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30/06/2007

Salope!

« La France est une garce, n’oublie pas de la baiser jusqu’à l’épuiser, comme une salope il faut la traiter ‘mec’ »

Phrase extraite de la chanson « FranSSe » de l’album Politikment Incorreckt du rapeur monsieur R. On se rappelle que l’action en justice d’un groupe parlementaire UMP avait déclenché l’ire évidemment légitime de l’hydre progressiste, au nom de la  « tolérance », du « respect de la création artistique » d’une « jeunesse en mal de reconnaissance confrontée à la discrimination quotidienne de notre société »…Le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (Mrap) parla ainsi de « basse manœuvre politique des élus de l’UMP visant à chasser sur les terres électorales de l’extrême droite ». Et fit savoir dans un communiqué qu’il mettait à disposition de ces députés « des extraits des chansons de différents artistes français dont les textes appellent à la violence, à la sédition, au mépris de l’armée et de la police » afin de les aider dans « leur entreprise de purge culturelle »…Nulle volonté donc, aux yeux de nos professionnels de l’antiracisme et de la tolérance, d’insulter ou de rabaisser notre belle patrie " la FranSSe" dans cette assertion dont la rigueur conceptuelle force l'admiration et ne saurait se comparer à la rudesse de la lyrique courtoise, par exemple.

 Dans ce contexte éminemment favorable à la liberté d’expression et la tolérance à l’égard de la créativité artistique, les mêmes parangons de la licence créatrice se transforment sous nos yeux en censeurs vétilleux, véritables janissaires d'un ordre moral qu'habituellement ils vomissent... De la à considérer que le clouage au pilori de l'artiste Devedjian, coupable d'avoir qualifié (à raison?) une élue Modem de salope, ne releverait que de la tartuferie habituelle et stratosphérique de nos élites progressistes, il n'y a qu'un pas.

Y aurait-il deux poids, deux salopes ?

27/06/2007

Politiquement correct

Encore Volkoff, allez-vous me dire ! Je sais, je sais, mais je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ces quelques lignes…

Enracinement : l’enracinement, au sens ou l’entendait Simone Weil, est la chose la plus politiquement incorrecte du monde ; Naître enraciné dans une famille, dans une nation, dans une civilisation que l’on n’a pas choisie et pousser la bassesse  jusqu’à les assumer, les revendiquer, les faire siennes, rien n’est plus répugnant. L’individu politiquement correct se doit d’être « fils de personne », comme le formulait Montherlant, « voyageur sans bagages », comme l’exprimait Anouilh, « citoyen du monde » ; Les seuls enracinements politiquement corrects sont ceux qui tiennent du hobby, plus que de l’héritage (forcément honni).

Par exemple, il est permis de se vouloir occitan, à condition d’inventer une langue « occitane » qui possède une morphologie et une syntaxe, mais que personne ne parle. En revanche, les véritables habitants du Sud-ouest qui parlent leur patois sont politiquement suspects parce que leur patois les isole tant soi peu de l’influence politiquement correcte. Cependant il est permis de les encourager dans cette voie parce que :

-         d’une part, ils ne sont pas vraiment dangereux,

-         d’autre part, toute action qui vise, si peu que ce soit, à la dislocation de la nation doit être considéré comme bénéfique.

Droite : en France, il était politiquement incorrect d’être « de droite » tant que la droite pensait différemment de la gauche. Les choses ont tendance à s’arranger.

Culpabilité : notion politiquement incorrecte chaque fois qu’elle est appliquée à l’auteur présumé d’un acte considéré comme regrettable. Si vous égorgez une vieille dame, il y a de fortes chances pour que quelqu’un d’autre que vous soit le coupable :

-         le couteau,

-         l’institutrice qui vous a donné une claque il y a quarante ans,

-         le médecin qui vous a humilié au conseil de révision,

-         le patron qui vous a refusé une augmentation,

-         la société qui vous a fait grandir dans un milieu ou les couteaux sont en vente libre,

-         la vieille dame elle-même qui avait fermé sa porte à double tour, si bien que vous avez été obligé de casser la vitre pour procéder à l’expropriation projetée, ce qui vous a mis en colère.

Trouver autrui coupable de quoi que ce soit est fasciste ; Se trouver soi-même coupable de quoi que ce soit est pathologique.

Civilisation : mot archaïque, impropre, néfaste, outrecuidant, réactionnaire, discriminatoire et politiquement incorrect ; Utiliser plutôt le mot culture.

Fascisme: terme pouvant être avantageusement appliqué à toute doctrine, attitude, façon d'être ou de penser, sans aucun rapport avec l'idéologie Mussolinienne, mais ne satisfaisant pas pleinement à toutes normes du politiquement correct.

Hétérosexualité: politiquement neutre; pour être tolérable et tolérée, elle doit se montrer réservée, modeste hésitante, et afficher une compréhension pleine et entière de l'homosexualité.

Lutte des classes: cette notion, au sens marxiste du terme, c'est à dire celle des bons pauvres contre les mauvais riches, n'est pas, en soi, politiquement correcte parce que trop simpliste; c'est la lutte contre la notion même de classe qui est politiquement correcte. A comparer avec la notion de race: le politiquement correct ne vise pas à la victoire d'une race sur une autre, ni même à l'égalité des races.Il vise à la destruction des races en tant que telles par voie du métissage.

Orthographe: le tsar Nicolas II, à qui on demandait à quoi servait en russe la lettre iat' (sorte de e, faisant double emploi avec le e ordinaire et compliquant quelque peu l'orthographe), répondit: "A distinguer les lettrés des illetrés." C'est bien pourquoi la notion d'orthographe-comme celle d'orthodoxie-est politiquement incorrecte. Elle suppose qu'il y a une bonne et une mauvaise façon d'écrire, ce qui est inacceptable; Tout au plus pourrait-on dire qu'il y a diverses façons d'écrire et que la plus usuelle est celle qui se conforme à l'orthographe reçue.

Le politikman korekt apel de tou sé veu une réform de l'ortograf.

 

Vladimir Volkoff. Manuel du politiquement correct, Ed du Rocher, 2001.

23/06/2007

Vertige de l'égalité.

« Aujourd’hui, dans la plupart des cas, les démocraties semblent favoriser systématiquement l’égalité, avec toutes les limitations que cela suppose pour la liberté individuelle. Le nombre de lois, d’arrêtés, de décrets, de règlements administratifs qui nous ligotent et asphyxient l’Etat et le politique va croissant. Et le fait que tout citoyen européen vive maintenant sous une double subordination, la nationale et l’européenne, multiplie encore ces empiètements vexatoires sur la liberté de l’homme et du citoyen.

En revanche, l’égalité lui est imposée de manière de plus en plus despotique.

Le réactionnaire Flaubert écrivait à la socialiste Georges Sand : « Tout le rêve de la démocratie est d’élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli. »

En faisant la part de la boutade, il est vrai que, dans ses débuts, la démocratie Française, par exemple celle de la troisième république, avait pour but d’élever le prolétaire au niveau du bourgeois, pour la prospérité et pour la culture. Mais ce n’est plus véritablement le cas. Le but de la démocratie moderne semble être davantage de rabaisser le bourgeois au niveau du prolétaire, le nivellement se faisant systématiquement par le bas, par exemple dans tout ce qui regarde l’éducation nationale : c’est en baissant le niveau du baccalauréat qu’on a réussi à le donner à une majorité de candidats, ce qui ne pouvait avoir qu’un effet démagogique positif, mais culturel négatif, sans parler du tort causé aux étudiants eux-mêmes, systématiquement égarés sur leurs compétence…

Montesquieu, dans l’Esprit des Lois, ne s’y était pas trompé : « L’amour de la démocratie est celui de l’égalité. »

C’est pourquoi, la nature humaine étant plus souvent portée à l’envie qu’à la générosité, ce sont généralement les classes les moins favorisées qui recherchent la démocratie, dans l’espoir d’atténuer les différences qui les séparent des classes dites supérieures, tandis que les classes dites supérieures, n’ayant qu’à y perdre, s’efforcent aussi longtemps que possible de préserver le statu quo.

1971142746.jpgEn revanche, dés qu’un certain seuil d’inégalité féconde a été enfreint, l’entropie égalitaire produit des effets moins heureux.

La fermeture progressive de l’éventail des salaires et, sous la pression fiscale, de celui des revenus, est faite pour séduire la masse, mais elle est catastrophique pour l’art de vivre d’une nation ; On ne peut que se réjouir de la disparition progressive d’une certaine misère, mais faut-il se féliciter du même coup de l’appauvrissement des classes fortunées qui, dans le temps, avaient le loisir et les moyens de favoriser les arts, de l’ébénisterie à l’opéra ?

Ne faut-il pas s’inquiéter aussi de la formation d’un Lumpenprolétariat typiquement contemporain et qui trouve son origine dans une égalité obligatoire mais utopique ? Nous avons plus de bacheliers et davantage d’illettrés ; moins de pauvres et plus de chômeurs. D’un autre coté, des abymes séparent un diplômé d’université d’un ancien de grande école. On ne voit pas ce qu’il peut y avoir de sain dans cette évolution. »

 

Vladimir Volkoff . Pourquoi je suis moyennement démocrate. Ed du Rocher 2002.

19/06/2007

Orages d'acier.

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« Un cercle d’allemands et d’anglais nous entourait, nous invitant à jeter nos armes. Il régnait la même confusion que sur un navire qui sombre. J’exhortais d’une voix faible mes voisins à poursuivre leur résistance. Ils tiraient sur nos adversaires et sur les notres. Un guirlande de figures hurlantes ou muettes se refermait autour de notre petite troupe ; A gauche deux colosses anglais fourrageaient à coups de baïonnettes dans un bout de tranchée d’ou s ‘élevaient des mains implorantes. Parmi nous, on entendait aussi des voix stridentes : « cela n’a plus de sens ! Jetez vos fusils ! Ne tirez pas camarades ! » Je lançais un coup d’œil aux deux officiers, debout à coté de moi dans la tranchée. Ils me répondirent d’un sourire, d’un haussement d’épaules, et laissèrent glisser à terre leur ceinturons. Il ne me restai plus que le choix entre la captivité ou une balle ; (…) Deux anglais qui ramenaient un groupe de prisonniers du 99éme vers leurs lignes, me barrèrent la route. Je plaquai mon pistolet sur le corps de l’un deux et appuyai sur la détente; l’autre déchargea son fusil sur moi sans m’atteindre ; Ces efforts violents chassaient le sang de mes poumons en spasmes clairs. Je pus respirer plus librement et continuai à courir le long du bout de tranchée. Derrière une traverse, le lieutenant Schläger était accroupi au milieu d’un groupe de tireurs. Ils se joignirent à moi. Quelques anglais, qui traversaient le terrain, s’arrêtèrent, mirent un fusil-mitrailleur en batterie et tirèrent sur nous. Sauf moi-même, Schläger et deux de nos compagnons, tous tombèrent; (…) rien ne m’inquiétait, que la perspective de m’écrouler trop tôt… »

Ces quelques lignes sont tirées d’« Orages d’aciers », livre extraordinaire dans lequel Ernst Jünger relate son expérience de soldat puis d’officier dans les troupes de choc lors de la première guerre mondiale.Qui a lu Barbusse ou Genevoix sait la réalité -l’horreur absolue- de ce conflit. Mais le témoignage d’Ernst Jünger dépasse, à mon avis, le simple récit de guerre et atteint une dimension quasi Homérique, tant l ‘engagement, le courage physique et la fascination sont totales. Jünger fut blessé quatorze fois et fut décoré avant la fin de la guerre de la Blauer Max, la plus haute décoration militaire Allemande. Bien qu’anti-nazi et sympathisant des militaires qui organisèrent l’attentat raté contre Hitler, il sera défendu par celui-ci (qui avait connu aussi l’enfer des tranchées comme simple soldat), en souvenir de sa conduite héroïque durant la première guerre mondiale.

De Jünger, Julien Gracq disait : « L’émail dur et lisse qui semble protéger cette prose contre un toucher trop familier nous semblerait peut-être un peu glacé, si nous ne savions et si nous ne perdions jamais le sentiment au cours de notre lecture, qu’il a été obtenu à l’épreuve du feu. »

Jünger reste une énigme. Né le 28 mars 1895, il s’enfuit à 17 ans de la maison familiale pour s’engager dans la Légion étrangère : « J’avais acquis un jour la certitude que l’Eden perdu se trouvait quelque part dans les ramifications du Nil supérieur et du Congo. » écrit-il dans Jeux Africains. Récupéré par son père à Sidi-bel-abbès, il est engagé volontaire dés le début de la Grande Guerre.Viennent aprés des études de philosophie et de zoologie à Leipzig et à Naples et la publication de ses premiers livres, dont Orages d’aciers, (« Le plus beau livre de guerre que j’ai lu » dit Gide) et Les falaises de marbre, dans lequel il dénonce la barbarie Nazie. Jünger refuse les propositions du parti Nazi en 1933, préférant se consacrer à ses recherches d’entomologistes et à l’écriture. Il participe à la seconde guerre mondiale comme attaché à l’état-major parisien et consacre son temps libre à rédiger son Journal Parisien, de 1939 à 1945. Jünger aime profondément Paris et la France ; on le rencontre à l’hôtel Raphaël ou il loge, au Ritz, à la Tour d’Argent…Il déjeune ou dîne avec Jouhandeau, Morand, Guitry, Arletty, Cocteau, Picasso, Braque…Il lit Melville, Giono et surtout Léon Bloy. Il va au théâtre, se promène à travers Paris. Mais il est témoin aussi d’atrocités et d’horreurs.

 « Paris le 7 décembre 1941 ; L’après-midi, à l’Institut Allemand, rue Saint Dominique. Là, entre autres personnes, Merline (Céline), grand, osseux, robuste, un peu lourdaud, mais alerte dans la discussion, ou plutôt dans le monologue. Il y a chez lui, ce regard des maniaques, tourné en dedans qui brille comme au fond d’un trou. (…) Il dit combien il est stupéfait, que nous, soldats, nous ne fusillions pas, ne pendions pas, n’exterminions pas les juifs- il est stupéfait que quelqu’un disposant d’une baïonnette n’en fasse pas un usage illimité. « Si les bolcheviks étaient à Paris, ils vous feraient voir comment on s’y prend ; ils vous montreraient comment on épure la population, quartier par quartier, maison par maison. Si je portais la baïonnette, je saurais ce que j’ai à faire ! » »

« Paris le 7 janvier 1942 ; Reçu une lettre de mon frère Wolfgang qui, de nous quatre a été appelé le dernier sous les drapeaux ; il dirige maintenant, avec le grade de caporal, un camp prisonnier à Zullichau ; les prisonniers ne seront pas mal avec lui. Il me raconte ceci, pour la bizarrerie de la chose : «  Hier, je me suis rendu pour raison de service à Sorau en Lusace, ou j’avais à conduire un prisonnier à l’hôpital. Là, il m’a fallut également faire une visite à l’asile d’aliénés. J’y ai vu une femme dont la seule manie était de marmonner sans arrêt : « Heil Hitler ! » Quand même, voilà une folie qui est bien de notre époque. »

 

Au delà de la description factuelle et érudite de sa vie Parisienne, Jünger révèle au lecteur sa haine de Hitler et de ses partisans (qu’il désigne sous le nom de lémures), son horreur de ce qui s’est emparé de l’Allemagne , mais aussi son impuissance et sa prescience du désastre à venir.

Lors de l’épuration, bien que farouche nationaliste et homme de droite en un certain sens, Jünger sera défendu par Brecht au moment ou son œuvre se voit mise à l’index.

Viennent ensuite des années de voyages, d’études entomologistes et d’écriture qui font de cet homme inclassable un être manifestant dans ses écrits un besoin d’absolu et une exigence de sincérité bien rares.

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17/06/2007

Reichstag 1945.

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e73c83d8222c1f54c1ab3d48af0e072b.jpgCélèbre photo du correspondant et photographe de guerre russe, Evguéni Khaldei, lors de la prise du Reichstag par des soldats russes le 2 mai 1945.
La photo originale (en haut) montre un soldat russe portant une montre bracelet à chaque poignet...
La photo retouchée (en bas) par les services Soviétiques, et qui passa à la postérité, montre le même soldat avec une seule montre au bras gauche.

15/06/2007

Roman

 En 1066, après la bataille de Hastings, il ne reste en Angleterre aucun édifice entier datant de la période saxonne et très peu d’églises antérieures à 1066 subsistent sur le continent. Les Normands qui débarquèrent en Angleterre apportèrent avec eux un style de construction très évolué qui s’était récemment formé en Normandie et ailleurs. Les nouveaux maîtres de l’Angleterre, seigneurs laïcs et ecclésiastiques, affirmèrent bientôt leur puissance en faisant construire des abbayes et des églises. Le style de ces constructions est connu en Angleterre sous le nom de style normand et, sur le continent, sous le nom de style roman. Il fleurit pendant plus d’un siècle à dater de l’invasion normande.

Il n’est guère facile d’imaginer aujourd’hui, dans le fracas de notre monde moderne, tout ce que représentait une église pour les hommes de cette époque lointaine. Seuls, quelques vieux villages du fin fond de la campagne peuvent nous en donner une idée. L’église était souvent l’unique édifice de pierre à des kilomètres à l’entour, c’était le seul édifice important de toute une région et sa tour guidait de loin les voyageurs ou les pèlerins. Chaque dimanche, tous les habitants de la localité s’y réunissait pour les offices ; le contraste entre le haut édifice et les habitations primitives ou ces gens passaient leur vie devait avoir quelque chose d’écrasant. Rien d’étonnant si toute la communauté s’intéressait à la construction de l’église et tirait orgueil de sa décoration. Même au point de vue économique, la construction d’un sanctuaire, qui durait des années, devait transformer la ville entière. L’extraction et le transport des pierres, l’installation des échafaudages, l’embauche d’artisans itinérants, qui apportaient avec eux des récits de régions lointaines, tout cela devait être, en ces temps reculés, un événement exceptionnel.

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Des siècles d’obscurité -relative- n’avaient pas effacé le souvenir des églises primitives, les basiliques, et des formes d’architecture employées par les Romains. Le plan adopté était généralement le même : une nef centrale conduisant à une abside ou chœur, flanqué de deux ou quatre bas-côtés. Parfois, certaines adjonctions venaient enrichir la simplicité de ce plan. L’idée plut à certains architectes de construire des églises en forme de croix, et c’est ainsi qu’ils ajoutèrent, entre le chœur et la nef, ce que l’on nomme un transept. Malgré la parenté du plan, l’impression générale produite par une église romane ou normande est bien différente de celle d’une basilique. Dans les basiliques primitives,  des colonnes classiques portent un entablement horizontal. Dans les églises romanes et normandes, on rencontre le plus souvent des arcs en plein cintre reposant sur des piliers massifs. L’impression d’ensemble, à l’intérieur comme à l’extérieur,  est celle d’une force tranquille. Peu de décors, peu de fenêtres, de solides murs pleins et des tours qui font penser aux forteresses contemporaines.

Ces puissantes masses de pierre élevées par l’Eglise, presque comme un défi, dans des pays d’agriculteurs et de guerriers récemment convertis, sont comme un véritable symbole de l’Eglise militante. Elles rappellent qu’en ce monde, le devoir de l’Eglise est de combattre les puissances de ténèbres, jusqu’à l’heure du jugement dernier.

 

(photo: abbaye de Durham, Angleterre)

06/06/2007

Six jours de désinformation.

L’avantage avec Radio France, c’est que l’on est rarement déçu ; le quarantième anniversaire de la guerre des Six jours qui opposa Israël à une coalition de pays arabes fut l’occasion, une fois de plus, d’illustrer le manque d’objectivité, voire la volonté de désinformer de la rédaction de France Inter. (1) « Une guerre qui n’a rien réglé », « une victoire qui n’en est pas une », etc., nous disent Mr Demorand et ses épigones, avant de nous révéler pieusement la déclaration fort irénique de Marouane Barghouti, (leader historique du Fatah condamné à perpétuité par la justice Israélienne pour plusieurs meurtres), sur « son espoir de vivre un jour en paix avec nos voisins ». Chaque intervention du sieur Demorand était sous-tendue par le principe de la culpabilité inconditionnelle d’Israël.

- coupable d’avoir déclenché les opérations militaires. Peu importe si la coalition arabe, bien plus puissante, était à la veille d’envahir l’état juif (la fermeture du détroit de Tiran -ainsi que le retrait des casques bleus et la militarisation du Sinaï - pouvant être considérée comme un acte de guerre, ce qui invalide le concept de « guerre préventive »), lui faisant courir un risque vital.

- coupable d’avoir gagné cette guerre de façon écrasante et inattendue, au regard des forces en présence. Ce qui n’est pas poli. Nulle interrogation sur ce qui serait advenu des israéliens (tout au moins des israéliens juifs) si la coalition arabe l’avait emporté. Il suffit de relire les déclarations des leaders arabes de l’époque pour saisir la menace réelle d’un nouvel holocauste au Proche-Orient. « J'ai demandé à des familles aux Etats-Unis de me montrer les lettres que leur envoyaient à l'époque leurs proches vivant en Israël. J'en ai lu près de 500. Presque toutes, en 1966 et 1967, mentionnent la crainte d'un nouvel holocauste. C'est la grande peur, une panique sincère de la destruction imminente, qui s'infiltre dans tous les recoins de la société. » (2)

- coupable d’avoir occupé les territoires conquis lors de cette guerre, comme s’il n’y avait aucun précédent de cette nature dans l’histoire de l’humanité, et pas seulement au Proche-Orient, comme si nos propres frontières étaient restées immuables depuis deux millénaires, malgré les guerres et les occupations successives…

- coupable finalement d’exister ? Sachant que l’antisionisme militant d’une bonne partie de nos progressistes n’est bien souvent que l’habit neuf d’un bon vieil antisémitisme peu avouable. Le fameux axe rouge-vert-brun décrit par Alexandre Delvalle.

François Furet avait coutume de dire que certaines questions historiques sensibles , la Révolution Française par exemple, nécessitent un permis d’étudier, une sorte de licence délivrée par les gardiens du dogme, sans lesquels il n’est pas question de prendre part au débat. Montrer patte blanche, en quelque sorte. C’est le cas d’Israël et des guerres Israélo-arabes : il n’est d’agresseur qu’ Israël et de victimes que « les palestiniens », dit la doxa. Et pour que les choses soient claires, il faut donc préciser que je ne suis ni juif, ni Israélien, ni sioniste, mais seulement sensible au manque d’objectivité habituel de nos média.

Contexte.

Dans les années précédant la guerre la situation du jeune état juif est difficile : régression économique et solde migratoire négatif. L’âge d’or d’Israël, après deux guerres victorieuses (1948 et 1956), et une période marquée par le dynamisme démographique, scientifique et économique, est bien terminé. Du coté arabe, l’existence même d’Israël est un casus belli permanent depuis 1948 et la totalité des dirigeants des pays arabes ne font pas mystère de leur volonté (déjà) de rayer Israël de la carte ; pas de meilleur exemple du sentiment général de la rue arabe et des dirigeants arabes que cette déclaration faite à Radio Damas, le 28 mai 1967 : « L’existence d’Israël est une erreur qu’il faut rectifier ; Voici enfin l’occasion d’effacer la honte qui s’est abattue sur nous depuis 1948 : notre objectif est clair :rayer Israël de la carte » (3) Même la suave chanteuse égyptienne Oum Kalsoum chauffait alors les masses du Caire avec un hymne dont le refrain était « Adbah » (« égorge ! »). Ou encore le président égyptien Nasser : « notre objectif sera la destruction d'Israël. Le peuple arabe veut se battre. » 

La guerre des six jours est le résultat d’une succession d’erreurs de la part des grandes puissances, de fausses rumeurs entretenues par les Soviétiques, de leur menace d’intervention directe contre Israël, de l’abandon d’Israël par la France qui imposa un embargo sur les armes au moment le plus critique pour lui, des tergiversations craintives des Européens et de l'ONU ainsi que des déclarations génocidaires d’une multitude de dirigeants du monde arabe. Les Soviétiques, en faisant accroire aux Syriens de la réalité d’une concentration de troupes israéliennes à leurs frontières, précipitent la mobilisation de l’Egypte, allié des Syriens, qui obtient du secrétaire général de l’ ONU, U Thant, le retrait des casques bleus de la frontière avec Israël. "La diplomatie française commit la même erreur que celle de la Yougoslavie et de l'Inde: les délégués de ces deux pays aux Nations Unies poussèrent U Thant à donner le plus vite possible satisfaction au président Nasser, c'est-à-dire à retirer les casques bleus et, du même coup, à mettre en mouvement la machine infernale." (4) 

La remilitarisation du Sinaï et le retrait de la force d'interposition de l'ONU contreviennent directement aux arrangements prévus lors du réglement de la crise de Suez en 1956.

Mais c’est bien la fermeture du détroit de Tiran (accès au seul port israélien sur la mer Rouge –Eilat- duquel dépendait l’approvisionnement en pétrole d’Israël), donc la fin de la liberté de circulation dans le golfe d'Aqaba, qui constitue le casus belli en contrevenant au droit international en vigueur. Dans cette stratégie de tension, volontairement entretenue par l’URSS, pour renforcer sa position anti-impérialiste acquise auprès des pays arabes après l’affaire de Suez en 1956, Israël fait donc face à une coalition arabe regroupant l’Egypte, la Syrie, le Liban, l’Algérie, le Maroc, le Koweït, l’Arabie Saoudite, le Jordanie, le Soudan et l’Irak, qui, tous, proposent d’envoyer des troupes et du matériel militaire. Pour certains (5), ce sont les installations nucléaires israëliennes de Dimona (et la possibilité pour l'Etat juif de disposer de l'arme nucléaire) qui seraient à l'origine de cette guerre, l'URSS ayant maneuvré pour provoquer un conflit entre Israël, l'Egypte et la Syrie à l'occasion duquel l'aviation russe aurait détruit le potentiel nucléaire israëlien.

Les armées de cent millions d’arabes contre un état de trois millions d’habitants.

Les forces en présence sont les suivantes : 840 avions arabes contre 280 israéliens, 1650 blindés contre 800, 285.000 hommes (plus 120.000 réservistes) contre 71.000 hommes (et 275.000 réservistes). C’est à ce moment là que la France et l’Angleterre (après la défection de l’ONU et la réserve des USA engagés en Asie) choisissent pour faire savoir aux israéliens qu’ils considèrent comme caduque la déclaration franco anglo-américaine de 1950 garantissant le statut frontalier au Proche-Orient…

Fait important, ces actions belliqueuses furent entreprises alors qu’Israël n’occupe encore aucun territoire appelé aujourd’hui occupé: ni au Golan (Syrien), ni en Cisjordanie (Jordanienne), ni au Sinaï (Egyptien), ni à Gaza (Egyptien), ni à Jérusalem Est (Jordanien) : le conflit ne pris donc pas naissance à cause d’une quelconque occupation, mais bien d’un rejet de l’idée même de l’existence d’un état juif au Proche-Orient. Il faut donc insister sur le fait qu’avant 1967, l’Egypte ne pensait nullement rendre Gaza qu’elle occupait et dont nul « peuple palestinien » ne pensait alors à revendiquer la possession, de même que la Jordanie ne pensait pas davantage à rendre la Cisjordanie que personne curieusement ne qualifiait « d’occupée ». Ces terres devenaient palestiniennes du seul fait d’être passées entre des mains israéliennes. Le monde arabo-musulman faisant ainsi de « la cause palestinienne » le fer de lance ou l’emblème de son refus d’Israël, en tant que souveraineté juive. Autrement dit, une terre devenue islamique (par conquête) peut elle supporter de retrouver (par conquête) sa souveraineté juive antérieure ? Ecoutons Raymond Aron dans le Figaro du 4 juin 1967 : « Que le président Nasser veuille détruire ouvertement un Etat membre des Nations Unies ne trouble pas la conscience délicate de madame Nehru.(…) Si les grandes puissances, selon le calcul froid de leurs intérêts, laissent détruire ce petit état qui n’est pas le mien, ce crime, modeste à l’échelle du nombre, m’enlèverais la force de vivre et je crois que des millions et des millions d’hommes auraient honte de l’humanité. »

Blietzkrieg.

La suite, on la connaît ; le 4 juin 1967, les pleins pouvoirs furent attribués à Moshé Dayan, alias le diable borgne, qui déclencha l’offensive le 5 juin au matin, anéantissant en quelques heures toutes les armées arabes qui encerclaient Israël, occupant le Sinaï jusqu’au canal de Suez, Charm el Cheikh, la bande de Gaza, les hauteurs du Golan et la Cisjordanie avec Jérusalem Est. La guerre dura six jours, fit 275 morts et 800 blessés israëliens contre plus de 10.000 morts pour la seule armée égyptienne. On retrouve un différentiel de pertes proche des chiffres affichés par les historiens de l'antiquité à propos des guerres médiques (Salamine en particulier). (6)

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Remarques.

- la victoire écrasante d’Israël transforma son image de petit état vulnérable face à une gigantesque coalition en celle d’une armée invincible, et corollairement fit jouer aux arabes le rôle de David, auparavant dévolu à l’état juif. Cette victoire éclair, mettant de facto un million d’arabes sous l’administration du vainqueur, suscita un sentiment d’unité nationale qui n’existait pas auparavant et qui permit à Yasser Arafat, leader du Fatah, la principale faction de l’OLP, de lancer une guerre de libération nationale sous forme d’une campagne terroriste. Ce que la plupart des gens présument être la cause du conflit israélo-arabe, soit l’occupation israélienne du Golan, de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem Est, est en fait la conséquence de ce bref et intense conflit.

- terrorisme et colonisation.

Les Arabes Palestiniens ont été les témoins privilégiés du terrorisme juif, lorsque les sionistes de l’Irgoun firent sauter le 22 juillet 1946 à Jérusalem une aile entière de l’hôpital du roi David dans laquelle était installée le quartier général des forces Britanniques et faisant 110 victimes Anglaises. Ou lorsque les sionistes du groupe Stern assassinèrent le 17 septembre 1948 le comte Folke Bernadotte, médiateur de l’ONU, et l’un de ses collaborateurs, le Français André Sérot. Camions piégés, bombes camouflées sur un marché ou à un arrêt d’autobus : les terroristes juifs avaient déjà tout inventé, sauf l’attentat suicide qui sera, à partir du milieu des années 1990, une innovation et une exclusivité islamiste.

Dés le lendemain de la guerre, en septembre 1967, les Israéliens implantent leurs premières colonies sur les territoires conquis: la Cisjordanie, le Golan, la bande de Gaza et Jérusalem Est. Commencée pour des raisons avant tout sécuritaires, la colonisation s'intensifie en 1977 avec l'arrivée au pouvoir de la droite, le Likoud. Elle est alors légitimée par une interprétation religieuse du sionisme, notamment en Cisjordanie, désignée comme la Judée-Samarie biblique. Malgré la signature des accords d'Oslo en 1993 (qui prévoyaient le gel de nouvelles implantations), la colonisation de cesse de s'intensifier: entre 1993 et 200, le nombre de colons passe de 248.000 à 390.000 dans les territoires "palestiniens". Toutefois le désengagement décidé par Sharon en 2005 à liquidé la présence Juive dans la bande de Gaza.

- qui croire?

Sur les origines du conflit, le travailliste Ytzhak Rabin, à l'époque chef d'état-major de l'armée, a démenti la version officielle de l'armée: "Je ne pense pas, a-t-il dit, que Nasser voulait la guerre; Les deux divisions qu'il envoya dans le Sinaï, le 14 mai, n'auraient pas suffi pour lancer une offensive contre Israël. Il le savait et nous le savions." Même son de cloche de la part dugénéral Matiyahou Peled: "La thèse selon laquelle le génocide était suspendu sur nos têtes en juin 1967, et qu'Israël combattait pour son existence physique, n'était qu'un bluff!" Enfin, de la bouche même du premier ministre d'alors, Lévi Eshkol: "Le déploiement militaire Egyptien dans le Sinaï, à la veille de la guerre, était d'ordre défensif." (2)

- fin du panarabisme et essor du radicalisme islamique.

Nombre d’historiens considèrent pourtant que cette guerre était inévitable, Israël étant trop vulnérable pour ne pas attaquer « préventivement » . L’erreur fut sans doute, après avoir vaincu le danger principal (l’Egypte et son aviation en particulier), d’envahir et d’occuper durablement la rive ouest du Jourdain et Jérusalem-Est, alors même que le roi Hussein de Jordanie semblait prêt à une paix durable contre la rétrocession de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Au quatrième jour de guerre, l’Egypte, la Jordanie et la Syrie acceptèrent un cessez-le-feu, qu’Israël rejeta, dans l’euphorie de la victoire, envahissant le Golan Syrien. Et ce malgré l’opposition de Moshé Dayan qui craignait une intervention militaire de l’URSS. Cette victoire, par le sentiment de toute puissance qui anime alors le pays, offre sans doute un second souffle au sionisme ; Et longtemps, jusqu’à la grande claque de la guerre du Kippour (octobre 1973), les israéliens se répétaient cette boutade : « Qu’est-ce qu’on fait à midi ?- On envahit le Caire !- D’accord, mais qu’est-ce qu’on fait dans l’après-midi ? » (8) Paradoxalement, la guerre des Six jours à contribué à l’isolement de ce pays, à substituer aux racines européennes (notamment Françaises) et à l’ouverture antérieure au monde un lien exclusif avec les USA.

L'islamisme est l'autre vainqueur de la guerre ses Six Jours : le conflit de juin 1967 n'a pas seulement été marqué par la victoire de l'armée israélienne sur les forces militaires égypto syro jordaniennes. Il a provoqué la chute de l'arabisme au profit de l'islamisme au Proche-Orient. Ce nationalisme arabe était fondé sur l'idée de nation, l'unité de langue et de civilisation étant le ciment de l'union des peuples arabes, remplaçant ainsi l'unité de religion. Pour le monde arabe, la défaite de juin 1967 a ainsi signifié la fin du Nassérisme, c'est-à-dire de l'alliance du nationalisme panarabe et du progressisme tiers-mondiste pro-soviétique, la fin de ce courant nationaliste laïc et modernisateur. Le seul projet unificateur de l'oumma est désormais l'islam radical. Ainsi discrédité, l'arabisme sombre avec les armées arabes ; bientôt, l'islamisme, le pétrole et la résistance palestinienne seront le moteur du monde arabe.

(1) http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septneuftrente/index.php?id=56535

(2) Tom Segev, Six jours qui ont changé le monde, Denoël 2007, p 25.

(3) David Kimche, Dan Bowly, Israel face aux arabes. Hier, demain, aujourd'hui, Artaud 1968, p56.

(4) Raymond Aron, De Gaulle, Israel et les Juifs, Plon 1968, p.44.

(5) http://fr.danielpipes.org/article/4595

(6) Lire en particulier le récit de cette blitzkrieg par Pierre Hazan:  La guerre des Six jours, la victoire empoisonnée; Editions complexe, 1989.

(7) Jacques Derogy, Israel, la mort en face, Robert Laffont 1975, p.191.

(8) Gilles William Goldnadel, Le nouveau bréviaire de la haine, Ramsay 2001.

 

02/06/2007

What else?

amis lecteurs, je ne saurai trop vous conseiller la découverte des (trop rares) billets de TODOMODO, sur son EXCELLENT blog, MOS MAIORUM , déja référencé dans ma blogosphère: http://todomodo.unblog.fr/ 

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