05/03/2018
crazy world
23:53 | Lien permanent | Commentaires (3)
12/02/2018
ok
23:44 | Lien permanent | Commentaires (1)
07/02/2018
poppyman
23:25 | Lien permanent | Commentaires (2)
Camporells et Péric
21:14 | Lien permanent | Commentaires (4)
09/01/2018
ad lib
16:21 | Lien permanent | Commentaires (8)
08/01/2018
Ethnisme et double standard
" (...) Le remodelage du christianisme dans le but de rendre les chrétiens favorables aux Juifs et à Israël, est un aspect parmi d'autres d'une stratégie générale consistant à modifier l'environnement culturel des nations hôtes, pour rendre cet environnement plus favorable à la communauté juive. Cette stratégie se distingue du cryptisme par lequel la communauté se fond dans l'environnement pour rendre son caractère ethnique moins visible; ici, au contraire, il s'agit de modifier l'environnement pour le rendre plus tolérant à l'égard des communautés ethniques, ou encore pour amplifier les tensions ethniques et ainsi détourner l'hostilité des Gentils de la communauté juive, laquelle peut même alors se poser en médiateur du conflit.
Cela explique selon Kevin Mc Donald, que "transformer les Etats Unis en une société multiculturelle a été un objectif juif majeur depuis le XIX eme siècle". Il ne s'agissait pas seulement d'augmenter la tolérance nationale envers les communautés ethniques, mais aussi d'augmenter l'importance numérique et la diversité des communautés ethnique par l'immigration massive, en faisant miroiter les bienfaits du métissage mais de manière à aboutir en réalité au pluralisme ethnique. L'une des figures emblématiques de ce courant culturel fut Izrael Zangwill, auteur à succès avec sa pièce de théâtre intitulée The Melting Pot (1908), dont le titre est passé à la postérité comme métaphore de la société américaine. Le héros est un juif qui a émigré aux Etats Unis pour fuir les pogroms qui ont décimé sa famille en Russie. Il tombe amoureux d'une immigrée russe chrétienne, qui s'avère être la fille de l'officier russe responsable de la mort de sa famille. Le père de la fiancée se répand et le couple peut vivre heureux pour toujours. Le héros se fait le chantre de l'assimilation par les mariages mixtes, par lesquels Dieu donne naissance à un homme nouveau: "L'Amérique est le creuset de Dieu, le grand melting pot ou toutes les races de l'Europe se fondent et se réforment." Le paradoxe est que au moment ou il écrit et produit sa pièce, Zangwill est un leader sioniste enragé, c'est à dire le chantre d'un mouvement qui affirme l'impossibilité pour les Juifs de vivre parmi les Gentils et la nécessité pour eux de vivre ethniquement séparés. Zangwill est l'auteur de cette autre formule fameuse: "La Palestine est une terre sans peuple pour un peuple sans terre." On ne saurait mieux illustrer le double langage et le double jeu du Juif communautaire qui prône le métissage pour les Gentils et la pureté ethnique pour les Juifs. Le néo conservateur Douglas Feith le dit sans ambages dans un discours prononcé à Jérusalem en 1997: "Il y a place dans le monde pour des nations non ethniques, et il y a place pour des nations ethniques."
En 1924 fut voté aux Etats Unis un Immigration act, ou loi Johson Reed, qui limitait fortement l'immigration, en particulier venant d'Orient et d'Europe de l'Est. La levée de cette législation restrictive a été un combat politique prioritaire de pratiquement toutes les organisations juives. Le combat fut gagné en 1965, avec une nouvelle loi d'immigration et de nationalité qui ouvrait grandes les portes de l'immigration. Affaiblir l'homogénéité ethnique de la nation hôte, c'est affaiblir ce que Ludwig Gomplowicz a nommé son "sentiment syngénique", dont l'antisémitisme semble être un sous produit presque inévitable. Le but a été atteint en 1993, selon l'activiste juif Earl Raab, associé à l'Anti Defamation League, écrivant dans le Jewish Bulletin: "Le bureau de recensement vient de rapporter qu'environ la moitié de la population américaine sera bientôt non blanche ou non européenne. Et ils seront tous citoyens américains. Nous avons dépassé le seuil critique au delà duquel un parti nazi-aryen serait capable de prévaloir dans ce pays. Nous (les Juifs) avons nourri le climat américain de l'opposition à la bigoterie pendant un demi siècle. Ce climat n'a pas atteint la perfection, mais la nature hétérogène de notre population tend à le rendre irréversible."
Guyenot, Du Yahvisme eu Sionisme. 2016
20:38 | Lien permanent | Commentaires (6)
05/01/2018
mauvais génie
"(...) Le message de Yahvé à son peuple, en substance, est le suivant : « Ne fréquentez pas les idolâtres (les non-Juifs), méprisez leurs traditions et, lorsque c’est possible, exploitez-les, asservissez-les, exterminez-les. Si, après cela, ils vous font violence, c’est de votre faute : vous n’avez pas obéi assez scrupuleusement. » Telle est la désastreuse logique cognitive intériorisée depuis une centaine de générations, qui enferme les Juifs dans le cycle infernal élection-persécution. Cette pensée repose sur le déni de l’humanité de l’autre, ce qui est bien l’essence de la psychopathie. Jamais, au grand jamais, la communauté juive dans son ensemble ne prend en compte les griefs de ses persécuteurs. Ses élites le lui interdisent. Or, qui ne supporte pas de se voir dans les yeux d’autrui n’a pas appris à s’aimer lui-même. Cela répond à la question posée par Theodore Lessing dans La Haine de soi ou le refus d’être juif (1930) :
« Comment se fait-il que tous les peuples s’aiment eux-mêmes et que le juif soit le seul à s’aimer si mal ? » [5]
Prenons comme illustration de cette leçon biblique l’histoire de Joseph, qui occupe les quatorze derniers chapitres de la Genèse (37-50). Vendu comme esclave par ses frères aînés, Joseph est d’abord au service de l’eunuque royal Putiphar, avant de gagner la confiance du pharaon et devenir son « maître du palais ». Joseph est à la fois le prototype du Juif de cour qui, s’étant élevé à un poste de responsabilité publique, favorise sa tribu au détriment du peuple qu’il est supposé servir, et qu’en réalité il ruine et asservit par la dette. Joseph est aussi l’accapareur type : ayant en charge de gérer les réserves de grain, il en accumula de grandes quantités pendant les années d’abondance, puis il le négocia au prix fort en période de pénurie, et ainsi « ramassa tout l’argent qui se trouvait au pays d’Égypte et au pays de Canaan ». Ayant ainsi créé une pénurie monétaire, il force ensuite les paysans à lui céder leurs troupeaux pour, presque littéralement, une bouchée de pain : « Livrez vos troupeaux et je vous donnerai du pain. » Une année plus tard, les paysans n’ont plus qu’à vendre leur propre personne pour survivre. C’est alors que les soixante-dix membres de la tribu de Jacob, père de Joseph, viennent s’installer à l’est du Delta. Resté fidèle à son sang malgré la traîtrise de ses frères, Joseph obtient pour eux « une propriété au pays d’Égypte, dans la meilleure région ». C’est ainsi que les Hébreux acquirent en Égypte « des propriétés, furent féconds et devinrent très nombreux » (47,11-34). Pour tout cela, Joseph est béni par Yahvé et montré en exemple. Ce récit profondément immoral, mais tout à fait central dans la saga du peuple élu, garantit la bénédiction divine sur tous les abus de pouvoir pratiqués contre les étrangers.
Le premier chapitre de l’Exode, qui fait immédiatement suite à l’histoire de Joseph, conte l’inévitable retour de bâton dont sont victimes les Hébreux. Après la mort de Joseph et de sa génération, le nouveau roi égyptien s’alarme que « le peuple des Israélites est devenu plus nombreux et plus puissant que nous. Allons, prenons de sages mesures pour l’empêcher de s’accroître, sinon, en cas de guerre, il grossirait le nombre de nos adversaires » (Exode 1,9-10)
Les mesures incluent l’imposition de « durs travaux » (la corvée étant exigée de tous les Égyptiens, il faut sans doute comprendre que c’est l’exemption de cette corvée pour les Juifs qui prend alors fin). C’est pour fuir ce travail forcé que les Hébreux prennent finalement le chemin de Canaan en passant par le Sinaï, non sans « dépouiller » au préalable les Égyptiens « des objets d’or, des objets d’argent, et des vêtements » que ces derniers leur avaient confiés en gage de prêts (3,22 et 12,35-36).
Un lecteur critique ne peut s’empêcher d’établir une relation de cause à effet entre, d’une part, la façon dont la tribu de Jacob a bâti et abusé de son pouvoir sur le dos du peuple égyptien, et d’autre part, la volonté du roi égyptien de réduire ce pouvoir. Mais ce lien est précisément l’impensé de la Bible, le point aveugle imprimé dans l’œil juif par la Torah. Du point de vue de Yahvé, le mérite de Joseph est sans tache, et le décret du pharaon pure malveillance."
23:20 | Lien permanent | Commentaires (10)
03/01/2018
Bonne année 2018!
18:41 | Lien permanent | Commentaires (12)
30/12/2017
Des femmes à Berlin
New Year's Eve party in Berlin to have 'safe zone' for women
Organisers of Berlin's New Year's Eve celebrations are to set up a "safe zone" for women for the first time.
The new security measures planned for the Brandenburg Gate party come amid concerns about sexual assaults.
A large number of assaults and robberies targeting women at Cologne's New Year's Eve celebrations two years ago horrified Germany. Hundreds of women reported being attacked by gangs of men with migrant backgrounds.
The events in Cologne heightened tensions in the country over the large influx of refugees and migrants - 1.1m people arrived in Germany in 2015, some, but by no means all, fleeing violence in Syria and Iraq.
- Cologne police 'right to target North Africans' at new year
- Women describe 'terrible' assaults
- Should Germany pay its migrants to leave?
Hundreds of thousands of people are expected to attend the New Year's Eve party in Berlin on Sunday and security will be strict. Large bags, such as rucksacks, and alcoholic drinks will be banned at the Brandenburg Gate. Women who have been assaulted or feel harassed will be able to get support at a special "safety zone", staffed by the German Red Cross, on Ebertstrasse. BBC com
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
merci, enculés!
13:01 | Lien permanent | Commentaires (11)
29/12/2017
derniers jours à festiland
"Dans cet état d'esprit, nous causâmes de bassinoires, sortes de larges poêles en cuivre rouge, destinées à recevoir de la braise. Elles sont munies de couvercles perforés qui sont découpés d'après des modèles riches et variés. On s'en sert pour chauffer les lits avant d'aller se coucher et on les tient par de longs manches en bois ; mais l'usage s'en perd parce qu'il suppose des domestiques. Notre hôtesse vantait ces espèces de poêle et nous engageâmes une discussion quelque peu rabelaisienne sur les avantages de différentes sortes de chauffe-lits. Finalement, la palme revint "à l'esclave tcherkesse de seize ans"."
Ernst Jünger, Jardins et routes, 1939-1940, 4 juillet 1940.
23:39 | Lien permanent | Commentaires (6)
Grecs et barbares.
Entre deux rangées de soldats, un joueur de flûte rythme le pas.
(Vase protocorinthien dit "Vase Chigi") VIIe siècle.
A l’aube du V éme siècle avant notre ère, dans un monde égéen peu peuplé, sous pression des « barbares » aux frontières de l’Hellade (le monde Grec), les Grecs avaient une faible conscience de leur identité. Tout allait changer avec les guerres médiques et la menace d’une invasion ressentie comme celle de l’Asie. Jusqu’alors, le barbare était avant tout l’étranger qui ne parlait pas la langue d’Homère. Le mot même de barbare retranscrit les onomatopées ou le bredouillis incompréhensible que les Hellènes entendaient dans la bouche du voyageur, par nature étranger à leur univers, mais accueilli selon les règles d’hospitalité.
Si la langue était la manifestation immédiatement perceptible d’une différence, ce sont les liens du sang, de la religion, des coutumes de la terre qui fondaient le sentiment d’appartenance à une même culture Hellénistique. Sentiment encore faible qui n’interdisait pas les querelles entre cités soucieuses de leur autonomie. Une vision Héllénocentrée du monde, avec Delphes pour centre, rejetait les barbares, qu’ils soient Egyptiens, Carthaginois ou Perses aux marges du monde civilisé ; Pourtant, la trop grande proximité du puissant empire Perse, à la lisière du monde Grec allait radicalement modifier la perception des barbares et, en retour, l’image que les Grecs se faisaient d’eux-mêmes.
La prise de conscience d’une menace représentée par les hordes du grand roi Darius, fut graduelle et tardive. Elle débuta avec la conquête brutale par les Perses de l’Ionie, sur la rive asiatique de la mer Égée, alors peuplée de Grecs. L a tyrannie des envahisseurs, Perses et Mèdes, provoqua en -499 la révolte des cités d’Ionie, soutenue par une partie seulement des cités Grecques (Athènes et Erétrie). Sept ans plus tard, les troupes Perses traversèrent le Bosphore sous les ordres de Mardonios, gendre de Darius. Et quelques cités Grecques secondaires s’accommodèrent de cet envahisseur dont l’armée barbare semblait irrésistible : « Qui serait donc capable de tenir tête à ce large flux humain ? Autant vouloir, par de puissantes digues, contenir l’invincible houle des mers ! » écrira Eschyle (Les Perses, -472) Mais lorsque les émissaires Achéménide (d’Achéménès, ancêtre de la dynastie Perse) vinrent exiger d’Athènes « la terre et l’eau », c’est à dire la soumission, ils furent simplement exécutés. Après avoir pillé Naxos et Erétrie, dont les populations furent réduites en esclavage, les Perses débarquèrent à Marathon en -490 et furent défaits par une coalition de cités Grecques (Athènes et Platée) forte de la cohésion de ses redoutables phalanges hoplitiques et malgré une infanterie barbare supérieure en nombre.
Dix ans plus tard, l’ambitieux Xerxès, successeur de Darius, décida d’une seconde expédition sans commune mesure avec la précédente. Hérodote a dépeint une armée immense qui défila pendant sept jours et sept nuits devant son chef ! Conscient qu’il s’agissait cette fois d’une véritable invasion, les Grecs s’organisèrent sous le commandement de Sparte (en dépit des oracles défavorables de Delphes..) La Grèce était menacée d’anéantissement et d’asservissement à ce puissant empire Asiatique centralisé. La deuxième guerre Médique commença en -480 ; Malgré l’héroïque résistance des Spartiates de Léonidas, le défilé stratégique des Thermopyles fut franchi et Xerxès, à la tête de son armée servile, envahit la Thrace, la Macédoine et l’Epire. Les Grecs qui avaient abandonné Athènes et trouvé refuge sur quelques îles remportèrent alors une victoire magistrale à Salamine, sous les ordres de Thémistocle. Cette victoire déterminante puis celle du spartiate Pausanias, l’année suivante, à Platée et d’autres encore, précipitèrent la déroute des Perses en Grèce et la libération des cités Grecques d’Asie mineure.
L’Hellade était sauvée et tous avaient conscience que seule l’alliance des cités avait permis de repousser l’envahisseur et les Grecs se reconnaissent alors dans une certaine façon de combattre : la phalange hoplitique, symbole de la cohésion de la cité, constituée de citoyens soldats combattants pour leur patrie, apparaît comme l’antithèse des armées barbares désordonnées, composées d’esclaves tributaires du tyran Perse issues des différentes peuplades soumises aux Achéménides. L’absence d’ordre, la démesure, les comportements excessifs deviennent d’ailleurs les caractéristiques des barbares. Incapables de se contrôler et de reconnaître les limites fixées à l’homme, ils perturbent l’équilibre du monde et ne peuvent que susciter la colère des dieux. Exemple de l’hubris barbare, Xerxès en personne qui ordonne d’administrer 300 coups de fouets à la mer, coupable d’avoir détruit un pont fraîchement construit, et de marquer les flots au fer rouge…Autant de comportements incompréhensibles aux yeux des Grecs.
Les contours de l’identité Grecque se sont ainsi précisés dans l’adversité et la résistance commune, et voici 25 siècles, sur ce théâtre unique, face aux barbares, des Européens se découvrirent tels. Cette lutte contre les Perses, à l’origine de cette prise de conscience identitaire, est également la source de couples symboliques qui n’ont cessé de marquer les constructions historiques et politiques à venir : Europe et Asie, civilisation et barbarie.
23:34 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : barbares, grecs, marathon, thermopyles, salamines, perses, thémistocle
20/12/2017
ben voilà
Joyeux Noel à toutes et à tous!
Hop
20:08 | Lien permanent | Commentaires (15)
25/11/2017
Savall
13:48 | Lien permanent | Commentaires (16)
Jappe et la société marchande
13:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/11/2017
cohérence
"(...) L’un des chefs de file du sionisme allemand était alors Joachim Prinz. Dans son livre Wir Juden(« Nous les Juifs »), publié à Berlin en 1934, il prenait parti pour la coopération avec le nazisme :
« Un État fondé sur le principe de la pureté de la nation et de la race ne peut qu’être honoré et respecté par le juif qui déclare son appartenance à son propre peuple. […] Car seul celui qui honore ses origines et son propre sang peut respecter et honorer la volonté nationale des autres nations. [39] »
Prinz a-t-il été ostracisé par la communauté juive après la guerre ? Allons donc ! Il a été élu en 1958 président de l’American Jewish Congress, l’organisation même qui avait lancé le boycott de l’Allemagne nazie. Tout est dialectique !"
20:06 | Lien permanent | Commentaires (7)
19/11/2017
..
23:26 | Lien permanent | Commentaires (9)
15/11/2017
black cube
22:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
#onnousprendpourdesbuses
14:27 | Lien permanent | Commentaires (2)
09/11/2017
hors des villes
Au haut de l'échelle
* Gérard Wajcmann, L'oeil absolu, Denoël, 2010.
23:40 | Lien permanent | Commentaires (13)
15/10/2017
tondeuse
« Nous autres, enfants du quatorzième arrondissement, on peut dire qu’on a été libéré avant tous les autres de la capitale, cela en raison d’une position géographique privilégiée. On n’a même pas de mérite. Les Ricains sont arrivés par la porte d’Orléans, on est allé au-devant d’eux sur la route de la Croix-de-Berny, à côté de chez nous. On était bien content qu’ils arrivent, oui, oui, mais pas tant, remarquez bien, pour que décanillent les ultimes fridolins, que pour mettre fin à l’enthousiasme des « résistants » qui commençaient à avoir le coup de tondeuse un peu facile, lequel pouvait – à mon avis – préfigurer le coup de flingue.
Cette équipe de coiffeurs exaltés me faisait, en vérité, assez peur. La mode avait démarré d’un coup. Plusieurs dames du quartier avaient été tondues le matin même, des personnes plutôt gentilles qu’on connaissait bien, avec qui on bavardait souvent sur le pas de la porte les soirs d’été, et voilà qu’on apprenait – dites-donc – qu’elles avaient couché avec des soldats allemands ! Rien que ça !
On a peine à croire des choses pareilles ! Des mères de famille, des épouses de prisonnier, qui forniquaient avec des boches pour une tablette de chocolat ou un litre de lait. En somme pour de la nourriture, même pas pour le plaisir. Faut vraiment être salopes ! Alors comme ça, pour rire, les patriotes leur peinturluraient des croix gammées sur les seins et leurs rasaient les tifs. Si vous n’étiez pas de leur avis vous aviez intérêt à ne pas trop le faire savoir, sous peine de vous retrouver devant un tribunal populaire comme il en siégeait sous les préaux d’école, qui vous envoyait devant un peloton également populaire. C’est alors qu’il présidait un tribunal de ce genre que l’on a arrêté l’illustre docteur Petiot – en uniforme de capitaine – qui avait, comme l’on sait, passé une soixantaine de personnes à la casserole. Entre parenthèses, puisqu’on parle toubib, je ne connais que deux médecins ayant à proprement parler du génie, mais ni l’un ni l’autre dans la pratique de la médecine : Petiot et Céline. Le premier appartient au panthéon de la criminologie, le second trône sur la plus haute marche de la littérature.
Mais revenons z’au jour de gloire ! Je conserve un souvenir assez particulier de la libération de mon quartier, souvenir lié à une image enténébrante : celle d’une fillette martyrisée le jour même de l’entrée de l’armée Patton dans Paris. Depuis l’aube les blindés s’engouffraient dans la ville. Terrorisé par ce serpent d’acier lui passant au ras des pattes, le lion de Denfert-Rochereau tremblait sur son socle. Édentée, disloquée, le corps bleu, éclaté par endroits, le regard vitrifié dans une expression de cheval fou, la fillette avait été abandonnée en travers d’un tas de cailloux au carrefour du boulevard Edgard-Quinet et de la rue de la Gaité, tout près d’où j’habitais alors. Il n’y avait déjà plus personne autour d’elle, comme sur les places de village quand le cirque est parti. Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons appris, par les commerçants du coin, comment s’était passée la fiesta : un escadron de farouches résistants, frais du jour, à la coque, descendus des maquis de Barbès, avaient surpris un feldwebel caché chez la jeune personne. Ils avaient – natürlich ! – flingué le chleu. Rien à redire. Après quoi ils avaient férocement tatané la gamine avant de la tirer par les cheveux jusqu’à la petite place où ils l’avaient attachée au tronc d’un acacia. C’est là qu’ils l’avaient tuée. Oh ! Pas méchant. Plutôt, voyez-vous, à la rigolade, comme on dégringole des boîtes de conserve à la foire, à ceci près : au lieu des boules de son, ils balançaient des pavés. Quand ils l’ont détachée, elle était morte depuis longtemps déjà aux dires des gens. Après l’avoir balancée sur le tas de cailloux, ils avaient pissé dessus puis s’en étaient allés par les rues pavoisées, sous les ampoules multicolores festonnant les terrasses où s’agitaient des petits drapeaux et où les accordéons apprivoisaient les airs nouveaux de Glen Miller. C’était le début de la fête. Je l’avais imaginée un peu autrement.
Après ça je suis rentré chez moi, pour suivre à la T.S.F la suite du feuilleton. Ainsi, devais-je apprendre, entre autres choses gaies, que les forces françaises de l’intérieur avaient à elles seules mis l’armée allemande en déroute. Le Général De Gaulle devait, par la suite, accréditer ce fait d’armes. On ne l’en remerciera jamais assez. La France venait de passer de la défaite à la victoire, sans passer par la guerre. C’était génial. »
Michel Audiard, Le Figaro-Magazine, 21 juillet 1984. Rivarol 08/09.
http://esprit-europeen.fr/lectures_ldv.html
10:01 | Lien permanent | Commentaires (13)