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17/06/2007

Reichstag 1945.

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e73c83d8222c1f54c1ab3d48af0e072b.jpgCélèbre photo du correspondant et photographe de guerre russe, Evguéni Khaldei, lors de la prise du Reichstag par des soldats russes le 2 mai 1945.
La photo originale (en haut) montre un soldat russe portant une montre bracelet à chaque poignet...
La photo retouchée (en bas) par les services Soviétiques, et qui passa à la postérité, montre le même soldat avec une seule montre au bras gauche.

15/06/2007

Roman

 En 1066, après la bataille de Hastings, il ne reste en Angleterre aucun édifice entier datant de la période saxonne et très peu d’églises antérieures à 1066 subsistent sur le continent. Les Normands qui débarquèrent en Angleterre apportèrent avec eux un style de construction très évolué qui s’était récemment formé en Normandie et ailleurs. Les nouveaux maîtres de l’Angleterre, seigneurs laïcs et ecclésiastiques, affirmèrent bientôt leur puissance en faisant construire des abbayes et des églises. Le style de ces constructions est connu en Angleterre sous le nom de style normand et, sur le continent, sous le nom de style roman. Il fleurit pendant plus d’un siècle à dater de l’invasion normande.

Il n’est guère facile d’imaginer aujourd’hui, dans le fracas de notre monde moderne, tout ce que représentait une église pour les hommes de cette époque lointaine. Seuls, quelques vieux villages du fin fond de la campagne peuvent nous en donner une idée. L’église était souvent l’unique édifice de pierre à des kilomètres à l’entour, c’était le seul édifice important de toute une région et sa tour guidait de loin les voyageurs ou les pèlerins. Chaque dimanche, tous les habitants de la localité s’y réunissait pour les offices ; le contraste entre le haut édifice et les habitations primitives ou ces gens passaient leur vie devait avoir quelque chose d’écrasant. Rien d’étonnant si toute la communauté s’intéressait à la construction de l’église et tirait orgueil de sa décoration. Même au point de vue économique, la construction d’un sanctuaire, qui durait des années, devait transformer la ville entière. L’extraction et le transport des pierres, l’installation des échafaudages, l’embauche d’artisans itinérants, qui apportaient avec eux des récits de régions lointaines, tout cela devait être, en ces temps reculés, un événement exceptionnel.

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Des siècles d’obscurité -relative- n’avaient pas effacé le souvenir des églises primitives, les basiliques, et des formes d’architecture employées par les Romains. Le plan adopté était généralement le même : une nef centrale conduisant à une abside ou chœur, flanqué de deux ou quatre bas-côtés. Parfois, certaines adjonctions venaient enrichir la simplicité de ce plan. L’idée plut à certains architectes de construire des églises en forme de croix, et c’est ainsi qu’ils ajoutèrent, entre le chœur et la nef, ce que l’on nomme un transept. Malgré la parenté du plan, l’impression générale produite par une église romane ou normande est bien différente de celle d’une basilique. Dans les basiliques primitives,  des colonnes classiques portent un entablement horizontal. Dans les églises romanes et normandes, on rencontre le plus souvent des arcs en plein cintre reposant sur des piliers massifs. L’impression d’ensemble, à l’intérieur comme à l’extérieur,  est celle d’une force tranquille. Peu de décors, peu de fenêtres, de solides murs pleins et des tours qui font penser aux forteresses contemporaines.

Ces puissantes masses de pierre élevées par l’Eglise, presque comme un défi, dans des pays d’agriculteurs et de guerriers récemment convertis, sont comme un véritable symbole de l’Eglise militante. Elles rappellent qu’en ce monde, le devoir de l’Eglise est de combattre les puissances de ténèbres, jusqu’à l’heure du jugement dernier.

 

(photo: abbaye de Durham, Angleterre)

06/06/2007

Six jours de désinformation.

L’avantage avec Radio France, c’est que l’on est rarement déçu ; le quarantième anniversaire de la guerre des Six jours qui opposa Israël à une coalition de pays arabes fut l’occasion, une fois de plus, d’illustrer le manque d’objectivité, voire la volonté de désinformer de la rédaction de France Inter. (1) « Une guerre qui n’a rien réglé », « une victoire qui n’en est pas une », etc., nous disent Mr Demorand et ses épigones, avant de nous révéler pieusement la déclaration fort irénique de Marouane Barghouti, (leader historique du Fatah condamné à perpétuité par la justice Israélienne pour plusieurs meurtres), sur « son espoir de vivre un jour en paix avec nos voisins ». Chaque intervention du sieur Demorand était sous-tendue par le principe de la culpabilité inconditionnelle d’Israël.

- coupable d’avoir déclenché les opérations militaires. Peu importe si la coalition arabe, bien plus puissante, était à la veille d’envahir l’état juif (la fermeture du détroit de Tiran -ainsi que le retrait des casques bleus et la militarisation du Sinaï - pouvant être considérée comme un acte de guerre, ce qui invalide le concept de « guerre préventive »), lui faisant courir un risque vital.

- coupable d’avoir gagné cette guerre de façon écrasante et inattendue, au regard des forces en présence. Ce qui n’est pas poli. Nulle interrogation sur ce qui serait advenu des israéliens (tout au moins des israéliens juifs) si la coalition arabe l’avait emporté. Il suffit de relire les déclarations des leaders arabes de l’époque pour saisir la menace réelle d’un nouvel holocauste au Proche-Orient. « J'ai demandé à des familles aux Etats-Unis de me montrer les lettres que leur envoyaient à l'époque leurs proches vivant en Israël. J'en ai lu près de 500. Presque toutes, en 1966 et 1967, mentionnent la crainte d'un nouvel holocauste. C'est la grande peur, une panique sincère de la destruction imminente, qui s'infiltre dans tous les recoins de la société. » (2)

- coupable d’avoir occupé les territoires conquis lors de cette guerre, comme s’il n’y avait aucun précédent de cette nature dans l’histoire de l’humanité, et pas seulement au Proche-Orient, comme si nos propres frontières étaient restées immuables depuis deux millénaires, malgré les guerres et les occupations successives…

- coupable finalement d’exister ? Sachant que l’antisionisme militant d’une bonne partie de nos progressistes n’est bien souvent que l’habit neuf d’un bon vieil antisémitisme peu avouable. Le fameux axe rouge-vert-brun décrit par Alexandre Delvalle.

François Furet avait coutume de dire que certaines questions historiques sensibles , la Révolution Française par exemple, nécessitent un permis d’étudier, une sorte de licence délivrée par les gardiens du dogme, sans lesquels il n’est pas question de prendre part au débat. Montrer patte blanche, en quelque sorte. C’est le cas d’Israël et des guerres Israélo-arabes : il n’est d’agresseur qu’ Israël et de victimes que « les palestiniens », dit la doxa. Et pour que les choses soient claires, il faut donc préciser que je ne suis ni juif, ni Israélien, ni sioniste, mais seulement sensible au manque d’objectivité habituel de nos média.

Contexte.

Dans les années précédant la guerre la situation du jeune état juif est difficile : régression économique et solde migratoire négatif. L’âge d’or d’Israël, après deux guerres victorieuses (1948 et 1956), et une période marquée par le dynamisme démographique, scientifique et économique, est bien terminé. Du coté arabe, l’existence même d’Israël est un casus belli permanent depuis 1948 et la totalité des dirigeants des pays arabes ne font pas mystère de leur volonté (déjà) de rayer Israël de la carte ; pas de meilleur exemple du sentiment général de la rue arabe et des dirigeants arabes que cette déclaration faite à Radio Damas, le 28 mai 1967 : « L’existence d’Israël est une erreur qu’il faut rectifier ; Voici enfin l’occasion d’effacer la honte qui s’est abattue sur nous depuis 1948 : notre objectif est clair :rayer Israël de la carte » (3) Même la suave chanteuse égyptienne Oum Kalsoum chauffait alors les masses du Caire avec un hymne dont le refrain était « Adbah » (« égorge ! »). Ou encore le président égyptien Nasser : « notre objectif sera la destruction d'Israël. Le peuple arabe veut se battre. » 

La guerre des six jours est le résultat d’une succession d’erreurs de la part des grandes puissances, de fausses rumeurs entretenues par les Soviétiques, de leur menace d’intervention directe contre Israël, de l’abandon d’Israël par la France qui imposa un embargo sur les armes au moment le plus critique pour lui, des tergiversations craintives des Européens et de l'ONU ainsi que des déclarations génocidaires d’une multitude de dirigeants du monde arabe. Les Soviétiques, en faisant accroire aux Syriens de la réalité d’une concentration de troupes israéliennes à leurs frontières, précipitent la mobilisation de l’Egypte, allié des Syriens, qui obtient du secrétaire général de l’ ONU, U Thant, le retrait des casques bleus de la frontière avec Israël. "La diplomatie française commit la même erreur que celle de la Yougoslavie et de l'Inde: les délégués de ces deux pays aux Nations Unies poussèrent U Thant à donner le plus vite possible satisfaction au président Nasser, c'est-à-dire à retirer les casques bleus et, du même coup, à mettre en mouvement la machine infernale." (4) 

La remilitarisation du Sinaï et le retrait de la force d'interposition de l'ONU contreviennent directement aux arrangements prévus lors du réglement de la crise de Suez en 1956.

Mais c’est bien la fermeture du détroit de Tiran (accès au seul port israélien sur la mer Rouge –Eilat- duquel dépendait l’approvisionnement en pétrole d’Israël), donc la fin de la liberté de circulation dans le golfe d'Aqaba, qui constitue le casus belli en contrevenant au droit international en vigueur. Dans cette stratégie de tension, volontairement entretenue par l’URSS, pour renforcer sa position anti-impérialiste acquise auprès des pays arabes après l’affaire de Suez en 1956, Israël fait donc face à une coalition arabe regroupant l’Egypte, la Syrie, le Liban, l’Algérie, le Maroc, le Koweït, l’Arabie Saoudite, le Jordanie, le Soudan et l’Irak, qui, tous, proposent d’envoyer des troupes et du matériel militaire. Pour certains (5), ce sont les installations nucléaires israëliennes de Dimona (et la possibilité pour l'Etat juif de disposer de l'arme nucléaire) qui seraient à l'origine de cette guerre, l'URSS ayant maneuvré pour provoquer un conflit entre Israël, l'Egypte et la Syrie à l'occasion duquel l'aviation russe aurait détruit le potentiel nucléaire israëlien.

Les armées de cent millions d’arabes contre un état de trois millions d’habitants.

Les forces en présence sont les suivantes : 840 avions arabes contre 280 israéliens, 1650 blindés contre 800, 285.000 hommes (plus 120.000 réservistes) contre 71.000 hommes (et 275.000 réservistes). C’est à ce moment là que la France et l’Angleterre (après la défection de l’ONU et la réserve des USA engagés en Asie) choisissent pour faire savoir aux israéliens qu’ils considèrent comme caduque la déclaration franco anglo-américaine de 1950 garantissant le statut frontalier au Proche-Orient…

Fait important, ces actions belliqueuses furent entreprises alors qu’Israël n’occupe encore aucun territoire appelé aujourd’hui occupé: ni au Golan (Syrien), ni en Cisjordanie (Jordanienne), ni au Sinaï (Egyptien), ni à Gaza (Egyptien), ni à Jérusalem Est (Jordanien) : le conflit ne pris donc pas naissance à cause d’une quelconque occupation, mais bien d’un rejet de l’idée même de l’existence d’un état juif au Proche-Orient. Il faut donc insister sur le fait qu’avant 1967, l’Egypte ne pensait nullement rendre Gaza qu’elle occupait et dont nul « peuple palestinien » ne pensait alors à revendiquer la possession, de même que la Jordanie ne pensait pas davantage à rendre la Cisjordanie que personne curieusement ne qualifiait « d’occupée ». Ces terres devenaient palestiniennes du seul fait d’être passées entre des mains israéliennes. Le monde arabo-musulman faisant ainsi de « la cause palestinienne » le fer de lance ou l’emblème de son refus d’Israël, en tant que souveraineté juive. Autrement dit, une terre devenue islamique (par conquête) peut elle supporter de retrouver (par conquête) sa souveraineté juive antérieure ? Ecoutons Raymond Aron dans le Figaro du 4 juin 1967 : « Que le président Nasser veuille détruire ouvertement un Etat membre des Nations Unies ne trouble pas la conscience délicate de madame Nehru.(…) Si les grandes puissances, selon le calcul froid de leurs intérêts, laissent détruire ce petit état qui n’est pas le mien, ce crime, modeste à l’échelle du nombre, m’enlèverais la force de vivre et je crois que des millions et des millions d’hommes auraient honte de l’humanité. »

Blietzkrieg.

La suite, on la connaît ; le 4 juin 1967, les pleins pouvoirs furent attribués à Moshé Dayan, alias le diable borgne, qui déclencha l’offensive le 5 juin au matin, anéantissant en quelques heures toutes les armées arabes qui encerclaient Israël, occupant le Sinaï jusqu’au canal de Suez, Charm el Cheikh, la bande de Gaza, les hauteurs du Golan et la Cisjordanie avec Jérusalem Est. La guerre dura six jours, fit 275 morts et 800 blessés israëliens contre plus de 10.000 morts pour la seule armée égyptienne. On retrouve un différentiel de pertes proche des chiffres affichés par les historiens de l'antiquité à propos des guerres médiques (Salamine en particulier). (6)

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Remarques.

- la victoire écrasante d’Israël transforma son image de petit état vulnérable face à une gigantesque coalition en celle d’une armée invincible, et corollairement fit jouer aux arabes le rôle de David, auparavant dévolu à l’état juif. Cette victoire éclair, mettant de facto un million d’arabes sous l’administration du vainqueur, suscita un sentiment d’unité nationale qui n’existait pas auparavant et qui permit à Yasser Arafat, leader du Fatah, la principale faction de l’OLP, de lancer une guerre de libération nationale sous forme d’une campagne terroriste. Ce que la plupart des gens présument être la cause du conflit israélo-arabe, soit l’occupation israélienne du Golan, de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem Est, est en fait la conséquence de ce bref et intense conflit.

- terrorisme et colonisation.

Les Arabes Palestiniens ont été les témoins privilégiés du terrorisme juif, lorsque les sionistes de l’Irgoun firent sauter le 22 juillet 1946 à Jérusalem une aile entière de l’hôpital du roi David dans laquelle était installée le quartier général des forces Britanniques et faisant 110 victimes Anglaises. Ou lorsque les sionistes du groupe Stern assassinèrent le 17 septembre 1948 le comte Folke Bernadotte, médiateur de l’ONU, et l’un de ses collaborateurs, le Français André Sérot. Camions piégés, bombes camouflées sur un marché ou à un arrêt d’autobus : les terroristes juifs avaient déjà tout inventé, sauf l’attentat suicide qui sera, à partir du milieu des années 1990, une innovation et une exclusivité islamiste.

Dés le lendemain de la guerre, en septembre 1967, les Israéliens implantent leurs premières colonies sur les territoires conquis: la Cisjordanie, le Golan, la bande de Gaza et Jérusalem Est. Commencée pour des raisons avant tout sécuritaires, la colonisation s'intensifie en 1977 avec l'arrivée au pouvoir de la droite, le Likoud. Elle est alors légitimée par une interprétation religieuse du sionisme, notamment en Cisjordanie, désignée comme la Judée-Samarie biblique. Malgré la signature des accords d'Oslo en 1993 (qui prévoyaient le gel de nouvelles implantations), la colonisation de cesse de s'intensifier: entre 1993 et 200, le nombre de colons passe de 248.000 à 390.000 dans les territoires "palestiniens". Toutefois le désengagement décidé par Sharon en 2005 à liquidé la présence Juive dans la bande de Gaza.

- qui croire?

Sur les origines du conflit, le travailliste Ytzhak Rabin, à l'époque chef d'état-major de l'armée, a démenti la version officielle de l'armée: "Je ne pense pas, a-t-il dit, que Nasser voulait la guerre; Les deux divisions qu'il envoya dans le Sinaï, le 14 mai, n'auraient pas suffi pour lancer une offensive contre Israël. Il le savait et nous le savions." Même son de cloche de la part dugénéral Matiyahou Peled: "La thèse selon laquelle le génocide était suspendu sur nos têtes en juin 1967, et qu'Israël combattait pour son existence physique, n'était qu'un bluff!" Enfin, de la bouche même du premier ministre d'alors, Lévi Eshkol: "Le déploiement militaire Egyptien dans le Sinaï, à la veille de la guerre, était d'ordre défensif." (2)

- fin du panarabisme et essor du radicalisme islamique.

Nombre d’historiens considèrent pourtant que cette guerre était inévitable, Israël étant trop vulnérable pour ne pas attaquer « préventivement » . L’erreur fut sans doute, après avoir vaincu le danger principal (l’Egypte et son aviation en particulier), d’envahir et d’occuper durablement la rive ouest du Jourdain et Jérusalem-Est, alors même que le roi Hussein de Jordanie semblait prêt à une paix durable contre la rétrocession de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Au quatrième jour de guerre, l’Egypte, la Jordanie et la Syrie acceptèrent un cessez-le-feu, qu’Israël rejeta, dans l’euphorie de la victoire, envahissant le Golan Syrien. Et ce malgré l’opposition de Moshé Dayan qui craignait une intervention militaire de l’URSS. Cette victoire, par le sentiment de toute puissance qui anime alors le pays, offre sans doute un second souffle au sionisme ; Et longtemps, jusqu’à la grande claque de la guerre du Kippour (octobre 1973), les israéliens se répétaient cette boutade : « Qu’est-ce qu’on fait à midi ?- On envahit le Caire !- D’accord, mais qu’est-ce qu’on fait dans l’après-midi ? » (8) Paradoxalement, la guerre des Six jours à contribué à l’isolement de ce pays, à substituer aux racines européennes (notamment Françaises) et à l’ouverture antérieure au monde un lien exclusif avec les USA.

L'islamisme est l'autre vainqueur de la guerre ses Six Jours : le conflit de juin 1967 n'a pas seulement été marqué par la victoire de l'armée israélienne sur les forces militaires égypto syro jordaniennes. Il a provoqué la chute de l'arabisme au profit de l'islamisme au Proche-Orient. Ce nationalisme arabe était fondé sur l'idée de nation, l'unité de langue et de civilisation étant le ciment de l'union des peuples arabes, remplaçant ainsi l'unité de religion. Pour le monde arabe, la défaite de juin 1967 a ainsi signifié la fin du Nassérisme, c'est-à-dire de l'alliance du nationalisme panarabe et du progressisme tiers-mondiste pro-soviétique, la fin de ce courant nationaliste laïc et modernisateur. Le seul projet unificateur de l'oumma est désormais l'islam radical. Ainsi discrédité, l'arabisme sombre avec les armées arabes ; bientôt, l'islamisme, le pétrole et la résistance palestinienne seront le moteur du monde arabe.

(1) http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septneuftrente/index.php?id=56535

(2) Tom Segev, Six jours qui ont changé le monde, Denoël 2007, p 25.

(3) David Kimche, Dan Bowly, Israel face aux arabes. Hier, demain, aujourd'hui, Artaud 1968, p56.

(4) Raymond Aron, De Gaulle, Israel et les Juifs, Plon 1968, p.44.

(5) http://fr.danielpipes.org/article/4595

(6) Lire en particulier le récit de cette blitzkrieg par Pierre Hazan:  La guerre des Six jours, la victoire empoisonnée; Editions complexe, 1989.

(7) Jacques Derogy, Israel, la mort en face, Robert Laffont 1975, p.191.

(8) Gilles William Goldnadel, Le nouveau bréviaire de la haine, Ramsay 2001.

 

02/06/2007

What else?

amis lecteurs, je ne saurai trop vous conseiller la découverte des (trop rares) billets de TODOMODO, sur son EXCELLENT blog, MOS MAIORUM , déja référencé dans ma blogosphère: http://todomodo.unblog.fr/ 

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31/05/2007

Que faut-il dire aux hommes?

« On ne peut plus vivre sans poésie, couleur, amour. Rien qu’à entendre un chant villageois du XVème siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot et de la propagande. » Saint-Exupéry.

29/05/2007

La guerre civile européenne.

Dans un post précédent je faisais référence à la notion de « guerre civile Européenne » pour qualifier les deux guerres mondiales. C’est une référence qui peut effectivement paraître surprenante au premier abord ; Mais il y a un moment déjà, qu’après avoir lu Ernst Nolte et Dominique Venner, j’ai fait mien ce concept, tant il me paraît juste. Et je vais essayer de le clarifier.

« Il y avait déjà longtemps, écrit Voltaire en 1751, que l’on pouvait regarder l’Europe comme une espèce de Grande République, partagée en plusieurs états, les uns monarchiques les autres mixtes, mais tous ayant un même fond de religion, tous ayant les mêmes principes de droit public et de politique inconnus dans les autres parties du monde. Ces par ces principes que les nations Européennes ne font point esclaves les prisonniers, qu’elles respectent les ambassadeurs de leurs ennemis et qu’elles s’accordent surtout dans la sage politique de tenir entre elles une balance égale de pouvoir. » (cité par Dominique Venner, Le siècle de 1914, p ;9)

Au lendemain des deux guerres, il ne restait plus en Europe que les ruines de son ancienne civilisation, tandis que s’imposait la domination sans partage de puissances étrangères, le démocratisme libéral Anglo-saxon et le communisme Soviétique (l’Europe gouvernée ici par des sénateurs américains, là par des commissaires soviétiques, selon le mot célèbre de Raymond Aron) ; La première guerre mondiale ayant sonné le glas des trois empires (Allemand, Austro-Hongrois, Russe) et des aristocraties qui charpentaient l’Europe, la seconde celui des mouvements révolutionnaires fasciste et national-socialiste.

Voltaire lorsqu’il évoque cette « Grande République » illustre bien la conscience que des hommes éclairés avaient déjà à cette époque d’une appartenance européenne, très antérieure au concept moderne d’Europe, d’une identité commune, d’une communauté de culture grecque, celte, romaine, franque et chrétienne.

Mais c’est Ernst Nolte (La guerre civile Européenne, 1917-1945) qui développe le premier ce concept de « guerre civile Européenne », en partant du constat que la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917 en créant une situation totalement inédite (un parti/ état minoritaire animé d’une puissante idéologie prenant seul le pouvoir dans un grand pays et prêchant une guerre civile à l’échelle nationale et internationale), en exprimant l’intention, crédible, de bouleverser radicalement le monde entier, a provoqué une réaction en chaîne dont est, en partie, sorti le nazisme. Pour Nolte, c’est cette peur de la révolution communiste- perçue comme révolution antinationale- qui a provoqué l’émergence d’un vaste mouvement contre-révolutionnaire et antibolchevique, dont les nationaux-socialistes étaient un des groupes les plus radicaux. Nolte, qui fut diabolisé et ostracisé en Allemagne par une certaine gauche et extrême gauche pour cette théorie dite du « nœud causal », mais aussi parce qu’il osa comparer communisme et fascisme (normal  Italien ou radical Allemand, selon sa distinction) en arguant de leur nature totalitaire commune, fut rejoint secondairement par François Furet : « ce type d’interprétation comporte une part de vérité, dans la mesure ou la peur du communisme a nourri les partis fascistes, mais à mon sens seulement une part : car elle a l’inconvénient de masquer ce que chacun des régimes fascistes a d’endogène et de particulier au bénéfice de ce qu’ils combattent en commun. » (Fascisme et communisme, commentaire/Plon, P.45)

En déclarant la guerre civile mondiale, Lénine a inauguré un processus incontrôlable, lui même induit en partie par la première guerre mondiale et le gigantesque traumatisme -ensauvagement- qu’elle a provoqué au cœur de cette société Européenne.

C’est cet enchaînement funeste –première guerre mondiale, naissance de ce parti/ état bolchevique de la guerre civile, émergence des mouvements contre révolutionnaires fascistes devenant à leur tour des partis/ états de guerre civile et internationale- qui constitue cette guerre civile Européenne qui prend fin en 1943 et 1945 avec l’écrasement du fascisme Italien et du fascisme Allemand. Cette guerre civile européenne, décrite et analysée par Nolte, est devenue après 1945, une guerre civile mondiale qui n’a pris fin qu’en 1991 avec l’implosion du système soviétique.

 

Jacques Bainville.

« Les vieux se répètent et les jeunes n'ont rien à dire. L'ennui est réciproque. »

26/05/2007

Judas, traîtres et transfuges : girouettes et immobiles…

« Eric Besson, le transfuge récompensé. »(Le Point, 18/05/2007)

« Besson, le traître étalon. » (Libération, lundi 23 avril 2007)

« Il faut rappeler que le 6 mai, Ségolène Royal, battue, avait téléphoné à Nicolas Sarkozy d'une part pour le féliciter, d'autre part pour lui glisser sa colère d'avoir vu l'UMP "récupérer" Eric Besson  qu'elle surnomme en privé "Judas"»  (http://www.europe1.fr)

A l’automne 1815, peu après la deuxième Restauration, au lendemain des Cent-Jours et de Waterloo, parut un Dictionnaire des girouettes. On en était au douzième changement brutal de régime et de pouvoir depuis 1789. Le dictionnaire réunissait les biographies d’hommes politiques célèbres, de hauts fonctionnaires, d’académiciens, d’évêques ou de généraux en activité depuis la Révolution. Rappelant leurs discours ou leurs serments après divers retournements, chaque reniement étant figuré par une girouette. Ce dictionnaire comptait un millier de nom, dont Talleyrand ou Fouché, qui comptabilisaient chacun le chiffre record de douze girouettes ! La moyenne étant de trois…

Peu de temps plus tard, devant le succès de ce premier ouvrage, parut un Dictionnaire des immobiles , c’est-à-dire des personnages qui ne s’étaient jamais reniés ! L’auteur eut les plus grandes difficultés à trouver trente noms, dont un seul était célèbre, la marquis de La Fayette.

                                            *

« Vers 1935, on commence à s’agiter dans le rôle d’un petit jeune homme de l’Action Française. On est cagoulard en 1938, pétainiste pur et dur jusqu’à la fin de 1942, résistant l’année suivante ; Et l’on termine son parcours dans la peau d’un président socialiste de la république Française. » (Dominique Venner, Le siècle de 1914, p21)

Nombre de communistes engagés dans la lutte « anti fasciste », en 1939, serraient des boulons chez Messerschmitt en Allemagne, quelques mois plus tard…ou sabotaient l’effort de guerre Français avant qu’Hitler ne s’avise d’envahir l’URSS. Avant d’être célébrés comme des libérateurs durant l’été 1944.

Les mêmes Parisiens acclamèrent le Maréchal Pétain en avril 1944 et le Général de Gaulle quatre mois plus tard…

                                            *

En matière d’opinions, la plupart des hommes sont des caméléons pratiquant, sans état d’âme, des fidélités successives. Et l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Soumise aux modes et aux puissances qui, par chance, peuvent changer.

L’issue des deux guerres civiles qui se déroulèrent de 1914 à 1945 a décidé pour longtemps de l’avenir des Européens, de la forme de leur société et de leur s représentations. Or ces guerres auraient pu tourner autrement. Il s’en est même fallu de peu que les vainqueurs ne soient les vaincus. Si le sort des armes avait été différent, nous vivrions aujourd’hui dans un monde totalement autre, et les valeurs qui nous semblent respectables ou sacrées seraient ridiculisées ou oubliées au profit d’autres valeurs qui nous semblent haïssables et condamnables…La morale n’a rien à voir à cela, tant elle s’aligne sur les jugements et l’intérêt des vainqueurs. Et, à toutes les époques, seuls de rares esprits indépendants et téméraires, prennent le risque de penser librement contre l’opinion commune.

 

13/05/2007

Fontevraud

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Un monde disharmonieux?

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En septembre 1966, Martin Heidegger accorda un long entretien au Spiegel. Il fut publié dix ans plus tard au lendemain de la mort du philosophe. (1) Alors qu’Heidegger évoquait les rapports entre les hommes et l’« être de la technique », ses interlocuteurs lui demandèrent :

« Spiegel : On pourrait vous opposer tout à fait naïvement ceci : qu’est-ce qu’il s’agit de maîtriser ici ? Car enfin tout fonctionne. On construit toujours davantage de centrales électriques. La production va son train ; Les hommes, dans la partie du monde ou la technique connaît un haut développement, ont leurs besoins bien pourvus. Nous vivons dans l’aisance. Qu’est-ce qu’il manque ici finalement ?

MH : Tout fonctionne, c’est bien cela l’inquiétant, que ça fonctionne, et que le fonctionnement entraîne toujours un nouveau fonctionnement, et que la technique arrache toujours davantage d’hommes à la Terre, l’en déracine ; Je ne sais pas si cela vous effraye ; moi, en tous cas, je suis effrayé de voir maintenant les photos envoyées de la lune sur la Terre. Nous n’avons plus besoin de bombe atomique ; Le déracinement de l’homme est déjà là. Nous ne vivons plus que des conditions purement techniques, ce n’est plus une Terre sur laquelle l’homme vit aujourd’hui…

Spiegel : Qui sait si c’est la destination de l’homme d’être sur cette Terre ?

MH : D’après notre expérience et notre histoire humaines, pour autant que je sois au courant, je sais que toute chose essentielle et grande a pu seulement naître du fait que l’homme avait une patrie et qu’il était enraciné dans une tradition… »

S’il fut un temps ou le savoir scientifique et le progrès étaient, au moins en occident, considérés par presque tous comme la garantie d’un monde, d’un avenir meilleurs, il faut accepter qu’ils puissent être considérés aujourd’hui comme des motifs d’inquiétude .A l’augmentation alarmante de la démographie mondiale, s’ajoutent la crainte du développement incontrôlé de la pollution de la planète, de la prolifération nucléaire, du gaspillage des ressources naturelles et la hantise de manipulations génétiques et de biotechnologies portant sur (ou touchant directement) les hommes eux-mêmes.Sans pour autant céder à l’utopie de la « décroissance », très tendance actuellement, et abondamment instrumentalisée par la mouvance communiste/ progressiste reconvertie habilement en un anti mondialisme de façade, il est difficile d’imaginer ce qui pourrait contrarier la course en avant de cette « société technicienne » qui inquiétait Heidegger. Nombreux sont ceux qui considèrent que les Hommes ne sont pas de taille et qu’un destin Faustien ou Prométhéen leur est promis…

« Dans la théogonie d’Hésiode, Prométhée est un titan que son orgueil conduit à braver les dieux et l’ordre du monde. Ayant dérobé le feu de l’Olympe, source de puissance, il offre aux hommes ce cadeau empoisonné ; En punition, il est enchaîné à un rocher alors qu’un aigle (l’oiseau de Zeus) lui dévore le foie. » (2)

 

La métaphore est limpide et illustre l’un des fondements de l’esprit Grec qui condamne la démesure (hubris ou hybris) comme faute suprême, celle qui met en péril l’ordre de l’univers. Etablir l’harmonie entre soi et le cosmos, tel est le maître mot de la sagesse antique d’Homère à Aristote. En conséquence, la mesure règne en toutes choses ; dans la structure de la cité, dans l’architecture des temples, les proportions des statues, à défaut d’être toujours présente dans la vie des individus. Car ceux-ci portent en eux une tendance innée à la démesure qui doit être combattue par l’éducation, l’enracinement dans une cité et de justes lois reflétant elles-mêmes l’ordre du cosmos. Ainsi, aux caprices des opinions subjectives et des emportements de la passion, les philosophes (amis de la sagesse) antiques ont voulu opposer le logos, le discours objectif, la raison, reflet de l’ordre cosmique.

Les Grecs, créateurs des formes supérieures de la civilisation européenne, savaient que la perfection réside dans l’approfondissement plus que dans l’expansion, car elle est inséparable des limites, du fini. Hésiode montre ainsi que le cosmos est devenu ordre et beauté parce que des limites ont été imposées par les Dieux aux débordements destructeurs des forces vitales.

(1)   Martin Heidegger, Réponses et questions sur l’histoire et la politique, Mercure de France, 1988, p.45,47.

(2)   Dominique Venner, Le siècle de 1914, p383 ; Pygmalion 2006 ;

08/05/2007

8 mai 1945.

medium_LAM1CA33T1R5CAOS9DNPCAPZ0QGRCATMABPRCAV5S50XCAEF1DBWCAEWPMUCCA62DM7HCARVBUSPCA9FA3YZCAOAE28MCAWRCTAMCA9DRYBOCAND9R7HCA0O2DTYCA4SBUIYCACEQFQRCAFLH59CCAMUGMC2.jpgmedium_image044.jpg8 mai 1945, fin de la guerre civile européenne.

(Erbo von Kageneck et Hélie de saint Marc)

Que faire si tu n’aimes pas Athènes ?

"Je serais profondément déçu si Nicolas Sarkozy était élu, pour moi, pour tous les travailleurs immigrés, pour tous les gens qui sont obligés au quotidien de prouver qu'ils sont Français, même pour ceux qui comme moi sont nés en France", a-t-il expliqué. Pour autant, Yannick Noah assure qu'il n'entend pas quitter la France en cas de victoire du candidat UMP. "Il faut résister. Je suis plutôt pour la résistance", a-t-il dit. Fin 2005, l'ancien vainqueur du tournoi de Roland-Garros, avait déclaré : "une chose est sûre: si jamais Sarkozy passe, je me casse". Une phrase par ailleurs coupée de l'interview qu'il avait donné à Paris-match. Il était revenu sur ses propos quelques mois plus tard affirmant : "J'ai dit ça sur le coup. En fait, je crois qu'il vaut mieux rester". (avec AP)

Plusieurs mouvements d'extrême gauche, dont la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), ont appelé à la "résistance" après l'élection de Nicolas Sarkozy, sans toutefois donner de consignes spécifiques pour les jours à venir. (Libération, 08/05/07)

Après avoir été condamné à mort, Socrate répond à ceux qui lui conseillent de fuir :

« Toi que l’on dit sage, oublies-tu que l’on doit plus de respect d’obéissance et d’amour à sa patrie qu’à son père et qu’il faut ou bien faire ce qu’elle ordonne, ou bien la persuader de changer d’avis ? Tu n’as pas le droit de désobéir aux lois : car nous qui t’avons donné la vie, l’éducation et l’instruction, nous qui t’avons procuré, ainsi qu’à tous les autres citoyens, tout le bien dont nous étions capables, nous déclarons ceci : quiconque, parmi les Athéniens, ne nous apprécie pas,  peut, quand il a eu connaissance des affaires de la cité et de ses lois, prendre ses biens et s’en aller ou il le désire. Celui d’entre vous qui reste à Athènes alors qu’il connaît la manière dont nous jugeons les procès et dont nous administrons la cité, nous affirmons que dés lors, il a pris l’engagement tacite de nous obéir. »

 

D’après Platon, Criton, 50-51.

 

23/04/2007

L'imposture "anti fasciste".

« Il faudra faire un front contre Nicolas Sarkozy" entre les deux tours de la présidentielle, a déclaré vendredi à Toulouse Dominique Strauss-Kahn, appelant les électeurs de François Bayrou à voter pour Ségolène Royal si elle en lice contre le candidat UMP au second tour. » (1) « Sarkozy est extrêmement compétent. Il porte en lui les meilleures, c'est-à-dire les pires traditions de la bourgeoisie. Ceux qui en doutaient encore peuvent étudier ses dernières déclarations. Elles font très clairement référence à la tradition fasciste française.» (2)

Ces deux courts extraits, l’un du quotidien « de référence », l’autre de la presse communiste orthodoxe illustrent assez bien la persistance du mythe de la lutte anti fasciste par une grande partie de la gauche Française.

Il fut un temps, avant guerre, dans une Europe qui inventa le fascisme (Italien) et la national socialisme (Allemand), ou la lutte anti fasciste fut légitime et représentait un mouvement ,authentique car anti totalitaire, de démocrates versus des régimes révolutionnaires autoritaires. Le malheur est que ce mouvement fut rapidement et habilement récupéré puis instrumentalisé avec succès par la mouvance communiste, au premier plan de laquelle, le parti communiste Soviétique (PCUS), qui part le biais du Komintern organisa efficacement un combat idéologique contre tout ennemi de la révolution Bolchevique. L’imposture de ce positionnement anti fasciste éclata au grand jour quelques mois avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale avec la signature des pactes nazi- soviétique (Molotov- Ribbentrop) qui scellaient l’alliance tactique des deux totalitarismes. Cet événement dramatique et totalement stupéfiant au regard de la prétendue « lutte anti fasciste » de l’internationale communiste, permit à quelques «  idiots utiles » d’ouvrir les yeux (tardivement) sur le caractère totalitaire de cette idéologie qui comptait déjà plusieurs millions de morts criminelles à son actif. Secondairement, après 1945, alors même qu’elle aurait du s‘éteindre avec la mort des fascismes Européens (fascisme « normal » et fascisme « radical » selon la distinction d’Ernst Nolte), cette « lutte anti fasciste » fut constamment réactivée et instrumentalisée par l’Union Soviétique, seule puissance totalitaire parmi les vainqueurs de la seconde guerre mondiale.

L’imposture réside précisément dans le fait que ce prétendu « front anti fasciste » ne fut qu’ « anti fasciste » mais jamais antitotalitaire. « Ce progressisme de combat, instrumentalisé par les maîtres de la propagande communiste va se transformer, après la disparition du régime nazi et de ses alliés, en idéologie politique de substitution. » (3)

Commence alors l’histoire de l’anti fascisme sans fascisme…, ou l’objet de ce combat va être remplacé par une chasse au Mal politique, incarné par les  « puissants », les « dominants », les  « bourgeois », « capitalistes », « contre révolutionnaires », « conservateurs », etc., tous réactionnaires. Ces visages supposés de  « la réaction » sont dénoncés par les milieux « progressistes » comme « fascistes » ou « d’extrême droite », alors même qu’ils ne le sont la plupart du temps nullement. Cette diabolisation extrême de tout ce qui n’appartient pas au camp « progressiste », c’est à dire le camp du Bien, de la Raison, du Progrès et de la Révolution, figurant une « menace fasciste » largement imaginaire va devenir le moteur du  « progressisme » dans la période post nazie, fonctionnant comme un moyen de chantage permanent. L’instrumentalisation réussie de cette imposture idéologique par le totalitarisme communiste  constitue ainsi une doctrine de haine doublée d’un permis de haïr avec bonne conscience, bref, une machine à fabriquer des ennemis absolus.

Or si en démocratie et en temps de paix cette ostracisation de l’ennemi pouvait ne conduire qu’à l’élimination politique ou la mort sociale des mal-pensants, l’histoire du totalitarisme communiste est là pour nous rappeler ce qu’il advint de millions d’ennemis de la révolution durant le XX éme siècle. Cette conviction dogmatique de posséder la vérité et d’appartenir au « camp du Bien », versus le « camp du Mal » incarné en 2007, par l’extrême droite nationaliste de Jean marie Le Pen, et par son « avatar » Nicolas Sarkosy, leader de la droite républicaine, légitime la haine des premiers à l’égard des seconds.

Hormis Sternhell et BH Levy qui considèrent ,de façon rapide, qu’il existe bien une tradition fasciste en France, remontant même avant l’émergence des fascismes Européens (une sorte de préfascisme, de protofascsime) , incarnée par les mouvances d’extrême droite avant guerre (ligues diverses, Action Française, Croix de feu, etc), puis la révolution nationale Pétainiste, l’OAS et le Front National, une majorité d’ historiens de premier plan (Rémond, Furet, Besançon, Renzo de Felice, etc.) s’accordent à penser que la France n’a jamais connu de mouvance fasciste organisée et durable. Emilio Gentile, universitaire italien considéré comme un des meilleurs spécialiste du fascisme italien le définissait ainsi : « Le fascisme est un phénomène politique moderne, nationaliste et révolutionnaire,antilibéral et antimarxiste,organisé en un parti milice, avec une conception totalitaire de la politique et de l’Etat, avec une idéologie à fondement mythique, viril et anti-hédoniste, sacralisée comme religion laïque, qui affirme la primauté absolue de la nation, entendue comme communauté organique, ethniquement homogène, hiérarchiquement organisée dans un état corporatif, avec une vocation belliqueuse, une politique de grandeur, de puissance et de conquête, visant à la création d’un ordre nouveau et d’une nouvelle civilisation. » (5)

Amalgamer aujourd’hui au fascisme la droite républicaine libérale du leader de l’UMP (ou pluraliste et libérale, dite "orléaniste" selon René Rémond) ou la droite nationale populiste du FN (ou Bonapartiste, selon le même historien) est donc évidemment une imposture communément admise à gauche, par ignorance mais surtout par calcul politique. Quand l’ennemi ne peu décemment plus prendre la figure du nazisme, il est alors facile de le réinventer sur la base de quelques caractérisations négatives en puisant dans un stock d’épithètes (« archaïque »,  «rétrograde », « passéiste », «réactionnaire », « de droite », « d’extrême droite », « populiste », « xénophobe », « raciste », « fasciste »,  « libéral », « ultra libéral », « impérialiste »,  « atlantiste », « pro américain », « sioniste », etc.). Si les réactionnaires n’avaient pas existé, les progressistes les auraient inventés… Sans illusion, il faut donc dire et redire à ces esprits bétonnés et Robespierristes en perte de magistère moral et répétant « Le fascisme ne passera pas ! », que le fascisme est bel et bien passé, et qu’il est depuis longtemps un phénomène du passé. Cette vulgate antifasciste fait partie du vaste système d'idées reçues et de mots-slogans tenant lieu de pensée politique à la gauche et à l'extrême gauche, aprés l'échec reconnu du communisme et l'épuisement du modèle social-démocrate.

« L’opium « néo-antifasciste » permet aux « intellectuels de gauche »  les plus invertébrés, désertés par la pensée et le courage, de se supporter eux-mêmes. Leur ressentiment se fixe sur ceux qui sauvent l’honneur de la réflexion libre, dont l’existence même leur porte ombrage. (…) Un utopisme de carte postale tient lieu de pensée prospective. Le culte des bons sentiments et l’épuration magique remplacent les projets ; l’intellectuel délateur reprend du service. » (4)

Si l'antifascsime démocratique fut admirable et le pseudo antifascisme stalinien effroyable, ce néo-antifascisme est pitoyable et peut être considérée à la fois comme un indice de survie d’une culture de combat désuète et comme un révélateur de la situation dans laquelle se trouve la gauche, divisée en profondeur, privée de perspectives d’avenir (car toujours ambiguë quant à sa relation au capitalisme en particulier) et concurrencée par une extrême gauche non moins démagogique s’efforçant de relancer la mobilisation communiste sur la base de l’anti mondialisation.

"La postérité s'étonnera sans doute que les démocraties aient inventé tant de fascismes et de menaces fascistes aprés que les fascismes ont été vaincus. C'est que, si la démocratie tient dans l'antifascisme, il lui faut vaincre un ennemi sans cesse renaissant."  (François Furet, Le Débat n°89, p176)

"On ne saura jamais ce que la peur de ne pas paraitre suffisamment à gauche aura fait commettre de lâchetés à nos Français."  (Charles Peguy, cité par E Brunet, Etre de droite, un tabou Français, p9)

(1) http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-30507544@7-354,0.html

(2) http://www.lescommunistes.net/~infos/docus1/paysreel2005.html

(3) PA Taguieff, Les contre réactionnaires, Denoel 2007, p17.

(4) PA Taguieff, op cit, p.71.

(5) E Gentile, Fascisme, histoire et interprétation. Gallimard 2002.

 

 

20/04/2007

L'anti racisme, communisme du XXI ème siècle.

«  Je ne crois pas pour ma part à une conspiration. Je ne crois pas, par exemple, que d’aucuns, à seule fin d’instaurer ou de laisser s’instaurer la société anti raciste, aient voulu consciemment la mort de la culture, et organisé délibérément son trépas -par exemple en détruisant le système éducatif, et en abandonnant à la télévision la bien nommée in-formation des cerveaux, avec son camembert de parts de marché disponibles. Non je ne crois pas cela. Je ne crois à rien d’aussi soigneusement arrêté. Je crois plutôt, hélas, à d’obscurs mouvements aux tréfonds de l’espèce, soumis aux lois mêmes de la tragédie, à commencer par la première d’entre elles, qui veut que soient exaucés les civilisations et les hommes dont la perte est écrite- ainsi on a voulu que l’éducation soit égalitaire : c’est fait, personne n’apprend plus rien, le ré ensauvagement du monde est en marche.

Ce que je sais en revanche, mais avec certitude, c’est qu’une culture vivante, au sens plein du terme, ne se serait jamais accommodée du triomphe de l’antiracisme, au sens et dans la consistance qu’il a revêtu parmi nous. Un peuple qui sait ce qu’il est- disons qui connaît ses classiques pour aller vite- un tel peuple n’accepte pas de mourir parce qu’on le lui demande, ne consent pas à disparaître pour renaître vidé de lui-même, ne se résigne pas sans résistance à se fondre dans une masse violente, certes, mais officiellement indifférenciée, qui de lui ne conserve un moment que le nom, et ce n’est qu’une humiliation de plus. Un peuple qui sait sa langue, qui connaît sa littérature, qui se souvient de sa civilisation et qui garde en son sein une classe cultivée, des élites (mais certes pas dans la nouvelle acception que les nouveaux maîtres ont donné à ce mot), un tel peuple ne se laisse pas mener à l’abattoir sans se révolter, ni pousser vers les poubelles de l’histoire en remerciant les éboueurs ; ni même ne se laisse-t-il expliquer sans broncher qu’il n’est pas un peuple, et qu’il n’en a jamais été.

L’organisation de l’ignorance, l’enseignement de l’oubli, l’ensauvagement scolaire, l’imbécillisation cathodique étaient absolument indispensables, une condition préalable sine qua non, à l’instauration de la société anti raciste telle que nous la voyons prospérer tristement sous nos yeux. (…)

Entre culture nationale et société anti raciste, il y avait certes incompatibilité radicale, assez soulignée je pense à titre emblématique, par le renversement de sens que subit d’un pôle à l’autre un mot comme discrimination : lequel, dans le langage de la culture désigne la plus grande des vertus intellectuelles, l’exercice même de l’intelligence, la qualité par excellence de la pensée ; et dans celui de l’anti racisme, le premier d’entre les péchés. »

Renaud Camus, Le communisme du XXI éme siècle, Xénia 2007.

05/04/2007

Propagande "anti fasciste" sur Arte.

Grand moment de désinformation et de falsification historique hier soir sur Arte. Une émission, « L’Europe des fronts populaires », prétendait retracer l’histoire du mouvement « antifasciste » européen, à la veille de la seconde guerre mondiale.

Je tombais dessus par hasard, et la perspective de revoir quelques documents émouvants de cette période critique me retint, malgré la certitude de devoir subir la propagande progressiste habituelle…Et avec Arte, on n’est jamais déçu !

La démonstration était implacable : le camp du Bien , progressiste, c’est-à-dire socialo communiste, bénéficiant de l’aide désintéressée de l’URSS, dans une lutte à mort contre le Mal absolu, c’est-à-dire tout le reste (droite parlementaire classique, Action Française, Croix de feu, mouvements fascistes Européens) étiqueté « ligues factieuses fascistes » ; Un sommet de pensée manichéenne exploitant sans vergogne contre vérités historiques, amalgames et mauvaise foi stratosphérique.

Pas un mot sur l’influence déterminante du Komintern en Europe ou sur la servilité de tous les partis communistes d’Europe à l’égard du PCUS, pas une référence à l’instrumentalisation de cette fameuse « lutte anti fasciste » par une puissance totalitaire désireuse d’étendre la révolution bolchevique sur tout le continent. Que l’on présente les émeutes de février 1934 et ses quelques (malheureuses) victimes comme une menace de subversion fasciste du pouvoir républicain serait risible si le téléspectateur savait qu’au même moment six millions de femmes, d’hommes et d’enfants étaient victimes d’une famine organisée par les soviétiques en Ukraine, et qu’en Asturie, quelques malheureux mineurs misérables manipulés par l’ultra gauche Ibérique se faisaient massacrer par le très efficace (déjà) Francisco Franco.

Je passe sur le beau discours de Maurice Thorez, leader historique du PCF, alors totalement sous la coupe du PCUS, pérorant sur la résistance populaire à la menace fasciste, le même homme qui déserta en 1940 son unité combattante pour fuir à Moscou et revenir comme une fleur en 1944, en pleine épuration (10.000 personnes fusillées à la libération en deux ans versus 20.000 par les Allemands en quatre ans….) et devenir ministre d’état du général…Ca donne mieux que tout une idée de la puissance du PCF à cette époque. Mais ça, il ne fallait pas compter sur Arte pour nous le rappeler !

Un sommet fut atteint avec la guerre civile Espagnole et la légende dorée des brigades internationales versus l’Espagne Franquiste fasciste. Or il n’y a pas de bon côté dans une guerre civile, il n’y a qu’un même peuple qui se déchire ; comment peut-on en 2007 présenter cette tragédie de façon aussi binaire et manichéenne, sans rappeler que toute une Espagne de patriotes non moins sincères prit les armes contre la menace bien réelle d’une dictature bolchevique ? Franco n’était pas un fasciste. Franco était un militaire conservateur croyant, qui méprisait le matérialisme bolchevique et bourgeois, et qui s’appuya tantôt sur la Phalange de Primera (un véritable mouvement fasciste), tantôt sur l’armée, tantôt sur l’Eglise pour consolider son pouvoir. Présenter cette Espagne là comme fasciste dans sa globalité est une imposture.

Ne pas dire un mot de l’aide militaire massive et précoce des Soviétiques, ni de la prise en main des Brigades Internationales par le Komintern évoque soit une inculture dramatique, soit une volonté délibérée de tromper le spectateur.

Au delà de cette œuvre de propagande ordinaire au « Pays des Lumières ™ », je repensais à ce court dialogue entre Zeev Sternhell et René Rémond dans l’excellente émission de Finkielkraut sur France Kultur...(un autre bras de l’hydre propagandiste progressiste). (1)

Sternhell y défendait l’existence d’une tradition fasciste Française, arguant de la présence, à coté de la geste humaniste rationaliste et universaliste issue des Lumières, d’une tradition alternative reposant sur une vision organique de la société, vomissant les droits de l’homme, l’individualisme, l’hédonisme et l’égalité, et se définissant en termes historiques, culturels, raciaux et ethniques…incarnée en 2007 par le FN. Une vision quelque peu binaire que René Rémond réfute en niant l’existence d’une tradition fasciste Française et en dissociant une droite traditionaliste de mouvances fascistes inconstantes sans prise réelle sur la société. Manquerait à cette droite traditionaliste ce caractère révolutionnaire et cette philosophie politique qui fait de l’Etat un absolu, qui sont distinctifs du fascisme. Et Rémond de distinguer cette mouvance intellectuelle fasciste en France (Francisme, Georges Valois, Doriot, PPF), d’une droite réactionnaire (Maurrassienne), conservatrice, hostile aux idéaux des Lumières, et attachée à des valeurs de l’ancien régime, mais sans cette composante révolutionnaire, de subversion d’un ordre existant pour lui en substituer un autre, du mouvement fasciste.

Je pense qu’il serait aussi possible de distinguer une droite libérale (au sens philosophique et politique du terme, surtout), dans la lignée de Tocqueville, qui concilie des valeurs de l’ancien régime et certains des acquits des Lumières, sans lien aucun avec l’idéologie fasciste, bien qu’hostile à certains égards au matérialisme (qu’il soit communiste ou bourgeois).

Je termine avec françois Furet pour qui, « le fascisme est la solution enfin disponible aux impasses de l’idée contre-révolutionnaire ; il permet de récupérer le charme de la révolution au service d’une critique radicale des principes de 1789. » (2)

(1)   Qu’est ce-que la France? Stock Panama 2007.

(2)   Fascisme et communisme, Furet, Nolte. Pluriel, p.66.

21/03/2007

Tartufe au Darfour.

« Oh, c'est bien, tout le monde se met à signer !" Mi ironique, mi-ravi, Bernard Kouchner salue, depuis la tribune de la Mutualité, à Paris, le dernier miracle en date de la présidentielle : François Bayrou, Dominique Voynet et Ségolène Royal font tribune commune lors du meeting organisé, mardi 20 mars, par le collectif Urgence Darfour. Ils se succèdent pour assurer de leur détermination à stopper les massacres dans cette région de l'ouest du Soudan, qui ont fait quelque 200 000 morts depuis 2003. » Le Monde, 21/03/07.

Vingt ans de guerre civile dans cette province du Soudan,

Vingt ans de massacres interethniques, de viols, de meurtres, de déportations, de réduction en esclavage,

Vingt ans d’antagonisme culturel et surtout religieux entre un sud soudan majoritairement noir et animiste ou chrétien et un nord soudan musulman,

En vingt ans, ce ne sont pas 200 000 morts mais sans doute plus de deux millions de victimes, dans l’indifférence générale, voire la complicité de tous.

Un peu d’histoire.

Le Soudan est le plus grand pays en superficie du continent Africain. Il correspond en grande partie à l’ancienne Nubie. Il fut toujours le champ naturel d’expansion de l’Égypte (colonie Egyptienne en 1821). Après la conquête (1896), et les défaites des armées mahdistes (dirigées par le chef religieux Muhammad Ahmed Ibn Abdallâh dit al-Mahdi, littéralement « le bien guidé par dieu ») puis la colonisation Britannique, le pays devint un condominium Anglo-Egyptien (1899). La partition ethnique, culturelle et religieuse du Soudan n’est pas récente : depuis 1922, le sud Soudan (trois provinces) était placé par les Britanniques sous un régime spécial (« closed districts »), destiné à protéger les populations sudistes de l’islamisation en interdisant l’usage de la langue arabe, le port de la djellaba et la présence de commerçants arabes. Tout déplacement de populations entre le nord et le sud mais aussi du sud vers le nord était interdit. Ces mesures étaient un héritage de la période précoloniale quand la traite des esclaves organisée depuis le nord musulman dévastait les populations noires du Soudan méridional. L’indépendance du Soudan, en 1956,  fut le fait de la détermination Britannique à l’encontre de l’Egypte qui souhaitait une annexion pure et simple.

La colonisation Britannique, à l’opposé de la colonisation Française assimilatrice de la troisième république, reposait sur une politique originale de respect des coutumes et des langues locales (un peu à l’images des « bureaux arabes » du début de la geste coloniale en Algérie, ou de la politique de Lyautey au Maroc) : les territoires étaient administrés bien souvent par l’intermédiaire de leurs chefs traditionnels, sous le contrôle des autorités Britanniques. Cela permit aux populations du sud Soudan de vivre selon leurs coutumes originales, profondément différentes de celles du nord Soudan musulman. La parenthèse coloniale refermée, les esclavagistes  musulmans venus du nord puisent à nouveau dans le vivier humain des tribus noires du sud : en effet, pour les Arabes et les islamisés du nord, les noirs animistes du sud (notamment les Dinkas et les Chillouks regroupés au sein de l’APLS /Armée Populaire de Libération du sud Soudan, œuvre du colonel John Garang), sont des êtres inférieurs, justes bons à faire des esclaves ; Au XIX éme siècle, ils étaient acheminés jusqu’aux marchés du nord en suivant la vallée du Nil ; cette traite Arabe organisée fut amplifiée sous la domination Egypto Ottomane et seule la colonisation y mit un coup d’arrêt (provisoire donc). Il a donc toujours existé au Soudan un clivage entre, un Nord arabo-musulman et un Sud noir, animiste et chrétien, héritage de plus d’un millénaire de pénétration de l’islam et de domination des Arabes allochtones sur les Noirs autochtones. Une opposition consolidée par l’administration britannique, qui s’est substituée à la domination égypto ottomane, et qui a soumis le Soudan a garder ce clivage en combattant le brassage des populations arabes et noires

Il s’agit donc depuis l’indépendance d’une véritable guerre civile opposant des milices arabes armées par le gouvernement de Khartoum (avec l’aide militaire active des chinois et des pays musulmans) qui souhaite premièrement l’uniformisation religieuse du pays et l’imposition à tous de la charia, notamment aux trois provinces du sud Soudan, dont les Dinkas, qui refusent de se laisser convertir à l’islam, constituent la base ethnique, deuxiémement prendre le controle de territoires riches en pétrole... La famine organisée, les déportations à grande échelle (4 millions d’habitants du sud déplacés), le viol comme arme de guerre et surtout la réduction en esclavage de femmes et d’enfants (les hommes sont tués le plus souvent) constituent l’ordinaire de ces populations sudistes, elles mêmes divisées en de multiples ethnies (Fours, Nuers, Baggaras, Mundaris, etc.) passant parfois des alliances tactiques avec les arabes pour régler quelque compte ethnique avec l’ethnie Dinka dominante… Que cette véritable traire esclavagiste arabe se fasse sous le couvert de la guerre civile entre arabisés et noirs , musulmans et chrétiens ou païens ne change rien au fait incontestable que les arabes ont recommencé à vendre des noirs. En 2005, un accord de paix signé à Nairobi et une nouvelle constitution permirent la formation d’un gouvernement d’union nationale qui vola en éclats lors de la mort (accidentelle ?) de John Garang dans un accident d’hélicoptère.

Cette guerre oubliée a fait au moins deux millions de morts depuis plus de vingt ans (de 1955 à l'indépendance de 1973, on estime que 1,5 million de Soudanais chrétiens ont été éliminés par le gouvernement de Khartoum et que de 1983 jusqu'au récent traité de paix, 2 millions d'êtres humains du Sud Soudan ont perdu la vie dans ce que le même régime a appelé "une guerre sainte contre les infidèles"), et non pas deux cent mille, comme le prétendent quelques bobos tiers mondistes mal informés comme il se doit par quelques dépêches politiquement correctes de l’AFP.

17/03/2007

Eurabia?

« Les immigrés sont ici chez eux », avait dit le président François Mitterrand. Plus récemment, le mercredi 27 septembre 2006, sur Canal plus, rompant en direct le jeûne du ramadan, l’acteur Jamel Debbouze dont les parents venus du Maroc s’installèrent en France dans les années 1960 s’inscrivait dans la ligne de l’ancien président de la république en déclarant : « Ce pays (la France) est le nôtre. » Tout patriote se féliciterait naturellement de tels propos s’ils n’étaient à double sens, pouvant aussi être interprétés comme une incitation à faire régner la « loi des banlieues ».

L’Histoire n’est pas écrite ; Dominique Venner a coutume d’écrire que, sur la longue durée historique, les retournements de situation, parfois les plus inattendus, sont légions. Qui pouvait prévoir en 1914 dans une Europe prospère, rayonnante et largement monarchique, une guerre civile de 30 ans suivie d’une décolonisation rapide et généralisée suivie de l’imposition du démocratisme libéral Américain à l’ouest et du totalitarisme communiste à l’Est ?

Les Français d’Algérie, les Portugais d’Angola et les Arabes d’Andalousie ne disaient pas autre chose que Jamel Debbouze. Avec 130 ans de présence pour les premiers, 400 pour les seconds et 900 pour les derniers, n’étaient-ils pas effectivement fondés à croire que ces pays étaient bien les leurs ?

Ils ont, hélas pour eux, appris qu’aucune colonisation n’est éternelle.

Daniel Pipes, dans un article récent (http://www.danielpipes.org/article/4323) consacré aux relations du continent Européen et de sa minorité musulmane croissante propose trois scénarios distincts :

1- le règne musulman : l’Europe devient une province, une colonie de l’Islam, grâce à trois facteurs clefs que sont la foi, la démographie et le patrimoine culturel.

Une laïcité extrême prédomine en Europe, surtout parmi ses élites, au point que les chrétiens croyants (pratiquants ou non) sont considérés comme mentalement déséquilibrés et incapables d’assumer des taches publiques. Par ailleurs, la foi des musulmans, avec son tempérament djihadiste et son suprématisme islamique, tranche autant qu’il est possible avec celle des chrétiens européens non pratiquants. Ce contraste amène de nombreux musulmans à considérer l’Europe comme un continent mûr pour la conversion et la domination. L’effondrement démographique des populations Européennes de souche allié au taux de fertilité élevé des musulmans prédisent un changement rapide (à l’échelle de 2 ou 3 générations) du visage ethnique du continent Européen : « Amsterdam et Rotterdam pourraient devenir, d’ici 2015, les premières grandes villes Européennes à majorité musulmane. Les pronostics actuels prévoient une majorité musulmane dans l’armée Russe dés 2015. » Nombre d’Européens, matraqués de façon continue par une véritable propagande nationale et Européenne, ont l’impression que leur culture historique ne vaut pas qu’on la défende, voire qu’on la préserve. Ce manque d’assurance a des conséquences directes négatives pour les immigrants musulmans (comment s’approprier une culture que les indigènes eux-mêmes ont appris à mépriser et ne souhaitent pas transmettre à leurs enfants?). « En résumé, cette première argumentation avance que l’Europe sera islamisée, qu’elle se soumettra ou se convertira sans résistance à l’Islam parce que le yin de l’Europe s’accorde si bien au yang de l’Islam : faiblesse et puissance de la religiosité, de la fertilité et de l’identité culturelle. »

2- l’expulsion des musulmans : à l’image des colons Français en Algérie ou des colons Arabo-musulmans en Espagne, il est possible d’imaginer un rejet brutal des musulmans d’Europe. Pipes fait référence à un commentateur Américain, Ralph Peters, pour qui « il est trop fait abstraction de l’histoire et de la brutalité indéracinable de l’Europe. » Sous entendu, les Européens indigènes, qui constituent toujours 95% de la population du continent, pourraient se réveiller et imposer leur volonté de façon violente. A l’appui de ce scénario, le mouvement d’irritation qui semble se dessiner à l’échelle Européenne, notamment au sein des masses populaires et en décalage avec des élites acquises à la doxa multi culturaliste, en réponse à l’altérité islamique et à ses revendications communautaires. « Si ces éléments opposés à l’immigration et à l’Islam ont généralement des racines néofascistes, ils gagnent en respectabilité avec le temps en se concentrant sur les questions de foi, d’identité et de démographie. » L’audience croissante de ce type d’analyse se nourrissant bien sur d’une immigration incontrôlée et perçue par les indigènes comme un facteur d’anarchie et d’insécurité au sens large.

3- l’intégration des musulmans : les Européens autochtones et les immigrants musulmans trouvent un modus vivendi. De la même façon que l’Islam change l’Europe, l’Europe change l’Islam qui, opérant un aggiornamento salutaire, accède à la modernité en dissociant le profane du sacré, le religieux du politique, permettant ainsi à ses sujets de vivre leur foi tout en respectant les principes laïques de leur pays d’accueil. Pour Pipes, cette vision idyllique est improbable, l’éventualité de voir les musulmans accepter les restrictions de l’Europe historique et s’intégrer sans heurts dans ce cadre étant bien peu probable.

Il est donc difficile d’imaginer un autre scénario pour l’Europe occidentale que l’islamisation ou la guerre civile.

« Toutefois, le problème Européen est si inédit, si étendu, qu’il est difficile de le comprendre, tentant de l’ignorer et presque impossible d’en pronostiquer l’évolution. L’Europe nous entraîne tous en terre inconnue. »

Pourquoi les Français ont-ils peur?

Une réflexion passionnante d'Alain Besançon parue dans commentaire (COMMENTAIRE, N° 112, HIVER 2005-2006), et rapportée par rogémi, lecteur érudit de ce blog.

"On dit que les francais ont peur devant l’Europe et devant les grandes réformes, que tous déclarent indispensables. Je veux essayer de présenter quelques remarques historiques très générales qui expliquent peut-être pourquoi les francais sont rarement rassurés. Mon exposé , hautement subjectif, n’aura rien de systématique.

Parcourons au Louvre la galerie des portraits francais. Au XVI° siècle, ils sont galants et belliqueux. Au XVII°, graves, empesés, solennels. Au XVIII° , le sourire et la détente reviennent. C’est le temps où le visage francais retrouve ses traits propres, l’œil gris, le teint clair, un air de malice ou de gentillesse. Il a l’air tranquille, paisible comme le sont les visages américains des photographies d’aujourd’hui qui reflètent l’allure d’un peuple bien traité. Dans les portraits de David, les traits se durcissent. Dans ceux de Géricault, Courbet, Millet, les expressions deviennent tristes, sombres, inquiétes. A la fin du siècle, on note une grande diversité entre les traits torturés de Lautrec et l’euphorie de Renoir. Tout ceci pour dire que même le Bon Dieu n’a pas toujours été heureux en France.

Les expulsions

La monarchie absolue, c’est à dire l’Etat rationnel, administratif, hiérarchique, centralisé, n’avait pas contribué à égayer les Français. Cet Etat était né de la guerre de religion et avait dû s’élever très haut au-dessus de ses sujets sous Henri IV, Louis XIV, pour les empêcher de s’égorger. La guerre de religion s’était quand même souterrainement poursuivie, jusqu’à la Révocation, où pour la première fois l’Etat rendit la vie impossible à une partie de ses sujets, pour finalement les exproprier et les expulser. Cent ans après, l’Etat révolutionnaire réemploya le même systéme de droit pour rendre la vie impossible, exproprier et expulser à peu près le même nombre de citoyens, 200 000. Il recommenca un siècle plus tard, et fit sortir de France, après avoir confisqué leurs biens, 50 000 religieux et religieuses. Vichy rendit la vie impossible, spolia, abandonna 200 000 juifs, et trouva des juges pour mettre ca en forme et des fonctionnaires pour l’exécuter. Cette séquence est remarquable et on ne la trouve qu’en France. On peut se demander si, dans le même esprit, nos gouvernements ne travaillent pas aujourd’hui à expulser les riches.
La détente que l’on constate au XVIII siècle ne vient pas d’un adoucissement, mais du démantèlement progressif de l’Etat monarchique. Les Français, sauf ordre ecclésiastique, n’avaient toujours droit à aucune représentation, à aucun système de consultation. Cet Etat fut rétabli, sous la forme républicaine et impériale, avec une brutalité et des moyens d’action dont Louis XIV n’avait jamais disposé. Le grand événement de la Revolution me paraît avoir marqué le caractère francais à cause des circonstances suivantes.

La Révolution

Dans une société aimable, policée, sensible, au point qu’elle était à peu près dépourvue de forces de l’ordre, ce fut soudain une explosion parfaitement inattendue de violence. Dès 1789 on promena des têtes sur des piques, on brûla des châteaux, on pilla les églises, on fit donner l’artillerie contre les paysans. Deux ans plus tard commenca un épisode tel qu’il se compare localement à la Révolution russe. Sur les trois départements touchés par l’affaire vendéenne, un tiers de la population fut exterminé. Lyon est condamné à disparaître. La guillotine est élevée dans tous les départements. Au 9 thermidor, 300 000 Français se trouvaient enfermés dans des conditions carcérales les plus épouvantables. Ils étaient promis à la mort, si l’accident du 9 thermidor n’était pas intervenu. Cette date où pour la premiére fois depuis 1789 la France avait connu un jour de chance, dans la mesure où un complot d’assassins contre d’autres assassins avait mis fin miraculeusement à l’extermination, ne cesse d’être considérée dans la plupart de nos manuels scolaires comme un jour malheureux. La fin de l’utopie et du massacre idéologique n’est pas fêtée, bien au contraire, au lieu que son début, le 14 juillet, est devenue notre fête nationale.

En effet, depuis 1792, l’idée utopique, révolutionnaire, terroriste, continue d’attirer une portion de la population francaise et d’exprimer 10 à 20 % du corps électoral. Bien mieux, elle s'est manifestée dans des explosions de violence qui ont rythmé notre vie politique. Entre 1830 et 1832, l'émeute a été presque quotidienne à Paris. Les barricades se sont dressées en 1848 et pour les démolir il fallut faire 10000 morts. 20 000 en 1871. On sait que la Commune, en brûlant l'hôtel de Ville, détruisit presque la moitié des archives de la France. Que le pétrole avait été répandu dans le musée du Louvre et que le pompier qui avait empêché l'incendie fut fusillé. Que si les internes de l'Hôtel-Dieu n'avaient pas dispersé le bûcher entassé dans Notre-Dame, nous aurions eu à construire une autre cathédrale. Ce qui fait que la Commune est enseignée à nos enfants comme un des plus glorieux épisodes de notre histoire et que, dans Paris, des plaques récemment posées par le président Poncelet la célèbrent. 1936 fut débonnaire, mais point la Libération, puisque environ 10000 Français furent mis a mort hors des tribunaux réguliers en quelques mois, ce qui se compare aux 20000 fusillés par l'armée allemande pendant les quatre ans d'occupation. La ligne rouge, en 1968, miraculeusement ne fut pas franchie. Mais le langage soixante-huitard était fidèle à la rhétorique révolutionnaire la plus violente. 1995 menaça de tourner au recommencement. Depuis, tous nos gouvernements marchent sur des œufs. Ceux de gauche parce qu'ils doivent s'appuyer sur leur base sectionnaire. Même s'ils appartiennent aux éléments les plus thermidoriens du Parti socialiste, ils paient tribut à la même rhétorique. Ceux de droite, parce qu'ils ne se sentent pas sûrs de leur légitimité, intériorisent en partie la sacralisation de nos récurrences révolutionnaires telle qu'ils l'ont apprise à l'école.

Le déclassement

Depuis l'écroulement de l'URSS, le noyau révolutionnaire français s'est débarrassé du lourd handicap d'être associé au mouvement communiste mondial et d'être piloté par des équipes soviétiques. Du coup, l'esprit révolutionnaire a été rapatrié sur et dans l'histoire de France, et il peut plus facilement se mélanger au nationalisme, comme d'ailleurs il avait toujours fait. Maintenant, on ne peut plus le taxer, comme fit Léon Blum, de nationalisme étranger. Le communisme, comme l'a fort bien écrit Marc lazar, reste une passion française.
Après le traumatisme de la Terreur, après l'incrustation d'un noyau révolutionnaire de tradition jacobine ou hébertiste, un troisième héritage nous vient de la Révolution française : le déclassement, ou le sentiment du déclassement, de la nation française. En une vingtaine d'années, la guerre, par nous déclarée en 1792, a coûté environ 1 500 000 morts. Le choc démographique est comparable à celui de la guerre de 14. Au sortir de laquelle guerre la France fut reléguée à la seconde place, puis bientôt à la troisième, après l'Allemagne, à la quatrième, après la Russie. Depuis 1815, la France dans son existence nationale est virtuellement en danger au milieu de voisins plus puissants qu'elle. Nouveau motif de peur.
On ne pouvait pas ne pas faire la Révolution française. Dans toute l'Europe, le passage de l'Ancien au nouveau régime a été une énorme affaire qui s'est étalée chaque fois sur une centaine d'années. Le malheur français fut que cette inévitable transition fut particulièrement coûteuse et laissa des séquelles qui ne passent pas. Comparons avec nos voisins.
En Angleterre, la révolution a duré environ de 1640 à 1715. Mais elle s'est effectuée dans une période pré-idéologique et elle se donnait pour but non la révolution à partir d'une table rase mais la restauration d'un État de droit prétendument violé par la monarchie. L’Angleterre a fait sa révolution en lui tournant le dos. Une révolution suppose le renversement de l'Église catholique, le renversement de la monarchie, le renversement de la noblesse. Le premier point de ce programme a été effectué au XVI° siècle par Henri VIII et Elisabeth, le second au XVII° siècle par Cromwell et le troisième n'est toujours pas accompli. La France a tout liquidé en quelques semaines. Enfin, la révolution a coïncidé avec la montée prodigieuse de la puissance anglaise, et en France, avec son déclin. Si bien que, outre les blessures laissées par la persécution religieuse et l'effacement de la noblesse, la France contre-révolutionnaire eut encore à pleurer sur sa décadence.
En Allemagne, le même processus a duré de 1848 à 1945. L’épisode hitlérien qui le couronne a été le plus catastrophique de tous. Mais le désastre a été si grand, le déshonneur si profond que la mémoire allemande en a été comme effacée. Elle n'est pas divisée ni déchirée comme est la nôtre. Sur la table rase, ou plutôt rasée, la démocratie voulue dès 1848 s'est installée en 1945 dans la plus calme unanimité.
La révolution espagnole commence 1875 et se résout à la mort de Franco en 1975. Les buts révolutionnaires ont été atteints. Le nouveau régime démocratique marche comme une horloge. C'est qu'il n'a pas été implanté par les révolutionnaires, mais par leurs adversaires, les conservateurs plus ou moins libéraux qui avaient gagné la guerre civile. Comme tout le monde profite désormais de la liberté et de la démocratie, tout le monde est content. Franco avait encore sa statue équestre à Madrid. On vient seulement de l'ôter.
Dans les trois exemples, l'issue de la révolution a été la stabilisation de la vie politique, la solution de son problème. La révolution Française n'a pas résolu le problème politique français.
II faut maintenant regarder pourquoi le Français des XIX° et XX siècles a peur en dehors même des turbulences déjà signalées.

La propriété et le droit

La pacification des Français ne fut obtenue, ainsi qu'après les guerres de religion, que par l'érection d'un Etat relativement indépendant des citoyens et muni d'une considérable capacité de coercition. L’Etat napoléonien renouvela ce type de pouvoir. Il assurait l'ordre, l'égalité devant la loi, une administration rationnelle. Il ne considérait pas que la liberté fût son premier souci, en conformité d'ailleurs avec les passions françaises qui n'étaient pas tournées de ce côté mais vers l'égalité. La protection des droits fit des progrès avec des hauts et des bas, surtout dans les années bénies de la république orléaniste et opportuniste. Mais des progrès lents, en général en retard sur le rythme de l'Europe du Nord.
La propriété en France a été peu respectée. J'ai parlé de la spoliation des protestants, des émigrés, des congrégations, des Juifs. Il faut aussi se souvenir que la Révolution s'est établie et consolidée sur un colossal et en grande partie illégal transfert de propriété. L’intangibilité des biens nationaux plus ou moins volés s'est imposée à tous les régimes et une mesure de simple justice, comme le milliard des émigrés, a été violemment contestée par toute la gauche comme un abus monstrueux. Les Tchèques, les Polonais ont montré plus de respect pour la propriété, après cinquante ans d'expropriation communiste. La propriété de mainmorte, c'est à-dire le droit de créer des fondations, des trusts à la manière anglaise et américaine, n'a jamais été acceptée par l'Etat français. Notre État n'admet que la propriété individuelle et la propriété d'État, il ne veut pas que ses sujets établissent des noyaux de propriété stable et donc de liberté parce qu'ils échappent à son contrôle. Que mon ancien collège d'Oxford vive encore largement sur les biens que lui a légués l'archevêque Chichely, au lendemain de la bataille d'Azincourt, n'est pas une chose concevable dans mon pays où les biens de l'Université de Paris ont été nationalisés même temps que tous les biens des corporations et ceux de l'Eglise.
L'influence des idées socialistes a été continuellement dans le sens de la délégitimation de la propriété individuelle. Le droit de propriété n'est tout simplement pas nommé dans le préambule de la Constitution de 1946, qui a été repris dans la Constitution de 1958. Le droit au travail, à l’emploi, à la grève, à la gestion des entreprises, dont les conséquences dangereuses pour la jouissance tranquille de la propriété sont manifestes, reçoit en revanche une garantie. «Tout bien, toute entreprise dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait doit devenir la propriété de la collectivité.» Ce passage du préambule sonne assez «démocratie populaire». La passion de l'égalité qui est au fond de l'humeur politique française rend très difficile à l'homme riche de jouir publiquement de sa richesse, comme le font les Italiens et les Anglais fortunés. Il sait que s'il n'appartient pas au monde du show business ou du sport, il lui est conseillé de rouler en Peugeot plutôt qu'en Rolls ou en Jaguar. En France, si j'ose paraphraser Baudelaire, les riches, les pauvres riches ont de grandes douleurs.
Comme la propriété est le fondement du droit, la faiblesse de la première fait aussi l'incertitude du second. Les Français n'ont jamais été convaincus de l’ indépendance de leur justice. Et puisque dans leur histoire récente ils ont observé que les juges sanctionnaient des mesures iniques, ou bien que l'État épurait de temps en temps la magistrature, comme il l'a fait en grand dans les débuts de la République radicale, ils ont tendance à penser qu'il vaut mieux ne pas avoir affaire à la justice. Et encore moins à la police, qui jusqu'à une date récente manquait souvent de douceur, soit pour contenir les manifestations, soit derrière les grilles des commissariats de police.


L'armée et l'école


Pendant toute la fin du XIX° siècle et presque tout le XX° siècle, la grande majorité des jeunes Français ont subi l'épreuve du service militaire. Le code militaire, fait dire Anatole France à M. Bergerey n'est qu'une compilation des ordonnances concernant les armées de Louis XIV et de Louis XV. On sait ce qu’étaient ces armées, de racoleurs et de racolés, chiourme de terre, divisée en lots qu'achetaient les jeunes nobles, parfois des enfants. On maintenait l'obéissance de.ces troupes en perpétuelles menaces de mort. Tout est changé; les militaires de la monarchie et des deux Empires ont fait place à une énorme et placide garde nationale. II n'y a plus à craindre ni mutineries ni violences. Pourtant la mort à tout propos menace des doux troupeaux de paysans et d'artisans habillés en soldats. Le contraste de ces moeurs bénignes et de ces lois féroces est presque risible.»
Contrairement à opinion répandue, l'armée allemande était beaucoup plus communautaire que la française. Les officiers mangeaient avec la troupe et veillaient à maintenir certaine Gemeinschaft favorable à l'initiative individuelle. Voilà pour le temps de paix. Mais en temps de guerre, c'est la tradition de la Révolution et de l'Empire qui continue, à savoir l'extrême prodigalité du sang des soldats. Des petites guerres, comme celle de Crimée, ou quelques guerres coloniales ont été des boucheries. Dans les quatre premiers mois de la guerre de 1914, l'armée française, assez mal armée et équipée, mais conduite par la doctrine de l'offensive à outrance, a perdu 400 000 hommes. 100 000 hommes encore dans le seul mois des combats de 1940. C'est beaucoup plus que n'en perdaient les armées allemandes dans ces mémes conflits. Je ne compare pas avec les traditions de l'armée américaine. La France a été saignée irréparablement en particulier dans ses élites. Je prie le lecteur d'aller voir le monument aux morts de l'école normale supérieure. Marcel Déat est parti en 1914 avec soixante-dix camarades. Ils sont rentrés trente-cinq. Ce que je dis n'est pas pour excuser mais pour expliquer Marcel Déat.
Enfin, il faut remarquer le caractère particulièrement sévère de l'éducation française traditionnelle, tant de l'école primaire que de l'école secondaire. Il faut désormais en parler au passé, car ce type d'éducation a disparu au moins depuis 1968. II avait l'immense mérite de former des jeunes gens instruits, habitués au travail, à la compétition. Mais il était assez rude et sombre. Comparons l'architecture de nos lycées et écoles, comparons l'emploi du temps, comparons les méthodes : je ne vois que le Gymnasium allemand qui lui soit égal quant à l'effort et à la discipline exigés de l’enfant. La crainte disciplinaire, l'angoisse devant le rendu des compositions et des devoirs ont marqué plusieurs générations de Français et jusqu'à la mienne. Les apprentis n'étaient pas mieux traités dans les ateliers où les anciens en le leur faisant rentrer dans le corps, leur apprenaient le métier.
Le fait que la Révolution française ait laissé une mémoire déchirée à la France et une légitimité fragile à tout gouvernement postérieur a donné quelque chose de hobbesien à la société française. Tout le monde est l'ennemi de tout le monde. Aux peurs déjà recensées se joint donc la peur du prochain. Elle est assez forte pour expliquer ce trait qui étonne l'étranger : les Français évitent à tout prix le face à face et le dialogue direct. Ils ont peur de leur propre haine, ils craignent de ne pouvoir contrôler leur agressivité. Ils préfèrent s'en remettre à une instance tierce plus haute et finalement à l'État. La centralisation fameuse de notre pays tient en partie à cette conduite qui veut chercher au sommet un arbitre pour calmer les conflits de voisinage. Cet arbitre étant lointain, la triche demeure possible. Au contrat, qui lie loyalement deux partenaires, les Français préférent la loi, qui n'oblige pas à cette loyauté.

Quand l'Etat prend peur


Cela ne marche bien qu'à condition que l'État soit faible. C'est ce qui a fait le bonheur impressionniste dans la France de la IIIe République. Comme l'explique, dans Anatole France, le préfet républicain Worms Clavelin : « Nous avons plus de liberté, nous en avons même trop. Nous avons plus de sécurité. Nous jouissons d'un régime conforme aux aspirations populaires. Toutes les forces sociales se font équilibre. Montre-moi ce qu'on pourrait bien changer. La couleur des timbres postes, peut-être. Non mon ami, à moins de changer les Français, il n'y a rien à changer en France. Sans doute je suis progressiste. Il faut dire qu'on marche, ne fût-ce que pour se dispen¬ser de marcher.»
Mais cela ne marche plus quand on veut mettre en place partout un exécutif fort, comme il est de bonne doctrine aux Sciences Po depuis la guerre. Alors, pour lui résister, les Français s'agglutinent par catégories, communautés, groupement variés et descendent dans la rue. Cette fois, c'est l'État qui prend peur."

06/03/2007

national-socialisme et socialisme, un regard hémiplégique

Pourquoi, se demande alors Alain Besançon, une telle différence de traitement entre ces deux formes de totalitarisme (« ces deux jumeaux hétérozygotes » selon Pierre Chaunu) ?

Dans la plupart des pays sortis du communisme, il n’a pas été question de châtier les responsables qui avaient tué, privé de liberté, ruiné, abruti leurs sujets et cela pendant deux ou trois générations. Sauf en Allemagne de l’Est et en république Tchèque, les communistes ont été autorisés à rester dans le jeu politique, ce qui leur a permis de reprendre ça et la le pouvoir. En Russie et dans d’autres républiques, le personnel diplomatique et policier est resté en place. En Occident, cette amnistie de fait a été jugée favorablement. On a comparé la confirmation de la nomenklatura à l’évolution thermidorienne des anciens Jacobins. Depuis peu, nos média reparlent même de « l’épopée du communisme » et le passé kominternien du PCF ne l’empêche nullement, avec ses avatars alter mondialistes anti libéraux et autres, d’être accepté dans le sein de la démocratie Française (on peut même voir un ministre de l’intérieur ferrailler pour faire admettre dans le jeu politique une faction communiste ouvertement révolutionnaire et anti démocratique par nature…)

Besançon avance plusieurs explications :

-         « le nazisme est mieux connu que le communisme, parce que le placard aux cadavres à été ouvert par les troupes alliées » et que plusieurs peuples européens en ont eu une expérience directe. Le crime nazi est repérable, flagrant, contrairement au goulag ou au laogaï qui restent enveloppés de brouillard et demeurent indirectement connus.

-         « le peuple juif a pris en charge la mémoire de la shoah. C’était à la fois une obligation morale et religieuse. » Nul équivalent concernant les crimes communistes compte tenu, notamment , de la multitude de peuples victimes de l’idéologie communiste.

-         « La guerre, en nouant une alliance militaire entre les démocraties et l’URSS, a affaibli les défenses immunitaires occidentales contre l’idée communiste , pourtant très fortes au moment du pacte Hitler Staline, et provoqué une sorte de blocage intellectuel. » L’héroïsme militaire soviétique prenait le pas sur l’idéologie communiste, mise en réserve. Plus encore, les soviétiques firent partie des vainqueurs et, à ce titre, figurèrent parmi les juges à Nuremberg. Et, à la différence de l’Europe orientale, l’Europe occidentale n’a pas eu l’expérience directe de l’arrivée de l’arrivée rouge, qui fut considérée comme libératrice au même titre que les autres armées alliées, ce que ne ressentaient bien sur ni les Baltes, ni les Polonais…

-         « un des grands succès du régime soviétique est d’avoir diffusé et imposé sa propre classification idéologique des régimes politiques modernes : Lénine les ramenait à l’opposition entre socialisme et capitalisme. Encore actuellement dans les livres d’histoire scolaire, on trouve le classement suivant : régime soviétique, démocraties libérales, fascismes (nazisme, fascisme italien stricto sensu  et franquisme), distinct du classement correct développé par Anna Arendt dés 1951, c’est à dire : ensembles, les deux seuls régimes totalitaires (communisme et nazisme), les régimes libéraux, les régimes autoritaires (Italie, Espagne, Hongrie, Amérique latine) qui relèvent des catégories classiques de la dictature et de la tyrannie, répertoriées depuis Aristote. »

-         la faiblesse des groupes capables de conserver la mémoire du communisme : le nazisme à duré douze ans, le communisme européen, selon les pays entre 50 et 70 ans. La durée ayant un effet auto amnistiant. Durant ce temps immense, la société civile a été atomisée, les élites ont été successivement détruites en profondeur, remplacées, rééduquées. La plupart de ceux qui auraient été en mesure de penser, et donc de dresser le bilan de cette expérience tragique, ont été privés de connaître leur histoire et ont perdu leurs capacités d’analyse. « Rien n’est si problématique, après la dissolution d’un régime totalitaire, que la reconstitution dans le peuple d’une conscience morale et d’une capacité intellectuelle normale. »

Toutes citations extraites de « Le malheur du siècle », d’Alain Besançon, Perrin 1998.

01/03/2007

Auschwitz 105- Ukraine zéro.

Alain Besançon avait eu la curiosité, il y a quelques années de consulter le service de documentation du journal de révérence « Le Monde » et de calculer le nombre de références aux crimes Nazis et communistes entre 1990 et 1997 ; le thème du nazisme revint 480 fois, celui du « stalinisme », sept fois…Auschwitz faisait l’objet de 105 références, le génocide par la famine organisée en Ukraine (environ 6 millions de morts en 1933) zéro référence.

« Le nazisme, bien que disparu complètement depuis plus d’un demi-siècle, est à juste titre l’objet d’une exécration que le temps n’affaiblit nullement. Le communisme, en revanche, bien que tout frais et tout récemment déchu, bénéficie d’une amnésie et d’une amnistie qui recueille le consentement presque unanime, non seulement de ses partisans, mais de ses ennemis les plus déterminés et même de ses victimes. Ni les uns ni les autres ne trouvent séant de la tirer de l’oubli. » (1)

J’ai relu récemment, et successivement, « Le malheur du siècle », « Le livre noir du communisme » (2), puis « Du passé, faisons table rase » (3).

On ne sort pas intact de ce genre de lecture, aussi averti que l’on puisse l’être auparavant.

Mais ce qui frappe le plus, comme le souligne Besançon, au delà de l’horreur des crimes commis au nom de cette idéologie totalitaire, c’est ce "contraste entre l'amnésie du communisme et l'hypermnésie du nazisme"(6), cette organisation de la non repentance, après celle de la dissimulation des crimes commis par tous les régimes communistes durant le XX ème siècle. Ce négationnisme communiste.

Il faut se rappeler, lors de la sortie du « Livre noir du communisme », les injures et les menaces de la presse communiste en France, le travail de sape du Monde (des commissaires politiques Colombani et Plenel) pour discréditer les auteurs de cette somme inédite et pour atténuer l’onde de choc auprès d’un public encore largement ignorant de l’horreur collectiviste, la sortie pitoyable de Jospin à l’assemblée tentant de sauver le soldat communiste et dissociant (à dessein ?) stalinisme et communisme afin d’épargner ses amis trotskystes. Il faut revoir ce « bouillon de culture » historique ou Stéphane Courtois fut confronté à deux apparatchiks communistes (Roger Martelli et Roland Leroy).

La première synthèse historique de la dimension criminelle du communisme ne devait pas être connue ; Outre la recension des crimes de masses commis, les auteurs détaillaient également les méthodes utilisées pour assassiner des millions de personnes, notamment la famine organisée. La question de la nature totalitaire du communisme et sa comparaison avec le nazisme était également reprise par les auteurs, à la suite d’ Ernst Nolte, François Furet ou Renzo de Felice.

Si le monstre est mort comme phénomène politique, il demeure bien vivant comme phénomène culturel : il faut admettre que décrire le communisme dans sa réalité (sa praxis), reste un délit d’opinion. Le négationnisme, définit comme un délit quand il porte sur le nazisme, ne l’est pas quand il dissimule les crimes communistes.

Soulignant la motivation idéologique des crimes nazis, le procureur général Français à Nuremberg, François de Menthon, disait : « Nous ne nous trouvons pas devant une criminalité accidentelle, occasionnelle, nous trouvons devant une criminalité systématique découlant directement et nécessairement d’une doctrine. » (4)

Cette description de la criminalité brune s’applique mot pour mot à la criminalité rouge…

De même que « lui convient parfaitement la définition du nouveau code pénal Français, adopté en 1992, selon laquelle, le crime contre l’humanité inclut la déportation, la réduction en esclavage, la pratique massive et systématique d’exactions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture, d’actes inhumains inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux, et organisés en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile. » (5)

Or, les massacres et déportations systématiques de groupes sociaux ou ethniques en raison de ce qu’ils sont et non de ce qu’ils font, jalonnent toute l’histoire du communisme.

Il est donc sans doute légitime de conclure à une nature intrinsèquement criminogène du communisme, tant il a produit de copies conformes dans les circonstances les plus diverses, sous toutes les latitudes et dans les sociétés culturellement les plus différentes (Cuba, Ethiopie, Angola, Afghanistan, Mozambique, Laos, Cambodge, Chine, Russie,…)

Devant pareil constat, pareille horreur, le front négationniste procommuniste, puissamment relayé par des média complaisants voire serviles et perdant une sérieuse occasion de faire un aggiornamento, ressasse l’éternel antienne : « le communisme se voulait dans son principe une doctrine de libération par la dictature du prolétariat, alors que le nazisme annonçait dés sa naissance un programme d’extermination... » ou bien « l’anéantissement de l’homme exprime non l’essence de cette doctrine de libération, mais sa perversion ..» (distinguo Léninisme/ Stalinisme).

Il est alors particulièrement étonnant que cette doctrine de libération n’ai jamais nulle part mis en œuvre autre chose que sa propre perversion.

Un aspect non moins important de ces ouvrages est d’établir le fait que Lénine et Trotky furent les initiateurs de ce système et aussi de la terreur organisée, et ce dés 1917 (premiers camps de concentration, premier rapport alarmant de la Ligue des Droits de l’Homme). Staline n’en fut que le continuateur appliqué et méthodique doublé d’un stratège militaire sans pareil, surclassant largement son alter ego Hitler, et les Churchill et Roosevelt.

Reconnaître ceci c’est reconnaître la nature totalitaire et criminelle de l’idéologie véhiculée encore en 2007 par une bonne partie de la gauche radicale/ révolutionnaire Européenne, notamment Française.

Qu’ils le veuillent ou non, Trotskystes, communistes " orthodoxes ", "alter mondialistes" et autres "collectifs anti liberaux", sont les héritiers des plus grands criminels du XX ème siècle.

 

(1)   Alain Besançon, Le malheur du siècle, Fayard 1998, p.10.

(2)   Stéphane courtois, Robert Laffont, 1997.

(3)   Stéphane Courtois, Robert Laffont, 2002.

(4)   François de Fontette, Le procès de Nuremberg, coll. « Que sais-je ? », PUF, 1996, p.48

(5)   Jean François Revel, Le siècle des ombres, Fayard 199, p.602.

(6) Alain Besançon, Le malheur du siècle, p.9.