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31/07/2010

"Ne buvez pas au volant, faites beaucoup de sport, dites non à la drogue et ne laissez jamais vos potes vous attacher à la voie ferrée"

27/07/2010

1977, finalement

25/07/2010

Anatomie du chaos (5): le grand remplacement démographique

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" (...) L’ère dite « coloniale », et que mieux vaudrait appeler « impériale » fut une brève parenthèse vite refermée. Tandis que la colonisation actuelle, dans l’autre sens, mérite bien mieux son nom, étymologiquement. Elle est d’ailleurs de conséquence mille fois plus grave, puisqu’elle implique ce que le parti de l’In-nocence appelle le « Grand Remplacement », d’une population par une ou plusieurs autres. C’est de très loin le phénomène le plus important de l’histoire contemporaine, et peut-être de toute l’histoire du territoire appelé France. Il ne s’agit pas, cette fois, pour le peuple colonisé, de perdre son indépendance un moment : il s’agit de disparaître, de s’effacer, de se dissoudre et même, par le biais des champions de l’antiracistisme, d’être persuadé qu’il n’a jamais existé, qu’il a rêvé son histoire et son existence même."

Renaud Camus, sur Causeur.

" (...) Or, la question majeure de l'époque, c'est bel et bien la plus visible, la plus éclatante, celle dont tout le monde a peur de parler - évidemment - qu'on aborde qu'à demi-mot et à voix basse, c'est-à-dire la colonisation de peuplement que subit l'Europe de la part de peuples maghrébins, africains et asiatiques et qui se double d'une entreprise de conquête du sol européen par l'islam. Ce n'est pas une curiosité politique, c'est un événement historique tonitruant, sans aucun précédent dans l'histoire européenne, aussi loin que porte la mémoire. Il s'agit d'abord d'en prendre acte, d'éveiller les consciences à ce fait capital. Non pas pour l'admettre et “faire avec”. Mais pour le refuser et entamer le débat sur la manière de le combattre et de renverser la vapeur. Ce processus funeste vient bien entendu s'ajouter et se combiner à l'assujettissement culturel et stratégique de l'Europe aux États-Unis d'Amérique. J'essaierai de montrer dans cet essai, en accord complet avec les thèses d'Alexandre del Valle, qu'il est rigoureusement stupide de croire que l'islamisation nous préservera de l'américanisation ; les deux processus de déculturation marchent la main dans la main. De même que le chaos ethnique qui guette l'Europe sert les causes conjointes de l'islamisme et de l'américanisme. Ceux qui s'imaginent, par de subtiles contorsions intel- lectualistes, que l'islam vaut mieux que l'américanisation succombent à ce désordre mental grave qu'on appelle l'oubli de soi, le renoncement à être, l'amnésie historique. Ceux qui embrassent l'islam sous prétexte qu'il porte des valeurs “traditionnelles” et anti-américaines choisissent un ennemi pour un autre, abdiquent leur identité européenne et se montrent impuissants à trouver en eux-mêmes les ressources de la renaissance. Pourquoi aller chercher dans une religion profondément étrangère des ressources morales et des racines alors que, depuis Homère, les nôtres inondent toute la civilisation européenne ?"

Guillaume Faye, La colonisation de l'Europe.

20/07/2010

lumpenpride

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"Soit à déterminer, par exemple, la signification politique réelle des comportements de la Caillera . Doit-on y voir, conformément aux présentations médiatiques et sociologiques habituelles, un signe normal des difficultés liées au « problème de l'intégration » ? Formulée en ces termes, la question est, de toute évidence, mal posée, c'est-à-dire posée de façon ambiguë. Si l'on parle en, effet, de l'intégration à une société, c'est-à-dire de la capacité pour un sujet de s'inscrire aux différentes places que prescrit l'échange symbolique, il est clair que cette fraction modernisée du Lumpen n'est pas, « intégrée », quelles que soient, par ailleurs, les raisons concrètes (familiales et autres) qui expliquent ce défaut d'intégration.

S'il s'agit, en revanche, de l'intégration au système capitaliste, il est évident que la Caillera est infiniment mieux intégrée à celui-ci (elle a parfaitement assimilé les éloges que le Spectacle en propose quotidiennement) que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l'exploitation à l'intérieur de ces quartiers expérimentaux que l'État lui a laissés en gérance.

En assignant à toute activité humaine un objectif unique (la thune), un modèle unique (la transaction violente ou bizness) et un modèle anthropologique unique (être un vrai chacal), la Caillera se contente, en effet de recycler, à l'usage des périphéries du système, la pratique et l'imaginaire qui en définissent le Centre et le Sommet. L'ambition de ses membres n'a, certes, jamais été d'être la négation en acte de l'Économie régnante. Ils n'aspirent, tout au contraire, qu'à devenir les golden boys des bas-fonds. Calcul qui est tout sauf utopique. Comme l'observe J. de Maillard, « sous nos yeux, l'économie du crime est en train d'accomplir la dernière étape du processus : rendre enfin rentable la délinquance des pauvres et des laissés pour compte, qui jadis était la part d'ombre des sociétés modernes, qu'elles conservaient à leurs marges. La délinquance des pauvres, qu'on croyait improductive, est désormais reliée aux réseaux qui produisent le profit. Du dealer de banlieue jusqu'aux banques de Luxembourg, la boucle est bouclée. L'économie criminelle est devenue un sous-produit de l'économie globale, qui intègre à ses circuits la marginalité sociale. »

À la question posée, il convient donc de répondre clairement que si la Caillera est, visiblement, très peu disposée à s'intégrer à la société, c'est dans la mesure exacte où elle est déjà parfaitement intégrée au système qui détruit cette société. C'est évidemment à ce titre qu'elle ne manque pas de fasciner les intellectuels et les cinéastes de la classe dominante, dont la mauvaise conscience constitutive les dispose toujours à espérer qu'il existe une façon romantique d'extorquer la plus-value. Une telle fascination intellectuelle pour la « fièvre généreuse du délinquant » (Foucault) serait, cependant, difficile à légitimer sans le concours bienveillant de la sociologie d'Etat. Cette étrange sociologie, en effet, afin de conférer aux pratiques, légales et illégales, du système qui l'emploie cette couleur « rebelle » qui les rend à la fois politiquement correctes et économiquement rentables, recourt à deux procédés principaux qui, quand on y réfléchit, sont assez peu compatibles.

Tout d'abord, elle s'efforce d'inscrire ce qu'Orwell nommait « le crime moderne » dans la continuité des délits et des crimes d'autrefois. Or ce sont là deux univers très différents. Le bandit d'honneur des sociétés traditionnelles (le cas des pirates est plus complexe) puisait sa force et sa légitimité historique dans son appartenance à une communauté locale déterminée ; et, en général, il s'en prenait d'abord à l'État et aux divers possédants. Le délinquant moderne, au contraire, revendique avec cohérence la froide logique de l'économie pour « dépouiller » et achever de détruire les communautés et les quartiers dont il est issu . Définir sa pratique comme « rebelle », ou encore comme une « révolte morale » (Harlem Désir) voire, pour les plus imaginatifs, comme « un réveil, un appel, une réinvention de l'histoire » (Félix Guattari), revient, par conséquent, à parer du prestige de Robin des Bois les exactions commises par les hommes du Sheriff de Nottingham. Cette activité peu honorable définit, en somme, assez bien le champ d'opérations de la sociologie politiquement correcte.

Quant au second procédé, il consiste à présenter l'apparition du paradigme délinquant moderne - et notamment son rapport très spécifique à la violence et au plaisir qu'elle procure - comme l'effet mécanique de la misère et du chômage et donc, à ce titre, comme une réponse légitime des exclus à leur situation. Or s'il est évident que la misère et le chômage ne peuvent qu'accélérer en retour la généralisation du modèle délinquant moderne, aucun observateur sérieux - ou simplement honnête - ne peut ignorer que ce modèle a d'abord été célébré dans l'ordre culturel, en même temps qu'il trouvait ses bases pratiques dans la prospérité économique des « trente Glorieuses ». En France, par exemple, toutes les statistiques établissent que le décollage des pratiques délinquantes modernes (de même que la constitution des mythologies de la drogue) a lieu vers 1970, tandis qu'en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas il est perceptible dès 1964-1965. Expliquer le développement de la délinquance moderne (développement qui, dans un premier temps - on s'en souvient - avait été tenu par la sociologie officielle pour un pur « fantasme » des classes populaires) comme un effet conjoncturel du chômage est évidemment une procédure gagnante pour le système capitaliste. D'une part, elle conduit à présenter la « reprise économique » - c'est-à-dire l'aide accrue de l'État aux grandes firmes - comme la clé principale du problème ; de l'autre, elle dispense d'interroger ce qui, dans la logique même du capitalisme de consommation, et la culture libérale-libertaire qui lui correspond, détermine les conditions symboliques et imaginaires d'un nouveau rapport des sujets à la Loi." (JC Michéa, L'enseignement de l'ignorance)

" Non seulement, en effet, la pratique délinquante est, généralement, très productive (incendier quelques milliers de voitures chaque année, par exemple, ne demande qu’un apport humain et matériel très réduit et sans commune mesure avec les bénéfices ainsi dégagés pour l’industrie automobile). Mais, de plus, elle n’exige pas d’investissement éducatif particulier (sauf peut-être dans le cas de la criminalité informatique, de sorte que la participation du délinquant à la croissance du PIB est immédiatement rentable, même s’il commence très jeune (il n’y a pas ici, bien sur, de limite légale au travail des enfants). Naturellement, dans la mesure ou cette pratique est assez peu appréciée des classes populaires, sous le prétexte égoïste qu’elles en sont les premières victimes, il est indispensable d’en améliorer l’image en mettant en place toute une industrie de l’excuse, voire de la légitimation politique. C’est le travail habituel confié aux rappeurs, aux cinéastes « citoyens », et aux idiots utiles de la sociologie d’Etat. " (JC Michéa, L’empire du moindre mal, 2007)

et pour rigoler deux minutes...


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16/07/2010

tringlent des blacks

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J’avais dix-sept ans et je passais un été aux USA. Précisément à Hoboken, prés de NY (Bardamu débarquant à Ellis Island…). Je vivais dans une famille juive non pratiquante dont une des premières interrogations fut : « Es-tu jamais allé à Yad Vashem ? » A l’époque, j’avais la conscience politique d’un bulot et je dus répondre –au hasard- mon dégoût du tourisme de masse… Heureusement, l’incident fut vite oublié et mon hôte, fervent membre de l’Américan Légion, m’amenait régulièrement écluser quelques Coors light ou Buds à son rade habituel, à la grande fureur de la mère juive de la maison qui pensait que je n’avais rien à y faire…Josh était un vétéran de la guerre de Corée et me régalait de quelques récits qui se mélangeaient dans mon esprit embrumé avec les aventures de Buck Danny, Sonny Tuckson et Tumbler. Il m’aimait bien, Josh. Parce que je l’écoutais, je crois. Contrairement à sa meuf qui lui cachait ses packs de Coors et ses potes qui connaissaient ses histoires par cœur. J’ai pensé à Josh en lisant le dernier éditorial de Venner dans la NRH qui cite Barnavi répondant au filet d’eu tiède de Debray en Palestine : « La shoah s’est hissée au rang de religion civile en Occident. »

A peine rentré de la clinique de la forêt noire tantôt, je me retrouve en moins de deux avec un poulet dans les bras et un bib de 240cc. Hier, je causais avec Jo de la condition de l’homme moderne et du gap civilisationnel qui nous sépare des générations de nos pères et grands-pères : je lui racontais comment la femme du fermier de mon grand-père (lui-même paysan et très fier de son CAP) ne s’asseyait jamais à table quand elle recevait chez elle, aux vendanges ou quand on tuait le cochon. Jamais. Son mari officiait, servait le vin étoilé à pleins verres avec la daube ou le plat de charcutailles qui ouvrait chaque repas du genre. Aujourd’hui, la plupart des mecs qui ont l’âge de mon père son divorcés, tringlent des blacks ou passent leurs WE à Marrakech. Qu’on se mette d’accord, nul regret là-dedans, je ne vais pas refaire l’homo laborans ou l’homo faber d’Hanna Arendt…lisez-la, bordel! Juste un constat étonné. Que s’est-il passé, bordel ?

Un peu le bordel en ce moment ; je me disperse : de la sagesse de l’amour et du visage ridé je retombe sur Nous autres, modernes, puis sur la défaite de la pensée…puis sur la discussion d’Alain de Benoist avec Marmin sur « La nouvelle droite est-elle encore à droite ? ». Et je comprends, effectivement, pourquoi les quelques auteurs qui m’ont marqué ces dernières années sont plutôt Orwell, Lasch, Michéa ou Castoriadis…Qui, à droite ? Bayrou ?

Dans Deer hunter, Nick (C Walken) crache à la gueule de Mickael (De Niro) pour de vrai alors que ce dernier ne s’y attendait pas, lors de la scène de la roulette russe à Saïgon, De Niro faillit quitter le tournage mais la scène fut conservée. J’adore ce film.


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15/07/2010

ange

-bonjour docteur! Vous ne me connaissez pas, je vous connais un peu.
-...?
-Vous avez soigné ma mère pendant des années, jusqu'à la fin. A sa mort, elle m'a demandé de m'occuper, parmi d'autres, de la tombe de vos parents et de celle de votre fils [sa mère était gardienne du cimetierre de M.]. Tous les jours, j'y passe, je nettoie un peu, j'arrose les fleurs..
-...!

Si son généraliste ne lui avait pas demandé de venir me voir, je ne l'aurais sans doute jamais su. Une sorte d'ange gardien, quoi.
Y a encore de l'espoir, faut croire.

10/07/2010

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(...) Dans le Mississipi, prés des rives du grand fleuve, j'ai vu les ruines de Windsor. Il ne reste plus rien maintenant de cette grande demeure que les hautes colonnes grecques couvertes de vigne vierge. On voit tant de ruines élégantes et mystérieuses dans le Sud, tant d'images de mort et de désolation, tant de spectacles fantomatiques. Et toujours dans les coins les plus beaux, comme si l'envahisseur, visant les centres vitaux, avait voulu frapper aussi l'orgueil et l'espoir de sa victime. On ne peut s'empêcher de rêver à ce qu'aurait pu être cette terre bénie si les ravages de la guerre lui avaient été épargnés, car dans nos Etats du Sud, ce qu'on appelle la « culture esclavagiste » n'avait donné encore que ses toutes premières fleurs. Nous savons ce que les cultures esclavagistes de l'Inde, de Rome, de l'Egypte et de la Grèce ont légué au monde. Nous leurs sommes reconnaissants de cet héritage ; nous ne le repoussons pas sous prétexte qu'il a été bâti sur l'injustice. Qui donc a le courage devant ces merveilles du passé, de s'écrier : « Il aurait mieux valu que rien de tout cela n'eut été si pour créer ces chefs-d'œuvre il a fallu priver un seul être humain de sa liberté ! » Qui sait quelles splendeurs auraient pu s'épanouir dans des foyers de culture comme Charleston, Savannah, New Orléans !

(...) Il est des milliers de lieux de rêve dans le vieux Sud. On peut s'asseoir sur un banc dans un minuscule jardin confédéré, ou s'allonger sur les rives d'un canal ou se poster sur un remblai dominant une réserve Indienne : l'air est doux, lourd encore de parfums, le monde semble endormi, mais l'atmosphère est chargée de noms magiques, d'événements historiques, d'inventions, d'explorations, de découvertes. Riz, tabac, coton : à partir de ces trois éléments, seul le Sud a composé une grande symphonie d'activité humaine. Tout cela est fini maintenant. Un nouveau Sud est né. On a retourné le sol du vieux Sud. Mais les cendres en sont encore tièdes. »

Henry Miller, Le cauchemar climatisé, 1945.


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09/07/2010

Ithaque

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Il y a des soirs comme celui-ci où je ressens un apaisement total. Il y a bien des années que cela n'était pas arrivé. Le pourquoi n'a pas d'intérêt pour autre que moi. L'important est dans le sentiment de paix qui m'envahit. Il y a des années, j'ai lu le Zéro et l'infini de Koestler. Et à la fin du roman, à la mort de Roubachov, Koestler écrit ces lignes qui ne m'ont jamais quitté et qui décrivent très bien ce sentiment de plénitude dont je parle:

« Puis, tout fut calme. C'était à nouveau la mer et son mugissement. Une vague le souleva lentement. Elle venait de loin et poursuivait majestueusement son chemin, comme un haussement d'épaule de l'éternité. »

Autre chose. En bossant cet après-midi à la clinique de la forêt noire, entre deux patients, je relisais des passages de l'Odyssée; un en particulier m'a touché: celui du retour d'Ulysse à Ithaque lorsqu'il rencontre son fils, Télémaque, qui peine à le reconnaître car la déesse Athéna prend plaisir à déguiser Ulysse sous les traits d'un mendiant et d'un vieillard:

« Télémaque (car il ne croyait pas encore que ce fut son père) prit de nouveau la parole et lui dit: « Non, tu n'es pas Ulysse, mon père; mais une divinité m'abuse pour que je me lamente et m'afflige encore davantage: car un homme mortel ne saurait opérer ces prodiges par sa volonté, à moins qu'un dieu, survenant en personne, ne le rendit aisément jeune ou vieux à son gré. Tout à l'heure en effet, tu étais un vieillard, couvert de haillons; et maintenant tu ressembles aux dieux qui habitent le vaste ciel ». L'ingénieux Ulysse, prenant la parole à son tour, lui répondit: « Télémaque, il ne convient pas qu'en voyant ton père ici présent, tu sois étonné ni surpris à l'excès; car il ne viendra plus en ces lieux d'autre Ulysse ; c’est bien moi qui, après avoir souffert des maux sans nombre et erré longtemps, suis revenu au bout de vingt ans dans ma patrie. D’ailleurs, ce que tu vois est l’œuvre d’Athéna, amie du butin, qui me rend semblable, quand il lui plait (car elle en a le pouvoir), tantôt à un mendiant, tantôt aussi à un jeune homme dont le corps est couvert de beaux vêtements. Il est facile aux dieux qui habitent le vaste ciel de glorifier et d’abaisser un simple mortel ». Après avoir ainsi parlé, il s’assit ; Télémaque, tenant son noble père embrassé soupirait en versant des larmes ; et tous deux, cédant à l’envie de pleurer poussaient des cris, comme les aigles ou les vautours aux serres crochues, à qui des laboureurs ont dérobé leurs petits avant qu’ils pussent voler. C’est ainsi que des larmes d’attendrissement mouillaient leurs paupières. »

L’Odyssée, XVI.

Allez, bonne nuit.


(music by clockworkblack:shunsuke kikuchi 16th theme)

07/07/2010

Anatomie du chaos (4) : organisation de la sécession

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Ceux qui fréquentent Hoplite depuis un moment connaissent mes idées sur la sécession ethnique/culturelle/religieuse qu’organisent méthodiquement nos modernes libéraux-libertaires par le biais d’un remplacement démographique de grande ampleur depuis plus de quarante ans et la venue sur ce continent de peuples entiers dont les valeurs civilisationnelles se situent aux antipodes de celles des européens et dans un climat totalitaire d'anomie et de repentance réflexe déniant toute légitimité supérieure aux cultures autochtones: les prémisses d'une guerre civile.

Mais, depuis longtemps également, je me fais le relais de philosophes et d’historiens comme Christopher Lasch ou JC Michéa qui, au-delà de la critique de la religion du Progrès™ et de ses Torquemadas en peau de lapin qui pullulent dans les media officiels, décrivent une autre sécession à l’oeuvre, moins visible mais non moins dangereuse, qui est celle de nos « élites ». Par « élites », j’entends cette hyperclasse hédoniste et nomade, ces insiders, hommes politiques rafarinesques, sportifs thuramo-compatibles, journalistes jofrinesques, écrivains attalinaoïdes, sociologues woltoneux, dont le point commun est de vivre bien en étant à l’abri des conséquences désastreuses des politiques qu’ils promeuvent et qui font le malheur de beaucoup d'autres (le peuple, volontiers "populiste"), ces outsiders silencieux, en panne d’éducation, d’instruction, de repères, d’argent, de savoir et de sens…et de traditions (horresco referens).

« Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c'était la révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie. Dans une mesure inquiétante, les classes privilégiées -les 20% les plus riches de la population, pour prendre une définition large- ont su se rendre indépendantes non seulement des grandes villes industrielles en pleine déconfiture mais des services publics en général. Elles envoient leurs enfants dans des écoles privées, elles s'assurent contre les problèmes de santé en adhérant à des plans financés par les entreprises où elles travaillent et elles embauchent des vigiles privés pour se protéger contre la violence croissante qui s'en prend à elles. Elles se sont effectivement sorties de la vie commune. Les mêmes tendances sont à l'oeuvre dans le monde entier. En europe, les référendums qui se sont tenus sur la question de l'unification ont révélé une faille profonde et qui va en s'élargissant entre le monde politique et les membres plus humbles de la société qui redoutent que l'UE ne soit dominée par des bureaucrates et des techniciens dépourvus de tout sentiment d'identité ou d'appartenance nationale. Une Europe gouvernée de Bruxelles sera de leur point de vue de moins en moins sensible au contrôle des peuples. Le langage international de l'argent parlera plus fort que les dialectes locaux. Ce sont ces peurs qui sont sous-jacentes à la résurgence des particularités ethniques en Europe, tandis que le déclin de l'Etat-nation affaiblit la seule autorité capable de maintenir le couvercle sur les rivalités ethniques. Par réaction, la renaissance du tribalisme renforce le cosmopolitisme chez les élites. » (Christopher Lasch, La révolte des élites, 1996)

Christopher Lasch a théorisé cette sécession élitaire, cette trahison de la démocratie, en 1996, dans un livre cardinal, La révolte des élites, qui fut bien sûr ignoré par tout le ban et l’arrière-ban de l’intelligentsia progressiste, notamment en France. Certaines vérités, certaines analyses, trop dérangeantes et anti-conformistes s’enterrant beaucoup plus facilement en les ignorant délibérément qu’en les affrontant. Jean-claude Michéa, dans une courte préface à cet ouvrage, dit l’essentiel :

« Profondément enracinés dans l’économie planétaire et ses technologies sophistiquées, culturellement libérales, c’est-à-dire, « modernes », « ouvertes », voire « de gauche », les nouvelles élites du capitalisme avancé, celles qui contrôlent le flux international de l’argent et de l’information, manifestent en effet, à mesure que leur pouvoir s’accroît et se mondialise, un mépris grandissant pour les valeurs et les vertus qui fondaient autrefois l’idéal démocratique. Enclavées dans leurs multiples « réseaux », au sein desquels elles « nomadisent » perpétuellement, elles vivent leur enfermement dans le monde humainement rétréci de l’Economie comme une noble aventure « cosmopolite », alors que chaque jour devient plus manifeste leur incapacité dramatique à comprendre ceux qui ne leur ressemblent pas : en premier lieu, les gens ordinaires de leur propre pays (on sait par exemple, que dans le monde de l’élite, situé « nulle part ailleurs », l’homme ordinaire ne peut apparaître que sous la figure moquée des Deschiens). Christopher Lasch a tenu à placer sa critique des nouvelles élites du capitalisme avancé sous le signe du « populisme », c’est-à-dire conformément au sens historique du mot, d’un combat radical pour la liberté,  et l’égalité mené au nom des vertus populaires. On sait à quel point, depuis quelques années, les media officiels travaillent méthodiquement à effacer le sens originel du mot, à seule fin de pouvoir dénoncer comme « fascistes » ou « moralisateurs » (à notre époque, le crime de pensée suprême) tous les efforts des simples gens pour maintenir une civilité démocratique minimale et s’opposer à l’emprise croissante des « experts » que le système a préposé à la défense médiatique de ses nuisances, s’empresseront de faire courir le bruit –pour affecter de s’en réjouir ou pour s’en lamenter- que ce livre est « réactionnaire ». Il n’est cependant pas interdit d’espérer que le lecteur intelligent puisse encore se faire une opinion par lui-même. »

L’actualité est particulièrement riche en illustrations de ce processus d’éclatement en cours, de l’invraisemblable affaire de l’ « Equipe de France » (une horde de mercenaires parvenus et arrogants aux allégeances incertaines) au non moins invraisemblable feuilleton Plus belle la vie de la bande de Neuilly Woerth/Sarko/Bettencourt en passant par les dernières mesures de « ri-lance » annoncées par le petit pitre Baroin (suppression de certaines aides au logement, allocations handicapés, etc.), espoir raisonnable de l’hyperclasse libérale-libertaire.
podcast

(photo: l'hyperclasse nomade est parfois agréable à regarder, hu hu!)

04/07/2010

Anatomie du chaos (2): l'oubli de Dieu

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« -Pourquoi, après 1989, les Européens n’ont-ils pas condamné le communisme comme une monstruosité politique et morale ? Pourquoi le seul jugement acceptable sur celui-ci a-t-il été l’observation anodine que « cela n’a pas fonctionné » ?

-Pourquoi les électeurs Espagnols ont-ils accordé une victoire de facto à l’apaisement, lors des élections de mars 2004, tenues quelques jours après que, les bombes d’al Qaida aient tué des centaines de personnes et blessé des milliers d’autres dans une gare de Madrid ?

-Pourquoi l’Europe est-elle sur la voie de ce que le politologue Français Pierre Manent appelle la « dépolitisation ». Pourquoi, comme le dit Manent, l’Europe se drogue-t-elle « elle-même avec l’humanitarisme, afin d’oublier qu’elle existe politiquement de moins en moins » ? Pourquoi ce même Manent a-t-il l’impression que « les plus grandes ambitions actuelles des Européens sont de devenir inspecteurs des prisons Américaines ? »

-Pourquoi tant d’intellectuels européens sont-ils « christophobes », Pourquoi dans la culture populaire européenne, le christianisme est-il l’objet de caricatures grossières que l’on ne tolérerait pas pour l’Islam ou le Judaïsme ?

-Pourquoi tant de dirigeants politiques ont-ils insisté pour que le projet de nouvelle constitution européenne renie délibérément mille cinq cent ans de contributions du christianisme à la définition de l’Europe ?

-Pourquoi l’Europe commet-elle un véritable suicide démographique en se dépeuplant elle-même dans ce que l’historien Anglais Niall Ferguson appelle « la plus grande réduction de la population européenne depuis la peste noire du XIV° siècle » ? Pourquoi dix-huit pays d’Europe ont-ils un taux de croissance naturelle négatif ? Pourquoi aucun pays d’Europe n’affiche-t-il un taux de fécondité propre à assurer le renouvellement des populations ? (sauf la France dont on sait qu’il est obtenu grâce à l’immigration africaine)

-Pourquoi les politiciens ou l’opinion publique européens sont-ils incapables de tirer de ces chiffres démographiques alarmants les conclusions qui s’imposent sur la faillite imminente de leurs systèmes d’assurances sociales, de santé et de retraire. Et que se passe-t-il lorsqu’un continent entier, plus riche et plus puissant qu’il ne l’a jamais été auparavant, refuse-t-il de créer son avenir humain au sens le plus élémentaire, en engendrant une nouvelle génération ? »

Voici quelques interrogations lourdes de sens auxquelles le politologue et philosophe Américain Georges Weigel essaye de répondre dans un ouvrage singulier intitulé « Le cube et la cathédrale » (La table ronde, 2005). Weigel fait le diagnostic d’une rupture culturelle entre les Etats-Unis et l’Europe, en basant sa réflexion sur « la crise de la raison morale », sorte de crise de civilisation morale que connaîtraient les européens après un siècle de guerres, de massacres de masse, de totalitarismes. « Pourquoi l’Europe a-t-elle eu le XX ème siècle que nous lui connaissons ? » La réponse qu’apporte ce théologien est « l’oubli de Dieu », c'est-à-dire la laïcisation et la déchristianisation des sociétés européennes.

Faisant le constat que ce sont des courants profonds culturels et spirituels qui définissent l’« histoire », et non pas des considérations idéologiques, politiques ou économiques, aussi importantes soit-elles, Weigel « date » le début de cet ensauvagement, de cette « sortie de l’histoire »,  à la première guerre mondiale, cette « guerre civile européenne » pour Ernst Nolte, qui éclate dans un climat violent de course aux armements, de révolution scientifique et industrielle et de nihilisme Nietzschéen, et met à bas l’ancien ordre aristocratique et diplomatique européen. W. Churchill, le 29 juillet 1914 : « Tout va à la catastrophe et à l’effondrement, une vague de folie a balayé l’esprit du christianisme » ; le même jour, du général en chef Von Moltke : « Cette guerre va anéantir la civilisation de presque toute l’Europe pour les décennies à venir. »

Cet « oubli de Dieu », cet « humanisme athée » selon le Jésuite Henri de Lubac, expliquerait les tyrannies de ce siècle, arguant que, sans Dieu, cet « humanisme » ne pouvait qu’être inhumain. Disparition de la transcendance et no man’s land spirituel…

« L’homme européen s’est persuadé que pour être moderne et libre, il devait être radicalement laïc. Cette conviction a eu des conséquences cruciales, voire létales, sur la vie publique et la culture de l’Europe: elles sont de facto à la racine de la crise morale de la civilisation que connaît actuellement l’Europe. Cette crise nous aide à son tour à expliquer pourquoi l’homme européen oublie délibérément son histoire; pourquoi il abandonne le dur labeur et le haut risque de la politique démocratique, préférant apparemment la fausse sécurité domestique de la bureaucratie et la sécurité internationale douteuse offerte par le système des Nations Unies; Cette crise éthique de civilisation est l’une des raisons essentielles pour lesquelles l’européen échoue à créer l’avenir humain de l’Europe

Weigel montre ainsi combien la doctrine chrétienne est consubstantielle de l’idéal européen contemporain. Combien cet héritage chrétien, n’en déplaise aux thuriféraire de cet humanisme athée si vain et destructeur, fut important et décisif dans ce que nous sommes : dignité de l’homme et individualisme (au sens de l’accomplissement d’une destinée singulière voulue par Dieu), sécularisation, idée d’un ordre de justice transcendant (ce qui est « juste » n’est pas seulement ce que les détenteurs du pouvoir politique déclarent être juste). Et combien nier cet apport singulier et décisif est absurde (de même qu’il serait absurde de nier les fondements grec et romain de notre civilisation…). Ce reniement d’une partie de nos racines culturelles (qu’on le veuille ou non), la malhonnêteté de ce questionnement sur la dimension chrétienne de l’identité européenne, me rappelle le titre d’une conférence bouffonne organisée par certains milieux universitaires dans les années 80 et relatée par la médiéviste Régine Pernoud (dans un petit livre indispensable, Pour en finir avec le Moyen-Âge) : « Le Moyen-Âge était-il chrétien ? » Poser la question, c’est y répondre !

« L’Eglise, porteuse de l’évangile, a aidé à répandre et à consolider ces valeurs qui ont rendu universelle la culture européenne » disait Karol Wojtyla. Et encore, le même : « Lorsque les grandes valeurs qui ont amplement inspiré la culture européenne sont volontairement séparées de l’Evangile, ces vertus, comme la tolérance et le respect de l’autre, perdent leur vraie âme et pavent le chemin d’aberrations », comme par exemple, imposer la laïcité au nom de la tolérance et du pluralisme. Pour Weigel,  « la doctrine sociale de l’Eglise offre ainsi à l’Europe la possibilité de défendre la structure morale de la liberté, de façon à protéger la culture et la société de l’Europe d’une double utopie : l’utopie totalitaire de la justice sans liberté et l’utopie contraire de la liberté sans justice qui va de pair avec un concept erroné de « tolérance » ».

Loin du concept d’aire géographique et économique -utilitaire- promu par nos élites technocratiques et endogamiques, l’Europe est et reste fondamentalement un concept historique et culturel dont la dimension religieuse -chrétienne- a été et reste encore cruciale, ne serait-ce que pour apporter un minimum de transcendance à un projet résolument matérialiste.

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Quelques précisions...

J'ai écrit ce texte il y a trois ans aprés la lecture de l'ouvrage -remarquable- de Weigel. Et, chose étonnante en ce qui me concerne, je signe encore aujourdhui. Je ne suis pas croyant mais, contrairement à mes contemporains, modernes lemmings festifs, je reste conscient de l'importance du christianisme dans la Tradition européenne, ie celui-ci en est une part hautement significative, mais une part seulement.

Je crois qu'il y a dans cet oubli de Dieu, dans ce désenchantement du monde, une explication au chaos contemporain célébré par nos progressistes amis du désastre.

Qu'en pensez-vous?

(photo: avatar de la Tradition à Donnafugata...)