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30/10/2008

The kind that drives you to drink...pity!


(la sublissime marie-josée Croze in Munich)

29/10/2008

Bordel, bulle idéologique et obscurantisme moderne

« Quand Fillmore revint avec sa négresse, elle avait les yeux de braise. Je compris à la Noemie Lenoir 18.jpgfaçon dont Fillmore la regardait qu’elle avait dû en mettre un sacré coup, et je commençais à me sentir en appétit moi aussi. Fillmore dût se rendre compte de mes sentiments, et quelle épreuve ce devait être pour un homme de rester la, rien qu’à regarder tout le temps, car brusquement il tira un billet de cent francs de sa poche et, le faisant claquer sur la table, il dit : « Ecoute, vieux, tu as probablement plus besoin de tirer un coup que nous tous. Prends ça et choisis celle que tu veux ! » Je ne sais pourquoi ce geste me le rendit plus cher que tout ce qu’il avait jamais pu faire pour moi, et il avait fait beaucoup ! J’acceptais l’argent dans l’esprit ou il m’était donné, et je fis promptement signe à la négresse de se préparer pour une autre passe. Cela mit la princesse encore plus en rage que n’importe quoi, sembla-t-il. Elle voulait savoir s’il n’y avait personne dans ce bordel d’assez bon pour nous, hormis la négresse ! Je lui répondis brutalement : « Non » Et c’était vrai –la négresse était la reine du harem. Il suffisait de la regarder pour se mettre à bander. Ses yeux semblaient nager dans le sperme. Elle était saoule de toutes les demandes qu’on lui faisait. Elle ne pouvait plus se tenir droite, du moins me le semblait-il. En montant l’étroit petit escalier tournant derrière elle, je ne pus résister à la tentation de lui glisser ma main entre les jambes : et ainsi, nous continuâmes à monter, elle se retournant pour me regarder avec un sourire joyeux, et tortillant un peu le cul lorsque cela la chatouillait trop fort. »

 

H Miller, Tropique du cancer, 1934.



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« Cette bulle idéologique, la religion du marché tout puissant, a de grandes ressemblances avec ce que fût l’idéologie du communisme (…). Le rouleau compresseur idéologique libéral a tout balayé sur son passage. Un grand nombre de chefs d’entreprise, d’universitaires, d’éditorialistes, de responsables politiques ne juraient plus que par le souverain marché. » Les Echos, Paris, 7 octobre 2008.

Si même l’illustre éditorialiste des Echos, le sieur Favilla, nous le dit…Amen.

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Suis souvent surpris par le grand écart idéologique que font les plus fervents promoteurs des théories pédagogistes et novatrices au sein de l’Education Nationale –nos amis du désastre scolaire que Brighelli dans son blog épingle si bien, en patient entomologiste du monde scolaire

qu’il est. Il y a peu j’avais écrit –gerbé plutôt- ce que m’inspirait cet éloge absurde du film Entre les murs de l’idéologue invertébré Bégaudeau. Camille, du gang 5YL, a écrit un post qu’il faut lire également, pour entrevoir l’étendue du désastre.

Je dis grand écart idéologique car, sur le fond, il me semble que la plupart des bonnes consciences progressistes –de gauche comme de droite- ne voient pas la contradiction fondamentale qu’il y a à vomir quotidiennement le libéralisme économique d’un côté tout en adoubant, de l’autre, des théories éducatives et des principes anthropologiques qui ressortent directement de l’individualisme le plus libéral.

Je m’explique. Le contraste entre les moyens énormes mis au service de l’institution scolaire et les résultats dramatiques de la même institution montent assez bien à quel point –et contrairement à la rhétorique pavlovienne des syndicats d’enseignants sur le manque de postes et de moyens- il s’agit plus d’une crise civilisationnelle que d’une simple histoire de budget.

Au sens ou si l’école a changé, en mal, sous les coups des Lang, Meirieu, Langevin, Wallon et autres Bourdieu, adeptes de l’élitisme pour tous et de la massification de la culture, la société aussi.

La famille moyenne qui envoyait ses gamins les yeux fermés à l’école publique du quartier dans les années 50 ou 60 pour y acquérir, non pas une éducation qui était assurée par les parents, mais une instruction, n’est plus la famille d’aujourd’hui qui se décharge largement de son rôle éducatif sur l’institution qui, parallèlement, est de moins en moins à même d’assurer son devoir d’instruction.

Quels parents envoient aujourd’hui les yeux fermés leurs gamins à l’école du quartier ? Une minorité sans doute par aveuglement ou culte du métissage social…La majorité des parents n’ont plus confiance dans l’institution. Perte de légitimité et contestation du bien fondé de principes éducatifs impersonnels qui, jusqu’alors, paraissaient évidents à presque tous. Remise en cause du contenu et des méthodes. Pourquoi apprendre ? Quels savoirs ? Pour qui ? Les mêmes pour tous ? Ne faut il pas individualiser l’enseignement, mettre l’enfant au cœur du système ? L’aider à construire lui-même son savoir ? Respecter ses droits ? Rendre le savoir attractif ? Aller vers l’enfant ? Cesser de demander aux enfants de faire l’effort d’acquérir ce savoir ?

A bien considérer les choses, ce primat de l’individu –de l’élève- par rapport à la communauté, cette survalorisation de droits individuels ( apprendre, à construire son savoir, à bénéficier d’un enseignement individualisé et attractif, récusation de l’autorité, etc.) au détriment des devoirs de l'enfant (respect de l’autorité, de la figure du professeur, du savoir, humilité et reconnaissance devant ce travail d’individuation et de civilisation nécessaire voulu et organisé par la communauté), cette auto régulation des comportements (qui rappelle l'auto-régulation des marchés, la célèbre main invisible d'Adam Smith), ne sont que les manifestations les plus évidentes de cet individualisme libéral qui est aujourd’hui le credo de nos sociétés occidentales. Pour le meilleur, comme pour le pire.

Au delà de cette contradiction –féconde pour ceux qui veulent bien s’y arrêter- entre la lecture d’Alternatives économiques et le devoir de vigilance citoyen à l’égard des droits de l’élève dans l’institution scolaire, tout cela me semble traduire une confusion générale sur la nature de l’école et sur les rapports entre l’individu –enfant- et la société en tant que communauté.

Christopher Lasch dans les années soixante dix, se posant la question de la compatibilité d’une éducation de masse et du maintien d’un enseignement de qualité, avait démystifié ce chaos moderne en montrant la convergence de vue entre conservateurs partisans d’un enseignement élitiste et jugeant préjudiciable au maintien d’une excellence scolaire l’ouverture de l’école au plus grand nombre et radicaux qui justifient l’abaissement du niveau d’enseignement au nom de l’émancipation culturelle des opprimés.

Pour autant, Lasch faisait le constat d’un abaissement du niveau éducatif dans les lieux mêmes d’excellence (Yale, Princeton, Harvard), assez réfractaires par nature, au dogmes égalitaristes. Et faisait l’hypothèse que cette évolution inquiétante était propre aux sociétés industrielles avancées, celle-ci n’ayant plus nécessairement besoin d’individus brillants autonomes et critiques, mais plutôt de sujets moyens, relativement abrutis, capables d’effectuer un travail moyennement qualifié et de se comporter en bons consommateurs…Connivence des acteurs économiques et politiques pour laisser filer l’enseignement de la littérature, de l’histoire, des sciences politiques et da philosophie, peu nécessaires à l’accomplissement consumériste et festif de l’homme moderne.

Avec pour résultat que l’éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, avait fini par abrutir les privilégiés eux mêmes. On retrouve ce type d’analyse chez Renaud Camus lorsqu’il parle de la prolétarisation des classes moyennes et du corps professoral.

Ainsi, contrairement à l’esprit de l’institution qui était de former des citoyens éclairés capables de se diriger eux-mêmes, il semble que le système ne soit plus capable –hors quelques filières d’excellence soigneusement épargnées à dessein- que de produire des générations d’abrutis incultes et pour beaucoup analphabètes, tout juste aptes à obéir servilement aux campagnes promotionnelles, à opiner aux sommations d'une expertocratie auto proclamée et omni présente, et à célébrer comme il se doit l’avènement de cette société du Spectacle de masse dont parlait Debord.

Pourquoi, en effet, dans la perspective utilitariste d’efficacité et de rendement ou de retour sur investissement de nos modernes élites, perdre du temps et de l’argent à enseigner l’histoire ou la littérature à des individus massivement destinés à des emplois peu qualifiés et peu exigeants intellectuellement ? Pourquoi former de bons citoyens éclairés et autonomes lorsque des abrutis grégaires et festifs feront tourner la machine aussi bien –sinon mieux- et ferons de bons consommateurs ?

Et à cette prolétarisation globale des sociétés industrielles, la bureaucratie éducative progressiste à front de taureau répond en produisant à jet continu de nouveaux programmes scolaires (ou cycles) revus à la baisse, peu exigeants, axés sur la socialisation des enfants, les activités transversales ou extra scolaires destinées, non plus à les instruire, mais à les occuper.

Allez, stop.

22/10/2008

Memel

stalingrad7.jpgDans un post récent j’évoquais l’enfer du front russe et Guy Sajer. Sajer, jeune alsacien engagé à 17 ans dans la Wehrmacht va connaître toute la campagne de Russie, de Koursk à Kharkov, la bataille de Bielgorod, le passage du Dniepr, la retraite des derniers survivants de la Gross Deutschland à travers la Roumanie et les Carpates jusqu’au bord de la Baltique à Memel ou l’horreur atteint son comble.

Un récit hallucinant, une retraite homérique de jour comme de nuit, dans la boue, la neige, par -40°, sous le martèlement terrifiant de l’artillerie russe et le rouleau compresseur des vagues d’assaut inépuisables des soldats de l’armée rouge.

Il y a peu de temps j’ai relu en parallèle ce témoignage extraordinaire de Sajer et les carnets de guerre de Vassili Grossman, journaliste russe et correspondant de guerre pour Krasnaïa Zvezda (L’Étoile rouge) qui décrit la même guerre du côté soviétique, les mêmes batailles, la même souffrance, les mêmes hommes qui combattent et meurent parce que c’est la guerre et qu’ils n’ont pas le choix.

Rien de plus tragique ni de plus édifiant.

« Toujours il est en lui beaucoup de la bête, sommeillante sur les tapis confortables et bien tissés d'une civilisation lisse, dégrossie, dont les rouages s'engrènent sans heurts, drapée dans l'habitude et les formes plaisantes; mais la sinusoïde de la vie fait-elle brusquement retour à la ligne rouge du primitif, alors les masques tombent : nu comme il l'a toujours été, le voilà qui surgit, l'homme premier, l'homme des cavernes, totalement effréné dans le déchaînement des instincts. »

« L’essentiel n’est pas ce pour quoi nous nous battons, c’est la façon dont nous nous battons

(La guerre comme expérience intérieure - Ernst Jünger)

(…) Nous voici à Memel, nous les rescapés d’un moment ; Nous y sommes parvenus avec des camions tirés à bras d’hommes, avec des tanks locomotives qui tiraient derrière eux un convoi dont on les aurait crus incapables. Nous sommes parvenus au fond des choses. Tout ce qui possède encore un semblant de vie mécanique ou humaine, avance encore, oubliant ses plaies, bénissant le ciel de ce sursis de misère. Les bombardements ne ralentissent que ceux qui meurent d’une façon définitive. Les morts d’angoisse continuent à avancer, le regard flamboyant, parmi ceux qui s’écroulent et qui jalonnent la piste.

Memel vit encore sous ses flammes, sous son ciel opaque de fumée, sous ses ruines. Memel vit sous le vrillement des chasseurs bombardiers russes, sous celui de l’artillerie lourde, sous l’épouvante et la neige qui voltige.

Mais, une fois de plus, le vocabulaire est de peu d’aide pour exprimer ce que mes yeux ont pu voir. J’ai l’impression, finalement, que tout ce jeu de syllabes a été mis au point pour décrire des choses futiles. Une fois de plus, rien parmi les mots ne peut exprimer la fin de la guerre en Prusse. J’ai connu l’exode en France devant les troupes Allemandes auxquelles j’ai été incorporé ensuite, j’ai vu les mamans réclamer du lait dans des fermes paisibles, j’ai vu des chariots renversés, j’ai même été une fois mitraillé aux alentours de Montargis. Mais je ne garde de ceci qu’une toute petite inquiétude assez grisante, un peu comme d’un voyage qui n’a pas été tout seul. Et puis il faisait beau. Ici il fait froid, il neige et tout alentour est détruit. Les réfugiés meurent par milliers sans que quiconque puisse leur venir en aide. Les Russes, lorsqu’ils ne sont pas occupés par un contact avec nos troupes, poussent devant eux une marée de civils. Ils tirent au canon et foncent avec leurs chars parmi la masse épouvantée et pétrifiée. Ceux qui auront un peu d’imagination essaieront de brosser un tableau de ce que je tente d’expliquer. Jamais cruauté ne fut si pleinement atteinte, jamais le terme horreur ne parviendra à signifier ici ce qu’il veut dire.

Oui, nous sommes dans l’impasse de Memel. Dans ce demi cercle d’environ vingt kilomètres de diamètre, adossé à la Baltique dont la houle grise et froide roule sous le brouillard impénétrable. Dans ce demi cercle se rétrécissant sans cesse, qui tiendra on ne sait par quel miracle une grande partie de l’hiver. Dans ce demi cercle, harcelé par les bombardements continus et par les attaques permanentes venant des lignes Russes qui grossissent progressivement au fur et à mesure que les nôtres diminuent. Parmi des milliers et des milliers de réfugiés, dont la désolation ne pourrait être mentionnée par aucun commentaire suffisant, et qui attendent d’être évacués par la voie des mers avant que les troupes ne le soient vers la mi-décembre.

Memel en ruine ne peut ni abriter ni contenir cette importante partie de la population Prussienne qui s’est réfugiée dans son enceinte. Cette population à laquelle nous ne pouvons apporter que des secours virtuels, paralyse nos mouvements, endigue notre système de défense déjà si précaire. Dans le demi cercle de défense, vibrant du tonnerre des explosions qui couvrent les cris de toutes sortes, troupes anciennement d’élites, unités du Volkssturm, mutilés réengagés dans les services d’organisation de défense, , femmes, enfants, nourrissons et malades sont crucifiés sur la terre qui gèle, sous un toit de brouillard qu’illuminent les lueurs des incendies, sous le blizzard qui frôle d’une caresse froide l’avant dernier acte de la guerre. Les rations de nourriture sont si maigres que ce qui est occasionnellement distribué en une journée pour cinq personnes ne suffirait plus aujourd’hui à la collation d’un écolier. Des appels à l’ordre et aux restrictions sont sans cesse diffusés à travers la brume qui masque en partie le drame. De nuit comme de jour, des embarcations de toutes sortes quittent Memel avec un chargement maximum de monde. De nuit et surtout de jour, l’aviation soviétique les harcèle. Les énormes files de réfugiés, que l’on essaie vainement de recenser et qui s’avancent vers les pontons d’embarquement, offrent des cibles immanquables aux pilotes moujiks. Les impacts ouvrent des espaces épouvantables parmi la foule hurlante qui plie et meurt sous les coups, mais demeure sur place avec l’espoir féroce d’embarquer prochainement. On encourage à la patience, on invoque une fois encore le problème des super restrictions. En fait on propose à ces gens martyrisée de jeûner, en attendant la délivrance. Le drame est si grand que l’héroïsme devient banalité. Des vieillards se suicident, des femmes également, des mères de famille abandonnent leurs enfants à une autre mère en la priant de faire bénéficier son enfant de la ration qui lui aurait été accordée. Une arme ramassée prés d’un soldat tué fera l’affaire. L’héroïsme se mêle au désespoir. On encourage les gens en leur parlant de demain, mais ici tout perd de son importance.

Et les martyres assistent bien souvent au suicide de leurs semblables sans presque intervenir. Certains, dans un accès de démence qui atteint je ne sais quel stade, vont se tuer sur les silos de morts qu’une aide civile regroupe par endroits. Peut-être pour faciliter la tâche de cette entraide. La capitulation, quelle qu’elle soit, mettrait un terme à cette effroyable panique. Mais le russe a inspiré une telle terreur, manifesté une telle cruauté que l’idée n’effleure plus personne. Il faut tenir, tenir, coûte que coûte, puisque nous serons finalement évacués par la mer. Il faut tenir ou mourir. (…)

Le soldat oublié, Guy Sajer.

19/10/2008

Miller

Relu Tropic of Cancer d’Henry Miller.

" ...
J'habite Villa Borghèse. Il n'y a pas une miette de saleté nulle part, ni une chaise déplacée. Nous y sommes tout seuls, et nous sommes morts. ..."

C'est par ce paragraphe foudroyant que débute "Tropique du Cancer", l'un des livres qui, en son temps, choqua sans doute le plus les puritains de tout poil, notamment aux Etats-Unis où la censure l'interdit carrément pour ne lever son veto que bien tardivement après guerre - dans les années soixante, il me semble.

L'auteur était pourtant américain. Mais il est vrai que, dans ce "Tropique" qui fut, je crois, son premier ouvrage "achevé", Henry Miller n'hésite pas à traiter les New-yorkais se promenant sur la 42ème rue d' oies aveugles avant d'assener, à la fin du chapitre X :

" ... Il vaut mieux garder l'Amérique ainsi, toujours à l'arrière-plan, une sorte de gravure carte postale, que l'on regarde dans ses moments de faiblesse. Comme ça, on imagine qu'elle est toujours là, à vous attendre, inchangée, intacte, vaste espace patriotique avec des vaches, des moutons et des hommes au coeur tendre, prêts à enculer tout ce qui se présente, homme, femme ou bête ! Ca n'existe pas, l'Amérique ! C'est un nom qu'on donne à une idée abstraite ..."

hmiller.jpgAu-delà de certaines lignes d'une rare amertume, Tropique du Cancer, c'est avant tout un livre généreux (décidément je n’aime pas ce qualificatif, mais il s’accorde particulièrement bien à la nature de Miller), enthousiaste, féroce et impitoyable certes mais que parcourt sans cesse le rire immense et chaleureux de son auteur.

L'humour de Miller est noir - plus que noir souvent - mais il tient bon et s'entête à faire des pieds de nez à la vie et à ses absurdités, qu'il s'agisse de la faim, de la misère, de l'angoisse du lendemain, de celle d'écrire, des humiliations, de la vie de pique-assiette que l'auteur mènera longtemps –en Amérique et en Europe- en pleine connaissance de cause pour rester libre, de la maladie, de la Mort elle-même.

Le style est superbe, un mélange de sauvagerie et de rigueur, de tendresse et de truculence, le tout saupoudré d'une incroyable poésie qui passe fort bien l'épreuve de la traduction. Miller est de ces écrivains qui, comme le Céline du Voyage au bout de la nuit, écrivent en apparence au coup de poing mais pour qui l'écriture est à la fois un démon, une perfection et une longue mais voluptueuse souffrance. Sans doute l'un des plus européens parmi les Américains - avec James mais sur un autre registre.

18/10/2008

Dans la jungle, bobos et chevrotines

Renaud n'assume pas sa biographie

Contrairement aux engagements fermes qu'il avait pris auprès de l'éditeur, le chanteur ne participe à aucune des émissions qui étaient programmées pour la sortie de «Renaud», biographie écrite par l'écrivain Christian Laborde et sortie chez Flammarion en septembre. Renaud, dit-on, serait mal à l'aise avec ce récit qui revient sur les vies de son grand-père maternel, membre du PPF de Doriot, et de son père, qui travaillait pendant la guerre à Radio-Paris. La famille n'apprécie pas ce retour sur le passé. Membre du comité pour la libération d'Ingrid Betancourt, pour qui il a composé une chanson - «Dans la jungle» -, l'artiste a été étrangement absent lors des réceptions entourant l'arrivée de l'ex-otage franco-colombienne en France. (Source)

Tu m’étonnes, un grand-père fasciste –horresco referens- et un père collaborateur…de quoi fendiller le récit hagiographique de bobo premier, pour nos amis modernes, adeptes du principe de culpabilité héréditaire et collective.

Une famille fasciste, sans déconner ! On ne le verra plus chez Drucker ce pauvre biquet.

Mais que fait le Miniver ? Le commissariat aux archives ? Winston, bordel, au boulot ! Une loi Gayssot II pour encadrer strictement les recherches sur les familles du camp du Bien et de la morale universelle !

Il est con Renaud, un parti de révolutionnaires communistes et nationalistes anti parlementaires de tous poils qui ne versent dans l’anti sémitisme que tardivement et dont certains, comme leur chef, vont même jusqu’à combattre la gangrène bolchevique sur le front Russe, jusqu’à Memel, y a pas de quoi fouetter un chat…Guy Sajer nous a fait vibrer avec ça. Et ça avait quand même une autre gueule que la fra-ter-ni-té de la pintade du Poitou. Il y avait une espérance révolutionnaire, une envie de transformer le monde, un idéal, certes condamné par l’histoire, mais authentique, sincère…des hommes de conviction, dirait-on aujourd’hui…

Otage de l’histoire de sa famille, l’enfer mémoriel.

Requiem pour un bobo.

 

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17/10/2008

Conchia fait yeah!




16/10/2008

Do you feel lucky razzy? (make my day son of a bitch)

 

"En effet, même si la France a eu pendant des années une politique coloniale en Tunisie, même si les Français d'origine tunisienne, et plus largement les Maghrébins ou les Français d'origine maghrébine (...), sont trop souvent victimes de discrimination et de harcèlement policier (...) il n'en demeure pas moins que la République, en dépit de ses promesses non tenues, n'est pas à humilier en sifflant son hymne", écrit M. Razzy Hammadi, secrétaire national du PS et tartufe d'or 2008.

 

contre la fièvre des enculés, une solution: iggy. so cool (level up)

allez, un suppo et au lit

 

15/10/2008

Dialogue des cultures au stade de France


14/10/2008

Tous les matins du monde sont sans retour

rachelpapo1aj3.jpg

Il y a quelques jours, j’ai revu en rêve le visage et le regard d’une fille que je n'ai vu qu'une seule fois dans ma vie il y a prés de quinze ans. Je traversais le Canada d’est en ouest et, un soir, je m’étais arrêté à Drumheller, petit village perdu de l’Alberta dans l’Ouest Canadien. Sorte de bar, bistrot local tapissé de pancartes lumineuses à la gloire de Coors light ou Budweiser, fermiers édentés en chemises à carreaux, table de billard, musique country, etc. Niéme tournée de bière avec la jeune amazone qui m’accompagnait à l’époque. En payant au comptoir, résistance anormale de la serveuse qui, une bière dans chaque main, me lança un bref regard appuyé. Sous son index droit un petit papier plié en quatre avec son numéro. Que je n’ai pas utilisé. Ce regard et ce visage, comme si c’était hier. Je crois que je vis pour ce genre de moment.

*

Le regard fixe et bleu de mon grand-père hémiplégique et aphasique, quelques jours avant sa mort. Un concentré de désespoir muet, lorsqu’il portait les yeux sur les photos et les aquarelles de sa ferme sur les murs autour de lui. Le même regard immobile et éloquent. Celui-là ne me quitte jamais.

*

Le regard de cette jeune soldate de Tsahal. Conscience politique ou pas, bon côté ou pas, là n’est pas la question. L’important est dans la vertu guerrière qu’illustre cette jeune soldate. Cette vertu dont parlait Clausewitz, mélange de courage physique et moral, d’endurcissement, d’enthousiasme, de discipline, d’esprit de corps, d’expertise dans le combat, d’acceptation du sacrifice pour une cause supérieure, pour les siens, pour l'honneur, pour son pays.

Combien d’hommes ou de femmes en Occident possèdent-ils encore cette vertu guerrière ?

A méditer en ces temps de reniement et de veulerie.

 

13/10/2008

Tu ne te permets juste rien du tout, tu vas d'abord me soigner cette mauvaise peau


Socialistes et communistes

 

orwell-son1.jpg« On a parfois l’impression que les simples mots de socialisme ou communisme ont en eux une vertu magnétique qui attire irrésistiblement tous les buveurs de jus de fruits, nudistes, porteurs de sandales, obsédés sexuels, Quakers, adeptes de la vie saine, pacifistes et féministes que compte l’Angleterre. Cet été, alors que je me déplaçais dans la région de Letchworth, je vis monter dans mon autocar deux vieillards à l’air épouvantable. Ils avaient tous les deux la soixantaine, tout petit, roses, grassouillets, et allaient tête nue. L’un arborait une calvitie obscène, l’autre avait de longs cheveux gris coiffés à la Lloyd George. Ils portaient tous deux une chemise de couleur pistache et un short kaki moulant si étroitement leurs énormes fesses qu’on discernait chaque repli de la peau. Leur apparition dans l’autocar provoqua une sorte de malaise horrifié parmi les passagers. Mon voisin immédiat, le type même du voyageur de commerce, coula un regard vers moi, détailla les deux phénomènes, se tourna à nouveau vers moi et murmura « des socialistes », du ton dont il aurait dit par exemple : « des Peaux-Rouges ». Il avait sans doute deviné juste – le parti travailliste indépendant tenait son école d’été à Letchworth. Mais l’important est que, pour ce brave homme, excentrique était synonyme de socialiste, et réciproquement. »

 

Georges Orwell, Le quai de Wigan, p.196-197.

12/10/2008

Silvia's forty party


11/10/2008

Subversion

 

a_tchao_pantin.jpgLa subversion, de nos jours, est devenue mainstream.

Elle a été digérée par les pubards et les marketeux; n'importe quel puceau a dans son i-pod toute la discographie underground introuvable de ces 30 dernières années; le rock est enregistré au kilomètre (comme la techno en son temps, ce qui en sonna le glas); Agyness Deyn est portée au pinacle par tous les tendanceurs simplement à cause de son allure de punkette (alors qu'Agnès Soral avait la même dégaine dans tchao pantin, mais qu'à l'époque elle n'a pas fait la couverture de Elle). Je vous passe le couplet sur le Bling-bling (marre de cette expression de merde).

Même une certaine presse estampillée subversive ne cesse de s'interroger sur "les branchés": qui sont-ils, t'en fait partie ou pas, je me laisse pousser la moustache ou pas, finalement c'est mieux les bars-pmu pourris, même Jack Lang y va et là au moins toutes les bombes ne sont pas aux tables des mafieux russes et des fils de riches libanais, en plus au Baron le physio est con...

Allez un Xanax et au lit.

Jo

08/10/2008

Dans le mur ou l'enseignement de l'ignorance

Comprends pas cet enthousiasme laudateur invraisemblable autour de ce film documentaire « Entre les murs » du footeux pédagogue enflé Bégaudeau…

Ce film n’est pourtant que le constat du naufrage de l’EN.

C’est le silence des défaites qui aurait du se faire après la sortie de cet œuvre à charge.

Notamment dans le camp progressiste Bourdivin grand pourfendeur de la violence symbolique de l’enseignement frontal, de la transmission verticale du savoir et de l’autorité à l’école. Un constat d’échec, ni plus ni moins. Et c’est terrible. Une des dernières scènes du film met en scène une gamine de quatrième en pleurs qui avoue n’avoir rien appris durant son année scolaire. Là est la réalité, la seule. Le reste n’est que spectacle, fausse compassion d’adultes complaisants et incapables d’apprendre quoi que ce soit à des gamins intelligents et conscients de ne pas recevoir ce à quoi ils ont droit, délires pédagogistes à la Mérieu, dont il n’est pas question de nier la sincérité de l’engagement.

Mais tous ces modernes pédagogues constructo-déconstructivistes, adeptes de Bourdieu et de Freinet, se sont plantés et ont devant eux le champ de ruines éducatif promis au plus grand nombre de gamins, lorsqu’ils ne sont pas fils de profs et/ou fils de bourgeois éclairés.

Or, mis à part quelques réserves prudentes et attendues de SOS éducation, Brighelli et autres Michéa, le camp du Bien (Libémonde, Télérama, inrockuptibles, etc.) montre une joie manifeste à célébrer le visage de cette catastrophe…Dont la palme d’or à Cannes est la meilleure illustration. Si encore cette « récompense » était le prélude à une autocritique et une remise en cause de la doxa éducative actuelle faite d’égalitarisme, d’antiracisme, de vivre ensemble, de démagogie à faire vomir une blatte et de faux semblants éducationnels, de renoncement coupable, de nivellement par le bas, de prolétarisation des gamins et des professeurs…

Mais non, c’est un « grand film », une « œuvre sincère et attachante », un « pied de nez aux thuriféraires de l’école de Jules Ferry », etc, etc, etc, ad lib.

Finalement la seule question qui vaille est : pourquoi tous ces gens sincèrement préoccupés par l’éducation de leurs enfants et qui sont conscients de ce désastre, se font – au travers de la destruction méthodique de l’école- les plus fidèles serviteurs de cette société du spectacle et de la marchandise pour laquelle des enfants instruits et cultivés sont une menace évidente ?

 

06/10/2008

gentlemen: Dekkers vs Pralomran



Effroi

 

Munch_93.jpgJ’aime bien mon coiffeur. Vieux crabe à l’œil vif, ancien légionnaire tatoué comme il faut –on dirait Ivane- qui a toujours une histoire de bat d’af ou de raid nocturne sur la RC4 ou dans les Aurès...Outre le fait d’être particulièrement politiquement incorrect en ces temps de grégarisme festif et métissophile, il a toujours quelques calendriers de filles à gros seins qui font la joie de tous autour de moi.

Mais la littérature de salons de coiffure réserve parfois des surprises, comme cette info trouvée dans Marie France (!) que je vous livre :

 

Carlsbad, Nouveau Mexique (USA). A 600 mètres sous la surface de la terre, une ancienne mine de sel héberge un site de déchets atomiques. Le sarcophage, garanti 10000 ans, sera saturé et fermé en 2033. Mais comment avertir le terrien de 12033 des dangers du sous-sol ? Comment parler aux générations futures, quand les langages que nous connaissons aujourd’hui auront probablement disparu ? Les chercheurs de l’équipe inter disciplinaire du Waste Isolation Plant Project, en charge de cette archéologie inversée, ont trouvé une solution. Le site de Carlsbad sera constellé de monolithes gravés d’un symbole universel de la terreur : « Le cri » d’Edvard Munch, datant de 1893.

 

Choix judicieux. Ce tableau m’a toujours glacé. Toutes les lignes du tableau semblent converger vers un seul point : la bouche ouverte dans un cri. Comme si le peintre Norvégien voulait exprimer la transformation de toutes nos sensations sous l’influence d’une émotion soudaine. On dirait que le paysage lui-même prend part à l’émotion et à l’angoisse exprimée par le visage tout convulsé comme un croquis de caricaturiste. Les yeux écarquillés, le menton creux font penser à une tête de mort. L’impression de terreur prend toute sa force du fait que la cause en demeure mystérieuse.

 

 

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"Le 20 février, le grand groupe bancaire et d'assurance belgo-néerlandais Fortis faisait beaucoup parler de lui en annonçant qu'il n'offrirait plus une tirelire en forme de cochon aux enfants bénéficiaires d'un compte "Eurokids" car, expliquait un porte parole, cette tirelire porcine "ne satisfait pas aux exigences que la société multiculturelle nous impose." Rivarol du 3/10/08. (oui, j'ai de bonnes lectures...)

Oh! Oh! Oh! Ce qu'il y a de bien, avec les marchands et les banquiers, c'est qu'ils sont un des meilleurs baromètres de l'époque. N'allez pas chercher je ne sais quel renoncement identitaire ou culturel, ces gens n'ont pas de culture ou d'identité propre; c'est juste que les petits cochons, c'est pas trendy, coco! Faut s'adapter dans

le bizness et si ça marche pas, on ira ailleurs, le client est roi, biquet. Ce sera donc un chameau tirelire ou je ne sais quel animal consensuel et vivrensemblesque genre lemming (ceux qui se jettent en masse du haut de la falaise..), histoire de ne pas risquer de perdre ces "newEurokids" cochonophobes, un segment de marché particulièrement prometteur.

02/10/2008

Misère

Mr B. est mort. Brutalement. J’aimais bien Mr B. Je le suivais depuis des années pour une cardiopathie sévère. Mr B, qui n’avait pas d’enfants avait une hantise : mourir avant sa femme. La femme de Mr B., nonagénaire également, est atteinte d’une forme de démence et était progressivement devenue dépendante de son mari et des différentes aides que nous avions pu mettre en place (aide ménagère, kiné, infirmière, etc..). Mais Mr B. anticipait et redoutait par-dessus tout que sa femme se retrouve seule, sans lui, après sa mort. C’est fait, Mr B. est mort le premier, son épouse a du être placée en urgence dans un foyer adapté, c’est-à-dire couches, déambulateur, bouffe communautaire, après-midi festif avec quelques intermittents déguisés en clowns. Dépendance absolue. Misère.

Un dimanche matin, jeune externe au CHU, petit-déj croissants, ragots, outrance habituelle et heureuse avec des gens avec lesquels j’aimais travailler. Bruits de freinage en urgence puis de tôle froissée, appels au secours devant l’entrée des urgences : une 330 break pliée, un homme en sang et en pleurs qui s’extirpe de l’habitacle puis ouvre la portière arrière. Sur le plancher, un jeune garçon dans une mare de sang, inerte. Accident de chasse à quelques kilomètres de l’hôpital, coup de fusil dans le creux axillaire. Le gamin était mort pendant les quelques minutes du parcours, saigné à blanc. Deux heures de réanimation, de massage cardiaque, de défibrillation, de voies centrales, de transfusions, de solutés de remplissages, puis stop. J’ai toujours l’image de ce gamin, nu, étendu, exsangue. Une mort violente, indue, de plus. Le pire n’est pas là. Le pire c’est le visage du père et du petit frère dans la salle d’attente. Ils savent déjà.

Une de mes premières gardes de réanimation dans un petit hôpital périphérique. Un vieil homme en œdème pulmonaire sévère, sorti quelques jours plutôt de réanimation ou il avait été intubé et ventilé pour la même raison. Faut-il refaire tout ça. Pour moi, non. J’appelle son fils, anesthésiste, qui me rejoint prés de son père encore conscient. Il n'a rien dit, a gardé la main de son père dans la sienne, les larmes aux yeux. On peut apprendre beaucoup en une nuit.

Mme S. a trente cinq ans, deux petites filles de cinq et trois ans, un mari officier dans la marine et un cancer du sein métastasé avec une extension au péricarde, d’où sa présence dans le service de cardiologie ou je travaillais à l’hôpital des armées à Toulon. Mme S est condamnée à court terme, elle le sait. Son mari aussi. Tous les matins, visite avec le chef de service, infirmières, etc...Paroles rassurantes, apaisantes, protocole d’examens complémentaires fondamentalement inutiles, demi mensonges, demi vérités. Représentation ordinaire. On s’y fait assez bien, c’est le boulot. Par contre, le regard du mari et des deux petites filles dans le couloir, on ne s’y fait jamais. Il sait que sa femme va mourir, il fait front pour ne pas pleurer devant ses filles et sa femme peut-être. Nous aussi.

Il y a des matins comme ça.

 

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A lire, avant de gémir "on savait pas, gna gna": ici et ici

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podcastDédié à Face International: gustavo