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21/01/2007

Héros.

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« Nous sommes aujourd’hui le 8 mai 1995, cinquante ans après cet armistice qui arriva enfin sur une Europe ruinée. (...)

Je regarde nos ministres avec notre président se presser dans la tribune d’honneur pour célébrer notre victoire ; Ces hommes sont les héritiers de ceux qui avaient lâchés sur la France les chiens du désastre en 1940 et dont la philosophie politique n’a pas changé. Je pense à ce que fut cette époque qui nous a mené à la guerre, et pour beaucoup de mes amis et camarades des FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres), à la mort. Le misérabilisme des chansons populaires, les ouvriers qui travaillaient trente heures de moins que les Allemands par semaine, et surtout la nationalisation à un bien mauvais moment de notre industrie aéronautique. (...)

L’atmosphère générale de grèves, de désordre moral industriel et politique n’améliorait pas les affaires de la France. Quand je regarde aujourd’hui les photos des ministres et présidents du Conseil qui se succédaient alors sur le perron de l’Elysée, j’ai un haut le cœur devant ces personnages médiocres aux costumes fripés, souvent mal rasés, l’éternelle gauloise qui était devenue un emblème national collée au coin de la lèvre inférieure, leur feutre avachi…Doux Jésus, c’était cela mon pays qui allait affronter l’Allemagne ! Quand on voit les images d’outre Rhin dans les films de Leni Riefenstahl, les JO de 1936, les congrès de Nuremberg, de cette jeunesse sportive fanatisée qui allait former une armée musclée en chemise et en short qui allait dévaler chez nous … Mon Dieu !… Ces pauvres types qui nous gouvernaient, devant ces images, devaient bien savoir que nous ne serions défendus que par des mobilisés ou des réservistes rétifs engoncés dans des uniformes de 1918, avec bandes molletières, sac à dos, couverture roulée, casque, fusil et baïonnettes archaïques…étaient aveugles. Ils préféraient faire de la petite politique, du social au mauvais moment qui allait mener deux millions de Français à de longs congés payés derrière les barbelés Allemands.(…)

J’écoute les discours des politiques qui se bousculent devant les micros et les caméras pour commenter l’événement ; Ou étaient-ils quand nous mourions ? A Washington, à Alger sur les plages ou bien à Vichy rédigeant des petites fiches sur les gaullistes et les communistes ? »

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Pierre Clostermann, engagé volontaire dans la France Libre à 19 ans ; Héros de la seconde guerre mondiale il survivra à 420 missions de guerre comme pilote de chasse dans les FAFL.

Le Grand Cirque, J’ai Lu, p 608.

Immigration II. Propagande.

L’ouverture inconditionnelle de la France à l’immigration et l’abolition des frontières se sont ainsi imposés au fil des ans comme les repères idéologiques majeurs d’une élite bien pensante.

Vous avez un message des élites…

CNCDH : commission nationale consultative des droits de l’homme. Elle réunit une centaine de personnalités françaises issues de quelques associations influentes (SOS racisme, croix rouge, LICRA, MRAP, Ligue des droits de l’homme), des hauts fonctionnaires responsables de la presse écrite ou audio-visuelle, des écrivains, des avocats, des magistrats, des dirigeants politiques. Cette « élite des élites » à l’autorité morale « incontestable » se prononce sur toutes les grandes questions de société. Son discours sur l’immigration fait autorité, alors même que la nomination de ses membres échappe à tout contrôle du citoyen. Cette commission favorise un courant de pensée visant à imposer l’immigration comme un droit fondamental prévalant sur toute considération d’intérêt général et réclame « le droit pour l’étranger à l’accès au territoire et le droit au séjour » (http://www.cncdh.com); cette propagande abondamment reprise par nos élites bannit évidemment toute notion de lien historique entre la nation et un territoire (l’idée de sol national étant par définition maudite), et impose l’idée que la France ne saurait être autre chose qu’un espace sans frontières, ouverte à toutes les migrations ; Ecoutons Michel Tubiana, président de la Ligue des Droits de l’Homme : « Il faut comprendre que les gens peuvent et veulent se déplacer et s’établir. Le problème est : comment les accueille-t-on et selon quel calendrier ? » (1)

L’ensemble des relais d’opinion (en majorité à gauche, voire l’extrême gauche, est-ce un hasard ?) est en grande partie acquis à cette cause. Les média, la presse locale, et nationale, les milieux associatifs ont développé une éthique de générosité inconditionnelle envers tout ce qui se rapporte à l’immigration.

Le culte du métissage.

L’obsession de l’ouverture et du droit inconditionnel à l’immigration débouche donc sur l’idéal d’une société nouvelle fondée sur le métissage culturel, « horizon inévitable et souhaitable » selon Bernard Stasi. Sous l’impact des flux migratoires, la société se transforme, se renouvelle et un peuple recomposé serait en train de naître.

La culture se définit principalement comme « l’ensemble des aspects intellectuels propres à une civilisation, une nation » (Petit Robert). Le multiculturalisme est dés lors, en principe, synonyme de la coexistence, dans une même communauté de sources multiples de connaissance, de pensée, de création. Quoi de plus positif en théorie?

Cette apologie de l’ouverture, qui imbibe le discours officiel sur l’immigration n’a pourtant de sens que dans une société capable de tracer une séparation claire entre respect de la personnalité des migrants et repli identitaire. Comment empêcher la pluralité de dégénérer en fragmentation ? Comment concilier la tolérance et l’interdit (en principe) absolu de certaines pratiques, coutumes importées (polygamie, mutilation sexuelle, port imposé du voile, mariage imposé, soumission de la femme) ? La diversité ne se conçoit pas sans unité, sans valeurs partagées, sans le sentiment d’un destin commun, sans ordre ni autorité ; Sinon elle bascule dans l’atomisation et la haine. Or derrière ce doux rêve du métissage culturel, c’est bien souvent le cauchemar de la fragmentation, de la balkanisation, qui se profile.

La classe dirigeante Française, les média et la presse se complaisent depuis des années dans la sublimation de la France « black-blanc-beur ». Le travail de persuasion- de propagande- est intense, massif. Il est question non seulement de l’équipe « black-blanc-beur », mais aussi de l’entreprise, de la télévision, de la culture, de la musique, de l’école, de la police « black-blanc-beur » ; « il y a encore beaucoup de travail à faire pour que la France «black-blanc-beur soit une rélité au dela des grandes victoires du foot » déclare JF Coppé, porte parole du gouvernement sur Radio J. (2)

Or, chose surprenante et ambigu, ce mythe du métissage culturel, qui se veut la parfaite antithèse du racisme, place la couleur de la peau (même mélangée) au centre de son identité, et non pas la seulement une coexistence bien heureuse de cultures diverses.

Quand Foddé Sylla, ex président de SOS racisme, écrit dans Le Monde : « la République blanche, c’est fini » (3), non seulement il se trompe car la République, comme la France, n’a jamais été « blanche », car elle ne reconnaît aucune « distinction d’origine, de race ni de religion », mais il exalte lui aussi la couleur de peau comme clef de l’identité culturelle. Concept éminemment raciste et ouvrant la voie à une structuration de la société Française sur la reconnaissance d’identité ethnique.

Diabolisation et divorce.

Quel journaliste, quel homme politique, quel écrivain pourrait déclarer sans conséquence (à tort ou à raison d’ailleurs) que l’immigration telle qu’on la conçoit dans ce pays n’est pas une chance ? Ce thème est depuis longtemps tabou, sanctuarisé, placé au dessus de tout débat de fond ; Sortir du credo "immigration, clef de l’avenir, du renouveau, de la régénération" avec son corollaire de France black-blanc-beur, c’est s’exposer illico à un tir de barrage massif et destructeur et à la "réductio ad Hitlerum", chère à Leo Strauss, qui identifie toute opinion déviante à l’extrême droite raciste. Démonisation et éviction de toute réflexion constructive.

Cette question de l’immigration est le lieu privilégie du divorce entre les élites et la Nation. Un forte proportion de Français voyant en effet dans l’immigration, non pas une chance, mais une menace, à rebours du matraquage opéré par les autorités nationales et européennes. (Dans Le Monde du 15 décembre 2005, la part de Français estimant le nombre d’étrangers trop important atteint 63% ; sondage TNS Sofres)

Ce qui renforce bien sur la classe dirigeante dans sa mission de régénération de la Nation rebelle. Ainsi voit-on la création d’un musée de l’Immigration, porte Dorée, dont la mission, financée par le contribuable, n’est pas culturelle mais bien de façonner l’opinion publique selon l’idéologie dominante.

Le matraquage et la stratégie de diabolisation de toute opinion déviante (de tout citoyen déviant/ cf. les affaire récentes G Frêche et P Sevran) semblent se retourner contre le message d’une immigration heureuse, comme si la conscience populaire, confrontée aux réalités de terrain (que fuient bien sur nos élites et leurs familles vivant dans quelques sanctuaires sécurisés), résistait obstinément à une œuvre de propagande maladroite et contre-productive.

Négation de l’autorité de l’Etat.

Deux réformes , la loi Debré du 24 avril 1997 et la loi Chevènement du 12 mai 1998, fruits de la crise des sans papiers (on remarquera l’intérêt de ce néologisme qui fait passer des migrants illégaux- donc sans papiers de séjour en règle- pour des victimes…), font basculer le système Français. Ces réformes mettent en place un dispositif de régularisation «de droit » pour les migrants clandestins et suppriment de facto l’obligation de demander un visa de long séjour dans un consulat de France, avant d’entrer en France à des fins d’immigration. Le droit individuel à l’immigration, conformément à l’idéologie dominante, s’impose sur celui de l’Etat à maîtriser l’accès au territoire national., marquant ainsi la négation de l’autorité de l’Etat -donc du citoyen- sur toute politique d’immigration.

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(1)   L’Humanité, 5 mars 2003, cité par M Tandonnet, Immigration, sortir du chaos. Flammarion, p.28.

(2)   Cité par M Tandonnet, op cité.

(3)   Le Monde, 10 décembre 2005, archives.

20/01/2007

Immigration I. Idéologie.

« L’Histoire nous enseigne que les migrations améliorent le sort de ceux qui s’exilent mais aussi font avancer l’humanité toute entière. » Ces propos de Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies (Le Monde, 9 juin 2006), illustrent l’image d’une immigration idyllique, source de toutes les vertus, tous les progrès, comme jadis le socialisme. Le consensus idéologique sur ce sujet, dans les élites Françaises, est assourdissant : le credo est : « l’immigration est une chance pour la France ».

Soutenir l’idée que si cette immigration est parfois nécessaire pour des raisons économiques, démographiques ou culturelles, elle puisse constituer, mal gérée et au delà d’un certain volume, un facteur de désordre, d’instabilité et de déchirements est impossible. Cette approche univoque, totalisante et passionnelle de l’immigration distingue la France des autres grandes nations Européennes, notamment l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, ou le débat sur cette question est infiniment plus libre et pragmatique.

Mythes, repentance…et idéologie.

La haine de soi, la honte d’être Français, un sentiment de culpabilité permanent, imprègnent une grande partie de ces élites et expliquent leur inhibition à l’égard de ce tabou. Ce sentiment de culpabilité est alimenté par notre histoire coloniale et par la parenthèse Vichyste. Et l’image d’une France rongée par le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme est omniprésente (cf l’ouvrage de BH Levy "L’Idéologie Française", livre culte de la gauche libérale des années 80). La référence Vichyste est systématique dans l’argutie progressiste, comme si l’expulsion d’étranger en situation irrégulière en 2007 et la déportation de Juifs pendant la seconde guerre mondiale se valaient. Ce rapprochement entre la nécessaire politique de maîtrise de l’immigration et les lois antisémites et xénophobes du gouvernement Laval à Vichy est une des clefs de la propagande du lobby immigrationniste et du terrorisme intellectuel que fait régner l’intelligentsia médiatique, politique et culturelle.

Notre histoire coloniale est une autre source du complexe Français à l’égard de l’immigration ; comme s’il existait une dette éternelle du monde occidental- de la France, notamment- envers ses anciennes colonies. L’ex colonisé est bon et pur par définition, car il est une victime de l’ancienne puissance coloniale. Il incarne l’homme nouveau, la régénérescence, l’avenir du monde versus son oppresseur : Français ou Européen de souche. L’immigration comme revanche sur la colonisation si l’on veut.

 

Or, maîtriser l’immigration (concept évidemment "fascisant" au regard de l’idéologie mondialiste, "sans frontiériste") est inconcevable si l’on s’interdit par avance, par principe, d’expulser du territoire toute famille avec enfant installée illégalement en France. Aujourd’hui, n’importe quelle famille peut entrer en France au moyen d’un visa de court séjour, s’installer dans la clandestinité, scolariser ses enfants, puisque la scolarisation est un droit absolu, même si les parents sont en situation irrégulière. Proclamer le droit pour toute famille à ne pas être expulsée si ses enfants sont scolarisés en France et à bénéficier d’une régularisation aboutirait de facto à ouvrir notre territoire aux familles du monde entier...et abolir l’idée même de nation.

On reconnaît ici l’argumentaire de la propagande inouïe orchestrée par quelques associations d’extrême gauche (Réseau Education Sans Frontières, SOS racisme), et repris par une partie importante de la presse et des média en général (Libération, Le Monde, France-Inter, etc), faisant jouer les bons sentiments au mépris de toute rationalité et de toute légalité.

Derrière cette mobilisation une nouvelle idéologie est omni présente. Elle affirme un droit supérieur et universel de l’individu qui prévaut en toutes circonstances sur l’intérêt général et sur la loi Républicaine, votée par les représentants ( ?) de la Nation.

 

Il semble qu’une bonne partie de notre intelligentsia, jadis acquise au mythe de l’« homme nouveau » ou de celui de la "régénération de la société", prône aujourd’hui une stratégie de recomposition du paysage humain en France. Si l’on ne peut changer l’ homme, alors il faut changer les hommes. Il s’agit la d’un principe totalitaire, commun au national socialisme et au socialisme et dont on a pu voir que les racines plongent dans la philosophie des Lumières, qui voue à l’effacement l’image d’un peuple Français majoritairement d’origine Européenne ou issu des territoires d’outre mer auquel se substituerait un peuplement nouveau issu d’une immigration de remplacement.

 

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"L'ordre, et l'ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude. Le triomphe des démagogies est passager mais les ruines sont éternelles." Charles Péguy, Les Cahiers de la Quinzaine.

 

13/01/2007

De Immundo.

Une exposition fit grand bruit ces dernières années, « Sensation », présentée à la Royale Académie de Londres, fin 1997, puis au Brooklyn Muséum de New York, en 199. Au vu des œuvres exposées, elle fut précédée en ce lieu par un avertissement apposé par le Département de la Santé Publique : « The contents of this exhibition may cause shock, vomiting, confusion, panic, euphoria and anxiety. If you suffer from high blood pressure, nervous disorder, or palpitations, you should consult your doctor before viewing this exhibition. »

En l’an 2000, le Turner Prize, le Grand Prix des Arts en Grande Bretagne, a été attribué à l’artiste Tracey Admin pour son propre lit maculé d’urine, couvert de capotes usagées, de tests de grossesse, de sous vêtements sales et de bouteilles de vodka, lit ou elle aurait passé une semaine dans un état de dépression consécutif à une rupture. L’œuvre fut saluée par les responsables de la Tate Gallery pour sa « valeur réaliste ».

Matériaux.

Robert Gober usait de cire d’abeilles et de poils humains. Andres Serrano, de sang et de sperme. Marc Quinn exécute son buste avec son propre sang congelé. Chris Ofili se sert d’excréments d’animaux. Gérard Gasiorowski utilisait ses propres selles, la part liquide pour en faire un jus brun, la part déshydratée pour en faire de petites galettes de bouses qu’il entassait sous sa tente. Gina Pane, à la fin des années 1970, gravissait les pieds nus une échelle dont les barreaux étaient faits d’épées aiguisées. Elle se laissait aussi recouvrir le visage du contenu d’un seau rempli d’asticots.

L’artiste Belge Wim Delevoye commit une œuvre intitulée « Cloaca », exposée au musée d’art contemporain de Lyon durant l’été 2003, qui consistait en une pompe et divers appareils de broyage qui recueillaient les déchets de cuisine produits par des restaurants Lyonnais pour en faire une pâte brune pareille à de la merde.

Au début des années 1950, l’artiste Italien Piero Manzoni proposa sa « Merda d’artista », conservée en boite en édition limitée et numérotée, valant à l’origine leur pouids en or. Ces excréments manufacturés se vendent aujourd’hui entre 25000 et 32000 dollars pièce…

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Marcel Duchamp exposa en 1917, au Salon des Indépendants, un simple urinoir baptisé « Foutain ». Plus tard en 1964, il réalisa sur le même modèle un objet en forme d’urinoir confectionné avec des photos de sa propre famille..

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Résistance.

En 1963, un certain Otto Muehl fonda un groupe Autrichien célèbre pour ses « Aktionnen », actions publiques et violemment provocatrices telles se flageller, boire de l’urine et du sang, manger des excréments, copuler avec des animaux, célébrer des messes noires avec immolation d’un animal, etc. « Tout mérite d’être exposé y compris le viol et le meurtre » dira cet homme qui fut condamné en 1990 à sept ans de prison pour "abus sexuel sur mineurs, viols et avortements forcés."

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Une fois libéré, il fut aussitôt célébré comme un héros de la « lutte anti fasciste » et contre la morale bourgeoise. Sa dernière apparition publique eut lieu en décembre 2001 au musée du Louvre à Paris, lors d’un colloque organisé à l’occasion de l’exposition « La peinture comme crime », qui prétendait dénoncer, selon ses organisateurs, le « fascisme quotidien de nos sociétés », la « répression de l’Etat », et discuter des moyens de s’opposer à la « rigueur de l’ordre et de la loi » par un art supposé « résistant ». Ceux qui tentèrent de dénoncer la violence de ces actions artistiques furent inévitablement , au nom de la liberté imprescriptible de l’art, qualifiés de « fascistes » et invités à se taire.

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Hier, er ist kein warum.

Le thème du camp de concentration nazi est devenu , depuis quelques années, l’un des plus trendy qui soient. Les frères Chapman proposent ainsi la maquette d’un camp avec de petits personnages de plastique, figurant les prisonniers et les gardes SS. Zbigniew Libera expose lui, en 1996, un « Lego Concentration Camp Set », en édition numérotée, fabriqué à partir des éléments du jeu d’enfants homonyme.medium_Fashton_nazi2.2.jpg

L’Américain Tom Sachs propose aussi en 1998 un coffret élégant de carton, qui ouvert, montre la délicate maquette d’un camp d’extermination. Le même auteur présenta une œuvre se présentant comme un cadeau à offrir, « Giftgaz Giftset », renfermant trois tubes de gaz Zyklon B, ou la marque du produit que l’on utilisait pour gazer les prisonniers est remplacée par les marques Chanel, Hermès et Tiffany…

medium_Fashton_nazi4.3.jpgToutes ces œuvres et bien d’autres du même esprit furent exposées sous le titre « Mirroring Evil . Nazi Art/ Recent Art » au Jewish Museum de New York en mars 2002. L’exposition, malgré les savants commentaires qui l’accompagnaient, souleva l’indignation d’une partie de la communauté juive de la ville, les anciens qui avaient connu la réalité et qui vinrent protester chaque jour devant l’entrée.  

« En bas dans la fosse/ je vis des gens plongés dans des excréments/ qui semblaient venir de latrines humaines/ et pendant que des yeux j’examinais le fond/ j’en vis un dont la tête était si chargée de merde/ qu’on ne pouvait voir s’il était laïque ou bien clerc. » Dante, Inferno, XVIII.

 

Pour une analyse décapante de cet art contemporain: De Immundo, Jean Clair, Galilée 2004.

05/01/2007

Lumières et totalitarisme.

Récemment , à l'occasion d'un post sur l'état culturel, titre du livre de Marc Fumaroli et prétexte de ma part à une digression sur la politique culturelle Française, un lecteur érudit de ce blog réfuta l'opposition entre les idéaux des lumières et la geste totalitaire, arguant au contraire d'une filiation entre l'esprit des Lumières et les différentes formes de totalitarisme.

Ma première réaction fut, tout en admettant l'idée d'une filiation entre ces idéaux et le radicalisme jacobin durant la Révolution Française par exemple, de refuser pareille proximité idéologique, arguant à mon tour que le mouvement totalitaire, par essence négation de l'individu, était contraire à l'idéal individualiste des Lumières.

Mais le ver était dans le fruit et le simple fait d'admettre sans peine la parenté entre la radicalité jacobine (de 1793) et cette philosophie du XVIIIeme siècle, m'amena à reconsidérer la possibilité d'une telle filiation, en apparence iconoclaste.

Les Lumières furent un mouvement de renouveau intellectuel, culturel construit sur des idées de liberté (de penser, d'agir, de croire), d'égalité, de rationalisme scientifique, d'individualisme, de scepticisme, de tolérance et porté par des hommes d'horizons très divers comme Voltaire, Diderot, Rousseau, Condorcet, David Hume, Spinoza ou Montesquieu. Tous les secteurs de la société ont alors tendance à se débarrasser des anciennes tutelles. Pour autant elles ne forment pas une école de pensée unique; sur le plan politique, de fortes différences distinguent Montesquieu et son libéralisme démocratique, Voltaire et son despotisme éclairé ou Rousseau et son contrat démocratique. Les philosophes vantent la capacité de l'individu à se servir de sa raison. Au moment ou règne Louis XV, la pensée des philosophes aboutit à remettre en cause tous les principes religieux et politiques qui constituaient les fondements de la société: contre la croyance, le doute; contre l'autorité, le libre arbitre; contre la communauté, l'individu. Les Lumières imposent l'idée que la religion ne constitue qu'une opinion, dissociant ainsi société et foi.

Cet esprit dit "des Lumières" exerce aujourd’hui et depuis cette époque une influence déterminante au moins en occident et se veut universel. Or c'est bien au nom de cet esprit que des hommes ont commis les pires atrocités. Pourquoi?

1- Philosophie des Lumières et dignité de l'homme.

Contrairement à l'historiquement correct, il semble que les philosophes des Lumières ne croient pas en l'existence d'une nature humaine. Dénué de tout caractère spirituel, l'homme n'est que pure matière, totalement déterminé par les corps extérieurs. Ainsi, selon le baron d'Holbach, l'homme "est dans chaque instant de sa vie un instrument passif entre les mains de la nécessité".(1) Pour l'ensemble des philosophes, l'homme n'est qu'une "machine", une "horloge", un "clavecin sensible et animé" (2), subissant les mouvements imposés de l'extérieur.

L'homme étant déterminé, il s'ensuit que le libre arbitre n'existe pas. Ainsi dit Spinoza, les hommes "se trompent en ce qu'ils pensent être libres; et cette opinion consiste uniquement pour eux à être conscient de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés" (3). "La liberté, telle que plusieurs scolastiques l'entendent, écrit Voltaire, est en effet une chimère absolue" (4).

Les rares êtres éclairés, c'est à dire les philosophes, se voient chargés d'établir les meilleures règles sociales et politiques pour l'ensemble du genre humain, qui lui, doit rester dans l'ignorance. "Le vulgaire ne mérite pas qu'on songe à s'éclairer" écrit Voltaire (5). "La vérité, dit-il encore, n'est pas faite pour tout le monde. Le gros du genre humain en est indigne" (6). Les historiens se montrent d'une étonnate discrétion quant à l'immense mépris des classes populaires exprimé par certaines figures du XVIIème siècle: dans ses "Vues patriotiques sur l'éducation du peuple", Philipon de la Madeleine, autre philosophe, exprime le voeu que l'usage de l'écriture soit interdit aux enfants du peuple...(19) Le peuple des Lumières, le peuple idéal, c'est le peuple sans le peuple.

Plus encore, la diversité des individus que les philosophes et les naturalistes observent les conduit à douter de l'unité du genre humain. "Il n'est permis qu'à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Américains ne soient des races entièrement différentes", écrit Voltaire (7).

Racisme et antisémitisme abondent dans la prose de nos philosophes éclairés. "Comment se peut-il, écrit Voltaire, qu' Adam qui était roux et qui avait des cheveux, soit le père des nègres qui sont noirs comme de l'encreet qui ont de la laine noire sur la tête ? " (8). Voltaire poursuit: "leur yeux ronds, leur nez épaté, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. " (7) Les juifs ne sont pas mieux lotis, toujours chez Voltaire : "Vous ne trouverez en eux qu'un peuple ignorant, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent". (7)

L'abbé Grégoire, illustre révolutionnaire, dresse lui aussi en portrait peu flatteur du peuple juif: "La plupart des physionomies juives sont rarement ornées des coloris de la santé et des traits de la beauté (...). Ils ont le visage blafard, le nez crochu, les yeux enfoncés, le menton proéminent; Ils sont cacochymes, et très sujets aux maladies, et exhalent constamment une mauvaise odeur". (9) Pour Léon Poliakov, le rationalisme scientifique des Lumières constitue une des sources du racisme nazi (20).

En tout état de cause, cette détermination de l’homme se fait toujours, au plus profond de lui même, à son insu. Nos pensées, écrit le baron d’Holbach, «  se sont à notre insu et malgré nous, arrangées dans notre cerveau, lequel n’est que l’esclave de causes qui malgré lui et à son insu agissent continuellement sur lui. » (1)

L’homme n’étant que pure matière, une machine que l’on peut régler, sans que son consentement intervienne, l’intention des « Lumières », réalisée par la révolution de 1789, est de former des citoyens nouveaux qu’il s’agit d’éduquer conformément aux souhaits des philosophes ; Pour G ; Gusdorf (10), «  ce remodelage procédant du dehors au dedans suscitera l’homme nouveau selon les voies et les moyens d’une pédagogie totalitaire, dont on retrouve les linéaments dans les traités de Condorcet, d’Holbach, et dans l’œuvre réformatrice des législateurs révolutionnaires ».

Il s’agit donc bien pour l’état de régénérer l’homme, et partant, la société, en formant en série des citoyens coulés dans le même moule.

2- La réalisation politique de cette philosophie sous la Révolution.

Pour régénérer l’homme, il convient donc d’agir sur la société, et tout spécialement sur l’organisation politique. La République, investie d’une mission éducative, exclura de son sein les réfractaires à l’ordre nouveau. La République a pour but de changer l’homme. C’est le but avoué des révolutionnaires : « Le peuple Français, écrit Fouché, ne veut pas plus d’une demi-instruction que d’une demi-liberté ; il veut être régénéré tout entier, comme un nouvel être sorti des mains de la nature ». (11)

Le conventionnel Rabaut Saint-Etienne est tout aussi explicite : « il faut faire des Français un peuple nouveau, lui donner des mœurs en harmonie avec ses lois ». (12)

Il faut comprendre ici que pour ces hommes, imprégnés de l’esprit des Lumières, l’état n’a plus pour but d’assurer le bien commun, mais d’éduquer les Français à la République !

Ainsi crée-t-on en 1794 l’Ecole Normale qui, comme son nom l’indique, est destinée à dicter la norme. Selon les propres termes des créateurs de cette école, son but est de former « un très grand nombre d’instituteurs capables d’être les exécuteurs d’un plan qui a pour but de régénérer l’entendement humain dans une république de 25 millions d’hommes que la démocratie rend tous égaux. » (13) Restructurer l’intelligence à des fins exprimées d’uniformisation et de conditionnement…

De multiples fêtes laïques sont ainsi crées pour déshabituer les Français aux fêtes religieuses. La culture devient aussi l’enjeu de la conquête de l’esprit public :un arrêté du Directoire précise ainsi que « tous les directeurs et propriétaires de spectacles seront tenus sous leur responsabilité individuelle de faire jouer chaque jour, par leur orchestre, avant la levée de la toile et dans l’intervalle entre deux pièces, les airs chéris des républicains ou quelque autre chant patriotique. » (13)

Or cette « éducation » républicaine n’est pas facultative ; Elle doit pénétrer jusqu’au plus profond de l’être. Aucune intériorité individuelle ne doit résister à l’empreinte des idées nouvelles, comme le dit JJ Rousseau : « S’il est bon de savoir employer les hommes tels qu’ils sont, il vaut mieux encore les rendre tels qu’on a besoin qu’ils soient, l’autorité la plus absolue est celle qui pénêtre  jusqu’à l’intérieur de l’homme, et ne s’exerce pas moins sur la volonté que sur les actions. » (14)

Plus encore, afin de ne pas gêner cette endoctrinement citoyen la famille doit être écartée ; L’abbé Grégoire expose ainsi à la veille de la révolution , que  « les enfants si l’on sait les soustraire à l’éducation parentale recueilleront, même sans le vouloir, des idées saines qui seront le contrepoison des absurdités dont on voudrait les repaître au sein de leur famille. » (15)

 

3- Tous égaux ?

 

Si la république peut façonner à sa guise les jeunes générations, que faire des adultes marqués par les habitudes de l’ancien régime, c’est çà dire corrompus ? Rabaut Saint Etienne à la solution : « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière. » (15) Seuls les véritables républicains ont droit à la protection des lois et bénéficie des droits de l’homme et du citoyen. Les Vendéens, cet « ennemi intérieur » dont le caractère populaire de la révolte mettait à mal la légitimité « populaire » du nouveau régime est une bonne illustration de cette distinction. L’animalisation du Vendéen, sa déshumanisation, (« race abominable », « monstres fanatiques affamés de sang », « tigres affamés du sang des Français », « horde d’esclaves », etc..) vise à faire perdre à ces hommes refusant la citoyenneté républicaine, leur dignité d’hommes, et partant légitime leur éradication. Ce qui fut fait et bien fait. (cf un de mes posts précédents).

« Le gouvernement révolutionnaire doit aux bons citoyens toute la protection nationale ; il ne doit aux ennemis du peuple que la mort » dit Robespierre. (16) Cette phrase est symptomatique : les ennemis du peuple, c’est à dire de la révolution, ne sont pas des citoyens (Guevara, Kieu sanpan, Pol Pot, Mao, Lénine ou Trotski auraient pu prononcer cette phrase, mot pour mot).

Ou l’on comprend que la qualité de citoyen ne découle plus de l’appartenance à une cité, mais de l’acceptation des principes philosophiques et moraux défendus par la République ; La république est par conséquent religieuse car elle veut conquérir l’intériorité humaine, par l’intermédiaire de fêtes païennes imposées aux Français, de l’enseignement public obligatoire,  et de la pratique des institutions républicaines qui créeront des habitudes de vie façonnant l’être nouveau (ce constat n’est il pas toujours d’actualité ?).

« Si donc lors du contrat social il s’y trouve des opposants, leur opposition n’invalide pas le contrat, elle empêche seulement qu’ils y soient compris ; ce sont des étrangers parmi les citoyens.» dit JJ Rousseau ; (17)

Le régime démocratique, tels que l’entendent les républicains n’a plus rien de commun avec l’acception classique c’est à dire antique ou chrétienne. Il s’agit d’un système coercitif destiné à façonner l’homme nouveau, contre son gré si nécessaire (et pour son bien, à son insu).

4- Alors ?

Le contrôle de l’activité et de la pensée des hommes, la coercition physique et psychique, le mythe de l'"homme nouveau" et de la "régénération" de la société, l’endoctrinement systématique et à grande échelle, la destruction des structures sociales existantes, la négation de l’homme en tant qu’individu, la valorisation des masses ou du groupe, l’animalisation de l’ennemi, le meurtre de masse sont les caractéristiques habituelles d’un régime totalitaire.

Force est de reconnaître qu’ils sont constitutifs, consubstantiels, non seulement d' une partie de la geste révolutionnaire (et non pas seulement d' un certain Jacobinisme), mais aussi de la pensée d’un grand nombre de ces « philosophes des  Lumières » et donc de l’esprit des Lumières.

Est-ce à dire que la philosophie des Lumières se réduit à cette "tentation totalitaire"? Non , bien sûr, c'était un parti pris de ma part d'explorer ce coté obscur de cette période de notre histoire révolutionnaire. Parce qu'il existe et qu'il est systématiquement occulté pour ne pas faire d'ombre à la légende dorée des manuels d'histoire..

"Les idées et les valeurs des Lumières interviennent comme référence permanente dans les conflits idéologiques et politiques de la période révolutionnaire. Mais sur les chemins, combien sinueux, de la révolution s'opère aussi leur transmutation: le cosmopolitisme se transmue en nationalisme conquérant, le pacifisme en militarisme, la tolérance en fanatisme, la liberté en Terreur. Les idées héritées, la révolution les soumet à ses propres contraintes, les amalgame avec ses propres mythes, les moule sur ses propres formes." (18)

(1) Nature humaine et Révolution Française, Xavier Martin, Editions DMM, p. 16.

(2) idem, p. 17

(3) idem, p. 18

(4) Correspondance, tome 1, p. 251.

(5) Correspondance, tome 3, p. 710.

(6) Correspondance tome 7, P. 877.

(7) Essai sur les moeurs ed 1878, p. 5, cité par Jean de Viguerie dans un article intitulé "Les lumières et les peuples"; Revue historique, juillet-septembre 1993.

(8) Dictionnaire philosophique, article Adam, cité par Jean de Viguerie, op cit.

(9) Cité par Jean de Viguerie, dans "Essai sur la régénération physique morale et politique des juifs", op cit.

(10) G Gusdorf, « L’homme romantique », Les sciences humaines et la pensée occidentale , tome 11, p.27, 1984 Paris.

(11) Réflexions sur l’instruction publique » mai 1793, cité par X Martin, p. 117.

(12) Archives parlementaires, 1/55/346/2 cité par X Martin, p112.

(13) Arrêtés des 18 et 27 nivôse an IV, cité par X Martin.

(14) Discours sur l’économie politique, Œuvres complètes, tome 3, p. 251.

(15) Archives parlementaires, 1/55/346/2, cité par X Martin, p.110-111.

(16) Discours de Robespierre du 25 décembre 1793.

(17) Contrat social, livre 4, chapitre 2, p. 440, Pléiade, tome 11

(18) Bronislaw Brackzo, chapitre "Lumières", dictionnaire critique de la révolution Française. Furet Ozouf, Flammarion, p. 290.

(19) cité par J Sévillia dans "Historiquement correct", Perrin, p. 162.

(20) Le mythe aryen, Complexe, 1987.

02/01/2007

Communisme et lassitude.

Par hasard, j’ai écouté ce jour la fin d’une émission de France Culture, « Du grain à moudre », souvent intéressante d’ailleurs, et consacrée –oh miracle- à JF Revel récemment disparu, à travers le livre hommage qu’ a écrit Pierre Boncenne (Pour JF Revel, Plon. 2006).

J’ai suivi avec plaisir la discussion entre Besançon, Sirinelli et Boncenne, malheureusement parasitée par les péroraisons de Julliard. Revel, présenté à tort par la clique gauchiste médiatico-intellectuelle comme anticommuniste primaire, était un érudit et un intellectuel de premier plan dont la constance de l’engagement antitotalitaire, dans la lignée de Raymond Aron, mérite le respect.

J’ai repensé à ce petit livre indispensable retraçant la correspondance entre Furet et Nolte (Fascisme et communisme, Plon. 1997) au sujet de la proximité idéologique des deux phénomènes totalitaires. Cette proximité, défendue par Revel dans nombre de ses ouvrages, mais aussi par Alain Besançon (Le malheur du siècle, Fayard) constitue toujours un tabou en France et explique sans doute en partie la haine tenace et l’ostracisme dont il fut l’objet, sa vie durant et même après sa mort.

Et c’est sans doute parce qu’il existe un négationnisme procommuniste beaucoup plus hypocrite, plus efficace et plus diffus que le négationnisme pronazi, sommaire et groupusculaire, mais dont le comité de vigilance citoyen anti fasciste nous rebat les oreilles à longueur de journée, la danger étant bien sur majeur.

L’organisation de la non repentance à l’égard du communisme aura été la principale activité politique de l’ultime décennie du siècle, comme l’organisation de sa non connaissance aura été celle des sept décennies antérieures.

Le succès périodique du négationnisme procommuniste donne à tout nouveau livre rétablissant certaines vérités, et en particulier esquissant le parallèle sacrilège entre communisme et nazisme, l’apparence de la découverte (Qu’on se rappelle le tollé de la gauche, y compris la gauche non communiste, après la sortie du « Livre noir du Communisme » et la sortie grotesque de Jospin à l’Assemblée...). Or on n’en finirait pas d’aligner les citations dés 1918 pour l’appréciation exacte du bolchevisme, et dés 1933 pour la comparaison entre les totalitarismes, ou figurent déjà des constats et des arguments sans appels, mais aussi sans grands résultats sur la reconnaissance des crimes communistes.

Dans son « Passé d’une illusion » (Robert Laffon, 1995), François Furet (ancien communiste lui même) consacre un long passage à l’historien Allemand Ernst Nolte, qui avait fait l’objet avant lui d’une condamnation sommaire en Allemagne et en Occident pour avoir théorisé cette comparaison interdite.

On se rappelle pourtant d’André Gide, écrivant dans son retentissant « Retour de l’URSS » : « Je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fut-ce l’Allemagne de Hitler, l’esprit sois moins libre, plus courbé, plus craintif, terrorisé qu ‘en URSS». Et le doyen respecté des historiens du fascisme, Renzo de Felice (plutôt de sensibilité socialiste d’ailleurs), déclarant en 1988 comparant Hitlérisme et communisme : « La vérité en conclusion est qu’il s’agit de phénomènes identiques ; Le totalitarisme caractérise et définit le Nazisme comme le communisme, sans aucune différence réelle ; peut-être l’ais-je dis avec brutalité, mais j’estime que le moment est venu de s’en tenir aux faits et de briser les mythes faux et inutiles. » (Actes du colloque « Le stalinisme dans la gauche Italienne », mars 1988)

Furet et Nolte évoquaient à la fin de leur correspondance la thèse de « l’inutilité du vrai », dont s’était déjà emparé Revel dans « La connaissance inutile » (Grasset, 1988). Alain Besançon dans son « Malheur du siècle », en s’interrogeant à son tour sur les raisons de « l’amnésie du communisme et de l’hypermnésie du nazisme », et s’il reconnaissait le caractère unique et incomparable de la Shoah, concluait que les différences entre les deux totalitarismes sont dans la nature des motivations et non dans le degré du mal.

Pour Revel, « Ce qui distingue le communisme du Nazisme, ce n’est pas le système du pouvoir, il est identique dans les deux cas. C’est que le premier est une utopie et non le second ; Lorsqu’ Hitler supprime la démocratie et crée des camps d’extermination, il réalise ses idées et tient ses promesses. Lorsque c’est Lénine qui le fait, il réalise le contraire de ses idées et trahit ses promesses. Mais il le nie au nom de l’avenir qu’il prétend radieux. L’utopie rend légitime la déconnexion entre les intentions et les actes » (Fin du siècle des ombres, Fayard)

C’est la le paradoxe de l’après communisme : pourquoi y a-t-il encore tant de « compagnons de route », alors qu’il n’y a plus de route ?

01/01/2007

L'Etat culturel.

C’est le titre d’un livre de Marc Fumaroli parut il y a quelques années mais toujours d’actualité. (1) Il faut lire ou relire cet essai car il permet de démonter la propagande « culturelle » moderne.

Comment la culture synonyme jadis à la fois d’épanouissement individuel et civilisation universelle, est-elle devenue en France un moyen d’uniformiser les masses dans ce qu’elles ont de moins original et de glorifier le pouvoir dans ce qu’il a de plus personnel ?

Pourquoi depuis 1981, la France de gauche a-t-elle embrassé des méthodes d’action culturelle qui doivent fort peu en fait à la tradition culturelle de gauche, celle des Lumières et de la III ème république, et doivent beaucoup à deux techniques qu’en théorie la gauche vomit : la manipulation totalitaire des foules et la commercialisation publicitaire des loisirs ?

Pourquoi cette novlangue tentaculaire : « communication culturelle », « espace culturel  et populaire», que « dynamise » une « approche interdisciplinaire » « festive » et « citoyenne » ?

Telles sont quelques questions auxquelles répond Marc Fumaroli.

Il fut une époque ou la culture était conçue non comme l’immersion dans un torrent anonyme, mais comme la conquête d’un jugement et d’un goût personnel.Contrairement aux affirmations de l’Histoire officielle, le dirigisme culturel inauguré par André Malraux en 1959 et systématisé par Mitterrand et Lang en 1981 ne plonge pas ses racines dans les idéaux du front populaire. Les deux responsables de la culture dans le cabinet Blum étaient Jean Zay et Leo Lagrange auxquels Fumaroli rend hommage. Car leur conception de l’éducation populaire restait fidèle à l’idéal républicain du respect de l’individu et de sa liberté. Elle consistait à mettre à la medium_nuit.jpgdisposition du plus grand nombre les moyens d’accès à la culture et non à leur en imposer les thèmes. Leur but était l’éveil des vocations, non le viol des foules. Léo Lagrange disait « Il ne peut s’agir, dans un pays démocratique, de caporaliser les loisirs, les distractions et les plaisirs des masses populaires, et de transformer la joie habilement distribuée en moyen de ne pas penser » !; A placarder d’urgence lors des prides , fêtes de la musique, Nuits blanches et autres « événement festif » totalitaires que produit notre société moderne à jet continu. (comme aurait dit le regretté Philippe Muray).

Le but de la IIIeme république était de rendre les individus le plus possible capable de penser et de sentir par eux mêmes ; Le but des « animateurs culturels » d’aujourd’hui est de penser et de sentir à leur place.

Ces animateurs de cette nouvelle culture de masse, une « oligarchie démagogique » selon Fumaroli, se donnent medium_visuel_fete_de_la_musique_2_web.jpgcomme ennemi à exterminer la république libérale et l’enseignement universitaire. Pour arracher le « capital culturel » aux « privilégiés » et le redistribuer aux « défavorisés » (aujourd’hui on dirait « exclus »), le bon moyen n’est pas selon eux l’éducation et encore moins la lecture (trop « individualiste »), c’est la communication enthousiaste au moyen de fêtes collectives (au passage je mesure combien Muray était dans le vrai quand il annoçait il y a quelques années ce déferlement de festivisme « solidaire » « citoyen » obligé et continu). Le modèle s’en trouve, dans l’Allemagne Hitlérienne, l’URSS Stalinienne ou la Chine communiste…

Lorsque Malraux est nommé ministre des Affaires Culturelles, il reçoit pour mission « d’accomplir le rêve de la France » (Décret du 24 juillet 1959) ; Dés lors, plus rien ne doit échapper à ce rêve. Et Jack Lang se situe dans le droit fil de cette nouvelle religion d’état. Cette politique est esclave du spectaculaire et non du substantiel et sert avant tout la gloire de ceux qui la font. D’ou la négligence et l’indigence de ce qui ne se voit pas, des bibliothèques publiques en particulier ; L’annonce théâtrale de l’ouverture de la « plus grande bibliothèque du monde » ne saurait remplace le travail obscur mais crucial de l’éducation à la culture (autrefois nommée instruction) de la jeunesse.

Ce n’est pas à force de fonctionnariat culturel, de sinécures, de prébendes, de subventions, de clientélisme, de coups médiatiques et d’argent public dépensé sans contrôle qu’on reconstituera une civilisation cultivée. La beauté et la vérité ne se fabriquant pas dans les ministères.

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(1) Marc Fumaroli, L’Etat culturel, essai sur une religion moderne. De Fallois