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31/05/2007

Que faut-il dire aux hommes?

« On ne peut plus vivre sans poésie, couleur, amour. Rien qu’à entendre un chant villageois du XVème siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot et de la propagande. » Saint-Exupéry.

29/05/2007

La guerre civile européenne.

Dans un post précédent je faisais référence à la notion de « guerre civile Européenne » pour qualifier les deux guerres mondiales. C’est une référence qui peut effectivement paraître surprenante au premier abord ; Mais il y a un moment déjà, qu’après avoir lu Ernst Nolte et Dominique Venner, j’ai fait mien ce concept, tant il me paraît juste. Et je vais essayer de le clarifier.

« Il y avait déjà longtemps, écrit Voltaire en 1751, que l’on pouvait regarder l’Europe comme une espèce de Grande République, partagée en plusieurs états, les uns monarchiques les autres mixtes, mais tous ayant un même fond de religion, tous ayant les mêmes principes de droit public et de politique inconnus dans les autres parties du monde. Ces par ces principes que les nations Européennes ne font point esclaves les prisonniers, qu’elles respectent les ambassadeurs de leurs ennemis et qu’elles s’accordent surtout dans la sage politique de tenir entre elles une balance égale de pouvoir. » (cité par Dominique Venner, Le siècle de 1914, p ;9)

Au lendemain des deux guerres, il ne restait plus en Europe que les ruines de son ancienne civilisation, tandis que s’imposait la domination sans partage de puissances étrangères, le démocratisme libéral Anglo-saxon et le communisme Soviétique (l’Europe gouvernée ici par des sénateurs américains, là par des commissaires soviétiques, selon le mot célèbre de Raymond Aron) ; La première guerre mondiale ayant sonné le glas des trois empires (Allemand, Austro-Hongrois, Russe) et des aristocraties qui charpentaient l’Europe, la seconde celui des mouvements révolutionnaires fasciste et national-socialiste.

Voltaire lorsqu’il évoque cette « Grande République » illustre bien la conscience que des hommes éclairés avaient déjà à cette époque d’une appartenance européenne, très antérieure au concept moderne d’Europe, d’une identité commune, d’une communauté de culture grecque, celte, romaine, franque et chrétienne.

Mais c’est Ernst Nolte (La guerre civile Européenne, 1917-1945) qui développe le premier ce concept de « guerre civile Européenne », en partant du constat que la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917 en créant une situation totalement inédite (un parti/ état minoritaire animé d’une puissante idéologie prenant seul le pouvoir dans un grand pays et prêchant une guerre civile à l’échelle nationale et internationale), en exprimant l’intention, crédible, de bouleverser radicalement le monde entier, a provoqué une réaction en chaîne dont est, en partie, sorti le nazisme. Pour Nolte, c’est cette peur de la révolution communiste- perçue comme révolution antinationale- qui a provoqué l’émergence d’un vaste mouvement contre-révolutionnaire et antibolchevique, dont les nationaux-socialistes étaient un des groupes les plus radicaux. Nolte, qui fut diabolisé et ostracisé en Allemagne par une certaine gauche et extrême gauche pour cette théorie dite du « nœud causal », mais aussi parce qu’il osa comparer communisme et fascisme (normal  Italien ou radical Allemand, selon sa distinction) en arguant de leur nature totalitaire commune, fut rejoint secondairement par François Furet : « ce type d’interprétation comporte une part de vérité, dans la mesure ou la peur du communisme a nourri les partis fascistes, mais à mon sens seulement une part : car elle a l’inconvénient de masquer ce que chacun des régimes fascistes a d’endogène et de particulier au bénéfice de ce qu’ils combattent en commun. » (Fascisme et communisme, commentaire/Plon, P.45)

En déclarant la guerre civile mondiale, Lénine a inauguré un processus incontrôlable, lui même induit en partie par la première guerre mondiale et le gigantesque traumatisme -ensauvagement- qu’elle a provoqué au cœur de cette société Européenne.

C’est cet enchaînement funeste –première guerre mondiale, naissance de ce parti/ état bolchevique de la guerre civile, émergence des mouvements contre révolutionnaires fascistes devenant à leur tour des partis/ états de guerre civile et internationale- qui constitue cette guerre civile Européenne qui prend fin en 1943 et 1945 avec l’écrasement du fascisme Italien et du fascisme Allemand. Cette guerre civile européenne, décrite et analysée par Nolte, est devenue après 1945, une guerre civile mondiale qui n’a pris fin qu’en 1991 avec l’implosion du système soviétique.

 

Jacques Bainville.

« Les vieux se répètent et les jeunes n'ont rien à dire. L'ennui est réciproque. »

26/05/2007

Judas, traîtres et transfuges : girouettes et immobiles…

« Eric Besson, le transfuge récompensé. »(Le Point, 18/05/2007)

« Besson, le traître étalon. » (Libération, lundi 23 avril 2007)

« Il faut rappeler que le 6 mai, Ségolène Royal, battue, avait téléphoné à Nicolas Sarkozy d'une part pour le féliciter, d'autre part pour lui glisser sa colère d'avoir vu l'UMP "récupérer" Eric Besson  qu'elle surnomme en privé "Judas"»  (http://www.europe1.fr)

A l’automne 1815, peu après la deuxième Restauration, au lendemain des Cent-Jours et de Waterloo, parut un Dictionnaire des girouettes. On en était au douzième changement brutal de régime et de pouvoir depuis 1789. Le dictionnaire réunissait les biographies d’hommes politiques célèbres, de hauts fonctionnaires, d’académiciens, d’évêques ou de généraux en activité depuis la Révolution. Rappelant leurs discours ou leurs serments après divers retournements, chaque reniement étant figuré par une girouette. Ce dictionnaire comptait un millier de nom, dont Talleyrand ou Fouché, qui comptabilisaient chacun le chiffre record de douze girouettes ! La moyenne étant de trois…

Peu de temps plus tard, devant le succès de ce premier ouvrage, parut un Dictionnaire des immobiles , c’est-à-dire des personnages qui ne s’étaient jamais reniés ! L’auteur eut les plus grandes difficultés à trouver trente noms, dont un seul était célèbre, la marquis de La Fayette.

                                            *

« Vers 1935, on commence à s’agiter dans le rôle d’un petit jeune homme de l’Action Française. On est cagoulard en 1938, pétainiste pur et dur jusqu’à la fin de 1942, résistant l’année suivante ; Et l’on termine son parcours dans la peau d’un président socialiste de la république Française. » (Dominique Venner, Le siècle de 1914, p21)

Nombre de communistes engagés dans la lutte « anti fasciste », en 1939, serraient des boulons chez Messerschmitt en Allemagne, quelques mois plus tard…ou sabotaient l’effort de guerre Français avant qu’Hitler ne s’avise d’envahir l’URSS. Avant d’être célébrés comme des libérateurs durant l’été 1944.

Les mêmes Parisiens acclamèrent le Maréchal Pétain en avril 1944 et le Général de Gaulle quatre mois plus tard…

                                            *

En matière d’opinions, la plupart des hommes sont des caméléons pratiquant, sans état d’âme, des fidélités successives. Et l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Soumise aux modes et aux puissances qui, par chance, peuvent changer.

L’issue des deux guerres civiles qui se déroulèrent de 1914 à 1945 a décidé pour longtemps de l’avenir des Européens, de la forme de leur société et de leur s représentations. Or ces guerres auraient pu tourner autrement. Il s’en est même fallu de peu que les vainqueurs ne soient les vaincus. Si le sort des armes avait été différent, nous vivrions aujourd’hui dans un monde totalement autre, et les valeurs qui nous semblent respectables ou sacrées seraient ridiculisées ou oubliées au profit d’autres valeurs qui nous semblent haïssables et condamnables…La morale n’a rien à voir à cela, tant elle s’aligne sur les jugements et l’intérêt des vainqueurs. Et, à toutes les époques, seuls de rares esprits indépendants et téméraires, prennent le risque de penser librement contre l’opinion commune.

 

13/05/2007

Fontevraud

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Un monde disharmonieux?

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En septembre 1966, Martin Heidegger accorda un long entretien au Spiegel. Il fut publié dix ans plus tard au lendemain de la mort du philosophe. (1) Alors qu’Heidegger évoquait les rapports entre les hommes et l’« être de la technique », ses interlocuteurs lui demandèrent :

« Spiegel : On pourrait vous opposer tout à fait naïvement ceci : qu’est-ce qu’il s’agit de maîtriser ici ? Car enfin tout fonctionne. On construit toujours davantage de centrales électriques. La production va son train ; Les hommes, dans la partie du monde ou la technique connaît un haut développement, ont leurs besoins bien pourvus. Nous vivons dans l’aisance. Qu’est-ce qu’il manque ici finalement ?

MH : Tout fonctionne, c’est bien cela l’inquiétant, que ça fonctionne, et que le fonctionnement entraîne toujours un nouveau fonctionnement, et que la technique arrache toujours davantage d’hommes à la Terre, l’en déracine ; Je ne sais pas si cela vous effraye ; moi, en tous cas, je suis effrayé de voir maintenant les photos envoyées de la lune sur la Terre. Nous n’avons plus besoin de bombe atomique ; Le déracinement de l’homme est déjà là. Nous ne vivons plus que des conditions purement techniques, ce n’est plus une Terre sur laquelle l’homme vit aujourd’hui…

Spiegel : Qui sait si c’est la destination de l’homme d’être sur cette Terre ?

MH : D’après notre expérience et notre histoire humaines, pour autant que je sois au courant, je sais que toute chose essentielle et grande a pu seulement naître du fait que l’homme avait une patrie et qu’il était enraciné dans une tradition… »

S’il fut un temps ou le savoir scientifique et le progrès étaient, au moins en occident, considérés par presque tous comme la garantie d’un monde, d’un avenir meilleurs, il faut accepter qu’ils puissent être considérés aujourd’hui comme des motifs d’inquiétude .A l’augmentation alarmante de la démographie mondiale, s’ajoutent la crainte du développement incontrôlé de la pollution de la planète, de la prolifération nucléaire, du gaspillage des ressources naturelles et la hantise de manipulations génétiques et de biotechnologies portant sur (ou touchant directement) les hommes eux-mêmes.Sans pour autant céder à l’utopie de la « décroissance », très tendance actuellement, et abondamment instrumentalisée par la mouvance communiste/ progressiste reconvertie habilement en un anti mondialisme de façade, il est difficile d’imaginer ce qui pourrait contrarier la course en avant de cette « société technicienne » qui inquiétait Heidegger. Nombreux sont ceux qui considèrent que les Hommes ne sont pas de taille et qu’un destin Faustien ou Prométhéen leur est promis…

« Dans la théogonie d’Hésiode, Prométhée est un titan que son orgueil conduit à braver les dieux et l’ordre du monde. Ayant dérobé le feu de l’Olympe, source de puissance, il offre aux hommes ce cadeau empoisonné ; En punition, il est enchaîné à un rocher alors qu’un aigle (l’oiseau de Zeus) lui dévore le foie. » (2)

 

La métaphore est limpide et illustre l’un des fondements de l’esprit Grec qui condamne la démesure (hubris ou hybris) comme faute suprême, celle qui met en péril l’ordre de l’univers. Etablir l’harmonie entre soi et le cosmos, tel est le maître mot de la sagesse antique d’Homère à Aristote. En conséquence, la mesure règne en toutes choses ; dans la structure de la cité, dans l’architecture des temples, les proportions des statues, à défaut d’être toujours présente dans la vie des individus. Car ceux-ci portent en eux une tendance innée à la démesure qui doit être combattue par l’éducation, l’enracinement dans une cité et de justes lois reflétant elles-mêmes l’ordre du cosmos. Ainsi, aux caprices des opinions subjectives et des emportements de la passion, les philosophes (amis de la sagesse) antiques ont voulu opposer le logos, le discours objectif, la raison, reflet de l’ordre cosmique.

Les Grecs, créateurs des formes supérieures de la civilisation européenne, savaient que la perfection réside dans l’approfondissement plus que dans l’expansion, car elle est inséparable des limites, du fini. Hésiode montre ainsi que le cosmos est devenu ordre et beauté parce que des limites ont été imposées par les Dieux aux débordements destructeurs des forces vitales.

(1)   Martin Heidegger, Réponses et questions sur l’histoire et la politique, Mercure de France, 1988, p.45,47.

(2)   Dominique Venner, Le siècle de 1914, p383 ; Pygmalion 2006 ;

08/05/2007

8 mai 1945.

medium_LAM1CA33T1R5CAOS9DNPCAPZ0QGRCATMABPRCAV5S50XCAEF1DBWCAEWPMUCCA62DM7HCARVBUSPCA9FA3YZCAOAE28MCAWRCTAMCA9DRYBOCAND9R7HCA0O2DTYCA4SBUIYCACEQFQRCAFLH59CCAMUGMC2.jpgmedium_image044.jpg8 mai 1945, fin de la guerre civile européenne.

(Erbo von Kageneck et Hélie de saint Marc)

Que faire si tu n’aimes pas Athènes ?

"Je serais profondément déçu si Nicolas Sarkozy était élu, pour moi, pour tous les travailleurs immigrés, pour tous les gens qui sont obligés au quotidien de prouver qu'ils sont Français, même pour ceux qui comme moi sont nés en France", a-t-il expliqué. Pour autant, Yannick Noah assure qu'il n'entend pas quitter la France en cas de victoire du candidat UMP. "Il faut résister. Je suis plutôt pour la résistance", a-t-il dit. Fin 2005, l'ancien vainqueur du tournoi de Roland-Garros, avait déclaré : "une chose est sûre: si jamais Sarkozy passe, je me casse". Une phrase par ailleurs coupée de l'interview qu'il avait donné à Paris-match. Il était revenu sur ses propos quelques mois plus tard affirmant : "J'ai dit ça sur le coup. En fait, je crois qu'il vaut mieux rester". (avec AP)

Plusieurs mouvements d'extrême gauche, dont la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), ont appelé à la "résistance" après l'élection de Nicolas Sarkozy, sans toutefois donner de consignes spécifiques pour les jours à venir. (Libération, 08/05/07)

Après avoir été condamné à mort, Socrate répond à ceux qui lui conseillent de fuir :

« Toi que l’on dit sage, oublies-tu que l’on doit plus de respect d’obéissance et d’amour à sa patrie qu’à son père et qu’il faut ou bien faire ce qu’elle ordonne, ou bien la persuader de changer d’avis ? Tu n’as pas le droit de désobéir aux lois : car nous qui t’avons donné la vie, l’éducation et l’instruction, nous qui t’avons procuré, ainsi qu’à tous les autres citoyens, tout le bien dont nous étions capables, nous déclarons ceci : quiconque, parmi les Athéniens, ne nous apprécie pas,  peut, quand il a eu connaissance des affaires de la cité et de ses lois, prendre ses biens et s’en aller ou il le désire. Celui d’entre vous qui reste à Athènes alors qu’il connaît la manière dont nous jugeons les procès et dont nous administrons la cité, nous affirmons que dés lors, il a pris l’engagement tacite de nous obéir. »

 

D’après Platon, Criton, 50-51.