18/06/2008
C'est pas compliqué quoi merde!
20:02 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : cantona, castaneda, ou êtes-vous?
16/06/2008
Prolétarisation
"Donnez-moi vos enfants, dis le système aux parents de tous les milieux. Peu importe qu’ils soient riches ou pauvres, que vous-mêmes soyez cultivés ou incultes : j’en ferai des petits bourgeois prolétarisés comme tout le monde, ignorants, sans usage, sans syntaxe, bien-pensants, anti racistes et bien intégrés."
"Qu’entre les riches et les pauvres la seule différence soit désormais l’argent entraîne, parmi plusieurs autres conséquences inattendues, une précarité sociale considérablement accrue des classes privilégiées elles-mêmes qui, de ce fait, n’ont plus le temps d’être des classes, justement, ni, partant, de remplir leur rôle social et culturel. Jadis, une famille qui avait appartenu un certain temps à la classe privilégiée pouvait maintenir ce statut sur plusieurs générations même après l’effondrement de son niveau économique. La ruine, au temps de la noblesse, mais encore à l’époque bourgeoise, c’est-à-dire jusqu’au dernier tiers du siècle dernier, n’entraînait pas le déclassement social, ou seulement très lentement, parce que l’appartenance de classe n’était pas uniquement déterminée par le niveau de revenus mais aussi par le niveau culturel et la maîtrise plus ou moins grande de certains codes portant sur l’attitude, le vêtement et, au premier chef, sur le langage. En société déculturée, en revanche, ou post culturelle, ou néo culturelle –si l’on peut désigner par cette expression une société ou le mot culture a totalement changé de sens et ne désigne plus que les habitudes des uns et des autres, et tout spécialement les habitudes liées au loisir et au divertissement- , en société néo culturelle, donc, l’effondrement économique d’une famille entraîne ipso facto son effondrement social immédiat, ou du moins d’une génération à l’autre. Le rejeton d’une famille « distinguée » et cultivée peut très bien, s’il ne s’est pas intéressé à ses études, s’il n’était pas doué pour elles et s’il n’y a pas réussi, envisager très sérieusement, et même avec impatience et envie, d’être vendeur dans un magasin de chaussures ou chef de rang dans un restaurant ; et réclamer, s’il vient à mourir, qu’à son enterrement on fasse entendre un enregistrement de Sheila ou Dalida."
"(…) La prolétarisation ambiante, si sensible culturellement en tous les quartiers et toutes les sous-sections de l’énorme petite bourgeoisie centrale, fait de spectaculaires apparitions, à titre d’emblème, jusqu’au sein du pouvoir, par le biais du langage des ministres, dont plusieurs s’affranchissent délibérément de la contrainte, jusqu’alors à peu prés observée, au moins dans l’exercice de leurs fonctions, de l’usage d’un langage tiers, et affichent leur soi mêmisme enthousiaste en donnant expressément leur unique souci d’être et de rester eux-mêmes (qu’on aurait pu croire, sinon tout à fait contraire à la dignité ministérielle, du moins parfaitement secondaire par rapport à elle) comme le motif ou la justification de leurs phrases relâchées ou de leurs mots orduriers. Sous sa forme culturelle (au sens si volontiers contre culturel du terme) elle se manifeste même au plus haut niveau de l’Etat, non seulement dans les amitiés affichées du président de la République avec les acteurs les plus en vue du cinéma populaire et commercial, dans son intimité chaleureuse avec le milieu qu’on eut appelé jadis de la télévision du samedi soir (mais c’est désormais samedi soir tous les soirs, à la télévision, et toute la journée), mais mêmes dans ses allocutions les plus solennelles, comme celle ou sous la coupole du Capitole, à Washington, il invoque Elvis Presley ou Marilyn Monroe afin de souligner les liens de sa génération (entraînée toute entière à sa suite en un mouvement rhétorique typique de l’impérialisme culturel petit-bourgeois) avec les Etats-Unis d’Amérique. Le tropisme culturel prolétarisant est ici d’autant plus manifeste qu’il se donne à voir et à entendre dans la bouche du chef d’Etat d’une vieille nation de haute et grande culture, bien sur, mais aussi d’un personnage dont on nous rappelle volontiers l’origine aristocratique, il est vrai peu frappante."
"(...) Que, de façon générale, et avec toutes les exceptions inviduelles qu'on voudra, au premier rang desquelles celles du génie, il faille deux ou trois générations pour faire un individu tout à fait accompli culturellement, voila bien, quoique c'ait été la conviction tranquille de presque tous les siècles avant les nötres et de la plupart des civilisations, le genre d'opinions qui ne sauraient en aucune façon être reçue parmi nous. S'il était avéré qu'hérédité et culture fussent étroitement liées, on préférerait encore sacrifier la culture, par horreur de l'hérédité, antidémocratique par excellence dés lors qu'elle revêt la forme d'un privilège. Or, c'est à peu prés ce qui est arrivé, car le lien est bel et bien attesté, comme en atteste à l'envie tout le vocabulaire métaphorique gravitant autour du mot culture: héritage, patrimoine, transmission, etc.a La culture est la culture des morts, des parents, des grands-parents, des aieux, des ancêtres, du peuple, de la nation.; et même de cela qu'on ne peut même plus nommer, d'autant qu'il est convenu qu'elle n'existe pas, la race. Celle-là, il est significatif qu'elle soit interdite de séjour. Mais, à travers elle, entraîné dans sa chute et dans sa proscription, c'est tout ce qui relève de la lignée, de l'héritage, du patrimoine qui est visé; et la culture, par voie de conséquence, qui est atteinte."
Renaud Camus, La grande déculturation, Fayard 2008, p.146.
18:41 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : prolétarisation, renaud camus
15/06/2008
Zut, j'ai perdu le portable de Jo!
22:12 | Lien permanent | Commentaires (6)
11/06/2008
L'enseignement de l'ignorance
Relu tantôt L’enseignement de l’ignorance de Michéa. Très convaincant, non seulement sur le désastre de l’éducation nationale, mais aussi sur son explication globale de ce chaos éducatif.
Globalement, et indépendamment de causes structurelles et circonstancielles (massification de l’enseignement, dégradation du niveau des enseignants du au recrutement et à une "formation" indigente dans les IUFM, méthodes d’enseignement ineptes, abandon de l’exigence d’excellence chère à Finkielkraut, irruption du chaos sociétal dans l’enceinte scolaire, etc.), Michéa pointe la responsabilité du "marché".
Pourquoi le marché s’accommode-t-il de la destruction de l’instruction –analphabétisme et inculture- d’une majorité d’élèves ? Parce que ces élèves sont de futurs consommateurs et qu’ils est vital pour l’économie qu’ils soient le moins cultivés et le plus aliénés possibles afin d’offrir le moins de résistance possible aux campagnes publicitaires, l’enracinement culturel et l’érudition étant des obstacles évidents à l’efficacité de la propagande consumériste…
Pourquoi persiste-t-il quelques filières sélectives formant encore une élite de jeunes gens convenablement instruits et autonomes intellectuellement ? Parce que le marché a besoin de personnel compétent pour diriger ses bras armés que sont les grandes firmes internationales.
Pourquoi dans les centres de formation de jeunes footballeurs utilisent-on encore des méthodes efficaces et traditionnelles éprouvées depuis l’antiquité (effort, sélection d’une élite, travail acharné, compétition impitoyable, autorité et discipline) ? Parce que le marché a besoin de jeunes footballeurs efficaces et brillants pour rapporter un maximum d’argent dans un secteur d’activité particulièrement lucratif. Ici, point n’est question de "sciences de l'éducation", de respect de la personnalité de l’élève ou d’éducation au " vivre ensemble"…
Nul doute donc que s’il était vital pour le marché que les jeunes lycéens soient compétents et instruits, ils le seraient..
Mais peut-être Michéa voit-il -à tort- la main invisible du marché partout ?
« L’éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, a fini par abrutir les privilégiés eux-mêmes. La société moderne, qui a réussi à créer un niveau sans précédent d’éducation formelle, a également produit de nouvelles formes d’ignorance. Il devient de plus en plus difficile aux gens de manier leur langue avec aisance et précision, de se rappeler les faits fondamentaux de l’histoire de leur pays, de faire de s déductions logiques, de comprendre des textes écrits autres que rudimentaires. »
Christopher Lasch. La culture du narcissisme, Climats 2000, P. 169.
« Quand la classe dominante prend la peine d’inventer un mot (« citoyen ») employé comme adjectif), et d’imposer son usage, alors même qu’il existe, dans le langage courant, un terme parfaitement synonyme (civique) et dont le sens est tout à fait clair, quiconque a lu Orwell comprend immédiatement que le mot nouveau devra, dans la pratique, signifier l’exact contraire du précédent. Par exemple, aider une vieille dame à traverser la rue était, jusqu’ici, un acte civique élémentaire. Il se pourrait, à présent, que le fait de la frapper pour lui voler son sac représente avant tout (avec, il est vrai, un peu de bonne volonté sociologique) une forme, encore un peu naïve, de protestation contre l’exclusion et l’injustice sociale, et constitue, à ce titre, l’amorce d’un geste citoyen. »
JC Michéa, L’enseignement de l’ignorance, Climats 2000, p.49.
« Pour ne prendre qu’un seul exemple, il y a bien peu de chances que le mot d’ordre « Volem viure al païs », qui fut, comme on l’a peut-être oublié, l’étendard des paysans du Larzac, soit désormais perçu par un jeune téléspectateur autrement que comme un appel Poujadiste à rejoindre la bête immonde. Pour comprendre comment on a pu en arriver là, il est donc nécessaire de rappeler quelques faits. C’est en 1983-1984 –comme on le sait- que la Gauche française dut officiellement renoncer (car, dans la pratique, ce renoncement lui était, depuis longtemps, consubstantiel) à présenter la rupture avec le capitalisme comme l’axe fondamental de son programme politique. C’est donc à la même époque qu’elle se retrouva dans la difficile obligation intellectuelle d’inventer, à l’usage des électeurs, et tout particulièrement de la jeunesse, un idéal de substitution à la fois plausible et compatible avec la mondialisation, maintenant célébrée, du libre-échange. Ce sera, on le sait, la célèbre lutte « contre le racisme, l’intolérance et toutes les formes d’exclusion », lutte nécéssitant, bien sûr, parallèlement à la création sur ordre de diverses organisations antiracistes, la construction méthodique des conditions politiques (par exemple, l’institution, le temps d’un scrutin, du système proportionnel) destinées à permettre l’indispensable installation d’un « Front National » dans le nouveau paysage politique. C’est donc précisément dans cette période très trouble et très curieuse –pour tout dire très Mitterrandienne- que les médias officiels furent amenés progressivement à donner au mot de populisme- qui appartenait jusque là à une tradition révolutionnaire estimable- le sens qui est désormais le sien sous le règne de la pensée unique. »
Michéa, Ibid, p.97.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Michéa, c'est ici. (Désolé, c'est le site d'ATTAC..)
19:53 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : enseignement, éducation, instruction, michéa, marché, conumérisme
Convergence des Internationalismes
Il faut lire ce post de l'ami Ivane, toujours perspicace...
Il est étonnant, en apparence, de constater l'alliance tactique de communistes et de chrétiens.
Logiquement, ces deux doctrines sont antithétiques: autant le christianisme déteste le matérialisme athée et la lutte des classes, autant le marxisme abhorre la doctrine chrétienne et l’espérance du salut.
Or, sur quoi se retrouvent ces hommes ? Sur la lutte contre le projet de durcissement des conditions de rétention et d’expulsion des clandestins en Europe.
Sur le fond, quelles sont leurs motivations ?
Concernant les communistes, et au delà du discours compassionnel habituel, la ligne politique internationaliste : destruction du capitalisme bourgeois par l’intégration d’un nouveau prolétariat issu de l’immigration (légale ou non). Le fer de lance de cette stratégie subversive est constituée par une série d’organisations qui exploitent la misère de clandestins pour infléchir les politiques publiques, civiques (et non « citoyennes »), notamment migratoires.
La lutte contre l’expulsion des clandestins, le combat pour la régularisation inconditionnelle des clandestins, pour la poursuite du regroupement familial, pour le vote des étrangers aux élections, pour la priorité donnée aux étrangers en situation légale ou non en sont de bons exemples. Ces organisations, ultra minoritaires, ont développé depuis longtemps des méthodes très efficaces d’entrisme dans tous les milieux sensibles, c'est-à-dire pouvant être utilisés pour faire avancer leur programme politique, sous une apparence compassionnelle et humaniste propre à convaincre relais d’opinions et crédules.
La justification de la posture chrétienne est dans l’amour inconditionnel de l’Autre prôné par les Evangiles, même si l’Autre n’est pas chrétien, comme c’est le cas pour l’essentiel des clandestins en Europe.
Le christianisme présente également une particularité, en l’occurrence décisive, qui est l’amour de la Victime : j’entends par la qu’il me semble qu’il fut la première religion à ne pas prôner la haine de la victime, du bouc émissaire, qui jusqu’alors représentait la victime expiatoire de tous les cultes antérieurs. René Girard nous explique, qu’avec la figure de Jésus, victime innocente par excellence, le christianisme a essayé pour la première fois de résoudre le problème de la violence interne à chaque société (les pulsions de violence mimétique répondant aux pulsions de violence issue de la vie en communauté) sans recourir au supplice expiatoire de la victime. Or le clandestin résume cette double identité : il est à la fois l’Autre et la Victime de ce monde. Double justification donc à mériter l’élan compassionnel du chrétien.
On peut donc considérer qu’Internationalisme athée et Internationalisme chrétien convergent ainsi dans la défense de cette nouvelle figure christique qu’est le « sans papiers », superbe invention sémantique de la novlangue ambiante, dont on a vu qu’elle n’est pas innocente, qui implicitement suggère l’anormalité, l’injustice de la non possession de titre de séjour pour un immigrant clandestin qui, partout ailleurs dans la monde est simplement considéré comme ce qu’il est c'est-à-dire un homme ayant transgressé la Loi.
Je n’ai pas une approche compassionnelle de la question. L’immigration de masse que subit l’Europe depuis plus de trente ans, inédite dans l’histoire de ce continent, pose des questions tout à fait cruciales quand au devenir de notre civilisation. Je pense, comme Bernard Lewis que nous sous-estimons la transformation rapide du visage démographique de l’Europe occidentale et qu’il n’est pas certain que nous ayons les ressources pour résister, c'est-à-dire exister, face à ce nouvel assaut de l’Islam.
D'autres croient voir dans ces postures convergentes du PCF et de l'Eglise, la volonté de survivre, d'exister encore dans un monde globalisé soumis au marché, en entonnant leur refrain habituel, mais conscient de n'être que les supplétifs ou les fourriers du nouvel ordre mondial.
A suivre donc.
00:08 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : communisme, christianisme, islam, occident
09/06/2008
Nonn!? On nous aurait menti?
14:52 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : traite négrière arabo-musulmane, ho ho ho
08/06/2008
Régénération
Gageons que le Candide de Voltaire ou le Rica de Montesquieu découvrant notre société moderne ne manqueraient pas d’objets d’étonnement.
Un de ceux-ci pourrait être ce culte que semblent vouer nos contemporains, tout au moins ceux qui comptent en nos sociétés, au métissage.
Après avoir voué un culte authentique et naturel au Dieu des chrétiens pendant plus de mille cinq cent ans, puis honoré, de façon sans doute moins spontanée l’Être suprême ou la déesse Raison, puis un étrange objet venu de fort loin dans l’antiquité, la république, après deux empereurs puis deux souverains presque légitimes, voici que les Français décident de vouer un culte au nouvel être suprême, le Métis.
Nos deux visiteurs informés de la nature révolutionnaire et droitdelomesque de tout habitant de ce pays pourraient sans doute entrevoir là quelques contradictions, voire quelques éléments de schizophrénie.
-en effet que pourrait désigner ce vocable lorsqu’il fait référence à des hommes alors même que chacun sait que, à l’inverse du règne végétal, les races humaines n’existent pas. Serait-il alors fait allusion à la couleur de la peau de nos contemporains ? Sans doute, admettons le.
Il faudrait donc y voir un encouragement au mélange des couleurs de peau, sans doute dans l’intention louable d’abolir toute distinction visible à l’œil, une sorte d’indifférenciation des couleurs, ce qui aboutit naturellement à l’uniformisation des hommes et à la réduction de la diversité des populations de ce beau pays.
Mais peut-être ce vocable fait-il plutôt référence aux différentes traditions, issues d’ethnies différentes, fondues depuis bien longtemps dans la culture française, et pas seulement à la couleur de la peau ?
-alors, se diraient-ils, pourquoi appeler en même temps les habitants de ce pays, et de façon apparemment contradictoire, au respect de la différence, au respect des autres cultures (ce que les indigènes en ces latitudes nomment multiculturalisme) et au métissage ? Pourquoi en même temps déployer tant d’efforts pour promouvoir la diversité alors que les mêmes hommes sont appelés joyeusement par leur prince et ses clercs à l’indifférenciation ? La contradiction saute évidemment aux yeux mais, curieusement, ne semble pas retenir l’attention de nos contemporains. Pourquoi ?
-peut-être en voyageant dans nos provinces, en lisant les quelques dépêches chargées de propager ce nouvel évangile du métissage, ils se diraient que, ces encouragements étant contradictoires, c’est qu’ils ne s’appliquent sans doute pas aux mêmes personnes, aux mêmes populations. Aux uns le respect de la diversité et des cultures d’origine, aux autres le devoir de métissage, de tolérance et d’accueil ? Sans doute. Mais alors, pourquoi établir pareille distinction entre habitants du même royaume, sachant qu’ils sont tous fils de la glorieuse Révolution™ et de l’Egalité entre les hommes™ ? Probablement ces deux voyageurs finiraient par rencontrer une belle âme qui leur expliqueraient que les populations autochtones les plus anciennes, par nature un peu frustes et peu enclines à l’Amour de l’Autre™, ont plus besoin d’être rappelées au devoir de partage et de métissage que les nouveaux venus, par nature chaleureux et généreux. Peut-être leur serait-il rappelé le vieux contentieux qui opposa les ancêtres de ces populations autochtones égoïstes à ceux des nouveaux venus lorsque les premiers tentèrent de s’emparer de leurs richesses et de leurs épouses sous le fallacieux prétexte de les émanciper ! Et par là même la dette imprescriptible des premiers à l’égard des seconds.
Nul doute que nos voyageurs ainsi édifiés ne verraient plus de contradictions dans cette situation en apparence irrationnelle et injuste vis-à-vis des plus vieux autochtones qui jusque là ne se doutaient pas qu’il puisse exister pareille culpabilité héréditaire et imprescriptible.
Mais alors dit l’un deux, ces nouveaux venus, si désireux de faire partager leur culture et leur couleur de peau, auraient aussi cette dette imprescriptible à l’égard de peuples martyrisés par certains de leurs ancêtres lorsqu’ils colonisèrent le tombeau du fils de Dieu, la Barbarie, la belle Sicile, l’Ibérie et la très belle province Lusitanienne ? Ou par d’autres qui vendirent nombre de leurs frères à la peau couleur de charbon et portant coton sur la tête à d’autres royaumes du même continent ou aux premiers qui durent rebrousser chemin après avoir rencontré l’armée des Hommes d’Europe sur la route de Tours ? Peut-être même une âme, particulièrement noire, pourrait-elle glisser à nos voyageurs que les ancêtres des habitants grincheux et crispés débarquèrent-ils précisément sur le continent noir pour mettre fin à ces barbaresques atroces qui mettaient en péril l’ensemble des populations littorales de Notre Mer, et qui permettaient aux fils du prophète et de son gendre d’alimenter en esclaves blanches et en petits garçons castrés les populations de cet Orient magnifique, dont l’éclat reste inégalable au regard de ces âges sombres que connut l’Occident chrétien, par nature intolérant et arriéré. Non leur répondit un gentil clerc de passage, il n’est de dette que pour ces peuples autochtones crispés et rétifs, c’est ainsi.
Soit, dirait l’autre voyageur. Mais alors, cet évangile, si beau, si louable et désirable, pourquoi faut-il sans cesse le rappeler aux habitants de ce royaume, pourquoi est-il nécessaire de le clamer si haut, de l’écrire sur toutes les gazettes, de l’apprendre dés leur plus jeune âge aux petits de ce royaume ? N’est il pas souhaitable, connaissant sa grande vertu, que ce soient les parents eux-mêmes qui l’enseignent à leur progéniture. Bien sûr, lui répondit le gentil clerc, cela est fortement recommandé, mais il est nécessaire que l’Etat s’assure que chacun de ces petits, en plus d’une solide instruction enfin débarrassée de l’influence délétère de la cléricature et de certains milieux prompts à la réaction, ait bien assimilé ce nouveau bréviaire et puisse, au besoin, désigner un petit camarade qui n’aurait pas saisi toute l’ampleur de cet enseignement. Ainsi l’Etat sera-t-il assuré de pouvoir compter sur de jolies cohortes de citoyens, non pas de citoyens soldats comme dans la Sparte de Lycurgue ou l'Athène de Thémistocle, mais de nouveaux citoyens du monde, sorte d’humanité nouvelle, prêts à réciter ce nouveau bréviaire, et à en appliquer ses commandements à toute occasion et en tous lieux.
Bien, dit le premier voyageur, mais que faire alors de ceux qui n’auraient pas bien saisi l’ampleur de cet évangile ou l’impérieuse nécessité de ce projet de régénération sociale joyeuse ? Peut-être même certains, forcément mal intentionnés, serait-ils même prèts à ourdir quelques complots non citoyens visant à faire échouer l’érection de cet Homo métis, à l’encontre de l’Intérêt Général™ ? Oui hélas répondit encore le clerc, certains individus, notamment parmi les plus anciens et les plus crispés, émettent encore des réserves sur le bien fondé de cette entreprise collective et citoyenne de construction d’une société métissée et joyeuse. Et c’est l’Etat, dans sa grande magnanimité, qui encourage alors ces ennemis du Progrés™ à entreprendre librement une cure de réadaptation à la beauté de cette entreprise dans quelques communautés citoyennes pour réfractaires, soigneusement protégées des nuisances de la vie urbaine par quelques hautes murailles transparentes.
Alors, se dirent-ils, tout est bien dans le meilleur des mondes.
22:37 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : métissage
La vérité sur les JO!
06/06/2008
A l'Ouest, rien de nouveau
« Un premier ministre socialiste a dit, au début des années quatre-vingt, se faisant le porte-voix civilisé de Le Pen : « Les immigrés sont un problème.» Nous devons renverser ce jugement et dire : « Les étrangers sont une chance ! » La masse des ouvriers étrangers et de leurs enfants témoigne, dans nos vieux pays fatigués, de la jeunesse du monde, de son étendue, de son infinie variété. C’est avec eux que s’invente la politique à venir. Sans eux, nous sombrerons dans la consommation nihiliste et l’ordre policier.
Que les étrangers nous apprennent au moins à devenir étranger à nous-mêmes, à nous projeter hors de nous-mêmes, assez pour ne plus être captifs de cette longue histoire occidentale et blanche qui s’achève, et dont nous n’avons plus rien à attendre que la stérilité et la guerre. Contre cette attente catastrophique, sécuritaire et nihiliste, saluons l’étrangeté du matin.(…)
Le monde du capitalisme déchaîné et des démocraties riches est un faux monde. Ne reconnaissant l’unité que des produits et des signes monétaires, il rejette la majorité de l’humanité dans un autre monde dévalué, dont il se sépare par des murailles et par la guerre. En ce sens aujourd’hui, il n’y a pas de monde. (…)
En ce qui concerne l’existence dans notre pays de milliers d’étrangers, il y a trois objectifs : s’opposer à l’intégration persécutoire, limiter la fermeture communautaire et les tendances nihilistes qu’elle véhicule, développer les virtualités universelles des identités. (…)
Il y a une tradition nationale du pétainisme qui est bien antérieure à Pétain. Le pétainisme commence en réalité en France avec la Restauration de 1815. Un gouvernement post-révolutionnaire se réinstalle dans les fourgons de l’étranger, avec l’appui vigoureux des émigrés, des classes renversées, des traîtres et opportunistes de tout acabit, et le consentement d’un peuple fatigué. Il déclare qu’il restaure l’ordre et la moralité publics, contre l’anarchie sanglante des révolutions. Cette matrice, typiquement française, insiste dans notre histoire. En 1940, on retrouve la figure catastrophique de la défaite militaire, comme prétexte pour une désorientation majeure : comme, par exemple, un gouvernement qui n’a à la bouche que la nation, mais qui est installé par l’étranger ; des oligarques corrompus jusqu’à l’os qui se présentent comme ceux qui vont sortir le pays d’une grande crise morale ; un aventurier, roi cacochyme, vieux militaire ou politicien retors, toujours homme de main des grandes fortunes, qui se présente comme le vrai détenteur de l’énergie nationale.
N’avons-nous pas aujourd’hui, comme une répétition misérable de ces graves dépressions historique que la France s’inflige à elle-même, de nombreux traits de ce genre ? (…)
Depuis la révolution Française et son écho progressivement universel, depuis les développements les plus radicalement égalitaires de cette révolution, nous savons que le communisme est la bonne hypothèse. En vérité il n’y en a pas d’autres, en tous cas, je n’en connais pas d’autres. Quiconque abandonne cette hypothèse se résigne à la minute même à l’économie de marché, à la démocratie parlementaire (qui est la forme d’Etat appropriée au capitalisme), et au caractère inévitable, « naturel » des inégalités les plus monstrueuses. (…)
S’il est toujours vrai, comme l’a dit Sartre, que « tout anticommuniste est un chien », c’est que toute séquence politique qui, dans ses principes ou son absence de tout principe, apparaît formellement contradictoire avec l’hypothèse communiste en son sens générique, doit être jugée comme s’opposant à l’émancipation de l’humanité toute entière, et donc au destin proprement humain de l’humanité.(...)
L'hypothèse communiste est qu'une autre organisation collective est praticable, qui éliminera l'inégalité des richesses et même la division du travail: tout un chacun sera un travailleur polyvalent, et, en particulier, les gens circuleront entre le travail manuel et le travail intellectuel, comme du reste netre la ville et la campagne. L'apropriation privée de richesses monstrueuses et leur transmission familiale par héritage disparaitra. L'existence d'un appareil d'Etat coercitif, militaire et policier, séparé de la société civile, n'apparaitra plus comme une nécessité évidente. Il y aura, nous dit Marx, tenant ce point pour son apport majeur, après une brève séquence de dictature du prolétariat chargée de détruire les restes du vieux monde, une longue séquence de réorganisation, sur la base d'une libre association des productuers et créateurs, laquelle supportera un dépérissement de l'Etat."
Alain Badiou, De quoi Sarkosy est-il le nom ? Lignes, 2007.
21:34 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : communisme
6 juin
20:42 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 6 juin 1944, pour le meilleur et pour le pire
05/06/2008
Johnny got his gun
Septembre 2007, au retour d’une mission de 7 mois en Irak en tant que médecin à la Compagnie C de la 203e Brigade du « Support Battalion », la capitaine Terri Gurola étreint Gabrielle sa fille âgée de 3 ans à l’aéroport international Hartsfield-Jackson à Atlanta.
Trés belle photo découverte sur ce très beau site : http://laiusolibrius.free.fr/
Curieusement, elle me fit penser instantanément au héros du livre Johnny s’en va-t-en guerre -Johnny got his gun- écrit par Donald Trumbo et publié en septembre 1939 au début de la seconde guerre mondiale et qui me traumatisa quand je le lu pour la première fois, enfant. Histoire terrible d’un combattant volontaire américain, Joe Bonham, grièvement blessé sur le front durant la première guerre mondiale, ayant perdu ses quatre membres, la vue, l’ouïe et l’odorat et ne communiquant plus avec son entourage que grâce à la sensibilité de son torse, son intelligence et son âme étant sauves.
Ce livre eut un retentissement énorme par son engagement anti-militariste, à un moment clef de l’histoire de la seconde guerre mondiale ou les Etats-Unis hésitaient à s’impliquer dans le conflit. L’œuvre de Donald Trumbo, brillant réquisitoire contre l’absurdité et l’horreur de la guerre, eut une seconde vie politique lorsque il en réalisa l’adaptation cinématographique en 1970, en pleine guerre du Viet nam.
Quel rapport entre cette jeune femme et Joe Bonham? Peut-être, inconsciemment, une femme combattante reste-t-elle pour moi une aberration comme l'était ce jeune soldat supplicié par la guerre.
21:15 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : donald trumbo
04/06/2008
Virgin?
20:47 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : humm
01/06/2008
What's a mook?
22:01 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mean streets, keitel, de niro
le blog de Todomodo
Trajan fasciste
La Colonne Trajane est formée de douze blocs de marbre de Paros superposés reposant sur un piédestal carré, sur laquelle sont représentés les épisodes de la guerre contre les Daces, sculptés en une seule bande continue qui forme une spirale d'environ 200 mètres de longueur ornée de plus de 2.500 figures.
Voilà pour l'histoire. Maintenant posez-vous la question : comment pouvait-on bien à l'époque admirer les sculptures au-delà de deux mètres de hauteur lorsqu'on sait que la colonne était insérée entre les deux bibliothèques et le dépôt d'archive qui l'entouraient et ne pouvait ainsi être regardée avec recul.
On ne pouvait tout simplement pas. Et pour la même raison qu'un serf du Moyen-Âge ne pouvait saisir les détails des vitraux perchés à vingt mètres ou découvrir les personnages scuptés au sommet des colonnes.
Il faut donc bien admettre que les scènes de bataille contre les Daces, les rois bibliques des vitraux de Chartes ou les victoires napoléoniennes de la colonne Vendôme n'ont pas été sculptées pour être vus.
"C'est donc qu'elle sont inutiles" répondra aussitôt le le militant socialiste pour qui rien n'existe ou ne doit exister que le peuple ne puisse voir (l'obsession démocratique pour le transparent et le visible est apparue en même temps que le porno sur Canal +).
Tu te trompes, pauvre Septembriseur : si les vandales de la Commune on renversé la Colonne Vendôme ça n'était pas pour se venger de son inutilité. Mais bien au contraire pour abattre ce qu'elle ne cessait de représenter à leurs yeux et qui les faisait enrager en chiens rouges qu'ils étaient.
Car vois-tu Ô Sans-culotte, les statues des empereurs, les palais des rois, les tombeaux des héros sont bien autre chose que de la propagande dont l'unique objectif aurait été de maintenir le peuple dans la crainte respectueuse des Maîtres.
Les monuments ne possèdent le plus souvent qu'un contenu informatif fort simple : l'Empereur est puissant il a vaincu les Daces, Auguste a rétabli l'Age d'Or. Or l'Empereur ne cherche par ses victoires ni l'approbation ni le soutien du peuple. Il exprime seulement à la face des dieux la grandeur de son règne. Ces oeuvres monumentales n'ont quasi aucun contenu informatif, et quand elles semble en avoir un personne n'y a accès hors l'artiste qui les a créées.
Les églises, les statues, les colonnes, les arcs de triomphes, les autels de la paix sont dédiés à César ou à Dieu et à eux seuls. Ces monuments ne quémandent pas l'attention et encore moins l'assentiment du peuple parce que ceux qui les ont bâtis n'avaient rien à faire de ceux qui n'avaient qu'à obéir. Il n'y a que les professionnels de la lutte contre l'aliénation des peuples pour croire que ce sont-là des oeuvres de propagande.
Les polémiques sur les colonnes de Buren ou la pyramide du Louvre étaient à ce titre bien révélatrices de la médiocrité de ceux qui nous gouvernent : médiocrité de leurs choix artistiques (matériaux minables à peine bons pour construire des LEP en ZEP ou des bornes pour faire pisser les chiens) mais surtout soucis vulgaire de l'assentiment du peuple pour les choix du prince.
Il y a donc eu des époques capables de bâtir des monuments qui durent encore à seule fin d'exprimer la puissance du prince et témoigner de sa grandeur : culte que le pouvoir se rendait à lui-même et qui n'avait pas besoin de fidèles.
Aujourd'hui on prétend que certains princes ont voulu marquer leur septennat en construisant des pyramides, des opéras ou des musées. C'est bien moins la célébration de leur règne ou de leur pouvoir qu'ils ont tenté de faire que le souvenir de leur nom qu'ils on voulu laisser.
Ce faisant ils témoignaient du dégoûtant soucis démocratique de plaire aux générations futures.
La démocratie ne saurait faire oeuvre d'art mais seulement oeuvre de propagande. Là aussi le fascisme et le nazisme ne sont que les enfants dégénérés de la démocratie et leurs manifestations artistiques sont bien représentatives d'un type de gouvernement qui pense encore que l'opinion du peuple doit être manipulée parce qu'elle a une valeur. Nuremberg n'est pas loin de la Fête de l'Être suprême.
Nous autres réactionnaires gréco-romains appelons de nos voeux un gouvernement qui ne prendrait aucun soin de sa propagande par pur mépris de l'opinion du peuple.
http://todomodo.unblog.fr/
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Promenade
« Moi j'ai élu un président de la république, c'est la chose publique. Et je souhaite le voir en costume, et pas le voir dans sa transpiration. Et puis le jogging." "Pas simplement de dignité, c'est pas la personne privé qui m'intéresse, et surtout. Oui c'est son coté soixante-huitard. Je trouve qu'il est trop 68ard." "Non, mais voilà je vais vous dire ça. Je l'ai vu jogguer tout le temps, donc, et avec François Fillon et puis tout seul, et puis au fort de Brégançon, enfin bon. Ca m'a rappelé par anti-phrase en quelque sorte la promenade.
La merveille de la promenade, l'occident dans ce qu'il a de beau, est né de la promenade. Aristote se promenait, c'était un péripatéticien («les Chemins qui ne mènent nulle part» de Heidegger), Rimbaud vagabondait. La promenade c'est une expérience sensible, spirituelle. Le jogging c'est la gestion du corps. La gestion du corps tout le monde à le droit, mais c'est pas la peine de le montrer." "Mais c'est le triomphe définitif, si vous voulez, du calcul, de l'affairement. Voilà je gère, je gère tout, je gère même mon corps sur quelque chose qui aurait avoir avec la conversation, la méditation, la longueur de temps. Donc voilà, je veux bien que la politique change, mais j'ai pas envie de voir un président de la république qui jogge tout les jours. Les rêveries du promeneur solitaire, oui les rêveries du joggeur accompagné, j’y crois pas !»
( France 2 / Mots Croisés : Alain Finkielkraut - Sarkozy: assez de jogging ! - (21/05/07))
*
« Le phénomène capital, le désastre par excellence, est la veille ininterrompue, ce néant sans trêve. Pendant des heures et des heures, je me promenais la nuit dans des rues vides ou, parfois, dans celles que hantaient des solitaires professionnelles, compagnes idéales dans les moments de suprême désarroi. L’insomnie est une lucidité vertigineuse qui convertirait le paradis en un lieu de torture. Tout est préférable à c et éveil permanent, à cette absence criminelle de l’oubli. C’est pendant ces nuits infernales que j’ai compris l’inanité de la philosophie. Les heures de veille sont au fond un interminable rejet de la pensée par la pensée, c’est la conscience exaspérée par elle-même, une déclaration de guerre, un ultimatum infernal de l’esprit à lui-même. La marche, elle, vous empêche de tourner et retourner des interrogations sans réponse, alors qu’au lit on remâche l’insoluble jusqu’au vertige.
Voila dans quel état d’esprit j’ai conçu ce livre, qui a été pour moi une sorte de libération, d’exploration salutaire. Si je ne l’avais pas écrit, j’aurais sûrement mis un terme à mes nuits. »
(Cioran, Sur les cimes du désespoir, biblio, P8.)
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30/05/2008
Europe et Islam
Cette histoire de mariage annulé pour défaut de virginité de l’épouse est assez intéressante et révélatrice.
Il semble que la plupart des mariages annulés par la justice de nos jours (80% ais-je ouï sur radio France ce matin) le soit pour mariage arrangé ou forcé ou pour bigamie (ce qui suffit à nous éclairer sur les populations concernées en principe). Une minorité l’est pour des causes diverses (infertilité, découverte d’une caractéristique de la personnalité du conjoint non connue ou dissimulée lors de la signature du contrat de mariage, comme un passé criminel ou une sexualité déviante).
Le mariage reste un contrat entre deux parties contractantes devant la loi. Pour rester sur le terrain profane...
Ce qui nous choque, au dela de l'aspect simplement juridique, nous occidentaux, est le motif d’annulation de ce contrat –la non virginité de la femme, mais non la rupture du dit contrat (pour mensonge sur une "qualité essentielle de l'épouse"). Ce motif nous parait scandaleux car il y a bien longtemps que la virginité de la future épouse n’est plus une condition siné qua non d’une union maritale entre deux occidentaux. Mais un Oriental ne raisonne pas comme nous et la virginité de sa future épouse est bien sur déterminante et engage son honneur…pratique d’allure médiévale ou barbare de ce coté de la Méditerranée, mais fondamentale de l’autre coté…
Finalement, ce qui est dérangeant dans cette affaire est l’irruption de la tradition musulmane, du droit musulman dans notre tradition, notre culture laïque occidentale.
L’Europe compte aujourd’hui plus de 50 millions de musulmans installés définitivement en terre chrétienne depuis une voire deux générations maximum, situation totalement inédite au regard de l’histoire de ce continent sur lequel le Sarrasin ou le Turc ont toujours constitués une menace. Il me parait illusoire de considérer que ces femmes et ces hommes, en si peu de temps, vont se transformer en occidentaux par une acculturation miraculeuse et sans douleur… Raisonnablement, ils demeurent des orientaux, vivant en occident, tant bien que mal et essayant de vivre leur culture orientale dans le cadre laïque de nos sociétés sécularisées.
Cette décision de justice apparaît donc fondée en droit –français/occidental, mais scandaleuse, inacceptable au regard de considérations morales/culturelles occidentales qui, à juste titre, considèrent que la sexualité ou la religion relèvent de la liberté de chacun(e).
Or, compte tenu de l’importance des flux migratoires européens en provenance de pays musulmans (qui s’apparentent parfois à une véritable substitution de populations), il faut sans doute s’attendre à une multiplication de ce genre de situations conflictuelles entre des valeurs juridiques et morales de ces deux civilisations antagonistes. Et s’il est probable qu’une partie de ces populations vont progressivement s’occidentaliser à notre contact, il me parait illusoire de penser que l’occident puisse rester lui-même et ne pas s’orientaliser.
Il suffit pour s’en convaincre de considérer le nombre d’endroits en europe ou s’appliquent de fait les lois ou la tradition musulmane (certaines banlieues de Seine saint denis ou de la région lyonnaise en France, le quartier de Mollenbek en Belgique, Hollande, Angleterre, etc).
Dans le même ordre d'idées, les cris éffarouchés des partis politiques de tous bords et des organisations bien-pensantes (Ni putes ni soumises, LDH, etc) me semblent relever d'une tartuferie stratosphérique. Les mêmes qui cautionnent voire encouragent ces flux migratoires -et donc l'implantation en europe de ces populations aux moeurs et coutumes étrangères depuis plus de trente ans- ne peuvent pas sérieusement s'indigner qu'elles puissent réclamer la prise en compte de leur culture d'origine dans notre code civilisationnel.
*
«Je suis chaque jour plus convaincu qu'en ce moment nous assistons à un changement dans l'histoire dont l'ampleur égale celle de la chute de Rome, l'avènement de l'Islam ou la découverte des Amériques. Quand les peuples d’Asie et d’Afrique envahirent l’Europe, ce n’était pas de l’impérialisme ; lorsque l’Europe attaqua l’Asie et l’Afrique, ce fut de l’impérialisme. Cette notion nouvelle eut un double usage –pour nourrir le ressentiment d’un côté, la culpabilité de l’autre. L’Occident, certainement à cause de son héritage judéo-chrétien, a une longue tradition de culpabilité et d’auto flagellation. Impérialisme, sexisme, racisme sont autant de termes forgés par l’Occident, non pas du fait que l’Occident aurait inventé ce que nous avons en commun d’héritage humain, et peut-être animal, mais parce que, le premier, il les a identifiés, nommés, condamnés et combattus avec un succès relatif. (…)
Une approche frappante de l’approche contemporaine de cette guerre de quatorze siècles a été donnée le 8 octobre 2002, par le premier ministre français de l’époque, Jean-pierre Raffarin, dans son discours sur l’Irak à l’assemblée nationale. Evoquant devant les députés la figure de Saddam Hussein, il releva qu’un des personnages historiques favoris de Saddam Hussein était son compatriote Saladin, lui aussi originaire de la ville de Tikrit. Au cas ou les députés auraient ignoré qui était Saladin, Jean-pierre Raffarin tînt à préciser qu’il fut celui « qui défit les croisés et libéra Jérusalem ». Qu’un premier ministre catholique présente la prise de Jérusalem par Saladin comme une libération de la domination des croisés, français de surcroît pour la plupart, témoigne d’un cas extrême de nouvel alignement, sinon des loyautés, du moins des perceptions des choses. » (Bernard Lewis, L’Europe et l’Islam, Le débat, mai 2008, p.27)
Je rebondis sur l’article passionnant –et édifiant, de Bernard Lewis, érudit et islamologue renommé, paru dans Le débat de mai 2008. Lewis décrit, avec la hauteur et la profondeur qui lui sont habituels, les rapports complexes et mouvants entre ces deux grandes civilisations. Pour rappeler l’antagonisme constant qui les a concernées et pour évoquer cette troisième vague conquérante de l’Islam en Europe aujourd’hui, après une première vague dans le courant du VII ème siècle, après l’hégire, qui déferla sur tout le pourtour Méditerranéen, puis une deuxième, du XIIIème au XVIIème siècle (conquête de la Russie par les Mongols convertis à l’Islam, impérialisme Ottoman en Asie Mineure, chute de Constantinople en 1453, invasion des Balkans, siège de Vienne, barbaresque en Méditerranée jusqu’à Lépante en 1571).
« Où en est l’Europe ? Aura-t-elle de la chance une troisième fois ? Les musulmans ont en apparence des avantages : ferveur, conviction, ce qui, dans la plupart des pays occidentaux, soit manque, soit est de faible intensité. Ils sont assurés de la certitude de leur cause, là ou les Occidentaux, la plupart du temps, se dénigrent ou s’abaissent. Les musulmans déploient loyauté et discipline, mais l’élément qui joue le plus en leur faveur est la démographie. L’accroissement naturel et les mouvements migratoires entraînent de profondes modifications des populations : il se pourrait que dans un avenir envisageable des musulmans soient majoritaires dans quelques villes européennes, du moins sinon dans quelques pays. Sadiq al-Azm, philosophe syrien, fait remarquer que la question pendante est celle de savoir si c’est l’Europe qui sera islamisée ou l’islam qui s’européanisera. La formulation est pertinente, et grandes sont les conséquences de la réponse qui sera apportée. » (Idem, p.29)
21:20 | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : europe, islam, virginité, mariage, bernard lewis
25/05/2008
Aventurier
Cizia Zykë, né en 1949, père Albanais, mère Grecque, français né au Maroc, joueur invétéré à Hong Kong ou Macao, légionnaire pour la guerre des six jours, trafiquant au Maghreb, chercheur d’or en Amérique latine et en Australie, pilleur de tombes pré colombiennes, écrivain, gentleman cynique et dinosaure.
Savourez l’hommage de Kersauson.
10:18 | Lien permanent | Commentaires (14)
Je vous l’avais bien dit, foutus crétins !
"(...) Quand nous relisons les écrits des dissidents et des exilés soviétiques et est européens, nous sommes frappés par un thème récurrent : leur stupeur, leur indignation et leur colère face à la stupidité, à l’ignorance et à l’indifférence de l’opinion occidentale, tout particulièrement de la classe intellectuelle, qui resta largement incapable de saisir la criante réalité de cette peste totalitaire qui affectait l’existence d’une moitié du genre humain. Et pourtant, les pays occidentaux employaient de vaste ressources à rassembler des informations sur les divers régimes communistes, tant en finançant la recherche universitaire qu’en organisant de coûteux réseaux d’espionnage. Ces énormes efforts ne produisaient guère de résultats. Robert Conquest, un des très rares soviétologues a avoir vu clair dés le début, éprouva d’extrêmes frustrations chaque fois qu’il tenta de communiquer son savoir ; après la désintégration de l’URSS, son éditeur lui suggéra de rééditer un recueil de ses anciens écrits et lui demanda quel titre on pourrait donner à ce volume. Conquest réfléchit une seconde et dit : « Je vous l’avais bien dit, foutus crétins ! »
Chose remarquable, le nom d’un d’un écrivain occidental est fréquemment mentionné dans les écrits des grands dissidents des pays de l’Est ; ils lui rendent hommage comme au seul auteur à avoir aperçu la réalité concrète de leur condition, jusque dans ses bruits et ses odeurs – et c’est Georges Orwell. Aleksander Nekrich résume bien cette opinion : « Georges Orwell fut peut-être le seul écrivain occidental qui ait réussi à comprendre la nature profonde du monde soviétique. » Czeslaw Milosz et beaucoup d’autres formulèrent un jugement semblable. Et pourtant, 1984 est un ouvrage de fiction – une projection imaginaire, avec une Angleterre future comme toile de fond.
L’incapacité occidentale à comprendre la réalité soviétique et toutes ses variantes asiatiques n’étaient pas due à un manque d’information (celle-ci fut toujours abondante) : ce fut un manque d’imagination.(...)"
Simon Leys, Commentaire printemps 2008, p. 147.09:14 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : simon leys, comunisme totalitarisme, réalité, georges orwell, 1984, urss
23/05/2008
Friday wear
20:44 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : adriana à la plage
Homo metis metis ou le culte du nouvel être suprême
L’ouverture inconditionnelle de la France à l’immigration et l’abolition des frontières se sont imposés au fil des ans comme les repères idéologiques majeurs d’une élite bien pensante.
Propagande.
CNCDH : commission nationale consultative des droits de l’homme. Elle réunit une centaine de personnalités françaises issues de quelques associations influentes (SOS racisme, croix rouge, LICRA, MRAP, Ligue des droits de l’homme, HALDE), des hauts fonctionnaires responsables de la presse écrite ou audio-visuelle, des écrivains, des avocats, des magistrats, des dirigeants politiques. Cette élite des élites à l’autorité morale incontestable se prononce sur toutes les grandes questions de société. Son discours sur l’immigration fait autorité, alors même que la nomination de ses membres échappe à tout contrôle du citoyen (contrôle civique).
Cette commission favorise un courant de pensée visant à imposer l’immigration comme un droit fondamental prévalant sur toute considération d’intérêt général et réclame le droit pour l’étranger à l’accès au territoire et le droit au séjour (http://www.cncdh.com). Cette propagande abondamment reprise par nos élites bannit évidemment toute notion de lien historique entre la nation et un territoire (l’idée de sol national étant par définition maudite), et impose l’idée que la France ne saurait être autre chose qu’un espace sans frontières, ouverte à toutes les migrations. Ecoutons Michel Tubiana, président de la Ligue des Droits de l’Homme : « Il faut comprendre que les gens peuvent et veulent se déplacer et s’établir. Le problème est : comment les accueille-t-on et selon quel calendrier ? » (1)
L’ensemble des relais d’opinion (en majorité à gauche, voire l’extrême gauche, est-ce un hasard ?) est en grande partie acquis à cette cause. Les média, la presse locale, et nationale, les milieux associatifs ont développé une éthique de générosité inconditionnelle envers tout ce qui se rapporte à l’immigration.
Le culte du métissage.
L’obsession de l’ouverture et du droit inconditionnel à l’immigration débouche donc sur l’idéal d’une société nouvelle fondée sur le métissage culturel, « horizon inévitable et souhaitable » selon Bernard Stasi. Sous l’impact des flux migratoires, la société se transforme, se renouvelle et un peuple recomposé serait en train de naître.
La culture se définit principalement comme l’ensemble des aspects intellectuels propres à une civilisation, une nation (Petit Robert). Le multiculturalisme est dés lors, en principe, synonyme de la coexistence, dans une même communauté de sources multiples de connaissance, de pensée, de création. Quoi de plus positif en théorie?
Cette apologie de l’ouverture, qui imbibe le discours officiel sur l’immigration n’a pourtant de sens que dans une société capable de tracer une séparation claire entre respect de la personnalité des migrants et repli identitaire. Comment empêcher la pluralité de dégénérer en fragmentation ? Comment concilier la tolérance et l’interdit (en principe) absolu de certaines pratiques, coutumes importées (polygamie, mutilation sexuelle, port imposé du voile, mariage imposé, soumission de la femme) ? La diversité ne se conçoit pas sans unité, sans valeurs partagées, sans le sentiment d’un destin commun, sans ordre ni autorité ; Sinon elle bascule dans l’atomisation et la haine. Or derrière ce doux rêve du métissage culturel, c’est bien souvent le cauchemar de la fragmentation, de la balkanisation, qui se profile.
La classe dirigeante Française, les média et la presse se complaisent depuis des années dans la sublimation de la France black-blanc-beur. Le travail de persuasion- de propagande- est intense, massif. Il est question non seulement de l’équipe black-blanc-beur, mais aussi de l’entreprise, de la télévision, de la culture, de la musique, de l’école, de la police black-blanc-beur ; « il y a encore beaucoup de travail à faire pour que la France black-blanc-beur soit une réalité au dela des grandes victoires du foot » déclare JF Coppé, ancien porte parole du gouvernement sur Radio J. (2)
Or, chose surprenante et ambigu, ce mythe du métissage culturel, qui se veut la parfaite antithèse du racisme, place la couleur de la peau (même mélangée) au centre de son identité, et non pas seulement une coexistence bien heureuse de cultures diverses.
Quand Foddé Sylla, ex président de SOS racisme, écrit dans Le Monde : « la République blanche, c’est fini » (3), non seulement il se trompe car la République, comme la France, n’a jamais été blanche, car elle ne reconnaît aucune « distinction d’origine, de race ni de religion », mais il exalte lui aussi la couleur de peau comme clef de l’identité culturelle. Concept éminemment raciste et ouvrant la voie à une structuration de la société Française sur la reconnaissance d’identité ethnique.
Quel journaliste, quel homme politique, quel écrivain pourrait déclarer sans conséquence (à tort ou à raison d’ailleurs) que l’immigration telle qu’on la conçoit dans ce pays n’est pas une chance ? Ce thème est depuis longtemps tabou, sanctuarisé, placé au dessus de tout débat de fond.
Sortir du credo immigration, clef de l’avenir, du renouveau, de la régénération" avec son corollaire de France black-blanc-beur, c’est s’exposer illico à un tir de barrage massif et destructeur et à la réductio ad Hitlerum, chère à Leo Strauss, qui identifie toute opinion déviante à l’extrême droite raciste. Démonisation et éviction de toute réflexion constructive.
Cette question de l’immigration est le lieu privilégie du divorce entre les élites et la Nation. Un forte proportion de Français voyant en effet dans l’immigration, non pas une chance, mais une menace, à rebours du matraquage opéré par les autorités nationales et européennes. (Dans Le Monde du 15 décembre 2005, la part de Français estimant le nombre d’étrangers trop important atteint 63% ; sondage TNS Sofres)
Ce qui renforce bien sur la classe dirigeante dans sa mission de régénération de la Nation rebelle.
Ainsi voit-on la création d’un musée de l’Immigration, porte Dorée, dont la mission, financée par le contribuable, n’est pas culturelle mais bien de façonner l’opinion publique selon l’idéologie dominante.
Le matraquage et la stratégie de diabolisation de toute opinion déviante (de tout citoyen déviant/ cf. les affaire récentes G Frêche et P Sevran) semblent se retourner contre le message d’une immigration heureuse, comme si la conscience populaire, confrontée aux réalités de terrain (que fuient bien sur nos élites et leurs familles vivant dans quelques sanctuaires sécurisés), résistait obstinément à une œuvre de propagande maladroite et contre-productive.
Négation de l’autorité de l’Etat.
Deux réformes , la loi Debré du 24 avril 1997 et la loi Chevènement du 12 mai 1998, fruits de la crise des sans papiers (on remarquera l’intérêt de ce néologisme qui fait passer des migrants illégaux- donc sans papiers de séjour en règle- pour des victimes…), font basculer le système Français. Ces réformes mettent en place un dispositif de régularisation «de droit » pour les migrants clandestins et suppriment de facto l’obligation de demander un visa de long séjour dans un consulat de France, avant d’entrer en France à des fins d’immigration.
Le droit individuel à l’immigration, conformément à l’idéologie dominante, s’impose sur celui de l’Etat à maîtriser l’accès au territoire national., marquant ainsi la négation de l’autorité de l’Etat -donc du citoyen- sur toute politique d’immigration.
(1) L’Humanité, 5 mars 2003, cité par M Tandonnet, Immigration, sortir du chaos. Flammarion, p.28.
(2) Cité par M Tandonnet, op cité.
(3) Le Monde, 10 décembre 2005, archives.
(Post écrit il y a un peu plus d'un an mais plus que jamais d'actualité...)08:45 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : métissage, racisme, ethnomasochisme, indigence intellectuelle, diabolisation, flics de la pensée