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12/11/2018

le coeur aventureux

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"On ne peut aujourd'hui œuvrer en société pour le bien de l'Allemagne; il faut le faire dans la solitude, comme un homme qui ouvre avec sa machette une brèche dans la forêt vierge, soutenu par l'unique espoir que, quelque part dans les fourrés, d'autres travaillent à la même œuvre." Ernst Jünger, Le coeur aventureux, 1929.

Ce qu'écrivait Jünger pour son pays en 1929 est vrai pour le notre aujourd’hui. Et il y a du monde dans les fourrés..

03/06/2015

bannir la société

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"Un jardin extraordinaire sur les Champs"

Un coin de verdure en plein cœur de Paris. A partir de dimanche matin et jusqu'à lundi, les Champs-Elysées vont se transformer en jardin géant de trois hectares. Un happening qui s'inscrit dans le cadre "Nature Capitale" et qui vise à sensibiliser l'opinion sur la nécessaire préservation de la biodiversité. Les Champs-Elysées vont subir une étonnante transformation ce week-end. (nature Capitale)

Samedi soir, la transformation sera totale. Fini les files de voitures sur les Champs-Elysées. A leur place, un grand jardin sur trois hectares. Dimanche et lundi, de l'Etoile au Rond-Point, la plus belle avenue du monde sera recouverte de parcelles végétales. Un "happening épique et jubilatoire" baptisé "Nature Capitale", selon les mots de son concepteur, Gad Weil (avec Laurence Médioni), à l'origine il y a vingt ans de la "Grande Moisson". Le 24 juin 1990, un million de personnes étaient venues sur une journée assister au ballet des moissonneuses-batteuses. Là, l'événement durera deux jours et devrait logiquement drainer les foules.

Le jardin des Champs - en fait un puzzle géant de 8.000 pièces - doit être assemblé ce samedi soir, entre 20 heures et le petit matin. Près de 500 personnes, dont 100 caristes et des dizaines de bénévoles des Jeunes agriculteurs - partenaires de l'événement - vont poser des milliers de palettes remplies de terre, et plantées d'essences représentatives des terroirs français, tels le sarrasin, la betterave, le lin ou la lavande... Ces parcelles s'emboîteront pour dessiner des carrés végétaux. Quatre forêts avec des arbres de différentes hauteurs vont aussi s'installer sur l'avenue.

Ce paysage se veut symbole de la biodiversité, si menacée, et célébrée par une Journée mondiale le 22 mai. Une communion collective éphémère sur les Champs-Elysées, au contraire de ce grand jardin urbain qui sera replanté ensuite à Dammarie-lès-Lys (77). »

« Amener la campagne en ville » est le mot d'ordre de festivus...

Il nous aurait fallu Muray pour dire l'absurdité de ce genre de manifestation spectaculaire donc citoyenneTM donc promotrice de vivre ensembleTM et consistant à déréaliser la ville en exposant à grands coups de bulldozer trois hectares de plantes en pots élevées en serres et hors-sol à coup de d'engrais azotés et de pesticides "bios" dans une fiction végétale pour masses hébétées par l'hubris festive de nos modernes ..

Muray n'est plus. On peut le relire et rigoler doucement de ce barnum en forme d'"happening épique et jubilatoire" baptisé "Nature Capitale"... A une époque où, chaque jour, des paysans meurent en silence et dans la misère dans nos campagnes, ce spectacle a quelque chose de parfaitement cynique et misérable. Mais ce mot d'ordre « Amener la campagne en ville » rappellera à certains celui des gentils khmers qui en avril 1975 au Cambodge, vidèrent Phnom Penh et les principales villes du pays de tous leurs habitants afin de mieux les rééduquer aux vertus de la révolution prolétarienne par les travaux des champs et, si besoin, par une mort violente aux bords d'une rizière.

« A quelques variantes prés, on peut retrouver les mêmes phases dans la prise de pouvoir des autres villes de province, aussi différentes et éloignées les unes des autres que le sont Koh Song, Kompong Som, Oddar Mean Chey ou Siem Réap. Presque partout, le peuple attendait les vainqueurs dans la joie ou du moins avait l'intention de les accueillir ainsi puisqu'ils étaient les nouveaux maîtres du pays. Après avoir fait baisser le prix des denrées alimentaires, les vainqueurs rassemblaient les officiers, sous-officiers, hommes de troupe et fonctionnaires séparément. Chaque catégorie était conduite ensuite pour une destination inconnue ; pour les officiers, les haut fonctionnaires, les riches, ce devait être la mort immédiate ; pour les autres, une exécution plus tardive ou une mort lente dans des camps spéciaux. Enfin, ordre était donné à toute la population civile de quitter les villes et les villages qui, jusqu'à ce jour, demeurent complètement vides. Certains réfugiés ont traversé Kompong Thom, Pailin et d'autres villes en début de l'année 1976 et les ont trouvées envahies par la végétation.

La déportation de toutes les villes et le nettoyage radical de tous les cadres anciens ne sont pas le fruit de l'improvisation, de la vengeance ou de la cruauté des cadres locaux. Le scénario commun pour toutes les villes et villages du pays correspond à des directives précises émanant des plus hautes autorités. On peut penser que le nouveau régime comptait trop peu de cadres compétents et devait donc supprimer tous les anciens cadres qui risquaient de créer une opposition intellectuelle ou armée. Ce nettoyage par le vide correspond surtout à une vision de l'homme : l'homme vicié par un régime corrompu ne peut être changé, il doit être retranché physiquement de la communauté des purs. « Il faut détruire le régime », « écraser complètement l'ennemi », « ce qui est infecté doit être incisé », « ce qui est pourri doit être retranché », « ce qui est trop long doit être raccourci pour être à la juste mesure », « couper un mauvais plant ne suffit pas, il faut le déraciner ». Tels sont les slogans qui, tant à la radio que dans les meetings, justifient cette épuration. Les cadres de l'ancien régime ne sont pas des frères égarés mais des ennemis et, comme tels, ils n'ont pas droit de cité dans la communauté nationale. Plusieurs témoignages affirment même que dans de nombreuses localités, les femmes et les enfants des officiers ont également été supprimés : « il faut anéantir leur lignée jusqu'au dernier » est un autre leitmotiv de justification. »

François Ponchaud, Cambodge année zéro, 1980.

Photo: cliché d'Eddie Adams, 1968. En 1969, le photographe a remporté le prix Pulitzer pour cette photo d'un Viêt-cong exécuté sommairement en pleine rue par un policier sud-vietnamien.  Adams a capté l'instant de cette mort, et l'image a fait le tour du monde. Elle allait devenir un des symboles de la guerre du Vietnam, choquant l'opinion publique américaine.

podcast

"Etant anarque, ne respectant, par conséquent, ni loi ni moeurs, je suis obligé envers moi-même de prendre les choses par leur racine. J'ai alors coutume de les scruter dans leurs contradictions, comme l'image et son reflet. L'un et l'autre sont imparfaits -en tentant de les faire coïncider, comme je m'y exerce chaque matin, j'attrape au vol un coin de réalité.

Je disais qu'il ne faut pas confondre rebelles et partisans; le partisan se bat en compagnie, le rebelle tout seul. D'autre part, il faut bien distinguer le rebelle de l'anarque, bien que l'un et l'autre soient parfois très semblables et à peine différents, d'un point de vue existentiel.
La distinction réside en ce que le rebelle a été banni de la société, tandis que l'anarque a banni la société de lui-même. Il est et reste son propre maître dans toutes circonstances.

Il n'y a pas plus à espérer de la société que de l'Etat. Le salut est dans l'individu."

Ernst Jünger, Eumeswil, 1977.

22/12/2013

Joyeux Noël à tous:)

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rrrohh encore kate Upton! ce côté rafraichissant peut-être? bon noël à toutes et à tous, merci à tous les commentateurs (même hostiles mais c'est rare :D) qui me donnent envie de continuer à alimenter ce blog depuis novembre 2006, je vous souhaite force morale et apaisement...le dernier mot à Ernst Junger, figure tutélaire du site:

"Toute reddition des armes implique un acte irrévocable qui atteint le combattant à la source même de sa force. Je suis convaincu que la langue elle-même en est atteinte. On s'en rend surtout compte dans la guerre civile, ou la prose du parti battu perd aussitôt de sa vigueur. Je m'en tiens là-dessus au "Qu'on se fasse tuer" de Napoléon. Cela ne vaut naturellement que pour des hommes qui savent quel est notre enjeu sur cette terre. " Ernst Jünger, Jardins et routes, 1942.

"La domination du tiers-état n’a jamais pu toucher en Allemagne à ce noyau le plus intime qui détermine la richesse, la puissance et la plénitude d’une vie. Jetant un regard rétrospectif sur plus d’un siècle d’histoire Allemande, nous pouvons avouer avec fierté que nous avons été de mauvais bourgeois." Ernst Jünger, Le travailleur, 1931.

podcast
Upton+ Jünger+ Brassens, what else?!

29/07/2013

de l'ordre

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"Quand le monde nous semble vaciller sur ses bases, un regard jeté sur une fleur peut rétablir l'ordre." La Cabane dans la vigne (1948),

"Le recours aux forêts demeure possible, lors même que toutes les forêts ont disparu, pour ceux-là qui cachent en eux des forêts." Graffiti/Frontalières (1966),

"L'illusion égalitaire des démagogues est encore plus dangereuse que la brutalité des traîneurs de sabre... pour l'anarque, constatation théorique, puisqu'il les évite les uns comme les autres. Qu'on vous opprime : on peut se redresser, à condition de n'y avoir pas perdu la vie. La victime de l'égalisation est ruinée, physiquement et moralement. Quand on est autre que les autres, on n'est pas leur égal ; c'est l'une des raisons pour lesquelles on s'en prend si souvent aux juifs." Eumeswil (1977),

"Peut-être distinguera-t-on à la fin de ce siècle deux classes d'hommes, les uns formés par la télévision, les autres par la lecture." Soixante-dix s'efface II - 1971-1980 (1981),

"Profonde est la haine qui brûle contre la beauté dans les cœurs abjects." Sur les falaises de marbre (1942),

"L'ordre humain ressemble au Cosmos en ceci, que de temps en temps, pour renaître à neuf, il lui faut plonger dans la flamme." Sur les falaises de marbre (1942),

Ernst Jünger 

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par les temps de chaos qui s'annoncent, il faut relire Jünger, camarades.

15/10/2011

ni Juif ni Grec, ni esclave ni maître, ni mâle ni femelle

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Paul Jorion disait il y a peu que « nous sommes dans l’œil du cyclone » car le calme apparent n’est que le prélude au chaos qui vient. (drôle d’écrire ce genre de chose..).

On chercherait en vain dans l’actualité, ou chez les penseurs, les hommes politiques de notre temps des signes ou des mots pour dire le moment inédit, et sans doute tragique, que nous vivons. Rien, moins que rien : des « primaires » « socialistes » absurdes et dérisoires organisant le spectacle de quelques progressistes partageant l’essentiel (leur appartenance au club très fermé des ploutocrates du Siècle, entre autres) avec l’archétype de vacuité vulgaire qui nous sert de président, des faits divers atroces, des taxes sur les sodas comiques, la mise en scène perpétuelle de personnages insignifiants, la dysneylandisation de tout et de tous, comme dit Millet. Ce dernier parle dans son dernier opus de « fatigue du sens » pour désigner l’effondrement de notre civilisation européenne, celui de toute verticalité structurante, de toute « architecture de sens » (Chantal Delsol) au profit (le mot qui convient) d’une horizontalité marchande, métisseuse et non contradictoire.

Hier soir je relisais quelques lignes de Jardins et routes, le journal de campagne de Junger, qui, à presque 40 ans, remet l’uniforme, remonte sur un cheval, traverse à nouveau cette frontière et ces villages qui portent encore les marques de la première guerre mondiale. Le regard de cet homme d’exception est un baume en ces temps incertains car il s’intéresse à l’essence du monde, non pas à ses apparences. Contrairement au libéral, l’anarque Jünger, comme le philosophe, l’artiste ou le croyant, voit autre chose. Peut-être faut-il voir dans cette posture rare l’explication de cette résilience incroyable devant l’effondrement de son pays à deux reprises et cet ethos contemplatif et serein. Cabale ainsi de suivre le vol de deux libellules au bord d’une route jonchée de cadavres de chars, d’hommes et de chevaux, capable de jouir de son bref séjour au magnifique château de Montmirail, résidence de La Rochefoucauld, entre deux marches forcées pour atteindre le front à Saint-Quentin.

Et l’on pourra se faire une idée à peu prés juste de l’avenir promis aux classes moyennes occidentales en observant la transformation accélérée de pays comme les Etats-Unis, la Grèce ou la Grande-Bretagne : paupérisation, déclassement, misère…Ou la guerre (comme l'évoquait récemment l'économiste Philippe Dessertine dans le Point)...

« Si l’universalisme de la gauche est d’abord l’héritier de celui de la philosophie des Lumières, on ne saurait pour autant oublier ses racines chrétiennes et, notamment, son origine Paulinienne (c’est un point sur lequel Alain Badiou a eu le grand mérite d’exister). ¨Pour Saint Paul, en effet, il n’existera plus, dans le Royaume de Dieu, « ni Juif ni Grec, ni esclave ni maître, ni mâle ni femelle » (Epitre aux Galates, 3-28) parce que alors tous ne feront plus qu’ « un dans le Christ ». Dans cette conception désincarnée (ou transgenre) de l’universel (que l’on retrouverait, de nos jours, aussi bien au principe de la lutte citoyenne « contre toutes les formes de discrimination » qu’à celui de ces royaumes de Dieu modernes que sont la « communauté européenne » ou le Marché mondial), toute détermination particulière –c’est-à-dire tout agencement symbolique concret supposé enfermer un sujet (qu’il soit individuel ou collectif) dans les limites d’un héritage historique ou naturel donné- doit être pensé comme un obstacle majeur à l’avènement d’un ordre juste et, par conséquent, comme une configuration politiquement incorrecte qu’il est indispensable d’éradiquer au plus vite. Tel est bien, en fin de compte, le sens ultime de la croisade perpétuelle de la gauche et de l’extrême –gauche contemporaines contre tout ce qui pourrait impliquer une forme quelconque de filiation ou d’identité individuelle et collective –y compris sur le plan anatomique et sexuel (Judith Butler –figure emblématique de la gauche américaine moderne- tenant ainsi la drag queen pour le seul sujet politique révolutionnaire capable de remplacer efficacement l’ « ancien » prolétaire de la doctrine marxiste. Si donc la loi du progrès est celle qui doit inexorablement conduire des étouffantes « sociétés closes » à la merveilleuse « société ouverte » -qui oblige, en d’autres termes, l’ensemble des civilisations existantes (du monde islamique aux tribus indiennes d’Amazonie) à renoncer peu à peu à toutes ces limitations « arbitraires » qui fondaient leur identité contingente pour se dissoudre triomphalement dans l’unité post-historique –au sens ou l’entendait Fukuyama- d’une société mondiale uniformisée (unité dont le moteur ne saurait évidement être que le développement coordonné du libre-échange, des « droits de l’homme » et de la culture mainstream)- on comprend alors ce qui fait la cohérence philosophique de la gauche moderne. Pour cette dernière, en effet, c’est forcément une seule et même chose que de refuser le sombre héritage du passé (qui ne saurait appeler, par principe, que des attitudes de « repentance »), de combattre tous les symptômes de la fièvre « identitaire » (c’est-à-dire, en d’autres termes, tous les signes d’une vie collective enracinée dans une culture particulière) et de célébrer à l’infini la transgression de toutes le limites morales et culturelles léguées par les générations antérieures (le règne accompli de l’universel libéral-paulinien devant coïncider, par définition, avec celui de l’indifférenciation et de l’illimitation absolues). Aux yeux de l’intellectuel de gauche contemporain, il va nécessairement de soi que le respect du passé, la défense de particularismes culturels et le sens des limites ne sont que les trois têtes, également monstrueuses, de la même hydre réactionnaire. »

JC Michéa, Le complexe d’Orphée, 2011.

La démystification du barnum progressiste contemporain reste pour moi un pur bonheur. Sans doute peut-on voir dans ce concept d’ « unité post-historique », une passerelle avec la post-histoire (ou sortie de l’histoire) de Philippe Murray qui décrivait l’avènement du triste Festivus-Festivus en Occident comme l’érection d’un univers du Bien sans ailleurs, sans extérieur, débarrassé une fois pour toutes de toute contradiction, de tout antagonisme, de tout particularisme et de tout mystère.

Une autre clef de lecture de l’absurdité de cette post-histoire globalisante et métissophile, comme horizon indépassable de la modernité (et des épigones Joffrinesques, Sarkophiles ou Attalinesques), se trouve chez Cristopher Lasch qui, dans son Moi assiégé, rappelle que « la définition de l’humanité est tension, division, conflit »…

Bonne nouvelle, la « post-histoire » n’a pas d’avenir!

(photo: dorothea Lange, 1936)

PS: and get your money out of your bank...

18/03/2011

reddition?

Le message disait RAPE RAPE RAPE YOUCAN DO IT IN FINLAND.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Le pire ennemi est toujours l'abandon idéologique ou le mépris de soi."

Hervé Juvin, Le renversement du monde, 2010.

"Toute reddition des armes implique un acte irrévocable qui atteint le combattant à la source même de sa force. Je suis convaincu que la langue elle-même en est atteinte. On s'en rend surtout compte dans la guerre civile, ou la prose du parti battu perd aussitôt de sa vigueur. Je m'en tiens là-dessus au "Qu'on se fasse tuer" de Napoléon. Cela ne vaut naturellement que pour des hommes qui savent quel est notre enjeu sur cette terre. "

Ernst Jünger, Jardins et routes, 1942.

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Il y a d'autres façons de rendre les armes que de perdre une guerre.

Les occidentaux, les européens en particulier, liquidés par un pseudo-universalisme mortifère et une indifférenciation délirante qui leur font oublier ce qui leur est propre et singulier, ont perdu de vue ce qui fait sens et légitimité partout ailleurs que chez eux sur la planète: la religion, le fait culturel sinon ethnique, la tradition, la longue durée. Penser que la destinée manifeste d'un Nigérian, d'un Marocain ou d'un Turc est de DEVENIR un européen est une absurdité. L'émanation d'un ethno-centrisme délirant et destructeur.

Ne plus assurer le renouvellement des générations, oublier sa culture, refuser de la transmettre à ses enfants, abattre les frontières et toutes les possibilités de distinguer ce qui nous est propre et ce qui ne l'est pas, ce qui est ennemi de nous-même et ce qui ne l'est pas, reste le meilleur chemin vers la servitude.

Le monde tel que nous le connaissions est en train de s'écrouler. Peut-être est-il temps de se réveiller.

24/02/2011

Tanqueray et ascétisme

 

Amy Winehouse aprés Jünger, c'est bien, tout est en ordre.

« Les compartiments non fumeurs sont toujours moins garnis que les autres : un ascétisme même inférieur procure de l'espace aux hommes. Lorsque nous vivons en saints, l'infini nous tient compagnie. » (Ernst Jünger, Jardins et routes, 1942)...

Ils ne pouvaient se rencontrer que chez Hoplite, ces deux-là.

24/01/2011

Merline

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« L'après midi à l'Institut Allemand, rue Saint Dominique. Là, entre autres personnes, Merline [Céline], grand, osseux, robuste, un peu lourdaud, mais alerte dans la discussion ou plutôt dans le monologue ; Il y a, chez lui, ce regard des maniaques, tourné en dedans qui brille comme au fond d'un trou. Pour ce regard, aussi, plus rien n'existe ni à droite ni à gauche ; on a l'impression que l'homme fonce vers un but inconnu.  « J'ai constamment la mort à mes côtés »- et, disant cela, il semble montrer du doigt, à côté de son fauteuil, un petit chien qui serait couché là.

Il dit combien il est surpris, stupéfait, que nous, soldats, nous ne fusillions pas, ne pendions pas, n'exterminions pas les Juifs- il est stupéfait que quelqu'un disposant d'une baïonnette n'en fasse pas un usage illimité ; « Si les bolcheviques étaient à Paris, ils vous feraient voir comment on s'y prend ; ils vous montreraient comment on épure la population, quartier par quartier, maison par maison. Si je portais la baïonnette, je saurais ce que j'ai à faire. » J'ai appris quelque chose, à l'écouter parler ainsi deux heures durant, car il exprimait de toutes évidences la monstrueuse puissance du nihilisme. Ces hommes là n'entendent qu'une mélodie, mais singulièrement insistante ; Ils sont comme des machines de fer qui continuent leur chemin jusqu'à ce qu'on les brise.

Il est curieux d'entendre de tels esprits parler de la science, par exemple de la biologie. Ils utilisent tout cela comme auraient fait les hommes de l'âge de pierre ; c'est pour eux uniquement un moyen de tuer les autres. La joie de ces gens-là, aujourd'hui ne tient pas au fait qu'ils ont une idée. Des idées ils en avaient déjà beaucoup ; ce qu'ils désirent ardemment, c'est occuper des bastions d'où pouvoir ouvrir le feu sur de grandes masses d'hommes, et répandre la terreur. Qu'ils y parviennent et ils suspendent tout travail cérébral, qu'elles qu'aient été leurs théories au cours de leur ascension. Ils s'abandonnent alors au plaisir de tuer ; et c'était cela, cet instinct du massacre en masse qui, dés le début, les poussait en avant, de façon ténébreuse et confuse.

Aux époques ou l'on pouvait encore mettre la croyance à l'épreuve, de telles natures étaient plus vite identifiées. De nos jours, elles vont de l'avant sous le capuchon des idées. Quant à celles-ci, elles sont ce qu'on voudra ; il suffit, pour s'en rendre compte, de voir comme on rejette ces guenilles, une fois le but atteint.

On a annoncé aujourd'hui l'entrée en guerre du Japon. Peut-être l'année 1942 verra-t-elle un nombre d'hommes plus élevé que jamais passer ensemble les portes de l'Hadès. »

Ernst Jünger, Premier journal parisien.

12/10/2010

un tas d'ordures

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« (…) Il y a longtemps que je suis las de ce que des décennies de conditionnement médiatico-idéologique donnent pour le réel même : cette falsification, cet univers parallèle  qui a pris la place du monde réel sont indissociables du devenir américain du monde, dans son irrésistibilité historique comme dans sa dimension « culturelle » qui fait de moi un apatride dans mon refus d’acquiescer à cette universalité fallacieuse, disneylandisation démocratique, gnose anti-raciste, mythologie des droits de l’homme dont l’unique but est de servir le capitalisme yankee. »

« (…) Si je reste attaché au monde contemporain, c’est par la nécessité du combat pour ne pas m’en laisser conter, autant que par une ambivalente fascination pour la bêtise, la laideur, la décomposition de l’ordre ancien à quoi nous assistons et qui, par la force des choses est pour nous, hommes de l’aube, une chance de revivifier certaines valeurs : l’individu contre l’individualisme, l’honneur contre le juridique, l’ordre contre la veulerie, la verticalité contre l’éparpillement horizontal. » Richard Millet, Lettre aux Libanais sur la question des langues.

« (…) Oui, la guerre seule peut donner à l’écrivain sa vérité . Sans elle, que seraient Jünger, Hemingway, Faulkner, Céline, Drieu, Malaparte, Soljenitsyne, Claude Simon, pour ne pas parler d’Homère. » Richard Millet, La confession négative.

Malaparte, parlons-en :

«- Chez nous, dis-je [Malaparte], en Europe, seuls les morts comptent.

- Je suis las de vivre parmi les morts, dit Jimmy ; je suis content de rentrer chez moi, en Amérique, parmi les hommes vivants. Pourquoi ne viendrais-tu pas, toi aussi, en Amérique ? Tu es un homme vivant, l’Amérique est un pays riche et heureux.

- Je le sais, Jimmy, que l’Amérique est un pays riche et heureux. Mais je ne partirai pas, il faut que je reste ici. Je ne suis pas un lâche, Jimmy. Et puis, la misère, la peur, la faim, l’espérance sont, elles aussi, des choses merveilleuses. Plus merveilleuses que la richesse et le bonheur.

- L’Europe est un tas d’ordures, dit Jimmy, un pauvre pays vaincu. Viens avec nous, l’Amérique est un pays libre.

- Je ne peux pas abandonner mes morts, Jimmy. Vous autres, vous amenez vos morts en Amérique. Il part tous les jours pour l’Amérique des bateaux chargés de morts. Ce sont des morts riches, heureux, libres. Mais mes morts à moi ne peuvent pas se payer un billet pour l’Amérique, ils sont trop pauvres. Ils ne sauront jamais ce qu’est la richesse, le bonheur, la liberté. Ils ont toujours vécu dans l’esclavage ; ils ont toujours souffert de la faim et de la peur. Même morts, ils seront toujours esclaves, ils souffriront toujours de la faim et de la peur. C’est leur destin, Jimmy. Si tu savais que le christ gît parmi eux, parmi ces pauvres morts, est-ce que tu l’abandonnerais ?

- Tu ne voudrais pas me faire croire, dit Jimmy, que le Christ a perdu la guerre ?

- C’est une honte de gagner la guerre, dis-je à voix basse ».

(La Peau, Curzio Malaparte, 1949.)

Ce regard singulier. Du soldat américain victorieux en Europe. Ce n’est pas du mépris mais de la commisération. Pour ces jeunes hommes sains et athlétiques de New York, Cleveland ou Détroit, convaincus d’incarner le Bien et de devoir désormais montrer le chemin à ce vieux continent perclu de massacres et de guerres civiles, l’Europe est un tas d’ordures, un champ de bataille où tout est à reconstruire, en mieux. Ni plus ni moins. Malaparte montre merveilleusement combien l’âme Européenne se nourrit et vit au travers de cette misère, de ces morts, de cette peur, de la conscience de cette déchéance, que d’autres interprètent comme un avilissement consenti. Et irrémédiable.

Millet, lui, n’y croit plus. Contrairement à un Finkielkraut et peut-être comme un Renaud Camus, il ne voit que crépuscule et chaos là ou d’autre croient encore en la possibilité de l’action politique.

Ces deux personnages d’exception, Malaparte et Millet, figurent à merveille le suicide de la civilisation européenne aussi bien sur le plan de l’art, des mœurs que du langage et son remplacement par un idéal horizontal et profondément matérialiste fait d’ensauvagement festif et métissé, d’individualisme rationaliste, de consumérisme effréné, d’universalisme progressiste et arrogant, d’autonomie hédoniste et d’utilitarisme bourgeois justifiant l’arraisonnement de la planète entière sous le masque vertueux des « droits de l’homme » et de la « démocratie libérale » pour tous…

Le dernier mot à Ernst Jünger, guerrier, théoricien de la révolution conservatrice puis contemplatif : « La domination du tiers-état n’a jamais pu toucher en Allemagne à ce noyau le plus intime qui détermine la richesse, la puissance et la plénitude d’une vie. Jetant un regard rétrospectif sur plus d’un siècle d’histoire Allemande, nous pouvons avouer avec fierté que nous avons été de mauvais bourgeois. » (Le travailleur)

Un continent de petits êtres sautillants (Nietzsche) et d’épiciers en gros…

"Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes. " (Cioran, Histoire et utopie)

Non, l’Europe c’était autre chose. De plus merveilleux que le spectacle de la richesse et du bonheur chez Ikéa. Peut-être n’est il pas trop tard pour être de mauvais bourgeois.

sinon ça va?

(photo: la modernité a parfois du bon)


podcast

21/06/2010

en dernière analyse

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(photo:le choix des armes)

 

« Un drapeau portant l'emblème de la commune de Villeneuve-Saint-Georges (photo), dans le Val-de-Marne, a été brûlé, à la mairie, dans la nuit de dimanche à lundi, et remplacé par un drapeau algérien. La bannière vandalisée n'est pas, comme cela a été affirmé dans un premier temps, le drapeau français.

(…) Cécile Duflot, maire-adjointe de Villeneuve-Saint-Georges et secrétaire nationale des Verts, avait fait état lundi d'un incident "souciant", mais "dans un contexte de Coupe du Monde", "avec les emportements que cela peut susciter", appelant à ne pas faire "d'interprétations hâtives. »

« souciant »…

Entièrement d’accord avec cette autruche progressiste : « pas d’interprétation hâtive » ! On ne sait jamais, il pourrait arriver –dans le feu de la réaction- que l’on sorte quelque bonne vérité et que l’on déroge au politiquement correct et à la langue de bois habituelle… le mieux est de s’enterrer rapidement. As usual.

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« Crise chez les Bleus - Pour Julien Dray, c'est “un règlement de comptes contre la France métissée

(…) Cela n’a plus rien à voir avec le foot et avec les difficultés d’une équipe. Depuis trois jours, nous assistons à une offensive en règle, à un règlement de comptes contre la France métissée de l’équipe de 1998, contre les banlieues. On voit bien le scénario qu’on est en train de nous écrire : il y a un contenu idéologique qui n’est pas acceptable. Que Finkielkraut s’occupe de ce qu’il sait bien faire : la philosophie. Je ne suis pas sûr qu’il ait à s’investir dans un jugement qui est assez déplacé. On est en train encore une fois de faire le même procès : est-ce que l’équipe de France est trop métissée ? Est-ce qu’elle chante La Marseillaise ?… Ça suffit ! Ce climat est très mauvais On est en train de communautariser les choses. »

Clap, clap !

Du grand art, juju-la rollex !

Ce qu’il y a de bien avec ce genre d’ordure « anti-raciste », c’est qu’il n’y a pas de discussion possible : quiconque n’est pas de son avis est ipso facto raciste et/ou antisémite !

Cool !

(Je ne sais pas vous mais, en ce qui me concerne, voir le paquebot progressiste du vivre-ensemble festif "black-blanc-beur" sombrer dans la cuistrerie générale comme le Titanic moyen sur un glaçon ne me tire pas des larmes. hu, hu!)

Mais le mieux, devant autant de saloperie intellectuelle, est de relire gentiment Henry Miller :

« Pour celui qui pense avec la tête, la vie est comédie. Pour celui qui pense avec les sentiments, ou qui met ses sentiments dans son travail, c’est une tragédie. »

(H Miller, Ma vie et moi, 1971)

Ou Jünger :

« Le trait propre qui fait de moi un anarque, c'est que je vis dans un monde que, "en dernière analyse", je ne prends pas au sérieux. »

(Ernst JÜNGER, Eumeswill (1977))

28/05/2010

les hommes au milieu...

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Bon, vous aurez remarqué le diléttantisme croissant qui règne chez Hoplite depuis quelques semaines...podcasts et jolies grues deviennent envahissants, je vous l'accorde. Ca ne va pas s'arranger dans l'immédiat en raison de milliers de nuits sans sommeil (la phalange s'est agrandie et je suis un père progressiste..); mais, en bon lecteur des Carnets de guerre de Grossman et de Jünger ou des récits de la Kolyma de Chalamov (lectures certainement plus adéquates que les derniers opus d'Angot ou de Darrieuseq), je ne saurais me plaindre de mon sort...

« À ces mots vers son enfant se pencha l'illustre Hector ;
Mais l'enfant, contre le sein de sa nourrice à la belle ceinture,
Se rejeta en criant, épouvanté à la vue de son père,
Effrayé par le bronze et le panache en crins de cheval que,
Terrible, au sommet du casque, il voyait s'agiter
»
L'Iliade, VI, 467-470)

 

photo... des ruines..

12/04/2010

l'infini nous tient compagnie

Ernst%20J%FCnger.jpg« Au combat, qui dépouille l'homme de toute convention comme des loques rapiécées d'un mendiant, la bête se fait jour, monstre mystérieux resurgi des tréfonds de l'âme. Elle jaillit en dévorant geyser de flamme, irrésistible griserie qui enivre les masses, divinité trônant au dessus des armées. Lorsque toute pensée, lorsque tout acte se ramènent à une formule, il faut que les sentiments eux-mêmes régressent et se confondent, se conforment à l'effrayante simplicité du but : anéantir l'adversaire. Il n'en sera pas autrement tant qu'il y aura des hommes.

Les formes extérieures n'entrent pas en ligne de compte. Qu'à l'instant de s'affronter on déploie les griffes et montre les dents, qu'on brandisse des haches grossièrement taillées, qu'on bande des arcs de bois, ou qu'une technique subtile élève la destruction à la hauteur d'un art suprême, toujours arrive l'instant où l'on voit flamboyer, au blanc des yeux de l'adversaire, la rouge ivresse du sang. Toujours la charge haletante, l'approche ultime et désespérée suscite la même somme d'émotions, que le poing brandisse la massue taillée dans le bois où la grenade chargée d'explosif. Et toujours, dans l'arène où l'humanité porte sa cause afin de trancher dans le sang, qu'elle soit étroit défilé entre deux petits peuples montagnards, qu'elle soit le vaste front incurvé des batailles modernes, toute l'atrocité, tous les raffinements accumulés d'épouvante ne peuvent égaler l'horreur dont l'homme est submergé par l'apparition, l'espace de quelques secondes, de sa propre image surgie devant lui, tous les feux de la préhistoire sur son visage grimaçant. Car toute technique n'est que machine, que hasard, le projectile est aveugle et sans volonté ; l'homme, lui, c'est la volonté de tuer qui le pousse à travers les orages d'explosifs, de fer et d'acier, et lorsque deux hommes s'écrasent l'un sur l'autre dans le vertige de la lutte, c'est la collision de deux êtres dont un seul restera debout.

Car ces deux êtres se sont placés l'un l'autre dans une relation première, celle de la lutte pour l'existence dans toute sa nudité. Dans cette lutte, le plus faible va mordre la poussière, tandis que le vainqueur, l'arme raffermie dans ses poings, passe sur le corps qu'il vient d'abattre pour foncer plus avant dans la vie, plus avant dans la lutte. Et la clameur qu'un tel choc mêle à celle de l'ennemi est cri arraché à des cœurs qui voient luire devant eux les confins de l'éternité ; un cri depuis bien longtemps oublié dans le cours paisible de la culture, un cri fait de réminiscence, d'épouvante et de soif de sang. »

Ernst Jünger, La guerre comme expérience intérieure. 1922.

« Je remarquais un peu plus tard que la présence des sept cent Français [prisonniers de la compagnie de Jünger après la campagne éclair de mai 1940] ne m'avait pas inquiété le moins du monde, quoique je ne fusse accompagné que d'une seule sentinelle, plutôt symbolique. Combien plus terrible avait été cet unique Français, au bois Le Prêtre, en 1917, dans le brouillard matinal, qui lançait sur moi sa grenade à main. Cette réflexion me fut un enseignement et me confirma dans ma résolution de ne jamais me rendre, résolution à laquelle j'étais demeuré fidèle pendant l'autre guerre. Toute reddition des armes implique un acte irrévocable qui atteint le combattant à la source même de sa force. Je suis convaincu que la langue elle-même en est atteinte. On s'en rend surtout compte dans la guerre civile, ou la prose du parti battu perd aussitôt de sa vigueur. Je m'en tiens là-dessus au "Qu'on se fasse tuer" de Napoléon. Cela ne vaut naturellement que pour des hommes qui savent quel est notre enjeu sur cette terre. »

« Les compartiments non fumeurs sont toujours moins garnis que les autres : un ascétisme même inférieur procure de l'espace aux hommes. Lorsque nous vivons en saints, l'infini nous tient compagnie. »

E Jünger, Jardins et routes, 1942.

31/03/2010

nihilisme

celine.jpg« L'après midi à l'Institut Allemand, rue Saint Dominique. Là, entre autres personnes, Merline [Céline], grand, osseux, robuste, un peu lourdaud, mais alerte dans la discussion ou plutôt dans le monologue ; Il y a, chez lui, ce regard des maniaques, tourné en dedans qui brille comme au fond d'un trou. Pour ce regard, aussi, plus rien n'existe ni à droite ni à gauche ; on a l'impression que l'homme fonce vers un but inconnu.  « J'ai constamment la mort à mes côtés »- et, disant cela, il semble montrer du doigt, à côté de son fauteuil, un petit chien qui serait couché là.

Il dit combien il est surpris, stupéfait, que nous, soldats, nous ne fusillions pas, ne pendions pas, n'exterminions pas les Juifs- il est stupéfait que quelqu'un disposant d'une baïonnette n'en fasse pas un usage illimité ; « Si les bolcheviques étaient à Paris, ils vous feraient voir comment on s'y prend ; ils vous montreraient comment on épure la population, quartier par quartier, maison par maison. Si je portais la baïonnette, je saurais ce que j'ai à faire. »

J'ai appris quelque chose, à l'écouter parler ainsi deux heures durant, car il exprimait de toutes évidences la monstrueuse puissance du nihilisme. Ces hommes là n'entendent qu'une mélodie, mais singulièrement insistante ; Ils sont comme des machines de fer qui continuent leur chemin jusqu'à ce qu'on les brise.

Il est curieux d'entendre de tels esprits parler de la science, par exemple de la biologie. Ils utilisent tout cela comme auraient fait les hommes de l'âge de pierre ; c'est pour eux uniquement un moyen de tuer les autres.

La joie de ces gens-là, aujourd'hui ne tient pas au fait qu'ils ont une idée. Des idées ils en avaient déjà beaucoup ; ce qu'ils désirent ardemment, c'est occuper des bastions d'où pouvoir ouvrir le feu sur de grandes masses d'hommes, et répandre la terreur. Qu'ils y parviennent et ils suspendent tout travail cérébral, qu'elles qu'aient été leurs théories au cours de leur ascension. Ils s'abandonnent alors au plaisir de tuer ; et c'était cela, cet instinct du massacre en masse qui, dés le début, les poussait en avant, de façon ténébreuse et confuse.

Aux époques ou l'on pouvait encore mettre la croyance à l'épreuve, de telles natures étaient plus vite identifiées. De nos jours, elles vont de l'avant sous le capuchon des idées. Quant à celles-ci, elles sont ce qu'on voudra ; il suffit, pour s'en rendre compte, de voir comme on rejette ces guenilles, une fois le but atteint.

On a annoncé aujourd'hui l'entrée en guerre du Japon. Peut-être l'année 1942 verra-t-elle un nombre d'hommes plus élevé que jamais passer ensemble les portes de l'Hadès. »

Ernst Jünger, Premier journal parisien.

16/03/2010

Geheime Staatspolizei et brebis

« C'est le rôle de l'anarque que de rester libre de tout engagement, mais capable de se tourner de n'importe quel côté. »

« Le trait propre qui fait de moi un anarque, c'est que je vis dans un monde que, "en dernière analyse", je ne prends pas au sérieux. »

« Le libéral est mécontent de tout régime; l'anarque en traverse la série, si possible sans jamais se cogner, comme il ferait d'une colonnade. C'est la  bonne recette pour qui s'intéresse à l'essence du monde plutôt qu'à ses apparences - le philosophe, l'artiste, le croyant. »

« L'anarque pense de manière plus primitive; il ne se laisse rien prendre de son bonheur. "Rends-toi toi-même heureux", c'est son principe fondamental, et sa réplique au "Connais-toi toi-même" du temple d'Apollon, à Delphes. Les deux maximes se complètent; il nous faut connaître, et notre bonheur, et notre mesure. »

« Qu'on lui impose le port d'une arme, il n'en sera pas plus digne de confiance, mais, tout au contraire, plus dangereux. La collectivité ne peut tirer que dans une direction, l'anarque dans tous les azimuts. »

« Etant anarque, ne respectant, par conséquent, ni loi ni moeurs, je suis obligé envers moi-même de prendre les choses par leur racine. J'ai alors coutume de les scruter dans leurs contradictions, comme l'image et son reflet. L'un et l'autre sont imparfaits -en tentant de les faire coïncider, comme je m'y exerce chaque matin, j'attrape au vol un coin de réalité. »

Ernst JÜNGER, Eumeswill (1977)

relire Jünger...encore et toujours.

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Rencontré tantôt un jardinier stalinien, adepte de Badiou, chez des amis. Ai d'emblée traité Badiou d'ordure Stalinienne et ethnomasochiste après deux verres de rouge, histoire de briser la glace. Comment mieux cerner cet esprit dérangé ? Me suis donc aliéné dans la seconde mon interlocuteur, juste revenu d'une manif de défense de clandestins promis à quelque rafle organisée par la Geheime Staatspolizei locale et prompt à casser -dans son jardin- du faf.

Lui faire entrevoir la contradiction radicale entre la défense de cette nouvelle armée du capitalisme et sa posture anti-capitaliste a pris un peu de temps, grâce à mes amis Michéa et Castoriadis, qu'il n'avait pas lu, le biquet. Le mieux, dans ce genre de situation, est de flinguer de l'intérieur ! C'est redoutable et dévastateur. La preuve, on s'est quittés potes.

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Lu une petite leçon de Finkielkraut aux polytechniciens (les chanceux), à propos de philosophie et de modernité. Dans un chapitre éclairant, Fink explore la pensée de Carl Schmitt au travers de l'œuvre de Freund et montre de façon convaincante (à mon avis) combien cette distinction fondamentale ami-ennemi échappe à nos modernes convaincus, notamment depuis la fin de la seconde guerre mondiale et l'extermination des Juifs d'Europe, que les européens ne sauraient plus avoir d'ennemis : la figure de l'Autre, de l'étranger, ne pouvant plus être considérée - a priori- comme inamicale ou hostile. Nos modernes (partisans de l'humanité en marche), pacifistes par nature, étant convaincus que l'on ne saurait avoir des ennemis en étant accueillant et amical. Julien Freund, confronté au scepticisme de son maître de thèse, Jean Hyppolite, qui lui reprochait cette posture pessimiste et pensait qu' « alors, il n'y a plus qu'à aller bêcher son jardin », lui rétorqua que c'est toujours l'ennemi qui vous désigne et que s'il lui en prend l'envie, il viendra jusque chez vous vous empêcher de travailler votre jardin...hmmm, qu'il est doux de voir éclater les ballons roses du vivre ensemble !

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Sinon, voter ! Il faut voter ! et mal si possible, jouer les "trouble-fête", comme disent nos lemmings favoris...ne serait-ce que parce que le rêve sucré de nos élites moderneuses reste bien de substituer au débat démocratique un Spectacle impolitique indigne, caricature de démocratie à laquelle ne participent plus une grande majorité de français éveillés...Charge à quelques figures tutélaires -donc haïssables- de cette modernité plurielleTM, progressisteTM et anti fascisteTM, tels l'ignoble Dray, le bandit Cohn, la guenon Mandroux ou l'immonde Xavier Bertrand de jouer la pièce pour les brebis.

Ne pas abdiquer.

"Nous sommes nés à ce temps et devons poursuivre avec vaillance, jusqu'au terme fatal, le chemin qui nous est tracé. Il n'y a pas d'alternative. Notre devoir est de nous incruster dans cette position intenable, sans espoir, sans possibilité de renfort. Tenir, tenir à l'exemple de ce soldat romain dont le squelette a été retrouvé devant une porte de Pompéi et qui, durant l'éruption du Vésuve, mourut à son poste parce qu'on avait omis de venir le relever. Voilà qui est noble. Voilà qui est grand. Une fin honorable est la seule chose dont on ne puisse PAS frustrer un homme."


(Dernier paragraphe de l'essai L'homme et la technique. Oswald Spengler. Munich, 1931)

 

cool!

03/06/2009

peur, moi?

@Hoplite

L’islamisation ? Vous ne vivez pas à côté et avec les gens ? Vous êtes contraint à quelque chose ? Dans mon quartier, il y a une majorité de juifs religieux, une minorité de musulmans et aucun prosélytisme. Votre réflexion en dit long sur la pénétration réussie de votre cerveau. La peur de l’autre …(la suite ici...)

medium_chat-peur-humour-animal.jpgJe vais vous décevoir, ce blog est ultra confidentiel (200 à 300 visites/ jour) et visité par quelques fidèles souvent bien intentionnés, cultivés et mal-pensants, au regard de la propagande vivre ensemblesque, festive et citoyenne moderne propre à faire gerber une blatte progressiste.

Rarement, il m’est arrivé d’être qualifié de réactionnaire, de fasciste ou de peureux. Rarement car mon positionnement politique et idéologique n’est pas évident pour le premier électeur du modem venu. Mais lorsque cela arrive, en soirée ou en compagnie de quelques commensaux avinés et agressifs, comme il se doit, je ne manque jamais d’appuyer là où ça fait mal en citant Heidegger, Malaparte ou en fredonnant Ich hatte einen kameraden (ce fameux chant contre révolutionnaire)…mais j’ai déjà raconté cela. Ha, ha !

Pour être réactionnaire, il eut fallu que je croie en un sens de l’histoire et que j’idéalise la France pré révolutionnaire, ce qui n’est pas forcément le cas. Hoplite connaît la nuance: ni décliniste ni progressiste...et ça n'était pas forcément mieux avant, comme ça ne sera pas forcément mieux demain: tout ça n'est qu'affaire de croyances, de religions modernes. Qui ne sont pas miennes.

Pour connaître la peur, il faudrait que j'ai quelque chose à perdre ou à défendre...un camp, une doctrine, des kamerads. il faudrait que je sois éffrayé par le possible du lendemain ou par cet étranger proche...ce n'est pas le cas. Non que je ne vois pas motif à combattre mais ma façon de combattre est autre: ce monde n'est pas sérieux et je reste libre de tout engagement.

"L'anarque pense de manière plus primitive; il ne se laisse rien prendre de son bonheur. "Rends-toi toi-même heureux", c'est son principe fondamental, et sa réplique au "Connais-toi toi-même" du temple d'Apollon, à Delphes. Les deux maximes se complètent; il nous faut connaître, et notre bonheur, et notre mesure."

Enfin, Hoplite n'est pas -ou plus- un blog de combat...j'en mesure trop les limites (les miennes en particulier) pour croire une seconde pouvoir infléchir quoique ce soit. par contre, partager livres, idées et réflexions me parait encore utile, même perdu dans un coin très particulier de la réacosphère: conservateur mais révolutionnaire, antimoderne par défiance à l'égard de la doctrine libérale et progressiste (les Lumières…), païen mais admirateur inlassable de la Sainte chapelle, de Saint Anselme ou de la KR (Konservative Revolution)...enraciné dans ma culture européenne et hostile à ces connasses qui, en se voilant, renient précisément cette dernière, faite de curiosité, de haine de la soumission, et d'émancipation, de culte du beau, du fragile, et de common decency. Toutes choses méritant d'être conservées. Contrairement à ces connes décervelées et voilées qui méritent amplement le sort de ces lemmings se suicidant en masse du haut d’une falaise.

George Orwell, socialiste mais hostile au totalitarisme communiste (ce qui lui valut quelques inimitiés mortelles dans le camp « républicain » lors de la guerre d’Espagne), se dépeignait volontiers comme anarchist tory. Je revendique ce positionnement. Je me retrouve également dans la phrase de Benda, l’auteur de la Trahison des clercs (leur principale fonction, d’ailleurs) : "Avec des gens de gauche, je me trouve des idées de droite et vice versa." Preuve s’il en était besoin qu’un esprit libre ne connaît pas de camp.

Européen convaincu, i e, admirateur d’Homère, d’Auguste, de Pétrarque, de Giotto, de Montesquieu, de Malaparte, Jünger ou Steiner, et vomissant cette UE bureaucratique et citoyenne, ce cauchemar climatisé (disait Miller parlant de son pays), je m'essaie à cette posture singulière d’anarque bien décrite par Jünger :

"Le libéral est mécontent de tout régime; l'anarque en traverse la série, si possible sans jamais se cogner, comme il ferait d'une colonnade. C'est la  bonne recette pour qui s'intéresse à l'essence du monde plutôt qu'à ses apparences - le philosophe, l'artiste, le croyant."

Ou encore : "Etant anarque, ne respectant, par conséquent, ni loi ni moeurs, je suis obligé envers moi-même de prendre les choses par leur racine. J'ai alors coutume de les scruter dans leurs contradictions, comme l'image et son reflet. L'un et l'autre sont imparfaits -en tentant de les faire coïncider, comme je m'y exerce chaque matin, j'attrape au vol un coin de réalité." (Jünger, Eumeswill)

Finalement je crois que j'aurais pu être fasciste par anti-anti fascisme...ou Malapartiste par détestation du tiède. Il n'est pas trop tard, heureusement. Gute nacht!

Ich hatt' einen Kameraden,
Einen bessern findst du nit.
Die Trommel schlug zum Streite,
Er ging an meiner Seite
|: In gleichem Schritt und Tritt. :|
Eine Kugel kam geflogen,
Gilt's mir oder gilt es dir?
Ihn hat es weggerissen,
Er liegt mir vor den Füßen,
|: Als wär's ein Stück von mir. :|
Will mir die Hand noch reichen,
Derweil ich eben lad.
Kann dir die Hand nicht geben,
Bleib du im ew'gen Leben
|: Mein guter Kamerad! :|

J'avais un camarade,
De meilleur il n'en est pas;
Dans la paix et dans la guerre
Nous allions comme des frères
|: Marchant d'un même pas. :|
Mais une balle siffle.
Qui de nous sera frappé?
Le voilà qui tombe à terre,
Il est là dans la poussière;
|: Mon cœur est déchiré. :|
Ma main, il veut me prendre
Mais je charge mon fusil;
Adieu donc, adieu mon frère
Dans le ciel et sur la terre
|: Restons toujours unis. :|

11/05/2009

des poulets dans des cages

african-americans-wwii-003.jpg«- Chez nous, dis-je [Malaparte], en Europe, seuls les morts comptent.

- Je suis las de vivre parmi les morts, dit Jimmy ; je suis content de rentrer chez moi, en Amérique, parmi les hommes vivants. Pourquoi ne viendrais-tu pas, toi aussi, en Amérique ? Tu es un homme vivant, l’Amérique est un pays riche et heureux.

- Je le sais, Jimmy, que l’Amérique est un pays riche et heureux. Mais je ne partirai pas, il faut que je reste ici. Je ne suis pas un lâche, Jimmy. Et puis, la misère, la peur, la faim, l’espérance sont, elles aussi, des choses merveilleuses. Plus merveilleuses que la richesse et le bonheur.

- L’Europe est un tas d’ordures, dit Jimmy, un pauvre pays vaincu. Viens avec nous, l’Amérique est un pays libre.

- Je ne peux pas abandonner mes morts, Jimmy. Vous autres, vous amenez vos morts en Amérique. Il part tous les jours pour l’Amérique des bateaux chargés de morts. Ce sont des morts riches, heureux, libres. Mais mes morts à moi ne peuvent pas se payer un billet pour l’Amérique, ils sont trop pauvres. Ils ne sauront jamais ce qu’est la richesse, le bonheur, la liberté. Ils ont toujours vécu dans l’esclavage ; ils ont toujours souffert de la faim et de la peur. Même morts, ils seront toujours esclaves, ils souffriront toujours de la faim et de la peur. C’est leur destin, Jimmy. Si tu savais que le christ gît parmi eux, parmi ces pauvres morts, est-ce que tu l’abandonnerais ?

- Tu ne voudrais pas me faire croire, dit Jimmy, que le Christ a perdu la guerre ?

- C’est une honte de gagner la guerre, dis-je à voix basse ».

(La Peau, Curzio Malaparte, 1949.)

Ce regard singulier. Du soldat américain victorieux en Europe. Ce n’est pas du mépris mais de la commisération. Pour ces jeunes hommes sains et athlétiques de New York, Cleveland ou Détroit, convaincus d’incarner le Bien et de devoir désormais montrer le chemin à ce vieux continent perclu de massacres et de guerres civiles, l’Europe est un tas d’ordures, un champ de bataille où tout est à reconstruire, en mieux. Ni plus ni moins.

Malaparte montre merveilleusement combien l’âme Européenne se nourrit et vit au travers de cette misère, de ces morts, de cette peur, de la conscience de cette déchéance, que d’autres interprètent comme un avilissement consenti. Et irrémédiable.

Curieux car ce week end, le regard que fait porter Malaparte à son ami américain Jimmy et celui du général Patton, les deux assez peu conventionnels, se sont télescopés. Voici ce que dit Patton durant l’été 1945 pendant son mandat de gouverneur militaire en Allemagne et après avoir vu de prés la réalité de l’Europe (au grand dam de l’Etat major allié et de la presse américaine). Patton ne fut pas chassé de l’armée en raison de ses états de service exceptionnels et grâce à l’amitié et le respect que lui vouait Eisenhower mais il finit quand même par trouver la mort dans un curieux accident de voiture que l’on peut qualifier de suspect sans tomber dans la théorie conspirationniste :

«Je n'ai jamais vu dans aucune armée à aucune époque, y compris dans l'Armée Impériale allemande de 1912, une discipline aussi sévère que celle qui existe dans l'armée russe. Les officiers, sauf quelques exceptions, ont l'apparence de bandits mongols récemment civilisés».

Et aussi : «Je comprend la situation. Leur système [soviétique] de ravitaillement est inadéquat pour les soutenir dans une action sérieuse telle que je pourrais la déclencher contre eux. Ils ont des poulets dans des cages et du bétail sur pied. Voilà leur système de ravitaillement. Ils pourraient probablement tenir le coup pendant cinq jours dans le type de combat que je pourrais leur livrer. Après cela, les millions d'hommes qu'ils ont ne feraient aucune différence, et si vous vouliez Moscou je pourrais vous la donner. Ils ont vécu sur le pays depuis leur arrivée. Il ne reste pas assez pour les ravitailler pendant le retour. Ne leur donnez pas le temps de construire leur système de ravitaillement. Si nous le leur laissons, alors ... nous aurons battu et désarmé les Allemands, mais nous aurons échoué à libérer l'Europe; nous aurons perdu la guerre!»

Ce qu’ils firent. Et nous avec.

Ces deux personnages d’exception, Malaparte et Patton, figurent à merveille le suicide de la civilisation européenne et son remplacement par un idéal horizontal et profondément matérialiste fait d’individualisme rationaliste, de consumérisme effréné, d’universalisme progressiste et arrogant, d’autonomie hédoniste et d’utilitarisme bourgeois justifiant l’arraisonnement de la planète entière sous le masque vertueux des « droits de l’homme » et de la « démocratie libérale » pour tous…

Le dernier mot à Ernst Jünger, guerrier, théoricien de la révolution conservatrice puis contemplatif : « La domination du tiers-état n’a jamais pu toucher en Allemagne à ce noyau le plus intime qui détermine la richesse, la puissance et la plénitude d’une vie. Jetant un regard rétrospectif sur plus d’un siècle d’histoire Allemande, nous pouvons avouer avec fierté que nous avons été de mauvais bourgeois. » (Le travailleur)

Non, l’Europe c’était autre chose. De plus merveilleux que la richesse et le bonheur. Il n'est pas trop tard pour être de mauvais bourgeois.

15/04/2009

Ferguson

Jünger toujours, parmi d’autres lectures :

« Kirchhorst, 10 décembre 1944. (…) Lorsqu’ Arras tomba en 1493 entre les mains des Autrichiens, ceux-ci gravèrent ces mots au dessus de l’une des portes :

QUAND LES FRANCAIS PRENDRONT ARRAS, LES SOURIS MANGERONT LES CHATS.

Lorsque les Français prirent la ville, en 1640, ils se bornèrent à gratter le p de l’inscription. Cet exemple montre que la réplique peut agir plus sobrement, et en même temps avec plus d’esprit, qu’une provocation arrogante. Cela m’a frappé en France, tout récemment encore, à propos de la propagande. Par exemple sur les énormes affiches où l’on voyait un ouvrier français en Allemagne, devant une machine, l’air heureux de vivre. La contre-propagande nocturne s’est bornée à un simple anneau, tracé à la craie, et passé dans les narines de ce personnage. »

Et, plus loin, apprenant la mort de son fils, combattant en Italie, prés de Carrare :

« Ernstel est mort, tué à la guerre, mon brave enfant- mort déjà depuis le 29 novembre de l’an dernier ! La nouvelle nous est arrivée hier soir, 11 janvier 1945, peu après 7 heures. (…) Cher petit. Depuis l’enfance, il s’appliquait à suivre son père. Et voici que, du premier coup, il fait mieux que lui, le dépasse infiniment. La mort de mon fils constitue l’une des dates, l’un des pivots et des tournants de ma vie. Le choses, les pensées, les actions ne sont plus pareilles, avant et après»

Je ne peux que le rejoindre, sans savoir si perdre un fils adulte est plus difficile que perdre un enfant.

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Quelques jours dans ma retraite Quercynoise, sur les bords de la Dordogne. Indépendamment de la disparition de tout réseau téléphonique fiable, gage de tranquillité s’il en est, c’est le silence qui m’enchante. Tout semble hors du temps, immobile. Les paysages millénaires, les vieilles pierres rouges, les clochers sentinelles, les vieilles bastides au flanc des collines. Quelque bruit de tracteur au loin, le vent dans les arbres, le tonnerre avant l’orage…J’en viens à guetter les nouvelles du dehors en captant des bribes de France Inter en passant, quelques outils à la main : nouvelles invasions barbares gares de Lyon, nouvelles avancées décisives dans la lutte contre la discrimination, veulerie de nos modernes et ineptie et vulgarité sans bornes de notre époque, dés lors que l’on prend un minimum de recul.

« Ca va vite… » me suis-je dit ce matin avec deux gamins sur mon tracteur Harry Ferguson, sorti des usines de Coventry vers 1949…Je me revoyais, enfant, dans la même situation avec mes frères et cousins, mon grand-père au volant. Ouais…

Sourcillement suspicieux du bougnat à beret, couperose et clope au bec, quand je pose sur son comptoir de merde Rivarol, La france agricole et le monde diplomatique. Ah, ah, ah. (je sais, il m'en faut peu)

25/02/2009

Tranquillité, poulettes et espérance

"Solitude et société doivent se composer et se succéder. La solitude nous donnera le désir de fréquenter les hommes, la société, celui de nous fréquenter nous-mêmes, et chacune sera l'antidote de l'autre, la solitude nous guérissant de l'horreur de la foule, et la foule, de l'ennui de la solitude."

Sénèque, De la tranquillité de l'âme. 48 apr. JC.

"Il y a dans toute vie un certain nombre de choses que l'homme ne confie pas même à l'être le plus proche. Elles sont semblables à ces pierres que l'on trouve dans l'estomac des poules; la sympathie n'aide pas à les faire digérer."

Ernst Jünger, Premier journal parisien, 2 octobre 1942.

 

Prométhée: "J'ai oté aux mortels de prévoir leur trépas."

Le coryphée: "Quel remède as-tu trouvé qui les en guérisse?"

Prométhée: "J'ai établi en eux d'aveugles espérances."

Eschyle, Prométhée enchaîné.

05/12/2008

Tous les matins du monde

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" Le libéral est mécontent de tout régime; l'anarque en traverse la série, si possible sans jamais se cogner, comme il ferait d'une colonnade. C'est la  bonne recette pour qui s'intéresse à l'essence du monde plutôt qu'à ses apparences - le philosophe, l'artiste, le croyant. E Jünger, Eumeswill."

Pas facile la posture de l’anarque. Au passage, la métaphore de l’homme libre traversant la colonnade est lumineuse…

Mon dernier post au sujet de certains matins de merde en est le reflet. Je ne suis pas progressiste, pas décliniste non plus donc, c’est important de le préciser. Ca n’était pas mieux avant, et demain ne sera pas radieux, pas forcément tout au moins…

Et il n’y a pas un matin où je ne sois pas saisi –le mot est faible, plutôt pétrifié, meurtri, écoeuré- par le Spectacle de ce monde moderne haïssable par bien des aspects.

C’est dire à quel point il me reste du chemin pour atteindre ce détachement, cette vision supérieure du monde, cette weltanschauung du philosophe de l’artiste ou du croyant, au delà des apparences. Toucher à l’essence, tourner le dos à l’homo laborans et à l’homo faber, à l'hubris démocratique

" L'anarque [...] a le temps d'attendre. Il a son èthos propre, mais pas de morale. Il reconnaît le droit et non la loi; méprise les règlements. Dès que l'èthos descend au niveau des règlements et des commandements, c'est qu'il est déjà corrompu."

Comment vivre au milieu des autres, et au milieu de ruines pour qui regarde la longue durée, en n’étant pas affecté par la veulerie et la médiocrité de ce monde ?

Comment ne pas se sentir concerné? Comment passer au travers de la colonnade ? Faut-il s’en battre les couilles ? Faut-il être nostalgique ?

L’anarque est pleinement conscient du monde qui l’entoure et réagit au besoin favorablement ou pas. Il n’est pas indifférent à son milieu, il est d’une autre nature, d’une autre essence. Intouchable, à la fois proche et lointain, parce qu’il en a décidé ainsi…

L’anarque a son èthos (état d'âme) propre, indifférent à la loi commune. Comme Antigone affrontant Créon pour donner une sépulture à son frère, arguant de l’existence de lois supérieures à celles des hommes. Et finir emmurée. Je mesure ma corruption…

« La vie est trop courte et trop belle pour qu'on la sacrifie à des idées, bien qu'on puisse toujours éviter d'en être contaminé

Sûrement.

24/11/2008

Tolérance camp

 

Race : (groupes humains). 1 (1684) Subdivision de l’espèce humaine d’après des caractères physiques héréditaires. En dépit des recherches sur l’indice céphalique, les groupes sanguins et la génétique, rien ne permet de définir la notion de race sinon des caractères physiques globaux, relatifs et partiels. La race blanche, la race jaune. Croisement entre races. Interracial, métissage. 2 Par extension (XIX), dans la théorie du racisme, Groupe naturel d’humains qui ont des caractères semblables (physiques, psychiques, culturels, etc) provenant d’un passé commun souvent classé dans une hiérarchie. Syn. Ethnie, peuple. (Le petit robert, 1993)

 

Ne peut pas m’empêcher d’évoquer cette invraisemblable affaire Zemmour, du nom de ce journaliste qui déchaîne contre lui tout ce monde autoproclamé « bien pensant » et « anti raciste »… Qu’a dit Zemmour ? Au cours d’une émission sur ARTE intitulée « Demain, tous métis », Zemmour a prononcé les mots de « race blanche » et « race noire » !!!!! Indignation affectée des professionnels de l’antiracisme. Pourquoi ?

Chacun sait aujourd’hui, notre ami Robert nous le rappelle, qu’il n’existe pas d’élément scientifique génétique pour établir des subdivisions au sein de l’espèce humaine. De ce point de vue là, la race humaine est Une. D’accord là-dessus.

Mais le mot race ne renvoie pas qu’à des caractères génétiques. Il évoque, dans son acception première du XVII ème siècle des caractères physiques héréditaires, globaux. Phénotypiques. Secondairement au XIX ème siècle, s’y ajoutent des caractères culturels. Pour le meilleur ou le pire. Le pire c’est l’usage qu’en fait Gobineau dans son « Traité sur l’inégalité des races humaines », le pire c’est la doctrine raciste Nazie. Le pire c’est cette conception hiérarchique des races humaines. Rien à voir avec le constat différentialiste -que je fais- de l’existence de différentes races, ethnies, types humains, dés lors que l’on établit pas de hiérarchie entre eux.

Mais au nom de cette acception hiérarchique scientiste des XIX et XX mes siècles, le mot race est devenu inemployable car renvoyant systématiquement à ces doctrines racialistes, réductrices. Sur le fond cela m’indiffère pas mal, tout cela n’étant que Spectacle…Je n’utilise pas ce mot car trop connoté et lui préfère celui de culture ou civilisation.

Ce qui m’amuse particulièrement dans cette affaire c’est la tartuferie stratosphérique de nos élites, toutes membres de ce Parti du Bien et de la Vertu Universelle qui depuis deux ans nous bassinent avec le NOIR Barak Obama (nouvelle figure christique et rédemptrice s’il en est) nous vantent les vertus de la discrimination positive à l’endroit de « minorités ethniques NON BLANCHES » dans les médias, nous matraquent à longueur de journée l’impérieuse nécessité de se METISSER (une société métissée étant progressiste par définition) nous disent tout le bien qu'elles pensent du Conseil Représentatif des Associations NOIRES (CRAN) (on imagine le même conseil des associations BLANCHES...) en un mot qui sont obsédées par le critère racial et la couleur de la peau, sous couvert d’anti racisme militant, et qui viennent s’offusquer de l’utilisation du mot race par un journaliste mal pensant.

De là à penser qu’il faille appartenir à ce camp du Bien pour avoir le droit d’utiliser ce vocable, il n’y a qu’un pas.

Que je.

Enfoirés.

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"Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes."

Cioran, Histoire et utopie.

"L'illusion égalitaire des démagogues est encore plus dangereuse que la brutalité des traîneurs de sabre... pour l'anarque, constatation théorique, puisqu'il les évite les uns comme les autres. Qu'on vous opprime: on peut se redresser, à condition de n'y avoir pas perdu la vie. La victime de l'égalisation est ruinée, physiquement et moralement. Quand on est autre que les autres, on n'est pas leur égal; c'est l'une des raisons pour lesquelles on s'en prend si souvent aux juifs."

Ernst Jünger, Eumeswil.