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27/10/2010

la hache, ça défoule

types anthropologiques

« (...) Castoriadis écrit en effet ceci : « Le capitalisme n’a pu fonctionner que parce qu’il a hérité d'une série de types anthropologiques qu’il n’a pu créer lui-même : des juges incorruptibles, des fonctionnaires intègres et weberiens, des éducateurs qui se consacrent à leur vocation, des ouvriers qui ont un minimum de conscience professionnelle, etc. Ces types ne surgissent pas et ne peuvent pas surgir d’eux-mêmes, ils ont été crées dans des périodes historiques antérieures, par référence à des valeurs alors consacrées et incontestables : l’honnêteté, le service de l’état, la transmission du savoir, la belle ouvrage, etc. Or nous vivons dans des sociétés où ces valeurs sont, de notoriété publique, devenues dérisoires, où seuls comptent la quantité d’argent que vous avez empoché, peu importe comment,  ou le nombre de fois où vous êtes apparu à la télévision. »

D’où l’analyse de Michéa qui soutient que c’est parce que les conditions de l’égoïsme libéral n’étaient pas encore réalisées que le marché a pu conserver, un temps, équilibre et efficacité. Tout comme le mécanisme de la pendule est stabilisé par l’inertie du balancier, la dynamique du libéralisme fut longtemps canalisé par le stock de valeurs et d’habitus constitué dans les sociétés « disciplinaires » antérieures et que lui-même est par nature incapable d’édifier. Ce stock une fois épuisé, l’échange marchand ne connaît plus de frein et sombre dans l’hubris.

Le raisonnement de Castoriadis montre que le libéralisme n’est historiquement viable que si les communautés où son règne est expérimenté sont, sociétalement, suffisamment solides et vivantes pour en contenir les aspects dévastateurs. Cette solidité tient autant à l’enracinement des systèmes de limitations culturelles et symboliques depuis longtemps intériorisés qu’aux régulations politiques d’un Etat qui ne s’était pas encore résolu à n’être qu’une structure d’accompagnement « facilitatrice » des « lois du marché ». C’est ce qui explique, par exemple, que dans la France des années soixante (la France du Général De Gaulle) la « croissance » connaisse un rythme soutenu et génère une augmentation réelle et générale du bien-être, alors que, entre autres données sociologiques très parlantes, le taux de délinquance demeurait à son plancher. La prégnance des anciens modèles comportementaux était encore dominante, et c’est sur cette base qu’ont pu s’accomplir les « trente glorieuses ». Dans les années suivantes, quand s’estompe la préoccupation du collectif et que triomphent les « égos émancipés », promus tant par les doctrinaires libertaires que par les slogans publicitaires, tous ces anticorps commencent à se dissoudre.

La période actuelle constitue pour Michéa l’aboutissement ultime d’une logique libérale désormais sans ailleurs et donc livrée à sa propre démonie. D’un côté l’extension indéfinie de la sphère marchande et, de l’autre la multiplication des conflits nés du relativisme moral. Autant de luttes qui se traduisent par de nouvelles contraintes et l’établissement d’une société de surveillance aux mailles sans cesse plus serrées. »

Pierre Bérard, Eléments, Printemps 2008.

fuck

l'ombre du Tea Party

"Israël, annexe du Pentagone

Une des probabilités attendues d’une nouvelle Chambre des Représentants à majorité républicaine (éventualité tenue quasiment pour acquise avec les élections du 2 novembre), c’est une attaque violente contre l’aide US à l’étranger. Tout le poids de Tea Party se fera sentir dans ce sens. Si c’est le cas, qu’adviendrait-il de l’aide à Israël (autour de $3-$4 milliards par an), dont dépend presque à 100% la puissance militaire d'Israël et sa sécurité nationale ? Les partisans d’Israël sont inquiets.

Le Représentant républicain, chef de la majorité républicaine au Congrès, Eric Cantor, seul juif du groupe républicain à la Chambre, a son idée. Il l’a confiée à JTA (Jewish Telegraphic Agency), le 24 octobre 2010. Il s’agirait de faire inclure cette aide dans le budget du Pentagone, la mettant ainsi à l’abri relatif des fluctuations parlementaires.

«A Republican Congress would seek to remove funding for Israel from the foreign operations budget, a GOP leader said. U.S. Rep. Eric Cantor, the Republican whip and the only Jewish Republican in the House of Representatives, told JTA that a GOP-led House would seek to defund nations that do not share U.S. interests, even if it meant rejecting the president's foreign operations budget.

»Cantor, of Virginia, said he wants to protect funding for Israel should that situation arise. “Part of the dilemma is that Israel has been put in the overall foreign aid looping,” he said when asked about the increasing tendency of Republicans in recent years to vote against foreign operations appropriations. “I'm hoping we can see some kind of separation in terms of tax dollars going to Israel.”

»Cantor's statement was a sign that the Republican leadership was ready to defer to the party's right wing on this matter. Some on the GOP right have suggested including Israel aid in the defense budget, and a number of Tea Party-backed candidates have said they would vote against what is known in Congress as “foreign ops.”»

Cette proposition radicale de faire passer l’aide à Israël dans le budget du Pentagone est une opération très sérieusement envisagée, qui dénote d’abord le climat d’urgence où se trouvent certaines situations tenues jusqu’ici pour acquises. La perspective d’une mise en question complète de l’aide à l’étranger par une Chambre sous influence de Tea Party montre bien qu’on se prépare à certaines décisions radicales. L’intégration de l’aide à Israël dans le budget du Pentagone aurait l’avantage d’assurer une certaine protection organique à cette aide, mais elle aurait également diverses conséquences dont on mesure encore mal les effets, dont certains d’entre eux pourraient s’avérer très ambigus, voire très dangereux pour Israël.

• Le premier effet, capital, est de dissiper toutes les fictions développées jusqu’ici. La situation apparaîtrait pour ce qu’elle est dans la réalité comptable, mais avec des liens institutionnels nouveaux et contraignants. Pour ce qui est des liens avec les USA, point d’équilibre, voire de survie fondamental pour Israël, le doute ne serait plus permis : Israël est une dépendance du Pentagone et du complexe militaro-industriel. On le savait déjà sur la situation réelle et concrète, depuis plusieurs décennies, depuis le début des années 1980 où l’influence du Pentagone sur Israël était devenue prépondérante (voir notre F&C du 17 juillet 2006). Avec la mesure envisagée, la chose apparaîtrait au grand jour, – ce qui est loin d’être confortable, pour Israël essentiellement.

• Sur le plan pratique, une telle décision constituerait la constitution d’un formidable moyen de pression, presque absolu, du Pentagone sur Israël. D’ores et déjà, le Pentagone dispose d’une puissance de pression extrême, comme l’a montré l’affaire de la commande de vingt F-35 (JSF), qui a été imposée à l’armée israélienne. Dans les nouvelles conditions envisagées, le Pentagone disposerait de tous les moyens de manipuler l’aide à Israël, non pas tant pour la restreindre, que pour la diriger, l’orienter, en fonction de ses intérêts dans lesquels Israël aurait un rôle assigné. Cela impliquerait la perte définitive de toute souveraineté nationale pour Israël, comme l’a toujours craint l’ancien ministre de la défense Moshe Arens.

• L’un dans l’autre, une telle orientation, qui paraîtrait en termes de relations publiques un triomphe des relations privilégiées d’Israël avec les USA, voire de la prépondérance d’Israël dans la politique étrangère des USA, constituerait en réalité une perspective très différente. Israël serait définitivement liée, non pas au pouvoir US, non pas à la politique US, mais à un centre de pouvoir US, ce qui impliquerait qu’il serait entraîné dans un jeu extrêmement complexe, où aucune continuité de politique extérieure n’est assurée. (Par exemple, pour prendre un cas d’actualité, Israël, sous la coupe directe du Pentagone, serait quasiment complètement dépendant des décisions du Pentagone pour une attaque contre l’Iran, ou toute autre expédition de ce genre.) Qui plus est, Israël serait attaché à un centre de pouvoir extrêmement puissant, certes, mais qui est confronté à une crise ontologique. Dans ce cas, il n’est même pas dit que l’aide à Israël ne serait pas manipulée à l’intérieur du budget du DoD, selon les intérêts et les priorités du DoD.

…Dans tous les cas, il s’agit d’une bien étrange perspective. Il n'y a vraiment que dans une telle époque que la nôtre, en pleine crise déstructurante, qu'on puisse imaginer un montage pareil, et que des hommes politiques responsables puissent l'envisager à la fois comme viable et acceptable. Israël amarré à un énorme monstre (Moby Dick) en train de sombrer ?"

source

25/10/2010

Nipomo, 1936

Dorothéa Lange (1895-1965) est l’une des photographes documentaires les plus célèbres. En 1935, lassée de son travail de portraitiste en studio, elle commence à photographier pour la Farm Security administration (chargée dans le cadre du New Deal d'illustrer le soutien apporté aux fermiers ruinés par la crise), réalisant des images qui symbolisent aujourd’hui, dans l’imaginaire collectif, la Grande Dépression et le désastre humain de la migration des fermiers vers l’Ouest américain, poussés parla mécanisation du travail agricole, les conséquences de la crise de 1929 ainsi qu'une série de secheresses et de tempêtes de poussières qui commencèrent à la fin de l'année 1933.

La « mère migrante », sans doute la photographie la plus célèbre de Dorothéa Lange, prise à Nipomo en Californie en mars 1936, est la dernière d’une série de six images représentant une femme avec ses enfants, à l’intérieur d’une tente de fortune. Dans celle-ci, la présence de détails tels qu’une malle cabossée et une assiette vide sont les signes de l’errance et de la faim qui frappent la famille.

 

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Lange a laissé une description détaillée de la manière dont elle a effectué les photos de la mère migrante : « Je ne lui ai pas demandé son nom ni ce qu’elle avait enduré. Elle m’a dit qu’elle avait 32 ans, et qu’ils se nourrissaient des légumes gelés ramassés dans les champs alentours, et des oiseaux que les enfants parvenaient à tuer. Elle venait de vendre les pneus de sa voiture pour acheter de la nourriture. Elle se tenait là, sous cette tente, avec ses enfants blottis contre elle, conscient que mes photos pourraient peut-être l’aider ; et c’est pourquoi elle m’a aidée. Il y avait une sorte d’égalité dans notre rapport. La récolte des pois à Nipomo était gelée et il n’y avait de travail pour personne. Mais je n’ai pas été jusqu’aux tentes et abris des autres ramasseurs de pois condamnés à l’inactivité. Ce n’était pas nécessaire ; j’avais enregistré l’essence de ce qu’on me demandait dans cette mission. »

Sur cette autre photo, Lange gomme les détails à l’arrière-plan et masque les visages des enfants agrippés à leur mère, qu’ils enserrent, détournant de l’objectif leurs visages. Dans un moment de repli sur elle-même, elle ne regarde plus ni la photographe ni ses enfants.

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La mère migrante a un nom : florence Thompson, jeune veuve qui eut dix enfants et dont la fin ne fut pas plus heureuse: en 1983 alors qu'elle se mourrait lentement d'un cancer, un de ses fils fut contraint de lancer un appel à l'aide pour recueillir des fonds afin de sauver sa mère de l'indigence dans les derniers jours de sa vie.

24/10/2010

ya un barême!



un jour sans fin

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Les jours se suivent et se ressemblent à Radio-France. Comme dans Un jour sans fin où le pauvre Bill Murray doit écouter la même sonnerie de réveil jours après jours (avec quelques avantages secondaires, il est vrai…).

Le cuistre pontifiant Yvan Levaï, célèbre auteur d’Israël, mon amour (Seuil, juin 2006), ce matin s’étonnant de ne pas voir la célèbre photo de la poignée de main entre Hitler et Pétain à Montoire en octobre 1940 à la une de tous les quotidiens. C’est vrai, Yvan, ça fait bien longtemps que l’on n’avait pas évoqué ces Heures Les Plus Sombres De Notre Histoire. Au moins trois minutes…Difficile d’imaginer que la mise en scène de ce spectacle anti-fasciste 24/7 –l’érection méthodique de ce surmoi « anti-raciste »-  n’apporte pas quelque sérieux bénéfices secondaires à tout ce personnel médiatique et politique officiel.

Lisons donc Yvan Levaï, qui s’était fait, en 1981, le scribe extatique de la vieille momie pétainiste décorée en 1943 de l’ordre de la Francisque Gallique (dont il faut rappeler qu’il n’y eut que quelques 2000 bénéficiaires et que les impétrants devaient tous faire allégeance au sauveur de la nation par ce serment : « Je fais don de ma personne au Maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. Je m'engage à servir ses disciplines et à rester fidèle à sa personne et à son œuvre. ») :

"La nouvelle s’est évidemment répandue comme une traînée de poudre. Dans l’hôtel, la foule s’est mise à crier " Vive le président ! ", vivats de tous côtés, dedans, dehors. Anne et moi étions abasourdis. Nous sommes allés nous asseoir sur les marches du petit escalier qui conduisait aux chambres du Vieux Morvan. [...] Soudain, la porte s’ouvrit, c’était Mitterrand qui montait à sa chambre. Il nous vit, demanda ce que nous faisions là... J’ai bafouillé : " Monsieur le président, on réfléchit... - Eh bien, venez avec moi, on ne sera pas trop de plumes. Il va falloir que j’écrive. " Un peu interloqués, Anne et moi l’avons suivi [...] Mitterrand prit place sur l’unique chaise devant la petite table. Je crois qu’Anne s’est assise sur le lit, Glavany, Mermaz et moi nous sommes installés par terre, sur la moquette. J’avais un carnet, un crayon, les autres aussi [...] Il nous a fait alors un numéro, probablement sincère : " Aidez-moi, car ce n’est pas simple. " On s’apprêtait tous à écrire quand il constata qu’il n’avait pas de papier. Il fit appeler pour qu’on lui apporte quelques feuilles. La brave Mme Chevrier, patronne de l’hôtel, arriva et dit avec son accent bourguignon : " Monsieur le président, on n’a trouvé que du papier-beurre... - Ça ne fait rien, ça fera l’affaire... " Mitterrand sortit son stylo et commença à rédiger, sur le papier sulfurisé, sa première déclaration de premier président socialiste de la Ve République. Nous aussi, nous nous sommes mis à gribouiller quelques lignes et nous avons écrit n’importe quoi. Nous voulions l’aider, mais la situation était parfaitement ridicule et cocasse." 

(Ivan Levaï, La République des Mots, Michel Lafon, 2001)

Ahhh, la cohérence.

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Un peu plus tôt, la pintade Ramatoulaye Yade, auteure du célèbre Les droits de l'homme expliqués aux enfants de 7 à 77 ans, (Editions du Seuil, 2008) interviewée sur la victoire de Montpellier à Rennes et le Top 14 et retombant –par miracle- sur ses pattes en célébrant la lutte « acharnée contre l’homophobie dans le sport » (sic)…les bras m’en tombent. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir beaucoup entendue, la jolie rama, quand un club de foot muzz refusa, il y a peu, de recevoir un club gay…les Dominés ne sauraient être homophobes, assurément.

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Enfin, nous n’aurons pas eu le plaisir d’avoir le sentiment de Mme Aubry –chantre du OUI au TCE et d’une « Europe sociale » et qui ne manquait jamais de qualifier les partisans du Non de fascistes, sur le comportement de Ryanair, préférant quitter la ville de Marseille –et la France- dont la législation sociale reste par trop archaïque (lire favorable aux salariés) par rapport à la législation européenne, bien plus « sociale », assurément (l’Enorme Barroso, membre du très social Groupe de Bilderberg, y veillant). Pas question d’évoquer le dumping social organisé par nos commissaires Bruxellois –au sein même des nations européennes- dans une prime au moins disant social. Pas question de verser dans le populisme, sans doute.

Célébrons donc cette magnifique Europe progressiste livrée à tous les Robert Macaire de la planète ! Ha, Ha ! On a les socialistes qu’on peut.

 

Debout les morts!

23/10/2010

indigènes et allogènes

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« La « neutralité axiologique revendiquée par le libéralisme a parfois de curieuses conséquences. Rien ne peut logiquement interdire, en effet, que l’on utilise le racisme lui-même, à titre pédagogique,  si l’on a de bonnes raisons de penser que c’est un moyen politique efficace pour parvenir à l’égalité des droits (c’est le principe de toute affirmative action). C’est ainsi que Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la république, a pu tranquillement déclarer (lors d’une émission de Frédéric Taddéi sur France 3), et sans susciter, cela va de soi, la moindre réaction politique ou médiatique, que la première condition pour « rééduquer le reste de la société occidentale » était de considérer tous « les Blancs » comme des « sous-chiens » (cf. Marianne 30/06/2007). C’est l’occasion de préciser ici un point de vocabulaire visiblement ignoré par la plupart des professionnels du monde politique et médiatique : indigène, en français, signifie non pas « sauvage », « primitif » ou « colonisé » mais originaire d’ici (c’est au fond le synonyme exact de population de souche). L’antonyme de ce mot est allogène, qui signifie, à l’inverse, d’origine étrangère. Il n’est évidement pas besoin d’avoir lu Orwell pour deviner ce qui se cache toujours derrière la décision politique et médiatique d’imposer au grand public l’usage d’un mot dans un sens opposé à celui qui est le sien. »

JC Michéa, L’empire du moindre mal, 2007.

 

21/10/2010

Allez, tu vas te faire foutre?

tout va bien, on vous dit

c'est dingue! le foreclosuregate (le scandale des saisies US) est en train d'exploser et va sans doute être l'étincelle qui fait déborder le vase et mettre le système à terre mais personne n'en parle dans la presse conventionnelle! personne! à côté, Kerviel c'est du flutiau.

incroyable.

allez, au boulot.

20/10/2010

Vers le chaos et au-delà!

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« (…) La séquence globale des quatre années à venir peut donc se résumer assez simplement, du côté des dirigeants mondiaux (18) : dernières tentatives US pour « retourner au monde d’avant la crise » (stimulation de la consommation, maintien des déficits, monétarisation de la dette) qui échoueront toutes (19), dernières tentatives occidentales de faire face à la crise avec des méthodes issues du « consensus de Washington » (limitation des déficits par réduction des dépenses sociales, pas de hausses d’impôts sur les hauts revenus, privatisation des services publics…) qui généreront un chaos socio-politique croissant, accélération de la sortie des BRIC (Brésil - Russie - Inde - Chine) de la plupart des circuits occidentaux financiers et monétaires (en particulier des deux piliers financiers que sont Wall Street et Londres) qui accroîtra l’instabilité monétaire, montée en puissance de guerres commerciales (en parallèle aux guerres monétaires (20)), arrivée au pouvoir à partir de 2012 d’équipes dirigeantes décidées à tenter de nouvelles solutions (21) pour sortir des conséquences sociales, économiques et politiques de la crise, prenant acte du fait que le « consensus de Washington » est mort… car il n’y a plus de consensus et car Washington est une puissance mondiale moribonde. » LEAP 2010-2014

Un aperçu des « dernières tentatives », outre-manche…

« Pour «éviter la faillite» du pays et «l'éloigner du précipice», la Grande-Bretagne va supprimer 490.000 emplois publics d'ici 2015. Les efforts demandés affectent «tous les citoyens» et est plus important que sous Margaret Thatcher. Au moment où la France conteste la mesure de rigueur phare du gouvernement, la réforme des retraites, la Grande-Bretagne vient d'annoncer les coupes budgétaires les plus radicales de l'histoire moderne du Royaume-Uni. Plus jeune chancelier de l'Echiquier depuis 1886, George Osborne (39 ans) a dévoilé le suppression d'environ 490.000 emplois d'ici 2015 dans le secteur public, en majorité des départs naturels. Mais des licenciements seront «inévitables». Par ailleurs, l'âge de la retraite pour les hommes et les femmes passera à 66 ans d'ici 2020 en Grande-Bretagne (actuellement il est fixé à 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes). «Elever l'âge de la retraite, c'est ce que font aujourd'hui de nombreux pays et cela permettra d'économiser plus de cinq milliards de livres en un an d'ici la fin de la prochaine législature», a déclaré le ministre des Finances au Parlement. George Osborne a confirmé l'objectif annoncé en juin pour la réduction des dépenses publiques, alors fixé à quelque 83 milliards de livres (95 milliards d'euros) d'ici 2015. Ces coupes budgétaires drastiques, combinées à 30 milliards de livres de hausses d'impôts, doivent permettre d'éliminer quasi-totalement le déficit public du Royaume-Uni, le ramenant de 10,1% cette année à 1,1% du PIB en 2015. » source

Vu le climat social actuel et son cortège d’explosions de vivre-ensemble festif dans nos bonnes villes, on peut imaginer sans trop de mal à quoi pourrait ressembler la super lumpen-pride qui ne manquera pas d’accompagner les « nouvelles solutions » que nous « proposeront » nos élites Attalinoïdes en 2012…

Vers le chaos et au-delà...pas trop tard pour s'équiper! plus léger!

Non! nous dit notre ministre: « La France sort de la crise. les chiffres sont là pour le dire », s'est félicitée Christine Lagarde, lors du Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Parisien-Aujourd'hui en France.

cool.

19/10/2010

le niveau monte

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Suis souvent surpris par le grand écart idéologique que font les plus fervents promoteurs des théories pédagogistes et novatrices au sein de l’Education Nationale –nos amis du désastre scolaire que Brighelli dans son blog épingle si bien, en patient entomologiste du monde scolaire qu’il est. Il y a quelques temps, j’avais écrit –gerbé plutôt- ce que m’inspirait cet éloge absurde du film Entre les murs de l’idéologue invertébré Bégaudeau.

Je dis grand écart idéologique car, sur le fond, il me semble que la plupart des bonnes consciences progressistes –de gauche comme de droite- ne voient pas la contradiction fondamentale qu’il y a à vomir quotidiennement le libéralisme économique d’un côté tout en adoubant, de l’autre, des théories éducatives et des principes anthropologiques qui ressortent directement de l’individualisme le plus libéral.

Je m’explique. Le contraste entre les moyens énormes mis au service de l’institution scolaire et les résultats dramatiques de la même institution montent assez bien à quel point –et contrairement à la rhétorique pavlovienne des syndicats d’enseignants sur le manque de postes et de moyens- il s’agit plus d’une crise civilisationnelle que d’une simple histoire de budget.

Au sens ou si l’école a changé, en mal, sous les coups des Lang, Meirieu, Langevin, Wallon et autres Bourdieu, adeptes de l’élitisme pour tous et de la massification de la culture, la société aussi.

La famille moyenne qui envoyait ses gamins les yeux fermés à l’école publique du quartier dans les années 50 ou 60 pour y acquérir, non pas une éducation qui était assurée par les parents, mais une instruction, n’est plus la famille d’aujourd’hui qui se décharge largement de son rôle éducatif sur l’institution qui, parallèlement, est de moins en moins à même d’assurer son devoir d’instruction.

Quels parents envoient aujourd’hui les yeux fermés leurs gamins à l’école du quartier ? Une minorité sans doute par aveuglement ou culte du métissage social…La majorité des parents n’ont plus confiance dans l’institution. Perte de légitimité et contestation du bien fondé de principes éducatifs impersonnels qui, jusqu’alors, paraissaient évidents à presque tous. Remise en cause du contenu et des méthodes. Pourquoi apprendre ? Quels savoirs ? Pour qui ? Les mêmes pour tous ? Ne faut il pas individualiser l’enseignement, mettre l’enfant au cœur du système ? L’aider à construire lui-même son savoir ? Respecter ses droits ? Rendre le savoir attractif ? Aller vers l’enfant ? Cesser de demander aux enfants de faire l’effort d’acquérir ce savoir ?

A bien considérer les choses, ce primat de l’individu –de l’élève- par rapport à la communauté, cette survalorisation de droits individuels ( apprendre à construire son savoir, à bénéficier d’un enseignement individualisé et attractif, récusation de l’autorité, etc.) au détriment des devoirs de l'enfant (respect de l’autorité, de la figure du professeur, du savoir, humilité et reconnaissance devant ce travail d’individuation et de civilisation nécessaire voulu et organisé par la communauté), cette auto régulation des comportements (qui rappelle l'auto-régulation des marchés, la célèbre main invisible d'Adam Smith), ne sont que les manifestations les plus évidentes de cet individualisme libéral qui est aujourd’hui le credo de nos sociétés occidentales. Pour le meilleur, comme pour le pire.

Au delà de cette contradiction –féconde pour ceux qui veulent bien s’y arrêter- entre la lecture d’Alternatives économiques et le devoir de vigilance citoyen à l’égard des droits de l’élève dans l’institution scolaire, tout cela me semble traduire une confusion générale sur la nature de l’école et sur les rapports entre l’individu –enfant- et la société en tant que communauté.

Christopher Lasch dans les années soixante dix, se posant la question de la compatibilité d’une éducation de masse et du maintien d’un enseignement de qualité, avait démystifié ce chaos moderne en montrant la convergence de vue entre conservateurs partisans d’un enseignement élitiste et jugeant préjudiciable au maintien d’une excellence scolaire l’ouverture de l’école au plus grand nombre et radicaux qui justifient l’abaissement du niveau d’enseignement au nom de l’émancipation culturelle des opprimés.

Pour autant, Lasch faisait le constat d’un abaissement du niveau éducatif dans les lieux mêmes d’excellence (Yale, Princeton, Harvard), assez réfractaires par nature, au dogmes égalitaristes. Et faisait l’hypothèse que cette évolution inquiétante était propre aux sociétés industrielles avancées, celle-ci n’ayant plus nécessairement besoin d’individus brillants autonomes et critiques, mais plutôt de sujets moyens, relativement abrutis, capables d’effectuer un travail moyennement qualifié et de se comporter en bons consommateurs…Connivence des acteurs économiques et politiques pour laisser filer l’enseignement de la littérature, de l’histoire, des sciences politiques et da philosophie, peu nécessaires à l’accomplissement consumériste et festif de l’homme moderne.

Avec pour résultat que l’éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, avait fini par abrutir les privilégiés eux mêmes. On retrouve ce type d’analyse chez Renaud Camus lorsqu’il parle de la prolétarisation des classes moyennes et du corps professoral.

Ainsi, contrairement à l’esprit de l’institution qui était de former des citoyens éclairés capables de se diriger eux-mêmes, il semble que le système ne soit plus capable –hors quelques filières d’excellence soigneusement épargnées à dessein- que de produire des générations d’abrutis incultes et pour beaucoup analphabètes, tout juste aptes à obéir servilement aux campagnes promotionnelles, à opiner aux sommations d'une expertocratie auto proclamée et omni présente (en l’occurrence celles de ces étranges « sciences de l’éducation »), et à célébrer comme il se doit l’avènement de cette société du Spectacle de masse dont parlait Debord.

Pourquoi, en effet, dans la perspective utilitariste d’efficacité et de rendement ou de retour sur investissement de nos modernes élites, perdre du temps et de l’argent à enseigner l’histoire ou la littérature à des individus massivement destinés à des emplois peu qualifiés et peu exigeants intellectuellement ? Pourquoi former de bons citoyens éclairés et autonomes lorsque des abrutis grégaires et festifs feront tourner la machine aussi bien –sinon mieux- et ferons de bons consommateurs ?

Et à cette prolétarisation globale des sociétés industrielles, la bureaucratie éducative progressiste à front de taureau répond en produisant à jet continu de nouveaux programmes scolaires (ou cycles) revus à la baisse, peu exigeants, axés sur la socialisation des enfants, les activités transversales ou extra scolaires destinées, non plus à les instruire, mais à les occuper.

« En septembre 1995, 500 hommes politiques et dirigeants économiques de premier plan s’étaient réunis à San Francisco sous l’égide de la Fondation Gorbatchev pour confronter leurs vues sur le monde futur. La plupart tombèrent d’accord pour affirmer que les sociétés occidentales étaient en passe de devenir ingérables et qu’il fallait trouver un moyen de maintenir par des procédés nouveaux leur sujétion à la domination du Capital. La solution retenue fut celle proposée par Zbigniew Brzezinski sous le nom de tittytainment. Par ce terme plaisant, il fallait entendre un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. » Alain de Benoist


podcast

black angels

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"Wall Street Pay: A Record $144 Billion

Financial Overhaul Has Affected Structure but Not Level; Revenue-to-Compensation Ratio Stays Flat"

 

A Wall street, l'argent ne dort effectivement pas bien longtemps. Selon une étude publiée mardi 12 octobre par le Wall Street Journal, les institutions financières s'apprêtent à verser un montant record de 144 milliards de dollars (104 milliards d'euros) de rémunérations variables à leurs dirigeants et employés cette année...

Ha! Ha ! Quand je pense à tous ces crétins qui m’ont pris le chou avec saint métis Obama, ses pseudo réformes, son “Yes! We can » pathétique  dans un pays ou des millions de familles (60 millions d'américains!) sont à la rue et survivent avec des bons alimentaires après avoir été expulsées par ces enculés de Wall street (euhh pardon, par messieurs Goldman et Sachs qui, on l'apprend, ont massivement truandé pour expulser des compatriotes (foreclosuregate)) qui continuent à s’empifrer…qu’attendent-ils, nos amis américains pour faire le ménage et en flinguer quelques-uns ?

En europe, on se focalise sur les PIGS (Portugal, Itale, Grèce, Espagne) –qui sont effectivement dans la merde- mais le cœur du réacteur en fusion, le maillon faible, c’est le monde anglo-saxon. Et ça va faire mal quand ça va exploser vraiment.

C'était donc effectivement le bon moment pour rejoindre l'empire -via le commandement intégré de l'OTAN- quand il coule à pic! Pauvre sarko. On en vient presque à regretter Deubeuliou...

Allez, tous aux pompes!

“There’s class warfare, all right,” Mr. Buffett said, “but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning.”

C'est pas gagné, poulet!


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13/10/2010

Fini, l'tiercé!

"Si aucun gouvernement n’a encore pris, en France, la décision d’abolir les congés payés, ce n’est pas, comme on s’en doute, parce qu’aucun ministère n’y a songé ou que la classe d’affaires y serait farouchement opposée. C’est parce que, pour l’instant, aucun pouvoir ne peut se permettre de suggérer –même sous la forme de rumeurs- cette judicieuse abolition sans mettre aussitôt en danger les conditions politiques de la domination du Capital. On notera, en revanche, que pour ce qui est de la retraite, et de la sécurité sociale, les choses semblent se présenter sous un jour déjà plus favorable."

JC Michéa, L’enseignement de l’ignorance, 1999.

 

Un observateur non averti de la vie politique française pourrait, à l’instar du spectacle de la pseudo-alternance entre libéraux de droite et libéraux de gauche partageant l’essentiel (c'est-à-dire pas grand-chose), croire en regardant passer les cortèges syndicaux dans les rues de nos villes, à une lutte réelle entre un pouvoir hostile aux intérêts des classes moyennes et des syndicats représentatifs des différents secteurs économiques de la société.

Mais, outre la non représentativité absolue des syndicats français, ce serait passer rapidement sur la collusion entre ces derniers et les principaux acteurs économiques du site France, comme le scandale de l’UIMM l’avait établi l’an passé : on apprenait ainsi en 2009 qu’entre 2000 et 2007, plus de 16 millions d’euros furent distribués aux quatre principales centrales syndicales pour fluidifier le dialogue social, mettre de l’huile dans les rouages, comme le dira si bien Jean Gandois…

16 millions d’euros…

De la même façon que libéraux de gauche (tendance Dray dit Jo-la-tocante) et libéraux de droite (tendance Sarko de Neuilly) se succèdent sans interruption au pouvoir dans une non alternance absolue et votent de la même façon au parlement européen (loin des journalistes de Libé et du Figaro manifestement) ou contournent le vote populaire dans une fiction de représentation entretenue par les gardiens du Temple (genre Duhamel ou Apathie), organisations syndicales et organisations patronales verrouillent et encadrent scrupuleusement toute velléité de contestation de l’ordre établi (du désordre établi, plutôt) dans un rituel spectaculaire de révolte en bois.

Concernant les cohortes de jeunes zeks militants devant leurs lycées; "C'est évidement pour cette école du grand nombre que l'ignorance devra être enseignée de toutes les façons concevables. Or c'est là une activité qui ne va pas de soi, et pour laquelle les enseignants traditionnels ont jusqu'ici, malgré certains progrès, été assez mal formés. L' enseignement de l'ignorance impliquera donc qu'on rééduque ces derniers, c'est-à-dire qu'on les oblige à "travailler autrement", sous le despotisme éclairé d'une armée puissante et bien organisée d'"experts en sciences de l'éducation". La tâche fondamentale de ces experts sera, bien entendu, de définir et d'imposer les conditions pédagogiques et matérielles de ce que Debord appellait la "dissolution de la logique": il s'agit, notons-le d'une véritable révolution culturelle car, comme le précise Debord, jusqu'à une période récente, "presque tout le monde pensait avec un minimum de logique, à l'éclatante exception des crétins et des militants". En ce sens, on pourrait dire que la réforme scolaire idéale, du point de vue capitaliste, est donc celle qui réussirait le plus vite possible à transformer chaque lycéen et chaque étudiant en un crétin militant."

Michéa, ibid.


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12/10/2010

un tas d'ordures

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« (…) Il y a longtemps que je suis las de ce que des décennies de conditionnement médiatico-idéologique donnent pour le réel même : cette falsification, cet univers parallèle  qui a pris la place du monde réel sont indissociables du devenir américain du monde, dans son irrésistibilité historique comme dans sa dimension « culturelle » qui fait de moi un apatride dans mon refus d’acquiescer à cette universalité fallacieuse, disneylandisation démocratique, gnose anti-raciste, mythologie des droits de l’homme dont l’unique but est de servir le capitalisme yankee. »

« (…) Si je reste attaché au monde contemporain, c’est par la nécessité du combat pour ne pas m’en laisser conter, autant que par une ambivalente fascination pour la bêtise, la laideur, la décomposition de l’ordre ancien à quoi nous assistons et qui, par la force des choses est pour nous, hommes de l’aube, une chance de revivifier certaines valeurs : l’individu contre l’individualisme, l’honneur contre le juridique, l’ordre contre la veulerie, la verticalité contre l’éparpillement horizontal. » Richard Millet, Lettre aux Libanais sur la question des langues.

« (…) Oui, la guerre seule peut donner à l’écrivain sa vérité . Sans elle, que seraient Jünger, Hemingway, Faulkner, Céline, Drieu, Malaparte, Soljenitsyne, Claude Simon, pour ne pas parler d’Homère. » Richard Millet, La confession négative.

Malaparte, parlons-en :

«- Chez nous, dis-je [Malaparte], en Europe, seuls les morts comptent.

- Je suis las de vivre parmi les morts, dit Jimmy ; je suis content de rentrer chez moi, en Amérique, parmi les hommes vivants. Pourquoi ne viendrais-tu pas, toi aussi, en Amérique ? Tu es un homme vivant, l’Amérique est un pays riche et heureux.

- Je le sais, Jimmy, que l’Amérique est un pays riche et heureux. Mais je ne partirai pas, il faut que je reste ici. Je ne suis pas un lâche, Jimmy. Et puis, la misère, la peur, la faim, l’espérance sont, elles aussi, des choses merveilleuses. Plus merveilleuses que la richesse et le bonheur.

- L’Europe est un tas d’ordures, dit Jimmy, un pauvre pays vaincu. Viens avec nous, l’Amérique est un pays libre.

- Je ne peux pas abandonner mes morts, Jimmy. Vous autres, vous amenez vos morts en Amérique. Il part tous les jours pour l’Amérique des bateaux chargés de morts. Ce sont des morts riches, heureux, libres. Mais mes morts à moi ne peuvent pas se payer un billet pour l’Amérique, ils sont trop pauvres. Ils ne sauront jamais ce qu’est la richesse, le bonheur, la liberté. Ils ont toujours vécu dans l’esclavage ; ils ont toujours souffert de la faim et de la peur. Même morts, ils seront toujours esclaves, ils souffriront toujours de la faim et de la peur. C’est leur destin, Jimmy. Si tu savais que le christ gît parmi eux, parmi ces pauvres morts, est-ce que tu l’abandonnerais ?

- Tu ne voudrais pas me faire croire, dit Jimmy, que le Christ a perdu la guerre ?

- C’est une honte de gagner la guerre, dis-je à voix basse ».

(La Peau, Curzio Malaparte, 1949.)

Ce regard singulier. Du soldat américain victorieux en Europe. Ce n’est pas du mépris mais de la commisération. Pour ces jeunes hommes sains et athlétiques de New York, Cleveland ou Détroit, convaincus d’incarner le Bien et de devoir désormais montrer le chemin à ce vieux continent perclu de massacres et de guerres civiles, l’Europe est un tas d’ordures, un champ de bataille où tout est à reconstruire, en mieux. Ni plus ni moins. Malaparte montre merveilleusement combien l’âme Européenne se nourrit et vit au travers de cette misère, de ces morts, de cette peur, de la conscience de cette déchéance, que d’autres interprètent comme un avilissement consenti. Et irrémédiable.

Millet, lui, n’y croit plus. Contrairement à un Finkielkraut et peut-être comme un Renaud Camus, il ne voit que crépuscule et chaos là ou d’autre croient encore en la possibilité de l’action politique.

Ces deux personnages d’exception, Malaparte et Millet, figurent à merveille le suicide de la civilisation européenne aussi bien sur le plan de l’art, des mœurs que du langage et son remplacement par un idéal horizontal et profondément matérialiste fait d’ensauvagement festif et métissé, d’individualisme rationaliste, de consumérisme effréné, d’universalisme progressiste et arrogant, d’autonomie hédoniste et d’utilitarisme bourgeois justifiant l’arraisonnement de la planète entière sous le masque vertueux des « droits de l’homme » et de la « démocratie libérale » pour tous…

Le dernier mot à Ernst Jünger, guerrier, théoricien de la révolution conservatrice puis contemplatif : « La domination du tiers-état n’a jamais pu toucher en Allemagne à ce noyau le plus intime qui détermine la richesse, la puissance et la plénitude d’une vie. Jetant un regard rétrospectif sur plus d’un siècle d’histoire Allemande, nous pouvons avouer avec fierté que nous avons été de mauvais bourgeois. » (Le travailleur)

Un continent de petits êtres sautillants (Nietzsche) et d’épiciers en gros…

"Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes. " (Cioran, Histoire et utopie)

Non, l’Europe c’était autre chose. De plus merveilleux que le spectacle de la richesse et du bonheur chez Ikéa. Peut-être n’est il pas trop tard pour être de mauvais bourgeois.

sinon ça va?

(photo: la modernité a parfois du bon)


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10/10/2010

résistance

 

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Je repense à la dernière chronique radiophonique de Morel sur Pétain et les juifs (j’aime bien écouter radiofrance le matin, la voix de la pensée unique). Un symptôme de l’obsession de nos modernes à l’égard de la seconde guerre mondiale et, notamment, de la geste collaborationniste versus la geste résistante dans ce qu’il me semble être les habits neufs de l’anti-fascisme militant. Ou comment instrumentaliser le passé (certaines périodes en particulier) pour légitimer l’ordre contemporain droitdelomiste et sans frontieriste subventionné par Carrefour.

Ce matin sur France Inter, Christine Scott-Thomas évoquant un nième film relatant l’extermination des juifs européens lors de la seconde guerre mondiale et disant (à peu prés) : « Je trouve bien que l’on commence à en parler aujourd’hui ». De la shoah. En 2010...

Il n’ya guère que Finkielkraut, désormais, pour pouvoir dire sans dommage à quel point l’omniprésence de la commémoration du génocide juif durant la seconde guerre mondial puisse être contreproductif.

La compassion, ce poison de la démocratie, comme le rappelait Lasch évoquant le populisme.

Scott-Thomas est emblématique de ces peoples (élites –cacocraties- spectaculaires promues à jet continu par les media) affectant de se situer à la marge de la société alors qu’ils sont le mainstream, alors qu’ils définissent la norme culturelle, médiatique, sociologique, historique, etc. Pas besoin d’être grand clerc pour mesurer les bénéfices secondaires (notamment en termes d’exposition médiatique et d’opportunités professionnelles) que procure ce genre de posture de « rebellion », de « résistance », de « lutte » contre un ordre moral et conservateur –voire xénophobe- fantasmé. Dans le même genre d’imposture spectaculaire, ces célébrités (le système aujourd’hui ne donne plus la parole qu’à des joueurs de foot, des acteurs, des personnels politiques, des sociologues d’Etat, des journalistes stipendiés,etc., bref des personnages parfaitement secondaires, dressés à répéter en boucle le credo du capitalisme globalisé sous couvert de Progès, de Droits de l'homme, de compassion humanitaire ou de protection de l’environnement). Les joueurs de foot offrant l’avantage, par leur vocabulaire réduit et leur inculture crasse, d'appauvrir le champ de la pensée, comme le montre Orwell dans 1984.

Parmi les mystifications contemporaines de nos sociétés spectaculaires et marchandes, figure donc la propension des partis dits « de gauche », c’est-à-dire obsessionnellement progressistes, à trahir les classes moyennes et populaires au profit des « sans-papiers » et des « exclus »…Sans doute l’abandon de toute critique radicale de ce turbocapitalisme globalisé au profit de la fameuse « lutte contre l'intolérance et toutes les formes d'exclusion» et, ce faisant, l'abandon des classes populaires occidentales au profit de cette armée de réserve du capitalisme que sont ces clandestins de tous poils, traduisant le ralliement –non dit- de nos résistants modernes à la geste « libérale » est-il un début d'explication. Comme en témoigne la surexposition médiatique de la grosse Balasko et du mérou Béard, à la moindre fermeture de quelques squatts. Les pauvrettes n’ont pas encore compris (et le simple fait d’être médiatisé à outrance par TF1 et Canal plus devraient les y aider) que, ce faisant, elles se comportent comme les idiots utiles de Vivendi et de Bouygues.

Peut-être ne faut pas chercher plus loin pour comprendre pourquoi tout est fait pour que des penseurs comme Ellul, Lasch ou Orwell, déconstructeurs méthodiques du credo progressiste et adeptes d'un certain conservatisme critique, restent inaudibles (voire démonisés comme en témoigne la campagnes de presse hostile à Orwell, il y a quelques années, accusé –à tort- de dénonciation de communistes dans l’après guerre), au profit des Bourdieu ou Foucault, bien moins dérangeants pour le nouvel ordre spectaculaire et « résistant »…

"(…) Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie !" Julien freund

maintenant écoutons le nouvel hymne du -trés progressiste- Front de gauche: "ouvrez les frontières"


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09/10/2010

guignol

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Hier matin, en écoutant François Morel dans sa chronique hebdomadaire (?) j’ai compris deux choses :

-la carrière de l’humoriste était désormais assurée à perpétuité à Radiofrance,

-Morel n’est pas drôle, il est juste un serviteur zélé de l’esprit du temps.

Les deux assertions étant bien sûr liées.

Morel, dans son costume de résistant en carton ou de justicier en peau de lapin (au choix), évoquant le comportement de Pétain à l’égard de Juifs durant la seconde guerre mondiale, terminait sa chronique en rappelant combien la lutte contre toutes les discriminations reste l’alpha et l’oméga de tous, sachant toujours fécond le ventre de la bête immonde…

La soumission au zeitgeist, au travers de cette lutte formidable contre un adversaire fantasmé (la terrible réaction d’un ordre moral incarné –le système y veille- par quelques ligues de chaisières appartenant à la fraternité saint Pie X) ou mourru depuis longtemps (ce vieux guerrier à moustache) marque infailliblement l’appartenance de son auteur au camp du Bien (ou son adoubement par ses thuriféraires). Comme quoi, l’ascenseur social marche encore, quoiqu’on en dise.

A posteriori, la carrière –la vis comica- de Morel, des Deschiens aux cartes postales de vacances de franchouillards en vacances, cet été, semble parfaitement correspondre à la vision que se font nos élites de la France profonde et du français ordinaire : un imbécile inculte, hostile par principe aux magnifiques avancées progressistes, volontiers xénophobe et conservateur en diable…seule figure de la modernité interdite par nos modernes (selon Kolakowski).

Comment cela ne ferait-il pas écho avec la prose de Christopher Lasch :

«  (…) La meilleure façon de comprendre les conflits culturels qui ont bouleversé l’Amérique depuis les années 60 est d’y voir une forme de guerre des classes, dans laquelle une élite éclairée (telle est l’idée qu’elle se fait d’elle-même) entreprend moins d’imposer ses valeurs à la majorité (majorité qu’elle perçoit comme incorrigiblement raciste, sexiste, provinciale et xénophobe), encore moins de persuader la majorité au moyen d’un débat public rationnel, que de créer des institutions parallèles ou « alternatives »dans lesquelles elle ne sera plus du tout obligée d’affronter face à face les masses ignorantes. »  Christopher Lasch, La révolte des élites, 1995.

Ou avec celle de Michéa :

« (...) Analyse [le tittytainment de Zbigniew Brzezinski] ou l’on retrouve sans trop de peine la représentation cynique et méprisante que les élites intellectuelles et médiatiques se font spontanément des gens ordinaires (de cette « France moisie » comme dirait l’élégant Sollers) : un monde peuplé de beaufs et de Deschiens, cible quotidienne des dessins de Cabu ou des Guignols de l’info. On notera ici l’étonnante puissance de récupération du système : au XIXème siècle, le Guignol était l’une des quelques armes dont disposait encore le petit peuple pour brocarder ses maîtres. Il est devenu aujourd’hui l’artillerie lourde que l’élite emploie pour se moquer du peuple. On peut imaginer ce qu’il adviendra de Robin des bois le jour où, pour des raisons d’audimat, Vivendi demandera à ses employés de lui donner à nouveau une existence télévisée. » JC Michéa, L’enseignement de l’ignorance, 1999.

sinon what's up?



06/10/2010

imperium

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J’écoutais d’une oreille distraite tantôt une émission de France-Intox sur le conflit israélo-palestinien, entre deux verres de rosés (pas d’entraînement ce soir..) et un biberon de 240cc, surfant entre les questions souvent pertinentes d’auditeurs (savamment filtrées comme il se doit), les interventions du croisé Gresh, alter-mondialiste célèbre (fils d’une militante communiste juive et d’henri Curiel, également juif communiste Egyptien disparu tragiquement) dont le soutien sans faille aux albanais musulmans du Kosovo lors du conflit Yougoslave au début des années 90 (qui se solda par l’écrasement et la partition de celle-ci sous les bombes –humanitaires- de l’OTAN et par l’érection d’un état musulman en Europe, sous la coupe des assassins de l’UCK et des mafias albanaises…de quoi garder quelques distances, donc) et celles d’Elie Barnavi, auteur immortel de l’Europe frigide.

Barnavi m’a réjoui un court instant lorsqu’il exclut un état binational au motif que ce serait la guerre civile…mais personne à ce moment là pour entonner le doux refrain du vivrensembl™, du multiculturalism™, de ces fameuses sociétés multiraciales et multiculturelles arc-en-ciel™ (parousie moderne) prônées par nos modernes sur le sol européen…curieux, non ?

Me suis dit à ce moment là, qu’il existait, concernant les cultures et les peuples des vérités changeantes, suivant les latitudes: à certains endroits des civilisations irréductibles et à d’autres des autochtones xénophobes incapables de saisir le sens métissé de l’histoire…ho ho !

Je rebondis sur l’interrogation de Jean-pierre, tantôt : pourquoi ce soutien inconditionnel des USA à Israel ?

Du point de vue israélien, l’impératif est de survivre dans un environnement hostile. Plusieurs axes :

-démographique : maintenir une immigration juive constante afin de lutter contre les démographies arabo-musulmanes environnantes (les Palestiniennes sont les plus fécondes au monde, une bombe démographique++),

-militaire : garder absolument la suprématie militaire conventionnelles et non conventionnelle (plusieurs centaines d’ogives nucléaires officiellement inexistantes),

-politique : éviter absolument la constitution d’un état binational et même d’un état Palestinien dont la démographie absorberait l’état juif en quelques générations à peine, tout faire pour garder la caractéristique ethnique/raciale juive d’Israél (question de survie),

-géostratégique : maintenir des relations correctes avec l’allié Américain, premier bailleur financier et militaire, et soutenir le plan néoconservateur de remodelage du Moyen-Orient via, notamment, la destruction des velléités d’autonomie de l’Iran et la partition de l’Irak.

Du point de vue Américain, la question est essentiellement géostratégique : si certains travaillistes, à la création de l’Etat juif, regardaient vers l’URSS, c’est une alliance avec les USA que choisirent des dirigeants sionistes américains et britanniques lorsqu’ils rencontrèrent Ben Gourion en 1942, 6 ans avant la création d’Israél (dont la reconnaissance par Washington prit une demi-heure contre  une journée pour la France…). Israél devint l’allié américain au Proche-Orient en pleine guerre froide (Corée, puis Viêt-Nam puis Canal de Suez), avec une capacité à frapper des Etats alliés aux Russes (Syrie et Egypte) bienvenue.

La chute de l’URSS et la fin de la guerre froide ne remettront pas en cause cette alliance compte-tenu du concept de « guerre juste contre le terrorisme islamique » après le 11/01/01, forgé par les stratèges néocons (Kagan, Brezinski) qui désignèrent alors l’islam –jusqu’alors régulièrement instrumentalisé contre les Soviétiques notamment en Afghanistan- comme nouvelle figure du Mal…

Israél est certes un poids économique et diplomatique mais c’est aussi une pièce maîtresse dans le jeu, l’échiquier US au proche et au Moyen-Orient : qui contrôle cette région du monde contrôle l’approvisionnement énergétique des Américains mais aussi des Chinois et des Européens pour longtemps et donc son imperium planétaire.

 

02/10/2010

trop tard?

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« (…) La situation est de toute façon bouchée. C’est insoluble. Que voulez-vous faire ? Les caïds des banlieues font tout pour chasser les insoumis de leurs territoires. Médecins, supérettes, policiers, pompiers, tout est mis en œuvre pour que naissent des enclaves autonomes, et pour que ces enclaves puissent vivre le plus lointainement possible de la France, et de tout ce qui ressemble à la France. La diversité est un concept qui ne les intéressera jamais puisqu’ils souhaitent vivre le plus possible au cœur du Même. Être différent, sortir de la ligne, c’est s’exposer à la vengeance collective de la tribu. On intimide, on menace, puis on lapide, on brûle, on égorge. « Chaque jour, les services de police enregistrent plus d’une vingtaine de plaintes pour des actes de délinquance similaires » nous apprend Arte.

Il n’y a pas de remède à cette situation. C’est trop tard. Tout est joué. La seule question qui reste est celle-ci : combien de temps les Français tolèreront-ils sur leur territoire ces enclaves tribales structurées par l’archaïsme mental et la haine comme art de vivre ? »

Je fais écho au billet de l’excellent Fromage sur son blogue.

Le constat de l'existence d’enclaves africaines sous la coupe de truands et d’imams est une réalité mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est dans le combat idéologique, culturel, qui façonne les esprits et permet à une classe politique, porteuse d’une certaine vision du monde, d’accéder au pouvoir, de s’y maintenir et de transformer notre environnement selon cette vision du monde.

C’est d’abord un combat idéologique. L’hégémonie culturelle et politique (Gramsci) imposée par des élites (politiques, économiques, enseignantes, universitaires, journalistiques, religieuses, syndicales, etc.) massivement ralliée à la doxa libérale (que j’évoque dans le post précédent), dans sa variante « de gauche », c’est-à-dire « culturelle » ou « progressiste » ou dans sa variante « de droite », c’est-à-dire « économique » ou « réactionnaire » est telle qu’elle a réussi a assécher toute critique de cette société spectaculaire et marchande (basée sur le Droit procédural et le Marché) d’où qu’elle vienne.

La solution ne réside donc pas d’abord dans la reprise en main d’enclaves étrangères sur nos territoires mais dans la reprise en main des idées qui font le mainstream culturel. De la transformation du paysage idéologique/ culturel découle la transformation du paysage  politique.

Un exemple parmi d’autres : Geert Wilders, bête noire du système aux Pays-Bas est en train de gagner son pari en légitimant des interrogations pressantes sur l’immigration de masse, l’islam en europe et la simple possibilité de sociétés multiraciales, tout libéral et atlantiste qu’il soit. Or cette accession au pouvoir d’un ennemi du système n’a été possible que grâce à la transformation de la perception de leur société que percoivent les Hollandais -malgré le brouillage médiatique bien-pensant-  via, notamment, une immigration massive, une violence accrue, une islamisation du pays bref la déconstruction progressive -et "progressiste"- de leur environnement culturel, social, économique et ethnique.

L’accession au pouvoir d’un homme tel que Wilders est donc le signe d’une faillite partielle du système à imposer sa représentation du monde. Je reviens souvent à Vilfredo Pareto qui avait expliqué que derrière tout pouvoir, quelles que soient les justifications qu’il se donne, il y a une minorité dominante qui en tient les rênes, une oligarchie. Tant que cette oligarchie donne une image du monde compatible à la réalité visible et tant que cette élite est prête à la défendre, le pouvoir connaît une période de stabilité. Dés l’instant où ces conditions font défaut, on est en situation prérévolutionnaire.

Or la réalité visible aujourd’hui, pour beaucoup d’Européens ne correspond plus du tout à l’image du monde irénique qu’imposent nos élites via des média massivement convertis ou achetés : la réalité c’est :

-la paupérisation et la disparition des classes moyennes dans une mise en concurrence globale faussée et imposée,

-un remplacement démographique massif sur un temps très court par des peuples entiers dont l’acculturation est impossible et qui manifestent même souvent une hostilité franche aux codes civilisationnels européens,

-la constitution partout en Europe d’enclaves étrangères en sécession des peuples autochtones,

-une dissolution des social-démocraties européennes (faites de compromis entre protections sociales et exigences du capital globalisé) au profit de sociétés polarisées parfaitement décrites par Christopher Lasch dans sa Révolte des élites, marquées par la violence, la sécession, la prédation de quelques-uns au détriment du plus grand nombre, le multiculturalisme et le relativisme général, la discrimination positive et la communautarisation, la décivilisation générale, l’anomie, le chaos,

-la dissolution de la démocratie dans un pseudo-bipartisme libéral (tendance Sarkosy) - libéral (tendance Strausskhan), organisé pour verrouiller l’accès à toute doxa hérétique et pour dépouiller les peuples de toute souveraineté politique (cf TCE et votation anti-minarets, par exemple) (ce qui peut conduire même à s'interroger sur l'accession au pouvoir de Wilders...),

-enfin la soumission des politiques diplomatiques et militaires européennes aux lobbys atlantistes et leur bras armé, l’OTAN (création en vingt ans, manu militari, de deux états musulmans en Europe, le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine),

La question est donc de savoir jusqu’à quel point cette oligarchie, cette hyperclasse libérale, est prête à défendre sa vision du monde. J’ai l’impression que la botte souveraine de la réalité (dont parlait Trotski) est en train, partout en Europe, de dessiller les yeux de nombreux croyants.

Après, remettre de l’ordre, manu militari, dans quelques banlieues occupées et tenus par quelques dizaines de zeks divers à capuche, c’est un amusement dés lors que la violence légitime de l’Etat peut s’exercer normalement, sous l’audit civil, à l’encontre des malfaisants…

RIEN n’est écrit.


podcast
(The Kills, Fuck the people...ça s'imposait)

«  La botte souveraine de la réalité, disait le vieux Léon. Les censeurs, les idéologues, les inquisiteurs de la pensée libre travestissent la réalité, la badigeonnent de leurs mensonges, traînent en justice ceux qui osent égratigner les façades peinturlurées. Et puis un jour, on entend un bruit de plus en plus proche, un fracas puissant qu'on ne parvient plus à étouffer, géante, irrésistible, « la botte souveraine de la réalité » vient, s'impose. Le contreplaqué de mensonges s'écroule, le glapissement des folliculaires stipendiés s'étrangle, les mots prostitués retrouvent leur sens. La réalité se dresse devant nous, irréfutable. Bien vu, camarade Trotski ! »

(Andrei Makine, Cette France qu'on oublie d'aimer, 2006)