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12/05/2014

guerre urbaine

Via Yoananda

Whatever makes you happy

11/05/2014

Ukraine, enfin la vérité!

saloperie ordinaire

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« Christiane Taubira déclare sans ambages qu’il ne faut pas trop évoquer la traite négrière arabo-musulmane pour que les jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes. Les enjeux du présent expliquent ces relectures du passé. (…) Roger Botte, chercheur au Centre d’études africaines du CNRS, constate qu’il privilégie également la traite transatlantique du fait de «la pression des représentants du monde arabe et des Etats africains». [...] L’Express

Par contre il est utile et urgent que les jeunes européens portent eux tout le poids de leur héritage colonial. Taubira n’est donc pas dans une démarche historienne (qu’elle n’est pas) ni républicaine puisque communautaire (les noirs vs les blancs, en gros). Pas un mot dans sa fameuse « loi » sur les traites non occidentales, notamment orientale et africaine.

L’européen seul est coupable et seul doit expier. Comme Sartre put faire l’apologie du totalitarisme communiste (puis maoïste) pour « ne pas désespérer Billancourt », Taubira falsifie l’histoire des traites négrières et prend en otage la république française et les historiens dans une logique victimaire et communautaire haineuse sous les dehors de l’anti-racisme militant. Ne pas désespérer Grigny peut-être?

Au fond, le problème n’est pas tant dans le fait que la pauvre Taubira puisse débiter ses élucubrations et sa névrose ménopausée mais dans le fait que ce genre de personnage, parfaitement nuisible à la paix civile, puisse être porté au pinacle par le Spectacle et institué non seulement en garant des lois républicaines mais aussi en figure de notre époque. Disons même que le surgissement régulier de ce genre de personnage malfaisant est le produit de cette époque de falsification ordinaire de l'histoire et de mensonge médiatique de masse.

" (...) La colonisation fut le péché majeur de l’Occident. Toutefois, dans le rapport de la vitalité et de la pluralité des cultures, je ne vois pas qu’avec  sa disparition on ait fait un grand bond en avant ", affirme Lévi-Strauss dans De prés et de loin. Votre appréciation ?

L’assertion est historiquement fausse. Les Grecs, les Romains, les Arabes ont tous entrepris et réussi des opérations immenses de colonisation. Plus que cela, ils ont assimilé ou converti –de gré ou de force- les peuples conquis. Les Arabes se présentent maintenant comme les éternelles victimes de l’Occident. C’est une mythologie grotesque. Les Arabes ont été, depuis Mahomet, une nation conquérante, qui s’est étendue en Asie, en Afrique et en Europe (Espagne, Sicile, Crète) en arabisant les populations conquises. Combien d’ « Arabes » y avait-il en Egypte au début du VIIème siècle ? L’extension actuelle des Arabes (et de l’Islam) est le produit de la conquête et de la conversion, plus ou moins forcée, à l’islam des populations soumises. Puis ils ont été à leur tour dominés par les Turcs pendant plus de quatre siècles. La semi-colonisation occidentale n’a duré, dans le pire des cas (Algérie), que cent trente ans, dans les autres beaucoup moins. Et ceux qui ont introduit les premiers la traite des Noirs en Afrique, trois siècles avant les Européens, ont été les Arabes.Tout cela ne diminue pas le poids des crimes coloniaux des Occidentaux. Mais il ne faut pas escamoter une différence essentielle. Très tôt, depuis Montaigne, a commencé en Occident une critique interne du colonialisme qui a abouti déjà au XIXème siècle à l’abolition de l’esclavage (lequel en fait continue d’exister dans certains pays musulmans), et , au XXième siècle, au refus des populations européennes et américaines (Vietnam) de sa battre pour conserver les colonies. Je n’ai jamais vu un Arabe ou un musulman quelconque faire son « autocritique », la critique de sa culture, à son point de vue. Au contraire, regardez le Soudan ou la Mauritanie. (...)

Cornélius Castoriadis, Une société à la dérive, Essais, 2005.

Cette salope de Taubira sait pourtant:

-que la traite des Slaves -européens- fut contemporaine des traites arabo- et turco-musulmanes qui ravagèrent l’Afrique Noire et de la guerre de course menée par les Barbaresques qui hantèrent les côtes de Méditerranée occidentale pendant mille ans,

-que c'est la geste coloniale occidentale (que célèbre le pauvre Hollande au travers de la figure de Jules Ferry, lol!) qui mit fin à cette pratique millénaire de la traite esclavagiste sur le continent africain,

-que la traite triangulaire occidentale (dont parle de Beketch ici) ne fut qu'une courte parenthèse occidentale dans la longue histoire -notamment africaine et musulmane- de la traite esclavagiste,

-qu'enfin, comme le rappelle ci-dessous Castoriadis, seul l'Occident sut critiquer cette pratique et y mettre fin...

« (...) On est capable en Occident, du moins certains d'entre nous, de dénoncer le totalitarisme, le colonialisme, la traite des Noirs ou l'extermination des Indiens d'Amérique. Mais je n'ai pas vu les descendants des Aztèques, les Hindous ou les Chinois, faire une autocritique analogue, et je vois encore aujourd'hui les Japonais nier les atrocités qu'ils ont commises pendant la Seconde guerre mondiale. La colonisation de certains pays arabes par les Européens a duré, dans le pire des cas, 130 ans: c'est le cas de l'Algérie, de 1830 à 1962. Mais ces mêmes Arabes ont été réduits à l'esclavage et colonisés par les Turcs pendant cinq siècles. La domination turque sur le Proche et le Moyen-Orient commence au XVe siècle et se termine en 1918. Il se trouve que les Turcs étaient musulmans - donc les Arabes n'en parlent pas. L'épanouissement de la culture arabe s'est arrêté vers le XIe, au plus le XIIe siècle, huit siècles avant qu'il soit question d'une conquête par l'Occident. Et cette même culture arabe s'était bâtie sur la conquête, l'extermination et/ou la conversion plus ou moins forcée des populations conquises. En Egypte, en 550 de notre ère, il n'y avait pas d'Arabes - pas plus qu'en Libye, en Algérie, au Maroc ou en Irak. Ils sont là comme des descendants des conquérants venus coloniser ces pays et convertir, de gré ou de force, les populations locales. Mais je ne vois aucune critique de ces faits dans le cercle civilisationnel arabe. De même, on parle de la traite des Noirs par les Européens à partir du XVIe siècle, mais on ne dit jamais que la traite et la réduction systématique des Noirs en esclavage a été introduite en Afrique par les marchands arabes à partir des XI-XIIe siècles (avec, comme toujours, la participation complice des rois et chefs de tribus noirs), que l'esclavage n'a jamais été aboli spontanément en pays islamique et qu'il subsiste toujours dans certains d'entre eux. »

Cornélius Castoriadis, http://www.republique-des-lettres.fr/232-cornelius-castoriadis.php

08/05/2014

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"Sur l’Ukraine

Ne pas réduire les nationalistes ukrainiens à une bande de cocus naïfs c'est d'abord les connaitre, les reconnaitre et les respecter.

Rester mesuré dans les critiques les concernant c’est se souvenir que nous sommes plantés bien au chaud dans notre cocon occidental à poser des jugements d’acier qui ne dépassant pas nos claviers.

Trouver dans le travail doctrinal et positionnel du Praviy Sektor bon nombre d'éléments positifs ne se confond en rien avec un soutien béat et inconditionnel au gouvernement ukrainien qu'il soit à base nationaliste ou pas.

Considérer l'Ukraine comme un ethnos recherchant un Etat-Nation ce n'est pas trahir l'idée d'Europe, ce n'est pas s'opposer à la Russie, ce n'est pas faire le jeu des yankees mais reconnaitre un fait identitaire tangible et historiquement fondé.

Ne pas se réjouir des morts de Maïdan, ne pas insulter des combattants c’est refuser le cynisme de certains pro-russes jusqu’auboutistes et se souvenir que dans notre héritage européen il n’y pas de place pour la haine et la démesure.

Sur la Russie et Vladimir Poutine

Critiquer la Russie sur la gestion de son étranger proche n'est pas s'opposer à la Russie mais lui opposer une vision différente, la vision européenne fondée sur l'entente. Russie et Europe sont complémentaires, non mimétiques.

Penser la Russie comme un partenaire, ce n'est pas s'en défier mais lui rendre sa destinée réelle, celle d'un pont stratégique entre l'Europe et l'Asie.

Ne pas se pâmer sur la pensée quasi "magique" de monsieur Douguine, ce n'est pas être anti-russe, mais exprimer une vision prioritairement centrée sur l'Europe, réalité ethno-culturelle et politique plurimillénaire.

Critiquer la personnalité de monsieur Poutine, ce n'est pas ouvrir un "second front" ou "faire le jeu des yankees", mais simplement rappeler que derrière la "figure" et le story-telling du Kremlin il existe une réalité moins étincelante et plus préoccupante qu’il faut analyser froidement, du point de vue de nos seuls intérêts.

Critiquer la politique de monsieur Poutine c'est aussi exprimer le point de vue de nos camarades russes qui subissent dans un silence de cathédrale la répression violente du régime pour le seul fait d'en dénoncer le virage libéral, autocratique et mafieux.

Répéter que le Kremlin a adopté le même arsenal législatif et répressif que l'occident à l'égard des radicaux et des dissidents c'est montrer que le "rempart" contre l'occident n'en est peut-être pas vraiment un.

Expliquer que monsieur Poutine est richissime, que cette richesse est sujette à caution, que son entourage d'oligarques bigarrés très établis à la City de Londres a tous les atours des capitalistes occidentaux (le voile démocratique en moins, ce qui rend les choses plus simples) n’a rien de sensationnel mais doit être porté à la connaissance de tous.

Rappeler que Vladimir Poutine a déclaré que l’Union Eurasiatique « est mue par les valeurs de liberté, de démocratie et les lois du marché » et qu’elle doit être un « des pôles du monde moderne et jouer le rôle de connecteur économique efficace entre l'Europe et L'Asie », ce n’est pas être anti-russe mais c’est surtout ne pas être dupe des schémas profonds.

Poser donc la question du caractère anti-occidental de l’Union Eurasiatique.

Rappeler également que la garde rapprochée de Poutine est composée d’oligarques presque tous juifs, formés aux Etats-Unis pour certains, résidents à Londres et clients VIP des Rothschilds. 

Ces  milliardaires (presque tous dans le palmarès des 400 plus grandes fortunes mondiales du journal Forbes), dirigeants de consortiums géants de taille mondiale (pétrole, gaz, banques d’investissements …) détiennent tous des postes politiques clé dans l’organigramme du Kremlin. Ils ont tous également des postes des postes clé dans le congrés juif de Russie, le congrès juif d’Europe et le congrès juif mondial. Voici quelques noms :

Arcady Rothenberg – (métallurgie, construction) ; Roman Abramovitch – 107e fortune mondiale (hydrocarbures, sport) ; Mikhail Friedman - 41e fortune mondiale (pétrole, secteur bancaire, télécommunications) ; Len Blavatnik – 44e fortune mondiale (divers) ; Oleg Deripaska (aluminim, services publics) ; Leonid Mikhelson – 47e fortune mondiale (gaz, produits chimiques) ; Viktor Vekselberg – 52e fortune mondiale (pétrole, métaux) ; Evgueny Shvidler – 369e fortune mondiale (pétrole, gaz) – naturalisé américain, grand ami d’Abramovitch ; Filaret Galchev, - 175e fortune mondiale (ciment) ; Aleksander Abramov, - 186e fortune mondiale (acier, métallurgie) ; Vladimir Yevtushenkov, 176e fortune mondiale (microélectronique) ; German Kahn – 103e fortune mondiale (pétrole, banque, télécommunications) ; David Davidovich -782e fortune mondiale (restauration, métallurgie) … Il est possible de consulter à loisir consulter sur internet les postes, fortunes et entreprises détenus par ces oligarques.

On peut également citer dans le cercle fermé des intimes de Vladimir Poutine, le rabbin loubavitch Berel Lazar, grand rabbin de Russie. Né à Milan formé dans une école rabbinique de New York (Collège rabbinique d’Amérique, Morristown, New jersey). En 1990, Berel Lazar a été nommé rabbin de la synagogue Maryina Roshcha de Moscou. En 1992, Lazar rencontre à Moscou le diamantaire israélien Lev Leviev avec qui il se lie d’amitié.  Ce dernier le présente aux hommes d’affaire juifs russes Boris Berezovski  et Roman Abramovich. Abramovich, ami intime et appui politique de Poutine le présente au futur président de Russie qui une fois au pouvoir le fera grand Rabbin et citoyen russe.

Enfin, on peut également citer Moshe Kantor, de son vrai nom Viatcheslav Moshe Kantor, né à Moscou en 1958, businessman, 56e fortune mondiale, ami d’Abramovitch, de Blavatnik et de Berel mais surtout président du Congrès Juif Européen depuis 2007.

Poser en conséquence, froidement la question cruciale de la « multi-polarité » revendiquée par les pro-russes pour la Russie de Poutine au regard du comportement très capitalistique et mondialiste de cette garde rapprochée.

Poser aussi la question du caractère « oppositionnel » de la Russie au regard des liens étroits pour ne pas dire « familiaux » que la garde rapprochée de Poutine entretient avec ses homologues anglo-saxons (Warburg, Rothschild …), israéliens (Stanley Fischer, Leviev, Libermann,  Idan Ofer …), français (DSK, Sarkozy) ou sud-africain (Gill Marcus président de la banque centrale d’Afrique du Sud) …

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07/05/2014

tolérance à la fraude

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(...) Le monde de la finance ne constitue pas une tribu, ne serait-ce que parce que ceux qui travaillent dans sa sphère se redistribuent immédiatement en deux sous-populations : les décideurs et les non-décideurs. Même les non-décideurs prennent bien évidemment des décisions, individuellement ou en tant que membres de comités, mais celles-ci sont de nature purement technique, visant à résoudre des problèmes d’ordre pratique, sans conséquences pour ce qui touche à l’interaction de la compagnie avec le monde extérieur. Les décideurs décident et lorsque les implications de leurs décisions empiètent sur le monde des non-décideurs ceux-ci ne manquent pas de les déplorer, les évoquant péjorativement comme des interférences « politiciennes ».

Personnellement, et quel que soit le titre relativement élevé dont on m’ait gratifié (« First Vice-President » au sommet de ma carrière), j’ai toujours appartenu au sein de la finance au monde des non-décideurs. La compétence dont on fait preuve alimente en permanence une dynamique de promotion et, recruté initialement par une compagnie en capacité de programmeur, je me suis retrouvé après quelques mois rebaptisé « business analyst » en raison de ma bonne culture en finance proprement dite. Les promotions peuvent cependant atteindre un plafond, un « glass ceiling » comme on dit en anglais : un plafond de verre, séparant précisément la classe des non-décideurs de celle des décideurs. Ce plafond est constitué d’un jugement porté – explicitement ou implicitement – sur la capacité du candidat à fonctionner au sein du monde plus secret des décideurs.

Les décideurs aiment caractériser le critère d’appartenance à leur club en termes de compétence, mon expérience de dix-huit ans m’a cependant convaincu que ce critère était en réalité d’un autre ordre : la tolérance personnelle à la fraude.

Problèmes techniques et enjeux politiques

Une fois parvenu immédiatement au-dessous du seuil correspondant au « plafond de verre », le candidat est testé : il est invité à des réunions où sont évoquées des questions impliquant des décisions d’ordre politique. Je me souviens ainsi d’une réunion à laquelle j’avais participé et où la question posée était de savoir s’il fallait ou non rétrocéder des commissions à une compagnie qui nous transférait une portion de son chiffre d’affaires, j’imagine pour qu’elle puisse rester en-dessous d’un certain seuil fiscal, ou pour qu’elle puisse maintenir un certain statut, lui permettant de continuer à bénéficier d’un régulateur coulant par exemple. La rétrocession de commissions prendrait la forme classique de la commande d’études que nul n’aurait l’intention d’effectuer ou de la sous-facturation de services. Il ne s’agissait donc pas d’escroquerie de haut vol mais de malhonnêtetés à la petite semaine. Je m’abstins de toutes remarques mais mon silence dut être interprété en soi comme une marque de désapprobation car on ne me réinvita jamais à des réunions de ce type. Mieux, quand un peu plus tard je tombai accidentellement et sans m’en apercevoir initialement sur une supercherie de grande envergure, on me licencia aussitôt. Une alternative aurait consisté à me prendre à part et à m’expliquer de quoi il s’agissait, en me faisant comprendre que mon silence allait de soi, tactique qui était utilisée avec d’autres mais que l’on rejeta dans mon cas. Le fait que mon comportement général suggérait a priori une probité sans compromis transparut à une autre occasion, dans le cadre d’une compagnie où je découvris accidentellement que les cadres supérieurs recevaient des pots-de-vin de nos clients en échange d’un traitement plus favorable que celui prévu par les barèmes, pénalisant bien entendu la compagnie qui nous employait et plus particulièrement son propriétaire. Comme dans le cas précédent, c’était une certaine dextérité dans l’extraction et l’analyse de données appartenant à la comptabilité de mon employeur qui m’avait fait découvrir ces faits. Je fus convoqué dans les dix minutes qui suivirent ma découverte et on me dit sans ambages : « Vous comprendrez aisément que le nouveau contexte nous oblige à réclamer votre démission ».

J’aurais pu choisir de faire du bruit, mais j’entendais poursuivre mon expérience au sein du monde de la finance, et toute dénonciation de ce type m’aurait transformé en persona non grata dans l’industrie. Je m’en abstins donc prudemment. Privé d’accès à des fonds de recherche depuis 1989, je consacrai chaque fois les allocations de licenciement généreuses que l’on me consentait pour acheter mon silence à rédiger un livre relatif à ce que je découvrais, mais traité sur un plan plus général. Ce fut dans le premier cas rapporté ci-dessus : Investing in a Post-Enron World (Jorion 2003), et dans le second cas : Vers la crise du capitalisme américain ? (Jorion 2007).

Le profil que j’adoptais était celui du « savant distrait », du technicien absorbé par la résolution de problèmes purement techniques et prétendument incapable de noter les enjeux politiques du cadre au sein duquel il évolue. Cela suffisait en général à ce qu’on me laisse tranquille puisque je réalisais par ailleurs les tâches que l’on me confiait (le plus souvent d’ailleurs celles sur lesquelles mes prédécesseurs s’étaient cassé les dents, ce qui me rendait indispensable malgré mon caractère atypique et assez inquiétant). Il m’arriva pourtant un jour que l’on me rappelle en termes explicites la nature des enjeux politiques et leur préséance sur la résolution technique des problèmes. L’anecdote mérite d’être rapportée car elle est éclairante en soi quant au monde financier et au rapport de force existant entre lui et ses autorités de tutelle : le régulateur étatique qui supervise, en principe du moins, son activité.

Je faisais partie à l’époque d’une équipe de consultants introduisant dans une banque européenne (la plus importante du pays en question) le protocole de gestion du risque « VaR », Value at Risk. Les autorités de tutelle avaient imposé que les banques produisent dorénavant journellement ce chiffre de Value at Risk exprimant, pour dire les choses en deux mots, sa perte maximale probable au cours d’une période donnée, vu son exposition au risque sur les marchés. Mon rôle consistait à tester le logiciel que nous installions. J’avais pour cela créé un portefeuille fictif de l’ensemble des instruments de dette que possédait la banque, dont je calculais le prix « à la main », c’est-à-dire en ayant créé un modèle de cet instrument sur un tableur, puis je comparais les valeurs obtenues à celles que le logiciel générait pour les mêmes configurations. Or ça ne collait pas : on trouvait dans les prix des produits (en amont du calcul de la « VaR ») des erreurs de l’ordre – si je me souviens bien – de 1%, ce qui sur des portefeuilles de la taille des portefeuilles bancaires était tout à fait inacceptable.

Je demandai à examiner le code (C++), ce qu’on m’accorda, bien qu’en me maudissant silencieusement. Le code était correct et il ne s’agissait donc pas d’un bug, d’une erreur de programmation. La méthodologie VaR était codée à l’intérieur d’un module inséré lui au sein d’un logiciel beaucoup plus vaste. Je me mis à examiner les chiffres en entrée dans le module VaR en provenance du logiciel général. La source des erreurs était là. Or ce logiciel était d’usage courant depuis plusieurs années, installé dans des centaines de banques de par le monde, le vendeur bénéficiant d’une part considérable du marché. Nos services étaient coûteux pour la banque hôte et l’équipe à laquelle j’appartenais était restée bloquée depuis plusieurs jours, attendant le résultat de mes investigations. La nouvelle que j’annonçais : que le problème était en amont et beaucoup plus général que nul n’avait envisagé puisqu’il affectait la valorisation de produits financiers très répandus, jeta la consternation.

Quelques jours plus tard, la banque organisait un cocktail dans un excellent restaurant de la ville. J’étais là, mon verre à la main, quand un vieux monsieur m’aborda : « Vous savez qui je suis ? » Non, je ne le savais pas. Il me dit son nom qui m’était familier : c’était celui du numéro deux ou trois de cette grande banque dont tout le monde connaît le nom. « Et moi je sais qui vous êtes : vous êtes l’emmerdeur qui bloquez tout. Il y a une chose que vous n’avez pas l’air de comprendre mon petit Monsieur : le régulateur, ce n’est pas lui qui me dira ce que je dois faire. Non, ce n’est pas comme ça que les choses se passent : c’est moi qui lui dirai quels sont les chiffres, il ne mouftera pas et les choses en resteront là. Un point c’est tout ! » Et il tourna les talons, me plantant là, moi et mon verre.

On s’interroge aujourd’hui pourquoi dans la période qui s’acheva en 2007 les régulateurs de la finance étaient assoupis aux commandes. Mon expérience m’avait offert la réponse : le rapport de force existant véritablement entre banques et régulateurs. (...)

Paul Jorion 2010/source

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Je vous suggère de lire entiérement ce texte de Jorion, tellement il est éclairant sur le fonctionnement intime et criminel de la finance globalisée. Michéa y fait une brève allusion dans son dernier opus (Le complexe d'Orphée), non sans raison. Jorion y décrit, avec l'oeil de l'anthropologue qu'il est, et du candide aussi, les situations de ruptures professionnelles que vont amener ses compétences hors-normes et sa simple probité dans un milieu, donc, ou ce qu'il est convenu d'appeller "esprit d'équipe" n'est en fait que l'aptitude à tolérer l'usage systématique de la fraude. passionnant+++

02/05/2014

fog of war

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"En écoutant Lavrov aujourd’hui, je suis venu à la conclusion que le régime à Kiev était en effet sur ​​le point d’essayer d’attaquer l’Ukraine orientale. Ce n’est pas seulement Lavrov, l’Internet russe est en « alerte rouge » et regorge de rumeurs et de spéculations sur une imminente. Cela pose un certain nombre de questions:

  1. Pourquoi la junte à Kiev reviendrait-elle si ouvertement sur ​​l’accord de Genève ?
  2. Pourquoi attaquer alors que les chances de succès sont très faibles ?
  3. Pourquoi attaquer quand elle sait que la Russie interviendrait presque certainement ?
  4. Pourquoi les sont clairement derrière cette stratégie ?

J’ai une hypothèse que je voudrais soumettre à votre attention.

Tout d’abord, la junte à Kiev est en train de renier l’accord de Genève tout simplement parce qu’elle ne peut pas se conformer à ses conditions. Rappelez-vous, la junte est composée de quelques hommes politiques soigneusement choisis par les États-Unis et quelques ukrainiens. Ils ont de l’argent, mais pas de pouvoir. Comment pourraient-ils imposer quoi que ce soit aux fanatiques bien armés et déterminés du secteur droit ?

Deuxièmement, l’Ukraine orientale est perdue, de toute façon. Aussi, la junte à Kiev a à choisir parmi les options suivantes :

  1. Soit l’Ukraine orientale s’en va par voie de référendum, et elle ne fait rien pour l’en empêcher.
  2. Soit l’Ukraine orientale s’en va, mais seulement après une certaine violence.
  3. Soit l’Ukraine orientale s’en va à la suite d’une intervention militaire russe.

De toute évidence, l’option «a» est de loin la pire. L’intérêt pour l’option «b» est mitigé, tandis que l’option ‘c’ est la plus intéressante. Si on y réfléchit, cette option donnera l’impression que la Russie a envahi l’est de l’Ukraine et que les gens là-bas n’ont eu aucun mot à dire à ce sujet. Cela ralliera également le reste de l’Ukraine autour de son drapeau. La catastrophe économique sera attribuée à la Russie et l’élection présidentielle du 25 mai pourra être annulée en raison de la «» russe. En plus de cela, une guerre, quelle que soit son absurdité, est le * parfait * prétexte pour introduire la loi martiale qui peut être utilisée pour réprimer le Secteur Droit ou toute personne exprimant des vues que la junte n’aime pas. C’est un vieux truc : déclenchez une guerre et les gens vont se rallier autour du régime au pouvoir. Créez la panique, et les gens vont oublier les vrais problèmes.

En ce qui concerne les Etats-Unis – ils savent aussi que l’Ukraine orientale est perdue. Avec la et l’Ukraine orientale disparues, pourquoi ne pas simplement utiliser le reste de l’Ukraine, qui a exactement * zéro * valeur pour l’Empire, comme un moyen de créer une nouvelle guerre froide, ce qui serait beaucoup plus sexy que la guerre mondiale contre le ou la vieille guerre contre la . Après tout, si la Russie est obligée d’intervenir militairement, l’OTAN devra envoyer des renforts pour « protéger » des pays comme la Pologne ou la Lettonie, juste au cas où Poutine déciderait d’envahir l’ensemble de l’UE.

Au bout du compte, les voyous au pouvoir à Kiev et les Etats-Unis * sachant * que l’Ukraine orientale est perdue pour eux, le de l’attaque imminente n’est pas de «gagner» contre les rebelles russophones ou, encore moins, de «gagner» contre l’armée russe, elle doit juste enclencher assez de violence pour forcer la Russie à intervenir. En d’autres termes, puisque l’Est est perdu de toute façon, il vaut mieux le perdre à cause de la « horde des envahisseurs russes» que de le perdre à cause de la civile locale.

Donc, le but de la prochaine attaque ne sera pas de gagner, mais de perdre.Ca, l’armée ukrainienne peut encore faire.

Deux choses peuvent arriver à déjouer ce plan:

  1. L’armée ukrainienne pourrait refuser d’obéir à ces ordres manifestement criminels (le fait de devenir une cible de l’armée russe pourrait aider certains officiers à faire le bon choix « purement moral »).
  2. locale pourrait être assez forte pour se tirer d’une telle opération et arriver à la paralyser.

L’idéal serait une combinaison des deux.

Du point de vue de la Russie, les choses sont assez simples: il est infiniment mieux pour la Russie d’avoir la séparation de l’Est sans aucune intervention de sa part. Si la force d’attaque est assez folle pour utiliser des blindés, l’artillerie ou la puissance aérienne, la Russie pourrait décider de faire des frappes aériennes sans réellement envoyer des forces terrestres. Ils pourraient également utiliser les capacités de guerre électronique pour créer plus de chaos dans la force d’attaque. Des attaques ponctuelles limitées pourraient aussi servir à démoraliser les forces attaquantes. Ce que la Russie doit éviter à tout prix c’est de se trouver contrainte à s’engager dans des opérations offensives urbaines qui sont toujours dangereuses et sanglantes. Il est donc absolument essentiel que les gens du pays prennent le contrôle de leurs propres rues, villages et villes.

Lavrov a prononcé aujourd’hui un avertissement très direct : si les choses dérapent dans l’est de l’Ukraine la Russie interviendra. Espérons que quelqu’un en Occident réalisera enfin que les Russes ne bluffent jamais et que le message aura vraiment été compris. Je ne suis pas très optimiste cependant. Si Lavrov a éprouvé le besoin de faire une interview de 30 minutes entièrement en anglais dans laquelle il a clairement comparé la situation en Ukraine aujourd’hui à celle de l’Ossétie le 08.08.08, c’est probablement parce que les Russes ont des renseignements indiquant qu’une attaque est imminente.

Nous le saurons très bientôt."

Le Saker

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NB: lire aussi De Defensa sur l'Ukraine

30/04/2014

Que faire?

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"Je remercie Hoplite de m’ouvrir cette courte tribune. C’est chez lui notamment que j’ai trouvé les articles, les commentateurs et les commentaires qui ont éveillé chez moi le besoin d’aller au-delà du simple entre-soi virtuel.

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Que faire ? C’est la question que nous nous posons tous.

L’heure n’est plus à se contenter de formuler des diagnostics. Ils ont tous été posés, sur à peu près tous les sujets, et souvent brillamment. Après tout, il suffit d’avoir des yeux pour lire et pour voir.

Le mal du siècle, c’est la dépossession, l’isolement fruit d’un individualisme sournois, la souveraineté disparue, des libertés rognées chaque jour un peu plus, des conflits à l’intérieur même de nos frontières, un État et des institutions lieux et objets de luttes stériles et partisanes, la vassalisation de la nation.

La solution est néanmoins politique. L’apparente contradiction provient de ce que trop peu d’entre nous envisagent la politique en dehors de l’Etat, des élections et de la sphère publique. Ils ne peuvent concevoir de vie politique sur la base d’institutions de caractère privé, en préalable à toute conquête de la sphère publique.

Cette idée est assez neuve dans notre camp. Je ne l’ai pas, sauf erreur de ma part, vue développée sérieusement. A tout le moins, pas de projet d’ensemble, ni massif, encore moins pérenne. Et pour cause, ce bord politique s’en remet systématiquement aux institutions existantes et à l’Etat. Alors même qu’y triomphent à leur tête des forces parfois franchement hostiles.

L’idée la plus générale est donc :

- d’utiliser les institutions existantes à notre profit

- de créer celles qui nous font défaut

« Les institutions existantes jouent contre nous ! », me direz-vous. Dans une certaine mesure, c’est vrai, mais seulement parce nous sommes encore trop ignorants des libertés, droits et facultés à notre disposition. Nous ne vivons pas en dictature. Nous vivons dans un état de droit, pour le meilleur comme le pire. Nous n’usons pas de nos droits, faute d’en connaître suffisamment l’étendue ; et tout dispositif liberticide peut être retourné contre ceux qui l’ont mis en place.

Créer les institutions qui nous font défaut, ensuite, c’est là l’essentiel. Tout est possible, car tous les outils permettant de créer ces institutions existent en droit positif. Ils permettent de mettre au point des structures aussi solides que souples, et efficaces pour peu que des hommes motivés se donnent un peu de peine.

J’insiste sur le caractère légaliste de la démarche. Il n’est pas question que quiconque prenne le moindre risque de caractère personnel ou professionnel. Il ne sera jamais rien fait d’illicite.

Nous avons besoin d’hommes, d’argent et d’une culture commune :

- « des » hommes, parce que l’homme providentiel est un conte pour enfants. Personne n’a jamais réussi seul, et les soi-disant contre-exemples que nous offre l’Histoire sont précisément ceux ayant atteint leurs objectifs grâce à des réseaux. Au surplus, l’esprit de communauté crée cette chaleur qui manque au monde contemporain. Savoir que l’on peut compter sur un groupe rassure, et favorise l’émulation. Le courage, également, cela s’apprend.

- de l’argent, au sens le plus large de ce terme. D’abord, parce qu’exiger quoi que ce soit à son strict profit est très malvenu : pour recevoir, il faut d’abord donner. Ensuite, parce que l’histoire du monde est aussi l’histoire de rapports de forces économiques. Ici, il ne s’agit rien de moins que de devenir la plus grande puissance patrimoniale privée possible : c’est le pendant du développement ci-dessus. Là où un individu seul, même le plus riche, ne pèse rien, une institution peut développer une masse critique de nature à rétablir l’équilibre des forces.

- une culture commune : la culture est à mon sens une affaire de réflexes, il faut pouvoir développer dans certaines situations des attitudes tellement intégrées qu’elles apparaissent comme « organiques ». Il ne s’agit pas de se dépouiller de son individualité et tout sacrifier à une communauté, mais commencer à apprendre le calme, le sang-froid, la prudence, le silence aussi parfois, afin de ne pas mettre en porte-à-faux ceux qui nous sont chers, et ceux qui ont l’amabilité de nous laisser la parole.

Très concrètement, maintenant. 

Ces institutions vont être créées, sous peu.

Leurs formes juridiques, mêmes si elles sont d’ores et déjà arrêtées, n’ont en soi que peu d’importance, elles ne visent qu’à une efficacité maximale. Elles seront de nature à reprendre en main une partie de ce qu’il est convenu d’appeler « l’intérêt général », qui est en fait notre intérêt, que nous avons laissé trop longtemps à ceux qui nous nuisent. Elles auront besoin de militants. Elles trouveront à développer leurs activités dans des domaines assez divers, parfaitement identifiés, et qui auront pour point commun de reconquérir pied à pied notre souveraineté.

Il est plus que temps de se recentrer sur nos affaires, plutôt que s’occuper de celles des autres.

Je ne peux pas en dire plus pour l’heure, et je vous présente mes excuses pour ce style encore une fois très elliptique. J’aurais aimé approfondir et donner des détails. Mais je n’aime pas parler au futur, préférant toujours dire « j’ai fait », plutôt que « je vais faire ».

 Si Hoplite m’en laisse la possibilité, je répondrai à certaines de vos questions dans les commentaires."

Calliclès

NB: je remets en ligne ce texte de notre ami Calliclès (en laissant les commentaires de septembre 2013) car ce projet avance et les bonnes volontés restent bienvenues. Le moment de sortir des fourrés:)...

29/04/2014

quelque chose de pourri

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"Les républicains vont-ils perdre leur Godfather ?

Il nous est déjà arrivé (voir le 12 avril 2012) de parler de Sheldon Adelson, milliardaire de double nationalité, israélienne et américaine, fervent partisan de tout ce qu’il y a d’extrémisme sioniste en Israël et soutien sonnant et trébuchant des républicains à condition qu’ils soutiennent inconditionnellement ce qu’il y a de plus extrémiste sioniste en Israël. Adelson soutient de plus en plus ouvertement et impunément le parti républicain à ses conditions, et il a été jusqu’à transformer la Republican Jewish Coalition qui s’est réuni les 27-29 mars à Las Vegas, en une sorte de “primaires“ où il aurait désigné son ou ses candidats républicains aux présidentielles, après avoir entendu leur serment d’allégeance. (Pour l’atmosphère de la chose, voir le Washington Post du 31 mars 2014.) Les caciques et apprentis-candidats républicains se sont précipités à Vegas, sauf quelques rares oiseaux rares, tel Rand Paul.... Vegas, bien entendu, parce que c’est le fief d’Adelson. Le milliardaire bienfaiteur des bonnes causes ultra-sionistes et républicaines est aussi le propriétaire de divers casinos, à Vegas et à Macao, et réputé comme étant un des godfathers du crime organisé dans le domaine des jeux, aussi bien aux USA que dans ses extensions internationales (vers la Chine, notamment). C’est là que l’histoire devient, espérons-le, piquante. Dans PressTV.ir, Gordon Duff, un vétéran du Corps des Marines et l’un des principaux collaborateurs du site Veterans Today représentant une association des vétérans des forces armées, développe une longue analyse sur la situation juridique actuelle d’Adelson, qui fait l’objet d’une enquête particulièrement attentive du FBI. (Adelson a eu plusieurs fois déjà affaire à la justice, et dans son cas qui implique le parti républicain, l'administration démocrate ne lui fait aucun cadeau parce qu'il est du côté républicain, même si cet acharnement porte sur une affaire qui, au bout du compte, discrédite tout le Système, – habituel dérive antiSystème d'un membre du Système, par intérêt propre.) Duff écrit dans un article du 26 avril 2014 sur PressTV.ir, qu’Adelson serait sur le point d’être inculpé par un grand jury, selon le témoignage d’un de des collaborateurs actuellement sous un régime de garde à vue qui s’apparenterait plutôt à une “protection” jusqu’au témoignage sous serment.

(...)Ces problèmes juridiques et judiciaires d’Adelson sont en général soigneusement passés sous silence par la presse-Système, qui évite comme la peste tout ce qui peut laisser penser que l’establishment politique washingtonien puisse être un tant soit peu soupçonné de corruption ; avec Adelson, la chose prend une telle allure gargantuesque que tout doit être fait pour dissimuler ses problèmes, alors que ses connections corruptrices avec Washington sont elles-mêmes bien connues. Le 31 mars 2014, dans MediaMatters.org, Hannah Groch-Begley observait à ce propos, – alors que les problèmes judiciaires d’Adelson, pour la phase actuelle, étaient déjà en cours :

«The Republican Jewish Coalition met March 27-29 in Las Vegas, and the event was dubbed the “Adelson Primary” as GOP presidential hopefuls used the meeting to fawn over magnate Sheldon Adelson. Adelson is the chairman and CEO of Las Vegas Sands Corp., a casino and resort operating firm, who reportedly spent nearly $150 million attempting to buy the 2012 election with donations to a super PAC aligned with Mitt Romney and other outside groups (including Karl Rove's American Crossroads). Before switching allegiance to Romney, Adelson had donated millions to Newt Gingrich. He has also given generously in the past to super PACs associated with a variety of Republican politicians, including Scott Walker, John McCain, Rudy Giuliani, George W. Bush, and Eric Cantor. [...] »While Republicans’ efforts to court Adelson made big news in print media over the past week, none of the articles mentioning Adelson in The New York Times, Washington Post, Politico, or The Wall Street Journal mentioned that he has come under investigation for illegal business practices, including bribery, or his history of extreme remarks. A search of the Nexis and Factiva databases from March 24 to March 31 turned up several articles in the papers ­mentioning the billionaire, none of which mentioned Adelson's checkered past. The New York Times called Adelson “one of the Republican Party's most coveted and fearsome moneymen” and detailed his current fight against online gambling, while The Washington Post's March 25 preview of the event simply reported that Adelson was “driven by what he has said he sees as Obama's socialist agenda. He is a fierce opponent of organized labor and is currently embroiled in a fight to ban online gambling.”»

Cette affaire avec ses diverses ramifications, cela sans préjuger d’une éventuelle inculpation d’Adelson, met en lumière les extraordinaires ramifications existantes entre le crime organisé aussi bien que quelques milliardaires des milieux extrémistes, et la direction politique washingtonienne. (Certes, la même situation existe du côté démocrate, selon d’autres filières, notamment Wall Street, qui entretient dans certaines de ses filiales des organisations qu’on peut effectivement qualifier de “crime organisé”.) Les habituels sceptiques diront “tout le monde le sait”, et ils auront tort, comme d’habitude. Une telle possible exposition, avec de possibles inculpations ou la fuite de l’un ou l’autre (Adelson) des USA, de ce que “tout le monde sait” dépasse d’une façon décisive en impact psychologique et intellectuel le “savoir” non substantivé de la chose. Le spectacle qui se forme peu à peu est bien, dans ce cas mais sans oublier que le parti démocrate recèle d’autres cas du même type, la situation d’un parti politique, et de l’une des deux branches du “parti unique”, complètement à la solde d’un homme, d’une fortune, d’une orientation politique, – mais surtout, finalement, complètement à la solde du crime organisé en tant que tel et sans réel intermédiaire pour atténuer l’infamie. Il s’agit du degré absolu, non seulement de la corruption, mais en plus de l’inversion totale de toutes les “valeurs” dont ce monde politique est comptable. Gordon Duff fait cette hypothèse, dans le cas où effectivement Adelson arriverait à concrétiser son “achat” du parti républicain et de ses candidats pour les présidentielles ; il s’agit d’une hypothèse déstructurante fondamentale des USA, qui fait l’hypothèse que certaines entités régionales US, au niveau des États ou groupes d’États de l’Union, ne pourraient accepter une telle corruption affichée, revenant à l’acquisition pure et simple par le crime organisé et l’extrémisme de l’appareil politique US, et s'orienterait vers un état de sécession :

«Critical is Adelson’s virtual control of America’s pro-Israel Republican Party. The GOP had hopes of using Adelson cash to gain control of the United States Senate. Analysts predict that were this to happen, America would not only move toward domestic collapse but there is a real possibility that regions of the US would seek to withdraw from the union, seeking an “autonomous zone.”»

D’autre part, si les sources de Duff sont bonnes et si, effectivement, Adelson est inculpé ou qu’il doit fuir, par conséquent si le parti républicain devait rembourser les sommes importantes qu’il a reçues (plusieurs centaines de $millions), ce parti se trouverait dans un état de banqueroute qui bouleverserait complètement la situation électorale. Dans ce cas, on se trouverait dans une situation politique complètement inédite, avec la porte ouverte à des mouvements et des candidats populistes. On peut même avancer que la remarque de Duff sur la cohésion interne US vaudrait également dans ce cas... Les révélations et les mises à jour des aspects divers, coutumiers et structurels, de la situation de la politique aux USA, – particulièrement aux USA où aucune règle régalienne ne prévaut, – contribuent à sans cesse fragiliser le Système exactement comme les poussées successives d’une marée en progression minent un château de sable. Avec des révélations et des mises à jour d’une telle puissance, la poussée de la marée est proche d’être irrésistible. Il est impossible de ne pas conclure qu’à un moment ou l’autre, le château cédera."

De Defensa/ Grasset

27/04/2014

truth and lies

26/04/2014

cauchemar climatisé

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source

« Le spectacle le plus pitoyable, c’est celui de toutes ces voitures garées devant les usines et les aciéries. L’automobile représente à mes yeux le symbole même du faux-semblant et de l’illusion. Elles sont là, par milliers et par milliers, dans une telle profusion que personne, semble-t-il, n’est trop pauvre pour en posséder une. D’Europe, d’Asie, d’Afrique, les masses ouvrières tournent des regards envieux vers ce paradis ou le prolétaire s e rend à son travail en automobile. Quel pays merveilleux ce doit être, se disent-ils ! (Du moins nous plaisons nous à penser que c’est cela qu’ils se disent !) Mais ils ne demandent jamais de quel prix se paie ce privilège. Ils ne savent pas que quand l’ouvrier américain descend de son étincelant chariot métallique, il se donne corps et âme au travail le plus abêtissant que puisse accomplir un homme. Ils ne se rendent pas compte que même quand on travaille dans les meilleures conditions possibles, on peut très bien abdiquer tous ses droits d’être humain. Ils ne savent pas que (en américain) les meilleures conditions possibles cela signifie les plus gros bénéfices pour le patron, la plus totale servitude pour le travailleur, la pire tromperie pour le public en général. Ils voient une magnifique voiture brillante de tous ses chromes et qui ronronne comme un chat ; ils voient d’interminables routes macadamisées si lisses et si impeccables que le conducteur a du mal à ne pas s’endormir ; ils voient des cinémas qui ont des airs de palaces, des grands magasins aux mannequins vêtus comme des princesses. Ils voient la peinture et le chromé, les babioles, les ustensiles de toute sorte, le luxe ; ils ne voient pas l’amertume des cœurs, le scepticisme, le cynisme, le vide, la stérilité, l’absolu désespoir qui ronge l’ouvrier américain. Et d’ailleurs, ils ne veulent pas voir tout cela : ils sont assez malheureux eux-mêmes. Ce qu’ils veulent, c’est en sortir ! Ils veulent le confort, l’agrément, le luxe qui portent en eux les germes de la mort. Et ils marchent sur nos traces, aveuglément, sans réfléchir. »

Henri Miller, Le cauchemar climatisé, 1940.
podcast

25/04/2014

Caucase, vermine et techniciens

luger2.jpg"Anecdote : des prisonniers Russes que, sur l’ordre de Maiweg, on avait trié dans tous les camps pour aider aux travaux de reconstruction –spécialistes du forage, géologues, ouvriers des raffineries du voisinage- furent réquisitionnés dans une gare par une troupe combattante pour servir de porteurs. Sur les cinq cent hommes de ce groupe, trois cent cinquante périrent sur le bord des routes. Et, sur le chemin du retour, cent vingt de ceux qui avaient été épargnés moururent d’épuisement, si bien qu’il ne resta que trente survivants.

Le soir, fête de la Saint-Sylvestre au quartier général. Je constatai une fois de plus qu’une pure joie festive était impossible en cette période. Le général Muller nous fit, par exemple, le récit des monstrueux forfaits auxquels se livra le Service de Sécurité après la prise de Kiev. On évoqua aussi, une fois de plus, les tunnels à gaz empoisonné où pénètrent des trains chargés de juifs. Ce sont là des rumeurs, que je note en tant que telles ; mais il est sûr que se commettent des meurtres sur une grande échelle. Je songeai alors au brave potard de la rue La Pérouse et à sa femme [déportée] pour laquelle il s’était tant inquiété jadis. Quand on a connu des cas individuels et qu’on soupçonne le nombre des crimes qui s’accomplissent dans ces charniers, on découvre un tel excès de souffrance que le découragement vous saisit. Je suis alors pris de dégoût à la vue des uniformes, des épaulettes, des décorations, des armes, choses dont j’ai tant aimé l’éclat. La vieille chevalerie est morte. Les guerres d’aujourd’hui sont menées par des techniciens. L’homme a donc atteint ce stade que Dostoïevski décrit à travers Raskolnikov. Il considère alors ses semblables comme de la vermine. C’est de cela qu’il doit justement se garder s’il ne veut pas tomber dans la sphère des insectes. Pour lui et pour ses victimes, entre en jeu le vieux, le monstrueux : « Voilà ce que tu es ! »

Puis je suis allé dehors ; les étoiles scintillaient dans un ciel éclairé par la lueur des tirs. Éternels et fidèles signes –Grande Ourse, Orion, Véga, Pléiades, ceinture de la Voie Lactée-, nous autres hommes et nos années sur la terre, que sommes nous devant cette splendeur ? Qu’est donc notre éphémère tourment ? A minuit, au bruit des verres entrechoqués, j’ai intensément songé à ceux que j’aime et j’ai senti que leurs souhaits parvenaient aussi jusqu’à moi. "

Ernst Jünger, Notes du Caucase, 31 décembre 1942. Journaux de guerre, p. 441. Pléiade

Valls pride

23/04/2014

Logique

alain soral

 

 

 

 

 

 

 

"Pour conclure sur une note optimiste en guise de vœux pour 2009, je veux proposer la solution qui résoudrait une fois pour toutes le conflit israélo-palestinien. Puisqu'il ne peut y avoir deux états la ou il n'y a qu'un seul territoire pour deux peuples (à moins que l'un des deux aille se faire voir ailleurs), la seule solution c'est le métissage! Julien Dray, qu'on entend moins ces temps-ci, Jacques Attali, et le président Sarkosy lui-même ne nous vendent-ils pas la chose comme le grand défi du XXIeme siècle? (Cf Égalité des chances et diversité, conférence de Palaiseau du 17/12/2008). Si le métissage c'est la solution pour la France, alors pourquoi pas, à fortiori, pour Israel et la Palestine? Avec le métissage, fini le mur de séparation, la haine, la purification ethnique...Voilà une solution humaniste, de gauche et logique! A moins que la logique aussi soit à deux vitesses? Bonne année 2009!"

Alain Soral, Chroniques d'avant-guerre, 2012.

21/04/2014

élus du peuple

Rougeyron et la forêt de Bondy

19/04/2014

Lordon


L'économiste Frédéric Lordon : "Il faut sortir... par franceinter

NB: analyses économiques/politiques pertinentes même si le sieur Lordon trouve rapidement quelques limites philosophiques et morales comme en témoigne sa récente et bien curieuse polémique avec l'impeccable Jean-claude Michéa, controverse entre un gauchiste insider du CNRS qu'est Lordon et un socialiste conséquent donc décent et sur laquelle l'ami Boréas a dit l'essentiel ici. Bon WE à tous.

NB: comme si la gauche contemporaine (ie la gauche du capital ou les libéraux culturels) depuis au moins 83 ne s'était pas intégralement soumise aux lois d'airain du capitalisme globalisé...Lordon manichéen sur la question de la souveraineté, manière de se défausser du FN. Et comme si la droite historique française se résumait à la bourgeoisie libérale de droite hégémonique depuis 45 et son imaginaire de boutique et d'agiotage.

NB: le pauvre Guetta est gâteux depuis longtemps, me fait rire ce pitre.

18/04/2014

fillettes et garçons

curzio malaparte,la peau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

" - Allons voir la mer, Malaparte.

Nous traversâmes la place Royale, et allâmes nous appuyer au parapet à pic sur la mer, tout au bout de la Via Partenope.

- C'est un des plus anciens parapets de l'Europe, dit Jack, qui connaissait tout Rimbaud par cœur.

Le soleil se couchait, et la mer prenait peu à peu la couleur du vin, qui est la couleur de la mer dans Homère. Mais là-bas, entre Sorrente et Capri, les eaux, les hautes rives abruptes, les montagnes et les ombres des montagnes, s'éclairaient lentement d'une vive couleur de corail, comme si les forêts de corail qui recouvrent le fond du golfe émergeaient lentement des abymes marins, en teignant le ciel de leurs reflets de sang antique. La falaise de Sorrente, vêtue de jardins d'agrumes, surgissait au loin de la mer comme une dure gencive de marbre vert, que le soleil mourant blessait, de l'autre bout de l'horizon, avec ses flèches obliques et lasses, suscitant la lueur chaude et dorée des oranges et les éclairs froids et livides des citrons."

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" Des femmes livides, défaites, aux lèvres peintes, aux joues décharnées, couvertes d'une croûte de fard, horribles et pitoyables, se tenaient au coin des rues, offrant aux passants leur misérable marchandise : des garçons et des petites filles de huit ou dix ans, que les soldats marocains, hindous, malgaches, palpaient en relevant les robes ou en glissant leur main entre les boutons des culottes. Les femmes criaient : « Two dollars the boys, three dollars the girls ! »

-Tu aimerais, dis, une petite fille à trois dollars, disais-je à Jack.

- Shut up, Malaparte.

- Ce n'est pas cher après tout, une petite fille pour trois dollars. Un kilo de viande d'agneau coûte bien plus cher. Je suis sûr qu'à Londres ou à New York une petite fille coûte plus cher qu'ici, n'est-ce pas, Jack ?

- Tu me dégoûtes, disait Jack.

- Trois dollars font à peine trois cent lires. Combien peut peser une fillette de huit à dix ans ? Vingt-cinq kilos ? Pense qu'un seul kilo d'agneau, au marché noir, coûte cinq cent lires, c'est-à-dire cinq dollars

- Shut up, criait Jack !

Les prix des fillettes et des petits garçons étaient tombés depuis quelques jours, et continuaient à baisser. Tandis que les prix du sucre, de l'huile, de la farine, de la viande, du pain, étaient montés, et continuaient à augmenter, le prix de la chair humaine baissait de jour en jour. Une fille de vingt à vingt-cinq ans, qui, une semaine avant coûtait jusqu'à dix dollars, ne valait désormais que quatre dollars, os compris. La raison d'une telle baisse de prix de la chair humaine sur le marché Napolitain dépendait peut-être du fait que, de toutes les régions de l'Italie méridionale, les femmes accouraient à Naples. Pendant les dernières semaines, les grossistes avaient jeté sur le marché d'importantes livraisons de femmes Siciliennes. Ce n'était pas que de la viande fraîche, mais les spéculateurs savaient que les soldats nègres ont des goûts raffinés, et préfèrent la viande pas trop fraîche. Toutefois, la viande Sicilienne n'était pas très demandée, et même les nègres finirent par la refuser. Les nègres n'aiment pas les femmes blanches trop noires. "

La peau, Curzio Malaparte, 1949.
podcast

15/04/2014

what else?

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"Le 25 septembre 2013, Noël Mamère annonçait dans Le Monde son intention de quitter Europe Écologie Les Verts, dénonçant « la firme » formée par Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé et leurs amis : « Notre parti ne produit plus rien : il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. Nous sommes devenus un syndicat d’élus. » Cette transformation est l’oeuvre d’un homme, Jean-Vincent Placé. Formé par Michel Crépeau aux habiletés terriennes rad-soc, ce pur apparatchik franc-maçon, qui n’a jamais travaillé, est surnommé « le Sarko écolo ». Il aura mis sur la touche toute la vieille garde verte et placé ses hommes (et surtout ses femmes) dans le parti. Ce « vert qui mange sa viande bleue » est un ambitieux qui se voit ministre de l’Intérieur ou du Budget. En toute modestie, il déclare : « Je suis un des hommes les plus influents de la république » (Le Canard Enchaîné du 6 novembre 2013).

« Pas la peine de parler aux gens de dérèglement climatique… J’ai une bonne connaissance de la géographie, du sport et de la gastronomie, ça passe toujours. C’est mon côté chiraquien ! » (Le Point du 31 octobre 2013).

« Je l’ai connu du temps où j’étais un chef socialiste et où il me léchait en vain les pieds pour un siège aux cantonales en Essonne dans une ville qu’il n’habitait pas » (Jean-Luc Mélenchon, rapporté par Le Nouvel observateur du 17 décembre 2009).

« Jean-Vincent Placé, c’est l’homme en costume cravate des verts. Un ovni dans le parti écolo. Il aime le pouvoir, les belles femmes et les cigares. Il roule parfois vite et se gare souvent mal. Il dîne aux meilleures tables du 7e arrondissement de Paris, on lui sert du « monsieur le président ». Il copine avec Roger Karoutchi (UMP), Jean-Paul Huchon (PS), Bernard Lehideux (MoDem), François Sauvadet (Nouveau Centre), ou encore… Pierre Charon, le conseiller de Sarközy. D’aucuns le décrivent comme un apparatchik, un cynique un opportuniste sans conviction spécialiste des coups tordus » (Le Point du 15 juillet 2010. Faits & Documents 366 - Octobre 2013

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12/04/2014

fièvre populiste