la Chine peut maintenant acheter directement des banques américaines (1)0. Au bon vieux temps, les tentatives par des puissances étrangères d'utiliser les bons du trésor pour acheter des participations dans des sociétés américaines étaient considérées comme apparentée à un acte de guerre ; maintenant, plus tellement. Simplement, Hillary et Timmy sont allés en Chine et ont dit : Prenez notre système financier, s'il vous plaît ! Ce qu'ils ont obtenu est l'équivalent financier de la pompe de morphine sous-cutanée : une truc que l'on donne aux patients cancéreux au stade terminal, pour contrôler continuellement la douleur. Mais si elle s'épuisait avant que le patient n'expire ? Ça ferait mal, n'est-ce pas ?

Les États-Unis saignent de l'argent d'autres manières : de riches particuliers partent à l'étranger et renoncent à leur nationalité américaine en nombre croissant, comme autant de rats fuyant un navire en train de sombrer. Un exemple célèbre est Eduardo Saverin, l'un des fondateurs de Facebook (11), qui a renoncé à sa nationalité américaine avant le ridicule fiasco qu'a été l'introduction en bourse de Facebook. Le Congrès est occupé à ébaucher une loi pour empêcher ce genre de chose de se produire, ou au moins pour en faire un énorme scoubidou d'un point de vue fiscal. Il y a aussi une disposition en préparation pour confisquer le passeport des gens si le fisc décide qu'ils doivent plus de cinquante mille dollars. Quelqu'un devrait faire quelque chose ! Ce n'est pas possible de renoncer à sa nationalité et d'acheter les votes du Congrès en même temps ? Ça devrait... En tout cas, nous pouvons être sûrs que ce qui est encore une dégoulinure va se transformer en inondation. C'est ce que j'ai vu en Russie après l'effondrement soviétique : l'ancienne élite soviétique a perdu toute confiance dans le système et a essayé de se saisir d'un morceau et de s'enfuir avec. Ce comportement continue jusqu'à présent : une fois qu'une chose s'effondre, elle tend a rester effondrée longtemps.

Et pourquoi ne voudriez-vous pas fuir comme un rat, si vous vous trouviez être l'un des nombreux millionnaires temporaires qui ont fait fortune dans l'économie américaine et ne souhaitent pas la perdre ? Le système financier américain est cassé, et à présent il est clair qu'il ne sera pas réparé. Par exemple : Jon Corzine, ancien sénateur, ancien gouverneur du New Jersey, ancien directeur de MF Global (12), a fait de mauvais paris, puis a puisé dans les comptes de ses clients pour couvrir ses pertes. Est-il en prison ? Non, il est toujours en liberté et n'a rien à craindre. De plus, il est en bonne position sur la liste des donateurs de campagne d'Obama. J.P. Morgan (13) vient d'annoncer un déficit de deux milliards de dollars (en fait plutôt huit milliards de dollars). Y fera-t-on quelque chose ? Bien sur que non ! J.P. Morgan a une fière et longue histoire de mauvaise gestion du risque, que ce soit en utilisant des modèles mathématiques absurdes (valeur sous risque (14)), ou en laissant des opérateurs avec des surnoms comme la Baleine (15) décider spontanément qu'ils sont Dieu et se retrouver énormément à découvert. Puisque tout ceci a été fait avec des fonds soutenus par le contribuable (comme d'autres grandes banques américaines, J.P. Morgan est sous perfusion gouvernementale) il a été discuté si la Baleine se couvrait, misait ou pariait (avec des fonds publics). Mais personne ne sait même plus la différence, et l'on peut être sûr que personne n'ira en prison pour cela non plus.

Et cela nous amène au système politique. Les politiciens sont-ils même vaguement désireux de réformer le système financier ? Non, ils en ont trop peur. La loi de réforme financière, telle qu'elle est, a été esquissée par les compagnies financières elles-mêmes et par leurs lobbyistes. Les politiciens craindraient de s'en approcher, de peur de mettre en danger leurs contributions de campagnes électorales. Aussi longtemps que les fonds de campagnes sont versés dans leurs coffres, et aussi longtemps qu'aucun de leurs amis banquier ne va en prison, ils resteront indifférents à la finance. Ce sur quoi ils sont de plus en plus paranoïaques est leur propre sécurité physique. Les deux partis ont montré à répétition un niveau indécent de consensus quand il s'est agit de faire passer des lois pour compromettre les libertés civiles, pour accroître le contrôle social et la surveillance, et pour retirer leurs droits aux citoyens. Le budget 2013 de la sécurité nationale promet de dépasser mille milliards de dollars. À nouveau, le parallèle avec l'Union soviétique avant et après l'effondrement est frappant : le système politique là-bas aussi était irréformable, vidé, et utilisé pour son avantage personnel, comme service privé pour les riches et les puissants. Des criminels, tels que Boris Berezovsky (16), ont brigué des mandats publics simplement pour obtenir l'immunité judiciaire qui allait avec. Ce modèle continue jusqu'à ce jour, particulièrement en Ukraine : perdez une élection, allez en prison. Soyez réélu et vous pourrez utiliser les électeurs qui n'ont pas voté pour vous comme cible d'entraînement. Une fois qu'un système politique s'effondre, tout le monde nie vigoureusement qu'il s'est effondré, mais ensuite il tend à rester effondré pendant longtemps.

Ce qui tend à changer soudainement est le commerce. Si l'on a assez de magouilles financières et politiques, de corruption à haut niveau et d'état de droit tombant le long du chemin (17), la vie quotidienne continue tout comme avant pendant un moment — jusqu'à ce qu'elle s'arrête soudainement. À Saint-Pétersbourg, en Russie, la différence entre l'été 1989 et l'été 1990 était tout à fait frappante, parce qu'à l'été 1990 le commerce s'est arrêté. Il y avait des rayons vides dans les magasins, dont bon nombre étaient fermés. Les gens refusaient d'accepter l'argent en paiement. Les importations se tarissaient, et la seule façon de se procurer des articles recherchés comme le shampoing était de les obtenir par quelqu'un qui avait voyagé à l'étranger, en échange de bijoux ou d'autres articles de valeur. Et cela c'est produit en dépit du fait que l'Union soviétique avait un business plan dans l'ensemble meilleur, qui était : Vendons du pétrole et du gaz, achetons tout. Tandis que le business plan des États-Unis revient à : Imprimons de l'argent, utilisons-le pour acheter tout. (La plupart des biens de consommation, plus trois quarts du pétrole utilisé pour les véhiculer et tout le reste autour.)

Le pétrole importé est, bien sûr, le talon d'Achille du commerce américain. L'économie américaine a été construite autour du principe que les coûts de transport sont sans importance. Tout voyage sur de longues distances tout le temps, principalement sur route, alimenté par de l'essence ou du diesel : les gens font la navette pour travailler, conduisent pour aller en course, font le taxi pour emmener et ramener leurs enfants de leurs activités. Les marchandises vont jusqu'aux magasins en camion, et le produit final de toute cette activité — les ordures — est camionné sur de longues distances également. Tous ces coûts de transport ne sont plus négligeables ; ils sont plutôt en train de devenir rapidement une contrainte majeure de l'activité économique. Le cycle récurrent de ces dernières années est une flambée du prix du pétrole, suivie d'un autre tour de récession. On pourrait penser que ce cycle peut continuer à l'infini, mais on ne ferait alors qu'extrapoler. Surtout, il y a une raison de penser que ce cycle va s'arrêter soudainement.(...)

Dmitri Orlov juin 2012, suite/source

6. Les équivalents du Ministère des finances et de la Banque centrale, respectivement.

7. L'équivalent dans le gouvernement américain des fonctions de Ministre des affaires des étrangères et de Ministre des finances, respectivement.

8. Dans le texte : okey-dokey.

9. Depuis juin 2011, mais le secret n'a été éventé qu'en mai 2012.

10. En l'occurrence la Bank of East Asia, originaire de Hong Kong mais dotée de filiales américaines.

11. Facebook est le plus connu des réseaux sociaux, une variété de sites que l'on peut assimiler à des sous-ensembles de l'internet où les informations sont échangées entre des utilisateurs ayant préalablement établie une relation explicite. Cela sert généralement à partager des photographies approximatives, des blagues plus ou moins drôles, des rumeurs extravagantes et des liens rarement suivis vers d'excellents textes tels que celui-ci.

12. MF Global, anciennement Man Financial, était un important courtier en produits dérivés, jusqu'à sa faillite retentissante en octobre 2011.

13. J.P. Morgan Chase & Co. est l'une des plus grandes banques américaines.

14. Value at risk est une méthode d'évaluation du risque emprunté aux assurances (que Nassim Nicholas Taleb qualifie de charlatanisme).

15. Bruno Iksil, l'opérateur (trader) présumé principal responsable des pertes spectaculaires de J.P. Morgan est surnommé la Baleine de Londres en raison semble-t-il du volume de ses opérations.

16. Boris Abramovitch Berezovsky est un affairiste russe dont la considérable fortune s'est bâtie lors de la période de privatisation de l'ex-Union soviétique, grâce à ses hautes connexions politiques et une inaltérable absence de scrupule. Poursuivi par la justice russe et brésilienne, il s'est exilé à Londres et sur la Côte d'Azur.

17. D'après l'expression idiomatique to fall by the wayside, allusion à la parabole du semeur dans l'Évangile selon Luc.

podcast

photo: Dorotea Lange

12/04/2012

meilleures pratiques de l'effondrement

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"Policier à louer, 30 euros de l'heure. L'annonce paraît incongrue mais c'est désormais possible : quiconque en a les moyens peut demander le renfort des forces de l'ordre et de leur matériel. L'innovation vise  à regonfler les caisses publiques grecques, a indiqué dimanche le ministère de la Protection du citoyen. La réforme, adoptée en catimini, a été révélée par l'hebdomadaire dominical à sensation Proto Thema. Dans un communiqué, le ministère a confirmé l'adoption d'une décision ministérielle en ce sens, "dans le but d'amortir le coût d'utilisation du matériel et des infrastructures de la police, et de les moderniser". Selon Proto Thema, la facture varie de 30 euros de l'heure pour un policier, ou 40 pour une voiture de patrouille, à 200 euros pour une vedette ou 1500 pour un hélicoptère. Selon le ministère, cette location ne concernera que "des cas exceptionnels", et ne recevra l'aval requis que si elle ne réduit pas les capacités opérationnelles du corps. La gamme de services offerte va de "l'escorte de transports de matériaux dangereux ou d'œuvres d'art", à "l'accompagnement de personnes" ou le tournage de films. Ces services étaient "offerts gratuitement" depuis des années, souligne le ministère, de fait régulièrement accusé ces dernières années d'accorder en toute opacité des protections policières coûteuses à l'élite politique et économique du pays. Le ministère affirme que cette pratique serait répandue "dans bon nombre de pays de l'Union européenne"." source/TF1

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"Une observation intéressante est qu'une fois que l'effondrement se produit il devient possible de louer un policier, soit pour une occasion spéciale, ou généralement juste pour suivre quelqu'un. Il est même possible d'embaucher un soldat ou deux, armés d'AK-4721, pour vous aider à faire diverses courses. Non seulement il est possible de faire de telles choses, mais c'est même souvent une très bonne idée, particulièrement si vous vous trouvez avoir quelque chose de précieux dont vous ne voulez pas vous séparer. Si vous ne pouvez vous offrir leurs services, alors vous devriez essayer d'être ami avec eux, et de les aider de diverses façons. Bien que leurs demandent puissent sembler exorbitantes parfois, c'est quand même une bonne idée de faire tout ce que vous pouvez pour les garder de votre côté. Par exemple, ils pourraient à un certain point insister pour que vous et votre famille déménagent dans le garage afin qu'ils puissent vivre dans votre maison. Cela peut-être agaçant au début, mais est-ce vraiment une si bonne idée pour vous de vivre dans une grande maison tout seuls, avec tant d'hommes armés partout ? Cela peut avoir un sens de stationner certains d'entre eux dans votre maison même, afin qu'ils aient une base d'opération à partir de laquelle maintenir une surveillance et patrouiller le voisinage." source/ Orlov

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"JPMorgan Chase a récemment fait don d'une somme, sans précédent, de 4,6 millions à la Fondation de la Police de la ville de New York.  Le don a été le plus important dans l'histoire de la fondation et permettra à la ville de New York, Département de la police, de renforcer la sécurité dans la grosse pomme.  L'argent va payer 1000 nouveaux ordinateurs portables dans les voitures de patrouille, ainsi que les logiciels de contrôle de sécurité dans la base de données principale du Département de police de New York. (et peut-être éviter à quelques oligarques de connaitre un destin à la Sadam Hussein..)"
 

Source: http://www.jpmorganchase.com/corporate/Home/article/ny-13.htm

pas sûr que ça suffise...

07/03/2012

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" (...) Lorsqu'il fait face à une production intérieure de pétrole insuffisante, un pays industrialisé n'a que deux choix :

1) Importer du pétrole.

2) S'effondrer.

Mais lorsqu'elle fait face à une production globale de pétrole insuffisante, une planète industrialisé n'a qu'un choix : le choix numéro deux.

Certains pourraient soutenir qu'il y ait un troisième choix : commencer tout de suite d'utiliser moins de pétrole. Cependant, en pratique, cela s'avère être l'équivalent du choix numéro deux. Utiliser moins de pétrole implique de faire des changements radicaux, souvent technologiquement difficiles, politiquement impopulaires, et par conséquent coûteux et consommateurs de temps. Cela peut-être aussi technologiquement avancé (et irréaliste) que de remplacer le parc actuel de véhicules motorisés par des véhicules sur batteries et un grand nombre de centrales nucléaires pour recharger leurs batteries, ou aussi simple (et tout à fait réaliste) que de déménager dans un lieu à distance de marche ou de bicyclette de son travail, de faire pousser la plus grande part de sa nourriture dans un jardin potager et un poulailler, et ainsi de suite. Mais quelles que soient ces étapes, elles requièrent toutes une certaine quantité de préparations et de dépenses, et une époque de crise (telle que le moment où l'approvisionnement en pétrole manque) est un moment notoirement difficile pour se lancer dans la planification d'activités à long terme. Au moment où la crise arrive, soit un pays s'est déjà préparé autant qu'il le pouvait ou le voulait (retardant ainsi la survenue de l'effondrement), soit il ne l'a pas fait, attirant la crise plus tôt, et la rendant plus sévère. Le rapport Hirsch, souvent cité, affirme qu'il faudrait vingt ans pour se préparer au pic pétrolier, de façon à éviter une pénurie sévère et prolongée de carburants de transport, et donc, étant donné que le pic a eu lieu en 2005, nous avons maintenant moins vingt-cinq ans à glandouiller avant de devoir commencer à se préparer. D'après Hirsch et compagnie, nous avons déjà échoué à nous préparer.

Certains pourraient aussi se demander pourquoi une pénurie de pétrole devrait automatiquement entraîner un effondrement. Il s'avère que, dans une économie industrialisée, une baisse de la consommation de pétrole provoque une baisse proportionnelle de l'ensemble de l'activité économique. Le pétrole est la matière première utilisée pour fabriquer la grande majorité des carburants de transport — qui sont utilisés pour transporter les produits et livrer les services à travers toute l'économie. Aux États-Unis en particulier, il y a une forte corrélation entre le produit intérieur brut et le kilométrage parcouru par les véhicules motorisés. Par conséquent, on peut dire de l'économie américaine qu'elle marche au pétrole, d'une façon plutôt directe et immédiate : moins de pétrole implique une économie plus petite. À quel point l'économie se contracte-t-elle tant qu'elle ne peut plus satisfaire ses propres besoins de maintenance ? Afin de continuer à fonctionner, toute sorte d'infrastructure, d'usine et d'équipement doit être entretenue et remplacée en temps et en heure, ou elle cesse de fonctionner. Une fois que ce point est atteint, l'activité économique devient contrainte non seulement par la disponibilité des carburants de transport, mais aussi par la disponibilité de l'équipement utilisable. À un certain point l'économie se contracte tant qu'elle invalide les hypothèses financières sur lesquelles elle est basée, rendant impossible de continuer d'importer du pétrole à crédit. Une fois que ce point est atteint, la quantité de carburant de transport disponible n'est plus limitée seulement par la disponibilité du pétrole, mais elle est aussi contrainte par l'incapacité de financer les importations de pétrole.

La pénurie initiale de carburant de transport n'a pas besoin d'être grande pour déclencher toute cette cascade d'événements, car même une petite pénurie déclenche un certain nombre de bouclages économiquement destructifs. Beaucoup de carburant est gaspillé en faisant la queue aux quelques stations-service qui demeurent ouvertes. Davantage de carburant est gaspillé en faisant le plein — garder le réservoir aussi rempli que possible, ne sachant pas quand et où l'on pourra le remplir à nouveau. Encore plus de carburant disparaît du marché parce que les gens l'accumulent dans des jerrycans et des récipients improvisés. À mesure que les pénuries se prolongent et se répandent, le carburant est accumulé, et un marché noir se développe : le carburant détourné des canaux de livraison officiels et siphonné des réservoirs devient disponible sur le marché noir a des prix gonflés. Et ainsi l'effet d'une pénurie initiale même mineure peut facilement faire boule de neige en une perturbation économique suffisante pour pousser l'économie au delà des seuils physiques et financiers et vers l'effondrement.

Si à ce point vous commencez à vous sentir découragé, alors — je suis désolé de devoir le dire, mais vous devez être une petite nature, parce qu'il y a davantage — bien davantage à envisager. Le scénario rose du pic pétrolier peut avoir l'air joli, mais même une rose a ses épines. Et il y a un certain nombre d'autres questions qui doivent être considérées et prises en compte dans une vision intégrée unique.

Premièrement, le profil de la production globale post-pic pétrolier dans le scénario rose est basé sur des réserves estimées qui ont été exagérées. Une grande partie du pétrole restant est au Moyen-Orient, dans les pays de l'OPEP, et ces pays ont exagéré leurs réserves de grandes et variables quantités durant la guerre des quotas de l'OPEP, dans les années 1980. Pendant que d'autres membres de l'OPEP cuisinaient honteusement des chiffres bidons qui semblaient vaguement réels, Saddam Hussein, qui avait toujours été un peu frimeur, arrondissait les réserves irakiennes jusqu'à un joli chiffre rond : cent milliards de barils. Et ainsi les réserves de l'OPEP se trouvèrent gonflées d'une grande quantité — environ un tiers au minimum. L'OPEP n'est pas non plus la seule a exagérer ses réserves estimées. Les compagnies d'énergies aux États-Unis jouent à peu près le même jeu afin de satisfaire Wall Street. Mettez de côté vos chaussons de salle de bain ; pour négocier la pente descendante du pic pétrolier vous aurez besoin d'un bon équipement d'alpinisme.

Deuxièmement, il y a un phénomène appelé effet des pays exportateurs : les pays exportateurs, quand leur production commence à faiblir, ont une forte tendance à réduire les exportations avant de réduire la consommation intérieure. Certainement, il y a des pays qui ont abandonné la souveraineté sur leurs ressources aux compagnies d'énergie internationales et ont perdu le contrôle de leur politique d'exportation. Il y a aussi des régimes despotiques qui n'affament leurs consommateurs domestiques que pour continuer à gagner les revenus de l'exportation nécessaires au soutien du régime. Mais la plupart des régimes n'exporteront que leur production en surplus. Cela signifie qu'il deviendra impossible d'acheter du pétrole internationalement longtemps avant que tous les puits soient à sec, laissant choir les pays importateurs de pétrole. Par conséquent, si vous vivez dans un pays importateur de pétrole et pensiez pouvoir négocier la pente descendante du pic pétrolier dans vos chaussures de randonnée, mettez-les de côté. Vous aurez besoin d'un parachute.

Troisièmement, bien que les quantités totales de pétrole produites à travers le monde se soient accrues jusqu'en 2005, les quantités de produits pétroliers (essence, gazole, etc.) livrées à leur point d'utilisation ont atteint leur pic plus tôt, en terme d'énergie utilisable dérivée. Cela parce que de plus en plus d'énergie est requise pour tirer du sol un baril de pétrole et pour le raffiner. La production de pétrole brut disponible tend à devenir plus difficile à extraire, plus lourde et plus chargée en soufre, et cela plus la demande croissante d'essence (par opposition aux distillats ou au mazout) avec moins de plomb pour doper l'octane revient à gaspiller davantage d'énergie. Le taux de retour énergétique (EROEI) est passé de cent pour un à l'aube de l'âge du pétrole, quand quelques gars costauds pouvaient vous creuser un puits de pétrole en utilisant des pelles et des pioches, à dix pour un, maintenant que la production pétrolière nécessite des plates-formes en eaux profondes (qui parfois explosent et empoisonnent des écosystèmes entiers), du forage horizontal et de la technologie de fracturation, de la récupération secondaire et tertiaire en utilisant de l'injection d'eau et d'azote, des usines de séparation de l'eau et du pétrole, et toutes sortes d'autres complexités techniques qui consomment de plus en plus de l'énergie qu'elles produisent. À mesure que l'EROEI décroît de dix pour un vers un pour un, l'industrie pétrolière en vient à ressembler à une nourrice obèse mais avide suçant voracement son propre sein au chevet d'un enfant affamé. À un certain point il ne sera plus économiquement possible de livrer du gazole ou de l'essence à une station-service. Quand ce moment viendra n'est pas certain, mais il y a des indices que trois pour un est l'EROEI minimum dont l'industrie pétrolière a besoin pour se maintenir. L'effet de l'EROEI décroissant est de rendre la douce pente du scénario rose beaucoup plus raide. La pente ne ressemble plus à un monticule de cailloux — plutôt à de la lave coulant dans la mer et se solidifiant dans un nuage de vapeur. Il reste peut-être beaucoup d'énergie, mais une grande partie va partir en fumée, et vous risquez ne pas pouvoir vous approcher assez pour y rôtir votre guimauve.

Quatrièmement, nous devons considérer le fait que notre industrie pétrolière moderne globale est hautement intégrée. Si vous avez besoin d'une certaine pièce spécialisée pour vos opérations de forage, il y a des chances que vous ne puissiez vous la procurer que par une ou deux sociétés globales. Il y a des chances que cette société ait des opérations très importantes et hautement techniques dans un pays qui se trouve justement être un importateur de pétrole. L'importance de cela devient claire quand on considère ce qui arrive aux opérations de cette société une fois que l'effet des pays exportateurs se fait sentir. Supposez que vous soyez une compagnie pétrolière nationale dans un pays riche en pétrole qui a encore assez de pétrole pour sa consommation intérieure, bien qu'elle ait été récemment forcée de renvoyer tous ces clients internationaux. Vos champs pétrolifères sont immenses mais parvenus à maturité, et vous ne pouvez les garder en production qu'en forant de nouveaux puits horizontaux juste au dessus du niveau d'eau toujours montant et en maintenant la pression dans le puits en injectant de l'eau de mer en dessous. Si vous arrêtez ou interrompez seulement cette activité, alors votre pétrole, à la tête du puits, va rapidement changer de composition, de pétrole contenant un peu d'eau à eau contenant un peu de pétrole, que vous pourriez tout aussi bien repomper dans le sol. Et maintenant il s'avère que l'équipement dont vous avez besoin pour continuer à forer des puits horizontaux provient de l'un de ces pays malchanceux qui importaient votre pétrole mais ne peuvent plus à présent, et que les techniciens qui construisaient votre équipement ont cessé d'essayer de trouver assez d'essence au marché noir pour conduire jusqu'au travail et sont occupés à bêcher leur jardin de banlieue pour y faire pousser des patates. Peu de temps après, vos opérations de forage tombent à cours de pièces détachées, votre production de pétrole s'effondre, et la plupart de vos réserves restantes sont laissées sous terre, contribuant à une catégorie de réserves de plus en plus importante : les réserves qui ne produiront jamais.

Lorsque ces quatre facteurs sont considérés ensemble, il devient difficile d'imaginer que la production globale de pétrole puisse doucement glisser depuis une imposante hauteur en une courbe lisse et gracieuse s'étendant sur plusieurs décennies. L'image qui se présente est plutôt celle d'un déclin en marches d'escalier se produisant dans de plus en plus d'endroits, et comprenant finalement toute la planète. Qui que vous soyez, et où que vous soyez, vous le ressentirez probablement comme un processus en trois étapes :

Étape 1 : Vous avez votre niveau d'accès actuel aux carburants de transports et aux services.

Étape 2 : Vous avez un niveau d'accès aux carburants de transports et aux services sévèrement limité.

Étape 3 : Vous n'avez pas accès aux carburants de transports et vos choix de transport sont sévèrement restreints.

La durée de l'étape 2 variera d'un endroit à l'autre. Certains endroits pourraient passer directement à l'étape 3 : les camions-citerne cessent de venir dans votre ville, toutes les stations-service ferment, et c'est tout. À d'autres endroits, un marché noir prospère pourrait donner accès à l'essence pour quelques années de plus, à des prix qui permettront certains usages, tels que faire tourner un générateur électrique dans un centre d'urgence. Mais votre capacité de vous débrouiller avec succès à l'étape 2, et de survivre à l'étape 3, sera largement déterminée par les changements et préparatifs que vous serez capable de faire durant l'étape 1.

On devrait s'attendre à ce que la grande majorité des gens n'aient rien fait pour se préparer, demeurant tout à fait ignorants du fait que c'est quelque chose qu'ils auraient dû faire. On peut s'attendre à ce qu'un bon nombre de gens aient fait quelques petits pas dans une direction judicieuse, tels qu'installer un poêle à bois, ou isoler leur maison, ou dans une direction apparemment judicieuse mais finalement inutile, tels que gaspiller leur argent dans une nouvelle voiture hybride ou leur énergie en essayant de former un nouveau parti politique ou d'influencer l'un de ceux qui existent. Certains achèteront une fermette, l'équiperont pour une vie en site isolé18, commenceront de faire pousser leur propre nourriture (peut-être en transportant leurs surplus périssables jusqu'à un marché proche en cargo-vélo19 ou en bateau), et d'instruire leurs enfants à la maison, en insistant sur les classiques et sur l'agriculture, l'élevage et autres connaissances durablement utiles. Certains fuiront vers un lieu où les carburants de transport sont déjà rares, et où une mobylette est considérée comme un moyen d'économiser du travail — à son âne ou à son chameau.

Malheureusement, il est difficile de prévoir quels changements et adaptations réussiront et lesquels échoueront, car il y a tant qui dépend des circonstances, lesquelles sont assurément imprévisibles et varient d'un endroit à un autre, et selon la personne ou les personnes impliquées : l'incertitude est simplement trop grande. Mais il y a une chose dont nous pouvons être tout à fait certains : le scénario rose du pic pétrolier, qui projette un déclin long et graduel de la production globale de pétrole, est absurde. Connaître ce fait devrait communiquer un sentiment d'urgence. Que nous utilisions ce sentiment d'urgence stupidement ou avec sagesse dépend de nous, et notre succès sera peut-être une question de chance, mais avoir un sentiment d'urgence n'est pas du tout mauvais. Si nous souhaitons nous préparer, nous avons très probablement plusieurs mois, nous avons peut-être quelques années, mais nous n'avons certainement pas quelques décennies. Que ceux qui voudraient vous faire croire autre chose considère d'abord les points que j'ai soulevé dans cet article.

Orlov/source

03/10/2011

enclave ethnique

orlov,dorotea lange

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Les États-Unis sont traditionnellement un pays très raciste, avec de nombreuses catégories de personnes dont on ne voudrait pas qu'elles épousent sa fille ou sa sœur, qui que l'on se trouve être. Il a été fondé sur l'exploitation des esclaves africains et sur l'extermination des autochtones. Au cours de ses années de formation, il n'y a pas eu de mariage formel entre des Européens et des Africains, ou entre des Européens et des Indiens. Cela contraste violemment avec d'autres pays du continent américain tels que le Brésil. Jusqu'à ce jour, aux États-Unis, il reste une attitude dédaigneuse envers n'importe quelle tribu autre que les Anglo-Saxon. Vernis d'une couche de correction politique, au moins en courtoise compagnie, cela ressort quand on observe avec qui ces Anglo-Saxons choisissent effectivement de se marier, ou d'avoir une relation.

La Russie est un pays dont le profil ethnique glisse graduellement de principalement européen à l'ouest vers asiatique à l'est. La colonisation par la Russie de son vaste territoire s'est accompagnée de mariages avec chaque tribu que les Russes rencontraient dans leur poussée vers l'est. L'un des épisodes formateurs de l'histoire russe fut l'invasion mongole, qui a résulté en une large injection de sang asiatique dans la généalogie russe. D'un autre côté, la Russie a reçu un bon nombre d'immigrants d'Europe occidentale. En ce moment, les difficultés ethniques de la Russie sont limitées à combattre les mafias ethniques, et aux nombreux petits mais humiliants épisodes d'antisémitisme, ce qui est une caractéristique de la société russe depuis des siècles, et malgré laquelle les Juifs, ma famille incluse, se sont très bien portés là-bas. Les Juifs ont été exclus de certains des instituts et des universités les plus prestigieux, et ont été bridés d'autres manières.

Les États-Unis demeurent un baril de poudre de tension ethnique, où les citadins Noirs se sentent opprimés par les banlieusards Blancs (19), qui à leur tour craignent de s'aventurer dans des portions majeures des grandes villes. En un temps de crise permanente, les citadins Noirs pourraient se soulever en émeute et piller les villes, parce qu'ils ne les possèdent pas, et les banlieusards Blancs seront probablement dépossédés de leurs petites cabanes dans les bois, comme James Kunstler (20) les a joliment appelées, et décamperont vers un parc de caravanes. Ajoutez à ce mélange déjà volatil le fait que les armes à feu soient largement disponibles, et le fait que la violence imprègne la société américaine, particulièrement le sud, l'ouest et les villes industrielles mortes comme Detroit.

Bref, l'atmosphère sociale de l'Amérique post-effondrement sera peu probablement aussi placide et amicale que celle de la Russie post-effondrement. Au moins en partie, elle ressemblera plus probablement à d'autres parties de l'ex-Union soviétique, plus mélangées ethniquement, et par conséquent moins chanceuses, telles que la vallée de Ferghana (21) et, bien sûr, ce phare de la liberté dans le Caucase, la Géorgie (ou du moins c'est ce que dit le président des États-Unis).

Aucune partie des États-Unis n'est un choix évident pour qui est préoccupé de survie, mais certaines sont à l'évidence plus risquées que d'autres. N'importe quel lieu avec un passé de tension raciale ou ethnique est probablement dangereux. Cela exclut le sud, le sud-ouest, et de nombreuses grandes villes ailleurs. Certaines personnes pourraient trouver un havre sûr dans une enclave ethniquement homogène de leur propre genre, tandis que le reste serait bien avisé de chercher les quelques communautés où les relations inter-ethniques ont été cimentées par un mode de vie intégré et le mariage mixte, et où l'étrange et fragile entité qu'est une société multi-ethnique pourrait avoir une chance de résister."

source

19. Les Américains ont une perception du centre-ville et de la banlieue à l'inverse de celle des Français : la banlieue (suburb) est l'habitat des classes moyennes, tandis que le centre-ville (inner city), hormis les quartiers d'affaire, est celui des pauvres.

20. James Howard Kunstler est un auteur préoccupé par le pic pétrolier et l'expansion démesurée des banlieues américaines, dont il a traité dans un livre intitulé : La géographie de nulle part : l'ascension et le déclin du paysage manufacturé de l'Amérique (The Geography of Nowhere: The Rise and Decline of America's Man-Made Landscape).

21. Une région de l'Ouzbékistan.

(photo dorotea lange)


podcast

09/09/2011

black flag

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« Une observation intéressante est qu'une fois que l'effondrement se produit il devient possible de louer un policier, soit pour une occasion spéciale, ou généralement juste pour suivre quelqu'un. Il est même possible d'embaucher un soldat ou deux, armés d'AK-4721, pour vous aider à faire diverses courses. Non seulement il est possible de faire de telles choses, mais c'est même souvent une très bonne idée, particulièrement si vous vous trouvez avoir quelque chose de précieux dont vous ne voulez pas vous séparer. Si vous ne pouvez vous offrir leurs services, alors vous devriez essayer d'être ami avec eux, et de les aider de diverses façons. Bien que leurs demandent puissent sembler exorbitantes parfois, c'est quand même une bonne idée de faire tout ce que vous pouvez pour les garder de votre côté. Par exemple, ils pourraient à un certain point insister pour que vous et votre famille déménagent dans le garage afin qu'ils puissent vivre dans votre maison. Cela peut-être agaçant au début, mais est-ce vraiment une si bonne idée pour vous de vivre dans une grande maison tout seuls, avec tant d'hommes armés partout ? Cela peut avoir un sens de stationner certains d'entre eux dans votre maison même, afin qu'ils aient une base d'opération à partir de laquelle maintenir une surveillance et patrouiller le voisinage.

(…) Mais si nous regardons les changements qui sont déjà en train de se produire, le simple et prévisible manque de fonds, comme l'État et le gouvernement tombent tous deux à sec, va transformer la société américaine de façons plutôt prévisibles. Comme les municipalités tombent à cours d'argent, la protection de la police va s'évaporer. Mais la police a quand même besoin de manger, et trouvera des manières de mettre ses compétences à bon usage sur une base indépendante. Similairement, à mesure que les bases militaires autour du monde seront fermées, les soldats vont rentrer dans un pays qui sera incapable de les réintégrer à la vie civile. Les prisonniers libérés sur parole se retrouveront presque dans les mêmes difficultés.

Et donc nous aurons d'anciens soldats, d'anciens policiers, et d'anciens prisonniers : une grande famille heureuse, avec quelques brebis galeuses et des tendances violentes. Le résultat final sera un pays noyé sous diverses catégories d'hommes armés, la plupart d'entre eux inemployés, et beaucoup d'entre eux limite psychotiques. La police aux États-Unis est un groupe tourmenté. Nombre d'entre eux perdent tout contact avec les gens qui ne sont pas dans la force et la plupart d'entre eux développent une mentalité eux-contre-nous. Les soldats rentrant de leur période de service souffrent souvent de troubles de stress post-traumatique. Les prisonniers libérés sur parole souffrent également de diverses maladies psychologiques. Tous réaliseront tôt ou tard que leurs problèmes ne sont pas médicaux mais plutôt politiques. Cela rendra impossible pour la société de continuer d'exercer un contrôle sur eux. Tous feront bon usage de leur entraînement aux armes et autres compétences professionnelles pour acquérir quoi que ce soit dont ils auront besoin pour survivre. Et le point vraiment important à se rappeler est qu'ils feront ces choses indépendamment de ce que quiconque trouve légal ce qu'ils font.

Je l'ai déjà dit et je le répéterai : très peu de choses sont bonnes ou mauvaises en soi ; tout doit être considéré dans un contexte. Et, dans le contexte post-effondrement, ne pas avoir à s'inquiéter de ce qu'une chose est légale peut être une très bonne chose. En plein effondrement, nous n'aurons pas le temps de délibérer, de légiférer, d'interpréter, d'établir des précédents et ainsi de suite. Devoir s'inquiéter de plaire à un système juridique complexe et coûteux est la dernière chose dont nous devrions nous inquiéter.

(…) Ou peut-être que vous voulez commencer une clinique communautaire, afin de pouvoir apporter un peu de soulagement à des gens qui autrement n'auraient aucun soin. Vous ne prétendez pas être docteur, parce que ces gens se méfient des docteurs, car les docteurs ont toujours essayé de leur voler les économies de toute une vie. Mais supposez que vous ayez une formation médicale obtenue, disons, à Cuba, et que vous soyez tout à fait capable d'effectuer une césarienne ou une appendicectomie, de suturer les plaies, de traiter les infections, de remettre les os et ainsi de suite. Vous voulez aussi distribuer les opiacés que vos amis en Afghanistan vous envoient périodiquement, pour atténuer la douleur de la dure vie post-effondrement. Et bien, passer par les diverses commissions d'autorisation et obtenir les certificats et les permis et l'assurance contre l'erreur médicale est complètement superflu, pourvu que vous vous entouriez de beaucoup d'amis bien armés, bien entraînés et mentalement instables. »


Orlov, 2009.

podcast

27/11/2010

effondrement

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Bon OK, c’est la reprise (la "rilance" ha ha), mais que se passe-t-il après ?

"(...) Dislocation sociale, chômage, perte de domicile, désespoir.
* Les autorités n’imposent plus le respect. Les forces de l’ordre sont débordées, remplacées par l’auto-défense locale et la sécurité privée. De nombreuses lois sont universellement ignorées.
* Des pénuries généralisées de nombreuses marchandises de base, particulièrement la nourriture, le carburant et la médecine.
* L’entretien de base est abandonné ou rationné. L’infrastructure se délabre et tombe en panne. Beaucoup de désastres, grands et petits.
* Pas de planification à long terme possible. Les nouveaux grands projets ne sont même pas envisagés. Toutes les adaptations réussies reposent sur l’infrastructure et l’inventaire existants."

"(...) Nous devons certainement nous attendre à des pénuries de carburant, d’alimentation, de médecine, et d’innombrables autres articles de consommation, à des coupures d’électricité, de gaz et d’eau, des pannes dans les systèmes de transport et d’autres infrastructures, à l’hyper-inflation, des fermetures généralisées et des licenciements massifs, accompagnés de beaucoup de désespoir, de confusion, de violence et de désordre. Nous ne devons absolument pas espérer des grands plans de sauvetage, des programmes technologiques innovants, ou des miracles de cohésion sociale."

Et puis ?

"(...) * Une nouvelle économie de subsistance et de troc émerge presque immédiatement.
* Le vieux capital — actions, obligations, capital d’équipement, argent liquide — n’a aucune valeur. Les relations, les services rendus, l’accès aux ressources prouvent la durabilité de leur valeur.
* Dépouillement des actifs : les actifs sont démantelés et réutilisés, entreposés, ou vendus pour la ferraille. De nombreux articles de valeur sont exportés (particulièrement les objets d’art, les antiquités, l’équipement scientifique et industriel).
* Des éléments du crime organisé, les anciens militaires et les anciennes forces de l’ordre se combinent en nouvelles structures de pouvoir (très embrouillées).

* Face à de tels développements, certaines personnes sont promptes à réaliser ce qu’elles doivent faire pour survivre, et commencent à le faire, généralement sans la permission de quiconque. Une sorte d’économie émerge, complètement informelle, et souvent semi-criminelle. Elle tourne autour de la liquidation et du recyclage des restes de l’ancienne économie. Elle est basée sur un accès direct aux ressources, et sur la menace de la force, plutôt que sur la propriété ou l’autorité légale. Les gens qui ont des difficultés avec cette façon de faire se retrouvent rapidement hors du jeu."

Autant se préparer.

J'aime bien:

"En termes de composition raciale et ethnique, les États-Unis ressemblent davantage à la Yougoslavie qu’à la Russie, aussi nous ne devrions pas nous attendre à ce qu’ils soient aussi paisibles que l’était la Russie, après l’effondrement. Les sociétés ethniquement mélangées sont fragiles et ont tendance à exploser."

Non!