03/02/2013
Michea
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15/09/2012
radicalité?
(...) Dans l’espace politique laissé libre par le PS et le PC, une nouvelle radicalité « de gauche » cherche à s’installer, mais elle vaut rarement mieux que les réformistes auxquels elle prétend s’opposer. Au lieu de défendre le peuple, l’extrême gauche s’oriente en effet vers des luttes marginales, de l’aide aux clandestins et aux sans-papiers au mariage homosexuel, en passant par le néoféminisme égalitaire, l’extension du droit à l’avortement, la légalisation des drogues douces, la dénonciation du harcèlement sexuel, le soutien aux « révoltes des banlieues » (les « quartiers difficiles ») ou la défense de l’« art contemporain », toutes causes dont le peuple se contrefiche complètement et auxquelles il est parfois même tout à fait allergique. Ce faisant, elle se situe dans la filiation d’un Mai 68 dont on ne rappellera jamais assez qu’à côté d’un aspect véritablement contestataire (critique de la société du spectacle, rejet des valeurs marchandes, désir de servir le peuple, la plus grande grève ouvrière de l’histoire de France, etc.), il comprenait une composante purement infantile, hédoniste et permissive, et donc profondément libérale, qui est aussi celle qui l’a emporté. Ceux qui voulaient il y a quarante ans « jouir sans entraves » n’ont pas tardé à comprendre que c’est le capitalisme libéral et la société de marché qui leur permettraient le mieux de réaliser cet idéal. Ils disaient : « Sous les pavés, la plage », ils ont eu Paris-plage. Cette extrême gauche rejoint ainsi une gauche sociale-démocrate ou « bobo », désormais aussi libérale sur le plan des moeurs que sur le plan économique, et pour laquelle les « problèmes de société », les questions « sociétales » et « citoyennes », importent visiblement plus que les principes et les exigences politiques.
Le grand mérite de Jean-Claude Michéa est d’avoir montré la congruence entre les différentes formes de libéralisme, et l’incohérence de l’attitude consistant à s’affirmer libéral sur le plan des moeurs tout en ne l’étant pas sur le plan économique. Les deux finissent toujours par se rejoindre. Le libéralisme économique et le libéralisme politico-culturel, écrit Michéa, constituent « les deux versions parallèles et (ce qui est le plus important) complémentaires d’une même logique intellectuelle et historique », ce qui explique pourquoi la plupart des tenants, pseudo-libertaires, du libéralisme des moeurs ont « fini par voir dans l’économie de marché le complément naturel de leurs axiomes idéologiques initiaux »12. Les héritiers de Mai 68 ont voulu faire croire que la « libération des moeurs » était le principal acquis du mouvement, et encore aujourd’hui ils se refusent à comprendre que cette « libération », loin de s’inscrire en faux contre le monde bourgeois, était en réalité parfaitement conforme à l’esprit même du libéralisme, et correspondait très exactement à ce que l’on a pu décrire comme « le simple stade suprême de l’impérialisme de l’avoir et du faux, l’étape supérieur de la colonisation du sexe par la libre circulation fétichiste de l’échange et du vide ». Ils ont cru saper l’ordre en place en multipliant des « transgressions » de toutes sortes, sans voir que ces transgressions qui les fascinent ne faisaient que laisser le champ libre à la logique de la consommation, que les défis à l’« ordre moral » ouvraient la voie à la pensée unique et qu’elles ne permettaient de s’émanciper de la tradition que pour mieux se soumettre aux diktats publicitaires et aux modes. Rien d’étonnant à ce qu’ils défendent aujourd’hui la cause de ces « jeunes de banlieues » dont le seul regret – et le vrai motif de colère, lorsqu’ils deviennent « casseurs » et brûleurs des voitures de leurs voisins – est de ne pas pouvoir profiter aussi vite et aussi massivement qu’ils le voudraient des objets de la production marchande.
A la recherche d’un substitut de prolétariat, l’extrême gauche s’est fixé pour but de trouver un sujet historique qui ne soit surtout pas le peuple. Difficile ici de ne pas évoquer le problème de l’immigration. Comme hier le chômage conjoncturel, l’immigration représente en effet d’abord une armée industrielle de réserve du capital, exerçant une pression à la baisse sur les salaires et accroissant d’autant le taux de profit, la prédication « antiraciste » interdisant, parallèlement, que l’on critique les substitutions de population auxquelles procède le capital pour éteindre les traditions révolutionnaires des peuples européens, en exilant le prolétariat indigène de sa propre histoire. Il ne fait aucun doute que l’« antiracisme » contemporain, formulé à partir des années 1980 par des organisations comme SOS-Racisme, a été formulé avant tout pour remplacer l’anticapitalisme et dissimuler l’abandon par la gauche de ses anciens idéaux. Le danger, désormais, c’était « Le Pen », et non plus le capital. Mieux encore, en « combattant Le Pen », on faisait le jeu d’un capitalisme trop content de trouver dans l’immigration un nouveau gisement de main-d’oeuvre à bon marché, malléable, corvéable à merci et ignorant tout des traditions révolutionnaires du prolétariat français. Tout cela n’avait évidemment rien à voir avec la nécessaire lutte contre le racisme. Ceux qui, aujourd’hui, se consacrent à la défense inconditionnelle des clandestins et du « sans-papiérisme » continuent en réalité à « offrir à la classe capitaliste l’armée de réserve soumise à bon marché dont celle-ci a besoin à mesure qu’elle entend se débarrasser des vieilles contestations ouvrières européennes »13. Les Besancenot et autres gauchistes, adeptes du néopopulisme incantatoire, qui ne parlent au nom du peuple que pour mieux le faire taire, ne constituent aujourd’hui rien d’autre que l’aile gauche de l’appareil politique du capital.(...)"
15:51 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : gauche, michea, alain de benoist, paris-plage
05/07/2012
on s'en fout, on n'y va pas
« La Cour de cassation a décidé jeudi qu’un étranger en situation irrégulière ne pouvait plus être considéré comme un délinquant et qu’il ne pouvait plus être placé en garde à vue sur ce seul motif.
Dans une série de onze arrêts rendus, la Cour de cassation s’en remet à la « jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne » et « s’oppose à une réglementation nationale réprimant le séjour irrégulier d’une peine d’emprisonnement (…) pour ce seul motif ».
« C’est une décision absolument fondamentale puisque pour la première fois depuis 70 ans, c’est le regard de l’ensemble de la société française qui a vocation à changer sur les sans-papiers puisque avec cette décision, il a été affirmé clairement que le sans-papiers ne peut plus être assimilé à un délinquant », s’est réjoui Me Patrice Spinosi, avocat de l’association Cimade. » source
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« Comme je l’écrivais dans Impasse Adam Smith, une vie moderne accomplie (c’est-à-dire conforme aux critères du capitalisme développé), doit, en toute logique, se réduire à une série de ruptures et de déménagements (dans la logique de Laurence Parisot, on dira que tout est précaire). C’est ce qui explique que le « migrant » soit progressivement devenu la figure rédemptrice centrale de toutes les constructions idéologiques de la nouvelle gauche libérale. Et ce, au lieu et place de l’archaïque prolétaire, toujours suspect de ne pas être assez indifférent à sa communauté d’origine, ou, à plus forte raison, du paysan que son lien constitutif à la terre destinait à devenir la figure la plus méprisée –et la plus moquée- de la culture capitaliste (les ploucs, les bouseux, les pequenods, les culs-terreux, les terroni, etc.). Sur le processus historique (dont Canal Plus est le symbole accompli) qui a ainsi conduit –en quelques décennies- à refouler le souvenir des luttes des ouvriers de Lip et des paysans du Larzac au profit de celles des clandestins de l’église Saint Bernard (et sur l’étrange pacte entre l’univers « associatif » et le monde du show-biz et des médias noué à cette occasion), on trouvera des aperçus particulièrement éclairants dans l’ouvrage de Thierry Blin, L’invention des sans-papiers (PUF, 2010). » Michéa, Le complexe d'Orphée, 2011.
« L’immigration a donc au départ été un phénomène patronal. Elle continue de l’être aujourd’hui. Ceux qui veulent toujours plus d’immigration, ce sont les grandes entreprises. Cette immigration est conforme à l’esprit même du capitalisme, qui tend à l’abolition des frontières (« laissez faire, laissez passer »). « Obéissant à la logique du dumping social, poursuit François-Laurent Balssa, un marché du travail “low cost” s’est ainsi créé avec des “sans-papiers” peu qualifiés faisant office de bouche-trou. Comme si les grands patrons et l’extrême gauche s’étaient donné la main, les uns pour démanteler l’Etat-social, à leurs yeux trop coûteux, les autres pour abattre l’Etat-nation, trop archaïque ». C’est la raison pour laquelle le parti communiste et la CGT – qui ont radicalement changé d’orientation depuis – ont combattu jusqu’en 1981 le principe libéral de l’ouverture des frontières, au nom de la défense des intérêts de la classe ouvrière. (...) » suite Alain de Benoist, 2011
« Prenez garde, ouvriers européens : les mêmes qui vous ont submergés de dizaines de millions de musulmans pour écraser vos revendications peuvent vous exciter demain à vous battre contre ces mêmes musulmans devenus combattants. On vous dira qu'on s'est trompé (qui est "on" ?), que ces hommes n'ont pas su profiter de l'évolution qu'on leur proposait. Ne tombez pas dans le piège. J'ai dénoncé plus clairement que quiconque les bases pathologiques des religions du désert, marxisme inclus. Je suis bien loin de me laisser gagner par les mirages infantiles de l'islam. Mais si la crapulocratie s'en prend à l'islam, ce n'est pas à cause de ses dogmes infantiles, ni à cause des tchadors d'écolières manipulées. C'est parce que l'islam reste la seule force anticapitaliste, la seule capable de faire échouer le chancre mondial de la société de consommation. La guerre civile mondiale, à la fois raciale, culturelle et sociale ne sera pas évitée. Mais les hommes libres n'y ont aucune place. Ne vous laissez pas entraîner dans le tourbillon de folie et ne vous battez qu'en cas d'absolue nécessité, si vous êtes personnellement attaqués. » Robert Dun, « Camarade, ne te trompe pas d'ennemi ! », L'Homme libre, fils de la terre, juin 1995.
« « Il y a deux types de communautés, déclarait Bernard-Henri Lévy au Quotidien de Paris (16 janvier 1981). Les communautés de fait, d'abord. C'est-à-dire de « race », de »terre », de « terroir », de « région », de nation, que sais-je encore, toutes ces communautés incarnées (...) dont l'horizon me parait toujours être l'enfermement, la violence et finalement la barbarie. Et puis il y a les autres. Les communautés de verbe, de loi, de papier, d'idée, d'idéal. Des communautés sans ancrage, des rassemblements sans frontières, des identités cosmopolites et toujours transgressives ». Pour nous qui, contrairement à l'Ezéchiel de drugstore, n'avons pas choisi les « communautés de papier », la France constitue l'une de ces communautés « incarnées » dans lesquelles s'enracine notre vue-du-monde et sans lesquelles les idées que nous nous efforçons de promouvoir ne serait plus que des mots vides de sens. » Alain de Benoist, Eléments printemps 1981.
20:48 | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : michea, alain de bensoist
11/06/2012
fracasser le patriarcat
« Contrairement aux idées développées par une Wendy Brown (qui croit encore, en bonne disciple américaine de Foucault, que les valeurs « néoconservatrices » sont le complément spirituel logique d’une société capitaliste moderne), il apparaît en effet évident que l’accumulation du Capital (ou « croissance ») ne pourrait se poursuivre très longtemps si elle devait s’accommoder en permanence de l’austérité religieuse, du culte des valeurs familiales, de l’indifférence à la mode ou de l’idéal patriotique. Il suffit d’ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure pour constater, au contraire, que la « croissance » ne peut trouver ses bases psycho-idéologiques réelles que dans une culture de la consommation généralisée, c’est-à-dire dans cet imaginaire « permissif », « fashion » et « rebelle » dont l’apologie permanente est devenue la principale raison d’être de la nouvelle gauche (et qui constitue parallèlement le principe même de l’industrie du divertissement, , de la publicité et du mensonge médiatique). Comme le souligne ainsi Thomas Franck (Pourquoi les pauvres votent à droite, Agone 2008), " c’est le monde des affaires qui, depuis les plateaux de télévision, et toujours sur le ton hystérique de l’insurrection culturelle, s’adresse à nous, choquant les gens simples, humiliant les croyants, corrompant les traditions et fracassant le patriarcat. C’est à cause de la nouvelle économie et de son culte pour la nouveauté et la créativité que nos banquiers se gargarisent d’être des « révolutionnaires » et que nos courtiers en bourse prétendent que la détention d’actions est une arme anti-conformiste qui nous fait entrer dans le millénaire rock’n’ roll." C’est donc parce qu’ « une économie de droite » ne peut fonctionner durablement qu’avec une « culture de gauche », que les dictatures libérales ne sauraient jamais avoir qu’une fonction historique limitée et provisoire : celle, en somme, de remettre l’économie sur ses rails, en noyant éventuellement dans le sang (sur le modèle Indonésien ou Chilien) les différents obstacles politiques et syndicaux à l’accumulation du Capital. A terme, c’est cependant le régime représentatif (dont l’ingénieux système électoral fondé sur le principe de l’alternance unique, constitue l’un des verrous les plus efficaces contre la participation autonome des classes populaires au jeu politique) qui apparaît comme le cadre juridique et politique le plus approprié au développement intégral d’une société spectaculaire et marchande ; autrement dit d’une société en mouvement perpétuel dans laquelle, comme l’écrivait Marx, « tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée et tout ce qui était sacré est profané . »
Jean-claude Michéa, La double pensée.
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Illustration quotidienne et réjouissante de cette analyse dans la lecture du journal Libération, forme la plus accomplie de cette synthèse réussie entre économie de marché et libéralisme culturel. Torchon dont le principal actionnaire, le baron Edouard de Rothschild, ex-maoïste (dont la fortune personnelle est estimée à plus de 300 millions d'euros) a récemment fait son alyah, acquérant ainsi la double nationalité franco-israëlienne.
De quoi relativiser beaucoup de choses, me semble-t-il.
(photo: André Marie Paul Mouchard dit "Laurent Joffrin" relisant son édito, 2012)^^ un rien m'amuse
21:09 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : libération, michéa, rothschild, capitalisme
23/04/2012
Dogon du Mali
21:22 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : michéa
28/03/2012
lumpen progressiste
"Ecoutez, dans une affaire comme celle-là, la détresse du père, on peut peut-être la comprendre aussi." Pour lui, "il faut comprendre comment un jeune homme comme ça, de la banlieue toulousaine, peut s'engager dans une telle dérive criminelle, après avoir croisé dans son parcours, plusieurs fois, la police et la justice". Pierre Laurent, secrétaire général du PCF
As usual, pas un mot pour les familles des victimes du franco-algérien (et informateur de la DCRI?) Merah et compassion à peine voilée pour le père* d'un tueur de petite fille (photo la petite myriam, coursée dans la cour de son école et abattue à bout portant)...réaction trés symptomatique de l'imaginaire progressiste de nos modernes à plusieurs titres:
-Laurent, comme d'autres enflures Strausskahninnes de Terra Nova, a compris que le socle électoral du PCF, du PS, et globalement des partis progressistes "de gauche" n'a plus grand-chose à voir avec celui de l'aprés-guerre et des 30 glorieuses: les milieux ouvriers et populaires et les classes moyennes d'origine européenne ne votent plus que marginalement à gauche et ont reporté leur vote sur l'UMP, l'abstention et surtout le FN. PS et PC ont parfaitement analysé cette évolution et ont compris que la seule façon de reconstituer un réservoir électoral stable était d'essayer de capter le vote "jeune", le vote "féminin" et le vote "immigré". Hors de question, donc, de perdre une occasion de récupérer l'électorat muzz (ce nouveau prolétariat) au moment ou la trés grande majorité de la clique politique montre sa réprobation de l'intégrisme musulman, à bon droit.
-le pauvre Laurent est comme ses épigones progressistes, consciemment ou non, littéralement fasciné par la racaille, ses figures de légendes (de Tony Montana à Merah en passant par "Un prophète"), ses codes de petites frapes analphabètes, ses pseudo-valeurs de mafieux ("respect msieu!"), son imaginaire dérisoire ("faire de la thune"), son vocabulaire appauvri de sous ghetto noir, son aptitude innée à transgresser les règles et les lois et à se comporter comme le dernier des chacals, autant de choses qui font écho (en bien) chez tout progressiste conséquent à cette injonction permanente faite à chacun de dépasser ses limites (et celle de la société) et de transgresser tout ce qui peut, à un moment donné, avoir une valeur normative quelconque ("faire tomber les derniers tabous", "dépoussierer les vieux montages normatifs", etc.). Marx avait eu quelques phrases définitives sur ce lumpenprolétariat** composé des êtres les plus vils car capables de s'attaquer aux classes populaires et d'être instrumentalisés par l'oligarchie bourgeoise,
-sur le fond, cela illustre parfaitement la trés grande confusion de nos modernes progressistes (de droite comme de gauche, tous ralliés à l'imaginaire du capitalisme globalisé et tétanisés par tout regard en arrière), bien incapables (si tant est qu'ils le veuillent) de s'appuyer sur quelques valeurs normatives que ce soit pour condamner ces actes criminels. Sur quoi, en effet (sur quelles valeurs morales, philosophiques ou religieuses par essence étrangères à l'univers juridico-marchand de nos modernes) pourraient-ils s'appuyer pour condamner de tels actes? Sade, figure emblématique de cette "gauche" acquise à cet imaginaire de nomade transgenre subventionné par Bouygues et Motorola, gauche qui, de fait, a renonçé, consciemment ou pas, à toute critique sociale et à toute défense des gens ordinaires et d'un certain conservatisme ("empêcher que le monde ne se défasse" ,Camus, Discours de Suède), symbolise comme l'explique trés bien Michéa dans sa préface à l'ouvrage de Lasch (La culture du narcissisme), cette hubris moderne de destruction de tout ce qui pourrait d'une manière ou d'une autre, limiter cette injonction à l'émancipation de toute contrainte et à la satisfaction de tous les désirs:
"Naturellement, à partir du moment où l’on reconnaît que le système capitaliste porte en lui — comme la nuée l’orage — le bouleversement perpétuel des conditions existantes, un certain nombre de conséquences indésirables ou iconoclastes ne peuvent manquer de se présenter. Sous ce rapport, l’un des passages les plus dérangeants de La Culture du narcissisme demeure, de toute évidence, celui où Lasch développe l’idée que le génie spécifique de Sade — l’une des vaches sacrées de l’intelligentsia de gauche — serait d’être parvenu, « d’une manière étrange », à anticiper dès la fin du XVIIIe siècle toutes les implications morales et culturelles de l’hypothèse capitaliste, telle qu’elle avait été formulée pour la première fois par Adam Smith, il est vrai dans un tout autre esprit. « Sade — écrit ainsi Lasch — imaginait une utopie sexuelle où chacun avait le droit de posséder n’importe qui ; des êtres humains, réduits à leurs organes sexuels, deviennent alors rigoureusement anonymes et interchangeables. Sa société idéale réaffirmait ainsi le principe capitaliste selon lequel hommes et femmes ne sont, en dernière analyse, que des objets d’échange. Elle incorporait également et poussait jusqu’à une surprenante et nouvelle conclusion la découverte de Hobbes, qui affirmait que la destruction du paternalisme et la subordination de toutes les relations sociales aux lois du marché avaient balayé les dernières restrictions à la guerre de tous contre tous, ainsi que les illusions apaisantes qui masquaient celle-ci. Dans l’état d’anarchie qui en résultait, le plaisir devenait la seule activité vitale, comme Sade fut le premier à le comprendre — un plaisir qui se confond avec le viol, le meurtre et l’agression sans freins. Dans une société qui réduirait la raison à un simple calcul, celle-ci ne saurait imposer aucune limite à la poursuite du plaisir, ni à la satisfaction immédiate de n’importe quel désir, aussi pervers, fou, criminel ou simplement immoral qu’il fût. En effet, comment condamner le crime ou la cruauté, sinon à partir de normes ou de critères qui trouvent leurs origines dans la religion, la compassion ou dans une conception de la raison qui rejette des pratiques purement instrumentales ? Or, aucune de ces formes de pensée ou de sentiment n’a de place logique dans une société fondée sur la production de marchandises. »
source (Michéa, préface à La culture du narcissisme de C Lasch)
* repris de justice notoire lui aussi (condamné en 2000 et 2001 à 5 ans de prison ferme en France pour trafic de stupéfiants et subornation de témoins).
**"Le lumpenprolétariat, dans toutes les grandes villes, constitue une masse nettement disctincte du prolétariat industriel; pépinière de voleurs et de criminels de toute espèce, vivant des déchets de la société, individus sans métiers avoués, , rodeurs, gens sans aveu et sans feu différents selon le degré de culture de la nation à laquelle ils appartiennent, ne démentant jamais le caractère de Lazaroni, (...) cabales des actes de banditisme les plus crapuleux et de la vénalité la plus infâme" (Les luttes des classes en France, 1850).
14:29 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : lumpenprolétariat, marx, laurent, michéa, racailles, bourgeoisie
23/03/2012
le jour se lève
"On songe à la célèbre "définition" de Dominque Strauss-Kahn: "Le socialisme, c'est l'espoir, l'avenir et l'innovation" (déclaration du 20/02/2011). Le lecteur aura, bien sûr, rectifié de lui-même. Ce que DSK défninit ainsi, ce n'est nullement le socialisme (notion dont il ne doit même plus avoir le moindre souvenir). C'est seulement l'imaginaire de la gauche moderne (ou -ce qui revient à peu près au même- celui du Fonds Monétaire International) JC Miché, Le complexe d'Orphée, 2011.
22:55 | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : michéa, gabin
19/11/2011
principe de Noah
« La décomposition des solidarités locales traditionnelles ne menace pas seulement les bases anthropologiques de la résistance morale et culturelle au capitalisme. En sapant également les fondements relationnels de la confiance (tels qu’ils prennent habituellement leur source dans la triple obligation de donner, recevoir et rendre) la logique libérale contribue tout autant à détruire ses propres murs porteurs, c’est-à-dire l’échange marchand et le contrat juridique. Dés que l’on se place sur le plan du simple calcul (et l’égoïste –ou l’économiste- n’en connaît pas d’autre) rien ne m’oblige plus, en effet, à tenir ma parole ou à respecter mes engagements (par exemple sur la qualité de la marchandise promise ou sur le fait que je ne me doperai pas), si j’ai acquis la certitude que nul ne s’en apercevra. A partir d’un certain seuil de désarticulation historique de l’ « esprit du don » (matrice anthropologique de toute confiance réelle) c’est donc la défiance et le soupçon qui doivent logiquement prendre le relais.
Dans ce nouveau cadre psychologique et culturel, le cynisme tend alors à devenir la stratégie humaine la plus rationnelle ; et « pas vu, pas pris », la maxime la plus sûre du libéralisme triomphant (comme le sport en administre la preuve quotidienne à mesure qu’il se professionnalise et qu’il est médiatisé). Comme souvent, c’est le sympathique Yannick Noah qui a su formuler, avec sa rigueur philosophique habituelle, les nouveaux aspects de cette question morale. Son fils, Joakim, ayant récemment commis, selon les mots de Yannick lui-même, « une petite boulette » (alcool et drogue au volant d’un véhicule sans permis avec, en prime, excès de vitesse), notre héros national a aussitôt tenu à lui rappeler publiquement que l’essentiel, en l’occurrence, aurait été « de ne pas se faire pécho » ; ajoutant au passage, que « ça fait vingt ans que je fais le con et je suis encore populaire parce que les gens pensent que je suis un mec bien. Alors Joakim peut faire la même chose. » En hommage à cette belle leçon de pédagogie paternelle, je propose donc d’appeler principe de Noah la loi qui tend à gouverner une partie croissante des échanges économiques contemporains (on sait par exemple que la contrefaçon est effectivement devenue l’une des industries les plus florissantes du capitalisme moderne).
JC Michéa, La double pensée, 2008.
photo: abrutis congénitaux
22:33 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : michéa, noah, abruti congénital
21/10/2011
Welcome™
« Comme je l’écrivais dans Impasse Adam Smith, une vie moderne accomplie (c’est-à-dire conforme aux critères du capitalisme développé), doit, en toute logique, se réduire à une série de ruptures et de déménagements (dans la logique de Laurence Parisot, on dira que tout est précaire). C’est ce qui explique que le « migrant » soit progressivement devenu la figure rédemptrice centrale de toutes les constructions idéologiques de la nouvelle gauche libérale. Et ce, au lieu et place de l’archaïque prolétaire, toujours suspect de ne pas être assez indifférent à sa communauté d’origine, ou, à plus forte raison, du paysan que son lien constitutif à la terre destinait à devenir la figure la plus méprisée –et la plus moquée- de la culture capitaliste (les ploucs, les bouseux, les pequenods, les culs-terreux, les terroni, etc.). Sur le processus historique (dont Canal Plus est le symbole accompli) qui a ainsi conduit –en quelques décennies- à refouler le souvenir des luttes des ouvriers de Lip et des paysans du Larzac au profit de celles des clandestins de l’église Saint Bernard (et sur l’étrange pacte entre l’univers « associatif » et le monde du show-biz et des médias noué à cette occasion), on trouvera des aperçus particulièrement éclairants dans l’ouvrage de Thierry Blin, L’invention des sans-papiers (PUF, 2010). »
JC Michéa, Le complexe d’Orphée 2011.
23:09 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : michéa
15/10/2011
ni Juif ni Grec, ni esclave ni maître, ni mâle ni femelle
Paul Jorion disait il y a peu que « nous sommes dans l’œil du cyclone » car le calme apparent n’est que le prélude au chaos qui vient. (drôle d’écrire ce genre de chose..).
On chercherait en vain dans l’actualité, ou chez les penseurs, les hommes politiques de notre temps des signes ou des mots pour dire le moment inédit, et sans doute tragique, que nous vivons. Rien, moins que rien : des « primaires » « socialistes » absurdes et dérisoires organisant le spectacle de quelques progressistes partageant l’essentiel (leur appartenance au club très fermé des ploutocrates du Siècle, entre autres) avec l’archétype de vacuité vulgaire qui nous sert de président, des faits divers atroces, des taxes sur les sodas comiques, la mise en scène perpétuelle de personnages insignifiants, la dysneylandisation de tout et de tous, comme dit Millet. Ce dernier parle dans son dernier opus de « fatigue du sens » pour désigner l’effondrement de notre civilisation européenne, celui de toute verticalité structurante, de toute « architecture de sens » (Chantal Delsol) au profit (le mot qui convient) d’une horizontalité marchande, métisseuse et non contradictoire.
Hier soir je relisais quelques lignes de Jardins et routes, le journal de campagne de Junger, qui, à presque 40 ans, remet l’uniforme, remonte sur un cheval, traverse à nouveau cette frontière et ces villages qui portent encore les marques de la première guerre mondiale. Le regard de cet homme d’exception est un baume en ces temps incertains car il s’intéresse à l’essence du monde, non pas à ses apparences. Contrairement au libéral, l’anarque Jünger, comme le philosophe, l’artiste ou le croyant, voit autre chose. Peut-être faut-il voir dans cette posture rare l’explication de cette résilience incroyable devant l’effondrement de son pays à deux reprises et cet ethos contemplatif et serein. Cabale ainsi de suivre le vol de deux libellules au bord d’une route jonchée de cadavres de chars, d’hommes et de chevaux, capable de jouir de son bref séjour au magnifique château de Montmirail, résidence de La Rochefoucauld, entre deux marches forcées pour atteindre le front à Saint-Quentin.
Et l’on pourra se faire une idée à peu prés juste de l’avenir promis aux classes moyennes occidentales en observant la transformation accélérée de pays comme les Etats-Unis, la Grèce ou la Grande-Bretagne : paupérisation, déclassement, misère…Ou la guerre (comme l'évoquait récemment l'économiste Philippe Dessertine dans le Point)...
« Si l’universalisme de la gauche est d’abord l’héritier de celui de la philosophie des Lumières, on ne saurait pour autant oublier ses racines chrétiennes et, notamment, son origine Paulinienne (c’est un point sur lequel Alain Badiou a eu le grand mérite d’exister). ¨Pour Saint Paul, en effet, il n’existera plus, dans le Royaume de Dieu, « ni Juif ni Grec, ni esclave ni maître, ni mâle ni femelle » (Epitre aux Galates, 3-28) parce que alors tous ne feront plus qu’ « un dans le Christ ». Dans cette conception désincarnée (ou transgenre) de l’universel (que l’on retrouverait, de nos jours, aussi bien au principe de la lutte citoyenne « contre toutes les formes de discrimination » qu’à celui de ces royaumes de Dieu modernes que sont la « communauté européenne » ou le Marché mondial), toute détermination particulière –c’est-à-dire tout agencement symbolique concret supposé enfermer un sujet (qu’il soit individuel ou collectif) dans les limites d’un héritage historique ou naturel donné- doit être pensé comme un obstacle majeur à l’avènement d’un ordre juste et, par conséquent, comme une configuration politiquement incorrecte qu’il est indispensable d’éradiquer au plus vite. Tel est bien, en fin de compte, le sens ultime de la croisade perpétuelle de la gauche et de l’extrême –gauche contemporaines contre tout ce qui pourrait impliquer une forme quelconque de filiation ou d’identité individuelle et collective –y compris sur le plan anatomique et sexuel (Judith Butler –figure emblématique de la gauche américaine moderne- tenant ainsi la drag queen pour le seul sujet politique révolutionnaire capable de remplacer efficacement l’ « ancien » prolétaire de la doctrine marxiste. Si donc la loi du progrès est celle qui doit inexorablement conduire des étouffantes « sociétés closes » à la merveilleuse « société ouverte » -qui oblige, en d’autres termes, l’ensemble des civilisations existantes (du monde islamique aux tribus indiennes d’Amazonie) à renoncer peu à peu à toutes ces limitations « arbitraires » qui fondaient leur identité contingente pour se dissoudre triomphalement dans l’unité post-historique –au sens ou l’entendait Fukuyama- d’une société mondiale uniformisée (unité dont le moteur ne saurait évidement être que le développement coordonné du libre-échange, des « droits de l’homme » et de la culture mainstream)- on comprend alors ce qui fait la cohérence philosophique de la gauche moderne. Pour cette dernière, en effet, c’est forcément une seule et même chose que de refuser le sombre héritage du passé (qui ne saurait appeler, par principe, que des attitudes de « repentance »), de combattre tous les symptômes de la fièvre « identitaire » (c’est-à-dire, en d’autres termes, tous les signes d’une vie collective enracinée dans une culture particulière) et de célébrer à l’infini la transgression de toutes le limites morales et culturelles léguées par les générations antérieures (le règne accompli de l’universel libéral-paulinien devant coïncider, par définition, avec celui de l’indifférenciation et de l’illimitation absolues). Aux yeux de l’intellectuel de gauche contemporain, il va nécessairement de soi que le respect du passé, la défense de particularismes culturels et le sens des limites ne sont que les trois têtes, également monstrueuses, de la même hydre réactionnaire. »
JC Michéa, Le complexe d’Orphée, 2011.
La démystification du barnum progressiste contemporain reste pour moi un pur bonheur. Sans doute peut-on voir dans ce concept d’ « unité post-historique », une passerelle avec la post-histoire (ou sortie de l’histoire) de Philippe Murray qui décrivait l’avènement du triste Festivus-Festivus en Occident comme l’érection d’un univers du Bien sans ailleurs, sans extérieur, débarrassé une fois pour toutes de toute contradiction, de tout antagonisme, de tout particularisme et de tout mystère.
Une autre clef de lecture de l’absurdité de cette post-histoire globalisante et métissophile, comme horizon indépassable de la modernité (et des épigones Joffrinesques, Sarkophiles ou Attalinesques), se trouve chez Cristopher Lasch qui, dans son Moi assiégé, rappelle que « la définition de l’humanité est tension, division, conflit »…
Bonne nouvelle, la « post-histoire » n’a pas d’avenir!
(photo: dorothea Lange, 1936)
PS: and get your money out of your bank...
22:16 | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : michéa, lasch, junger
06/10/2011
le mahatma gandhi est mort!
21:19 | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : michéa
30/08/2011
thin ice
« Elue par la mondialisation, une Nouvelle Classe politique médiatique s'est mise en place, qui associe dans un même élitisme de la richesse et du paraître, dirigeants politiques, hommes d'affaires et représentants des médias, tous intimement liés les uns aux autres (hors caméra, ils se tutoient et s'appellent par leurs prénoms) tous convaincus de la « dangerosité » des aspirations populaires. Alexandre Zinoviev, pour désigner cette Nouvelle Classe parlait de « supra-société ». Confrontée à un peuple qu'elle redoute et qu'elle méprise à la fois, elle constitue une autorité oligarchique qui s'emploie avant tout à préserver ses privilèges et à réserver l'accès du pouvoir à ceux qui émanent de ses rangs. Ce mépris du peuple s'alimente bien entendu de la critique d'un « populisme » assimilé désormais à n'importe quelle forme de démagogie ou d' « irrationalisme » de masse. Qui parle aujourd'hui du peuple s'expose par là même au reproche de « populisme ». Devenu une injure politique, le populisme est présenté comme une sorte de perpétuelle « maladie infantile » de la démocratie, dans une perspective à la fois péjorative et disqualifiante. Le recours au « populisme » fournit ainsi à la mise à l'écart du peuple une justification théorique, sinon savante. » (Alain de Benoist, Krisis 2008)
« Il faut toujours rappeler qu'il y a peu de temps encore, le terme de « populisme » était employé de façon tout à fait positive pour désigner certains mouvements révolutionnaires issus des traditions russes et américaines de la deuxième moitié du XIXème siècle. Ce n'est que depuis quelques années que Le Monde et les autres médias officiels se sont employés, avec beaucoup de cynisme, à conférer à ce terme (en lui-même irréprochable pour un démocrate) le sens infâmant qui est maintenant le sien) ; cela à seule fin, bien sûr, de pouvoir diaboliser comme « fasciste » ou « réactionnaire » toute inquiétude ou perplexité du peuple à l'endroit des décisions qui modifient sa vie, et que prend l'oligarchie régnante dans le silence de ses bureaux, après consultation de ses prétendus « experts ». (Jean Claude Michéa, Les intellectuels, le peuple et le ballon rond, Climats 1998)
ohh i need a dirthy w
23:11 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : alain de benoist, michéa, pink floyd
16/06/2011
retour des clivages
(par François MARTIN du Midi Libre)
Il était temps! Gauche et droite face à face. Un camp contre l’autre. Projet contre projet. Le mariage des homosexuels. La politique fiscale. La stratégie énergétique. La lutte contre l’insécurité... La campagne présidentielle a enfin démarré. Elle apporte un vent frais dans le tumulte des petites phrases anodines, des guerres picrocholines... Bien sûr, surgit également la pratique des boules puantes. Celle des chausse-trappes. Des vrais faux scandales. Le cas Luc Ferry, l’exemple de Jack Lang, le dérapage contrôlé de Chirac... Néanmoins, les débats et l’affrontement des idées sont revenus. Regardez la loi sur le mariage homosexuel. La droite revendique ses valeurs. Défend des positions conservatrices. Comme à l’époque du Pacs... La gauche prend le contre-pied en s’engageant pour demain. Tandis que l’extrême droite plonge dans l’outrance. Ouvrez le dossier fiscal ou celui du nucléaire. Là aussi, les avis divergent, évoluent ou se tranchent à la hache. Il était de bon ton de renvoyer dos à dos droite et gauche. De les mettre dans le même panier de crabes. Les populistes de tout poil et les déclinologues patentés en seront pour leur frais. Le retour des clivages est une excellente nouvelle. Avant tout pour la démocratie. »
Ha, ha ! j’adore ce genre d’édito grotesque. Pauvre françois Martin, je te prédis une brillante carrière journalistique et une belle pelure de lemming ! Mais afin de mieux saisir l’ampleur de ton dérisoire « retour des clivages » tu pourrais jeter un œil à la liste des habitués du Siécle ou bien à la façon dont votent nos députés de « gauche » et de « droite » au parlement européen…ça donne une bonne idée de cette « démocratie » en forme de cage d’acier que tu portes au pinacle, petit pitre.
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« Mariage homosexuel : "pourquoi pas la polygamie !", demande Marine Le Pen
Parmi "les règles de notre société", "le mariage s’effectue entre un homme et une femme", a déclaré Mme Le Pen sur France Inter. (...) "Je ne pense pas qu’il soit positif de changer cette règle, parce que si on part de ce principe, on peut aller à la limite très loin dans la modification de notre civilisation", a-t-elle jugé. (...) "Pourquoi pas l’autorisation de la polygamie !", a-t-elle poursuivi. "Il existe des familles polygames, pourquoi est-ce que demain un certain nombre de groupes politico-religieux ne demanderaient pas que la polygamie, sous prétexte d’égalité des droits, soit inscrite dans le code civil français ?", a-t-elle ajouté. "Et bien, c’est une autre civilisation", a-t-elle estimé.
(...) "On peut décider pourquoi n’a-t-on le droit de se marier qu’avec un homme, et pas avec plusieurs ? Et vous aurez des gens qui le demanderont", a-t-elle assuré. Mme Le Pen a également réaffirmé qu’elle était "contre le droit d’adoption" pour les homosexuels. »
MLP, qu’il est de bon ton de faire passer pour une débile profonde ou une FAF pointe là un point clef de nos sociétés modernes nommées « démocraties libérales » (point évidement soigneusement écarté par nos modernes au profit de l'incontournable LUTTE CONTRE TOUTES LES DISCRIMINATIONS): à savoir que dés lors que nos sociétés ne sont plus régies par aucune morale religieuse, philosophique ou politique commune hormis la toute-puissance du marché (ce « doux commerce ») et le droit procédural (sorte de code de la route censé, non pas dire le Bien mais le Juste, c'est-à-dire éviter aux individus de trop se cogner entre eux), ABSOLUMENT RIEN n’est plus là pour borner l’extension infinie de nouveaux droits (des « combats » ou une « résistance à l’ordre moral » dirait un journaliste de Midi Libre ou de Télérama), par nature transgressifs et opposables, matière à une judiciarisation sans fin de nos sociétés (la « guerre de tous contre tous » disait Hobbes, l’«envie du pénal » pour Murray). L’ajustement se faisant au gré des campagnes d’opinions, des sondages ou de la puissance relative de lobbys souvent aussi minoritaires qu’agressifs et, donc, médiatisés… (ACT UP, INDIVISIBLES, INDIGENES, etc.).
Médiatisation encore bien obscure pour certains :
« Dans une interview au quotidien d’Edouard de Rothschild (Libération, 10 février 2007), l’inimitable Eric Fassin s’extasie devant l’enthousiasme dont les maigres troupes du « réseau éducation sans frontières » sont devenues l’objet, et en un temps record, de la part des médias officiels (et donc également des stars du show biz) : « Dans un contexte de dérive droitière –écrit-il- qui aurait imaginé le succès de RESF ? » Soit. Admettons que notre brillant universitaire n’ait pas beaucoup d’imagination (il lui en avait fallu, pourtant pour avancer son célébrissime « On ne naît pas noir, on le devient ! »). Mais dans ce cas précis, c’est tout de même inquiétant : il suffisait, en effet, à Eric Fassin de savoir lier logiquement ses deux affirmations : c’est précisément parce que le libéralisme économique est devenu tout puissant que le réseau est aussi médiatisé. » (Jean Claude Michéa, La double pensée, 2008)
Id est, lorsque les néo-français d’origine africaine et/ou de culture/religion musulmane seront non pas 5 ou 7 millions mais 10, 15 ou 25, rien n’interdira au législateur de se pencher sur la question de la polygamie, de l’institution de tribunaux communautaires islamiques, de la légalisation de pratiques rituelles ancestrales comme l’infibulation ou la lapidation de femmes adultères, voire un moratoire sur les crimes d’honneurs (ou une mission de réflexion).
J’évoque la question de l’islam parce qu’elle nous touche directement mais je ne vois pas en quoi le débarquement de plusieurs millions d’Ossètes ou de Thaïs ne produirait pas le même effet destabilisant: la question centrale reste, non pas la nature intrinsèque de l’islam et sa « compatibilité » avec nos sociétés laïques mais le NOMBRE d’allogènes et la rapidité du phénomène migratoire (un millions de musulmans ne posent pas problème, cinq ou quinze oui).
Sur le fond la question incontournable reste de savoir ce qui rend possible la vie en communauté et limite le risque de guerre civile idéologique: à mon humble avis, des "valeurs civilisationnelles communes" (Aristote), ce que ne sont ni le marché ni le droit, à l'évidence.
23:13 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : aristote, michéa, le pen, midi libre, fassin
06/05/2011
nihilisme progressiste
"On sait qu’en Allemagne, où grâce à la gauche la prostitution est déjà devenue « un métier comme un autre », certaines ouvrières licenciées par le Capital se sont vu logiquement proposer par l’ANPE locale, au titre de leur reconversion, l’emploi d’hôtesses de charme dans les nouveaux Eros Centers. Cette manière –appelée à se développer- de résoudre la question du chômage des jeunes ne constitue –toutefois- qu’un des aspects du problème. Si, comme le veuillent les borrillistes et les iacubiens, la prostitution est bien un métier comme les autres, et si l’une des fonctions de l’Ecole est toujours de préparer la jeunesse à ses futurs métiers, il est, en effet, logiquement inévitable que l’Education Nationale prenne en charge, dès le collège, la formation des élèves désireux de s’orienter vers ce métier d’avenir (création des diplômes, filières et options appropriées, ; définition des programmes ainsi que de la nature, théorique et pratique, des épreuves d’examen destinés à valider les compétences acquises ; constitution, enfin, des corps d’enseignants et d’inspection, indispensables pour donner vie à ce projet éminemment moderne). On attend avec impatience la préface de Jack Lang et les éditoriaux enthousiastes de Libération."
JC Michéa, L’empire du moindre mal, 2007.
10:36 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : michéa, black angels
26/04/2011
la routine
« Ce n'est que de nos jours, qu'il est possible de commencer à mesurer exactement les effets politiquement catastrophiques de la croyance au caractère conservateur de l'ordre économique et libéral. C'est ce postulat insensé qui, depuis trente ans n'a cessé de conduire mécaniquement la plupart des militants de gauche à tenir l'adoption a priori de n'importe quelle posture modernisatrice ou provocatrice -que ce soit sur un plan technologique, moral ou autre- pour un geste qui serait toujours et par définition , « révolutionnaire », et « anti-capitaliste » ; terrible confusion qui, il est vrai, a toujours eu l'incomparable avantage psychologique d'autoriser ceux qui s'y soumettaient, à vivre leur propre obéissance à l'ordre industriel et marchand comme une modalité exemplaire de la « rebel attitude ».
(JC Michéa, Préface à La culture du narcissisme de Christopher Lasch)
21:46 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : michéa
03/01/2011
liquidation
« Contrairement aux idées développées par une Wendy Brown (qui croit encore, en bonne disciple américaine de Foucault, que les valeurs « néoconservatrices » sont le complément spirituel logique d’une société capitaliste moderne), il apparaît en effet évident que l’accumulation du Capital (ou « croissance ») ne pourrait se poursuivre très longtemps si elle devait s’accommoder en permanence de l’austérité religieuse, du culte des valeurs familiales, de l’indifférence à la mode ou de l’idéal patriotique. Il suffit d’ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure pour constater, au contraire, que la « croissance » ne peut trouver ses bases psycho-idéologiques réelles que dans une culture de la consommation généralisée, c’est-à-dire dans cet imaginaire « permissif », « fashion » et « rebelle » dont l’apologie permanente est devenue la principale raison d’être de la nouvelle gauche (et qui constitue parallèlement le principe même de l’industrie du divertissement, , de la publicité et du mensonge médiatique). Comme le souligne ainsi Thomas Franck (Pourquoi les pauvres votent à droite, Agone 2008), " c’est le monde des affaires qui, depuis les plateaux de télévision, et toujours sur le ton hystérique de l’insurrection culturelle, s’adresse à nous, choquant les gens simples, humiliant les croyants, corrompant les traditions et fracassant le patriarcat. C’est à cause de la nouvelle économie et de son culte pour la nouveauté et la créativité que nos banquiers se gargarisent d’être des « révolutionnaires » et que nos courtiers en bourse prétendent que la détention d’actions est une arme anti-conformiste qui nous fait entrer dans le millénaire rock’n’ roll." C’est donc parce qu’ « une économie de droite » ne peut fonctionner durablement qu’avec une « culture de gauche », que les dictatures libérales ne sauraient jamais avoir qu’une fonction historique limitée et provisoire : celle, en somme, de remettre l’économie sur ses rails, en noyant éventuellement dans le sang les différents obstacles politiques et syndicaux à l’accumulation du Capital. A terme, c’est cependant le régime représentatif (dont l’ingénieux système électoral fondé sur le principe de l’alternance unique, constitue l’un des verrous les plus efficaces contre la participation autonome des classes populaires au jeu politique) qui apparaît comme le cadre juridique et politique le plus approprié au développement intégral d’une société spectaculaire et marchande ; autrement dit d’une société en mouvement perpétuel dans laquelle, comme l’écrivait Marx, « tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée et tout ce qui était sacré est profané . »
Jean-claude Michéa, La double pensée.
(photo: les fameuses HLPSDNH)
22:44 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : michéa, ordre moral
28/12/2010
anatomie du chaos
Ceux qui fréquentent Hoplite depuis un moment connaissent mes idées sur la sécession ethnique/culturelle/religieuse/sociale qu’organisent méthodiquement nos modernes libéraux-libertaires par le biais d’un remplacement démographique de grande ampleur depuis plus de quarante ans, par la destruction des cadres sociaux, environnementaux, culturels, politiques, religieux ou philosophiques des peuples européens, par l’anomie galopante et la guerre de tous contre tous : les prémisses d'une guerre civile sous-tendue par les bouleversements induits par le capitalisme globalisé (ou néo-libéralisme).
Christopher Lasch ou JC Michéa qui, au-delà de la critique de la religion du Progrès™, décrivent une autre sécession à l’oeuvre, moins visible mais non moins dangereuse, qui est celle de nos « élites ». Par « élites », j’entends cette hyperclasse hédoniste et nomade, ces insiders, hommes politiques rafarinesques, sportifs thuramo-compatibles, journalistes jofrinesques, écrivains attalinoïdes, sociologues woltoneux, dont le point commun est de vivre bien en étant à l’abri des conséquences désastreuses des politiques qu’ils promeuvent et qui font le malheur de beaucoup d'autres (le peuple, volontiers "populiste"), ces outsiders silencieux, en panne d’éducation, d’instruction, de repères, d’argent, de savoir et de sens…et de traditions (horresco referens).
« Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c'était la révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie. Dans une mesure inquiétante, les classes privilégiées -les 20% les plus riches de la population, pour prendre une définition large- ont su se rendre indépendantes non seulement des grandes villes industrielles en pleine déconfiture mais des services publics en général. Elles envoient leurs enfants dans des écoles privées, elles s'assurent contre les problèmes de santé en adhérant à des plans financés par les entreprises où elles travaillent et elles embauchent des vigiles privés pour se protéger contre la violence croissante qui s'en prend à elles. Elles se sont effectivement sorties de la vie commune. Les mêmes tendances sont à l'oeuvre dans le monde entier. En europe, les référendums qui se sont tenus sur la question de l'unification ont révélé une faille profonde et qui va en s'élargissant entre le monde politique et les membres plus humbles de la société qui redoutent que l'UE ne soit dominée par des bureaucrates et des techniciens dépourvus de tout sentiment d'identité ou d'appartenance nationale. Une Europe gouvernée de Bruxelles sera de leur point de vue de moins en moins sensible au contrôle des peuples. Le langage international de l'argent parlera plus fort que les dialectes locaux. Ce sont ces peurs qui sont sous-jacentes à la résurgence des particularités ethniques en Europe, tandis que le déclin de l'Etat-nation affaiblit la seule autorité capable de maintenir le couvercle sur les rivalités ethniques. Par réaction, la renaissance du tribalisme renforce le cosmopolitisme chez les élites. » (Christopher Lasch, La révolte des élites, 1996)
Christopher Lasch a théorisé cette sécession élitaire, cette trahison de la démocratie, en 1996, dans un livre cardinal, La révolte des élites, qui fut bien sûr ignoré par tout le ban et l’arrière-ban de l’intelligentsia progressiste, notamment en France. Certaines vérités, certaines analyses, trop dérangeantes et anti-conformistes s’enterrant beaucoup plus facilement en les ignorant délibérément qu’en les affrontant. Jean-claude Michéa, dans une courte préface à cet ouvrage, dit l’essentiel :
« Profondément enracinés dans l’économie planétaire et ses technologies sophistiquées, culturellement libérales, c’est-à-dire, « modernes », « ouvertes », voire « de gauche », les nouvelles élites du capitalisme avancé, celles qui contrôlent le flux international de l’argent et de l’information, manifestent en effet, à mesure que leur pouvoir s’accroît et se mondialise, un mépris grandissant pour les valeurs et les vertus qui fondaient autrefois l’idéal démocratique. Enclavées dans leurs multiples « réseaux », au sein desquels elles « nomadisent » perpétuellement, elles vivent leur enfermement dans le monde humainement rétréci de l’Economie comme une noble aventure « cosmopolite », alors que chaque jour devient plus manifeste leur incapacité dramatique à comprendre ceux qui ne leur ressemblent pas : en premier lieu, les gens ordinaires de leur propre pays (on sait par exemple, que dans le monde de l’élite, situé « nulle part ailleurs », l’homme ordinaire ne peut apparaître que sous la figure moquée des Deschiens). Christopher Lasch a tenu à placer sa critique des nouvelles élites du capitalisme avancé sous le signe du « populisme », c’est-à-dire conformément au sens historique du mot, d’un combat radical pour la liberté, et l’égalité mené au nom des vertus populaires. On sait à quel point, depuis quelques années, les media officiels travaillent méthodiquement à effacer le sens originel du mot, à seule fin de pouvoir dénoncer comme « fascistes » ou « moralisateurs » (à notre époque, le crime de pensée suprême) tous les efforts des simples gens pour maintenir une civilité démocratique minimale et s’opposer à l’emprise croissante des « experts » que le système a préposé à la défense médiatique de ses nuisances, s’empresseront de faire courir le bruit –pour affecter de s’en réjouir ou pour s’en lamenter- que ce livre est « réactionnaire ». Il n’est cependant pas interdit d’espérer que le lecteur intelligent puisse encore se faire une opinion par lui-même. »
Une précision s’impose concernant le terme de « libéralisme » que j’utilise régulièrement bien souvent pour en montrer les aspects obscurs et destructeurs, bien que célébré par la quasi-totalité des media occidentaux mais pas seulement. Ce mot fait référence chez moi à ce « néo-libéralisme », sorte de capitalisme globalisé devenant, mondialisation oblige, l’alpha et l’oméga des élites globalisées, occidentales ou pas.
Or, l’imposture fondamentale des thuriféraire du néo-libéralisme est de se vendre (le mot est de rigueur) comme les héritiers du libéralisme politique et économique théorisé par les grandes figures de la philosophie des Lumières : cette aberration (cette imposture), en forme d’impasse intellectuelle, éthique et morale est pourtant monnaie courante aujourd’hui et permet à tous les criminels de guerre (économique) du genre de Madoff, Goldman, Sachs, Friedman, Lehman, Volker ou Greenspan (liste non limitative) de faire passer une société malade de son hyperconsommation rabique pour une geste libérale autrement complexe et nuancée des penseurs européens du libéralisme politique et économique des XVII et XVIIème siècles. Nul doute que Smith, Ricardo, Hume, Locke, Montesquieu et de quelques-uns de leurs –véritables- héritiers comme Constant ou Tocqueville ne pourraient reconnaître une seconde leur vision éclairée et subtile d’émancipation, de liberté et d’autonomie (dans un monde ou régnaient absolutisme et religion) dans l’hubris marchande et prédatrice d’un Bernanke ou d’un Friedman et de ses Chicago boys...
L’exploit de ces apprentis sorciers, outre le fait de pouvoir encore s’afficher comme les héritiers de penseurs authentiques de l’autonomie et de la raison, est d’avoir su imposer leur doctrine « néo-libérale » que décryptent Pierre Bérard, Castoriadis, Michéa ou Lasch, à la planète entière, malgré les ravages, les prédations, les bouleversements incroyables que celle-ci produit partout.
Or cette croyance (c’en est une, aucun fondement solide autre que la foi de ses fidèles) que l’homo oeconomicus serait une créature rationnelle qui ne court qu’après son meilleur intérêt au détriment de toute autre aspiration, que la cupidité de chacun fait la richesse des nations, que le bien-être social découle d’une moindre intervention étatique dans la marche du marché (sorte de veilleur de nuit..), que les marchés s’autorégulent sans nul besoin d’intervention extérieure –notamment étatique, que la spéculation est une activité naturelle et utile à la société, que les principes économiques sus-cités doivent s’appliquer à toutes les sphères des activités humaines, que le protectionnisme des marchés nationaux ou continentaux est une aberration dangereuse n’est que principes simplistes et hégémoniques érigés en dogme intouchable à travers l’enseignement économique, les media, les bureaucraties internationales et leurs relais utiles nationaux (les Sarkosy, Strauss Kahn, Con-Bandit, Barroso, etc.).
13:59 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : chaos, michéa, lasch, hume, constant
21/11/2010
Spectacle
« Pour la première fois, à l’initiative du Parti de Gauche de Jean-luc Mélechon et du cinéaste non-conformiste Pierre Carles, nombre des participants au dîner mensuel du Siècle, principal club d’influence Français, le 27 octobre, ont été chahutés à leur arrivée aux locaux de l’Automobile Club de France, situé place de la Concorde à Paris.. La plupart des personnalités ont préféré faire profil (très) bas, Louis Schweitzer prétendant même être Eric Fottorino du Monde. Le ministre UMP de la relance, Patric Devedjian a violemment bousculé un manifestant et les gendarmes mobiles ont du intervenir pour permettre aux « 500 qui dominent la France » de pouvoir dîner tranquillement à l’abri des regards gênants. Les manifestants entendent bien réitérer leur chahut, le mois prochain, ce qui ne pourrait que gêner la direction du Siècle ainsi que ses ùmembres, tous soucieux de la plus extrême discrétion. L’évènement a été commenté par les télévisions ainsi que par plusieurs magazines, ce qui a permis sans doute à de nombreux français de découvrir l’existence de ce cénacle d’influence.
Pour Denis Olivennes, patron du Nouvel Observateur, il s’agit d’une insupportable « dérive populiste et démagogique », pour l’histrion télévisel Michel Field, « cela faisait longtemps que l’on ne nous avait pas fait le coup des 200 familles » tandis qu’Alain-Gréard Slama, éditorialiste au Figaro, y voit un « délire ». Toujours est-il que la supposée « élite » française s’est trouvée fort marrie de devoir frayer pendant quelques instants avec les représentants de la « France d’en bas ».
(Faits et Documents, 15-30/11/2010)
Je ne sais pas si le pitre Mélenchon est très représentatif de la France d’en bas (pourquoi pas, après tout) mais l’info, bien qu’anecdotique est intéressante car elle met en lumière la nature réelle du pouvoir au travers d’un lobby très puissant –autant que discret- et parfaitement éclectique ou oeucuménique comme en témoigne la liste de ses membres (ici ou ici) : de Messier à Jospin ou de July à Ernest Antoine Seillière en passant par Rachida Dati, les époux Strauss-Kahn, Minc ou l'histrion Michel Field, comme dit Emmanuel Ratier…
Ce qui devrait suffire à dessiller les yeux des plus naïfs sur la nature réelle du Spectacle politique joué aux peuples européens par des dirigeants politiques appartenant tous sans exception à ce Cercle de raison dont parle le pauvre Minc et professant tous sans exception le même credo bien-pensant.
Au cas où la ratification du TCE par le congrès –censément représentatif du peuple Français- en février 2008 à une écrasante majorité (plus de 82 %) par le truchement d’une modification de la Constitution, à rebours de la volonté des français qui avaient voté NON à 54% en 2005 n’aurait été suffisamment claire sur le caractère a-démocratique des régimes actuels et sur la tartuferie sans limite de ces oligarchies arrogantes …
Libéraux-libertaires de « gauche (tendance July/Dray) et de « droite » (tendance Copé/Sarkosy) partagent l’essentiel, excellent dans cette fiction de représentation démocratique (de non-alternance absolue) rejouée périodiquement pour les besoins du calendrier électoral et ne détestent rien tant que paraître ce qu’ils sont devant nous lorsque tombent les masques : des imposteurs.
Et savent donc se retrouver sur l’essentiel (le pouvoir et sa « légitimation » par les urnes) lorsque l’essentiel est menacé :
« Cette uniformité idéologique atteint son degré d’intensité maximal chaque fois que les institutions capitalistes sont confrontées à une menace réelle (par exemple lors des référendums sur le traité de Maastricht et sur le projet de constitution européenne), ou même simplement fantasmée (par exemple lors des élections présidentielles d’avril 2002). Le synchronisme absolu des commentaires politiques, l’ampleur des mensonges diffusés et l’inévitable mobilisation des artistes officiels peuvent alors être comparés, sans la moindre exagération, à la propagande normale des Etats totalitaires. C’est d’ailleurs dans ces moments privilégiés –quand chacun est tenu de hurler avec les loups et que les derniers masques tombent- qu’on peut se faire une idée précise du courage personnel, de la probité intellectuelle et de la valeur morale des professionnels des médias et du spectacle. »
(JC Michéa, La double pensée, 2008)
(photo: une des premières réunion du Siècle en 1941)
NB: pendant ce temps, d'autres parient sur l'avenir et les nouvelles technologies..ha ha!
16:51 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : faits et documents, michéa, siécle
20/11/2010
gauche kérozène et nomade attalien
entretien complet ici
07:05 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : michéa
13/11/2010
encore un effort
"Castelnaudary. Trois jeunes rouent de coups un retraité : cinq mois avec sursis.
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« Quand la classe dominante prend la peine d'inventer un mot (« citoyen ») employé comme adjectif, et d'imposer son usage, alors même qu'il existe, dans le langage courant, un terme parfaitement synonyme (civique) et dont le sens est tout à fait clair, quiconque a lu Orwell comprend immédiatement que le mot nouveau devra, dans la pratique, signifier l'exact contraire du précédent. Par exemple, aider une vieille dame à traverser la rue était, jusqu'ici, un acte civique élémentaire. Il se pourrait, à présent, que le fait de la frapper pour lui voler son sac représente avant tout (avec, il est vrai, un peu de bonne volonté sociologique) une forme, encore un peu naïve, de protestation contre l'exclusion et l'injustice sociale, et constitue, à ce titre, l'amorce d'un geste citoyen. » (JC Michéa, L'enseignement de l'ignorance, Climats 2000)
Allez, on y est presque !
jo, je sais que tu kifferas cet échantillon de punk rock us (mouahhhah!)!
12:01 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : michéa, racaille