09/03/2008
Le totalitarisme du XXIème siècle.
Menacé d'assassinat depuis 2004, Geert Wilders, le chef de file du Parti de la liberté vit reclus, protégé par des gardes du corps, changeant d'adresse chaque nuit. La lutte contre l'immigration musulmane et l'islamisme est son obsession.
LE FIGARO. Avez-vous mesuré les conséquences de votre film, pour vous et pour votre pays ?
Geert WILDERS. Personne n'est autant que moi conscient de la menace. Mais si j'avais dû m'arrêter, je l'aurais fait il y a trois ans. J'ai vécu dans des prisons, dans des baraquements militaires, et la pression a encore grandi ces derniers mois. Mais je suis un élu et je mène mon combat sous la bannière de la loi. Si je devais renoncer à dire ce que je pense, les adversaires de la démocratie auraient alors gagné.
Votre pays est inquiet des retombées diplomatiques et économiques que pourrait causer votre film.
GW: Mon film n'est pas encore sorti, personne ne l'a vu, mais déjà des muftis l'ont condamné, prédit que le sang sera versé, des pays arabes menacent les Pays-Bas d'embargo ! Et mon pays, plutôt que de demander à quelques imams de se taire, plutôt que de rappeler nos principes démocratiques et celui de la liberté d'expression, par un ridicule et indigne aveu de faiblesse, cède à la menace et prépare nos ambassades au pire !
Selon vous les valeurs islamiques et les valeurs démocratiques sont inconciliables, irrémédiablement. Comment les Pays-Bas peuvent-ils intégrer leur population d'origine musulmane ?
GW: Je ne veux plus de nouveaux immigrés. Je n'ai rien contre les individus, mais nous avons un problème avec l'idéologie islamique. Je ne veux pas renvoyer ceux qui sont ici et veulent s'assimiler, mais je leur dis de se débarrasser de cette idéologie, que je qualifie de fasciste.
Quel est le choix que vous offrez à un musulman hollandais ?
GW: C'est vrai que selon le Coran, ce livre terrible, vous ne pouvez pas renoncer à être musulman. À moins de risquer la mort. S'ils veulent s'appeler musulmans, nouveaux musulmans ou comme ils veulent, cela ne me dérange pas. Ce qui m'importe c'est qu'ils se séparent de cette part de violence et d'intolérance qui est dans le Coran.
Pensez-vous que la provocation et les slogans à l'emporte-pièce font avancer les choses ?
GW: À la différence des autres, nous, au Parti de la liberté, nous ne mâchons pas nos mots. Un million de musulmans pour 16 millions de Hollandais, c'est trop. Nous sommes les seuls à nous élever contre l'immigration musulmane, les projets de mosquées, d'écoles coraniques. Certains disent également vouloir refuser le relativisme culturel. Mais moi je le dis de manière plus claire : ma culture est meilleure que la culture islamique. Nous ne traitons pas les femmes, les homosexuels, les relations politiques au sein de la société, comme cette culture retardée. Les individus sont égaux. Mais toutes les cultures ne se valent pas.
Avez-vous vraiment peur pour votre identité et l'identité des Pays-Bas ?
GW: Je crois vraiment que notre liberté est menacée par ce que j'appelle le tsunami islamique. Si dans le futur, les musulmans approchent ou arrivent à la majorité aux Pays-Bas, nous perdrons tout ce pourquoi nous nous sommes battus : notre démocratie, notre liberté, nos lois. Le chauvinisme n'est pas un vilain mot.
Source : http://www.lefigaro.fr/international/2008/03/07/01003-200...
Cet homme courageux a raison sur plusieurs points et tort sur d'autres...réflexion un peu rapide, adaptée au format journalistique, mais bon point de départ pour une discussion..
1- L'islam est travaillé aujourd’hui par un fondamentalisme révolutionnaire qui est un totalitarisme. La différence entre le fondamentalisme Wahhabite et ce nouveau totalitarisme est la violence, plus exactement la disponibilité à user de la violence. Ce qui les sépare n’est pas la doctrine ni l’objectif final (une oumma planétaire), mais la méthode. Le fondamentalisme révolutionnaire, en l’occurrence musulman, est un système ou la religion investit l’ensemble du champ politique. A l’instar du communisme ou du fascisme naguère, il fonctionne comme une idéologie totalitaire.
2- Il existe donc une internationale fondamentaliste révolutionnaire qui a déclaré la guerre à l’occident, athée ou non, mais également à tous les états musulmans alliés à l’occident et jugés impies ou étrangers aux "vraies valeurs" de l’islam.
3- Pourquoi tant de haine ? Il est politiquement correct de répondre « humiliation du monde musulman », « légitime ressentiment de nations qui furent colonisées par l’occident », « conflit israélo-palestinien », etc. Je crois que ce ressentiment à l’égard de l’occident, ce complexe d’infériorité, est bien plus ancien, plus profond. Braudel datait l’âge d’or de l’islam entre le VIIIème et le XIIème siècle après JC. Et de fait, l’Islam fut une civilisation brillante sur le plan intellectuel, scientifique, philosophique, héritière à bien des égards de la civilisation Hellénique, mais aussi recueil de brillantes civilisations colonisées (Perse, Byzantine, Romaine, Maghrébine, Ibérique,etc..). Mais très tôt, durant le moyen âge, cet âge d’or s’éteint, l’islam se fige dans le dogme, pour différentes raisons : absence de curiosité pour le monde non musulman, extinction des courants réformateurs et rationalistes, primauté constante de la doctrine religieuse, empêchant toute émancipation intellectuelle, toute critique rationaliste de la société et du dogme musulman, toute sécularisation des sociétés musulmanes. Pas de Réforme dans l’Islam, ni de Lumières, ni de révolution industrielle…
Ce sentiment de déclassement, d’arriération par rapport au monde occidental est forcément douloureux pour les héritiers de cette brillante civilisation, qui par ailleurs méprisent souverainement le matérialisme occidental.
Or l’avant-garde islamiste, connaissant et entretenant l’analphabétisme et l’illettrisme des masses musulmanes, instrumentalise ce ressentiment en rendant l’occident responsable de l’échec du monde musulman, alors que l’explication principale est dans la nature de la civilisation musulmane, dans l’esprit musulman, non pas dans la confrontation avec la modernité occidentale, bien que celle-ci ne soit pas exempte de reproches.
4- Tous les textes religieux, musulmans, chrétiens, juifs ou autres, sont des auberges espagnoles; on y trouve le meilleur comme le pire, en fait ce que l’on y cherche... Il existe aussi dans le Coran nombre de sourates appellant à la concorde avec les non musulmans... Et le fondamentalisme révolutionnaire n’est pas une spécificité musulmane, même si c’est surtout le cas de nos jours, et a pu se manifester avec plus ou moins de vigueur dans toutes les religions révélées...
5- Le problème n'est donc pas seulement dans la nature des textes sacrés, en l'occurence le Coran, ni seulement dans le caractère universaliste de l'Islam.
Il est dans la prise de pouvoir de cet islam fondamentaliste révolutionnaire sur le monde musulman et sur le fait que l'islam n'est pas qu'une religion (comme affectent de le croire nos petits clercs progressistes en Europe), mais une doctrine totale régissant tous les aspects de la vie d'un musulman, sachant qu'il n'y a pas de distinction entre la vie religieuse et la vie civile pour un musulman; le concept de sécularisation –de laïcité, propre à l’occident Judéo-chrétien (distinction Dieu/ César) est totalement étranger à la mentalité musulmane. La plupart des états musulmans, conscient de la puissance de cette propagande révolutionnaire islamiste sur la rue "arabe", sont obligés, pour garder le pouvoir, de composer avec cette composante totalitaire de l’islam, de leur donner des gages, voire de leur laisser le champ libre dans la société civile. "Si le bonheur de l'Occident a été la laïcité, c'est-à-dire la distinction entre le spirituel et le temporel, le malheur de l'Islam en fut leur irrémédiable confusion. Ici,pas de partages entre deux royaumes, entre Dieu et César, entre la cité de Dieu et celle des hommes. D'emblée, Mahomet est prophète et chef de guerre, fondateur de religion et législateur, dirigeant d'une communauté de croyant qui est en même temps le premier état musulman. D'emblée, religion et empire ne font qu'un." (1)
6- La grande majorité des musulmans qui viennent vivre en Europe restent donc des musulmans, même s'ils peuvent adopter quelques traits de la modernité occidentale. Une petite minorité, plus libre et éclairée peut sans doute s'occidentaliser, culturellement. Mais cette acculturation est impossible au plus grand nombre, tant la distance civilisationnelle est importante et tant le carcan identitaire musulman est rigide. Ainsi, la plupart des pays européens soumis, souvent malgré eux, à une immigration importante à l'échelle d'une génération et en provenance pour l'essentiel de la sphère islamique (Maghreb, Turquie, pays arabes, pays asiatiques), la question clef devient le nombre. C’est le nombre qui fait l'histoire, a fortiori dans nos pays démocratiques soumis à la loi du plus grand nombre.
Il y a donc bien un problème spécifique d'intégration des musulmans, du au fait que les deux grands modèles d'intégration européens, le modèle républicain Français et le modèle communautaire Anglo-saxon, ne marchent plus et ne fabriquent quasiment plus que des ghettos. Mais peut-être est-ce une vision par trop péssimiste de la réalité..
7- Notre culture occidentale n'est pas "meilleure" que la culture islamique (non fondamentaliste), elle est simplement différente, à biens des égards, également respectable, contrairement à ce que dit Wilders. Mais nos dirigeants feraient bien de comprendre que l’occident démocratique est en guerre contre une idéologie globale qui entend user du terrorisme à une échelle inédite afin de le mettre à mort.
Une civilisation qui perd confiance en elle-même jusqu'à perdre le goût de se défendre, entame sa décadence. Le combat doit d'abord être gagné sur le plan moral. Ce n'est pas de "dialogue des civilisations" dont l'Occident a besoin, mais de réafirmer son identité, ses valeurs constitutives intangibles, son histoire unique et singulière qui ne commence pas en 1789. Et sans doute de réapprendre à faire la guerre...
8- Enfin, la veulerie, le manque de courage de nos dirigeants occidentaux, face à cette menace totalitaire est consternant. Des pans entiers de notre culture, dont l'héritage des Lumieres, tout au moins ce qu'il en reste, est battu en brèche par une propagande irénique multiculturelle incapacitante et couarde. Citons la raison, l'humanisme, l'éloignement de Dieu, la liberté de penser, de culte, de parole, l'habeas corpus, les droit de l'homme et de la femme, le droit de critiquer les religions, etc.; tout cela est l'objet d'une entreprise coordonnée et progressive sans précédent de subversion, avant tout parce que nous ne les défendons plus...au nom de la "tolérance", du "multiculturalisme", du "dialogue des religions", du "vivre ensemble", etc, qui ne sont que les chevaux de Troie de ces nouveaux barbares.
(1) Les religions meurtrières; Elie Barnavi. Champs actuel, 2006.
14:31 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : islam, totalitarisme, occident, coran
02/03/2008
Communisme, fascismes, même combat.
Relu « La guerre civile européenne 1917-1945 » d’Ernst Nolte, historien Allemand déjà reconnu pour son histoire du fascisme européen.
Cette œuvre majeure provoqua lors de sa parution en 1987 une polémique dite « querelle des historiens », qui était largement due au fait que Nolte brisait deux tabous :
- le lien causal (son fameux nexus causal) entre la révolution bolchevique et l’émergence des fascismes à l’Ouest,
- la parenté, évidente aujourd’hui, mais interdite à l’époque ( !) entre communisme et fascisme (normal/ Italien, radical/ national-socialiste, selon la distinction de Nolte), deux visages d’un même totalitarisme.
A l’appui de sa démonstration du lien causal, Nolte montre que le communisme ne se borne pas à instaurer la guerre civile permanente en Russie même, mais qu’il la déclare à toute l’Europe. A peine finie la première guerre mondiale entre les Etats, Lénine exporte la guerre entre les classes dans plusieurs pays européens, ou les partis communistes, récemment crées, jouent le rôle de corps expéditionnaires de la révolution Bolchevique (Mouvement Spartakiste en Allemagne, république des conseils de Béla Kun en Hongrie, par exemple).
A l’origine de la montée des fascistes en Italie puis des nazis en Allemagne, on trouve un réquisitoire contre le parlementarisme démocratique, jugé trop faible pour barrer la route aux partis communistes européens, instrumentalisés par l’URSS. Ainsi, pour Nolte, fascisme et nazisme apparaissent comme des contre-feux au léninisme, dont ils copient les méthodes pour mieux le combattre. Les trois totalitarismes eurent en commun leur haine du libéralisme, leur instauration d’un état omnipotent incarné par un chef unique et sacralisé, leur organisation de la répression policière et culturelle, enfin leur logique exterminatrice, en particulier les communistes et les nazis. Nolte qui fut diabolisé en Allemagne, sans être réfuté, dut à François Furet de pouvoir briser le politiquement et l’historiquement correct en France, lorsque ce dernier, dans « Le passé d’une illusion », montre que le communisme fut pour le nazisme à la fois la cible à détruire et le modèle à imiter : « Issus du même évènement, la première guerre mondiale, les deux grands mouvements idéologiques de l’époque se définissent largement l’un par rapport à l’autre…La relation dialectique entre communisme et fascisme est au centre des tragédies du siècle. »
La mutuelle hostilité des deux totalitarismes était donc ambiguë à l’origine et se doublait d’une complicité qui aboutit en bonne logique au pacte Germano-Soviétique de 1939. Elle les rapprochait dans une commune volonté d’anéantir la liberté au nom de la construction d’un homme nouveau, d’une société nouvelle, programme dont héritèrent plus tard Mao, Kim il Sung, Ho chi minh, Castro ou Pol pot, tous sosies de Lénine et Staline.
A partir de 1945 et de l’élimination du nazisme, le communisme se répand dans le monde et, en même temps, se retrouve en tête à tête avec la démocratie, son seul véritable ennemi de toujours. Et à la guerre civile européenne succède ce que Nolte appelle la guerre idéologique mondiale, dont il situe le point final en 1991, année ou se décompose l’URSS.
Comparer entre eux les deux grands partis états idéologiques du XXème siècle était encore, jusqu’à tout récemment, interdit et le demeure dans une large mesure tant le front révisionniste procommuniste reste actif, notamment en France. C’est pourquoi l’ouvrage de Nolte fut plus attaqué que lu.
Nolte utilisa une formule controversée, le noyau rationnel de l’antisémitisme nazi, qui permit à quelques néo-antifascistes en peau de lapin de le traiter de révisionniste et d’antisémite. Or Nolte ne voulait aucunement dire que l’antisémitisme nazi fut fondé en raison, encore moins justifié, mais que tout thème de propagande, pour avoir prise sur le réel, doit nécessairement rencontrer une aspiration dans les masses qu’il veut mobiliser. L’efficacité politique suppose toujours une certaine rationalité, au sens de prise sur le réel. Par exemple, le « noyau rationnel » du communisme, c’est qu’il faut exterminer tous les ennemis de classe potentiels.
L’acte fondateur, le code génétique des deux totalitarismes est le crime de masse, dont les victimes sont désignées en fonction de ce qu’elles sont et non pas de ce qu’elles ont fait.
18:30 | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : communisme fascisme, ernst nolte
28/02/2008
Kosovo
-pourquoi personne ne parle-t-il de cette base militaire Américaine gigantesque installée récemment au Kosovo ? Imagine-t-on que les serbes du Kosovo, alliés traditionnels des Russes, comme partie du monde Orthodoxe, aurait permis l’implantation durable des Américains sur leur sol ? Ya-t-il eu un « deal » entre les USA et le nouveau pouvoir Kosovar ? (1)
-cette sécession n’est-elle pas illégale au regard du droit international, de même que le fut la guerre menée contre la Serbie par l’UE et l’OTAN en 1998/99 ? Quid de la légalité, camarade commissaire européen?
-comment Américains et Européens peuvent-ils accepter qu’un terroriste, ancien leader de l’UCK albanaise (mouvement terroriste lié à la Mafia albanaise qui avait réclamé la sécession et déclenché les représailles serbes puis l’intervention américaine en 19898-99 , dont il est avéré que les moyens financiers gigantesques sont liés à l’organisation de tous les trafics en Europe centrale notamment le trafic de drogue et la prostitution), puisse être le représentant légal de ce nouveau pays ?
-comment ne pas voir dans la victoire de la stratégie de terreur de l’UCK, une dé légitimation de la stratégie démocratique menée par le leader charismatique Albanais Ibrahim Rugova ? Une prime à la violence ?
-comment comprendre la reconnaissance unilatérale de la secession territoriale d’une province d’un état souverain (la Serbie) sur une base ethnique alors même que nos gentils clercs européens ne jurent que par le multi ethnisme et le multiculturalisme et vomissent tout sentiment patriotique (ipso facto assimilé à de « l’ultra nationalisme ») ? N’est-ce pas là l’aveu de l’échec de cette doctrine irénique multi culturelle ? Non? Bon.
-comment de ne pas suspecter des intérêts géostratégiques et énergétiques supérieurs bien plus déterminants que la souveraineté d’une démocratie européenne ? Comment ne pas voir la résurgence d’une guerre froide est-ouest pour la domination du carrefour Méditerranéen et la maîtrise des ressources en gaz et en pétrole ? (projet Américain de bouclier anti-missile en Europe, projets concurrents Russe et Européen de gazoducs)
-pourquoi adouber le nationalisme albanais Kosovar et honnir le nationalisme Serbe ?
-comment continuer à parler de « grande Serbie » de façon péjorative et critique et ne pas voir que les Albanais sont en train de construire leur « grande Albanie » ? La prochaine étape serait-elle la sécession puis la récupération des albanais de Macédoine ou d’ailleurs ?
-comment ne pas voir que l’on ouvre la boite de Pandore de revendications sécessionnistes, des séparatismes ethniques sans limite en Europe et ailleurs sur des bases ethniques et/ou nationalistes ? A quand l’indépendance du nord de Chypre, de la Sicile, de la Wallonie, du pays Basque, des Serbes de Bosnie, ou la partition des Ukrainiens entre Uniates et Orthodoxes ? Un dangereux précédent qui légitime l’autodétermination sur l’intégrité territoriale d'états nations.
-comment ne pas suspecter la soumission veule d’une Europe politique invertébrée inféodée aux USA et à son bras armé en Europe, l’OTAN ? Comment ne pas voir que les mêmes qui refusent le choc des civilisations, et même le concept de civilisation, réactivent, par cette reconnaissance illégale hostile à la Serbie, une dynamique identitaire au sein du monde orthodoxe (Russie, Bulgarie, Grèce, une partie de l’Ukraine, Roumanie, partie de Chypre, etc.) à l’encontre de l’occident soumis aux USA?
(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_Bondsteel
22:00 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : kosovo, albanie, serbie
26/02/2008
L’affaire Fleury ou le regard hémiplégique du milieu enseignant.
Des étudiants de l'université de Poitiers, soutenus par la présidence, par des enseignants et des élus locaux, se mobilisent pour refuser l'affectation d'un professeur, Benoît Fleury, en raison de son passé au sein du mouvement d'extrême droite GUD (Groupe union droit). Une pétition a été lancée et a recueilli plus de 250 signatures, dont celles de trois députés socialistes de la Vienne et du doyen de l'UFR de sciences humaines et arts. Reçu major à l'agrégation d'histoire du droit, M. Fleury a pu choisir l'université où il voulait enseigner et son choix s'est porté sur Poitiers. Selon le président de l'université, Jean-Pierre Gesson, "les affectations ne posent pas de problème la plupart du temps", mais la venue de M. Fleury "est une source de trouble". Dans un communiqué publié lundi 25 février, le conseil d'administration de l'université "prend acte avec la plus vive inquiétude de l'éventuelle nomination de Benoît Fleury et regrette que la procédure d'affectation des agrégés du supérieur ne laisse aucun droit aux instances de l'université, ni à son président, de s'opposer au recrutement d'un ancien dirigeant d'un groupuscule violent d'extrême droite". Le conseil demande au président de la République de ne pas procéder à la nomination à Poitiers de M. Fleury. De leur côté, des étudiants de l'université ont annoncé leur intention de perturber ses cours s'il était nommé et de "lui rappeler à chaque fois son passé". M. Fleury a présidé le GUD de 1995 à 2000. "Il incarne, dit la pétition hostile à sa venue, une droite extrême et nauséabonde." Dans un entretien à L'Echo des Savanes paru en mars 1999, M. Fleury, surnommé "Lord", déclarait notamment : "Nous, partout où il peut y avoir de la baston, on y va." Il se réclamait du national-socialiste belge Léon Degrelle, et estimait qu'il "faut rayer de la carte Israël".
(Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/02/26/universi...)
Quel est le problème exactement ?
Que ce juriste brillant ait eu un engagement politique militant à l’extrême droite et non à l’extrême gauche ou simplement à gauche…
Quel rapport avec sa compétence professionnelle et la qualité de son enseignement de l’histoire du droit ? Aucune…
Que les choses soient claires : je ne prends pas ici la défense de cet homme que je ne connais pas et dont les opinions antisémites et l’apologie du national-socialisme, si elles sont avérées, me répugnent.
Ce qui m’insupporte dans cette affaire, c’est la tartuferie habituelle des milieux enseignants, qui sous le masque de la tolérance et de la vertu se montrent les plus sectaires qui soient.
Cette affaire en rappelle une autre : l’affaire Boudarel. Cet enseignant catholique Français et marxiste en poste à Sai¨gon, qui déserte l’armée Française pendant la guerre d’Indochine, trahit son pays en devenant commissaire politique d’un camp de prisonnier Français, le camp 113, ou les conditions de détention, la torture physique et psychologique, et la mortalité sont dramatiques. Boudarel est chargé de la rééducation politique de ses compatriotes, à la différence des camps nazis ou du goulag soviétique ou les détenus n’avaient pas à subir ce lavage de cerveau. Inculpé de trahison, Boudarel est condamné à mort par contumace en juin 1953. En 1970, après la loi d’amnistie couvrant les crimes commis en Algérie ou enn Indochine, votée par les communistes et les Gaullistes, Boudarel rentre en France, intégre le CNRS et l’Université de Paris VII comme maître-assistant d’histoire, spécialiste du Viêt-Nam…En 1991 éclate l’affaire Boudarel lorsque celui-ci est reconnu et dénoncé publiquement, lors d’un colloque organisé au Sénat, par un ancien détenu du Vietminh Jean-jacques Beucler, alors secrétaire d'État aux Anciens combattants. Une association d’anciens combattants et anciens prisonniers/ rescapés du camp 113 essaie alors de faire condamner cet homme pour crime contre l’humanité, les crimes de guerre étant amnistiés. Ils sont déboutés en 1993 par la cour de cassation qui fait valoir que seuls les crimes nazis relèvent de crimes contre l’humanité…
Ou encore l'affaire Pascal Salin: comment un économiste libéral de renom nommé à la tête du jury d'agrégation d'économie 2004 a du afronter une fronde des milieux enseignants, SNESUP en tête et autres syndicats d'extrême gauche, relayés par les commissaires politiques (illustration ci-dessous de Thomas Piketty en grand uniforme) de Libération, du Monde et de France culture... Pourquoi un tel scandale?Parceque depuis des lustres, ce même jury d'agrégation était trusté par des économistes au mieux Keynésiens au pire marxistes, sans que cela trouble le moins du monde nos belles âmes vigilantes...Ou le sectarisme ordinaire du camp progressiste maniant à la perfection la réduction ad Hitlerum, chère à Léo Strauss: libéral = fasciste. La vie est tellement simple quand on appartient au camp du Bien.
Plusieurs remarques.
-Boudarel, traître, déserteur et criminel, a donc pu enseigner pendant plus de vingt ans au sein de l’université Française sans que cela pose le moindre scrupule à la communauté enseignante. On comprend effectivement que la récupération par l'université Française, en tant qu'enseignant, d'un tortionnaire condamné à mort par contumace par la justice Française ne puisse pas "être cause de troubles" au sein du corps professoral et estudiantin...
-Contrairement à Fleury, il ne s’agit pas seulement dans l’affaire Boudarel d’engagement politique, d’idées, aussi condamnables soient-elles, mais de désertion devant l’ennemi, de trahison et de complicité de crime de guerre ou de crimes contre l’humanité, excusez du peu ! A-t-on entendu à cette époque la moindre réticence de la communauté enseignante ? Non. Pourquoi ?
-Faire le procès de Boudarel, c’eut été instruire le procès du communisme, cet autre totalitarisme, coupable de plus de cent millions de mort durant le XXIème siècle, la plus vaste entreprise de terreur organisée, d’esclavage et de misère de masse. C’eut été se poser la question de la complaisance coupable de ces milieux enseignants qui hurlent à l’ogre fasciste dés qu’un enseignant promu ne fait pas partie du sérail collectiviste, mais qui ne voient pas ou ne dénonce pas l’engagement radical, totalitaire, à gauche d'une majorité du corps enseignant Français…C’eut été faire le procès de toute une intelligentsia complaisante à l’égard du communisme et que dénonçait Aron dans L’opium des intellectuels.
20:02 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : communisme, nazisme, fleury, boudarel, totalitaire, tartufe, marxiste
21/02/2008
Une journée en enfer
« …le commandant du régiment, vous vous rendez compte ? Moi qui avait déjà les grelots devant le chef de bataillon…J’y fait : « combattant Turine, de l’Armée Rouge, à vos ordres ! » Il me braque dessus des sourcils féroces : « Prénom et patronyme ? » Je les dis. « Date de naissance ?» Je la donne. A l’époque en 30, j’avais quoi ? Vingt deux ans ? Un môme ! « Etats de service ? » « Au service du peuple travailleur ! » Voilà qu’il se met à bouillir. Et vlan, deux coups de poing sur la table… "Au service, qu’il répète, du peuple travailleur ? Comme quoi canaille ? » J’en ai comme un bain de vapeur dans le dedans, mais je ramasse mon courage : « Comme pointeur mitrailleur de première classe, combattant d’élite pour la préparation militaire et polit… »- « Salaud de première classe, oui ! on nous a envoyé un papier de Kamien, ton père est un koulak, tu te caches et ça fait un an que tu es recherché ! » Moi, pâle comme un défunt, je la boucle. Tout un an je n’avais point écrit de lettres à la maison, manière qu’on ne retrouve pas ma trace ; je ne savais plus rien d’eux, ni même s’ils étaient encore de ce monde, ni eux, de moi rien. « Tu n’as pas de conscience, tu as trompé le peuple ouvrier et paysan ! » il aboyait. Ca secouait les quatre barres qu’il portait au col. Je pensais qu’il allait cogner, mais il l’a pas fait. Il a signé un papier : dans les six heures, je serais flanqué à la porte. Dehors, c’était plein novembre. On m’a enlevé mes effets d’hiver, on m’en a donné d’été, marqués au magasin 3 ans d’usage, et une capote qui venait aux genoux. Couillon comme la lune, je ne savais pas que j’avais le droit de garder ma tenue et de les envoyer se brosser le troussequin…Avec ça, un certificat à la brute-« Chassé de l’Armée Rouge comme fils de koulak » : exactement ce qu’il me fallait pour trouver de l’embauche…, quatre jours de chemin jusque chez nous, pas de feuille de route, zéro comme vivres, pas un jour, la dernière soupe et puis oust !
L’histoire tragique, parmi d’autres, de Turine, « brigadier » d’Ivan Denissovitch au goulag, racontée par Soljenitsyne. Une journée d’Ivan Denissovitch, chef d’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne, écrit en deux mois en 1959, fut publié en 1962 en URSS et dans le monde entier, avec l’aval des autorités Soviétiques -et de Kroutchev en personne- dans un climat de déstalinisation et d’ouverture relative, propice à la révélation des horreurs du monde carcéral Soviétique que le même Soljenitsyne devait relater plus tard de façon stupéfiante et définitive dans L’archipel du goulag.
Le monde découvre alors Soljenitsyne. Il a quarante-cinq ans ; capitaine d’artillerie pendant la guerre, et décoré pour faits d’armes, il a été arrêté en Prusse Orientale en 1945 pour propos irrespectueux à l’égard de Staline ; condamné à huit ans de bagne, libéré mais astreint à la relégation en 1953, il a été réhabilité en 1957.
Avant Ivan Denissovitch, rien de tel n’existait en URSS sur les camps Soviétiques. Saturés de romans et de souvenirs sur les camps nazis, l’expérience concentrationnaire communiste restait une réalité abstraite. Ivan Denissovitch déchire d’un coup ces ténèbres : à travers le camp de la steppe Kazakhe ou Choukhov (surnom de Denissovitch) vit sa journée, c’est la vie de tous les camps de l’archipel qui devient, pour tous une réalité concrète.
Soljenitsyne, qui a vécu onze ans de captivité, raconte dix-sept heures de la vie d’un captif, paysan de la Russie centrale.
A l’inverse de l’Archipel du goulag, ou l’auteur relate son expérience concentrationnaire personnelle avec force détails atroces, Soljenitsyne élimine dans Ivan Denissovitch, tout ce qui pourrait distraire de l’essentiel : l’horreur du camp, c’est l’interminable quotidien.
La psychologie concentrationnaire, la dégradation des êtres, ou au contraire, la sauvegarde de la dignité humaine, tout est dit avec un minimum de mots.
Ce que n’a pas vu Kroutchev, lorsqu’il donne son imprimatur, c’est que le récit dramatique de cette société concentrationnaire en évoque irrésistiblement une autre : le bagne n’est pour Soljenitsyne que le reflet caricatural de la société Soviétique, et Choukhov, l’homme du peuple, l’incarnation d’une majorité silencieuse refusant la société qu’elle subit.
Incontournable.
21:45 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : soljenitsyne, goulag, kroutchev, ivan denissovitch
19/02/2008
acculturation
Je crois qu'il faut regarder les choses en face: l'acculturation, c'est-à-dire le changement d'identité culturelle ne peut se produire que lorsque la culture d'accueil est suffisament désirable ou puissante pour s'imposer. La plupart des nouveaux européens sont issus de la civilisation musulmane et s'ils adoptent certains traits de la modernité occidentale, ils restent profondément des musulmans. Je ne peux m'empecher de me mettre à leur place: l'occidental que je suis deviendrait-il un oriental si je devais vivre en terre d'islam? trés probablement non (je ne parle pas de religion ici, mais de façon de vivre, de culture).
Je crois que de nombreux décideurs nationaux et européens, pétris de tiers-mondisme et de repentance, sous-estiment l'importance de l'enracinement culturel/ civilisationnel et continuent à considérer les hommes comme des variables d'ajustement démographique ou économique sans histoire ni attachement. Pour notre malheur. D'autres, décideurs, savent qu'un homme ne change pas ainsi d'identité (surtout lorsque celle-ci est l'islam) et envisagent donc plus ou moins paisiblement la perspective d'un séparatisme européen à grande échelle, sachant qu'imanquablement ces nouveaux européens resteront fidèles à leur culture première (leur statue intérieure comme disait François Jacob) et ferons donc sécession à un moment ou à un autre.
La diatribe récente d'Erdogan (totalement politiquement incorrecte au regard de la propagande irénique de l'assimilation sans douleur de Bruxelles) est intéressante dans ce contexte car elle montre sans fard l'attachement viscéral d'un homme à sa culture, et sa crainte de voir des Turcs devenir des européens, c'est-à-dire perdre leur identité Ottomane. Tout homme raisonnable devrait être d'accord avec la vision réaliste - la weltanschaung- d'Erdogan.
Or l'identité européenne, qui devrait être défendue avec la même ardeur, la même foi, par nos "élites", et qui devrait se projeter dans un corpus de valeurs non négociables par les nouveaux migrants désireux de s'établir en Europe, semble ne plus exister. La dimension culturelle, historique, civilisationnelle de notre identité est constamment niée ou dépréciée par ceux-là mêmes qui devraient la promouvoir; pour de multiples raisons. N'importe quelle culture primitive ou seconde à droit de cité, notamment en France, mais curieusement notre culture occidentale, européenne, est seule méprisable et indigne d'être portée et enseignée avec fierté.
On me rétorquera que cet état de fait est conjoncturel, que notre histoire récente, à nous européens, est trop dramatique (guerres civiles européennes, décolonistion, génocides divers) pour que nos petits clercs pétris d'ethno-masochisme puissent apprécier son génie propre sur la longue durée. Certes, nous sommes d'accord la dessus. On me dira encore que l'histoire récente des pays de l'est européen recouvrant leur culture aprés un demi-siècle de colonialisme soviétique montre assez à quel point une civilisation ne se perd point facilement. D'autres encore évoquerons l'héroïque reconquista chrétienne de la péninsule Ibérique aprés sept siècles de colonisation arabo-musulmane...et nous sommes d'accord la dessus: notre identité européenne n'est pas prés de se perdre, même si elle n'est pas reconnue, même si elle est méprisée, par nos dirigeants.
Pour revenir aux mots du leader turc Erdogan, et considérant que cette acculturation n'est pas possible au plus grand nombre, la question clef, dans nos pays démocratiques soumis à la loi de la majorité, devient l'importance des populations non européennes au sein de notre continent. S'il est difficile aujourdhui de considérer comme le faisait le Général De Gaulle que les Européens sont un peuple de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne, c'est en raison de la rapidité et de l'importance des transformations démographiques et culturelles à l'échelle continentale...
Sept siècles, c'est un peu long.
06:25 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : erdogan, civilisation, europe, islam, assimilation, sécession
12/02/2008
Merci monsieur Erdogan
M. Erdogan avait tenu dimanche un discours devant près de 20.000 immigrés turcs et allemands d'origine turque à Cologne (ouest), les mettant en garde contre l'assimilation en Allemagne, en affirmant que les Turcs devaient garder leur propre culture. "Apprenez l'allemand mais restez Turcs"; "Intégration oui, mais l'assimilation est un crime", a ajouté Erdogan. http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/167740/2008/02/12/Erdogan-encourage-le-nationalisme-turc-en-Allemagne.dhtml
C’est ce qui s’appelle mettre les pieds dans le plat…même se vautrer dedans ! Et on comprend que notre presse nationale très politiquement correcte n’ait que peu relayé ces intéressants propos du sieur Erdogan leader de l’AKP (parti de la justice et du développement) et premier ministre "islamo-conservateur" Turc, champion de l’intégration de la Turquie à l’Union Européenne et dont le seul programme intérieur semble être la cloture de la parenthèse Kémaliste et la réislamisation de son pays. Sur le fond, la Turquie reste un grand pays profondément ancré dans la civilisation musulmane, malgré un siècle d'occidentalisation Kémaliste à marche forcée; donc déchiré (suivant le concept d'Huntington) entre sa nature profonde Ottomane et son apparence occidentalisée, ses institutions laïques et modernes au regard du reste du monde musulman.
Voici une vision très claire de sa conception de l’intégration des Turcs en Europe : ils restent des Turcs ! Pas plus compliqué que ça mais on avait déjà quelques soupçons sur la question…
Mais il va maintenant devenir beaucoup plus difficile de nous présenter cet homme comme garant des valeurs culturelles européennes.
Si les Turcs vivant en Europe restent des Turcs (et comment le leur reprocher ?), alors ce ne sont pas des européens mais des musulmans constituant une communauté distincte des européens de souche et rejetant les valeurs de ces derniers (laïcité, séparation du politique et du religieux, pluripartisme et liberté de culte, séparation des pouvoirs, égalité homme-femme, etc). Une enclave.
Dés lors cela devient une question de nombre : ces communautés distinctes, faisant sécession part rapport au reste de la communauté nationale et européenne, acquièrent logiquement, par le flux migratoire et leur surnatalité propre, une importance démographique relative suffisante pour imposer des politiques communautaires, des privilèges (lex privata/ loi particulière) au sens propre, débouchant sur une sécession politique, sociale, culturelle, religieuse et territoriale. Du Pakistan au Kosovo en passant par le Liban, l’histoire moderne illustre parfaitement cette tendance à la partition, à l’éclatement, d’états comprenant une forte minorité ou une majorité de musulmans.
Au moins les choses sont claires, maintenant. Merci monsieur Erdogan !
Bain turc, JD Ingres, 1862.23:20 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : turc, erdogan, sécession, europe, kosovo, AKP
pour joseph
18:10 | Lien permanent | Commentaires (6)
10/02/2008
Ghettos
Une approche réaliste de ce problème de ghettos urbains devrait amener à considérer les raisons de l'échec de l'intégration de ces populations à la communauté nationale (si elle existe encore):
- la distance culturelle considérable à franchir pour des hommes et des femmes venant pour l'essentiel du versant méditerranéen non européen et de l'Afrique subsaharienne, appartenant donc pour l'essentiel à la civilisation musulmane. Cette distance culturelle était bien moindre dans l'après guerre pour les vagues de migrants européens (polonais, espagnols, italiens, portugais,etc.) qui partageaient un fond culturel, linguistique et religieux commun.
- la disparition de structures d'intégration puissantes qu'étaient l'école, l'armée, le travail et la famille.
- trois facteurs aggravants que sont: le regroupement familial, l'islam, religion dominante de ces nouveaux français, et qui est un facteur puissant de sécession culturelle, ethnique et territoriale.
Enfin seuls des peuples fiers de ce qu'ils sont, fiers de leur culture peuvent générer le souhait de s'intégrer à une communauté de valeurs; le souhait d'adhérer à un code de conduite commun. Or l'anomie et l'ethno masochisme qui règnent en maître parmi nos élites nationales et transnationales européennes vont à l'inverse de ce besoin de tout migrant d'estimer son pays et sa culture d'accueil.
Alors que faire ?
Gérer ce désastre et sauver ceux qui peut l’être…
1/ à l’extérieur :
- réduire la distance culturelle des nouveaux Français, c’est-à-dire favoriser l’immigration de personnes culturellement plus proches de nous (orthodoxes ou sud américains par exemple),
- favoriser une immigration de travail, facteur puissant d’intégration,
2/ à l’intérieur : imposer un code culturel commun aux nouveaux migrants. Cela passe par :
- reconstruction des outils d’intégration : refondation de l’école (aucune possibilité d’adaptation...faut tout refaire), éventuellement rétablissement d’un service militaire, ou un équivalent de service civil de longue durée.
- ne JAMAIS transiger sur les velléités de sécession culturelle, ethnique, religieuse ou territoriale : imposer par la force l’ordre républicain et les valeurs républicaines dans ces ghettos, rétablir partout la présence de l’état.
3/ ces problèmes ne sont pas spécifiques à notre pays et appellent logiquement une politique commune à l’échelle Européenne. Idéalement cela devrait passer par la reconnaissance d’une identité Européenne basée sur des valeurs culturelles communes, un projet commun et des frontières claires…on en est loin, malheureusement.
4/ au fond le plus important est de savoir qui nous sommes et quelles sont les valeurs qui ne sont pas négociables par les nouveaux arrivants.
Un contrat clair : des droits pour celui qui souhaite devenir européen et des DEVOIRS, c’est-à-dire l’acceptation de notre code culturel européen, pourquoi pas un serment d’allégeance à une charte. En faire une condition sine qua non.
5/ ces politiques d'intégration sont extrèmement couteuses (nième plan banlieue...); pourquoi ne pas utiliser une partie de cet argent pour encourager la natalité Européenne de souche?
6/ cesser de considérer que les hommes sont interchageables, sans histoire, sans culture, déplaçables d'un continent à un autre, à volonté. Cesser de considérer que l'économie prime sur tout, notamment la politique et les facteurs culturels. L'obsession à court terme de quelques bureaucrates bruxellois d'assurer la pérenité de quelques régimes de retraite les conduit à initier et pereniser des politiques de transfert massif de population à l'échelle continentale sans considération des aspects culturels et identitaires.
7/ aider au MAXIMUM ceux qui manifestent la volonté de s’intégrer à notre communauté mais COMBATTRE et EXPULSER systématiquement tous ceux qui transgressent nos lois.
Relire Platon.
Bon dimanche à tous.
10:10 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : ghettos, immigration, europe, islam, platon
08/02/2008
Citations
« Sachons être suspect. C’est le signe, aujourd’hui, d’un esprit libre et indépendant, surtout en milieu intellectuel. Il faut, en effet, choisir entre la flatterie de l’idéologie dominante et la suspicion dont les parangons de cette idéologie accablent ceux qui refusent de se plier à la nouvelle mode. » (2)
« Cette belle espérance [l’union européenne] fond comme neige au soleil. Sans doute parce que pour avoir un point fédérateur, il faut accepter d’avoir des frontières et un ennemi. En économie, vous avez des concurrents, en politique vous avez des adversaires. L’Europe a existé chaque fois qu’elle a identifié un ennemi. Le mot « Europe » apparaît au IX ème siècle, et l’adversaire était alors le Sarrasin. Le mot, en tant qu’identité politique et non pas géographique, refait surface au XVème siècle contres les Turcs, c’est la bataille de Lépante. Et il prend tout son essor contre Staline en 1946. Vous vous posez en vous opposant ; si vous n’avez personne à qui vous opposer, vous ne vous posez pas. Vous faites une union économique, un marché, mais vous ne faites pas une puissance. » (3) (on peut également noter que l'appellation "hommes d'Europe" apparait dans la description de la bataille de poitiers au début du VIIIème siècle aprés JC)
(1)Julien Freund, Les garde-fous et le mirador, p.14(2)Julien Freund, préface à Carl Schmitt, cité par PA Taguieff, Julien Freund, la table ronde, p. 133.
(3)Régis Debray, interview aux Echos du 07/02/08.
19:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julien freund, pa taguieff, régis debray, carl schmitt
01/01/2008
Civilisation.
Non pas Civilisation au singulier qui sous-entend que le monde constitue une seule et même civilisation universelle -définie sur quels critères ?- qui me parait peu défendable, mais civilisation au sens large de culture c’est-à-dire « les valeurs, les normes, les institutions et les modes de pensées auxquels des générations successives ont, dans une société donnée, attaché une importance cruciale ». (1) Ou, selon Mauss et Durkheim, « une sorte de milieu moral englobant un certain nombre de nations, chaque culture nationale n’étant qu’une forme particulière du tout ».(2) Ou plus précisément encore, selon Hérodote, ce que les Grecs avaient en commun et ce qui les distinguait des Perses, des Mèdes et des autres non Grecs -quelle que soit la nature brillante de leur culture- c'est-à-dire le sang, la langue, la religion et la manière de vivre…
Malheureusement, immédiatement après avoir utilisé ce terme, notre président nous parla d’école et d’urbanisme du XXIème siècle, omettant de définir son concept de civilisation et sa vision du monde moderne. Plus éclairant fut la façon dont il conçoit le destin de la France montrant le chemin aux autres pays du monde , et manifestement en charge de défendre tous les peuples opprimés du globe (« Que la France montre la voie. C'est ce que depuis toujours tous les peuples du monde attendent d'elle"), renouant ainsi avec une conception messianique de la culture Française (Lumières, droits de l’homme, état de droit, sécularisation, égalitarisme et idéologie compassionnelle) et au nom de prétendues valeurs universelles, bien proches -est ce un hasard ?- des valeurs de la civilisation occidentale. Cette conception selon laquelle l’Occident, dans sa prétention à l’universalité, tiendrait pour évident que les peuples du monde entier devraient adhérer aux valeurs, aux institutions et à la culture occidentales parce qu’elles constituent le mode de pensée le plus élaboré, le plus lumineux, le plus libéral, le plus rationnel et le plus moderne, me parait non seulement fausse mais particulièrement dangereuse.
Aujourd’hui, après l’effondrement du monde communiste et la fin de la bipolarité monde libre vs monde communiste, au moins deux conceptions du monde s’affrontent : celle de la fin de l’histoire et de l’avènement d’un monde globalisé/ dérégulé régi par la démocratie libérale et l’économie de marché ou subsistent quelques états voyous dont la survie n’est qu’une question de temps, et celle d’un monde multipolaire constitués d’états nations regroupés au sein d’entités civilisationnelles (au nombre de cinq à huit selon les spécialistes) aux cultures également respectables. Huntington, par exemple, décrit huit civilisations : occidentale, orthodoxe, islamique, chinoise, africaine, japonaise, sud-américaine et indienne. Avec au sein de chaque civilisation, un état-phare, guidant et ordonnant chaque région culturelle (par exemple la Russie pour le monde orthodoxe, ou la Chine pour le monde confucéen).
Dés lors que l’on adhère à cette vision multipolaire et civilisationnelle de notre monde, l’indigence de la posture universaliste/ impérialiste de certaines de nos élites occidentales (des néoconservateurs de l'administration Bush à nos tiers-mondistes européens) devient évidente. Parce qu’elle est lourde de conflit avec des peuples dont la culture se situe aux antipodes de la notre et qui ne sont pas disposés à adopter notre mode de vie, mais aussi parce que cela nous éloigne de notre but premier qui est de connaître et de défendre notre propre civilisation et nos propres intérêts. Ce qui ne veut pas dire indifférence à l’égard des autres civilisations ni renoncement à amener l'autre à une position plus conforme à notre point de vue: connaitre et défendre sa culture et ses intérèts ne veut pas dire isolement.
Hubert Védrines, dans un petit ouvrage indispensable (Continuer l’histoire, Fayard), défend cette approche culturelle et multipolaire en dénonçant cette « irréal politik » basée sur une « communauté internationale » qui n’existe pas.*
En fait, il semble bien que Nicolas Sarkozy ai voulu faire référence au théories du sociologue Edgar Morin, qui propose une réforme de la politique et de la pensée (individualisme, atomisation de la société, disparition des solidarités, solitude, asservissement à la technique, etc) , capables de nous faire dépasser la crise multiforme et planétaire que nous traversons. Une critique du mythe du progrés et de la logique de mondialisation technique, industrielle, économique qui disqualifie tout ce qui est inapparent (amour, plaisir, souffrance, poésie, etc) ; une impasse technologique et inhumaine..
Morin appelle ainsi a une prise de conscience de la communauté d’un destin terrestre : « Cette étape nouvelle ne pourra venir que si nous enracinons dans notre conscience le fait que nous sommes des citoyens de la Terre tout en étant Européens, Français, Africains, Américains..., qu’elle est notre patrie, ce qui ne nie pas les autres patries. Cette prise de conscience de la communauté de destin terrestre est la condition nécessaire de ce changement qui nous permettrait de copiloter la planète, dont les problèmes sont devenus inextricablement mêlés. Faute de quoi, on connaîtra l’essor des phénomènes de « balkanisation », de repli défensif et violent sur des identités particulières, ethniques, religieuses, qui est le négatif de ce processus d’unification et de solidarisation de la planète. » (3)Sans recourir à un gouvernement mondial dont les dérives totalitaires paraissent envisageables, Morin souhaite dépasser le cadre trop limité de l’état nation pour atteindre « une confédération mondiale, qui serait elle-même une confédération de confédérations à l’échelle des continents, dont l’Europe pourrait être un modèle et un exemple. Il faudrait créer des instances mondiales pour réguler des problèmes vitaux comme l’écologie, le nucléaire, et le développement économique, qui, en raison de ses conséquences socio-culturelles, ne devrait pas échapper au contrôle politique. La politique de civilisation vise à remettre l’homme au centre de la politique, en tant que fin et moyen, et à promouvoir le bien-vivre au lieu du bien-être. Elle devrait reposer sur deux axes essentiels, valables pour la France, mais aussi pour l’Europe : humaniser les villes, ce qui nécessiterait d’énormes investissements, et lutter contre la désertification des campagnes. » (3)
Remarques.
- l’échelle continentale me parait inadéquate sachant que certains continents rassemblent des états nations appartenants à des aires civilisationnelles distinctes avec donc des traditions culturelles distinctes, appellant des solutions différentes.
- si la conscience d’une communauté de destin terrestre, et la nécessité d’une prise en charge globale de certaines questions (protection de l’environnement, équilibres démographiques, nucléarisation, etc) peuvent se concevoir en théorie, je crois que la façon de concevoir ce destin échappe à une systématisation planétaire et butte forcément sur les spécificités culturelles de chaque aire civilisationnelle, à l’encontre d’une unité culturelle de l’humanité.
- ce concept de « confédération de confédérations à l’échelle des continents » me parait difficile à mettre en œuvre sachant qu’en plus, Morin considère que « la France pourrait jouer un rôle pionnier parce que sa culture possède un héritage d’universalisme, de foi civique, républicaine et patriotique, (…) et de métissage » (3). Cela rejoint précisément les propos du chef de l’état qui voit la France en pionnier de cette prise de conscience planétaire, au delà des particularismes millénaires des différentes cultures humaines…
- la solution pour Morin passerait ainsi par la transcendance de notre société matérialiste globalisée et inhumaine et par l’ouverture aux autres civilisations qui n’auraient pas perdu ce lien entre l’esprit, l’âme et le corps, en vue d’une renaissance humaniste planétaire. « Je pense que nous devons nous ouvrir aux échanges. De même que l’Asie s’est ouverte à la technique occidentale, nous devons nous ouvrir à l’apport des civilisations asiatiques, bouddhiste et hindouiste notamment, pour la part qu’elles ont faites au rapport entre soi et soi, entre son esprit, son âme et son corps, que notre civilisation productiviste et activiste a totalement négligé. Nous avons beaucoup à apprendre des autres cultures. De même que la Renaissance s’est produite parce que l’Europe médiévale est revenue à la source grecque, nous devons aujourd’hui chercher une nouvelle renaissance en puisant aux sources multiples de l’univers. » (3)
- quid de l'ONU? N'est-ce pas le type même de l'organisation supra-nationale et philanthropique qui pourrait matérialiser cette confédération de confédérations? Peut-être pour qu'elle soit crédible et efficace serait-il utile qu'elle refléte mieux les différentes civilisations humains: le conseil de sécurité de cette instance est aujourdhui encore composé de cinq membres disposant d'un droit de véto: USA, Angleterre, France, Chine et Russie. Soit trois pays occidentaux, un représentant du monde orthodox et un représentant du monde confucéen... Quid du monde musulman, du monde Indien, du monde sud américain? Quid du Japon et de l'Afrique sub saharienne? Je n'ignore pas qu'il existe dix membres non permanents plus représentatifs de la diversite civilisationnelle de notre planète, mais ils ne sont pas sur le même pied d'égalité que les cinq membres permanents. Ce qui contribue sans doute largement à discréditer cet organisme international et à favoriser d'autres regroupement civilisationnels comme l'OCI (organisation de la conférence islamique, par exemple).
Certes l’histoire n’est pas écrite et le pire n’est jamais certain, mais ce concept de renaissance me parait assez largement utopique bien que je partage sans réserves son diagnostic sur le matérialisme sans âme de nos sociétés globalisées, l’âge des robots comme disait Bernanos.
(1) Bozeman in civilisations under stress, cité par S Hunttington, Le choc des civilisation, p.39.
(2) Durkheim et Mauss, Notion of civilisation, p.811.
(3) http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/france_829/label-france_...
16:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : civilisation, huntington, hérodote, durkheim, mauss, védrines, edgar morin
22/12/2007
Joyeux Noël!
13:30 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gustav klimt
21/12/2007
Anomie.
J’ai un vieux patient- je suis médecin- que je vois de temps à autre, économiste brillant, érudit, qui passe le plus clair de son temps depuis 50 ans à sillonner la planète, d’est en ouest et du nord au sud, pour conseiller les uns et les autres, chefs d’états et dirigeants divers. Cet homme de 80 ans, physiquement et intellectuellement toujours aiguisé connaît la plupart des hommes politiques occidentaux et non occidentaux de ce monde, souvent personnellement, et c’est donc toujours un plaisir de l’entendre parler de Chirac, Poutine, Merkel, Kadhafi ou Zapatero…Je me rappelle une discussion que nous avions eu lors de la dernière élection présidentielle en France au sujet de la culture historique et politique de nos candidats. Indépendamment de la confirmation de l’inculture crasse du couple Sarkozy- Royal, j’ai mesuré ce jour l’indigence culturelle de nos élites, nationales et européennes : « Quand j’évoque Alexandre ou Carthage, il ne savent simplement pas de quoi je parle ! », me dit-il en avouant prendre quelque plaisir à leur faire toucher du doigt leur ignorance coupable.
*
Réactions édifiantes de nos élites intellectuelle et journalistique lors de la visite du leader Libyen ("bouffon totalitaire" selon Finkielkraut). Ce fils de bédouin, adepte du nationalisme arabe prononça un discours à Tombouctou en avril 2006 qui est particulièrement clair sur sa vision future de l’Europe et du monde. Finalement cet homme, représentant oh combien symbolique de la civilisation musulmane (en l’occurrence magrhebine) me paraissait bien plus respectable que nos droitdelhommistes professionnels. Pourquoi ? Parce que cet homme est logique avec lui même, car il sait, lui, qui il est (un autocrate musulman) et ce qu’il veut (une oumma planétaire). Et lui demander lors de sa visite en Europe d’adouber les droits de l’homme et le reste de nos valeurs occidentales (démocratie, compassion, sécularisation, etc..) me parait hallucinant de bêtise et de prétention. Bêtise car cela équivaut à lui demander de renier sa culture ; prétention car cela sous-entend la supériorité des valeurs occidentales sur celles de la civilisation musulmane. Au nom d’un universalisme qui ne dit pas son nom mais qui considère que certaines valeurs seraient supérieures et devraient naturellement s’imposer à toutes les civilisations, à tous les hommes. La doctrine philanthropique coloniale portée par Ferry et Jaurès ou Hugo n’est pas loin…Le « devoir des races supérieures d’aider les races inférieures, etc. » comme le dira Léon Blum dans son discours fameux à l’assemblée dans les années 30.
On aura compris que je ne suis pas un adepte de la théorie de Francis Fukuyama sur la fin de l’histoire et l’avènement d’un monde globalisé régi par la démocratie libérale occidentale… Au fond je crois, comme Huntington, que en deçà de considérations superficielles, idéologiques, politiques, économiques, ce sont des considérations culturelles, c'est-à-dire civilisationnelles, qui sont déterminantes et qui permettent d’expliquer, de prévoir, le comportement de chacun, dans sa sphère civilisationnelle.
D’où l’importance cruciale de pouvoir répondre à la question : qui suis-je ? Je crois que Mouammar Kadhafi sait très bien qui il est, et que nos dirigeants occidentaux, pour l’essentiel, ne savent plus du tout qui ils sont. Et par conséquent, ce qu’ils veulent.
C’est le concept d’anomie (du grec nomos, la coutume ou la loi), la disparition des valeurs communes à un groupe, à une communauté, à une région culturelle, comme disait Fernand Braudel pour définir le concept de civilisation.
*
Dans le même ordre d’idée l’absence de référence au christianisme dans le préambule du TCE qui fut rejeté par les Français en 2005. Il ne s’agit pas ici bien sur de référence religieuse, mais historique. Un peu comme si l’on passait sous silence l’ensemble de notre héritage classique Grec et Latin. 2000 ans de christianisme ? Apparemment indigne de figurer dans l’histoire de notre civilisation européenne…
Malheureusement il n’y a que deux explications : les auteurs de ce texte sont incultes au point de ne pas connaître les apports -déterminants- du christianisme à la civilisation occidentale, et cela ne me parait plus impossible considérant l’expérience de mon vieux patient, ou bien les mêmes auteurs ont intégré dans leur réflexion l’islamisation croissante de ce continent, par le simple fait d’une immigration importante essentiellement en provenance de la sphère musulmane, et anticipent la contestation probable des futurs européens. Ce qui est un signe très sûr de veulerie. Qui ne trompe personne, et notamment pas les musulmans.
Pour ceux que la question de l'identité européenne intéresse (et comment ne pas l'être?), je signale l'ouvrage remarquable du philosophe Rémi Brague, La voie Romaine, qui montre entre autres, combien nous sommes toujours ces romains qui surent transmettre cet héritage classique -grec notamment- dans une perspective chrétienne.
*
Au fond, la question la plus urgente que nous devrions nous poser est celle de notre identité. Sereinement. Dés lors que l’on y a répondu, la confusion disparaît.
Et Kadhafi est logiquement reçu en dirigeant d’un pays respectable, chargé d’histoire, représentant d’une culture différente de la notre mais cohérente et également respectable.
*
Propos hallucinants, cela dit, de ce despote maghrébin lors d'une conférence donnée au Ritz devant un parterre de clowns invertébrés et tétanisés, à l'adresse des chrétiens: "la croix que vous portez n'a aucun sens et vos prières n'ont aucun sens, l'islam est la religion de Jésus, de Moïse et de Mahomet".
Bien sur non repris dans la presse conventionnelle. On imagine le tollé si Benoit XVI avait parlé pareillement des musulmans...Il n'y a évidemment d'offense aux croyants que lorsque ceux-ci sont musulmans.
Abbaye de Saint Félix de Montceau à Gigean (Hérault)
06:55 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : civilisation, huntington, fukuyama, occident, islam, kadhfi
24/11/2007
Le merveilleux chez Homère
Le merveilleux est partout dans l’œuvre d’Homère. Les dieux se mêlent sans cesse à l’action. Certains héros, comme Achille et le troyen Enée, ont pour mère des déesses. Beaucoup d’autres sont en relation directe et constante avec quelque divinité qui les conseille, les encourage, leur donne la victoire ou assure leur retraite. Les évènements humains sont gouvernés par les dieux, qui parfois même, prenant une forme humaine, descendent en personne des hauteurs de l’Olympe dans la plaine de Troie pour prendre part à la mêlée. Aphrodite, un jour, est ainsi blessée par Diomède, et rentre en gémissant dans le palais des dieux. Ou Athéna ramassant la javeline d’Achille aux pieds prompts qu’il venait de lancer sur Hector, et la lui redonnant afin qu’il puisse continuer le combat : « Balançant la javeline dont l’ombre s’allonge, il la lança devant lui. L’illustre Hector, faisant face, la vit et l’évita. Il avait vu le coup d’avance et s’était baissé. La javeline de bronze vola par-dessus lui et se planta dans le sol. Pallas Athéna la saisit, l’enleva et la redonna à Achille, sans qu’Hector, le pasteur d’hommes, s’en aperçut. » (Iliade, XXII, 264-307)
Quand Voltaire écrivit la Henriade, il crut devoir, lui aussi, pour obéir aux prétendues règles de l’épopée, introduire dans son poème quelques apparitions surnaturelles. Mais ce n’était là qu’un artifice, et les artifices de ce genre se révèlent toujours par un certain désaccord avec le ton général de l’œuvre.
Dans Homère, au contraire, le merveilleux est sincère et naïf. Le poète mêle sans cesse les dieux aux évènements de son poème, parce que les hommes de son temps concevaient ainsi le rôle de la divinité. L’imagination des grecs du IXème siècle leur faisait voir dans les phénomènes de la nature des forces divines en action. Zeus (Jupiter) tonnait en haut de l’Olympe ; Poséidon (Neptune) ébranlait la mer et la calmait tour à tour ; Phébus [épithète d’Apollon signifiant « pur » ou « lumineux »] éclairait le monde ; les grands dieux se partageaient le gouvernement suprême de la nature. Une infinité de nymphes, de satyres, de divinités secondaires peuplaient les eaux et les bois.
Toutes ces divinités étaient fort loin de la perfection infinie dont l’idée nous parait aujourd’hui inséparable de la notion même de Dieu. Les dieux Homériques sont des êtres supérieurs à l’humanité, mais qui lui ressemblent beaucoup. Ils ont capables de justice et de bonté, mais aussi de caprice et de passion. Cependant, ils sont plus forts et plus beaux que les hommes, plus intelligents aussi et plus puissants. Comme ils personnifient les plus nobles instincts de la race grecque, ils aiment l’ordre, la mesure, l’harmonie. Ils ont le sentiment de la justice. Le culte qu’on leur rend à pour objet de se les concilier ; la fumée des victimes qui monte vers le ciel leur est agréable ; mais formés à l’image d’une race naturellement douce et humaine, ils n’exigent pas d’autres victimes que des animaux, et la Grèce héroïque, en règle générale, ne pratique déjà plus les sacrifices humains, restés si fréquents chez certains peuples de l’Asie.
Tel le culte que rendit Ulysse, au nom des Achéens [désigne les Grecs en général chez Homère, tous ceux sans distinction qui combattent devant Troie], à Phoïbos Apollon lorsqu’il rendit à son père, Chrysès, sa fille Chriséis captive d’Agamemnon et objet du courroux d’Achille dans l’Iliade : « Chrysès, le seigneur suzerain Agamemnon m’a amené pour t’amener ton enfant et sacrifier à Phoïbos une sainte hécatombe au nom des Danaens [autre nom des Achéens, chez Homère], afin de nous rendre propice le seigneur dieu qui, à présent, sur les Argiens [idem] a laché les chagrins, cause de gémissements sans nombre. » A ces mots, il la lui mit dans les mains, et celui-ci reçut son enfant avec joie. Promptement, en l’honneur du dieu, ils mirent en place l’hécatombe fameuse, alignée autour de l’autel bien bati. (…) Quand on eut fait des vœux et jeté devant soi les grains d’orge répandus, d’abord on tira sur les têtes, on égorgea, on écorcha, on coupa et détacha les cuisses. On les couvrit entièrement de graisse, que l’on mit de chaque coté en plaçant par-dessus des morceaux crus. Le vieillard les brula sur du bois fendu et fit dessus la libation avec le vin qui flamboie. (…) Quand ils eurent chassé l’envie de manger et de boire, les jeunes garçons couronnèrent de boisson les cratères et ils firent à tous, suivant la règle, la première distribution dans les hanaps. Tout le jour, le chœur des jeunes Achéens, pour rendre le dieu propice, chanta un beau péan, célébrant l’infaillible en ses œuvres ; Et lui, à les entendre, avait l’âme réjouie. (Iliade, I, 452-497)
Amphore peinte, Quatrième siècle avant Jésus-Christ. Achille et Patrocle jouent au Jeu des Villes (Poleis en grec), une variante de notre jeu de dames.
11:45 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Homère, iliade, merveilleux, achille, hector, ulysse
17/11/2007
What else?
Dans le grand journal de Canal plus il y a quelques jours, Alain Rey, linguiste de talent et gourou du petit et du grand Robert, et les deux auteurs d’un « petit dictionnaire du parler racaille ». Il y avait quelque chose de misérable de voir ce petit homme, concentré d’érudition et parfait représentant de l’élite littéraire de ce pays, entouré de deux malabars au Français hésitant, faire l’apologie de la « culture des banlieue ». Entendons-nous bien : si la langue des Apaches a toujours su faire évoluer et enrichir un français plus académique, faire l’apologie, en bloc, de cette sous culture pour l’essentiel violente, machiste, raciste et antisémite, m’est apparu d’une veulerie sans nom.
Eric Zemmour est pour moi un OVNI. Ce journaliste et chroniqueur de talent au Figaro (organe de presse bien-pensant), à LCI et à France 2, jouit et use avec bonheur d’une liberté de ton et de parole sans pareille dans le PAF. Et je ne peux m’empêcher de penser (j’attends d’être réfuté), qu’indépendamment de son talent, son origine Juive le protège de la diabolisation du camp progressiste. Zemmour, cultivé et combatif, pourfend avec courage vu le milieu dans lequel il évolue, tous les totems du politiquement et de l’historiquement correct (esclavage africain et musulman, antifascisme en peau de lapin du camp progressiste, antisémitisme de l’extrême gauche, caractère totalitaire de la doxa « anti raciste », islamisation de l’Europe, etc.).
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En rentrant de l’entraînement hier soir, vu un panneau annonçant la création d’une place Henri Krasucki, prés de chez moi. Après le lycée Jules Guesde, ça commence à faire beaucoup.
Etait il bien nécessaire de célébrer la mémoire de cet apparatchik stalinien qui ne trouva pas un mot pour réprouver la répression communiste à Budapest et à Prague et qui, sa vie durant, fit l’apologie par ses mensonges et ses silences du totalitarisme communiste ? Pour quand l’épuration (au moins idéologique) des criminels communistes et la mise à l’index des Sollers, Godard, Krasucki, Marchais, Besancenot, et autres ?
Et à quand une médiathèque Maurice Thorez ou une piscine Carrier?
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Lecture passionnante du « Modèle occidental de la guerre », par Victor Davis Hanson (chez Texto). Cet historien américain spécialiste de la guerre dans l’antiquité, montre avec bonheur comment la phalange hoplitique des Grecs révolutionna l’art de la guerre en Occident. Combattre de façon rationnelle, ordonnée et disciplinée était une nouveauté absolue d’une efficacité redoutable. Le citoyen soldat hoplite combattait de l’âge de 18 à 60 ans (pas de régime spécial, ici) ; Hérodote, dans ses Guerres Médiques, et Thucydide dans sa Guerre du Péloponnèse, relatent des affrontements faisant intervenir des guerriers âgés de plus de 60 ans. Cela était possible par la nature brève de l’engagement (quelques heures, quelques jours au plus) et par l’absence d’entraînement spécifique nécessaire : le guerrier hoplite qui combattait avec 30 kg environ d’armes et de protection (bouclier en bois épais, lance, casque lourd, épée courte, cuirasse et cnémides), n’était qu’un parmi une formation dont la cohérence faisait la force. Le point faible était la désunion de la phalange, notamment dans les mouvements de panique. Les généraux avisés disposaient souvent des guerriers chevronnés, vétérans, en arrière de la phalange de façon à limiter le recul ou la fuite de jeunes guerriers terrorisés. Hanson est remarquable car il axe son étude sur la psychologie du guerrier hoplite et sur l’homme combattant, et non pas seulement sur des considérations stratégiques ou tactiques désincarnées. L’effroi que ressentaient bien souvent les ennemis des Grecs à la vue d’une phalange en formation de combat, hérissée de pointes et hermétiquement close par un mur de boucliers devient compréhensible. Cette manière de faire la guerre, qui excluait toute escarmouche, embuscade, guérilla, ruses, attaque nocturne, etc, est révolutionnaire et est devenue le modèle occidental de la guerre jusqu’à nos jours. Le front immobile et inquiétant des armées Franques de Charles Martel (le fameux "mur de glace") devant la cavalerie désordonnée d’Abd al raman en est un exemple marquant.
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News of barbarians: la Marseillaise à nouveau sifflée hier soir au stade de France lors du match amical France-Maroc, comme lors du match France-Algérie avec Jospin et Buffet. Il est toujours intéressant de voir certains jeunes français d'origine africaine montrer tant de haine à l'égard du pays qui les a accueillis (ou leurs parents) alors même qu'ils n'ont que le mot "respect" à la bouche."Il y a juste eu le début des hymnes qui a été sifflé, c'était un peu tendancieux, un peu dommage, mais il [l'hymne français] n'a pas été entièrement sifflé", nous dit Henri Michel, l'entraineur de l'équipe Marocaine (source AFP).
D'accord henri, c'est juste un peu pas grave et un peu dommage...Qui habet audies audendi, audiat!
06:55 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : victor davis hanson, hoplite, alain rey, banlieue, racaille, charles martel, zemmour
13/11/2007
L'immigration extra-européenne, un défi majeur pour l'Union Européenne.
Par Aymeric Chauprade, écrivain, politologue et géopoliticien français. Conférence sur les migrations dans les pays Européens, Rome, 11/11/2004 (Source: http://www.ieref.org). Un point de vue politiquement incorrect-donc intéressant- et, à mon avis toujours valide.
L'Union européenne ne sera une réalité de puissance qu'à la condition (nécessaire mais non suffisante) qu'elle ait une cohérence identitaire. Mon propos vise à montrer que l'immigration extra-européenne hypothèque sérieusement cette possibilité d'identité commune et ouvre sur la perspective d'une disparition, dans ce siècle, du substrat non seulement ethnique mais aussi culturel de l'Europe.
Trois parties seront successivement traitées dans cette communication.
1/ L'effondrement démographique des peuples européens.
2/ Le repeuplement de l'Union par des populations extra-européennes.
3/ Les facteurs d'amplification du phénomène.
1/ La population de l'Union européenne à quinze membres, avant l'élargissement de 2004, se caractérisait déjà comme étant la population la plus âgée du monde. En 2004, la part des enfants et jeunes âgés de moins de vingt ans est inférieure à celle des personnes âgées de plus de soixante ans. Cette situation est révélée plus encore par la comparaison du rapport dit de vieillissement démographique par zone régionale. Ce rapport est égal au quotient de la "post fécondité" sur la "pré fécondité", soit le nombre de seniors (personnes âgées de plus de cinquante ans) sur le nombre d'enfants et jeunes âgés de moins de vingt ans. Pour l'Union européenne des Quinze (avant l'élargissement) ce rapport est de 1,5 et, si l'on examine le détail du vieillissement par nation, les situations les plus graves sont celles de l'Italie (1,85) et de l'Allemagne (1,7) tandis que la France affiche un rapport de 1,28, donc inférieur à la moyenne européenne. Autrement dit, pour les Quinze, la "vieillesse" est déjà à 50% plus présente que la "jeunesse" et pour certains pays, comme l'Italie et l'Allemagne, on tend vers les 2 « seniors » pour 1 jeune. Regardons ce chiffre en Amérique du Nord, dans l'espace ALENA. Le rapport y est de 0,74 ce qui signifie que les personnes âgées de moins de vingt ans sont moins nombreuses encore que celles de plus de cinquante. La démographie nord américaine est donc beaucoup moins déclinante que celle de l'Europe. Quant aux zones économiquement émergentes comme l'Inde et la Chine, leur entrée dans le vieillissement est bien plus récente que la nôtre ; la jeunesse y reste nombreuse : en Chine il y a presque deux fois plus de jeunes de moins de vingt ans que de personnes de plus de cinquante (le rapport est de 0,58); trois fois plus en Inde (rapport de 0,34). Enfin, le record de jeunesse est affiché par la civilisation islamique (très contrastée cependant entre les mondes arabe, turc, asiatique et africain) dont le rapport de vieillissement démographique est de 0,22 (soit une "jeunesse" cinq fois plus représentée que les seniors). L'effondrement de la fécondité est un phénomène qui touche le monde entier à l'exception toutefois de l'Afrique subsaharienne, laquelle n'est pas encore entrée dans le processus d'inversion de la pyramide des âges. Mais si le monde entier (sauf l'Afrique noire donc) se trouve dans le processus d'inversion de cette pyramide, il est important de souligner que ce sont les Européens qui y sont entrés les premiers. Or dans l'histoire, le décalage temporel entre les différentes aires géographiques est décisif, car les flux de migrations vont depuis toujours des zones les plus jeunes vers les zones les plus âgées. C'est l'excédent démographique européen, à la sortie du Moyen Age, qui a provoqué le repeuplement du continent américain à partir du XVI e siècle. Intéressons nous donc à ce décalage temporel entre zones géographiques. L'inversion de la pyramide des âges signifie que la part des plus de soixante ans devient supérieure à celle des moins de vingt ans. Dès 1965, la Suède est entrée dans l'inversion ; l'ensemble de l'Union au début des années 1980, la Russie en 1995, l'ALENA et la Chine y entreront autour de 2010, l'Afrique du Nord autour de 2030 et l'ensemble du monde musulman au début des années 2040. L'Union européenne est donc bien confrontée à un défi démographique d’importance majeure ; sa propre survie est en jeu car elle déjà « vieille » tandis que tous ses autres concurrents géopolitiques sont plus jeunes. L'explication de ce vieillissement accéléré ne réside toutefois pas seulement dans l'allongement de la durée de la vie, conséquence du développement matériel de l’Occident. Pour large partie, elle résulte d'un effondrement de la natalité. Sur les vingt-cinq pays de l'Union élargie, dix-sept (dont ceux d'Europe centrale) connaissent en effet des excédents de décès par rapport aux naissances. Il y a trente ans, sur les territoires européens correspondant à l'Europe des Quinze et qui comptaient alors 330 millions d'habitants, le nombre annuel de naissances au sein de l’Union était supérieur à six millions. S’agissant des mêmes pays, il s'est aujourd’hui effondré passant de 6 à 4 millions alors que la population européenne considérée croissait de 50 millions. Autre chiffre frappant : avec ses quelques 380 millions d’habitants, l'Union européenne des quinze pays d’avant l’élargissement de 2004 n'a pas plus de naissances avec ses quelques 380 millions d'habitants que les Etats-Unis avec leurs 295 millions de citoyens (c'est-à-dire la population de l'Union à quinze moins l'Allemagne !). Or l'élargissement n'apporte aucune solution au problème de la dénatalité. Bien au contraire, il l'aggrave. Chaque année, l'Europe orientale perd 200 000 habitants. La situation est encore pire au-delà des frontières de la Grande Europe. La Russie, la Biélorussie et l'Ukraine ensemble perdent 1,2 millions d'habitants par an. C'est donc bien à un phénomène de dépeuplement massif de l'Europe par ses populations autochtones auquel nous assistons, la dénatalité expliquant largement le vieillissement voire la réduction des populations.
2/ Or, parallèlement au recul de ses populations de souche, l'Union européenne affronte depuis le dernier tiers du XX e siècle, un autre défi majeur : l’établissement en masse sur les sols nationaux de populations d’origine extra-européenne. Très logiquement, les migrants viennent compenser (pour partie) le dépeuplement européen. Deux aires géographiques sont à distinguer de ce point de vue au sein de l’Union. 1-la nouvelle Europe, celle de l'élargissement, qui se dépeuple à grande vitesse et n'est que très peu concernée par les flux migratoires extra-européens.2- l'Europe occidentale (celle que l'on appelle parfois la « vieille Europe » mais qui n'a pas plus d'ancienneté historique que la "nouvelle") (1). Son accroissement naturel (soustraction des décès aux naissances) n'est, pour quinze pays, que de +400 000, tandis que son solde migratoire annuel est de l'ordre de +1,6 millions de personnes1. Autrement dit, l'immigration (légale) est quatre fois plus importante que l'accroissement naturel des citoyens européens (qui évidemment ne sont pas uniquement des Européens de souche). Si l’immigration progresse 4 fois plus vite que l’accroissement naturel (lequel, faut-il encore le répéter, comptabilise la natalité des immigrés arrivés les années précédentes), on peut alors en conclure aisément que la population européenne est en passe d’être remplacée, sur un temps historique très court (un siècle) par des populations non européennes. Autrement dit, l’Europe en tant que réalité ethnique est en voie de disparition. Officiellement, selon Eurostat, l’Union à quinze pays compterait 15 millions d’étrangers extra européens ne disposant pas de la citoyenneté d’un pays membre. Ce qui représente environ 4% de la population de cet ensemble. Mais ce chiffre ne prend pas en compte les populations extra européennes, très nombreuses, qui ont acquis la citoyenneté de l’Union. Nous ne disposons pas de statistiques officielles parce que plusieurs pays ne distinguent pas, une fois la nationalité acquise, les citoyens selon leur origine ethnique. Considérons le cas français, l’un des pays les plus concernés par les flux migratoires extraeuropéens. Nous disposons de chiffres de l’INSEE pour l’année 2001. Officiellement, 9 % de la population de la France métropolitaine (sans les territoires d’Outre-mer donc) est originaire du continent africain et d’Eurasie (Turquie). A eux seuls, ces 9 % de la population de la France métropolitaine assurent 16 % des naissances en France (qui donnent accès à la nationalité française), soit 110 000 naissances. Une projection pour 2030 ouvre sur la perspective suivante : dans 25 ans, la France compterait 10 millions de résidants légaux d’origine extra-européenne, ce qui représenterait 15 % de la population (on serait donc passé de 9 % à 15 %) et 30 % des naissances. Autrement dit, au tiers de ce siècle, un tiers de la « future France » serait déjà d’origine extra-européenne. Dans ces conditions, il paraît assuré qu’à la fin du siècle, la population de France serait très majoritairement de souche extraeuropéenne, les derniers « Gaulois » étant en train de mourir. Or, jusqu’à présent nous n’avons considéré que l’immigration légale, qui est comptabilisée officiellement et soutenue par « l’Etat providence » européen. Or l’immigration illégale est un phénomène qui pèse aussi à côté de l’immigration légale, et ceci de manière croissante puisqu’il s’accélère dans tous les pays européens. En France, les autorités arrêtent en moyenne 10 000 clandestins par an et elles estiment qu’il ne s’agit là que d’un dixième environ des flux illégaux. Les optimistes penchent pour 100 000 entrées illégales par an, les pessimistes pour 300 000. Selon Maxime Tandonnet, spécialiste des flux migratoires au Ministère de l’Intérieur français, plus de 600 000 immigrés en situation irrégulière vivent en France en 2004. Les portes de l’immigration clandestine en Europe sont la Méditerranée occidentale et la Méditerranée orientale. Chaque jour des centaines de candidats à l’émigration illégale vers l’Union européenne tentent de passer par le détroit de Gibraltar, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla en Afrique du Nord (Maroc). Le taux de départ annuel au Maroc est de 15 % des hommes valides, soit 7,5 fois la moyenne mondiale du taux d’émigration par pays (2 %). Ceux qui échouent en étant arrêtés puis refoulés, quand ils ne meurent pas dans des conditions dramatiques (noyades, assassinats par les passeurs), tentent de nouveau leur chance par les Canaries. En Méditerranée orientale, la principale plateforme d’accès est la Grèce (frontière albanogrecque et détroit de Bosphore), l’immigration clandestine provenant de trois sources différentes : les territoires de l’ex-Yougoslavie ravagés par la guerre et l’épuration ethnique, le Moyen-Orient, la lointaine Asie. Les flux d’immigrants qui touchent la Grèce impressionnent par leur ampleur. Alors que la Grèce ne compte qu’une dizaine de millions d’habitants, elle a refoulé en une dizaine d’années plus de 2 millions de clandestins soit l’équivalent d’un cinquième de sa population ; par comparaison, c’est comme si l’Italie dans le même temps avait refoulé 11 millions d’immigrants illégaux. Citons ici le propos de Rosseto Fabiola, économiste du travail et expert de l’immigration à l’Université d’Athènes : « J’ai calculé que les étrangers en Grèce représentent déjà 7,5% de la population et que leur croissance est exponentielle, 12 à 14 fois supérieure aux chiffres que nous avions il y a dix ans » (2). Mais, avant la Grèce, la plateforme de projection de l’immigration clandestine vers l’Union européenne, c’est la Turquie. Les autorités d’Ankara arrêtent environ 100 000 illégaux par an et la pression exercée sur la Turquie par l’Asie centrale et lointaine et par le Moyen-Orient est formidable. En Méditerranée orientale, l’immigration n’arrive pas seulement par la Turquie puis la Grèce, ou bien directement par la Grèce, elle arrive aussi directement par l’Italie : par les frontières avec la Slovénie (30 à 40 000 arrestations annuelles selon le procureur de Trieste) ; par le canal d’Otrante et la Sicile des milliers de clandestins albanais ou tunisiens cherchent à pénétrer l’Union. Les Européens vivent donc un double phénomène démographique. Ils vieillissent car ils ne font plus assez d’enfants et ils sont progressivement remplacés sur leurs terres natales et celles de leurs ancêtres par des populations africaines et asiatiques beaucoup plus jeunes, ceci de manière légale (une immigration assumée pour des raisons autant économiques qu’idéologiques) comme de manière illégale. Prisonniers de leur sentiment de culpabilité, pénétrés par l’idéologie de la Fin de l’Histoire (le village mondial métissé), ils refusent de reprendre leur destin en main.
3/ Or la dynamique décrite (dépeuplement européen/repeuplement africain et asiatique) risque de se combiner dans les années à venir à des facteurs extérieurs à l’Europe autant démographiques qu’économiques ou géopolitiques, ces raisons déterminant l’origine socioéconomique de ces flux migratoires. Pour quelles raisons, en effet, la pression migratoire du Sud sur l’Union européenne va-telle s’aggraver ? Comparons l’évolution quantitative des populations de la rive Nord et de la rive Sud de la Méditerranée. Dans la rive Nord nous rassemblons la France, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, le Portugal ; dans la rive Sud, en faisant le tour du « boulevard périphérique méditerranéen », le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte, la Turquie, les 4/5 de la population de Chypre (3), la Syrie, la Palestine, le Liban et la Jordanie. Israël est mis à part car c’est un pays d’accueil d’une forte immigration juive et très peu un pays source. La rive Nord (européenne) compte aujourd’hui environ 180 millions d’habitants tandis que la rive Sud en compte 240 millions. En 2030, dans 25 ans, la rive Nord aura perdu (si l’on ne compte pas l’afflux d’immigrés extra-européens qu’elle connaîtra certainement) 6 millions d’habitants, tandis que la rive Sud en gagnera 100 millions pour dépasser les 100 millions d’habitants. Les démographies italienne et espagnole connaîtront un recul particulièrement terrible. On aura donc « face à face », dans l’interface méditerranéenne, deux fois plus de population au Sud qu’au Nord. Or ce réservoir démographique qui fait face aux rivages méditerranéens de l’Europe est caractérisé notamment par le plus fort taux d’émigration du monde. Alors que la moyenne mondiale se situe à 2 % de la population (qui émigre chaque année), le taux de départ moyen en Méditerranée est de 5 % de la population. Taux supérieur à la zone Caraïbes et à l’Asie. Traduisons cela en données quantitatives : depuis le début des années 1960, près de 20 millions des ressortissants des pays de la rive Sud ont émigré (pas seulement vers l’Europe, mais aussi vers l’Amérique du Nord). Or cette réalité démographique de la rive Sud doit être combinée avec les risques géopolitiques qui pèsent dans la région. Le premier risque géopolitique majeur est celui de l’évolution des régimes du monde méditerranéen musulman vers l’islam politique (l’islamisme). La persistance du conflit israélo-palestinien, l’occupation américaine de l’Irak, la collaboration de leurs gouvernements avec les Etats-Unis d’Amérique perçue par une très large majorité des Arabes d’Afrique du Nord comme du Levant comme une aliénation et une humiliation, l’absence de véritable développement socio-économique au-delà de marques évidentes de croissance, tout ceci contribue à faire le lit de l’islamisme. Quel est, dans ces conditions, le degré de solidité des régimes algérien ou jordanien par exemple ? Deuxième phénomène à prendre en compte : les conséquences de la révolution économique mondiale causée par l’émergence de l’Asie et notamment de la Chine. Sous pression croissante et pour rester compétitives, les économies européennes risquent de connaître un glissement vers l’économie souterraine. Déjà 10 % du PNB de l’Espagne et 30 % du PNB de l’Italie ou de la Grèce sont le « fruit » de l’économie parallèle. Plus l’Europe vieillit, plus les Etats providence sont confrontés au coût de la vieillesse et de la santé, plus l’économie en subit les conséquences, et plus celle-ci cherche naturellement à se soustraire à la ponction fiscale, en délocalisant ou en fraudant. Or qui plus d’économie clandestine dit davantage d’emplois clandestins. Des pans entiers des économies européennes risquent donc de recourir à de l’emploi étranger et clandestin ou même légal dans la mesure où « l’immigré » est en général moins exigeant en matière de conditions de travail et de niveau de rémunération (il n’a tout simplement pas le choix !). Il y a une pompe aspirante de l’immigration légale et illégale qui est d’essence économique, de nombreux acteurs de l’économie jugeant que le « mondialisme » leur permet de rester compétitif face à la capacité d’adaptation remarquable des Etats-Unis et surtout face au défi chinois et plus largement asiatique. A propos de mondialisation, parmi les multiples conséquences (positives ou négatives d’ailleurs) de celle-ci, figure l’aggravation du poids des maffias transétatiques. La globalisation financière et la liberté de tous les flux favorisent en effet les structures transétatiques illicites. Or l’un des secteurs lucratifs de ces maffias est justement le « marché de l’immigration clandestine ». Plus la demande migratoire augmente, plus les maffias prospèrent, et plus celles-ci prospèrent, plus elles sont en mesure de développer de nouvelles filières d’immigration clandestine et donc de susciter l’offre. L’analyse des flux d’immigration clandestine révèle le poids des réseaux albanais, yougoslaves, chinois, russes... Trafic d’êtres humains qui se combine d’ailleurs souvent avec trafic de drogue, ces pauvres immigrés clandestins étant parfois obligés de payer leur passage devenant ainsi des revendeurs ou des passeurs de drogues et hypothéquant ainsi fortement les chances de leur liberté et de leur dignité futures (4). Les mafias marocaines en particulier obligent nombre de leurs candidats à l’émigration à leur acheter du haschisch du Rif qu’ils devront revendre en Espagne, en France ou en Belgique pour survivre dans les premiers mois de leur arrivée. S’agissant du Maroc, ce trafic d’humains couplé à un trafic de stupéfiants pèse de l’ordre de 10 milliards de dollars par an ! Mais les perspectives d’immigration ne sauraient se limiter au constat d’un différentiel démographique béant entre rive Nord et rive Sud, à la pression asiatique sur les économies européennes qui déterminera chez de nombreux acteurs un comportement favorable à l’immigration, ou encore au risque de basculement dans l’islamisme de pays du Maghreb ou du Machrek. Une question souvent ignorée, en effet, est celle des perspectives post-pétrolières dans le Golfe arabo-persique. Aujourd’hui, a-t-on bien conscience que le Golfe arabo-persique, grâce à son économie pétrolière et gazière, absorbe une proportion importante de l’émigration asiatique, égyptienne et turque qui aurait pu venir jusqu’en Europe ? Six pays du Golfe (dont la population arabe autochtone est relativement faible) absorbent à eux seuls plus de onze millions d’immigrés : des Pakistanais, des Hindous, des Philippins, des Egyptiens, des Turcs... Or deux remarques sont à faire concernant l’évolution du profil de cette immigration dans la zone « tampon » du Golfe située entre Europe et Asie. D’une part la proportion des Arabes par rapport aux Asiatiques tend à diminuer. En 1990, les Egyptiens formaient encore 40 % des délinquants. Aujourd’hui, plus de 70 % de la main d’oeuvre est asiatique. Les raisons de cette évolution sont évidemment multiples. Mais il faut insister sur la peur de l’islamisme dans les pays du Golfe qui risque de pousser ceux-ci à favoriser la venue d’immigrés asiatiques non musulmans, comme également sur le fait que l’asiatique est souvent réputé plus travailleur que le méditerranéen. Songeons maintenant à ce qui se passera lorsque nous entrerons pleinement dans une nouvelle révolution énergétique mondiale, c’est-à-dire, sans doute autant pour des raisons d’épuisement des ressources elles-mêmes que de saturation en gaz à effet de serre de notre atmosphère terrestre, l’humanité aura enfin choisi de se libérer des hydrocarbures. Que se passera-t-il alors ? Le Golfe sera-t-il encore cette zone tampon placée sur le chemin de cette « marche vers l’ouest » de millions de migrants asiatiques ? N’iront-ils pas plutôt alors grossir les rangs de l’émigration vers l’Europe ? Autre question géopolitique. Le conflit israélo-palestinien. Loin d’être terminé, malgré la pause qui suit le choc de la mort du Raïs palestinien, ce terrible conflit laisse en suspens l’avenir de millions d’hommes et de femmes, Juifs et Arabes, sur la terre de la Palestine. Dans cette région, il est hélas difficile de croire une paix possible (deux peuples voisins dans deux Etats souverains distincts) tant les équilibres démographiques, hydrologiques, économiques d’aujourd’hui dépendent de la domination de l’un des deux peuples sur l’autre. Un nouveau cataclysme reste donc possible avec, à la clé, des millions de réfugiés fuyant vers d’autres pays arabes ou vers l’Europe. Autant la carte géopolitique de l’Europe est pacifiée, autant celle du Moyen-Orient ne l’est pas. Personne ne peut affirmer que les minorités kurdes ou palestiniennes, incorporées aujourd’hui dans tel ou tel Etat-nation, le seront encore demain. Le peuple kurde, sans Etat et dans des frontières étatiques parfois fragiles (considérons à ce propos l’évolution de l’Irak vers le fédéralisme) constitue encore un formidable réservoir d’émigration vers l’Europe. Déjà 2,5 millions de Kurdes vivent en Allemagne ; 200 000 en France et 200 000 en Grande- Bretagne et aux Pays-Bas. De même que rien ne nous dit que l’Union européenne, parfois généreuse jusqu’à mettre en péril son propre avenir, ne proposera pas un jour (avec les encouragements des Etats-Unis) l’accueil de centaines de milliers de Palestiniens pour favoriser un règlement israélopalestinien (5). Et d’ailleurs, cette faiblesse de l’Europe face au défi de l’immigration n’est-elle pas finalement la principale menace qui pèse sur celle-ci ? L’Europe accepte le fait accompli de l’immigration illégale en régularisant sans cesse davantage. Chaque année, sur le territoire de l’Union à 15 (avant l’élargissement de 2004 donc), entre environ un demi million de clandestins (c’est évidemment une estimation) ; chaque année le nombre de personnes régularisées après avoir enfreint les lois européennes ne cesse d’augmenter sur tout le territoire de l’U.E. 220 000 régularisations en France ces trois dernières années ; 50 000 en Belgique ; 720 000 en Grèce ; 1,5 million en Italie (dont 700 000 pour la seule année 2002) ; 575 000 en Espagne ; 240 000 au Portugal. On oublie souvent que la mécanique du regroupement familial fait (en France notamment mais aussi dans plusieurs autres pays de l’Union) qu’une seule régularisation signifie du même coup trois, quatre ou cinq nouveaux immigrés légaux. 20 000 personnes régularisées peuvent faire d’un coup jusqu’à 100 000 nouveaux immigrés légaux. L’Union européenne est donc entrée, en profondeur, dans un processus qui, à l’issue de ce siècle, aura abouti au remplacement de sa population d’origine par des populations non européennes, africaines et asiatiques. L’Europe ne sera plus européenne à la fin du XXI e siècle. Mais ce que connaît notre civilisation européenne, héritière de Rome et des cathédrales du Moyen-âge, est à différencier de la situation nord-américaine, des Etats-Unis en particulier. Le dernier livre de l’universitaire américaine Samuel Huntington montre en effet que si l’Amérique tend à perdre sa dominante « blanche » et anglo-saxonne, elle reste néanmoins culturellement chrétienne; plus que cela, les guerres dans lesquelles elle est entrée contribuent, au-delà des fractures communautaristes, à refonder la nation américaine autour d’une religiosité commune. Les Etats-Unis continuent donc, à partir de plusieurs races, à fabriquer des Américains. Au contraire, il y a peu d’espoir que l’Union européenne, à partir de populations ethniquement extra-européennes, ne parvienne à fabriquer des Européens de culture. D’abord parce qu’à la différence des Etats-Unis (qui absorbe une majorité de chrétiens et parvient encore à convertir une proportion significative de ceux qui ne l’étaient pas), l’immense majorité des migrants vers l’Europe n’est pas de religion chrétienne; ensuite, parce que la volonté de « convertir » ces migrants, si ce n’est à la religion des Européens, du moins aux valeurs qui en découlent, a disparu. Non seulement la construction européenne telle qu’elle est envisagée aujourd’hui contribue à éradiquer les identités nationales, mais aucune identité européenne de substitution n’est proposée en lieu et place de celles-ci. En conséquence, l’immigré extra-européen est accueilli par un ensemble économique progressivement vidé de ses contenus identitaires et dans lequel il n’a aucune chance de s’assimiler puisqu’il n’a plus rien à assimiler. Plus les années passeront, moins les écoles européennes seront en mesure d’assimiler les petits enfants d’origine extra-européenne. Regardons à ce propos les chiffres en France et notamment celui des effectifs des enfants d’immigrés d’origine extra-européennes (âgés de moins de 15 ans) : ils constituent déjà 13 % des enfants dans les classes. En 2030, ce chiffre sera passé à 25 % mais dans les grands centres urbains (Paris, Marseille, Strasbourg...) cette proportion pourra être de 50 voire 75 %. On voit bien que l’idée même d’assimilation n’a déjà plus de sens.
Ma conclusion est donc radicale ou sombre. Ou bien l’Union européenne lance dans les prochaines années à venir une sorte de « Plan Marshall » de relance de la natalité et de réduction de l’immigration extra-européenne (politique d’immigration sélective, abolition du regroupement familial, encouragement au retour par limitation drastique des prestations sociales...) ou bien la civilisation européenne aura disparu à la sortie de ce siècle.
(1) A elle seule, l’Allemagne accueille presque la moitié des arrivants annuels dans l’Union à 15 : + 700 000 immigrés chaque année.
(2) Dans le quotidien milanais « Il Sole » en février 2000.
(3) Nous distinguons donc la population chypriote de la population turque occupante du Nord de l’île, en contradiction avec le droit international.
(4) On voit là tout le drame de l’immigration qui transforme parfois ainsi des pauvres honnêtes et dignes en pauvres
(5) La question des réfugiés étant en effet l’un des points essentiels de blocage entre Palestiniens et Israéliens. Trop de monde, pas assez de terre, pas assez d’eau, des lieux saints qu’on ne partage pas...
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28/10/2007
I'm no good
Meet you downstairs in the bar and heard
Your rolled up sleeves and your skull t-shirt
You say what did you do with him today ?
And sniff me out like I was Tanqueray
Cause you're my fella, my guy
Hand me your stella and fly
By the time I'm out the door
You're ten men down like Roger Moore
I cheated myself
Like I knew I would
I told ya, I was trouble
You know that I'm no good
Upstairs in bed, with my ex boy
He's in the place, but I can't get joy
Thinking of you in the final throes, this is when my buzzer goes
Run out to meet you, chips and bitter
You say we'll marry 'cause you're not bitter
There'll be none of him no more
I cried for you on the kitchen floor
I cheated myself
Like I knew I would
I told ya, I was trouble
You know that I'm no good
Sweet reunion, Jamaica and Spain
We're like how we were again
I'm in the tub you on the seat
Lick your lips as I soak my feet
Then you notice little carpet burn
My stomach drop yeah and my guts churn
You shrug and it's the worst
You truly stuck the knife in first
I cheated myself like I knew I would
I told ya I was trouble, you know that I'm no good
I cheated myself, like I knew I would
I told ya I was trouble, you know that I'm no good.
16:10 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : amy winehouse
Eloge du seppuku
« A notre époque, tout repose sur la prémisse qu’il vaut mieux vivre aussi longtemps que possible. Jamais dans l’histoire, l’espérance de vie n’a été aussi longue et devant nous se déroule la monotonie des perspectives que l’on offre à l’humanité. L’idéologie du foyer individuel n’enthousiasme le jeune qu’aussi longtemps qu’il se démène pour se trouver un petit nid à soi. Sitôt trouvé, l’avenir ne lui propose plus rien – sinon de faire cliqueter son boulier à mesure qu’il amasse l’argent de sa retraite, puis la paix, l’ennui et la décrépitude de la vieillesse. Telle est l’image qui accompagne dans l’ombre l’Etat-providence et qui menace le cœur de l’espère humaine. Dans les pays scandinaves, le besoin de travailler a dès à présent disparu et assurer la subsistance de ses vieux jours n’est plus un sujet d’inquiétude ; accablés d’ennui et d’amertume à ne s’entendre demander par la société rien d’autre que de « se reposer », un nombre extraordinaire de vieillards se suicident. Et en Angleterre, devenue après la guerre le modèle idéal en matière d’assistance, le désir de travailler s’est perdu et s’en sont suivis le déclin et la décrépitude de l’industrie. »
Mishima: Le Japon moderne et l'éthique samouraï (Arcades Gallimard, 1985, p.32)
11:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mishima
27/10/2007
Lettre de Simone Weil à Bernanos, 1938.
Monsieur,
Quelque ridicule qu'il y ait à écrire à un écrivain, qui est toujours, par la nature de son métier, inondé de lettres, je ne puis m'empêcher de le faire après avoir lu "Les Grands Cimetières sous la lune". Non que ce soit la première fois qu'un livre de vous me touche, le "Journal d'un curé de campagne" est à mes yeux le plus beau, du moins de ceux que j'ai lus, et véritablement un grand livre. Mais si j'ai pu aimer d'autres de vos livres, je n'avais aucune raison de vous importuner en vous l'écrivant. Pour le dernier, c'est autre chose ; j'ai eu une expérience qui répond à la vôtre, quoique bien plus brève, moins profonde, située ailleurs et éprouvée, en apparence - en apparence seulement -, dans un tout autre esprit.
Je ne suis pas catholique, bien que, - ce que je vais dire doit sans doute sembler présomptueux à tout catholique, de la part d'un non-catholique, mais je ne puis m'exprimer autrement - bien que rien de catholique, rien de chrétien ne m'ait jamais paru étranger. Je me suis dit parfois que si seulement on affichait aux portes des églises que l'entrée est interdite à quiconque jouit d'un revenu supérieur à telle ou telle somme, peu élevée, je me convertirais aussitôt. Depuis l'enfance, mes sympathies se sont tournées vers les groupements qui se réclamaient des couches méprisées de la hiérarchie sociale, jusqu'à ce que j'aie pris conscience que ces groupements sont de nature à décourager toutes les sympathies. Le dernier qui m'ait inspiré quelque confiance, c'était la CNT espagnole. J'avais un peu voyagé en Espagne - assez peu - avant la guerre civile, mais assez pour ressentir l'amour qu'il est difficile de ne pas éprouver envers ce peuple ; j'avais vu dans le mouvement anarchiste l'expression naturelle de ses grandeurs et de ses tares, de ses aspirations les plus et les moins légitimes. La CNT, la FAI étaient un mélange étonnant, où on admettait n'importe qui, et où, par suite, se coudoyaient l'immoralité, le cynisme, le fanatisme, la cruauté, mais aussi l'amour, l'esprit de fraternité, et surtout la revendication de l'honneur si belle chez les hommes humiliés ; il me semblait que ceux qui venaient là animés par un idéal l'emportaient sur ceux que poussait le goût de la violence et du désordre. En juillet 1936, j'étais à Paris. Je n'aime pas la guerre ; mais ce qui m'a toujours fait le plus horreur dans la guerre, c'est la situation de ceux qui se trouvent à l'arrière. Quand j'ai compris que, malgré mes efforts, je ne pouvais m'empêcher de participer moralement à cette guerre, c'est à dire de souhaiter tous les jours, toutes les heures, la victoire des uns, la défaite des autres, je me suis dit que Paris était pour moi l'arrière, et j'ai pris le train pour Barcelone dans l'intention de m'engager. C'était au début d'août 1936.
Un accident m'a fait abréger par force mon séjour en Espagne. J'ai été quelques jours à Barcelone ; puis en pleine campagne aragonaise, au bord de l'Ebre, à une quinzaine de kilomètres de Saragosse, à l'endroit même où récemment les troupes de Yagüe ont passé l'Ebre ; puis dans le palace de Sitgès transformé en hôpital ; puis de nouveau à Barcelone ; en tout à peu près deux mois. J'ai quitté l'Espagne malgré moi et avec l'intention d'y retourner : par la suite, c'est volontairement que je n'en ai rien fait. Je ne sentais plus aucune nécessité intérieure de participer à une guerre qui n'était plus, comme elle m'avait paru être au début, une guerre de paysans affamés contre les propriétaires terriens et un clergé complice des propriétaires, mais une guerre entre la Russie, l'Allemagne et l'Italie.
J'ai reconnu cette odeur de guerre civile, de sang et de terreur que dégage votre livre ; je l'avais respirée. Je n'ai rien vu ni entendu, je dois le dire, qui atteigne tout à fait l'ignominie de certaines des histoires que vous racontez, ces meurtres de vieux paysans, ces "ballilas" faisant courir des vieillards à coups de matraques. Ce que j'ai entendu suffisait pourtant. J'ai failli assister à l'exécution d'un prêtre ; pendant les minutes d'attente, je me demandais si j'allais regarder simplement, ou me faire fusiller moi-même en essayant d'intervenir ; je ne sais pas encore ce que j'aurais fait si un hasard heureux n'avait empêcher l'exécution.
Combien d'histoires se pressent sous ma plume... Mais ce serait trop long ; à quoi bon? Une seule suffira. J'étais à Sitgès quand sont revenus, vainqueurs, les miliciens de l'expédition de Majorque. Ils avaient été décimés. Sur quarante jeunes garçons partis de Sitgès, neuf étaient morts. On ne le sut qu'au retour des trentes et un autres. La nuit même qui suivit, on fit neuf expéditions punitives, on tua neuf fascistes ou soi-disant tels, dans cette petite ville où, en juillet, il ne s'était rien passé. Parmi ces neuf, un boulanger d'une trentaine d'années, dont le crime était, m'a-t-on dit, d'avoir appartenu à la milice des "somaten" ; son vieux père, dont il était le seul enfant et le seul soutien, devint fou. Une autre encore : en Aragon, un petit groupe international de vingt-deux miliciens de tous pays prit, après un léger engagement, un jeune garçon de quinze ans, qui combattait comme phalangiste. Aussitôt pris, tout tremblant d'avoir vu tuer ses camarades à ses côtés, il dit qu'on l'avait enrôlé de force. On le fouilla, on trouva sur lui une médaille de la Vierge et une carte de phalangiste ; on l'envoya à Durruti, chef de la colonne, qui, après lui avoir exposé pendant une heure les beautés de l'idéal anarchiste, lui donna le choix entre mourir et s'enrôler immédiatement dans les rangs de ceux qui l'avaient fait prisonnier, contre ses camarades de la veille. Durruti donna à l'enfant vingt-quatre heures de réflexion ; au bout de vingt-quatre heures, l'enfant dit non et fut fusillé. Durruti était pourtant à certains égards un homme admirable. La mort de ce petit héros n'a jamais cessé de me peser sur la conscience, bien que je ne l'aie apprise qu'après coup. Ceci encore : dans un village que rouges et blancs avaient pris, perdu, repris, reperdu je ne sais combien de fois, les miliciens rouges, l'ayant repris définitivement, trouvèrent dans les caves une poignée d'êtres hagards, terrifiés et affamés, parmi lesquels trois ou quatre jeunes hommes. Ils raisonnèrent ainsi : si ces jeunes hommes, au lieu d'aller avec nous la dernière fois que nous nous sommes retirés, sont restés et ont attendu les fascistes, c'est qu'ils sont fascistes. Ils les fusillèrent donc immédiatement, puis donnèrent à manger aux autres et se crurent très humains. Une dernière histoire, celle-ci de l'arrière : deux anarchistes me racontèrent une fois comment, avec des camarades, ils avaient pris deux prêtres ; on tua l'un sur place, en présence de l'autre, d'un coup de revolver, puis, on dit à l'autre qu'il pouvait s'en aller. Quand il fut à vingt pas, on l'abattit. Celui qui me racontait l'histoire était très étonné de ne pas me voir rire.
A Barcelone, on tuait en moyenne, sous forme d'expéditions punitives, une cinquantaine d'hommes par nuit. C'était proportionnellement beaucoup moins qu'à Majorque, puisque Barcelone est une ville de près d'un million d'habitants ; d'ailleurs il s'y était déroulé pendant trois jours une bataille de rues meurtrière. Mais les chiffres ne sont peut-être pas l'essentiel en pareille matière. L'essentiel, c'est l'attitude à l'égard du meurtre. Je n'ai jamais vu, ni parmi les Espagnols, ni même parmi les Français venus soit pour se battre, soit pour se promener - ces derniers le plus souvent des intellectuels ternes et inoffensifs - je n'ai jamais vu personne exprimer même dans l'intimité de la répulsion, du dégoût ou seulement de la désapprobation à l'égard du sang inutilement versé. Vous parlez de la peur. Oui, la peur a eu une part dans ces tueries ; mais là où j'étais, je ne lui ai pas vu la part que vous lui attribuez. Des hommes apparemment courageux - il en est un au moins dont j'ai de mes yeux constaté le courage - au milieu d'un repas plein de camaraderie, racontaient avec un bon sourire fraternel combien ils avaient tué de prêtres ou de "fascistes" - terme très large. J'ai eu le sentiment, pour moi, que lorsque les autorités temporelles et spirituelles ont mis une catégorie d'êtres humains en dehors de ceux dont la vie a un prix, il n'est rien de plus naturel à l'homme que de tuer. Quand on sait qu'il est possible de tuer sans risquer ni châtiment ni blâme, on tue ; ou du moins on entoure de sourires encourageants ceux qui tuent. Si par hasard on éprouve d'abord un peu de dégoût, on le tait et bientôt on l'étouffe de peur de paraître manquer de virilité. Il y a là un entraînement, une ivresse à laquelle il est impossible de résister sans une force d'âme qu'il me faut bien croire exceptionnelle, puisque je ne l'ai rencontré nulle part. J'ai rencontré en revanche des Français paisibles, que jusque-là je ne méprisais pas, qui n'auraient pas eu l'idée d'aller eux-même tuer, mais qui baignaient dans cette atmosphère imprégnée de sang avec un visible plaisir. Pour ceux-là je ne pourrai jamais avoir à l'avenir aucune estime.
Une telle atmosphère efface aussitôt le but même de la lutte. Car on ne peut formuler le but qu'en le ramenant au bien public, au bien des hommes - et les hommes sont de nulle valeur. Dans un pays où les pauvres sont, en très grande majorité, des paysans, le mieux-être des paysans doit être un but essentiel pour tout groupement d'extrême gauche ; et cette guerre fut peut-être avant tout, au début, une guerre pour et contre le partage des terres. Eh bien, ces misérables et magnifiques paysans d'Aragon, restés si fiers sous les humiliations, n'étaient même pas pour les miliciens un objet de curiosité. Sans insolences, sans injures, sans brutalité - du moins je n'ai rien vu de tel, et je sais que vol et viol, dans les colonnes anarchistes, étaient passibles de la peine de mort - un abîme séparait les hommes armés de la population désarmée, un abîme tout à fait semblable à celui qui sépare les pauvres et les riches. Cela se sentait à l'attitude toujours un peu humble, soumise, craintive des uns, à l'aisance, la désinvolture, la condescendance des autres.
On part en volontaire, avec des idées de sacrifice, et on tombe dans une guerre qui ressemble à une guerre de mercenaires, avec beaucoup de cruautés en plus et le sens des égards dus à l'ennemi en moins. Je pourrais prolonger indéfiniment de telles réflexions, mais il faut se limiter. Depuis que j'ai été en Espagne, que j'entends, que je lis toutes sortes de considérations sur l'Espagne, je ne puis citer personne, hors vous seul, qui, à ma connaissance, ait baigné dans l'atmosphère de la guerre espagnole et y ait résisté. Vous êtes royaliste, disciple de Drumont - que m'importe? Vous m'êtes plus proche, sans comparaison, que mes camarades des milices d'Aragon - ces camarades que, pourtant, j'aimais.
Ce que vous dites du nationalisme, de la guerre, de la politique extérieure française après la guerre m'est également allé au coeur. J'avais dix ans lors du traité de Versailles. Jusque-là j'avais été patriote avec toute l'exaltation des enfants en période de guerre. La volonté d'humilier l'ennemi vaincu, qui déborda partout à ce moment (et dans les années qui suivirent) d'une manière si répugnante, me guérit une fois pour toutes de ce patriotisme naïf. Les humiliations infligées par mon pays me sont plus douloureuses que celles qu'il peut subir. Je crains de vous avoir importuné par une lettre aussi longue. Il ne me reste qu'à vous exprimer ma vive admiration.
S. Weil.
Mlle Simone Weil,
3, rue Auguste-Comte, Paris (VIème).
P.s. : C'est machinalement que je vous ai mis mon adresse. Car, d'abord, je pense que vous devez avoir mieux à faire que de répondre aux lettres. Et puis je vais passer un ou deux mois en Italie, où une lettre de vous ne me suivrait peut-être pas sans être arrêtée au passage.
[ Simone Weil – « Lettre à Georges Bernanos 1938 » - in " Bulletin des amis de Georges Bernanos ", repris dans " Ecrits historiques et politiques ", Gallimard et dans " Œuvres ", Quarto Gallimard. ]
*
NB: concernant la situation politique Espagnole à la veille de la guerre civile, j'avais écrit ce post il y a quelques mois, à mon avis toujours pertinent: http://hoplite.hautetfort.com/tag/pio+moa
10:10 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : guerre d'espagne, bernanos, simone weil, 1936
20/10/2007
E il naufragar m’è dolce in questo mare
E questa siepe, che da tanta parte
Dell’ultimo orizzonte il guardo esclude.
Ma sedendo e mirando, interminati
Spazi di là da quella, e sovrumani
Silenzi, e profondissima quiete
Io nel pensier mi fingo; ove per poco
Il cor non si spaura. E come il vento
Odo stormir tra queste piante, io quello
Infinito silenzio a questa voce
Vo comparando: e mi sovvien l’eterno,
E le morte stagioni, e la presente
E viva, e il suon di lei. Così tra questa
Immensità s’annega il pensier mio:
E il naufragar m’è dolce in questo mare. »
(L'infinito, Giacomo Léopardi, Canti, Gallimard, p.68.)
« Toujours j’aimais cette hauteur déserte,et cette haie qui du plus lointain horizon cache au regard une telle étendue. Mais demeurant et contemplant j’invente des espaces interminables au delà, de surhumains silences et une si profonde tranquillité que pour un peu se troublerait le cœur. Et percevant le vent qui passe dans ces feuilles, ce silence infini, je le vais comparant à cette voix, et me souviens de l’éternel, des saisons qui sont mortes et de celle qui vit encore, de sa rumeur. Ainsi dans tant d’immensité ma pensée sombre, et m’abîmer m’est doux en cette mer. »
18:15 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Léopardi