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27/03/2008

Fin d'un monde


26/03/2008

have a drink


snatch fight


Un âge d'or en islam?

Il y a quelques jours j’écrivais un court post, à chaud, sur les rapports entre Islam et Raison. A la relecture je m’aperçois que cette notion d’âge d’or de l’Islam est sans doute trompeuse et qu’il est sans doute utile de revenir sur cette brillante civilisation arabe.

L’Islam original est arabe car né en Arabie après la révélation faite au prophète Mahomet, simple bédouin chassé de la Mecque par ses pairs pour la ville de Yathrib- qui deviendra Médine. Ce premier islam, arabe par les hommes et la langue, va déferler sur toute la péninsule arabique puis l’ensemble du pourtour méditerranéen -non arabe- en moins d’un siècle, et jusqu’en Asie centrale, sur les bords de l’Indus qu’Alexandre avait atteint également.

Or bon nombre d’auteurs prompts à célébrer le miracle arabe, l’âge d’or islamique font la confusion -volontaire ou non- entre la langue, arabe qui s’est imposée à tous les peuples colonisés, et la civilisation arabo-musulmane : or la très grande majorité des auteurs musulmans qui ont fait cet « age d’or » par leurs écrits, leurs recherches, leurs traductions, n’étaient pas arabes, mais persans ou byzantins, chrétiens ou juifs…

Le mythe de la civilisation arabo-musulmane consiste à croire que ce sont les Arabes qui ont inventé les sciences et que c’est grâce à l’Islam qu’une brillante civilisation a pu voir le jour. Or ce mythe ne résiste pas à la réalité.

Depuis la sortie des Arabes hors de l’Arabie, apparaît en effet une civilisation flamboyante…mais qui flamboie de ses composantes étrangères : byzantine d’abord, puis persane. L’âge d’or de l’islam, c’est Byzance, dans un premier temps, et l’or de la Perse ensuite. L’islam civilisation désigne en réalité l’ensemble des emprunts faits aux convertis étrangers, voire aux dhimmis, c’est-à-dire aux juifs et aux chrétiens refusant la conversion à l’islam et  "protégés"/ rançonnés par les musulmans. La grande habileté des califes, Omeyyades, Abbassides et Sassanides puis enfin des thuriféraires de cet âge d’or de l’Islam –notamment en Occident,  fut d’avoir attribué ces emprunts à l’islam.

Mais si l’on a la curiosité de s’enquérir de l’origine des savants à qui l’on doit cette civilisation, on constate que la plupart d’entre eux ne sont pas arabes ni mêmemusulmans, même s’ils écrivent en arabe…Tous les lettrés de l’empire arabo-musulman écrivent alors en effet en arabe, quelle que soit leur confession et leur origine.

En fait cet humanisme arabe, cet âge d’or arabo-musulman n’a rien à voir avec l’ethnie concentrée dans la péninsule Arabique, pas plus d’ailleurs qu’avec le strict message de l’islam. Le mot arabe se réfère uniquement à la langue. Pour être honnête, il aurait fallu parler d’« humanisme en langue arabe », pour ne pas engendrer d’équivoque.

Durant cette brillante parenthèse, du IVème au Xème siècle, de Bagdad à Cordoue, en passant par Ispahan, Damas, le Caire et Fès, tous les intellectuels, les écrivains, les hommes de science utilisent la langue arabe pour parler de savoirs qui sont considérés comme étrangers, intrus, comme la philosophie Grecque, la médecine. Tout savoir écrit est d’expression arabe, qu’il émane de chrétiens, de juifs ou de musulmans.

Avicenne, effigie, à son corps défendant de cet âge d’or arabe mythique, en arabe Ibn Sinâ, né prés de Boukhara, serait aujourd’hui Ouzbek. Il fut toute sa vie persécuté par le pouvoir Turc sunnite car c’était un chiite, et traité en hérétique dans le monde musulman. C’est parce que ses œuvres furent traduites en latin à Tolède au XIIème siècle que l’Occident chrétien connut celui qui fut appelé Avicenna en français. La traduction latine des œuvres d’Avicenne a exercé une influence sur la pensée médiévale de l’Occident qui découvrait Aristote à travers les commentaires Avicenniens. Mais sans l’Occident, Avicenne serait resté un hérétique musulman sans gloire posthume, car considéré comme un « diable » par les juristes traditionnels de l’islam…

Parmi ces sciences dont la création est attribuée par beaucoup à l’islam, les mathématiques sont emblématiques. Elles furent en fait héritées de traditions antiques, principalement grecques et indiennes. « Au départ la branche des mathématiques, constituée par l’arithmétique, la science du calcul ou ‘ilm al hisab, fut tirée des textes grecs qui avaient été conservés par des chrétiens nestoriens irakiens ; Puis cela fut transformé considérablement par l’adoption de méthode de calcul et de notation numérique indiennes- y compris l’usage du zéro et de la numération décimale de position- qui furent combinées à des habitudes d’origine babyloniennes. » (1) La géométrie, autre branche des mathématiques se fonda sur la traduction, dés le IXème siècle, d’ouvrages grecs parmi  lesquels les Eléments d’Euclide. Le terme arabe al-jabr pour désigner l’algèbre laisse croire que les arabes auraient inventé l’algèbre alors que les procédés algébriques proviennent de sources plus anciennes babyloniennes et d’ouvrages grecs, hébreux et indiens. L’algèbre atteint son apogée grâce aux travaux réalisés en Iran, entre la fin du XIème et le début du XIIème siècle, par le fameux Omar Khayyam.

La médecine est également une science largement héritée de l’antiquité, pratiquée par des savants non musulmans ou récemment convertis, la plupart du temps extérieurs à la société islamique traditionnelle. Sachant que la plupart des écrits de grecs furent traduits en arabe par des  chrétiens orientaux, syriaques en particulier (le syriaque constituant la langue intermédiaire par excellence entre le grec et l’arabe). C’est grâce aux traductions d’Hippocrate et Gallien que les médecins en terre d’islam purent devenir les dignes successeurs des grecs. Et à cet héritage hellénique il faut ajouter l’héritage de l’Inde et de la Perse.

De façon générale, beaucoup d’intellectuels musulmans rédigèrent leurs œuvres en arabe mais ils n’étaient pas arabes, mais perses ou byzantins…Dans leurs écrits, on retrouve les idées de Platon, d’Aristote, de Gallien, de Porphyre, mais aussi la sagesse iranienne ancienne, la sagesse de l’inde, l’éthique arabe d’avant l’islam.

C’est effectivement l’émergence d’une civilisation prestigieuse -par ses avancées propres, son génie propre mais aussi par sa capacité à transmettre une partie de l’héritage culturel antique- mais qui a peu à voir avec les arabes et rien à voir avec l’islam ! Parce qu’elle est le fait, pour l’essentiel, de non arabes, qui étaient devenus la majorité au sein de l'empire arabo-musulman. L’ennui , c’est que cette civilisation brillante, née à l’ombre de l’islam mais d’origine étrangère comme on vient de le voir, fut toujours en concurrence avec l’islam religion, l’islam arabe des origines, car elle n’avait rien de musulman ni d’arabe.

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« Par un curieux acharnement à travestir le vrai, nos livres pour l’enseignement, des petites classes au lycées, s’appliquent à faire croire que les auteurs de l’antiquité ont tous sombré dans un noir oubli dés la chute de Rome et ne furent à nouveau connus en Occident que par les Arabes qui, eux, prenaient soin de les traduire. Ce n’est qu’au temps de la Renaissance, au réveil d’un sommeil de plus de mille années, que les humanistes, en Italie puis en France puis en Angleterre auraient pris le relais et étudié les textes grecs et romains. Vérité sans appel que toute sorte de romanciers, de polygraphes et de journalistes pour revues d’histoire ou de culture acceptent encore sans chercher à y voir d’un peu p^lus prés. Pourtant, tout est à revoir. On nous dit : « Sans les arabes, vous n’auriez pas connu Aristote!» C’est inexact, archi faux. Les leçons et les principaux ouvrages des savants, philosophes, poètes, dramaturges de l’Antiquité ne furent jamais, à aucun moment, ignorés des lettrés en Occident. Parler d’ « arabes » n’est pas seulement une facilité de langage mais une grave impropriété qui cache sans doute une mauvaise action, à savoir la volonté de taire la véritable identité des auteurs musulmans les plus féconds et les mieux connus, ceux qui ont le plus écrit en toutes sortes de domaines. C’étaient pour la plupart des Syriens, des Egyptiens ou des Espagnols qui, soumis par la conquête, avaient adopté la langue et l’écriture des maîtres. Les Perses, eux, avaient gardé leur langue.

En tout état de cause, les clercs d’Occident n’ont pas attendu les musulmans. Aristote était connu et étudié à Ravenne au temps du roi des Goths Théodoric et du philosophe Boèce, dans les années 510-520, soit plus d’un siècle avant l’Hégire. Cet enseignement, celui de la logique notamment, n’a jamais cessé dans les écoles cathédrales puis dans les toutes premières universités et l’on se servait alors de traductions latines des textes grecs d’origine que les érudits, les philosophes et les hommes d’Eglise de Constantinople avaient pieusement gardés et largement diffusés. Les traductions du grec en langue arabe et de l’arabe en latin, que l’on attribue généralement à Avicenne, Averroès et à Avicébron, sont apparues relativement tard, pas avant les années 1200, alors que tous les enseignement étaient déjà en place en Occident et que cela faisait plus d’un siècle que la logique, directement inspirée d’Aristote, était reconnue comme l’un des sept arts libéraux du cursus universitaire. (…) Ces traducteurs auxquels nous devrions tant, n’étaient certainement pas des Arabes et, pour la plupart, pas même des musulmans. Les conquérants d’après l’hégire ne portèrent que peu d’intérêt à la philosophie des grecs de l’antiquité dont les populations soumises, en Mésopotamie, en Syrie ou en Chaldée, gardaient pieusement les textes et les enseignements. (…) Pendant plusieurs centaines d’années, les grands centres intellectuels de l’Orient, Ninive, Damas et Edesse, sont restés ceux d’avant la conquête musulmane. La transmission du savoir y était assurée de génération en génération et les nouveaux maîtres n’y pouvaient apporter quoi que ce soit de leur propre. En Espagne, la ville de Tolède et plusieurs autres cités épiscopales ainsi que les grands monastères étaient des centres intellectuels très actifs, tout particulièrement pour les traductions de l’antique, bien avant l’invasion musulmane et la chute des rois Wisigoths. L’école des traducteurs arabes de Tolède est une légende, rien de plus.

En réalité, ces travaux des Chrétiens sous occupation musulmane n’étaient, en aucune façon, l’essentiel. Ils ne présentaient que peu d’intérêt. Les Chrétiens d’Occident allaient aux sources mêmes, là ou ils étaient assurés de trouver des textes authentiques beaucoup plus variés, plus sincères et en bien plus grand nombre. Chacun savait que l’empire Romain vivait toujours, intact, vigoureux sur le plan intellectuel, en Orient. Métropole religieuse, siège du patriarche, Constantinople est demeurée jusqu’à sa chute et sa mort sous les coups des Ottomans de Mehmet II, en 1453, un centre de savoir inégalé partout ailleurs. On n’avait nul besoin d’aller chercher l’héritage grec et latin à Bagdad ou à Cordoue : il survivait, impérieux et impérissable dans cette ville chrétienne, dans ses écoles, ses académies et ses communautés monastiques. Les peintures murales et les sculptures des palais impériaux contaient les exploits d’Achille et d’Alexandre. Les hommes d’église et de pouvoir, les marchands même, fréquentaient régulièrement Constantinople et avaient tout à y apprendre. Nos livres de classe disent qu’ils ont attendu les années 1450 et la chute de Constantinople pour découvrir les savants et les lettrés grecs ! Mais c’est là encore pécher par ignorance ou par volonté de tromper. C’est écrire comme si l’on pouvait tout ignorer des innombrables séjours dans l’Orient, mais dans un Orient chrétien de ces Latins curieux d’un héritage qu’ils ne pouvaient oublier. En comparaison, les pays d’islam n’apportaient rien d’équivalent. » (2)

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(1)Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l’islam, p. 551.

(2)Jacques Heers, L’histoire assassinée, p. 170, 171. Ed de Paris 2006.

Et aussi, pour ceux que cela intéresse, deux livres passionnants : Islam de Bernard Lewis et La schizophrénie de l’Islam de Delcambre.

 

Illustrations: en haut, Avicenne; en bas, siège de Constantinople.

24/03/2008

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oups

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19/03/2008

Islam et Raison

« Si garder notre liberté d'expression c'est blesser des gens qui n'ont pas eu vent des progrès du a la renaissance occidentale qu'il soient litteraire ou techniques alors nous les blessons. Mais dans ce cas brûlons les livres de Darwin et Nietzsche il pourrait les lire et la ça serait la catastrophe!! »  m’écrit Sydus en réponse à un dernier post évoquant, entre autres, l’intolérance des musulmans à l’égard des chrétiens en terre d’Islam.

La liberté de penser, de parole (ce qu'il en reste aprés quelques lois mémorielles ineptes et indignes) et de culte font partie de notre culture, de notre civilisation européenne occidentale. Pas question donc d'y renoncer; mais il y a une bataille actuellement, menée par cet islam fondamentaliste et révolutionnaire, largement implanté en Europe, pour abolir ces libertés. Et le front du refus de cet obscurantisme traverse tous les partis politiques...même si la plupart des idiots utiles reste à gauche, ce qui peut sembler paradoxal.

La gauche laïcarde, anti cléricale, logiquement héritière des lumières, tarde à défendre ces principes fondamentaux car sa grille de lecture du monde en 2008 est archaïque: dominants/ dominés...les musulmans sont le nouveau prolétariat, les nouveaux opprimés et l'occident au sens large, y compris Israël, l'empire de l'oppression.

Comment dés lors stigmatiser les pogroms anti républicain (comme dit Finkielkraut) de ces jeunes issus de l’immigration extra-européenne et le totalitarisme rampant de ceux qui par définition sont des victimes? De la l'incroyable indulgence des milieux bien pensants à l'égard de ces nouveaux barbares, savamment endoctrinés par cet islam révolutionnaire.

Donc ne rien céder sur des principes qui nous paraissent intangibles.

La solution n'est pas dans une "ouverture" de l'occident à cet islam fondamentaliste de combat, pas dans un irénique "dialogue des civilisations" ou dans l'appel à une société "métissée" ou "plurielle" qui font rire. Elle est dans la possibilité d'une réforme de l'islam, d'un aggiornamento comme cette religion n'en a pas connu depuis des siècles (pour B Lewis, depuis la fermeture des portes de l'Ijtihad, au XIème siècle) qui seuls pourraient permettre aux musulmans de repousser cette tentation fondamentaliste révolutionnaire, par la libre critique des textes sacrés, par l'acceptation d'une part de rationalisme et d'humanisme, comme l'Europe a pu le permettre. L’Islam n'étant pas incompatible avec une pensée rationaliste, comme le prouve cet âge d'or de l'islam –bien réel, ou des lettrés musulmans (Al Kindi, Al Farabi, Avicenne, Averroès) étudiaient et traduisaient, entre autres, Aristote...

Mais il suffit de considérer le temps qu'il a fallu à l'occident chrétien pour y arriver pour comprendre que pareille évolution au sein de l'islam sera longue.

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18/03/2008

Bistrots perdus

"De l’autre coté de la route, les pentes dégringolent, la forêt se déploie. On traverse la salle de bar où circulent les tournées de pastis. Des visages allumés se tournent vers les nouveaux venus. On serre quelques mains, on passe dans la salle de restaurant, on s’assoit, et ça commence, les crudités et le jambon servent d’amusement. On passe aux choses sérieuses avec la terrine de sanglier que Levert dépose sur la table. Il en cuit régulièrement des kilos. On s’en sert de vastes tranches, on y revient, on renonce à se raisonner. Après quoi, le principal, du roboratif, côtes de veau aux trompettes de la mort, bœuf aux morilles, coq au vin, lapin. Ce sont des bêtes que l’on a parfois bien connues, qu’on appelait par leur petit nom. Ou bien on connaît l’ex-propriétaire du lapin ou du veau, il est au bar, on le félicite. Le plat de truffade qui accompagne, il est rare que l’on puisse en venir à bout ; Chacun fait son devoir, les fromages circulent, le clafoutis, l’alcool, Levert a l’air content.

Il donne la version moderne de ces bistrots d’antan tenus par des dames austères. On arrivait à l’improviste. Du fond de la salle noire, elles vous regardaient d’un air farouche. On en trouvait un parfait exemplaire dans un gros village, à dix-sept kilomètres dans la vallée. Sur la place de l’église, une devanture en bois peint, des vitrines agrémentées de rideau au crochet et de plantes vertes : le bar-hôtel-restaurant de Marie Croze. Il a du rester en activité jusqu’à la mort de la patronne, au début des années quatre-vingt-dix. L’hôtel n’accueillait guère de voyageurs. Il logeait plutôt, plusieurs mois de l’année, en meublé, les bergers et les valets de ferme. Marie Croze faisait à manger à midi pour les ouvriers de la minoterie, les maçons et les cantonniers. Guère plus d’une table ou deux de travailleurs silencieux, s’appliquant à grands coups de fourchettes à leur ouvrage. On entrait dans la grande salle au parquet clair impeccablement récuré. De l’ombre, de la fraîcheur. Une atmosphère recueillie. L’horloge recomptait les mouches. Deux ou trois visages se levaient un instant au dessus l’assiette, se retournaient, par acquit de conscience, vers les nouveaux venus, sans leur accorder sourire ni salut, pour se pencher à nouveau très vite sur la besogne. Le pain faisait peu de bruit qui épongeait les sauces. Quelques tables de bois, anciennes, recouvertes de toile cirée vichy, des cendriers Cinzano. Au fond, le bar, au coin duquel un étroit passage donnait sur la cuisine. Là, sans hâte, la patronne faisait son apparition.

Marie Croze était une petite femme trapue à l’allure sévère. Pâle, les yeux clairs, les cheveux blancs, toujours dans la même blouse noire. Elle avait dû être assez belle. Elle ne souriait jamais au client, le considérait d’abord de loin, sans indulgence apparente, comme un supérieur de Chartreux accueillerait le candidat à la retraite. Un temps se passait avant qu’elle parle, ou réponde à la demande, comme si la présence de l’impétrant avait quelque chose d’incongru. Déjeuner ? Il était bien tard. Enfin, on pouvait encore. Pas grand-chose d’extraordinaire, il fallait le savoir. Ca irait quand même ? Qu’on s’installe là-bas, dans le coin, par exemple. Presque aussitôt, la table se chargeait d’un pichet d’eau, d’un panier de pain, d’un litre de vin à capsule plastique, dont on pouvait, cela allait sans dire, redemander à volonté, et d’un plat de crudités diverses, carottes râpées, chou rouge, œuf dur, tomates. On avait à peine eu le temps de s’en apercevoir. Une petite servante basanée, toute habillée de noir, trapue, sans âge déterminable, à peu prés muette, avait glissé le tout avec promptitude, sans plus sourire que la patronne, qui la surveillait du fond de la salle, l’œil grave. Pas de choix, pas d’ordres à donner, le repas tenait dans son déroulement des agapes merveilleuses des légendes médiévales. La suite se déroulait inexorablement. Entraient en scène, dans l’ordre, le plat de charcuterie (jambon, saucissons divers), le plat de poisson, le rôti de veau accompagné de sa purée, la salade, un bout de fromage, une corbeille de fruits. Dans le mouvement, on se laissait parfois aller à reprendre un litre étoilé."

Pays perdu, Pierre Jourde, 2003.

17/03/2008

jo, c'est la dernière. juré!

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16/03/2008

En passant

En passant ce matin, quelques bribes de la revue de presse d'Yvan Levaï…

-Célébration de la mémoire de Lazare Ponticelli, dernier survivant des combattants de la première guerre mondiale en France et de celle de …Guy Moquet, apparatchik, militant communiste arrêté, non pour faits de résistance comme on l’entend souvent, mais pour faits de propagande communiste à une époque ou les communistes étaient hors la loi car alliés des nazis (officiellement s’entend car objectivement ils l’ont toujours été, Cf. un de mes précédents posts) et ou le PCF était interdit en France (la belle époque) et dans le monde libre. Un peu comme si on comparait Joseph Darnand, héros de la première et de la seconde guerre mondiale (il y en a moins déjà…) et Maurice Thorez, leader historique du PCF et déserteur et traître à son pays. Quel que soit l’égarement postérieur de Darnand au nom de l’anti-bolchevisme…

-Célébration de mai 68…comme il se doit. Mais le cuistre Levaï oublie qu’au moment même ou quelques jeune bourgeois Parisiens renversaient et brûlaient quelques voitures en brandissant des drapeaux rouges et en hurlant des slogans ineptes, dans une mascarade révolutionnaire festive et sans danger, d’autres européens, des Tchèques ceux-là, luttaient réellement pour se libérer du joug totalitaire communiste et se faisaient écraser -au sens propre- par les chars soviétiques…il ne fallait évidemment pas compter sur ce petit clerc servile pour le rappeler aux jeunes générations. 1408760971.jpgRappelons ce que disait Jean-françois Revel à Enzo Bettiza en mai 1968 dans son bureau éditorial surplombant la rue révolutionnaire : « A Budapest en 1956, on a vu de jeunes prolétaires, souvent fils de communistes, affronter dans une lutte à mort l’épouvantable pouvoir communiste de la deuxième superpuissance mondiale, réclamant des droits civiques, la liberté d’expression, l’indépendance nationale. Alors qu’ici, sous cette fenêtre, que voit-on ? Une masse de jeunes bourgeois aisés et pleins d’imagination qui, mettant en scène un combat théâtral avec un pouvoir paternaliste indulgent, réclament en substance l’annulation de ces droits et libertés civils qui cependant leur permettent de fracasser des vitrines et de dresser des barricades au nom d’une révolution impossible. La démocratie libérale est en soi vulnérable, elle invite presque à l’anarchie ludique et au chaos estudiantin : un luxe que seuls les enfants de sociétés riches et permissives peuvent se permettre. »  On ne saurait mieux dire.

 

-A manqué une bonne occasion de valoriser un exemple d’intégration réussie, l’ami Levaï : Ponticelli, arrivé en France en 1906, gare de Lyon, à 9 ans sans ses parents, sans parler un mot de français, va apprendre notre langue, travailler pour gagner sa vie (vendeur de journaux, ramoneur), s’engage en 1914 dans la légion étrangère en trichant sur son âge, combat à Verdun puis dans les Dolomites, monte une entreprise après guerre, se réengage en 1939, trop vieux ! Démobilisé puis engagement dans la résistance…parcours sans faute, Yvan, et ô combien symbolique au regard de celui des dernières vagues d’immigrants extra-européens dont beaucoup haïssent ce pays et brûlent leurs écoles (les cons).

-Courageux appel au boycott des JO de Pékin, par Jack Lang, philo communiste notoire et thuriféraire de Fidel Castro et Hugo Chavez. On a la cohérence que l'on peut.

                                                                       *

M. Ihsanoglu, secrétaire général de l'OCI, évoquant l'islamo phobie, « une des préoccupations des pays musulmans abordée lors du sommet, a exprimé ses inquiétudes face aux attaques de plus en plus nombreuses en Europe contre les musulmans. »

Bon, ceux qui connaissent un peu l’Islam, tout au moins la rhétorique habituelle des leaders islamiques sont habitués à la pratique du double langage, de la takia, bref de leur tartuferie habituelle, mais là on atteint des sommets ! Quid du statut des non musulmans en terre d’Islam depuis l’Hégire ? Quid des persécutions constantes depuis 14 siècles subies par les chrétiens partout ou les musulmans sont dominants ? Quid du sort des Chrétiens dans le Maghreb, en Turquie, en Afrique sub-saharienne ou dans le sud est asiatique ? Quel rapport entre l’intolérance absolue, la haine ordinaire voire l’élimination physique des non musulmans en terre d’Islam et l’accueil somme toute respectueux et digne de millions de musulmans en Europe ?

Regarde la poutre dans ton œil, biquet.

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14/03/2008

n'importe quoi


10/03/2008

Bad news


Rory Gallagher, Irish tour 1974



 

09/03/2008

pff

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podcast
 

Le totalitarisme du XXIème siècle.

Geert Wilders : «L'idéologie islamique est fasciste»

Menacé d'assassinat depuis 2004, Geert Wilders, le chef de file du Parti de la liberté vit reclus, protégé par des gardes du corps, changeant d'adresse chaque nuit. La lutte contre l'immigration musulmane et l'islamisme est son obsession.

LE FIGARO. Avez-vous mesuré les conséquences de votre film, pour vous et pour votre pays ?
Geert WILDERS. Personne n'est autant que moi conscient de la menace. Mais si j'avais dû m'arrêter, je l'aurais fait il y a trois ans. J'ai vécu dans des prisons, dans des baraquements militaires, et la pression a encore grandi ces derniers mois. Mais je suis un élu et je mène mon combat sous la bannière de la loi. Si je devais renoncer à dire ce que je pense, les adversaires de la démocratie auraient alors gagné.

Votre pays est inquiet des retombées diplomatiques et économiques que pourrait causer votre film.
GW: Mon film n'est pas encore sorti, personne ne l'a vu, mais déjà des muftis l'ont condamné, prédit que le sang sera versé, des pays arabes menacent les Pays-Bas d'embargo ! Et mon pays, plutôt que de demander à quelques imams de se taire, plutôt que de rappeler nos principes démocratiques et celui de la liberté d'expression, par un ridicule et indigne aveu de faiblesse, cède à la menace et prépare nos ambassades au pire !

Selon vous les valeurs islamiques et les valeurs démocratiques sont inconciliables, irrémédiablement. Comment les Pays-Bas peuvent-ils intégrer leur population d'origine musulmane ?
GW: Je ne veux plus de nouveaux immigrés. Je n'ai rien contre les individus, mais nous avons un problème avec l'idéologie islamique. Je ne veux pas renvoyer ceux qui sont ici et veulent s'assimiler, mais je leur dis de se débarrasser de cette idéologie, que je qualifie de fasciste.

Quel est le choix que vous offrez à un musulman hollandais ?
GW: C'est vrai que selon le Coran, ce livre terrible, vous ne pouvez pas renoncer à être musulman. À moins de risquer la mort. S'ils veulent s'appeler musulmans, nouveaux musulmans ou comme ils veulent, cela ne me dérange pas. Ce qui m'importe c'est qu'ils se séparent de cette part de violence et d'intolérance qui est dans le Coran.

Pensez-vous que la provocation et les slogans à l'emporte-pièce font avancer les choses ?
GW: À la différence des autres, nous, au Parti de la liberté, nous ne mâchons pas nos mots. Un million de musulmans pour 16 millions de Hollandais, c'est trop. Nous sommes les seuls à nous élever contre l'immigration musulmane, les projets de mosquées, d'écoles coraniques. Certains disent également vouloir refuser le relativisme culturel. Mais moi je le dis de manière plus claire : ma culture est meilleure que la culture islamique. Nous ne traitons pas les femmes, les homosexuels, les relations politiques au sein de la société, comme cette culture retardée. Les individus sont égaux. Mais toutes les cultures ne se valent pas.

Avez-vous vraiment peur pour votre identité et l'identité des Pays-Bas ?
GW: Je crois vraiment que notre liberté est menacée par ce que j'appelle le tsunami islamique. Si dans le futur, les musulmans approchent ou arrivent à la majorité aux Pays-Bas, nous perdrons tout ce pourquoi nous nous sommes battus : notre démocratie, notre liberté, nos lois. Le chauvinisme n'est pas un vilain mot.

Source : http://www.lefigaro.fr/international/2008/03/07/01003-200...

Cet homme courageux a raison sur plusieurs points et tort sur d'autres...réflexion un peu rapide, adaptée au format journalistique, mais bon point de départ pour une discussion..

1- L'islam est travaillé aujourd’hui par un fondamentalisme révolutionnaire qui est un totalitarisme. La différence entre le fondamentalisme Wahhabite et ce nouveau totalitarisme est la violence, plus exactement la disponibilité à user de la violence. Ce qui les sépare n’est pas la doctrine ni l’objectif final (une oumma planétaire), mais la méthode. Le fondamentalisme révolutionnaire, en l’occurrence musulman, est un système ou la religion investit l’ensemble du champ politique. A l’instar du communisme ou du fascisme naguère, il fonctionne comme une idéologie totalitaire.

2- Il existe donc une internationale fondamentaliste révolutionnaire qui a déclaré la guerre à l’occident, athée ou non, mais également à tous les états musulmans alliés à l’occident et jugés impies ou étrangers aux "vraies valeurs" de l’islam.

3- Pourquoi tant de haine ? Il est politiquement correct de répondre « humiliation du monde musulman », « légitime ressentiment de nations qui furent colonisées par l’occident », « conflit israélo-palestinien », etc. Je crois que ce ressentiment à l’égard de l’occident, ce complexe d’infériorité, est bien plus ancien, plus profond. Braudel datait l’âge d’or de l’islam entre le VIIIème et le XIIème siècle après JC. Et de fait, l’Islam fut une civilisation brillante sur le plan intellectuel, scientifique, philosophique, héritière à bien des égards de la civilisation Hellénique, mais aussi recueil de brillantes civilisations colonisées (Perse, Byzantine, Romaine, Maghrébine, Ibérique,etc..). Mais très tôt, durant le moyen âge, cet âge d’or s’éteint, l’islam se fige dans le dogme, pour différentes raisons : absence de curiosité pour le monde non musulman, extinction des courants réformateurs et rationalistes, primauté constante de la doctrine religieuse, empêchant toute émancipation intellectuelle, toute critique rationaliste de la société et du dogme musulman, toute sécularisation des sociétés musulmanes. Pas de Réforme dans l’Islam, ni de Lumières, ni de révolution industrielle

Ce sentiment de déclassement, d’arriération par rapport au monde occidental est forcément douloureux pour les héritiers de cette brillante civilisation, qui par ailleurs méprisent souverainement le matérialisme occidental.

Or l’avant-garde islamiste, connaissant et entretenant l’analphabétisme et l’illettrisme des masses musulmanes, instrumentalise ce ressentiment en rendant l’occident responsable de l’échec du monde musulman, alors que l’explication principale est dans la nature de la civilisation musulmane, dans l’esprit musulman, non pas dans la confrontation avec la modernité occidentale, bien que celle-ci ne soit pas exempte de reproches.

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4- Tous les textes religieux, musulmans, chrétiens, juifs ou autres, sont des auberges espagnoles; on y trouve le meilleur comme le pire, en fait ce que l’on y cherche... Il existe aussi dans le Coran nombre de sourates appellant à la concorde avec les non musulmans... Et le fondamentalisme révolutionnaire n’est pas une spécificité musulmane, même si c’est surtout le cas de nos jours, et a pu se manifester avec plus ou moins de vigueur dans toutes les religions révélées...

 

5- Le problème n'est donc pas seulement dans la nature des textes sacrés, en l'occurence le Coran, ni seulement dans le caractère universaliste de l'Islam.

Il est dans la prise de pouvoir de cet islam fondamentaliste révolutionnaire sur le monde musulman et sur le fait que l'islam n'est pas qu'une religion (comme affectent de le croire nos petits clercs progressistes en Europe), mais une doctrine totale régissant tous les aspects de la vie d'un musulman, sachant qu'il n'y a pas de distinction entre la vie religieuse et la vie civile pour un musulman; le concept de sécularisation –de laïcité, propre à l’occident Judéo-chrétien (distinction Dieu/ César) est totalement étranger à la mentalité musulmane. La plupart des états musulmans, conscient de la puissance de cette propagande révolutionnaire islamiste sur la rue "arabe", sont obligés, pour garder le pouvoir, de composer avec cette composante totalitaire de l’islam, de leur donner des gages, voire de leur laisser le champ libre dans la société civile. "Si le bonheur de l'Occident a été la laïcité, c'est-à-dire la distinction entre le spirituel et le temporel, le malheur de l'Islam en fut leur irrémédiable confusion. Ici,pas de partages entre deux royaumes, entre Dieu et César, entre la cité de Dieu et celle des hommes. D'emblée, Mahomet est prophète et chef de guerre, fondateur de religion et législateur, dirigeant d'une communauté de croyant qui est en même temps le premier état musulman. D'emblée, religion et empire ne font qu'un." (1)

 

6- La grande majorité des musulmans qui viennent vivre en Europe restent donc des musulmans, même s'ils peuvent adopter quelques traits de la modernité occidentale. Une petite minorité, plus libre et éclairée peut sans doute s'occidentaliser, culturellement. Mais cette acculturation est impossible au plus grand nombre, tant la distance civilisationnelle est importante et tant le carcan identitaire musulman est rigide. Ainsi, la plupart des pays européens soumis, souvent malgré eux, à une immigration importante à l'échelle d'une génération et en provenance pour l'essentiel de la sphère islamique (Maghreb, Turquie, pays arabes, pays asiatiques), la question clef devient le nombre. C’est le nombre qui fait l'histoire, a fortiori dans nos pays démocratiques soumis à la loi du plus grand nombre.

Il y a donc bien un problème spécifique d'intégration des musulmans, du au fait que les deux grands modèles d'intégration européens, le modèle républicain Français et le modèle communautaire Anglo-saxon, ne marchent plus et ne fabriquent quasiment plus que des ghettos. Mais peut-être est-ce une vision par trop péssimiste de la réalité..

 

7- Notre culture occidentale n'est pas "meilleure" que la culture islamique (non fondamentaliste), elle est simplement différente, à biens des égards, également respectable, contrairement à ce que dit Wilders. Mais nos dirigeants feraient bien de comprendre que l’occident démocratique est en guerre contre une idéologie globale qui entend user du terrorisme à une échelle inédite afin de le mettre à mort.

Une civilisation qui perd confiance en elle-même jusqu'à perdre le goût de se défendre, entame sa décadence. Le combat doit d'abord être gagné sur le plan moral. Ce n'est pas de "dialogue des civilisations" dont l'Occident a besoin, mais de réafirmer son identité, ses valeurs constitutives intangibles, son histoire unique et singulière qui ne commence pas en 1789. Et sans doute de réapprendre à faire la guerre...

 

 

8- Enfin, la veulerie, le manque de courage de nos dirigeants occidentaux, face à cette menace totalitaire est consternant. Des pans entiers de notre culture, dont l'héritage des Lumieres, tout au moins ce qu'il en reste, est battu en brèche par une propagande irénique multiculturelle incapacitante et couarde. Citons la raison, l'humanisme, l'éloignement de Dieu, la liberté de penser, de culte, de parole, l'habeas corpus, les droit de l'homme et de la femme, le droit de critiquer les religions, etc.; tout cela est l'objet d'une entreprise coordonnée et progressive sans précédent de subversion, avant tout parce que nous ne les défendons plus...au nom de la "tolérance", du "multiculturalisme", du "dialogue des religions", du "vivre ensemble", etc, qui ne sont que les chevaux de Troie de ces nouveaux barbares.

 

(1) Les religions meurtrières; Elie Barnavi. Champs actuel, 2006.

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02/03/2008

Communisme, fascismes, même combat.

affiche49grand.jpgRelu  « La guerre civile européenne 1917-1945 » d’Ernst Nolte, historien Allemand déjà reconnu pour son histoire du fascisme européen.

Cette œuvre majeure provoqua lors de sa parution en 1987 une polémique dite « querelle des historiens », qui était largement due au fait que Nolte brisait deux tabous :

-         le lien causal (son fameux nexus causal) entre la révolution bolchevique et l’émergence des fascismes à l’Ouest,

-         la parenté, évidente aujourd’hui, mais interdite à l’époque ( !) entre communisme et fascisme (normal/ Italien, radical/ national-socialiste, selon la distinction de Nolte), deux visages d’un même totalitarisme.

A l’appui de sa démonstration du lien causal, Nolte montre que le communisme ne se borne pas à instaurer la guerre civile permanente en Russie même, mais qu’il la déclare à toute l’Europe. A peine finie la première guerre mondiale entre les Etats, Lénine exporte la guerre entre les classes dans plusieurs pays européens, ou les partis communistes, récemment crées, jouent le rôle de corps expéditionnaires de la révolution Bolchevique (Mouvement Spartakiste en Allemagne, république des conseils de Béla Kun en Hongrie, par exemple).

A l’origine de la montée des fascistes en Italie puis des nazis en Allemagne, on trouve un réquisitoire contre le parlementarisme démocratique, jugé trop faible pour barrer la route aux partis communistes européens, instrumentalisés par l’URSS. Ainsi, pour Nolte, fascisme et nazisme apparaissent comme des contre-feux au léninisme, dont ils copient les méthodes pour mieux le combattre. Les trois totalitarismes eurent en commun leur haine du libéralisme, leur instauration d’un état omnipotent incarné par un chef unique et sacralisé, leur organisation de la répression policière et culturelle, enfin leur logique exterminatrice, en particulier les communistes et les nazis. Nolte qui fut diabolisé en Allemagne, sans être réfuté, dut à François Furet de pouvoir briser le politiquement et l’historiquement correct en France, lorsque ce dernier, dans « Le passé d’une illusion », montre que le communisme fut pour le nazisme à la fois la cible à détruire et le modèle à imiter : « Issus du même évènement, la première guerre mondiale, les deux grands mouvements idéologiques de l’époque se définissent largement l’un par rapport à l’autre…La relation dialectique entre communisme et fascisme est au centre des tragédies du siècle. »

La mutuelle hostilité des deux totalitarismes était donc ambiguë à l’origine et se doublait d’une complicité qui aboutit en bonne logique au pacte Germano-Soviétique de 1939. Elle les rapprochait dans une commune volonté d’anéantir la liberté au nom de la construction d’un homme nouveau, d’une société nouvelle, programme dont héritèrent plus tard Mao, Kim il Sung, Ho chi minh, Castro ou Pol pot, tous sosies de Lénine et Staline.

A partir de 1945 et de l’élimination du nazisme, le communisme se répand dans le monde et, en même temps, se retrouve en tête à tête avec la démocratie, son seul véritable ennemi de toujours. Et à la guerre civile européenne succède ce que Nolte appelle la guerre idéologique mondiale, dont il situe le point final en 1991, année ou se décompose l’URSS.

Comparer entre eux les deux grands partis états idéologiques du XXème siècle était encore, jusqu’à tout récemment, interdit et le demeure dans une large mesure tant le front révisionniste procommuniste reste actif, notamment en France. C’est pourquoi l’ouvrage de Nolte fut plus attaqué que lu.

Nolte utilisa une formule controversée, le noyau rationnel de l’antisémitisme nazi, qui permit à quelques néo-antifascistes en peau de lapin de le traiter de révisionniste et d’antisémite. Or Nolte ne voulait aucunement dire que l’antisémitisme nazi fut fondé en raison, encore moins justifié, mais que tout thème de propagande, pour avoir prise sur le réel, doit nécessairement rencontrer une aspiration dans les masses qu’il veut mobiliser. L’efficacité politique suppose toujours une certaine rationalité, au sens de prise sur le réel. Par exemple, le « noyau rationnel » du communisme, c’est qu’il faut exterminer tous les ennemis de classe potentiels.

L’acte fondateur, le code génétique des deux totalitarismes est le crime de masse, dont les victimes sont désignées en fonction de ce qu’elles sont et non pas de ce qu’elles ont fait.