Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/09/2008

Jo's back about kraut rock

Kraut français = Choucroute garnie ?

 

J’ai un problème avec le krautrock français.

Le krautrock, apparu dans les 70’s, fut initié par des groupes allemands, ce qui lui vaut cette charmante appellation kraut (choucroute).

Can, pour ne citer qu’eux, produisent alors une musique incroyable, capable, sur la base du psychédélisme en vogue, de transcender la rencontre de l’art et la technologie.

On y découvre des polyrythmies issue du jazz s’accouplant avec des parties vocales arty, des interludes ambiant, des orages rock. Le résultat est inédit, transcendantal.

Un espoir  les animait en ce début des années de plomb: la science et la technologie devaient servir l’homme ; Le progrès devait être synonyme d’émancipation spirituelle, les contingences matérielles s’annulant, à la manière d’un Nirvana 2.0.

La science, nouvelle transcendance enfantée par l’homme, commençait à ce moment précis son travaille de sape qui devait contribuer à l’affaiblissement de la religion, avec les conséquences psychosociales perçues à l’heure actuelle. Mais ces groupes l’ignoraient. Et leur musique était une pytie venue transmettre ce qu’aurait du être le 20ième siècle.

L’avènement du Net, s’il est progrès majeur dans l’histoire de la technologie, n’a pas fait que nous ouvrir sur le monde et sa complexité: être connecté, avoir une identité numérique est déjà quasi-indispensable au point que la sphère intime elle-même se numérise (chats, rencontres, face book, myspace, et….blogs). Qui a dit aliénation ?

La musique en free-access se résume à une donnée transférable, catalogable, stockable, compressible et formatable.

La somme des données musicales disponible est telle qu’elle n’est plus parcourue qu’en mode shuffle, un peu comme un livre lu en diagonale et dont on ne chercherait qu’à connaître la fin.

Résultat : Les groupes de krautrock français (mis à part NLF3), sortent une musique immédiatement reconnaissable ; mais alors que le son de l’époque est fidèlement reproduit, on est frappé par une sorte de vide, comme s’il manquait quelque chose…

Ces enfants du libéralisme, décomplexés, capables de jouir sans limite, ont perdu toute transcendance.

Curieuse coïncidence : Le premier album de Turzi, figure emblématique de ce « renouveau » du kraut à béret, s’intitule « Made under autority » ;

Son dernier album, si justement intitulé « A » (-privatif ?), tente une relecture du Notre Père. Pour un résultat malheureusement quasi-risible. Ou comment, de manière inconsciente, réclamer l’autorité, les limites, la transcendance.


C’est bien de fumer des pétards devant son laptop, les mecs, mais ça fait pas tout.

PS : écouter en priorité l’album « Tagomago » de Can.

Jo

 

 

 

28/09/2008

Crisis, what crisis?

lima80uy.jpg

La politique n'est pas un show

a889eab8-8d72-11dd-a5f6-baf9e63b6189.jpgRoyal «entre show business
et rassemblement de secte».

Henri Emmanuelli a vivement critiqué le rassemblement organisé samedi au Zénith de Paris par l'ex-candidate socialiste, qui suscite une série de critiques et de railleries, à gauche comme à droite.

«La politique n'est pas un show. Cette vision de la politique axée sur le marketing, qui s'inscrit dans la logique de la publicité commerciale, qui néglige le fond, c'est le genre de cérémonie qui est entre le show business et le rassemblement de secte». Non, cette phrase assassine sur le meeting que tenait samedi Ségolène Royal au Zénith de Paris ne provient pas d'un communiqué de l'UMP, mais bien d'Henri Emmanuelli, qui était sur Radio-J ce dimanche. (…) Figaro du 28/09/08.

 

La politique n'est pas un show…

!!! Ca pourrait prêter à sourire, d’ailleurs ça me fait rire. Il sort d’où Emmanuelli ? C’est hibernatus ou quoi ?

Comme si cela ne faisait pas un bail que la politique n’était devenue qu’un spectacle, qu’un show médiatique.

Comme si, et depuis longtemps, la notion de crédibilité n’avait pas remplacé le vrai et le faux dans les discours et l’agir de toute classe politique ?

Comme si Lasch n’avait pas déjà tout dit il y a prés de trente ans dans son essai sur la culture du narcissisme.

Comme si la civilisation des masses n’avait pas donné naissance à une société de consommation dominée par les apparences, le paraître : la société du spectacle dans laquelle le fond, l’argumentation politique ont perdu toute valeur vis-à-vis de la crédibilité et du prestige, dans une course effrénée à la célébrité.

Comme si la communication et les concepts de marketing politique n’étaient pas devenus l’alpha et l’oméga de toute carrière politique.

Allez, je ne suis pas dupe. Emmanuelli qui n’est pas la moitié d’un con sait tout cela très bien , comme ses pairs. Cela n’est qu’une façon de flinguer un concurrent situé sur le même segment de marché (l'électorat progressiste), qu’une stratégie marketing de plus visant à assoir justement sa propre crédibilité de dirigeant progressiste (je n'ose dire socialiste).

Rien de plus. Mais rien de moins.

1967-2007

parisphotoda7.jpgterrigurrolafd0.jpg

1967, un concert de musique sur Venice Beach.

(Photo Dennis Stock)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2007, retojohnmooremr4.jpgur d'Irak.

Septembre 2007, au retour d’une mission de 7 mois en Irak en tant que médecin à la Compagnie C de la 203e Brigade du « Support Battalion », la capitaine Terri Gurola étreint Gabrielle sa fille agée de 3 ans à l’aéroport international Hartsfield-Jackson à Atlanta.

(Photo anonyme)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pas de retour.

Le 27 Mai 2007 au cimetière d’Arlington, Mary McHugh pleure sur la tombe de son fiancé le Sgt. James Regan, tué en Irak. (Photo John Moore) (source photos ici)

26/09/2008

Jardins et routes

Quelques jours à Bordeaux. Voyage en train, paysages ruraux magnifiques. Villages endormis, fermes aux briques rouges, champs de tournesols grillés, noirs. Café de la gare à Lézignan, étangs qui fument, phares dans la nuit, premières fenêtres allumées, gare de Bram, bribes de conversations, Quartier d’Anjou la légion, l'étranger proche. Animaux serrés les uns contre les autres, silhouettes à casquettes sur un quai puis la Garonne sur la quelle se penchent encore quelques grues titanesques et rouillées, témoins silencieux d'un Bordeaux industrieux. Hangars désaffectés, docks abandonnés, entrepots promis à la destruction...Tout un monde traditionnel, coutumier, c'est-à-dire qui parle encore à chacun, refusant d'obtempérer aux commandements de bouger de notre expertocratie Attalinoïde et de son nouvel ordre festif.

*

msz40z5k.jpgRéflexions sur la common decency d’Orwell, si bien cernée par Michéa et Crick. Cette manière instinctive d’être, d’agir, de penser, de la classe ouvrière d’antan. Sorte de dignité, de loyauté, d’honneur, de respect de soi-même, des autres et du monde. Un code moral. Sur l’âme de ce socialisme ouvrier –éminemment respectable- et si loin de ce socialisme émétique moderne de pouvoir et de salons , promu par la cléricature du Progrès, soumise, corps et âme, au culte de l’argent.

Ou l’impossibilité d’être à la fois socialiste et « de gauche », faisant référence à une matrice idéologique commune au libéralisme et au progressisme. J’y reviendrai.

*

Excellent article dans la NRH sur le vocabulaire usuel de nos figures politiques; alors que De Gaulle ou Mitterrand  utilisaient un répertoire de prés de 4000 mots ou locutions, Giscard, dans un souci démagogique puis Chirac, Sarkosy et Royal par obligation, usent d'un répertoire de 300 à 500 mots. Avec la vulgarité de Sarko et l'approximation syntaxique de Ségo en plus. Sarko, Ségo, Mc Cain, Obama même combat de nains médiocres.

*

Relecture de « Jardins et routes », première partie du journal de guerre d’Ernst Jünger, oû se mêlent, considérations philosophiques, botaniques, entomologiques, oniriques et guerrières…Mélange étonnant et fascinant. Impression de sérénité et de tranquille assurance malgré la description clinique des horreurs de la guerre. Un bonheur. D’abord l’attente, les promenades sur la ligne de front, la contemplation des insectes, des animaux ou des hommes, puis la campagne de Belgique et de France, le nihilisme brutal du Grand Forestier, si bien saisi dans les Falaises de marbre, dont on apprend que le titre originel était La reine des serpents

« Les cathédrales considérées comme des fossiles endormis dans nos villes comme sous des sédiments tardifs. Mais nous sommes fort loin de déduire de ces proportions la vitalité qui se conjuguait avec elles et qui les a formées. Ce qui a vécu sous des apparences multicolores et ce qui les a crées, est plus loin de nous que les ammonites de la période crétacée ; et nous avons moins de peine à nous représenter un saurien d’après un os trouvé dans une carrière schisteuse. On pourrait également dire que les hommes d’aujourd’hui regardent ces œuvres comme un sourd voit les formes de violons ou de trompettes. »

« Logement à Wellschbillig. Je fus cantonné ici chez un paysan, dans une maison qui repose sur ses fondations depuis l’époque romaine. Après que j’eu un peu dormi, mon hôte m’envoya par Rehm une gamelle de pommes de terre rôties, avec du confit de bœuf, de quoi rassasier trois bûcherons. Les rapports de l’hôte avec le soldat sont particuliers en ce que, à l’instar du droit sacré d’asile, ils relèvent encore des formes de l’antique hospitalité que l’on accorde sans considération de personnes. Le guerrier a le droit d’être l’hôte dans toutes les maisons et ce privilège est un des plus beaux que lui confère l’uniforme. Il ne le partage qu’avec l’homme persécuté et souffrant. »

Juenger_BM_Berlin_630.jpg« Comme lecture du chemin de fer, le livre de Brousson sur France. Page 16, la fameuse citation de La Bruyère : « Un peu plus de sucre dans les urines, et le libre penseur va à la messe. » En effet, nous commençons à croire lorsque les choses vont plus mal pour nous. C’est alors aussi que nous accueillons des rumeurs, des couleurs, des sons, qui nous sont habituellement inaccessibles. »

« Je remarquais un peu plus tard que la présence des sept cent Français [prisonniers de la compagnie de Jünger après la campagne éclair de mai 1940] ne m'avait pas inquiété le moins du monde, quoique je ne fusse accompagné que d'une seule sentinelle, plutôt symbolique. Combien plus terrible avait été cet unique Français, au bois Le Prêtre, en 1917, dans le brouillard matinal, qui lançait sur moi sa grenade à main. Cette réflexion me fut un enseignement et me confirma dans ma résolution de ne jamais me rendre, résolution à laquelle j'étais demeuré fidèle pendant l'autre guerre. Toute reddition des armes implique un acte irrévocable qui atteint le combattant à la source même de sa force. Je suis convaincu que la langue elle-même en est atteinte. On s'en rend surtout compte dans la guerre civile, ou la prose du parti battu perd aussitôt de sa vigueur. Je m'en tiens là-dessus au "Qu'on se fasse tuer" de Napoléon. Cela ne vaut naturellement que pour des hommes qui savent quel est notre enjeu sur cette terre. »

E Jünger, Jardins et routes, Bourgeois éditeur, 1995.

 

22/09/2008

Orwell

« Nous étions dans un fossé, mais derrière nous s’étendaient cent cinquante mètres de terrain plat, si dénudé qu’un lapin aurait eu du mal à s’y cacher (…). Un homme sauta hors de la tranchée [ennemie] et courut le long du parapet, complètement à découvert. Il était à moitié vêtu et soutenait son pantalon à deux mains tout en courant. Je me retins de lui tirer dessus, en partie à cause de ce détail de pantalon. J’étais venu ici pour tirer sur des « fascistes »,mais un homme qui est en train de perdre son pantalon n’est pas un « fasciste », c’est manifestement une créature comme vous et moi, appartenant à la même espèce – et on ne se sent plus la moindre envie de l’abattre. »

G Orwell, Looking back on the spanish war, Œuvres complètes II, p. 254

20/09/2008

L'âme des progressistes

Ce qui est frappant dans le "Plan pic nic" de Borloo, idole des progressistes de tous bords, c'est le souffle et le coté visionnaire du projet.

Au moment ou on martyrise 65 millions de nos compatriotes pour abandonner leur auto, faire du vélo et manger avec leurs doigts, de l'autre côté de la planête, plus d'un milliard d'asiatiques, tous plus fourbes les uns que les autres par nature, abandonnent massivement leurs vélos pour faire l'acquisition de véhicules motorisés et ouvrent en douce chaque année une cinquantaine d'usines thermiques à charbon...

Or il ne me semble pas que le caractère dérisoire, pour tout dire abscon, de ce projet radieux, ait marqué mes contemporains, notamment ceux qui ambitionnent de sauver la planête.

Sans doute considèrent-ils que l'Occident seul est capable de mener pareille réflexion et pareils aménagements révolutionnaires. Peut-être même croient-ils que la mondialisation, qui n'est autre que la diffusion planétaire du modèle productiviste et consumériste occidental, porte en lui les anticorps qui lui permettront de surmonter ses contradictions propres.

Nul doute également que nos petits clercs adeptes de l'idéologie du progrès mais pétris d'ethno masochisme pensent, en leur for intérieur, qu'au moment même ou ce modèle de développement destructeur devient dominant, il n'est pas question d'interroger nos voisins sur la pertinence de ce choix.

Prôner sans le dire ouvertement la décroissance, c'est-à-dire abandonner ou réformer notre modèle économique,  alors que le  monde non occidental , notamment asiatique, découvre les joies du capitalisme originel et de l'industrialisation de masse, est sans doute éclairant sur le niveau de réflexion de notre ministricule.

Mais, bon. Vais vendanger, tiens, ça me changera.

 

15/09/2008

Mort de l'homicide Hector

Achille, qui avait bu et mangé, venait d’achever son repas, et même la table était encore devant lui. Le grand Priam entra sans être aperçu ; et, s’approchant d’Achille, il lui prit les genoux et baisa ses mains terribles, homicides, qui lui avaient tué tant de fils. Lorsqu’un mortel, en proie à un fatal égarement, a commis un meurtre dans sa patrie, et que, réfugié sur une terre étrangère, il entre dans la maison d’un homme opulent, la stupeur s’empare des assistants : de même, Achille demeura stupéfait à la vue de Priam, semblable aux dieux : et ses compagnons, également stupéfaits, se regardèrent l’un l’autre.

Alors Priam, suppliant, lui adressa ces paroles : « Souviens toi de ton père, Achille égal aux dieux : il est de mon âge, et touche, comme moi, au terme fatal de la vieillesse. Peut-être des voisins l’assiègent et le pressent, et il n’a personne pour écarter de lui la ruine et la mort. Mais lui, du moins, en apprenant que tu vis, se réjouit dans son cœur ; et, de plus, il espère tous les jours voir son cher fils de retour de Troie. Mais moi, infortuné que je suis, j’avais engendré des fils vaillants dans la vaste Troie, et, pas un d’eux, je crois, ne me reste…Le seul que j’avais et qui défendais la ville et nous même, tu l’as tué naguère tandis qu’il combattait pour sa patrie : Hector n’est plus. C’est pour lui que je viens aujourd’hui aux vaisseaux des Grecs, et, pour te racheter son corps, j’apporte une magnifique rançon. Eh bien respecte les dieux, Achille, et, prends pitié de moi-même, au souvenir de ton père. Je suis plus à plaindre que lui : car j’ai pu faire ce que n’a fait encore aucun autre mortel vivant sur la terre : j’ai touché avec la main le menton de celui qui a tué mon enfant. » Il dit ; et Achille, en songeant à son père, sentit le besoin de pleurer ; il prit le vieillard par la main, et, le repoussa doucement. Tous deux se ressouvenaient : Priam, prosterné aux pieds d’Achille, pleurait abondamment l’homicide Hector ; Achille pleurait, tantôt son père, tantôt Patrocle, son ami ; et la maison retentissait de leurs sanglots. Quand le divin Achille se fut rassasié de larmes, il s’élança aussitôt de son siège, releva le vieillard en le prenant par la main ; et, touché de pitié pour cette tête blanche et cette barbe blanche, il lui adressa ces paroles ailées : « Ah! Malheureux, tu as supporté bien des maux dans ton cœur ! Comment as-tu osé venir seul vers les vaisseaux des Grecs, et paraître aux yeux de l’homme qui t’as tué tant et de si valeureux fils ? Tu as certes un coeur de fer. Mais allons, assieds-toi sur ce siège : quelque affligés que nous soyons, laissons les douleurs reposer au fond de notre âme : car rien ne sert de gémir amèrement. »

280px-Achilles_Hector_Louvre_G153.jpgIliade, XXIV, 475-524

 

Achille, fils de Pélée, s’est vengé de la mort de son ami Patrocle en égorgeant Hector, fils de Priam et héros de Troie, puis en outrageant son cadavre, sous les murailles d’Ilion et sous les yeux de son épouse, Andromaque. Priam, protégé par Hermès, se décide à aller seul dans le camp des Grecs pour supplier Achille de lui rendre la dépouille de son fils et lui rendre les honneurs du bûcher.

L’entrevue du vainqueur redoutable et du vieux père suppliant est pour moi une des scènes les plus pathétiques de la poésie grecque ; ainsi, Achille se laisse fléchir et rend à Priam le cadavre de son fils. Alors, tandis que les Grecs, pour honorer la mémoire de Patrocle, célèbrent des jeux, les Troyens rendent à Hector les derniers honneurs. L’Iliade se termine sur le récit de ces funérailles.

 

(Achille gardant le corps d'Hector)

14/09/2008

Assez rond, didier?

adriana-lima-1.jpg

Lasch

« De nombreux militants de gauche s’insurgent encore contre la famille autoritaire, le moralisme anti sexuel, la censure littéraire, la morale du travail et autres piliers de l’ordre bourgeois, alors que ceux-ci ont déjà été sapés ou détruits par le capitalisme avancé. Ces radicaux ne voient pas que la personnalité autoritaire n’est plus le prototype de l’homme économique. Ce dernier a lui-même cédé la place à l’homme psychologique de notre temps -dernier avatar de l’individualisme bourgeois. »

(C. Lasch, La culture du narcissisme, éd climats, 2000, p 24)

12/09/2008

Euro pride

 

Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes, est pressé. L'année 2009 ne sera pas propice au règlement de la crise institutionnelle, au milieu de deux présidences eurosceptiques (tchèque puis suédoise), des élections européennes et de la formation de la nouvelle Commission. "Il faut que nous ayons un cadre de solutions sous présidence française (avant la fin de l'année), dit Jean-Pierre

jouyet-3775a.jpg

Jouyet. J'estime, en mon nom personnel, qu'il n'y a pas d'autre solution qu'un deuxième vote des Irlandais, conformément à leur constitution." (Le Monde 12/09/08)

"...un cadre de solutions"...sans déconner!

Encore un qui croit que l’europe est en mal de pédagogie, non de démocratie ou de sens. Trop cons les peuples pour savoir ce qui est bien pour eux. C'est vrai, pourquoi parler de projet politique, d'histoire, de destin commun, d'identité, de frontières, de répartition des pouvoirs, de subsidiarité ou de fédéralisme?

Non, le seul truc qui agite cet apparatchik progressiste, ce rond de cuir invertébré, c'est de faire revoter un peuple souverain qui eut le tort de ne pas suivre les conseils comminatoires de quelques commissaires politiques européens. (je ne vous inflige pas sa photo, elle est éloquente de veulerie..quoique)

Le mieux finalement serait une europe sans les peuples. Juste une élite, nommée, cooptée, sans la moindre légitimité démocratique, dirigeant une armée de bureaucrates festifs et tolérants. Un soviet suprême qu’on apercevrait de loin de temps en temps pour la fête du vivre ensemble ou l’euro pride.

Un cauchemar.

 

Lire ici


 

10/09/2008

Vivre ensemble





Homère ou Harry Potter?

Les rares discussions que je peux avoir avec quelques amis –choisis et alcoolisés comme il se doit- ou les échanges –plus virtuels et moins alcoolisés ceux-là- avec des internautes sur quelques forums ou blogs, comme celui de Rocard, me laissent régulièrement perplexe.

Au fond c’est toujours une approche culturelle, civilisationnelle, qui me permet de trancher et de me déterminer, quel que soit l’objet de la discussion. Par exemple à l’égard de l’intégration de la Turquie à l’union européenne (qui n’est plus une communauté, vous l’aurez noté…). Or je m’aperçois que la plupart de mes contemporains n’ont pas cette approche identitaire, voire même qu’elle parait suspecte au plus grand nombre.

vigneronfk1.jpgAlors je me dis que cette vision des choses, du monde, est peut être obsolète, simplement désormais inopérante au regard de cette globalisation uniformisatrice, de cet univers réifié et régi par l’idéologie du même…Que ce concept de plurivers qu’évoquaient Carl Schmidt et Julien Freund est mort.

Quel sens peut-il y avoir à parler d’Homère à des personnes dont l’univers culturel se borne à Harry Potter et au dernier blockbuster américain et dont l’activité essentielle se résume à travailler plus pour gagner plus ? Est-il encore pertinent de parler de différenciation culturelle à des masses toujours plus aliénées, anomiques et incultes, noyées dans une conception anthropologique toujours plus utilitariste et régies par le culte de l’avoir?

Je me demande si cette évolution anomique, ce refus de toute considération identitaire n’est pas simplement le propre de la pensée occidentale post moderne et notamment européenne, traumatisée par un siècle de massacres sans précédents, de guerres civiles atroces, de totalitarismes progressistes… Si le reste du monde n’a pas justement conservé cette vision civilisationnelle, communautaire, traditionnelle de son existence. Probablement.

Je place le monde anglo saxon à part. Les USA ne sont pas atteint par cette évolution vers l’indifférencié. Au fond les américains qui se sont toujours construits et pensés contre la vieille europe (cette anti-europe dont parlait Jacques Rupnik), restent convaincus d’être le peuple élu, chargé d’établir la nouvelle Jérusalem, susceptible de régénérer l’humanité entière. Une conviction messianique forte de représenter la société parfaite et de devoir la faire partager –de gré ou de force- au reste du monde. Ce qui est bon pour l’Amérique est forcément bon pour le reste du monde. « Comment peut-on nous haïr », se demandait G Bush jr ? Oui, comment est-ce possible d’être haï lorsque l’on a le sentiment d’incarner la perfection ?

La question que peut se poser l’européen, et le reste du monde d’ailleurs, est de savoir s’il finira en avatar de l’américain moyen, sorte d’homo économicus ou en bon indien.

Et cela n'est pas de l'anti américanisme primaire. J'anticipe..

(photo: lever le coude, une vieille tradition communautaire Française...)

07/09/2008

Johnny sings the blues


Hésiode et Sarkosy

Discussion tantôt avec un ami. Progressiste. C’est-à-dire essayant de me convaincre du fait que demain sera mieux qu’aujourd’hui. Que certains des problèmes qui nous paraissent insolubles actuellement (destruction des milieux naturels, urbanisation galopante, démographie planétaire délirante, difficultés à trouver un Chablis correct à vil prix, etc) seront naturellement résolus demain par la marche radieuse du progrès scientifique ou technique et par l’arraisonnement du monde.

Essayé de lui faire comprendre que cette vision linéaire de l’histoire, propre aux progressistes comme aux déclinistes, est relativement récente dans l’histoire de l’humanité et n’est qu’une idéologie, parmi d’autres. Que la croyance en l'avènement d'un monde meilleur est le leg du christianisme, éminemment théorisé par saint Augustin puis sécularisé par l’esprit des lumières…Un croyance, simplement. Peine perdue…

Que des sociétés humaines vécurent durant des millénaires dans une vision cyclique, non linéaire, de leur histoire et du cours des choses. Hésiode et ses Travaux et les Jours…

langemigrantmotherun0.jpg

Non, rien à faire, le futur sera radieux, évidemment.

 

*

 

Peu de gens, semble-t-il, ont relevé le caractère à la fois éclairant et profondément vulgaire de l’assertion phare de notre conducator bien aimé : « travailler plus pour gagner plus »

Nul doute que la grande majorité de mes contemporains (sauf vous chers lecteurs érudits), matraquée par la propagande consumériste et le modèle anthropologique utilitariste dominant dans cet hypermarché festif et compassionnel qu’est devenu l’occident, ne voit la rien de choquant ni de surprenant.

Peu savent sans doute que le travail fut pendant des millénaires et dans des civilisations très différentes une valeur éminemment servile…Que

le négoce (neg-otium) comme toute activité laborieuse visant à gagner sa vie, représentait la négation de l’otium, cette vertu, ce privilège, ce loisir du lettré propre au citoyen propriétaire terrien qui lui permettait de participer à la vie de la cité ou d’exercer son art.

Ou l’on comprend que gagner plus d’argent, et par là faire l’acquisition d’un coquet pavillon prés du périph orné d’un écran plasma de 400*400, est la meilleur façon d’atteindre sûrement cette parousie profane et moderne, désormais oméga de notre civilisation.

Que l’indice de consommation des ménages ou le taux de croissance semestriel est sans doute devenu la meilleure façon d’apprécier l’humeur de l’écureuil en cage qu’est devenu l’homo festivus occidental.

Que l’argent doit sans doute faire le bonheur, finalement.

05/09/2008

souvenir des Indes II

babes_177.jpg